Chapitre 9 : Sur un air de revanche


Ce sera la dernière fois que je commenterai cette bataille de mon antre… Je ne peux plus rester assis paisiblement dans mon fauteuil - ce qui est dommage, mais le plaisir ne doit rester éternel -, le combat étant maintenant trop engagé, et peut être mon heure est elle venue. C'est dommage, je prenais presque du plaisir à contempler, de loin, ce jeu qui était le mien. J'étais comme un joueur d'échec qui, en bougeant une pièce, voyait toute une pièce de théâtre se jouer. Parfois, il fallait un coup de main, très faible, pour relancer l'intérêt. Mais c'était reposant…

A présent, peut être faut il que je mette un peu plus du mien dans cette aimable pièce de théâtre. La tragédie d'Arion devant se finir par la complainte d'Athéna. Une complainte que dis je ? Un gémissement, un gémissement rauque et soutenu qui doit être entendu jusqu'au coin le plus profond de l'Olympe. Un gémissement de sang, un gémissement de mort, de souffrance. Athéna doit hurler, elle doit avoir mal… Son cri sera mon plaisir, ma jouissance… Pour que naisse un autre ordre, une autre forme de vie.

Les plantations commencent à peine à pousser. Evidemment, cela n'aura pas été sans mal. Il aura fallu, pour que les premières pousses n'éclosent, quelques pertes malheureuses. Mais cela est, de toutes manières, inévitables, et cela ne sera pas moi qui pleurerai sur les défunts… Je pense néanmoins à Kaba, qui vient lui aussi de périr, non sans avoir démérité. Mais je crains qu'il ne se soit découvert trop tôt aux yeux d'Arion, qui a peut être commencer à comprendre qu'il n'était pas complètement le Maître du jeu. De mon jeu. Il est certes divinement puissant, mais il manque d'intelligence, c'est certain. Sa grande jeunesse alliée à une soif de vengeance aveuglante sont autant de points faibles, dont je m'amuse avec délectation.

Kaba, Nasser, Kamaté, morts pour un projet. Un projet dont je suis l'inspirateur, un projet dont Arion n'est finalement que mon rouage principal, mais bientôt plus tellement essentiel. Un projet que je ne peux encore vous dévoiler tout de suite, malgré une certaine impatience qui doit être votre, du moins le l'espère, après tant de tant passé ensemble… Mais laissez moi jouer encore un peu avec les nerfs de nos chers combattants qui, pour l'instant, soit gravissent encore une à une les marches de cet escalier ridiculement long, soit restent stoïques dans une de ces maisons à attendre un éventuel combat. Je vous offre juste une information : Athéna mourra. Vous êtes surpris ?

Pour l'instant, revenons à notre film. La 10eme maison du Zodiaque abritait le chevalier d'or du Capricorne. Celui là, je l'aurais baffé… Il avait failli mettre tout mon jeu en l'air lors de cette épopée Péruvienne. Enfin, il avait failli, non… Arion, jeune imbécile à cette époque là, avait cru bon de se balader au Pérou. Au Pérou… C'est intelligent ça… C'est évident que le sanctuaire de Poséidon n'est pas un havre de bonheur et ne regorge pas d'occupations excitantes, mais de là à aller se jeter dans la gueule d'un des loups les plus puissants de la planète, ce n'est plus de l'insouciance. C'est de la connerie déjà bien avancée. A cette époque, Arion avait lamentablement perdu ce combat. Logiquement aussi, Shura est un des plus brillants chevaliers d'or de la caste Athénienne. Mais sa mort, évitée de justesse, aurait été, pour mes intérêts, dramatique.

Cela ne fut, heureusement, pas le cas. Et nous revoilà là donc, d'après ce que doit sans doute penser le petit Arion, à l'aube d'un possible acte 2. Shura - Arion, le match retour… Non mon petit, il n'y aura pas de match retour. Je ne sais pas ce que tu trouveras à la place, peut être un cheval en or qui t'attaquera comme dans la maison du Capricorne, peut être le Vieux Maitre des 5 pics qui te refera une improbable leçon de chose, je ne sais pas. Mais tu ne trouveras pas Shura… C'est dommage, j'aimais beaucoup ce chevalier d'or qui avait une force et une fierté au moins aussi brillante que son aveuglante stupidité… Enfin…

Bon, j'étais sur la route d'un de mes anciens amis que j'ai envie de visiter avant de rentrer dans le jeu. Sortir un peu, ça me fera du bien. Et comme je pense que 300 ans avec comme seules visites une enfant pleurnicharde et un chevelu japonais doivent bien être longs, probablement que ma visite lui fera plaisir. Enfin, je le souhaite. Je le lui souhaite.

Mais pour moi, à présent, tout n'est que du bonheur…


*
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Je suis Shiryu, le Chevalier de Bronze du dragon. Mes yeux ne voient plus, mais mes sens ne peuvent pas me tromper. Nos ennemis viennent de rentrer dans la maison du Sagittaire. Elle est vide… Je vais devoir bientôt me battre, pour protéger le Sanctuaire, pour faire honneur à Shura, le chevalier d'or du Capricorne, gardien historique de cette maison…

Je suis en ce moment à l'intérieur de celle ci. Mes mains touchent cette statue d'Athéna, réelle fierté de son propriétaire. Propriétaire trompé par un Grand Pope malade d'ambition. Shura, qui m'a légué dans ce bras droit son épée Excalibur.

Mon rôle est d'essayer de garder inviolée cette maison… J'aurais pu, j'aurais du, sans doute, être quelques dizaines de mètres plus bas, dans la maison de mon Maître de la Balance. Cette armure qu'il m'a si souvent laissé. Mais non, ce dernier a préféré avoir un contact direct avec Arion, chez lui… Si bien que me voilà dans ces murs qui composent la dixième maison du Zodiaque.

Arion est actuellement entouré de 4 autres guerriers qui l'accompagnent. Et ils sont en face de l'entrée de la maison du Sagittaire. Certes, la maison du Cancer était au moins aussi vide que celle ci, et pourtant Arion et sa bande ont eu énormément de mal à passer… Néanmoins, je sais, je sens, que la traversée de cette maison sera pour Arion une formalité, et qu'il va donc falloir que je me batte.

Que je fasse à nouveau honneur à Athéna et aux chevaliers d'or qui, une nouvelle fois, ont mis leur santé en péril pour permettre à nos armures de bronze de renaître à la vie… Je caresse mon bouclier, et je le sens vibrer, respirer, à l'unisson de mon cosmos. Je sens leurs forces, leur âme, leur amour pour Athéna, rayonnés à l'intérieur de cette armure du Dragon. Je ne peux pas, je ne dois pas les décevoir…

Maintenant, je ressens quelques inquiétudes, c'est évident. Je ne suis pas le seul à être inquiet, je sens le cosmos furieux, à la limite de l'hystérie, de mon ami Seiya. Je le sens descendre à pleine vitesse les escaliers le séparant de la maison des Poissons. ll n'en peux plus, il ne veut pas qu'Arion traverse la maison du Sagittaire. Je le comprends, cela me fait mal aussi, mais je le comprends. Et pourtant, il est en train de commettre une erreur… Shun, puisses tu le raisonner…

A présent, il ne me reste plus qu'à attendre, et à espérer qu'Athéna me donnera la force de les retenir le plus longtemps possible. Pour attendre l'arrivée d'Ikki qui vient de quitter la maison de Shaka, et qui s'en va à la poursuite des armées d'Arion… Pour stopper l'offensive d'Arion, pour protéger Athéna !

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L'épilogue du combat fut d'une brièveté étonnante. Mais l'affrontement d'un lion, d'un scorpion et d'un cobra ne peut que se finir de cette manière finalement… Une fin rapide, un fin sans agonie, sans souffrance inutile. Une fin qui a vu périr le mystérieux chevalier Kaba, du cobra.

Milo, chevalier d'or du scorpion et gardien du lieu de la bataille, est à terre. Il halète et peine à se relever. Aiolia, son compagnon du Lion, ne tente même pas cet effort aussi vain que douloureux. A quelques encablures de là, le chevalier de bronze du Phénix accourt pour rattraper le groupe " ennemi ". Il vient de quitter Shaka de la Vierge, qui reste seul et inquiet, dans sa 6eme maison du Zodiaque. A ces pieds gît le combattant à l'armure de la Chimère, et aux secrets si mystérieux…

Plus haut, Seiya descend en trombe les escalier du Zodiaque. Il a senti la violation de la demeure du Sagittaire, il ne veut pas.

Et puis à l'intérieur de la maison du Sagittaire se promènent Arion et ses compagnons restant. Tous marchent à pas lents et recueillis, prêts à bondir comme un seul homme si un chevalier à l'armure doré devait apparaître. Ne pas se faire surprendre comme à l'intérieur de la maison du Scorpion, être sur ses gardes, méfiants mais offensifs, prudents mais décidés.

Ce groupe est fatigué. Mine de rien, personne ne traverse 7 maisons sans encombres et sans y laisser quelques plumes. Des morts ont jonché ce parcours, et le sang a déjà coulé. Les trois mystérieux chevaliers Kaba du Cobra, Kamaté de la Chimère et Nasser du Fennec sont tombés sous les coups d'ardents défenseurs d'Athéna. Hossim du crocodile est mort au tout début de l'aventure. Et les courageux Hristo du Triangle Austral et Igor du Toucan n'ont ce souffle de vie qui ne tient qu'à la miséricorde d'Athéna.

Ils marchent groupés, Arion en tête de cortège. La maison est sombre, froide, humide. Et le silence de cathédrale met en avant ce caractère sacré et impénétrable de ce lieu saint. Trévor de la Pieuvre peine à garder un rythme constant. Il a beaucoup souffert lui aussi. Le stigmate causé par le dard enragé du scorpion, les blessures diverses, la fatigue, tout ces éléments cumulés qui rendent sa marche chaotique et passionnée. Duncan du LochNess, et Marino du Requin, encadrent Arion. Eux aussi sont épuisés. Eux aussi sont surpris d'être arrivés jusque là, et eux aussi veulent aller jusqu'au bout.

Et puis il y a, pour finir la présentation de cette équipe, le puissant et ombrageux Darko, chevalier d'argent de la petite ourse. Il est, comme ses deux compagnons Hristo et Igor, le plus ancien ami d'Arion. Il le connaît, il l'a vu grandir. Il connaît aussi le Sanctuaire, du moins il le connaissait… Car il a tellement changé depuis son départ en Ukraine, depuis que Tomislav, le chevalier d'argent du Lynx, a été transpercé par cette épée dorée qui arme maintenant le bras du fils de Poséidon et Déméter. Le chevalier d'or de la Balance, Dohko, lui a tout raconté, il y a peu. Dans cette 7eme maison, Arion et lui même auront appris bien des choses… Mais quel crédit y apporter ? Par exemple, le chevalier d'or du Sagittaire, un des êtres les plus sages et les plus puissants du Sanctuaire, serait mort…

A bien y réfléchir, la lumière du jour apparaissant au bout du couloir tendrait à prouver que cette information était véridique… Pas de trace de cosmos quasi divin, pas de traces de chevaliers d'or…

*
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- Seiya, non !

Le chevalier d'Andromède sentait le cosmos de Seiya déferler en direction de la maison qu'il gardait, celle des Poissons. Il fallait que ce dernier reste à son poste, le dernier avant la chambre sacrée d'Athéna, mais non, il ne pouvait pas… L'équipe d'Arion traversait sans encombre la maison du Sagittaire, c'en était trop pour lui. Inacceptable !

- Shun, pousse toi !
- Non Seiya, écoute moi…

Le cosmos bleu du chevalier Pégase se teintait d'une intense couleur de sang. Sa colère n'avait d'égal qu'une profonde tristesse, un sentiment de viol devant cette traversé limpide de cette maison sacrée de la part des armées ennemies. Et pourtant, il le savait. Il savait que Saori avait porté toute sa confiance en lui, en le postant au dernier rang avant sa chambre divine. Il le savait, mais la passion balayait la raison.

- Shun, je ne peux laisser faire une telle chose, gémissait avec conviction le chevalier de bronze de Pégase… Laisse moi passer, intima t'il en serrant fort son poing droit. Laisse moi passer, ou alors…
- Ou alors je serai obligé de t'en empêcher, répliqua avec une surprenant sérénité Shun, en voyant sa chaîne ondulée devant lui. Soir raisonnable Seiya, tu ne peux plus rien faire…
- Shun, laisse moi passer !!!!

Ses yeux semblait exorbités, et envahi d'une colère incontrôlée, une rage passionnelle où la pulsion dépasse la pensée. La raison n'est plus. Il voyait Arion approcher de la sortie, il le savait, le ne le voulait plus. C'était trop…

Shun était dos à la montée des marches. Ca y est, Arion posait le premier pied en dehors de la maison du Sagittaire. Le cosmos de Seiya était prêt à exploser… Non, il ne le ferait pas…

- PAR LES…

Si, il va le faire. Hyoga pouvait également ressentir cette folle tension, alors que le corps entier d'Arion sortait de la pénombre de la maison du Sagittaire. Saori voyait des larmes de tristesse s'épandre sur son doux visage. Elle ne savait quoi faire…

Hristo et Igor semblaient sauvés, Aldébaran et Mu ne savaient plus quoi penser. Seiya sombrait dans une folle rage devant la violation de la demeure du Sagittaire. Et alors que le deuxième pied d'Arion sortait…

- DE PEGASE !!!
- ARETTE SEIYA, CA SUFFIT !

Un cosmos explosait dans la maison du Capricorne. Une explosion qui stoppa net dans son élan Seiya.

- Shiryu…

Seiya ne savait plus où il en était. Son cosmos s'éteignit comme une bougie face au mistral soupirant, et il s'en agenouilla les yeux embués de larmes. La tension, la fatigue, il ne savait comment l'expliquer. Mais cette maison du Sagittaire dont, à présent, et un à un, les hommes d'Arion sortaient, surpris devant l'inexistante résistance. Cette maison dans laquelle Aiolos avait donné aux chevaliers de bronze la vie d'Athéna… Un frisson de désespoir et de furieuse colère parcourait l'échine de Seiya.

- Seiya, je serrai celui qui arrêtera Arion et ses hommes. Fais moi confiance, je guiderai Excalibur. J'ai, comme toi, une mission à remplir, proclame Shiryu en levant ses yeux fermés au ciel, ses pensées allant vers ce fier chevalier d'or trompé, qui se croyait le plus fidèle serviteur d'Athéna. Je ne laisserai pas cette maison souillée, je ne les laisserai pas partir. Seiya, rejoins ton poste, protège Athéna, fais nous confiance…
- Il a raison, Seiya, embraya doucement Shun en s'approchement tendrement de son ami et lui posant sa main chaleureusement sur l'épaule. Nous sommes les derniers remparts avant la chambre d'Athéna.
- Nous ne devons pas nous emporter, et devons être dignes du sacrifice des chevaliers d'or qui ont versé leurs sangs sur nos armures, confirma Hyoga en caressant son torse neuf et revigoré.
- Mes amis…

Seiya serrait les poings forts sur le sol. Puis il leva les yeux en direction de Shun. Et se redressa comme un seul homme. Shun sourit, et Seiya se tourna, sans un mots, le regard vide mais déterminé, en direction de la chambre d'Athéna. Le " treizième palais ".

Il savait très bien que Shiryu devrait continuer le combat. Qu'il se battrait avec force et courage. Avec amour pour Athéna. Il le savait très bien. A lui de jouer…

*
**

Un silence de mort régnait dans la maison du Scorpion. Le sourd fracas des armes s'entrechoquant avait laissé place à ce bruyant silence, et les chaotiques cosmos s'étaient tus. Milo et Aiolia tressaillaient à peine, tenant par de faibles secousses, de reprendre un peu de vie. Kaba du Cobra, quant à lui, gisait un peu plus loin, son âme ayant quitté ce corps mystérieux depuis quelques minutes déjà.

C'est ce spectacle de désolation qui s'offrait aux yeux du vigoureux chevalier du Phénix, lorsqu'il entra dans cette demeure. Un champs de bataille après la guerre, alors qu'il ne subsiste que quelques brises de fumées, une odeur de poudre et des pâturages saccagés. Son regard observait circulairement l'ensemble de la maison, baignée par cette obscure pénombre qui augmentait cette oppressante impression de chaos muet. Et alors qu'il marchait doucement et prudemment, son regard se posa sur le corps sans vie du chevalier du Lion.

- Aiolia, s'exclama t'il dans un élan étouffé en se dirigeant vers lui…
- Non Ikki, répondit difficilement le chevalier du Lion, le visage baissé face au sol et le corps toujours livide. Ne t'occupe pas de moi, ne t'occupe pas de nous.

Le chevalier Phénix arrêta sa course et son regard, empli d'une soudaine chaleur, redevint sombre et silencieux.

- Ikki, ne t'occupe pas de nous. Je… Je vais bien, souffla Aiolia dans un malhonnête soupir. Et Milo aussi. Nous allons nous relever, mais toi, tu es debout. Cours rejoindre tes amis pour arrêter les armées d'Arion. Court.

Ikki ne jeta aucun coup d'œil à Milo, quelques mètres plus loin, qui lui ne bougeait pas. Seul le cadavre encore chaud de Kaba attira, quelques minutes, son regard et son attention. Il s'approcha sans inquiétude de ce personnage aussi mystérieux que les chevaliers Nasser et Kamaté qu'il a eu à vaincre. Que dire, que penser de ces trois personnages ? Réveils des monstres ? Rien que d'y penser, il souriait.

Ikki a été un de ces " monstres " contre lequel la race humaine combattait, pour sa survie, pour la défense de ses valeurs. Il était un de ces monstres envahis de haines et de répulsion contre tout ce qui était vivant. Qui ne tuait même pas pour survivre, mais pour éliminer, pour éradiquer tout ce qui vivait, respirait, était doué de sentiments.

Et puis est arrivé Seiya, accompagné de tous ses compagnons, les chevaliers d'Athéna. Il a changé… Il a vu son horizon s'éclairer d'une douce lumière. Il a vu son regard, son avenir, évoluer, se métamorphoser. Des valeurs tellement plus agréables que celles défendues auparavant. Sa haine l'avait aveuglé, il s'était trompé. Sans doute comme se sont trompés ces trois guerriers… L'éveil des monstres… Non, il n'aurait jamais lieu. Et Arion n'arrivera pas jusqu'à chez Athéna !

*

- Darko…
- Oui ?
- Tu te souviens… ?

Darko se tue. Il se souvenait très bien de cette escapade péruvienne. Arion venait de revêtir depuis peu cette armure fine et cristalline qui l'habille, et était encore ce jeune enfant qui pleurait si souvent. Il venait de tuer, dans un affrontement aussi ignoble qu'acharné, celui qui fut son deuxième père, son maître. Le Général Torben du Kraken.

Xuacan venait d'être abattu par ces deux assassins envoyés par Athéna. Ou le Grand Pope ? Ou les deux, qui sait ? Enfin, en passant sur ce détail, les pensées de Darko se brouillèrent nerveusement… Mais il revoyait cette brute dorée, le chevalier Aldébaran du Taureau, déchaîné une attaque céleste contre lui. Après, plus rien…

Par contre, Arion se souvient très bien de cet homme qu'il a tant de fois revu en rêve. Shura, le chevalier du Capricorne. Ce Demi-Dieu doré possédant la terrible Excalibur dans son bras droit. Un homme divin. Un cauchemar qu'il doit se terminer aujourd'hui, en cette soirée pluvieuse sur le sanctuaire.

Arion ne pourra jamais oublier ce sourire carnassier, et cet air aussi fier que puissant, de ce chevalier d'or. La puissance des chevaliers d'Athéna qu'il voulait égaler, puis dépasser. A chacun de ses combats, Arion voyait ce visage taillé et finement ciselé, fier et rieur, tout juste masqué par cet avant bras conclut par cette main tranchante… Arion a affronté de nombreux adversaire en Asgard, il a affronté le terrible Siegfried, le guerrier divin d'Odin le plus talentueux. Il a affronté le regard de Dragon des Mers, son tuteur. Il a même défié le divin Mu du Bélier. Mais à chaque combat, à chaque attaque portée, à chaque coup reçu, c'était Shura qu'il voyait. Une ombra discrète mais obsédante, un faciès omniscient et lointain. Un fantôme dans son esprit…

La dernière série de marches avant l'entrée du Capricorne se présente. A présent, le groupe d'Arion marche, et ce dernier ferme les yeux… Il revoit…

***

Quelques mois auparavant, l'Amérique Latine…


L'assassin, justement, qui se trouve à quelques cailloux plus loin. Il s'agit du fier et vaillant Shura du signe du Capricorne, chevalier d'Or se voulant le plus fidèle à la divine Athéna. Il se tient droit et digne face aux courageux Arion, fils de Poséidon et Déméter, vivement remonté contre Athéna qu'il tient responsable de la mort de sa mère et de son père adoptif Tomislav, le feu chevalier d'argent du Lynx.

SHURA (fier et assuré) - Je vais te tuer, fils de Poséidon, et Athéna apportera personnellement ta tête à ton Dieu de père…

Le chevalier d'Or du Capricorne leva le bras droit en direction du ciel, l'illuminant par les rayons du soleil venant frapper le haut du pointu de sa main… En face, le petit Arion ne disait rien. Il tenait fermement, à deux mains, le manche de sa magnifique épée ciselé divinement travaillée. Il était un Dieu en face d'un homme Dieu. En face d'un des meilleurs combattants du sanctuaire d'Athéna… Et lui, le fils de Poséidon, allait jouer son premier véritable combat à mort…

Le beau chevalier d'or du Capricorne baissa vigoureusement le bras et un fort jet de lumière jaillit en direction du garçon, qui réussi à esquiver le coup de lame… Un coup d'œil rapide derrière, et le spectacle d'un flanc de colline complètement découpé en deux le laissa sans voix…

ARION (impressionné) - Oh la vache !
SHURA - Tu es rapide petit… Mais arriveras-tu à esquiver encore longtemps…

Shura esquissa de rapides mouvements de bras, chacun sanctionné d'un jet de lumière tranchant en direction de son adversaire. En esquivant certain et parant d'autre, le petit garçon parvint à éviter la majorité des offensives de son agresseur… mais pas tous. Lorsque le déferlement se calma, le jeune Dieu était entaillé en de multiples endroits, occasionnant plaies et coupures saignante. Son armure, par contre, semblait intacte. Ce qui ne manqua pas d'interpeller le fier chevalier d'Or.

SHURA (souriant) - Tu es faible. Moins que je ne l'aurais cru, mais faible… Tu as de la chance de posséder une armure si puissante !
ARION (remonté, la franche brune de cheveux fins mouillés tombant sur son front) - Je vais gagner ce combat… je le dois… JE VAIS TE TUER !

Le cosmos du fils de Poséidon augmenta autant que sa rage et sa haine viscérale envers la déesse vénérée par son adversaire… Cet homme qui se tenait devant lui et se considérait comme l'être le plus dévoué à cette semeuse de mort provoquait en lui un sentiment débordant de rancœur… De la haine, oui ! Voilà l'émotion prédominante chez cet adolescent à l'heure actuelle… Une haine qui enflamme le regard, enflamme les sens, enflamme son cosmos.

ARION (le regard fou) - Tu vas… MOURIR…

Le fils de Poséidon était atteint d'un semblant de folie. L'incarnation de l'être responsable de son malheur se trouvait là, droit et fier, arrogant dans cette armure divinement belle, se tenir le bras au ciel en face de lui. Et la rage le rendait fou. La sueur coulait à flot, diluant le sang de son visage en des torrents d'agressivité et de colère… C'était à présent devenu une bête féroce. C'était un lynx enragé…

ARION - Meurs, chevalier d'Or, et reçoit mon attaque !!!

L'adolescent lança son épée vers l'avant, comme pour frapper le beau Shura à distance, et hurla son attaque, avec rage et colère…

ARION - MEDITARREAN SEA TORMENT !!!!

A ce moment là, une vague d'énergie verte déferla sur un Shura placide, qui se contenta d'élever faiblement son cosmos pour parer l'essentiel du vent chaud et brutal qui déferlait sur lui...Mais l'attaque du fils de Poséidon ne s'arrêta pas là… Des silhouettes de fauves, de couleur verts foncés, attaquaient le chevalier d'Or.

ARION (continuant de lancer sa vague déferlante) - Tomislav, c'est pour toi… LYNX SEA TORMENT !!!

La mer qui engloutissait littéralement le beau chevalier du Capricorne n'était plus qu'énergétique. Elle était aussi tranchante comme des griffes de fauves assoiffés de sang. En effet, le fils de Poséidon projetait des milliers de lynx, ou plutôt silhouettes de lynx, en direction de son adversaire. Ceux ci se présentaient comme des ombres vertes foncées, toutes griffes devant, qui fondaient sur Shura, entraînés par cette mer qui ne cessait de frapper…Le grand Aldébaran et les trois chevaliers d'argent (dont deux en état de coma avancé…) avait ressenti avec stupeur la décharge cosmo-énergétique de l'adolescent.

A l'intérieur de ce flot, Shura gardait sa posture divine et droite. Sa cape emportée par le violent souffle tranchant ne résistait pas et était irrémédiablement attiré vers l'arrière et tranchée de toutes parts. Mais lui, le beau chevalier d'Or, plus fidèle défenseur d'Athéna, titulaire de la terrible Excalibur, ne bougeait pas.

Quelques secondes plus tard, les flots calorifiques se calmèrent pour laisser place à un paysage ravagé et lacéré… Comme si un ouragan contenant des milliers de piques acérés avait dévasté ce canyon Inca. Un tableau apocalyptique dans cet espace pourtant si avenant et paradisiaque quelques secondes auparavant, témoignage de la puissance quasi-divine de ce petit bonhomme en armure verte émeraude…

Pourtant, au milieu d'un immense nuage de poussière, au milieu de rien, se tenait droit et fort le puissant Shura du Capricorne, qui s'époussetait nonchalamment du revers de la main une de ces épaules devenues salies par ce vent de terre…

Shura était là, devant lui, le foudroyant de son regard fier et assassin. Et Arion était épuisé.

SHURA (les yeux ombrés par son casque) - Cet assaut sera l'ultime offensive, petit…
ARION (empoignant à deux mains son épée, la rage au ventre) - Je suis prêt ! Je vais venger ma mère en lui offrant ta tête.

Deux chevaliers face à face. Deux cosmos s'embrasant en de brusques étincelles. Un chevalier doré illuminant son espace de lumière d'or, un autre venant des mers embrasant le ciel d'un éclat vert méditerranée… Un fier et digne, beau dans ses habits doré de lumière, l'autre jeune et fougueux, léger et énergétique dans son costume émeraude… Mais deux chevaliers en face de leur destin…

D'un coté le redoutable Capricorne, animal mythologique détenteur de la divine Excalibur. En face, le fils du Dieu des mers, l'enfant de Déméter et Poséidon, le gardien de la Méditerranée. Et deux cosmos en explosion.

ARION (s'élançant vers son adversaire, une larme coulant sur sa joue) - C'est pour toi maman… Adieu Shura, MEDITERANEAN LYNX TORMENT !!!!
SHURA (abaissant fièrement son bras, le casque cachant ses yeux) - Meurs petit… EXCALIBUR…

Un jet de lumière dorée en face d'une vague d'écume d'où jaillissent des fauves. Un choc de deux cosmos embrasant l'atmosphère… Puis une épée qui se sépare de son porteur pour voler dans le bleu ciel des Andes…

Le combat est terminé. Arion est à terre, saignant à de multiples endroits. Shura est dessus lui. Il le domine. Ses yeux sont toujours cachés sous son masque, son visage est grave. La fierté a laissé place au sérieux d'un homme qui lève son bras pour donner la mort. Arion va mourir…

Aldébaran vient se positionner à coté de son compère. Il a son casque dessous son bras. Lui aussi vient de vaincre ses trois adversaires. Les combats furent rapides. Mais soudain…

ALDEBARAN - Qu'est ce que c'est que ce cosmos ?
SHURA - Je sais pas…

ARION (gémissant sous la douleur) - Les… généraux de… Poséidon ! Sorrento et…ahhh… Bian
ALDEBARAN - Et merde…

SHURA (abaissant tranquillement son bras au niveau de sa hanche) - C'est ennuyeux cela. Ecoute Aldébaran, ne faisons pas de zèle… Notre but était de corriger les dissidents de Xuacan, c'est chose faite. N'ouvrons pas un autre front avec les Généraux de Poséidon tant que nous n'avons pas d'ordre d'Athéna ou du Grand Pope…
ALDEBARAN - On part alors ?
SHURA - On part. Adieu petit, je pense, j'espère même, que nous nous retrouverons…
ARION - Shura…. Attends, kof, kof…

Mais Shura n'attendait pas. Il se tourna, et d'un revers de main, salua nonchalamment le fils de Poséidon. Et sous les yeux épuisés d'un Arion à terre, les deux chevaliers disparurent avec la même grâce et soudaineté qu'ils étaient arrivés, dans un flot de lumière d'or…


***

L'entrée de la maison du Capricorne… Enfin… Il allait pouvoir se venger et effacer de sa mémoire ce souvenir douloureux, et ôter de sa bouche le goût amer de la défaite. Il pourrait se laver son âme de se déshonneur, de cette salissure de sang. Enfin.

Alors que son premier pied foulait le perron de cette 10eme maison, Arion ne pu s'empêcher de réitérer cette demande incessante, éternelle…

- Laissez moi le Chevalier du Capricorne…
- Je te le laisserai Arion, je te laisserai, répondit avec douceur son ami Darko. Je te le laisserai, mais je te demande en échange…
- La maison des Verseaux sera pour toi, interrompit abruptement Arion.

L'enfant de Démeter et Poséidon n'est pas le seul à avoir des souvenirs, et des comptes à régler avec la garde dorée d'Athéna. Fussent ils des comptes amicaux, le chevalier d'argent de la Petite Ourse lorgnait avec envie sur cette avant dernière maison du Zodiaque… UN éternel retour vers le passé, vers son histoire…

*
**

- A toi de jouer, mon ami…

Shiryu entendait les encouragements de son ami Hyoga, qui veillait sur la maison de son Maître du Verseau. Il se tenait le dos contre la grande statue de la Vierge Athéna, imposante dans la pièce centrale de cette demeure. Cette statue était la fierté de Shura, celui qui se croyait le chevalier le plus loyal envers sa déesse.

Quelle erreur… Erreur cruelle, erreur mortelle, de celui qui m'a laissé Excalibur dans le bras droit, pensait le chevalier du dragon en observant son armure de bronze. Celle-ci semblait respirer à l'approche de cette nouvelle bataille. Elle respirait le sang divin des chevaliers d'or qui s'étaient sacrifiés - le mot n'est pas trop fort - pour la ressusciter. Elle brille, elle vit, elle est comme transcendée par ce nouveau combat. Quelle merveille qu'une armure d'Athéna… Car à présent, ils sont là, tous proches, ils arrivent.

En effet, les 5 survivants approchaient de la statue centrale. Ils étaient menés par cet enfant qui avait empoigné fermement Perséphone, cette épée ainsi nommée et ramassée sur la dépouille du chevalier d'argent du Lynx il y a de nombreuses années déjà. Ses yeux d'adolescents transpiraient d'une motivation profonde, et d'une concentration qui laissait transparaître des flots de laves bouillantes, profondément contenus dans chacun des pores de sa peau. Ce lac si calme n'attendait qu'une chose, que le chevalier du Capricorne vienne s'y baigner avant de devenir remous et tempêtes.

Son sang tourbillonnait dans ses jeunes veines. Mais à l'extérieur de volcan en fureur, on ne pouvait voir qu'une colline silencieuse, secrète. Une concentration à son paroxysme, un souffle qui se veut décidé et organisé. Et à chaque pas qui le rapprochait de son combat, son cosmos prenait plus d'ampleur. Mais pas une puissance dévastatrice et déchaîné, non. C'était le cosmos divin, apaisé, mais tellement puissant. Et au moment où il était devant la statue d'Athéna, c'est toute la maison du Capricorne qui était enveloppé dans ce cosmos vert émeraude.

- Quelle force…

Shun d'Andromède était aussi blême que Hyoga ou Seiya devant cette démonstration de puissance tranquille. Une force tranquille, mais tellement impressionnante et démesurée. Ikki reprit d'urgence sa montée des marches, et les deux chevaliers d'or Milo et Aiolia tentait de se redresser. En vain.

Aldébaran et Mu restaient eux aussi sans voix. Il tentait de reprendre un second souffle, et leur esprit aussi, mais là, c'était incroyable…

- Il n'a même pas déployé autant de force contre moi, trembla Mu…
- Et celle-ci est redoutable car calme, réfléchie, décidée, renchérit Shaka, assis en position du lotus. Ce garçon a fait de la maison du Capricorne son affaire, c'est difficilement explicable mais…
- J'ai compris…

Une voix rauque et frémissante coupa la conversation… Le puissant chevalier du Taureau se souvenait très bien. Et avoir dans son champ de vision le chevalier du Toucan qui se relevait à grandes peines ravivait avec autant de force ce souvenir Péruvien. Il avait en tête cette image du Capricorne prêt à abaisser sciemment son épée sur le cou du petit Arion. Avant d'être interrompu par des Généraux de Poséidon...

- Sauf, soupira Aldébaran en grande transpiration… Sauf que dans cette maison du Capricorne…
- … Il n'y a plus le chevalier d'or Shura conclut, livide, le Vieux Maitre des 5 pics qui lui aussi avait ressenti l'incroyable… Shiryu, non…

Le Vieux chevalier d'or de la Balance tremblait pour son disciple, alors que quelques mètres dessous la fameuse cascade, la si petite Shunrei pleurait à grosses larmes. Elle n'était pas bête, lorsqu'elle voyait le Vieux Maître dans un tel état d'effroi, de recueillement, c'était que son bien aimé avait de sérieuses difficultés. Mais là…

- Ce n'est pas Shura qui est dans la maison, demanda d'un souffle étouffé le chevalier d'argent du Toucan à son adversaire du Taureau ?
- Non, répondit avec douleur Aldébaran. Shura est mort… Est mort pendant la guerre sainte qui a renversé l'ancien Grand Pope, celui qui a trahis Athéna, celui (dit il en regardant Igor du Toucan dans le yeux) qui a ordonné l'assassinat de ton Vieux Maitre, tu comprends maintenant ?
- Nous nous sommes trompés, conclus d'une voix tout aussi douloureuse Hristo du Triangle Austral, se relevant avec les mêmes pénibles difficultés… La chaleur d'Athéna, celles qui vient de nous sauver, celle qui nous avait sauvé en Asgard, nous l'a montré à l'instant… Nous avons été aveuglé par Dragons des Mers, et par notre colère et notre tristesse…

Mu écoutait en silence son adversaire se repentir, en genoux, la tête face au sol, les yeux brouillés de larmes chaudes et sincères…

- Mais le gardien de la maison de ce Shura, par contre…

Un silence pleins de craintes et de mises en garde ponctuait la suite du discours de Hristo.

- Cet homme devra être très prudent et très fort. Car la haine d'Arion, son ressentiment vis-à-vis de Shura, est inimaginable… Il a vécu pendant toutes ses longues années avec cette envie de revanche, et il voulait battre Shura. Lui montrer qui il était devenu… Presque que ce chevalier d'or si brillant mais méprisable au Pérou soit fier de lui. C'était, avec se venger d'Athéna et venger par la même les mémoires de Déméter et Tomislav, son but. Et vous dites que ce Shura n'est plus, qu'il est déjà mort…

Mais le fils des mers n'en sait rien au moment où il se présente devant la statue d'Athéna… Son regard est brûlant comme un fer passé sous une flamme. Son poing est serré et décidé. D'un geste mûr, il repose la pointe de Perséphone à terre. Toute la maison du Capricorne est d'un vert lagon. Puis, d'une voix posée et tranchante…

- Shura… Je suis venu, je te l'avais promis. A présent (quelques étincelles bleus apparaissaient autour de sa silhouette), montre toi. Et viens te battre contre le fils de Poséidon… Regarde ce que je suis devenu !

Un bruit assourdissant. La maison du Capricorne semblait trembler, les murs vibrés. Le fils de Poséidon venait de faire exploser, telle une bouteille de gaz, son cosmos. Et à présent, le ver lagon était devenu un vert foncé, torturé, parcouru de nombreuses étincelles et flammes rouges et bleus. Autour de lui, les dalles du sol voulaient se soulever…

Tout le sanctuaire retenait son souffle. Plus un bruit, rien…

C'est alors que, de derrière cette immense et majestueuse statue d'Athéna, apparu un homme sombre, aux longs cheveux noirs, avec cette armure d'un vert foncé. Il regarda Arion droit dans le yeux, sans baisser la tête, avec la fierté de l'homme qui va se battre pour ses valeurs, jusqu'au bout. Son cosmos vert sombre commençait à apparaître, autour de sa fine mais robuste silhouette. Un faible halo de lumière, si faible par rapport aux danses flamboyantes du cosmos divin en face de lui.

- Mais…

Le fils de Poséidon ne disait mot. Son cosmos continuait à tournoyer, mais il sursauta subrepticement. Il voyait en face de lui un jeune garçon, presqu'encore un enfant, tendre le bras droit au ciel, la main ouverte, prête à trancher. Alors qu'il s'attendait tellement à voir apparaître devant lui un homme doré et divin, grand, droit, réincarnation en or d'Hercule et Achille.

- Tu n'es pas Shura ?
- Non… Shura est mort. Je l'ai vaincu lors de la guerre du sanctuaire et…
- C'est pas vrai, coupe Arion en commençant à trembler… C'est pas vrai…

Ses yeux semblaient s'interroger. Il cherchait quelqu'un dans la pièce instinctivement, en murmurant le nom de " Shura " entre ses lèvres… Darko observait la scène sans trop comprendre… Il était comme choqué, et ne parvenait pas à imaginer ce demi-Dieu, qu'il avait lui même connu lors de ses débuts au sanctuaire, actuellement disparut et vaincu par ce jeune garçon, qui ne semble en plus être qu'un chevalier de bronze. Cela lui semble trop gros.

Bien sur, comment ne pas oublier les paroles du vieux chevalier de la Balance, narrant la guerre civile qui avait ravagé ce sanctuaire ? Comment passer sous silence les soit disant méfait de Saga, le sang versé, l'avènement de la " réelle " Athéna ? Cela n'est pas possible que Shura soit mort, non… Il doit être en retrait, prêt à bondir comme le chevalier du scorpion, il faut rester sur ses gardes…

Arion faisait le même raisonnement que son compagnon, et sa voix, calme, ne pouvait cacher de léger trémolos d'excitation…

- Shura ! Apparaît ! Je suis venu ici pour toi…
- Je te dis que Shura n'est plus, enfant de Poséidon, répondit celui dont les longs cheveux commençaient à flotter dans des vagues vertes… Shura est mort lors de notre combat…
- Tu mens, coupa Darko ! Shura ne peut avoir été vaincu par un simple chevalier de bronze !
- Je croyais que mon Vieux Maître vous avait tout expliqué, dans sa demeure de la balance, répliqua avec cette émotion trahissant ce souvenir douloureux de la perte de si brillant guerrier… Mais Shura est mort, en effet. Ce n'est pas moi qui l'ait tué, mais son aveuglement… Shura a été trompé, lui qui se croyait si fidèle en Athéna…

A ce moment là, son cosmos explosa. Son bras toujours tendu vers le ciel commençait à bruire de fine étincelle dorée…

- Et à présent, fils de Poséidon, ce sera moi ton adversaire. Moi, le chevalier de bronze du Dragon, à qui Shura a donné Excalibur, pour protéger Athéna !

Le visage d'Arion se baissa machinalement, comme si les vertèbres cervicales venaient de lâcher… Son attitude mole et désinvolte, désemparée et désespérée, contrastait avec ses rayons de lumière verte qui jaillissaient de part et d'autre des deux combattants. Ses yeux regardaient le sol. Il commençait à l'instant à comprendre. Il voulait crier encore et toujours le nom de Shura, mais à quoi bon. Le seul qu'il pouvait prononcer, murmurer, non, gémir, c'était…

- Pourquoi… ?

Shiryu, en face de lui, ne réagissait pas à cette sorte de désespoir soudain qui venait d'envahir l'enfant de Poséidon. Non, d'un geste vif, rapide, décidé, il abaissa son bras en hurlant…

- EXCALIBUR !!!!

La statue d'Athéna, postée à l'arrière du chevalier du dragon, assistait en spectateur en une lame de lumière qui déferlait sur Arion. Le sol de la maison se fendait sous le trajet de cette vague verticale et tranchante, qui fondait sur le fils de Poséidon. Ce dernier restait stoïque. Son cosmos continuait à danser, mais lui ne pouvait redresser sa tête. Elle était lourde de tristesse.

- Arion, pousse toi !!!

Trevor, qui avait du mal à rester debout suite à l'assaut de Milo, exhortait son chef et ami à éviter la lame de lumière, mais trop tard. Le tranchant d'Excalibur vint percuter avec force et fracas l'enfant, et dans un grand choc la lumière envahit toute la pièce, aveuglant l'assistance. Et puis se dissipa quasiment aussitôt, dans un silence assourdissant seulement troublé par la fissure au sol qui tentait de se reprendre son équilibre.

Shiryu venait de baisser son bras droit, et une boule lui monta dans la gorge. Il restait fier, mais il avait du mal à ne pas perdre un peu de confiance lorsqu'il retrouva Arion tel qu'il l'avait laissé avant son attaque. Ce dernier semblait ne rien avoir vu, ne rien avoir senti. Rien ne s'était passé, rien… Il gardait la tête baissée, gémissant des " pourquoi " espacés par de sanglotants soupirs monotones.

- Pourquoi es tu mort, Shura ? Pourquoi… (serrant le poing gauche) Tu n'avais pas le droit de me refuser ce combat, tu n'avais pas le droit !!!

Des larmes (ou peut être de la sueur ?) apparaissaient sur son visage… Il se trouvait comme l'enfant qui venait de perdre son père, avant de pouvoir lui dire qu'il l'aimait, ou de s'entendre dire combien ce dernier était fier de lui. Orphelin, voilà le terme qui siérait peut être le mieux à l'enfant de Poséidon. Orphelin de cette icône qui lui hantait ses nuits, ses combats. Orphelin de ce demi-dieux qui lui avait montré ce qu'était la grandeur, la puissance. Orphelin de ce chevalier qui n'était plus tant un adversaire qu'un modèle, un objectif.

- Pourquoi m'as tu privé de ça, misérable, répliqua Arion en relevant soudainement la tête ? pourquoi me l'as tu enlevé, ce droit de me venger, de montrer à ce chevalier ce que je suis devenu, pourquoi ?

La fissure causée par l'attaque de Shiryu devient faille sous l'action du cosmos d'Arion qui se réveilla avec éclat.

- Tu as tué Shura… Tu n'avais pas le droit, c'était moi qui devait le tuer ! Pas toi, personne d'autre, que moi…
- Ce n'est pas moi qui ait tué Shura, c'est…
- Tais toi, coupa Arion en pointant son épée en direction de Shiryu ! Je ne sais pas qui tu es et je m'en fous, mais maintenant, plus rien de me retient ici !
- Si, fils de Poséidon, répliqua Shiryu en intensifiant son cosmos à nouveau, et en relevant le bras pour frapper ! Il y a moi, et tu ne passeras pas. EXCALIBUR !!!!

Comme précédemment, un puissant jet de lumière jaillit du bras de Shiryu pour frapper Arion. Ce dernier ne bougea pas et l'éruption dorée lui passa comme au travers. Shiryu recommença une fois, deux fois, trois fois. Et même scénario, Excalibur faisait sur Arion l'effet d'un souffle d'enfant face à une lourde statue de marbre.

Arion, quant à lui, recommençait à se calmer. Oh non, la rancœur et la tristesse de s'être vu enlever sa revanche reste vive. Il est amer, mais il a un objectif tout autre, et autrement plus important, il le sait. Sa déception est indescriptible. Mais elle est double, en face de ce qu'il considère être comme de piètres attaques, portées par un non moins médiocre chevalier. Excalibur, ce mot qui résonnait à ses oreilles comme le summum, quelle tristesse de la voir être devenue si lente, si triste, si faible dans les bras de ce chevalier du dragon…

- C'est pathétique…

Un soupir qui se transforme soudain en tornade. Shiryu cessa net son attaque pour essayer de se protéger du vent qui s'est soudainement levé à l'intérieur de la maison du Capricorne. Arion, désespéré et sans vie, devenait comme l'épicentre d'une tornade. Il fixa le chevalier du dragon dans les yeux, et lui asséna comme un coup d'épée :

- Tu t'es moqué de moi… Tu as usurpé ta place, et jamais tu n'aurais du te trouver ici… Je m'attendais à retrouver Shura, je découvre un enfant. Je vais te faire payer ton erreur…

Aux cinq pics, une fille pleurait. Et dans tout le sanctuaire, les regards étaient braqués sur cette 10eme maison. Athéna priait pieusement mais avec conviction…

- Shiryu, tu dois tenir…
- Meurs, misérable !!!!

La tornade augmentait encore et encore, des dalles commençaient à se détacher du sol, et Shiryu reculait. Puis des sortes de lynx semblèrent apparaître de nulle part, et portés par la tempête, sautèrent sur Shiryu, pour le dépecer.

- MEDITERANEAN LYNX TORMENT !!!

Shiryu n'en pouvait plus, il mettait son bouclier en opposition, pour essayer de résister tant bien que mal, mais cela devenait impossible… Quelques secondes qui parurent une éternité, pour finalement se terminer par l'inévitable. Le souffle était trop fort, et Shiryu se vit projeter en arrière… Les lynx le laminaient, son casque s'envolait, et seule Athéna, du moins sa statue, pu amoindrir sa chute. En effet, le chevalier du dragon, au moment où Arion cessa son attaque, se vit plaquer contre l'œuvre de marbre au centre la maison du Capricorne. Il retomba lourdement au sol, les bras et les jambes entaillés et saignant en de nombreux endroits. Il gémissait, mais tentait de se relever.

Pendant ce temps, Arion s'avançait vers Shiryu, qui visage au sol, essayait de se redresser. La marche du fils de Poséidon était lente et presque méprisante. Son épée balançait le long de son corps. Lorsqu'il se trouve à la hauteur de son adversaire, il leva son arme et, se préparant à la planter dans le dos de l'infortuné chevalier de bronze…

- Chevalier d'Athéna… Rarement je n'aurais eu de combat aussi facile… Je suis triste que Shura ait péri de ta main, très triste. Darko, allez y… Je crois que nous nous attarderons moins longtemps que prévu dans cette maison…

Ces derniers mots furent dit avec une sale amertume dans la bouche, mais tant pis… Shura était mort, rien à rajouter… Rien à rajouter… C'est ainsi que Darko, Trévor, Marino aussi, passèrent devant les deux combattants en marchant, sans rien dire… Duncan suivait avec un peu de retard. Sans doute un peu l'effet rémanent de la piqûre du scorpion.

- Adieu chevalier…

Arion abaissa son épée, pour la planter entre le omoplates du chevalier du dragon, qui tentait de se retourner. En vain, trop lentement, trop difficile. Mais c'est alors… Un choc doré !

- Mais qu'est ce que c'est ?

Shiryu parvient à se retourner pour se mettre sur le dos, et c'est là qu'il vit apparaître…

- Le bouclier de la balance…

Ce dernier, apparut de nulle part, était venu se mettre sur Shiryu, pour le protéger. Et de toute sa lumière, il sembla comme exploser, ce qui eu pour effet d'éloigner de quelques mètres le fils de Poséidon.

Shiryu se releva et de la main gauche il l'empoigna…

- Merci mon Vieux Maître…
- Ce n'est pas tout Shiryu, résonna une vieille voix provenant de nulle part…
- Mon Maître ?
- Dohko… soupira en s'interrogeant Darko, alors qu'Arion restait sans voix.
- Cette épée donnera plus de puissance encore à Excalibur…

De la même manière que pour le bouclier, un halo doré fit apparaître comme par enchantement une épée en or… Semblable à celle ramassée par Arion sur la dépouille de Tomislav, mais… Mais avec de patentes différences. Une des deux épées de l'armure de la Balance venait de se poser dans la paume de la main droite du chevalier du Dragon.

- Sers toi en pour déployer avec plus de forces encore Excalibur, fit une voix différente dans la tête du chevalier du Dragon, qui ne pu retenir une larme de ses yeux aveugles. Protège Athéna, Shiryu !
- Shura… Je vaincrais pour toi… (reprenant une voix plus forte). En garde Arion ! Les chevaliers d'or rescapés nous ont fait don de leur sang pour réparer nos armures brisées, et d'autres ont donné leurs vies pour nous permettre de protéger Athéna… Alors tu ne passeras pas, fils de Poséidon.

Arion sourit… Il voyait le cosmos de son adversaire se transcender à nouveau. Des reflets dorés apparaissaient au milieu de ces flammes vertes qui émanaient de ce chevalier de bronze. Bien sur, le fils de Poséidon ne se faisait plus aucune illusion sur l'issue de combat. Il savait qu'il n'aurait jamais sa revanche, et que ce jeune blanc bec n'était rien… Rien… D'un regard, il indiqua à Darko, Trevor et Marino, qui avaient dépassé la statue d'Athéna, qu'ils pouvaient l'attendre dehors. Duncan du Loch Ness, quant à lui, restait derrière Arion…

- Adieu, fils de Poséidon ! (un cosmos qui explose) EXCALIBUR !!!!

L'épée de la Balance brilla d'un éclat nouveau. Et du tranchant de cette arme jaillit Excalibur, une lame dorée, éblouissante, qui jaillit tel le tonnerre. Rien à voir avec la précédente, tant celle ci est plus belle, plus majestueuse… Plus effrayante, diraient les compagnons du fils de Poséidon…

Arion fut surpris et écarquilla les yeux de stupéfaction. Il n'eut à peine le temps de mettre en opposition son épée Perséphone devant son corps pour se protéger, mais l'attaque était d'une rare violence. Une violence telle que le fils du Dieu des Mers, si sur de lui voilà encore quelques secondes, eu tout le mal du monde pour éviter de reculer sous la puissance de la nouvelle Excalibur. D'un cri, il intensifia son cosmos pour stopper l'assaut de Shiryu, éteignant par là même Excalibur…

Mais le constat était là. Il avait reculé d'une dizaine de mètre, et la sueur nouvelle qui émanait de son visage de provenait pas de la colère qui l'avait envahi il y a quelques instants, non. Mais de cet effort soudain et imprévu qu'il dû réaliser pour éviter plus de dégâts.

Duncan observait, stoïque, le combat nouveau qui débutait. Quant à Darko, Trevor et Marino, qui avaient repris leurs marches, ils stoppèrent net. Juste le temps de se retourner et de voir la lumière blanche rejaillir de l'épée dorée de Shiryu.

- EXCALIBUR !!!

Le chevalier de Dragon avait repris de la superbe. Ses longs cheveux noirs s'étaient redressés sous la violence de son cosmos… Et Excalibur jaillissait de toute part… une, deux, trois, dix, cinquante, cents… Des milliers d'étoiles filantes acérées fusaient dans la maison du Capricorne. L'épée de la Balance Venait de changer la donne, et Excalibur n'en était que plus belle…

Contrer avec Perséphone, esquiver, voilà quelles étaient les options d'Arion. Car, malgré son apparente quiétude, il savait qu'il n'avait pas droit à l'erreur… Il avait eu, l'espace d'un instant, un complexe de supériorité, probablement dû à la déception de ne pas avoir en face de lui le chevalier d'or qui lui hantait son esprit. Il croyait le combat fini, et bien non. Cela n'est pas pour lui déplaire, mais la victoire sera plus difficile, c'est certains…

Shiryu ne cessait pas son effort. Et il frappait avec l'épée de la balance, avec Excalibur… Il frappait encore et toujours, en avançant vers Arion. Ce dernier essayait de ralentir son recul, mais tout Dieu qu'il était, cela n'était pas évident, le dragon semblant devenir d'or. Le cosmos de ce chevalier de bronze brillait, en effet, de cette teinte dorée qui témoigne de la sublimation de l'effort. Et derrière ce dragon flamboyant qui semblait toucher le ciel, on pouvait apercevoir, en ombre chinoise d'or, le Capricorne, gardien de cette divine demeure…

Il y allait encore et toujours, se rapprochant, pas à pas, de son Dieu d'adversaire. Ses cheveux de jais ondulaient dans ce tourbillon doré de rayons de lumière tranchante, qui suivaient tous le même le chemin, la même direction. Darko voulait intervenir, mais son élan fut stopper par un sursaut de lucidité : que faire dans une pareille situation ? Il ne voyait plus rien à présent, tout n'était que lumière, et les spectateurs hors de la maison du Capricorne ne pouvait apercevoir, à l'endroit de cette 10eme maison, qu'un joyau de lumière éblouissante.

- L'épée de la Balance sublime Excalibur, c'est incroyable…

Même le sage Shaka, qui attendait en tailleur on ne sait quelle nouvelle menace, semblait impressionné. Ikki lui aussi venait de stopper sa course en direction de la maison du Sagittaire. La puissance ponctuelle de son ami lui faisait probablement le même effet qu'à ses compagnons Hyoga, Shun et Seiya… Il était émerveillé, et revigoré par cette démonstration. Seule la défense d'Athéna et du Sanctuaire compte, et chacun doit exploser au delà de ses moyens pour y parvenir, c'est nécessaire…

Nous ne sommes que de simples chevaliers de bronze. Que faire face à un Dieu, quand des chevaliers d'or aussi puissants que Mu, Milo, Aldebaran, Aiolia ou Shaka ont du baisser pavillon ? Cette question, Shiryu se l'est posée. Il se l'est d'autant plus posée lorsque Excalibur et lui même ont été balayés par Arion. Mais comme ses amis, il sait que le sang des chevaliers d'or coulent dans son armure, et il sait que dans son bras subsiste l'âme de Shura. C'est pour ça qu'il frappe encore et encore, quitte à aller au delà de ses capacités, quitte à risquer le sur-régime. Mais il doit le faire, et c'est pour ça qu'il avance encore et encore, protégé par le bouclier de la Balance, porté par cette épée divine qui est en ce moment sienne.

Ses yeux aveugles se plissent encore et encore, sous les coups qu'il porte. La maison du Capricorne est à deux doigts de s'effondrer, mais il continue, avec la statue d'Athéna comme témoin. Il continue encore et encore, et il avance, il n'est maintenant plus qu'à deux mètres d'Arion, qui ne peut plus que contrer à présent, avec son épée dorée pour seul et unique rempart.

Saori aussi retient son souffle, en continuant ses prières, en continuant à lui parler, à l'encourager, lui ce chevalier qui a donné sa vue pour la sortir de ce pilier maudit. Et Seiya, entre la dernière maison et le Grand Palais, ne peut que le soutenir moralement, le poing serré. Il voudrait frapper lui aussi, il voudrait accompagner chaque coup de lame de ses poing. Chaque coup qu'il assène, qui le rapproche encore plus du fils de Poséidon. Plus qu'un mètre…

Il doit en finir. SI il réussit son coup, le combat est terminé. La bataille est achevée, finie. L'histoire d'Arion s'arête en même temps que la menace. Et tout est fini. Ce dernier coup.

Shiryu est maintenant à quelques centimètres d'Arion. Il lève le bras droit pour la dernière attaque. Il ne voit pas son adversaire, stigmates du combat contre Krishna de Krysaor. Mais si sa vue était intacte, il verrait ces yeux bruns de ce Dieu préadolescent, il verrait son air juvénile et innocent qui cache cette volonté farouche de vaincre Athéna, cette fureur intérieure qui brûle à l'intérieur de ce jeune corps.

- Adieu ARION !!!!

Un dragon qui s'élevé jusqu'au ciel, une épée qui s'abaisse violement, un rayon de lumière gigantesque, un grand bang. Deux épées qui s'entrechoquent, dans un ouragan de puissance…

Arion, dans un geste instinctif, met son épée devant son visage, pour contrer l'épée de la Balance. Cette dernière semble habitée tellement elle est brillante et puissante. Le choc contre l'épée d'Arion lui provoque même un dégagement d'énergie, qui tranche les colonnes à cotés et derrière le fils de Poséidon.

Shiryu essaie un autre coup… D'un geste vif, il exécute un crochet avec son bras gauche. Son but est de pouvoir frapper Arion avec le flan de son bouclier d'or, pour reprendre le dessus. Mais là encore, l'enfant du Dieu des Mers parvint à réaliser une esquive de haute volée. Et contre attaqua. Un coup d'épée que Shiryu para avec ce même bouclier. Des lumières rythmèrent ces phases d'attaque - contre attaque. D'épées qui s'entrechoquent, de bouclier qui souffre… Shiryu retenta de frapper avec le bouclier, pour repousser Arion le plus loin possible, avant d'entamer une offensive plus puissante. Il lui jeta complètement le bouclier à la face. Mais l'enfant est décidément d'une rare vivacité et évita l'objet de protection d'une esquive latérale dantesque. Il retenta une nouvelle attaque à l'épée, en même temps que le dragon de bronze… Si bien que les deux épées, une nouvelle fois, se ré entrechoquèrent… Et Shiryu d'hurler, d'exploser une nouvelle fois cosmos, pour tenter d'emporter la décision.

Shiryu force, essaie de faire plier l'enfant, mais ce dernier résiste. Il vient d'empoigner le manche de son arme avec les deux mains, et d'un cri se dégage de l'emprise du chevalier du dragon. Ce dernier est en déséquilibre, et c'est le jeune Dieu qui est position de force à présent, pour la première depuis une éphémère éternité. Il attaque en se jetant sur Shiryu, qui à son tour contre avec l'épée dorée de la Balance. Pour, là encore contre-attaquer.

- EXCALIBUR !!!

Shiryu frappe dans le vide, et de l'épée, encore une fois, une lame de lumière jaillit. Elle va encore plus vite, plus brillante, plus tranchante, et c'est une crevasse qui accompagne son trajet vers Arion qui, d'un geste vif, évite cette attaque en disparaissant, pour apparaître, cheveux aux vents, quelques mètres à droite. Juste le temps pour lui de voir revenir une nouvelle lame, aussi vive et tranchante, aussi dévastatrice pour le sol de la maison du Capricorne, revenir encore. Même scénario, disparition, apparition… Des mouvements d'une vivacité que l'œil simplement humain de Duncan, du Loch Ness, à quelques mètres du champ de combat, ne peut plus suivre.

Cette scène se répète une fois, deux fois, trois fois. En plus d'éviter par de vifs déplacements latéraux les lames de feu, Arion doit également esquiver une colonne qui tombe en sa direction, fatiguée par tant de coups de lame.

Puis s'approchant de plus en plus de Shiryu, Arion, enfin, pu se mettre en position de frapper… L'œil brillant, ses cheveux fins et courts se dressèrent pour laisser son corps échapper un vert flot de cosmos… Cosmos divin qui stupéfia Shiryu, dont le corps se figea. Et…

- Le combat est fini, chevalier… MEDITERANEAN SEA TORMENT !!!!!

Shiryu n'eut le temps de réagit qu'une houle océanique pris naissance sous ses pieds, et en un bref instant il fut projeté dans un flot cosmique tourbillonnant et surpuissant. La plus puissante attaque d'Arion, sans doutes… Celle où son corps explose, celle qui fait devenir de la calme Méditerranée un monstre dévoreur d'âmes. Tout le corps d'Arion semblait exploser, et le chevalier du Dragon ne pouvait résister à la charge. Sa main droite ne pu que lâcher l'épée de la Balance, son casque volait sous l'effet de cette tornade cosmique.

Le " Mediteranean Sea Torment ", une attaque développée dans le sanctuaire sous-marin, celle où l'essence divine explose réellement. Arion était comme un lac de montagne, calme et reposé. Mais tout autour de lui, c'était un maelström de cosmos. La maison du Capricorne commençait à s'effondrer, et le vent s'engouffrait par toutes les cavités à l'extérieur de celle ci. Le toit explosait littéralement, et les murs faisaient plus que trembler, ils s'effondraient. Et la statue d'Athéna, brillante, fière, ne faisait pas exception à la règle. Des bourrasques de lames tranchantes comme l'épée divine du Capricorne semblaient jouer avec des tempêtes contondantes pour la martyriser. Ainsi, son bras droit et son torse, fatigués par tant de tourments finirent pas céder et se détacher du reste d'un corps dont le destin proche était de finir en poussière…

Tout le sanctuaire retenait son souffle. Et aussi soudainement qu'elle s'était déclarée, la tempête divine s'essouffla, et disparu dans une brise de poussière, qui témoignait de la brève violence des ébats.

Shiryu s'écroula vivement au sol, son casque retombant quant à lui un peu plus loin. Tout son corps était dans un état comparable à la maison du Capricorne, c'est à dire totalement délabré et épuisé. Arion venait de retrouver une quiétude divine. Quelques traces de sueur sur son visage poupin témoignait quand même que le combat ne fut pas si évident que cela. Il regarda, debout, de haut, le corps de Shiryu qui voulait continuer à vivre. Il était impressionné de voir que l'armure n'avait rien, elle était toujours brillante et pleine de vie. Quelle force, ces armures d'Athéna tout de même…

- Le combat est terminé, chevalier de bronze… Mais tu t'es bien battu.

Le regard d'Arion laissait apparaître une sorte de respect, qui contrastait avec le mépris déçu initial. Ainsi, cet homme, ce modèle, a légué son savoir, sa force, et son amour pour Athéna à cet enfant aux longs cheveux noirs… C'était un fier guerrier…

Il s'avança et passa devant Shiryu, le laissant à terre. Ce dernier, râlant, essayer difficilement de se relever. Il se mit d'abord à genoux, tête baissée, en appuis sur ses avant-bras, mais qu'il est difficile de se mettre debout quand on est épuisé. Arion, quand à lui, venait de rejoindre Darko, Trevor et Marino, pour sortir et aller à la 11eme maison, l'avant dernière…

- Duncan, je te laisse finir le combat…

L'ordre d'Arion était sans équivoque. Même Shiryu savait qu'il n'aurait plus la force de contredire, et de contrarier la progression d'Arion. A présent, c'était à Hyoga qu'il revenait de stopper cet enfant dont la force dépasse l'entendement…

Le lieutenant du Loch Ness ne répondit pas, mais cet écossais de deux mètres décroisa les bras et se mit à la hauteur de Shiryu. Il attendrait que ce dernier se lève avant de finir le combat… Ce sera à lui de se battre, de faire honneur à ce chevalier de bronze qui s'est bien battu contre un Dieu. Arion ne pouvait l'achever ainsi, cet homme… Ce sera donc le lieutenant du Loch Ness qui terminera le combat.

Le combat continue…

*
**

J'ai perdu mon duel face à Arion… Mais honnêtement, que pouvais je faire d'autre face à un Dieu ? Shura, excuse moi mon ami, mais je n'ai pu garder ta demeure inviolée. L'ennemi était trop fort.

Non, je ne suis pas parti battu d'avance. Ce n'est pas mon genre, et cela ne le sera jamais. Néanmoins, il faut être parfois réaliste. Mon objectif était de protéger cette maison, mais le plus important est de sauvegarder Athéna…

En ce moment, je n'ai plus qu'une seule option. Faire confiance à mes amis, à mes frères, qui se battront aussi jusqu'au bout… Hyoga sera le prochain, il aura 4 adversaires à essayer de stopper. Puis il y a aura Shun, et enfin Seiya, dont je sens le sang bouillonner… Je ressens également la course d'Ikki qui vient pour nous rejoindre, pour nous aider.

Mais le plus urgent pour moi, c'est de me relever, me mettre debout, face à cet adversaire que j'imagine devant moi, fier et puissant, comme l'animal mythologique et légendaire qu'il incarne, le Loch Ness. Comme moi, un dragon des mers. Si mes yeux me le permettaient, je pourrais sans doute voir le visage de cet homme, qui se bat comme moi pour des valeurs en lesquelles il croit. En tous cas, je ne sens pour l'instant chez lui aucune animosité. Il attend que je me relève, pour lui faire face. Un guerrier honorable…

D'ailleurs, et c'est ce qui me trouble, je ne sens rien de désagréable ou de nauséabond chez nos adversaires. Ils m'inspirent un large respect en même temps qu'une profonde tristesse. J'ai ressenti très fortement chez Arion une mélancolie au goût de sang. Nous tous, chevaliers du Zodiaque, avons un passé particulièrement douloureux. Nous avons beaucoup perdu, des amis, notre famille, pour certains d'entre nous Maîtres. Parfois même, ceux ci ont péri sous nos coups. Difficile de rester indifférent au malheur qui peut frapper aussi notre adversaire…

Certains, comme Ikki à une époque à présent révolue, furent tentés par le diable. Par le malin, par le mauvais coté de notre cosmos. Mais nous avons choisi… Nous avons choisi de nous battre pour que personne d'autre n'ait à connaître la tristesse de perdre un être cher à cause d'une guerre, d'un combat fratricide, ou autre… nous avons choisi l'amour à la haine, le pardon à la vengeance. Ça peut paraître ridicule, mais pour nous qui, très tôt, avons eu le goût du sang dans la gorge, ça ne l'est pas…
Je n'ai pas ressenti donc cette haine envers les hommes ou cette soif de pouvoir qui rend fou chez Arion. Au contraire, tout chez lui est tristesse et mélancolie. Ce n'est encore qu'un enfant, mais avec une âme de Dieu. Il n'est pas mauvais, il est bon même… Il y a chez lui, par contre, beaucoup d'interrogation. Mais non, pas de haine, pas chez lui. Enfin, partiellement peut être… Mais pas chez lui… Son épée peut être…

J'ai du mal à tenir debout, mais j'ai réussi à me redresser, enfin… L'épée de la Balance n'est plus dans ma main, et il ne me reste que mes poings et mes convictions pour vaincre cet adversaire… Le vaincre, pour pouvoir aider par la suite mes amis. Mais le vaincre pourquoi ? Parce qu'il a attaqué le sanctuaire, et qu'il se trouve dans la 10eme maison du Zodiaque… Mais quels sont ses objectifs, ses motivations ? Répondre à la demande d'Arion, le Dieu qu'il a choisi de servir, sans doute… mais encore ? Je ne le sais pas, je ne l'apprendrai peut être pas, mais je n'ai pas le choix. Je dois gagner ce combat.

En garde, Lieutenant de Poséidon !

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Cette fiction est copyright Fabien Chaffard.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.