Chapitre 7 : Esquisses de vérités


Le combat entre Arion et Athéna se poursuit.

Si mon ami Kamaté de la Chimère affronte le puissant mais bientôt vaincu Shaka de la Vierge, les troupes du fils de Poséidon se réduisent doucement mais sûrement. Hristo du triangle austral, chevalier d'argent " renégat ", a disparu en compagnie de Mu du Bélier on ne sait où. Igor du Toucan a payé un lourd tribu durant son combat dantesque contre Aldébaran du Taureau. Nasser, ce cher mais finalement décevant Nasser, est quasiment vaincu, après avoir tout de même du subir les assauts d'un chevalier d'or (Aiolia), d'un ancien d'Asgard et du très fort Ikki du Phénix.

Reste à présent, pour accompagner le jeune garçon, les fidèle Trévor de la Pieuvre, Marino du Requin, Duncan du Loch Ness, Darko le chevalier d'argent de la petite ourse… Et Kaba du Cobra, en qui je place beaucoup d'espoir.

Je reste un fidèle observateur de cette montée des marches qui traîne en longueur… Mais les évènements sont ainsi faits que tout ne se passe pas forcément vite, et parfois certains freins involontaires rendent les évolutions moins fluides. Mais un parcours sans épreuves et sans difficultés seraient bien triste.

Revenons au concret. Nasser est bientôt mort. Soyons honnête, sa vie ne tient qu'à un fil, et ce fil est dans les ciseaux d'un chevalier qui n'a pas l'habitude de trop longtemps les laisser ouverts. Kamaté semble avoir vaincu Shaka de la vierge, c'est très bien. Par contre, il se passe des événements à l'intérieur de ce groupe qui me gènent.

Non pas que les chevaliers d'Athéna sont plus forts que les chevaliers d'Arion. Ce serait une erreur de penser cela. Ils sont plus nombreux, mais le don sanguin des chevaliers d'or pour réparer les armures de bronze détruites ainsi que la fatigue des chevaliers de bronze révèlent des faiblesses patentes. Non, à mon avis, le plus grand danger du groupe d'Arion, c'est le groupe lui même et la puissance de cette solidarité que je sais, comment dire, factice et ductile. Et le plus grand danger d'Arion demeure Arion lui même...

Si je commence à douter d'Arion ? Ne soyez pas naïfs, je n'ai jamais eu confiance en Arion. Mais sans doute est ce un de ceux en qui je pose le plus d'espoir, car je sais que sa douleur et sa haine vis à vis d'Athéna sont deux mamelles bien distinctes et bien concrètes. Et il s'agit qu'une personne sorte la carte " Déméter ", " Tomislav du Lynx ", " général Torben de Kraken " ou encore " Shura du Capricorne " pour que la colère afflue dans les veines de cet enfant divin. De ce point de vue là je ne me fais pas de soucis.

Mais quand bien même je place beaucoup d'espoir dans son expédition, j'ai quand même mis certaines options afin de contrôler autant que je peux Arion et ses troupes. Car à part en moi, de qui dois je avoir confiance ? " confiance " est un terme qui me fait doucement sourire… Un mot qui a une belle signification, mais qui ne se concrétise dans Rien. " Confiance ", " Amour ", " respect ", autant de beaux concepts vides. Ca amuse les philosophes et les beaux esprits, et c'est tant mieux. Mais cela fait longtemps que j'ai perdu goût à ce genre de plaisanterie…

Non, mais pour en revenir à Arion et ses sbires (excusez moi, je m'emballe dans mes folles pensées…), mon objectif est qu'Arion arrive devant Athéna. Point. J'ai mis en œuvre autant que possible des jalons et des coups de pouce afin qu'il y a arrive. Et adviendra ce qu'il adviendra.

Mais quand bien même le moment de l'action, enfant légitime de la réflexion, soit proche, je souhaite que le fils du Dieu des Mers parvienne sans encombres jusque devant la Déesse de la Sagesse. Ensuite, on verra.

Et de cette confrontation finale… Oui, je garde confiance.


*
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Où suis je ?

Je ne sais pas. Je suis dans un lieu totalement irréel où apparemment il n'y a rien. Mais vraiment rien. Un vide total. Pas de soleil, pas de vent, pas d'odeur ni de couleurs. Personne d'autre que moi et ce chevalier que j'ai combattu et qui a disparu avec moi…

Je suis Mu, chevalier d'or du Bélier et gardien de la première maison du Zodiaque. Mon affrontement avec le chevalier d'argent renégat Hristo du triangle austral a été éprouvant. Physiquement et moralement. Un combat à plusieurs étages, à plusieurs étapes. Mais un combat dont l'issue n'aura franchement pas été merveilleuse pour nous : nous avons littéralement explosé, disparu, et nous sommes actuellement en train d'errer dans une dimension inconnue et incongrue.

Théoriquement, notre corps aurait du complètement être désintégré, et chaque parcelle de notre enveloppe et de notre âme dispersée dans diverses dimensions éparses. Sans aucune possibilité ni de retour, ni de rédemption. Merveilleux comme destin. Mais non, nous sommes intacts… Mais où ? Nous sommes sonnés, Hristo est toujours évanoui, mais je ne peux me résoudre à le laisser périr ici. C'est tout de même un chevalier… Renégat certes, mais il ne mérite pas une telle fin.

Alors actuellement, je m'amuse à chercher la " sortie " ou un passage inter dimensionnel qui nous permettrait de revenir au Sanctuaire. De revenir à notre époque, dans notre dimension…

Une monde dimensionnel, c'est toujours un concept difficile à imaginer, à appréhender. Supposons notre monde ou notre dimension actuelle. Elle repose sur trois dimensions " géométriques ", qui sont la longueur, la profondeur et la hauteur. Ce que les géomètres ou mathématiciens appellent la " 3D ". A l'intérieur de cet espace, les règles physiques et mathématiques, qui reposent sur divers concepts assimilés et approuvés, nous permettre de vivre. Une quatrième dimension réglemente tout cela, le temps qui passe et qui est indépendant.

Et finalement, à chaque instant de notre dimension, nous sommes à un point donné qui dépend de notre position géométrique, à un temps donné. Et avec autour de tout ça toute nos règles dimensionnelles et physiques… Les dimensions du physicien sur terre sont la distance (qui dépendent des trois dimensions exposées plus haut), le temps donc, et puis aussi la masse, la température, etc...

Bref tout ce qui rythme et " règle " notre vie sur terre en quelque chose… Et toutes ces unités et dimensions sont, par contre, indépendantes totalement les unes des autres. En effet, le temps ne dépendra ni du lieu, ni de la température de celui ci… On agglomère une à une toutes ces dimensions et voilà un monde dimensionnellement défini.

Un espace dimensionnel repose en effet sur l'indépendance entre les différents éléments qui compose sa " base ". Je parle de notre dimension du point de vue " géométrique ", la base est ce " trièdre " qui représente la profondeur, la hauteur et la largeur. Le temps est totalement indépendant de ces trois grandeurs, qui sont elles même indépendant entre elles…

Supposons que le temps devienne dépendant de la largeur par exemple. Et supposons nous dans un espace où, exemple classique, deux droites parallèles se rejoignent à un moment. Nous voilà dans un nouvel espace, dans une nouvelle dimension. Supposons que, dans le monde, la hauteur disparaît. Et que nous vivons à plat sur une feuille de papier. Nous voilà dans une nouvelle dimension. Supposons qu'à nos " 3 Dimensions ", une nouvelle se rajoute. Pouf, on change encore d'espace… Supposons enfin, exemple classique, que le distance la plus courte entre deux points ne soit plus la ligne droite… Nous voilà dans une nouvelle logique et dans une nouvelle dimension.

Je ne sais pas en ce moment quel est le chemin le plus court entre ici et le sanctuaire… C'est un peu mon soucis, d'essayer d'appréhender cette dimension comme le joueur essais de résoudre l'énigme du casse tête chinois. Comprendre par quel bout prendre ce problème...

Nous sommes je ne sais où, et nous y sommes arrivés je ne sais comment. Mais nous nous en sortirons. Et mon travail est d'utiliser mes pouvoirs et mes connaissances pour essayer de comprendre là où nous sommes, et rendre ensuite cohérent cet ensemble pour pouvoir regagner notre dimension.

Je suis bientôt parvenu à résoudre ces équations, et finalement à trouver un chemin pour retourner dans notre univers. Il le faut de toutes manières, car je suppose que le combat n'est pas encore fini ici bas. Et pour Athéna, je ne peux disparaître…

J'entrevois la sortie.

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Deux corps qui tombent d'on ne sait où, et qui atterrissent lourdement sur le parvis de la maison des Bélier.

Mu du Bélier et Hristo du Triangle Austral sont de retour au Sanctuaire.

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Arion mène toujours la course vers la 7eme maison du Zodiaque, celle de la Balance. A ses cotés, le mystérieusement terrifiant Kaba du Cobra, et l'ami de toujours Darko de la Petite Ourse. Suivent, avec crainte, Marino du Requin, Duncan du Loch Ness, et le fidèle et courageux Trevor de la Pieuvre. Ils ne sont plus que 6…

Ils ne sont certes plus que six, mais il ne leur reste que 5 maisons à traverser. Cinq, car Darko le sage sait que la maison de la Balance est vide…

- En effet, poursuit il, le Vieux Maître de la Balance réside actuellement en Chine. Une mission, pour Athéna…
- Oui mais bon… La maison des Cancers était vide également… En théorie… remarqua à juste titre l'inquiet Trévor de la Pieuvre dans un soupir désespéré…
- C'est vrai, expira Darko en continuant de courir au niveau de Kaba. D'autant plus que l'armure de la Balance est connue pour être, comment dire… Peut être la plus puissante des armures d'or, tout au moins la plus originale…
- Pourquoi ? Demanda Arion intéressé.
- Car elle recèle les 12 armes pour chacun des Chevaliers d'Or. D'après ce que m'avait expliqué mon ami Saga (où est il, mon ami ?), le chevalier de la Balance est le plus sage et le plus apte à juger du moment où le souhait d'Athéna de se battre à mains nues doit être rompu, et…
- Mais tais toi… Tu es fatiguant…

Devant la Maison de la Balance qui commençait à apparaître devant, Kaba coupa net les explications de Darko. Sa voix tranchante et incisive comme des dents de serpents décontenança le chevalier d'Argent, et ce fut Arion qui du, à nouveau, intervenir…

- Vous êtes fatiguant tous les deux…
- Mais Darko a raison, non ? s'insurgea Trévor. Tu as bien vu le mal que nous avons eu à passer la Maison du Cancer…
- Et même que toi, Kaba si puissant, tu étais particulièrement mal en point… Au moins autant que nous si me je souviens bien, fit remarquer amèrement l'impulsif Marino du Requin. Alors je crois que tu devrais peut être écouter un peu les explications de…
- Mais tais toi donc, lâcha dédaigneusement Kaba dans un soupir méprisant…
- Non, je ne me tairais pas et c'est toi qui va m'écouter, s'énerva Marino. Tu commences à…
- Maintenant Marino, c'est à mon tour de te demander de te calmer et de te taire.

Arion venait de stopper sa course sec. Et il fixa Kaba et Marino de ses yeux bruns et décidés. Son corps n'est que celui d'un enfant qui entre à peine dans l'adolescence, et pourtant il parle comme un adulte responsable et charismatique. C'est un Dieu.

Arion connaît Marino. C'est un personnage fidèle et remarquable, sur qui on peut compter. Il est grand, élancé, musclé, brun et typé comme les Floridiens d'ascendance Mexicaine. C'est quelqu'un de rapide comme un espadon, mais teigneux comme un requin. Et force est de constater que l'attitude de la " bande des trois " commence à lui taper sur le système au moins autant qu'au reste de la troupe.

En effet, l'absence à présent d'Igor et de Hristo commence à se faire sentir. La tension est palpable. Même le calme et serein Duncan d'Ecosse commence à montrer des signes d'inquiétudes et d'énervement. Il sait qu'il va mourir. Mais il ne sait pas quand. Et Trévor navigue entre l'inquiétude de mourir et la volonté de se battre et d'être efficace jusqu'au bout pour Arion.

Pendant ce temps, Kaba, dernier rescapé de cette mystérieuse bande, redouble de provocations et de cynisme. Remarquez, on peut le comprendre. Il est fort et il le sait. Et les autres sont faibles, plus faibles que lui, et il en est convaincu. Alors il le montre et s'insurge contre ces marques pathétiques de prudence et de faiblesse.

Le jeune Arion commence à avoir du mal à contenir ses troupes. Ses yeux sont certes décidés, mais les pertes programmées de Hristo et Igor lui pèsent sur le moral. Et son autorité de " chef ", il le voit, commence à s'affaisser. Kamaté d'abord, et maintenant Kaba. Ils lui font remarquer cette évidence : tu es fort mais incompétent. C'est ce que t'avait fait remarqué Dragon des Mers ? Certains de tes compagnons au regard vindicatif te le confirment...

La maison de la Balance est à deux dizaines de marches. Mais soudainement (et enfin…), une bonne nouvelle pour Arion venait de surgir de nulle part.

- Hristo…

Le Chevalier du Triangle Austral vient de réapparaître, accompagné de son adversaire Mu du Bélier. Sa présence se fait à nouveau ressentir dans le Sanctuaire, tout espoir de le retrouver vivant n'est pas perdu…

- Hristo, soupire Arion en serrant les poings, reviens nous vite… Bon les autres, on traverse cette maison vide et on y va !

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Un champs paradisiaque dans lequel se déroule un terrible combat…

Le sourire de Kamaté était éloquent. Il était dans son monde, dans son univers, et il venait de terrasser le pourtant puissant Shaka de la Vierge dans son antre. Les Licornes continuaient à danser avec les papillons multicolores et les poissons volants gambadaient hors de la rivière claire.

Contrastant avec la claire verdure de ces lieux, des fleurs aux couleurs chatoyantes à peine assombris par l'ombre de grands arbres millénaires envahissaient ci et là le lieu. Et au milieu de ces champs paradisiaques de plantes multicolores gisaient, dans la boue et le sang, Shaka, le grand Shaka.

Son armure était détruite aux trois quarts. Il tentait de se relever pourtant. Ses cheveux étaient salis par le sang qui s'écoulait douloureusement de ses plaies béantes. La poussière s'accumulait sur son visage et ses blessures. Il était quasiment mort. Il grimaçait, il souffrait…

Et pendant ce temps, dans sa maison arrivait Aiolia, le Chevalier du Lion, qui était parti à la poursuite de la troupe d'Arion. Il levait les yeux, cherchait de partout, mais non, il devait se résoudre à l'incroyable : Shaka venait de disparaître…

- Tu comprends à présent, ridicule chevalier d'Or, que tu es à la merci de la Chimère, demanda avec mépris et gourmandise Kamaté en se rapprochant de son adversaire défait.

Mais Shaka ne répondait pas. Il avait les yeux ouverts qui gémissaient de douleur, il se tenait fermement et désespérément le bas du ventre qui saignait abondamment. Il avait tenté plusieurs attaques, toutes lui ont été renvoyés. Ses attaques mentales n'ont pas eu plus d'effets. Il était à la merci de son adversaire, qui pointe son index dans sa direction…

- Tu vas mourir chevalier d'or. Le plus puissant de la confrérie, je rigole… Avec des adversaires tels que toi, le règne des monstres et de la terreur s'établira sans grande difficulté…
- Mais que veux tu dire…

Shaka pleurnichait, Kamaté rigolait. Mais non, ce dernier n'avait rien à répondre. De sa taille imposante, il toisait le chevalier à terre, à sa merci…

- Adieu Shaka de la Vierge… QUE LA CHIMERE TE DEVORE !!!

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- Chevalier… Phénix…

Ce dernier ne répondait pas. Il reposait sur le sol de la maison du Lion le corps à présent vide de vie de son ami Bud. Un grand chevalier qui a donné sa vie pour expier ses fautes et celles de son peuple. Ikki le regarde, il est toujours à genoux, et son visage pourtant dur et marqué par la rudesse des différents combats qu'il a mené ne peut pas ne pas être humecté par ces quelques larmes qui coulent pour accompagner un grand homme dans le Royaume des Morts. Mais pourtant, il se relève. Car le combat continue… Il se retourne en direction de son adversaire, Nasser du Fennec, qui tremble…

- Pauvre Chevalier, tu viens de recevoir l'Illusion du Phénix. Ton cerveau est sous mon entier contrôle, que crois tu pouvoir faire ?

A part grogner, le Fennec ne pouvait répondre…

- Je vais te faire un aveu. Je n'aime pas qu'on vienne souiller le Sanctuaire, et encore moins lorsque je ne connais pas les raisons. Et en plus, il ne me semble pas que tu sois du Sanctuaire de Poséidon, je me trompe ?

Nasser ne répondait pas, mais une goutte de sueur s'écoulait le long de sa tempe. Car Ikki posait les bonnes questions, et son esprit lui était totalement ouvert à présent, comme une encyclopédie dans laquelle on vient piocher les réponses à ses nombreuses questions…

Et là, il se trouve impuissant, paralysé, à la merci de ce chevalier… de Bronze !

- Quel est le véritable but d'Arion ?
- ….
- Tuer Athéna, je n'en doute pas, mais encore ?

Ikki fronçait les yeux. Il était dans le cerveaux de Nasser, et ce qu'il vit… C'était bizarre.

Des monstres. Pleins de monstres. Des dinosaures qui marchent sur des villes, des cobras à foison dans les rues, des dragons et autres méduses qui s'abreuvent de sangs humains, des loups et des fauves… Des volcans qui crachent des larmes de flammes, et une apocalypse assez originale mais démoniaquement cruelle provoquée par… des monstres, c'est vraiment le terme.

Pleins de monstres, des armées, des foules de monstres. Des animaux qui hantent les cauchemars des enfants, des loups et des serpents, des méduses et des reptiles. Et le paysage est sanglant, en flammes. C'est l'enfer sur terre.

Dans le désert, des fennecs affamés dévorent des pauvres villageois impuissants, une rivière de sang dans cette mer de sable… Une folle envie de tuer. Ikki, le pourtant grand et parfois cruel Ikki, en a presque le sang glacé devant un tel déferlement de haine, de colère, de violence.

- Mais qui es tu bon sang ?
- Je… suis… Nasser… Chevalier du… Fennec !
- Tu es un monstre…
- Tu as vu… juste… Ah, ah ah ! Je… vais… te… tuer !

Dans un effort invraisemblable, le chevalier arabe parvint à se détacher de l'emprise de son adversaire. Et il se précipita sur le Phénix en lui agrippant la gorge de ses deux mains, pour l'étrangler. Ce dernier, prit par la surprise, ne put éviter et se contenta de tenter de résister. Le rapport de force, en moins d'une seconde, s'était inversé.

- Mais… tenta de demander Ikki en essayant de se dégager de l'étreinte de Nasser… Pourquoi… suis tu… Arion ?
- Pour tuer Athéna !!!

Les yeux de Nasser semblaient rayonner d'une rage exponentielle. Déjà que son état de folie était à un joli niveau contre Aiolia et Bud… Il n'était plus humain. Il était réellement devenu… un monstre.

- Pour servir Arion ? se risqua à demander Ikki en réussissant à se dégager et à repousser son assaillant…
- VA MOURIR ! FENNEC AL SAHARA !!!!

Pour seule réponse Ikki reçu une rafale offensive d'éclair chaud comme le soleil et violent comme le sable quand il souffle en rafale, à te déchirer la peau. Il mit ses mains en opposition et put parer cette attaque…

- TU VAS MOURIR !!
- Non, répondit Ikki en déployant ses ailes et en enflammant son cosmos. Bud a bien fait son travail, et l'illusion du Phénix t'a physiquement et moralement détruit, tu n'es plus rien…

Et en jetant son poing enflammé sur Nasser…

- QUE LES AILES DU PHENIX TE TERRASSE !!!
- SAHARA AL SAHALA !!!

La plus puissante attaque de Nasser fut balayé comme une feuille de peuplier par le Mistral brûlant projeté par Ikki. Nasser fut projeté contre le mur central de la Maison du Lion, et les poing du Phénix ne cessait de le frapper, encore et toujours… Il hurlait, il criait sa rage et sa haine, il voulait tuer, mais il ne pouvait pas. Il ne pouvait plus. Il encaissait passivement, son armure explosait, sa peau brûlait. Et lorsque l'attaque finit, c'était un homme quasiment nu, sans armure, carbonisé, qui retomba lourdement à terre, à genoux, les yeux blancs au ciel…

- TU…
- Non, je ne vais pas mourir, répondit à ce gémissement le Chevalier du Phénix en se dirigeant majestueusement vers sa proie. Mais toi oui par contre… Avant, tu me diras cette réponse : qui est ton donneur d'ordre ? Arion ?
- Vas te faire…
- Qui ? demanda violemment Ikki en empoignant par le col ce corps qui ne vivait plus que par la seul bon vouloir de son adversaire.
- Tu le seras bien assez tôt, sourit Nasser… Tu le seras quand ton sang abreuvera… les monstres !

Ikki relâcha Nasser, qui retomba comme un déchet inanimé. Un rayon de lumière, un flash illuminant la pénombre, et la vie de ce jeune garçon disparu, avec elle tout ses mystères…

Pendant ce temps, dehors, le soleil recommençait à percer les nuages… Pour combien de temps ?

*
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Mu se relevait péniblement. Il se mit debout, commença à se toucher la poitrine, puis les bras et enfin la tête. Il était vivant… Cela n'a l'air de rien, et pourtant… Il jeta un rapide coup d'œil en direction de Hristo, son adversaire, le disciple de feu Assalbank. Il se dirigea vers lui et le regarda de haut. Hristo parvint, dans un effort olympien, à se retourner et à se mettre sur le dos. Et ses yeux épuisés et vaincus croisèrent ceux, jugeurs, du Chevalier d'Or.

De dernier leva la main au ciel. Certes, il avait ramené sur terre le chevalier d'argent, mais ce dernier est ce qui s'appelle un traître. Et ceux ci sont sanctionnés par le châtiment ultime, c'est à dire la Mort. Oh, bien sur, il en coûte à Mu d'accomplir ce geste. C'est une évidence qui ne souffre d'aucune contestation, donner la mort n'est pas une activité très sympathique… Et pourtant, c'est son devoir.

Mu baissa les yeux. Il les ferma, même, pour ne pas montrer les quelques larmes qui commençaient à envahir ses yeux. Il ne vit pas arriver, avec la lenteur d'un homme épuisé, Jabu qui arrivait sur les dernières marches avant d'arriver à sa maison. Mu devait tuer ce traître, cet homme qui n'est en fait qu'une victime. Une de plus causée par cette terrible guerre civile et par la trahison suprême de Saga…

Mais tel était son devoir. Accomplir la sanction d'Athéna. Aldébaran, quelques centaines de marches plus loin, avait la même réticence à accomplir cette mission. Pourtant, il avait armé son poing. A terre, son adversaire malheureux, Igor du Toucan, rampait pour sortir de cette demeure. Il sentait qu'il allait mourir, mais pas maintenant. Et pourtant si…

- ADIEU ! Clamèrent simultanément Aldébaran et Mu en abaissant leur bras de vengeance sous l'impulsion de ce cosmos explosant, quand soudain…

- NON ! ATTENDEZ !!

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Arion et toute sa petite équipe venait d'entrer dans la demeure de la Balance. Ils arrivèrent au quart de la maison, quand soudainement…

- C'est pas vrai, fit Kaba en se prenant la tête à deux mains… Franchement Athéna se foule pas trop question scénario !

L'armure de la Balance dans sa forme assemblée trônait au Centre de la Pièce… Le scénario du Cancer semblait se reproduire, tant celle ci rayonnait de milles feux…

- Pfff, on n'a que ça à foutre, soupirait à son tour Arion en se revoyant combattre une boite en conserve dorée…

Pourtant, il agrippa fermement son épée, la sortit de son fourreau, et se prépara à foncer sur l'armure lorsqu'une voix résonna de nulle part…

- Arête toi, jeune garçon !

L'armure se mit à briller fortement, et une colonne de lumière jaillit en direction du ciel. Arion stoppa net sa course. Le cosmos qui envahissait la pièce commençait à le faire, comment dire… frissonner. Mais il n'était pas le seul à sembler être impressionné par ce déferlement de puissance qui envahissait cette salle. Même le vigoureux Kaba se tue. Et Darko, à part se mettre au niveau d'Arion, pour le soutenir fermement, ne fit rien. Car il savait ce qu'il se passait…

- C'est vous, Vieux Maître ? demanda avec déférence le chevalier d'Argent…
- Oui… Mon enfant… Ca fait longtemps, non ?
- Bientôt 8 ans…
- Euh… Vous vous connaissez ? se risqua à demander Arion, qui était un peu perturbé par ce dialogue entre son ami et la statue jaune en forme de balance…
- Oui, on se connaît assez bien, n'est ce pas Darko ? La dernière fois que nous nous sommes vus, puissant et fidèle chevalier, c'était avant que tu ailles servir Déméter, à la demande d'Athéna… Depuis, tu as bien changé…
- Arrêtez de dire n'importe quoi, protesta les sanglots dans la gorge Darko ! Vous savez très bien ce qui se passe. Et c'est vous qui êtes responsable ! Servir le mal après avoir clamé représenter la justice et l'honneur, non… C'est vous qui avez changé ! Moi, je vous suis toujours resté fidèle, toujours fidèle aux valeurs défendues par Athéna, valeurs que vous avez rejeté et…

Darko intensifiait son cosmos en fixant de son index pourfendeur l'armure d'Or. Les mots avaient du mal à sortir de sa gorge tant son courroux désespérée l'étreignait.

- Comment vous, Vieux Maître, pourtant clef de voûte de la Chevalerie, pourtant plus sage de tous les Chevaliers, avez vous pu permettre à Athéna et à son Sanctuaire de commettre tous ses crimes, toutes ses ignominies ? Soit vous êtes aveugles et vous n'avez rien vu, ce qui pour quelqu'un de votre rang est méprisable et vous rend complice passif, soit tout ceci s'est passé sous votre bénédiction et vous êtes un…
- Calme toi mon petit…

La cosmo-énergie du Vieux Maître des Cinq Pics se voulait apaisante, nullement agressive. Il sentait que Darko était, comment dire, perturbé… Au bord des larmes, mais des larmes de colère, de haine, d'incompréhension. Il le sentait profondément déçu, mais par quoi ? Et pourquoi ?

Non, la question est mal posée. Dohko ne pouvait en vouloir à Darko, une nouvelle fois sans expliquer pourquoi. Cet homme trahit Athéna, laisse Déméter morte et fuit au Royaume de Poséidon, pour revenir 7 ans plus tard tenter d'assassiner celle qui l'a fait chevalier. Un renégat de la pire espèce qui n'a donc pas remplit correctement sa mission en quelque sorte. Ceci est la vision brute et objective de la situation. Soit…

Et pourtant, impossible de lui en vouloir… Le plaindre par contre, ça oui.

Arion regardait passivement la scène. Il était un peu surpris par la tournure que semblait prendre les évènements. Il était prêt à déchaîner toute sa colère sur ce tas de métal jaune. Et pourtant, à ce moment précis, il avait plutôt envie d'écouter. D'écouter ce que ce sage bonhomme, dont il avait entendu maintes louanges à son égard, avait à leur dire. Ou plutôt, à leur apprendre…

Enfin, tous était prêt à écouter. Tous, sauf un…

- Bon, la conserve dorée à plateaux… Je ne sais pas qui tu es, mais on a pas de temps à perdre !
- Kaba… soupira Arion… Tais toi donc s'il te plait…
- Je pense que ton " Dieu " a raison, chevalier du Cobra, renchérit le Vieux Maître, un peu surpris de voir l'ambiance particulièrement joviale et empreinte d'une rare solidarité présente dans ce groupe.

Arion avait baissé son épée. Il était à présent attentif, il voulait savoir ce que ce sage d'apparence avait à lui apprendre… De toutes façons, il n'était pas si pressé que cela… 7 ans qu'il entendait ce moment, il pouvait bien perdre quelques minutes pour écouter ce que " le plus sage de la confrérie des chevaliers d'or " avait à lui apprendre…

- Chevalier de la Balance, attaqua calmement l'enfant divin, mon ami Darko de la petite ourse a raison. Athéna a abattu ma mère, a assassiné un de ses plus fidèle chevalier en la personne de Tomislav du Lynx… Tout ce que j'ai fait, je l'ai fait en pensant à cette vengeance. Ce combat, ce n'est pas moi qui l'ai voulu, mais Athéna en personne.

Arion parlait avec un calme déconcertant. Il y a peu, il aurait prononcé ses paroles en pleurant. Mais là, non. Il était d'une dignité assez remarquable. D'une grandeur divine. Et d'une sérénité terrifiante. Autour de son juvénile corps rayonnait cette verte puissance qui luisait dans cette pénombre de marbre. C'était un Dieu qui dialoguait avec un sage.

- Jeune garçon, répondit le Vieux Maître d'une voix sage et apaisée, n'as tu pas le sentiment de te méprendre ? Penses tu vraiment qu'Athéna enverrait d'elle même ses hommes pour assassiner une déesse aussi douce que Déméter ?
- Elle n'a pourtant pas hésité à abattre mon père Poséidon…
- Parce que ton père menaçait l'Humanité… La déesse de la sagesse n'a fait que défendre les Hommes de l'agression du Maîtres des eaux. Crois tu réellement que Athéna et ses chevaliers aurait laissé ton père noyer impunément les Continents ?
- Soit… Je dois reconnaître que tu n'as pas tort sur ce point, soupira dédaigneusement Arion avant de se reprendre. Mais alors ma mère ? Et Tomislav, qu'Athéna est allée abattre pour la seule raison qu'il était en désaccord avec sa volonté de terreur et d'hégémonie ? Qu'as tu à répondre à ça ?
- Je suis le doyen des Chevaliers d'Or, et depuis qu'Athéna s'est réincarnée, elle n'a jamais donné un tel ordre, c'est ridicule…
- Parce que tu crois que je vais te croire ! répondit Arion avec une franche colère soudaine, devant un Kaba tout sourire. Les faits sont là pourtant…
- Vieux Maître, renchérit Darko… Vous êtes le sage de cette confrérie… Comment avez vous pu laisser le Grand Pope envoyez des chevaliers d'or abattre Déméter, Tomislav, le Maître Inca d'Igor du Toucan Xuacan ? Sous seul prétexte qu'il désapprouvait cette folie sanglante du Sanctuaire ?

Le Vieux Maître ne répondit pas mais fronçait les sourcils. Il pensait à un " détail ". Qui justement est tout, sauf un détail… Mais avant de pouvoir répondre, Kaba reprit rageusement la parole en intensifiant son cosmos de sable.

- Après ce qu'il vient de te dire, tu veux continuer à écouter ce vieux fou, cracha le chevalier du cobra à l'enfant divin ?
- Oui… Car il y a un point que je veux savoir… Soit ce chevalier d'or est ignore ce qui s'est passé à Gertazé, et pour le plus sage d'entre eux c'est une faute, ou bien si il me prend pour un idiot… Et là c'est un crime qu'il paiera très cher.

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- SHAKA !

Seiya venait de se dresser. Il était assis sur la dernière marche avant l'entrée du Palais d'Athéna, tentant de ronger son frein… Mais là, il venait de bondir, le cœur battant une folle danse. Le cosmos de Shaka avait disparu depuis quelques minutes, mais là il venait de ressentir un immense choc en provenant de cette divine maison de la Vierge.

Il était inquiet. On ne va pas y revenir dessus, mais il savait mieux que personne dans quel état de fatigue physique étaient les chevaliers d'or. Le combat Asgardien et contre Poséidon leur a encore fait payer un lourd tribut, celui de leur sang.

Maintenant, le résultat est éloquent. Mu vient de réapparaître comme par magie, mais Dieu sait que son état est déplorable. Aldébaran a souffert mille morts avant de venir à bout du chevalier d'argent du Toucan. Et Aiolia a perdu (soyons honnêtes…) contre son adversaire, Nasser du fennec.

Seiya n'est pas différent de ses camarades de bronze. Il a confiance en les chevaliers d'or, mais il les sait affaiblis. Mais le retour d'Ikki lui redonne espoir, et cette envie d'aller en découdre ne s'en fait que plus vivace.

Qu'il est dur d'être le " dernier rempart ".

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Darko a toutes les peines du monde pour retenir et calmer Kaba. Ce dernier bout de colère à la vue d'un Arion calme et attentif au parole de cette balance dorée qui repose au centre de la pièce. Il enrage, il veut avancer. Il veut se mesurer aux chevaliers d'or, comme l'on fait avec des fortunes diverses ses amis Kamaté et Nasser. Mais surtout… Surtout il semble craindre quelque chose…

- Ca suffit Arion, clame t'il avec insistance. Tu ne vois donc pas que ce vieux débris te mène en bateau !? Tu veux que je te rappelle…
- Ne me rappelle rien, je me souviens très bien, répond avec une sérénité déconcertante Arion, en caressant de sa vierge main la lame de cette épée dorée…
- Mais…

Kaba serre les poings, et du sang jaillit de ses blancs yeux. Il commence presque à trembler… Arion ne s'en soucie pas, et les yeux toujours baissé pour regarder tendrement cette épée qui ne le quitte plus depuis ce sinistre jour, il demande au chevalier de la balance…

- Darko m'a parlé d'une des spécificités de ton armure… Les 12 armes de la balance…
- Oui, c'est vrai, répondit Dohko. 12 armes qui ont pour but de servir la justice…
- De servir quelle justice ? Celle d'une déesse qui considère que justice est faite dés lors que ses opposants sont traitrement assassinés ? Cette arme divine qui est la mienne a été ramassée sur la dépouille d'un de ces sujets…

Le jeune homme pointa l'armure d'or avec son épée en prononçant cette phrase.

- Cette épée a tué ceux que j'aimais le plus. Je m'en suis fait propriétaire pour les venger ! Tu dois sans doute reconnaître cette arme, non ?
- Non, répondit placidement Dohko.
- Tu te moques de nous, éructa Kaba !
- Mais tais toi donc, soupira avec dépit Arion, devant l'attitude franchement pénible de son combattant…
- Jeune enfant, laisse moi te poser une question, demanda tranquillement Dohko… Tu n'accuserais quand même pas Athéna à cause d'une simple épée en or… ?

Darko restait de marbre… C'était lui, avec Hristo et Igor, qui avait fait ce rapprochement entre l'épée en or plantée dans le cœur de Tomislav et Athéna. Enfin lui… Dragon des Mers présent sur place, ou plutôt le frère du chevalier des Gémeaux, avait corroboré cette hypothèse. Et puis toute cette tension au sanctuaire, ces appels continus à l'adresse de Tomislav pour qu'il " laisse tomber " Déméter. Non, cela ne colle pas, et les gouttes de sueur sur sa tempe témoignent de son embarras.

Kaba semble également troublé, et il essaie de reprendre le dessus. Mais pas pour les mêmes raisons que Darko ou Arion. Il ne doute pas, mais il voit que ses compagnons doutent, et ça l'agace terriblement… Mais avant de prendre la parole…

- Tes phrases sont belles, chevalier de la Balance, repris avec la même sérénité apparente Arion, rabaissant son arme… Mes dans ce cas, comment expliques-tu qu'Athéna ait ensuite envoyé ses sbires frapper Xuacan et beaucoup de ses fidèles ? Admettons que cette épée ne t'appartienne pas… Elle appartient à un de tes chevaliers, c'est obligé…
- Non. Car Athéna interdit l'usage des armes, sauf permission expresse du chevalier de la Balance. Je n'ai accordé ce droit qu'une seule fois, et c'était il y a bien longtemps… Par contre, j'ai l'impression depuis le début de notre conversation de saisir quelque chose d'important, qui fait que vous vous méprenez totalement… Darko, c'est à toi que je vais m'adresser, mon bon petit…

Darko souffrait. Il doutait, terriblement. Cette aura chaude et aimable, pleine de sagesse et d'amour qui émanait de cette armure d'or le troublait autant que ces paroles. Les lieutenants de Poséidon ne savaient quoi dire, et ils assistaient passivement à cette scène.

- Darko, je dois te parler de ton ami Saga… Le Chevalier d'Or des gémeaux…

*
**

Ikki venait de quitter la maison du Lion et il avançait à grand pas en direction de la maison de la vierge. Il commençait à l'apercevoir quand soudain…

Une immense lumière jaillit de cette auguste demeure. Le chevalier de bronze accéléra sa course. Il avait senti la disparition du cosmos de Shaka, et il supposait que ce dernier avait besoin de secours… Il courrait. Vite, sans s'arrêter, sans même réfléchir à ces phrases pleines de mystères prononcées par le chevalier des sables, le fennec Nasser. Et plus que les phrases, ces visions apocalyptiques de monstres et autres créatures démoniaques qui envahissaient ces scènes… On aurait dit un tableau de Bosch, les combats entre le bien et le mal, entre Dieu et le Diable… Mais dans cette bataille, le mal et les monstres venaient de prendre le dessus sur le bien et les anges…

C'était troublant.

Ikki venait de franchir le seuil de la porte de la demeure de la Vierge. Et alors qu'il s'était préparé à trouver Shaka en grande difficulté…

- Mais comment est ce… possible…

Ikki voyait et entendait les râlements sanglants du chevalier de chimère. Shaka était brillant dans son armure d'or, debout, et les yeux fermés. Il venait de réapparaître dans un halo de lumière divine, en tenant dans sa main droite le cou de son adversaire. Ce dernier voyait son armure pourtant massive et imposante totalement détruite, et le bras gauche du chevalier de la vierge transperçait son poumon.

Le chevalier de la vierge enleva brusquement ce bras et jeta avec mépris son adversaire.

- Pfff, je me suis taché avec ton sang souillé…
- Mais… explique moi…
- Tu auras été un adversaire pitoyable, répliqua Shaka. Sur de toi, arrogant, prétentieux, orgueilleux, et finalement pas très puissant… Tout ce que j'exècre. Et au final, c'est toi qui va mourir…
- Mais…
- Tu mérites quand même que je t'explique… Tu as été touché dés ma première attaque mentale. C'est vrai que ton système de protection est probablement une des plus aboutis qu'il m'est été donné l'occasion de voir. Cependant, mentalement, tu es aussi vulnérable qu'un porc devant son boucher.
- Rhaaa….
- Tu as choisi ton monde de la métapsychose… Tu as choisi le paradis, et finalement c'est toi qui a vécu dans ton rêve chimérique… Je suis venu dans ton songe, dans ton Eden… Sauf que le maître du jeu, cela n'a jamais été toi.
- Mais alors…
- Tu as rêvé… J'espère que tu as apprécié de " vaincre " un chevalier d'or… Mais maintenant, c'est fini, le réveil est dur, et tu vas périr non plus dans ton paradis, mais dans mon enfer. Avant toutes choses, il faut que tu me donnes une explication…

Shaka était brillant dans son costume d'or. A l'entrée de cette pièce, Ikki observait la scène les bras croisés et l'œil amusé. Il ne voulait pas intervenir dans cette démonstration de puissance de Shaka. Ce dernier était peut être physiquement épuisé et mal en point, tel qu'en témoignait sa respiration qui demeurait haletante, mais sa splendeur et son cosmos restaient intacts.

- Règne des monstres… Tu as employé ce terme dans ton délire avant de " m'envoyer en enfer "… Je suis curieux de savoir ce que tu entends par là…

Les yeux de Kamaté témoignèrent d'une terreur folle à l'évocation de ce terme. Il l'avait dit… Mais quel idiot pensa t'il très fortement… Il avait lancé cette évocation alors qu'il croyait Shaka mort, et maintenant…

- Alors ? Tu as commencé à me parler de ce monde que tu souhaitais créer… Je ne connais que très peu le monde de Poséidon, mais il me semble que son rêve, et par conséquent sans doute celui de son fils, est de mettre en place un monde sous son règne, un monde aquatique… Mais " un règne de monstre "… ? Arion me semble avoir des desseins assez originaux…

Shaka continuait à parler, sous l'air extrêmement embarrassé de son infortuné adversaire. Ikki, qui s'était discrètement avancé, semblait quant à lui très intéressé par ce qui se disait… Un " règne de monstres ", puisque ce vocable semble très présent dans cette conversation, serait une description assez fidèle de ce qu'il venait de voir dans l'esprit torturé de son adversaire.

Par contre, le retournement de situation était, pour le triste et bientôt mort chevalier de la Chimère, aussi soudain que tragique. Ainsi, on pourrait dire qu'il s'était reçu le " Dreamworld " qu'il avait crû avoir assené à Shaka… En fait, il venait de perdre un combat qu'il se voyait réellement en train de gagner… Sauf que durant toute la période que dura son erreur, il venait de délivrer une information plutôt cruciale. Ce qui ne manqua pas de faire réagir Ikki qui se posta derrière Kamaté…

- Qui est ton donneur d'ordre ?
- Je te présente Ikki, le chevalier du Phénix, annonça avec un sourire affectueux le chevalier de la Vierge. Il vient de terrasser un de tes amis…
- Non… Nasser est…
- Nasser souffre et se repenti en enfer de ses innombrables erreurs. Mais avant de soupirer, il a évoqué les mêmes concepts que toi, alors dépêche toi de répondre ! Qui est ton donneur d'ordre ? C'est Arion qui est le Maître d'œuvre de tout cet apocalypse dont vous nous parlez ?
- Nasser…

Kamaté commençait à larmoyer nerveusement à l'idée de la mort de son ami… Ainsi Kaba restait seul pour essayer de mener à bien…

- Bon, on ne va pas y passer la nuit ! reprit durement Ikki. Quel est ton lien avec ce Nasser ? Et quel est ton lien avec Arion, si lien il y a ?

Shaka s'était mis les bras croisé, et il laissait le soin de l'interrogatoire à Ikki… C'était plutôt musclé, mais le chevalier de Phénix n'est pas un adepte de la méthode douce. Il préfère les techniques efficaces…

- Vous allez tous mourir, cracha Kamaté… Athéna va mourir de la main d'Arion et de nous ses serviteurs, et je n'ai rien à te dire de plus ! Alors allez au diable !
- Je crois que tu n'as pas compris ce que vient de te demander le chevalier du Phénix, reprit Shaka. Te rends tu bien compte de la mauvaise posture dans laquelle tu es ?
- Va crever !

Kamaté tentait de rassembler ces dernières forces dans son bras droit. Du gauche, il se redressa, et à la vue d'un Ikki immobile et indifférent…

- Meurs Shaka !!!

Une immense vague d'énergie… Shaka fut pris dans le flots tumultueux de ce flash, sa cape se déchira sous l'action de cette offensive. Mais dés que la lumière se dissipa, ce qui était fort prévisible se produit. Shaka restait tel qu'avant, droit, digne et pas affecté du tout par cette légère brise capricieuse…

- C'est bon, tu as terminé ? demanda ironiquement Ikki qui n'avait pas bougé d'un pouce. Peut être peux tu nous répondre maintenant… Quel est ton but ? Et quel est le but d'Arion ?
- Tu connais notre but et celui d'Arion… Se venger d'Athéna…
- Non, tu as mal compris la question du Phénix… Je vais par conséquent te la reformuler. Oublions Arion, nous connaissons apparemment son but qui est celui de venger son père, très bien, c'est un brave enfant… Mais ton objectif ? Celui de ton compagnon Nasser ? Et êtes vous seuls à suivre ce dessein ?
- Vas te faire enc…

Une gerbe de sang qui conclut brusquement une phrase qui ne méritait pas d'arriver à terme…

- De toutes manières, il ne nous aurait rien dit de plus que nous ne savons déjà…

Ikki venait d'achever le Chevalier de la Chimère, et avec cela un doute qui allait crescendo…

*
**

Aiolia venait de ressentir le retour de Shaka, et sa victoire finale. Il n'était qu'à quelques pas de la demeure de Dohko. Mais cela lui semblait être à une éternité… Il était épuisé…

Dans cette demeure, un silence accablant remplissait la pièce centrale. Le teint de Darko était aussi blanc que la neige Ukrainienne, le cœur de Kaba battait à tout rompre, et Arion restait de marbre. Chacun de ces trois personnages irradiait de doutes et de troubles contradictoires, mais tellement différents.

Darko d'abord. Le Chevalier de la Petite Ourse venait d'apprendre, preuves à l'appui, la mort de Saga. Et surtout il venait d'apprendre son histoire. Par conséquent, il connaissait à présent l'histoire tragique du Sanctuaire, celle de ces deux frères qui ont tenté de manipuler les Dieux. Avec l'expérience de Kanon et ce dont il a été capable pour défaire Athéna…

Ainsi, cette dernière n'aurait donc " rien fait ". Mais ce qui s'appelle rien, dans le sens du néant, de l'absence totale d'actes et de volontés. Ainsi, durant l'intermède Déméter et Poséidon, Athéna n'existait pas et seul cet ami Saga diligentait tout. Difficile à avaler, encore plus à admettre… Et quelle conclusion tirer d'un invraisemblable sac de nœuds ? C'est bien difficile…

Kaba ensuite. Son attitude est spéciale… Il pourrait presque se ronger les ongles, de crainte... Il voit ses coéquipiers en train de douter, pratiquement au même moment où les cosmo-énergies de ses amis Nasser et Kamaté venaient de disparaître, emportant par là même les vies et les espoirs destructeurs de ces deux vaillants guerriers. Comment ne pas douter, alors même qu'au milieu du chemin Arion doute ? Kaba veut la tête d'Athéna, et c'est la raison pour laquelle cela ne lui a pas posé de problèmes de suivre Arion et les siens. Ils avaient le même objectif, et son but à présent, il le sait, et de faire en sorte d'entretenir cette flamme et ce but, quand bien même il doive user de la force…

Arion enfin. Il demeure silencieux et, cela peut paraître paradoxal, d'une rare sérénité. Il voulait " apprendre ", il a été servi… Saga, les guerres saintes, la guerre civile, Saori… Dans la chronologie expliquée par Dohko, cela collerait presque. Déméter et Tomislav ont été assassiné lors de la prise de pouvoir de Saga. Et tous les événements qui en découlent sont finalement fort logique au vue de l'exposé du vieux Sage de la Balance. Et pourtant…

Pourtant, des points restent obscurs. Ce Shura affronté en pays Incas, puis cette épée dorée… D'où vient elle ? Pas des chevaliers d'or, soit, mais c'est pourtant un chevalier d'Athéna qui a assassiné Déméter et Tomislav… Enfin, c'est ce qui avait été évoqué par Dragon des Mers, sur place, et corroborée par Igor, Hristo et Darko. Tomislav venait de recevoir des pressions de la part du nouveau Grand Pope, il n'a pas voulu se soumettre, il est mort, point barre. Enfin, cela paraissait si simple et si limpide… Cela l'est moins, c'est évident.

- Arion, ne te laisse pas bluffer par ce vieux fou !

Kaba venait de reprendre la parole, fermement et fortement.

- Tu m'entends Arion ?! Il te manipule, et…
- Tais toi Kaba, répondit Arion en se tournant et en se risquant à soutenir son regard. Je crois que ce que dit cet homme est vrai (Darko acquiesça lividement), et nul ne peut mettre en doute son récit.

Le regard d'Arion était franc, pur, plein de tension et de passion. Pour la première fois sans doute de sa vie, le cobra du baisser les yeux devant cet enfant.

- Mais pourtant, continua Arion en se retournant face à l'armure… Pourtant je reste convaincu sur un point… Athéna n'est pas cette déesse pleine d'amour que tu veux bien me décrire. Elle a du sang sur les mains !
- Comment te convaincre du contraire et de ton erreur, jeune enfant ? demanda plein d'amour le Vieux Dohko…
- Je veux voir Athéna et je vais voir Athéna ! Et mon combat ne s'arrêtera pas de cette manière ! Il continue, éclairé par de nouveaux éléments, mais il continue !

Darko se reprit et vint aux cotés du jeune garçon. Durant toute cette longue scène, Trévor et les autres restaient silencieux. Mais que pouvaient t'ils dire ? Ce n'étaient pas leur instant, il n'avaient rien à faire. C'est logique…

- On continue alors ? demanda Darko.
- Oui.

Le regard de Kaba repris de la vigueur.

- Oui. On continue. Tomislav et Déméter sont toujours morts et je me suis promis de les venger. Par conséquent…

Un cosmos vert émeraude s'éleva en même temps qu'un souffle de poussière tourbillonant.

- Par conséquent si tu comptes m'arrêter Chevalier d'Or de la Balance…
- Oh non… Je suis trop faible et trop loin pour m'opposer à toi. Et puis je ne veux pas te tuer. Va, si je ne t'ai pas convaincu. Va, et rencontre Athéna et ses chevaliers. Tu verras sans doute ce que veux dire le courage et la foi en des valeurs équitables et humaines. Tu verras ces jeunes chevaliers de bronzes qui ont donné jusqu'à leur vie pour défendre une cause qu'ils croient juste. Tu verras peut être ce que c'est vraiment la grandeur de l'âme. Et tu verras que tu te trompes depuis le début…
- On verra bien… Allez mes amis, on fonce en direction de la maison du Scorpion !

Et ce flot humain de contourner à la vitesse du vent cette armure de la balance qui, si elle pouvait, laisserait s'écouler des larmes de tristesse…

- Excusez moi Vieux maître… lâcha tristement mais avec conviction Darko passant devant l'armure…
- Tu sais jeune chevalier, lui répondit Dohko… Athéna ne t'a jamais laissé tomber, et elle t'a toujours aimé et pardonné… Comme elle continue son amour à ton égard… Si tu ne t'en es jamais rendu compte, peut être l'observeras-tu bientôt, c'est du moins ce que je te souhaite… L'amour d'Athéna est merveilleux…

C'est le cœur déchiré que Darko sorti de la maison de la Balance… Il se revoyait en Asgard. Non, Athéna ne l'a jamais laissé tombé… Mais c'est un chevalier d'Arion à présent. Quitte à se fendre le cœur…

- Tu as fait le bon choix, complimenta Kaba…
- Ne te méprends pas, j'ai des comptes à régler avec Athéna et avec certains de ses hommes, répliqua sèchement Arion en laissant échapper son regard en direction de la 10eme maison du Zodiaque. Par contre Kaba, je te demande de t'occuper du prochain chevalier !
- Pardon !

Les yeux de Kaba s'emplirent de sang. Certes, il aime le combat, mais là, cette demande est bizarre…

- Oui. Tu le vaincs, et après tu nous rejoints…
- Comme tu veux, répondit Kaba avec un appréhension légitime.

Darko avait compris, il n'est pas idiot. La ligne finale est là devant eux. Nasser et Kamaté sont morts. Et Arion doute de Kaba. Il préfère rester seuls avec ses proches Trévor, Duncan, Marino et lui même, c'est logique… Et c'est ce que pensait aussi Kaba.

Sauf que ce dernier se sait à présent seul pour mener Arion devant Athéna… Il ne doit pas faillir à cette mission. Il ne doit pas…

*
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Cette voix…

Je suis le Chevalier Mu du Bélier, et je garde la première Maison du Zodiaque. Je viens de vaincre mon adversaire, Hristo, le chevalier d'argent du Triangle Austral. Un traître qui en a attenté à la vie d'Athéna. Et pourtant, un traître auquel j'arrive à pardonner et qui ne m'inspire aucune haine…

Je l'ai ramené de cette dimension dans laquelle nous nous étions perdus, car cet homme d'honneur ne mérite pas un tel sort. J'ai armé ma main, prêt à le châtier. Par parce que cela me fait plaisir, évidemment. Ce jeune garçon est plus à plaindre qu'a haïr. Mais parce que telle est ma mission.

Et au moment où, sous les yeux du courageux Jabu, je m'apprêtais à couper le fil de sa vie, cette voix…

- ATTENDEZ !

Cette voix pleine d'amour et de chaleur qui m'appelait pour stopper mon déplacement. Cette voix qui s'adressait également au chevalier du Taureau qui s'apprêtait au même geste. Et comme moi, il cessa son action…

- Mais pourquoi… demanda t'il ?
- Oui, continue-je… Pourquoi vouloir nous arrêter ?

Les yeux de mon adversaire se mirent soudainement à être emplie de chaudes larmes salées…

- Athéna…

Je l'entendais gémir le nom de celle qu'il voulait tuer et qu'elle désire gracier. Le pardon, un des thèmes prédominant de la philosophie biblique… Le pardon, acte de miséricorde qui rend l'homme toujours plus humain… Le pardon d'Athéna…

- Mes amis, nous clama t'elle du haut de son palais, envahissant tout le sanctuaire de cette aura chaude pleine d'amour… Mes amis, vos adversaires ne sont pas des monstres auxquels on peut enlever la vie comme ça… Ils ont souffert, ont été trompés par on ne sait qui, et il ne méritent pas de mourir…
- Mais ils ont essayé de vous assassiner, rétorqua Aldébaran ! Ils vous ont trahi !
- Ils sont dans l'erreur… Et c'est à moi de les sortir de l'erreur… Je continue à payer mes errements dans l'affaire de Saga, et ils en sont les victimes, comme nous l'avons tous été… Aldébaran, je t'ai pardonné comme j'ai pardonné à Milo, à Aiolia, à Shaka et à tous les autres qui maintenant sont morts. Comme j'ai pardonné à Saga…

Mes yeux commencèrent également à s'embrumer…

- D'autres parts, le combat n'a pas encore commencé… Et nous aurons besoin de toutes nos forces…
- Que voulez vous dire Athéna ?

Mon interrogation stoppa net cet instant solennel, et l'aura aimante d'Athéna cessa. Pour laisser place à cette même lourdeur froide et tenace, à cette menace latente…

- Lorsque l'adversaire qui est derrière ce combat, ces trahisons et qui a éveillé la haine d'Arion à mon égard se réveillera… Tous nos chevaliers devront se battre sous la même bannière, celle des hommes et de l'amour…

Jabu sentait comme moi son corps se contracter. Nous avons tous senti cette menace, depuis le début. Elle approche aussi vite qu'Arion gravit une à une les marches des escaliers du Zodiaque…

- Athéna… Merci…

Hristo venait de rouvrir les yeux. Lui aussi pleurait à chaudes larmes, comme son compagnon Igor. Ils savaient s'être trompés. Athéna les a sauvé en Asgard, et aujourd'hui elle fait plus : elle les gracie. Et pourtant, comme nous, cette question reste là en suspend et sans réponse.

Pourquoi ce combat ?

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Cette fiction est copyright Fabien Chaffard.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.