Chapitre 4 : Départs


Quelque part dans les montagnes de l'Himalaya, une nuit d'orage. Le Chasseur avance à nouveau en direction de Valkhan, d'un pas nonchalant. Blafard, celui-ci recule : il ne comprend pas. Serait-ce la fatigue due à toutes ces années de fuite ? L'épuisement aurait-il altéré sa perception ? Sa plus puissante attaque vient de frapper son ennemi de plein fouet, mais à présent le Chasseur avance comme s'il n'avait nullement été affecté par l'Extinction Stellaire. Les griffes du Chasseur s'allongent d'un coup, produisant un éclat de lumière inquiétant. Il a compris que son adversaire a épuisé ses ressources, il veut en finir. Alors il s'élance… Et il bondit…
Valkhan laisse tomber ses bras le long de son corps. Il sent ses forces le quitter... quand une voix ancestrale résonne dans sa tête… Un puissant Cosmos communique avec lui.

- Tu ne dois pas mourir, Chevalier, pas encore ! Ta mission n'est pas terminée ! Tu dois te battre jusqu'au bout ! Si tu meurs maintenant, tout ce que tu as construit, tout ce pour quoi tu t'es battu aura été vain ! Tu dois tenir bon, mon fils.
- Ce Cosmos ! C'est vous, Maître ! Vous êtes vivant !

Soudain mu par une force nouvelle, ranimée par la présence du Cosmos du seul être au monde capable de chasser tous ses doutes, Valkhan se redresse.

- Mur de Cristal !

Un mur à peine visible se cristallise entre les deux hommes, obligeant le Chasseur à stopper son élan. Le Cosmos de Valkhan brille une fois encore, l'aura d'un bélier d'or illuminant la nuit sombre, séchant l'eau de pluie et les sueurs qui vieillissaient l'ancien Chevalier d'Or. Son adversaire serre son poing, écumant de rage. Pour la première fois depuis le début du combat, il a perdu son calme.

- Maudit sois-tu Balthazar ! J'aurai dû te tuer comme j'ai tué les deux autres.
- Les deux autres ? Mais de qui parles-tu ?
- Ignorant que tu es, Valkhan ! Melchior et Gaspar ! C'est moi qui suis responsable de leur disparition. Gaspar a été le premier à subir la marque de mes griffes, c'est grâce à sa mort que le Chasseur est né ! Quant à Melchior, il devenait gênant, et son sacrifice était nécessaire. Mais tuer le Grand Pope du Sanctuaire de la même manière que la plupart de mes victimes risquait d'attirer un tant soit peu l'attention. Aussi l'ai-je empoisonné ! Il était si vieux, tout le monde a cru à une mort naturelle, même toi !
- Je te jure que je te ferai payer la mort du Pope Melchior ! Il était le meilleur ami de mon maître, tous deux m'ont guidé. Et Balthazar m'a souvent parlé de Gaspar. Je le vengerai aussi !
- Idiot ! L'intervention de Balthazar n'a fait que t'accorder un sursis. Ton Mur de Cristal n'est pas un obstacle pour moi, pas plus que ton attaque de tout à l'heure ne pouvait présenter de réel danger. Tu en veux la preuve ? La voilà !

Aussitôt, l'image du Chasseur disparaît ! L'instant d'après, il se trouve de l'autre côté du mur.



Mai 2193. Une mégalopole asiatique. De hautes tours se dressent vers les cieux ; des routes s'élèvent sur plusieurs étages ; des globes immenses et transparents renfermant des quartiers entiers d'habitations gravitent à plusieurs centaines de mètres du sol, reliés entre eux par d'étranges tubes permettant aux astrobus de se déplacer dans cette ville moderne. Le visage collé à la vitre du véhicule, Sven contemple cette extraordinaire vision de son époque ; il n'avait jamais vu de telles cités ailleurs que dans les livres ou sur les écrans de télévision. Toute son enfance, il l'a passée dans un orphelinat éloigné de toute forme de modernisme, au milieu de la campagne profonde de Norvège. Au cours de son voyage avec Valkhan, il n'a traversé qu'une seule grande ville, Bénarès, mais cette dernière était restée figée dans le vingtième siècle. Durant un moment, cette découverte du monde réel a tiré le garçon de sa rêverie, quand la tristesse le gagne à nouveau. Assise à ses côtés, Nasheen lui adresse un regard d'encouragement.
Sven ne pourra jamais oublier ce qu'il a vécu ces derniers mois, la séparation a été difficile. Les visages de ses nouveaux amis, devenus sa famille, sont imprimés dans sa tête. Ils auront certainement changé dans six ans, lui aussi d'ailleurs. C'est avec Vicky qu'il avait noué le plus de liens, il aurait tant voulu rester avec lui. Et Valkhan ? Vicky a tant de chance d'être vraiment son fils… Trois jours se sont écoulés depuis… depuis que Valkhan lui a fait ses dernières recommandations sur le parvis du monastère de Nasheen. Le voyageur s'était agenouillé et avait posé ses deux grandes mains sur ses petites épaules, il l'avait regardé longuement dans les yeux ; le corps de Sven garde encore aujourd'hui la chaleur qu'il a ressentie en cet instant. Les mots entendus sont toujours gravés dans sa mémoire…

- Nasheen va te conduire en Sibérie orientale. C'est un pays où il fait très froid mais je sais que tu t'y habitueras. Tu es né en Norvège : tu es donc un peu habitué aux basses températures. Tu apprendras à domestiquer les rigueurs permanentes de l'hiver. Ce sera difficile, mais tu y parviendras et le froid deviendra ton ami. En Sibérie, Nasheen te laissera dans un village du nom de Cohortek situé près d'un ancien glacier que les habitants nomment Mur des Glaces Eternelles. Un Chevalier vit là-bas, dans un chalet à l'écart, mais les villageois pourront t'indiquer le chemin qui mène à sa demeure. Ton maître s'appelle Lushia, il ne m'aime pas beaucoup aussi est-il préférable que tu n'évoques jamais mon nom, bien qu'il sache très bien que c'est moi qui t'envoie. Il a néanmoins accepté de te prendre comme disciple. Lushia au Cœur de Glace, ainsi qu'on l'appelle, est un homme très renfermé et peu apprécié, mais j'ai entière confiance en lui pour ce qui est de faire de toi un vrai Chevalier. La plupart des gens se trompent sur son compte, mais à son contact, tu apprendras, je l'espère, à le découvrir sous son vrai jour.

Valkhan l'a ensuite serré contre son corps, et lui a dit au revoir. Sven est brusquement ramené dans le présent : l'astrobus vient d'entrer en gare, Station Héliport. L'appareil pour la Russie n'est pas loin.


Une grande prairie dominée par les montagnes lointaines. Deux garçons reviennent d'une fontaine creusée à même un rocher situé en son centre. Pieds nus, ils courent et ils rient. En fait, l'un d'eux essaie de rattraper l'autre. Il plonge et entraîne son camarade avec lui.

- Je t'ai eu !

Tous deux roulent sur le sol, riant toujours. Couché sur son compagnon, le vainqueur de la course lui adresse un large sourire alors que le visage pourtant rayonnant du vaincu s'imprime dans ses yeux : le visage de Sven.
Les yeux de Vicky se remplissent de larmes : il ne reverra pas son meilleur ami avant six ans au moins. Devant lui, le soleil couchant est en train de disparaître derrière les montagnes. Ce soir-là, il veut rester seul un moment, pour graver dans sa mémoire tous les souvenirs de ces derniers mois avec ses amis… et surtout ne rien oublier de celui qui a été le plus proche de lui : Sven, si taquin et si fidèle. Une douce musique accompagne ses pensées.
Non loin de là, Sandra joue un air à la flûte de pan. C'est son père lui-même qui lui a fabriqué son instrument il y a des mois, a-t-elle racontée quelques instants auparavant à Néo, son seul public. Le garçon se laisse bercer par les douces mélodies ; d'ailleurs Sandra est plutôt douée.

- J'ai appris à jouer l'année dernière. Avec mon frère et mon père nous avons fait un bout de chemin en compagnie d'une troupe de forains. Je n'oublierai jamais les deux mois que nous avons passés en leur compagnie. Ce sont eux qui m'ont appris, et après papa a fabriqué ma flûte.

Sandra se laisse emporter par ses souvenirs, oubliant même la présence de Néo l'espace d'un instant. C'était par une belle matinée ensoleillée, elle se lavait dans un ruisseau, quand un petit forain de son âge l'avait surprise. Vicky avait bondit sur le nouveau venu et s'était battu avec lui : il n'avait supporté qu'un autre garçon que lui pose son regard sur sa sœur toute nue ! C'est elle qui les avait séparés, sans prendre la peine de se couvrir. Par la suite, elle s'était beaucoup liée au jeune garçon. Sa longue chevelure rouge comme le feu, son visage à la fois si doux contrastant avec la sévérité de son regard… son regard… qui pourtant lui avait semblé si étrange… familier même. Le contact ne s'était jamais établi entre Caïn et Vicky, au grand regret de la petite fille.
Sandra se tourne vers Néo, ne pouvant s'empêcher de remarquer l'expression boudeuse de son unique auditeur, comme si l'évocation de Caïn, qui semble lui procurer un certain plaisir il est vrai, n'était pas du tout du goût du jeune garçon.

- Qu'est-ce que tu as ? J'ai l'impression que tu me fais la tête ? lui dit-elle esquissant un sourire.
- Non non, pas du tout ! répond-il sur un ton traduisant un certain agacement. J'ai aucune raison de faire la tête. Pourquoi je ferai la gueule d'abord, hein ? Je te le demande. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Tu repenses à ton petit gitan avec des yeux de merlan frit, il a l'air méga super génial ton pote ! Je demanderai son avis à Vicky, hein ?
- Mais… ? l'interrompt-elle avec un franc sourire aux lèvres. Tu es jaloux de Caïn !

A la perception de ces mots, Néo se sent rougir. Ce qui est d'abord de la gêne, il essaie de le dissimuler en fureur, et il réagit en hurlant.

- JALOUX ! MOI ! Non mais alors tu rêves là ! Ma pauvre fille ! Qui pourrait bien être jaloux de toi ?

La colère, mais une vraie colère cette fois-ci, s'empare de Sandra. Elle serre ses deux poings et laisse éclater sa rage.

- Pauvre… " Pauvre fille " ! Tu m'as appelée " Pauvre Fille " ! Alors ça tu vas le regretter ! Je ne te le pardonnerai jamais !

Une gifle ! Néo s'arrête net. Sandra s'enfuit, laissant échapper une larme. Le garçon porte sa main sur sa joue marquée par la claque qu'il vient de recevoir. Il reste interdit un moment, rongé par la honte et les remords.
Valkhan a suivi la scène d'un air amusé depuis l'endroit où il s'était assis pour écrire le récit de sa journée. Rapidement il se replonge dans son cahier. Il sait bien que Sandra n'est pas véritablement rancunière et que très vite les relations entre les deux enfants seront à nouveau au beau fixe.


Une embarcation rudimentaire sillonne l'océan qui s'étend à perte de vue. A la barre, Hassadan, le Chevalier de Bronze du Petit Lion, conduit Kemri vers une destination lointaine. Les yeux rivés sur l'horizon, le jeune garçon s'interroge à voix basse.

- L'Ile de la Mort ! Pas très réjouissant un nom pareil. Je me demande bien pourquoi…
- Elle porte pourtant bien son nom, tu le comprendras très vite.

Kemri se retourne pour écouter son guide. Tous les deux n'ont pas beaucoup parlé depuis le début de la traversée. Ils ont en commun ce fait d'être plutôt réservés.

- L'Ile de la Mort est située en plein centre de l'Océan Pacifique, juste sous l'Equateur. Il y règne une chaleur éprouvante, en partie à cause du volcan qui s'y dresse. Survivre sur cette terre aride relève presque du miracle. Le sol est couvert de braises fumantes, l'atmosphère produite par les émanations du volcan est étouffante. La plupart de ceux qui s'y sont aventurés n'ont pas survécu bien longtemps ou ont sombré dans la folie. Cette île mérite bien son surnom d'Enfer sur la Terre ! Tout ce que tu as vécu jusqu'à présent… dis-toi bien que c'était le paradis.

Les paroles du jeune Chevalier sont certes loin d'être des plus rassurantes, pourtant elle n'impressionne pas le petit Egyptien. Valkhan l'y avait déjà plus ou moins préparé avant le départ.

- Mais sur cette île, reprend Hassadan, il y a aussi Cassandra, oasis de paix au milieu de cette terre infernale. Elle est très étrange pour tous ceux qui la connaissent mal ; on ne comprend pas toujours pourquoi elle agit comme elle le fait. Mais avec le temps, tu apprendras à la découvrir.
- Cassandra sera mon maître. J'ai déjà entendu son nom… à propos d'une prophétie. Qu'est-ce que c'est ?
- Cassandra a le pouvoir de pénétrer les secrets du temps. Elle a perdu la vue il y a longtemps mais a développé une sorte de troisième œil : elle voit l'avenir. Et elle a vu ce qui devait arriver !

De tels propos sont encore obscurs dans l'esprit du futur élève. Peu importe, ils s'éclairciront certainement à son arrivée.

- Cassandra est-elle aussi un Chevalier d'Athéna ?
- Oui… Le Chevalier de la Colombe.

Etrange en effet qu'une colombe vive retirée au sein d'une terre décrite comme étant si inhospitalière. Le bateau poursuit son voyage dans l'immense étendue de l'océan.


Un aéronef au-dessus des nuages. Le visage collé au hublot, Sven contemple cet étonnant spectacle que présente la terre vue du ciel. Il se tourne vers sa compagne de voyage pour tenter de satisfaire sa curiosité.

- Dites-moi, madame Nasheen…
- S'il te plaît, coupe-t-elle en souriant, épargne moi le " madame ".
- Comme vous voudrez Nasheen, je me demandais… je ne sais même pas où vont mes copains. Mélyan et Hassadan ont dit qu'ils venaient d'une île si je me rappelle bien…
- En effet, Mélyan va conduire ton ami Issa sur l'Ile d'Andromède, au large de la Somalie dans l'Océan Indien. Kemri part pour l'Ile de la Mort, dans le Pacifique Sud…
- Pas drôle comme nom…
- Je ne sais que bien peu de choses à propos de cet endroit, je ne peux pas t'en dire plus.

Quelque peu gênée d'évoquer ce lieu qu'elle ne connaît que de sinistre réputation, Nasheen préfère rapidement enchaîner sur les destinations des autres enfants.

- Shin ira dans la région des Cinq Pics en Chine, près du torrent de Rozan. Néo doit s'entraîner directement au Sanctuaire en Grèce, berceau de tous les Chevaliers. Vicky en Algérie…

Vicky ! L'Algérie ! Ce pays doit être si éloigné de la Sibérie… A nouveau, le jeune Sven replonge dans ses souvenirs. Son meilleur ami lui manque beaucoup.

- Hé ! Tu m'écoutes ? Sven ?
- Oh excusez-moi, je…
- Tu étais dans les nuages, au sens propre et au sens figuré, ajoute-t-elle en riant.
- Euh oui… rougit-il. Et Sandra ?
- Je te l'ai dit mais tu ne m'écoutais plus. Valkhan doit mener Sandra près de l'endroit où lui-même s'est entraîné autrefois. Une montagne du nom de Jandara, où vivait jadis son maître.
- Alors Valkhan va confier l'entraînement de Sandra à son maître à lui ?
- Oh non ! C'était déjà un très vieil homme à l'époque, c'était il y a vingt ans ! Le pauvre doit être mort depuis bien des années… Et toi c'est en Sibérie que tu vas.
- La Sibérie… Et mon maître s'appelle Lushia…


Quatre Chevaliers d'Or vêtus de leurs armures rutilantes ont posé genou à terre devant le Grand Pope. Celui-ci s'est levé de son trône et salue la venue de ses invités d'un geste de la main. Le Chevalier du Scorpion se redresse, avance de quelques pas puis fait face à ses compagnons.

- Mes amis, notre maître a d'importantes nouvelles à vous communiquer !

Khyron le Sinistre adresse un regard à son supérieur qui d'un hochement de tête lui fait comprendre de poursuivre.

- Nous avons retrouvé la trace du traître qui a sali l'honneur du Sanctuaire il y aura bientôt sept ans. Le moment est venu pour Valkhan de connaître le jugement de la divine Athéna pour le crime qu'il a commis.
- Ainsi vous l'avez retrouvé ! Enfin…

Le Chevalier du Bélier s'est levé. Gracieux, il dirige son regard bleu ciel vers le Grand Pope. Ses longs cheveux raides de la même couleur que ses yeux glissent le long de sa cape blanche immaculée. Son regard est triste alors que sa main effleure son front marqué de ses origines : la marque des descendants de son peuple.

- Valkhan était mon maître pourtant il n'était pas un descendant du peuple de Mu. Mais il en parlait comme s'il y avait vécu. Il m'a appris l'histoire de mon peuple, il m'a sauvé de la mort, il m'a offert son Armure Sacrée. J'ai mis beaucoup de temps à accepter sa trahison… Pourquoi, monseigneur, pourquoi a-t-il essayé de tuer Athéna ? Il était si heureux le jour où elle est revenue parmi nous…
- Lama, répond le Grand Pope, les raisons qui ont poussé Valkhan à agir ainsi ne seront peut-être jamais complètement éclaircies. Mais aujourd'hui nous avons des certitudes : il est lié de près ou de loin aux meurtres qui ont eu lieu au Sanctuaire ces dernières décennies. Nous pensons que, s'il n'est peut-être pas l'assassin, il est au moins son complice. Il se trouvait au même endroit il y a quelques mois…
- Je souhaiterais être chargé moi-même de l'exécution de mon maître, monseigneur.
- Je ne pense pas que ce soit là une bonne idée, Lama.
- Tout ce que je sais, Valkhan me l'a appris, c'est vrai. Mais aujourd'hui, la Déesse Athéna ne le protège plus, pas plus que sa constellation, poursuit-il en caressant le plastron de son Armure d'Or…
- Peut-être mais cela n'est pas suffisant… Même sans armure, même sans la protection d'Athéna, Valkhan est un adversaire redoutable. C'est pour cela que j'ai demandé à Lushia de venir, pour qu'il te raconte, pour qu'il nous raconte son combat contre Valkhan. Lushia est le dernier d'entre nous à l'avoir rencontré et combattu… il y a deux ans.

Les regards se focalisent alors sur le Chevalier du Verseau qui, à son tour, se lève. Un visage impassible et figé, n'exprimant pas la moindre émotion, un regard ambre magnifique, de longs et épais cheveux châtains. D'une voix monotone, Lushia entame son récit.

- Au début de l'année 2191, Valkhan s'est rendu dans mon domaine, en Sibérie Orientale. Il était là depuis plusieurs jours quand j'ai découvert sa présence. Mon devoir était de le punir. Je l'ai donc affronté. Je l'ai trouvé considérablement vieilli, la fatigue se lisait sur son visage. Néanmoins, et bien que dépourvu d'Armure, il est parvenu à me tenir tête. Sa volonté et son courage m'ont impressionné pour un traître. Mais lorsque j'ai eu enfin l'occasion de lui porter un coup fatal, il s'est relevé, animé d'une force nouvelle et incroyable, comme s'il recevait la protection d'un puissant Cosmos.
- C'est impossible ! l'interrompt Lama. La Déesse Athéna ne pouvait pas continuer à lui accorder sa bénédiction après ce qu'il lui avait fait.
- Je n'ai pas dit qu'il s'agissait du Cosmos d'Athéna ! Quoiqu'il en soit, il s'est relevé et il m'a vaincu. J'ai survécu certes…
- Mais si ce n'est pas Athéna…
- Lama, coupe le Grand Pope, tu sais pourquoi Athéna revient parmi nous tous les deux à trois cents ans ?
- Oui, monseigneur, elle se réincarne pour s'opposer aux forces du mal susceptibles de menacer la planète. L'histoire de la Chevalerie nous raconte qu'en tous temps, les Guerres Saintes… les Guerres Saintes !… Se pourrait-il que Valkhan ait reçu la protection d'une autre divinité ? Mais qui ? Et pourquoi ?
- Qui ?… Poséidon… Arès… ou je ne sais quel autre ! C'est plus que probable. En d'autres termes, je ne veux pas risquer de perdre mes Chevaliers d'Or dans un combat contre un homme qui a reçu la protection d'un ennemi ancestral de notre déesse. C'est la raison pour laquelle, d'ici peu de temps, je tuerai moi-même ce renégat.
- Vous ! s'exclame Khyron. Mais vous n'y pensez pas sérieusement ? Et si…
- Je te remercie pour cette preuve de ton dévouement, Khyron, mais en tant que Grand Pope, je suis le seul à pouvoir lui tenir tête. Si je venais à mourir, c'est que mon destin en aurait décidé ainsi et la Déesse Athéna désignerait un nouveau Grand Pope parmi vous, mes fidèles Chevaliers d'Or. En mon absence, Mégare veillera sur Athéna. Et l'un d'entre vous assurera la régence. Seigi, Chevalier des Gémeaux, je souhaite que tu assures cette fonction.

Le dernier des quatre Chevaliers d'Or présents se lève enfin. Son casque à deux visages sous un bras, le Chevalier d'origine asiatique ouvre ses petits yeux d'ébène. Ses longs cheveux noir de jais semblent briller d'une étrange lueur ténébreuse. Et c'est d'une voix suave qu'il répond à son maître.

- Je suis très honoré de la confiance que vous m'accordez, monseigneur.


Le soleil se lève sur la vallée. Matinaux, deux garçons s'entraînent ensemble à la pratique des arts martiaux. Depuis quelques jours, le même rituel : Tamon a entrepris d'aider Shin à développer son potentiel. Après quelques exercices et quelques échanges de coups, la voix d'Eryn les interrompt pour le petit déjeuner. La petite rouquine tend un bol de riz aux deux garçons. Shin croise son regard et hoche la tête en la remerciant. Elle s'assied à côté de lui. Tout en dégustant lentement son plat, Shin essaie de jeter discrètement un coup d'œil à sa voisine, qu'il ne se lasse de regarder. Serait-il amoureux d'elle, se demande-t-il ? Eryn esquisse un sourire. Elle a forcément remarqué son petit manège et on dirait bien que cela ne lui déplaît pas. Si Néo voyait cela…
Assis à l'écart, Tamon engloutit rapidement le contenu de son bol puis retourne s'entraîner, seul. Le jeune Indien reste plutôt secret : il sourit rarement et ne parle pas beaucoup, la sociabilité ne semble pas faite pour lui. La seule chose qui intéresse visiblement le garçon, c'est de devenir le combattant le plus fort qui soit. Il aurait lui-même demandé à Soliman de lui apprendre son art parce que, et ce sont ses mots, " dans le domaine des arts martiaux, son enseignement est le meilleur qui soit au monde ".
Soliman justement. Assis en tailleur, plusieurs cartes de tarots alignées devant lui, il semble encore perdu à essayer de déchiffrer le sens caché des arcanes. Il avait pourtant été le premier à dire à Valkhan qu'il ne fallait pas leur accorder tant d'importance. Chaque matin et chaque soir, c'est le même rituel.

- Tu veux venir te promener un peu avec moi dans le bois avant qu'on ne reprenne la route ?

Eryn. Sa voix vient de tirer Shin de sa réflexion. Tamon et Soliman ne sont plus que de lointains soucis à présent. Ce n'est pas un rêve : elle vient de l'inviter à se promener, rien que tous les deux… seuls.

- Alors tu viens ou pas ? Tu en meures d'envie, non ?
- Oui… euh je veux dire, je viens tout de suite.

Les deux enfants marchent sous les arbres discutant de choses et d'autres. Eryn a deux ans de plus que lui et elle suit l'enseignement de son père depuis sa plus tendre enfance. Shin lui raconte son voyage aux côtés de Valkhan et de ses amis. Eryn le sien depuis qu'ils ont quitté leur pays… la Grèce. C'est certainement en Grèce que Valkhan a donc rencontré le vieux devin, peut-être dans ce fameux Sanctuaire d'où viennent tous les Chevaliers. Pourtant Eryn ne se souvient pas y avoir déjà mis les pieds. Si Soliman y est allé, ce devait être bien avant sa naissance. D'autres discussions… Quand la jeune fille prend sa main dans la sienne. Shin se sent rougir, il sent le regard de la belle posé sur lui, il doit la regarder… tant pis. Il lève la tête et… tout s'est passé très vite. Avant de le quitter en courant et en riant, elle a furtivement déposé sur ses lèvres… un baiser…


Juin 2193. Ile Canon, dans la Mer Egée. Valkhan et les trois enfants qui l'accompagnent débarquent d'un petit bateau. L'île est dominée par un volcan. C'est ici que tous devront se retrouver dans six ans. Pas très agréable comme cadre. Certes, le volcan n'est pas en éruption mais d'inquiétantes fumées s'en dégagent. Quelques habitations visiblement très anciennes sont construites au pied de la montagne. Une silhouette s'approche.
Un homme âgé, massif, son visage mat et ridé reflétant une longue expérience de la vie. Ses cheveux blanchis sont tirés en arrière et descendent jusqu'à sa nuque. Il porte une grande soutane brune sur laquelle le dessin d'une chouette a été brodé avec du fil argenté : c'est un des symboles d'Athéna, se souvient Néo. Le vieil homme tient une haute canne en bois de chêne dans sa main droite. Il sourit et s'arrête à quelques mètres d'eux.

- Tu es enfin revenu, Valkhan ! Je n'osais plus y croire après toutes ces années passées sans nouvelles de toi, enfin presque… heureusement que Morgane m'a prévenu…
- Aïos, je suis moi-même très heureux de te revoir. Je lui avais demandé de te mettre au courant. Pardonne-moi si je ne suis pas venu te voir. Mais je préfère rester discret.
- Mais enfin Valkhan, il faut leur dire ! Tout le monde doit connaître la vérité. Tu dois reprendre le contrôle du…
- Non ! l'interrompt-il sèchement. Il n'est pas encore temps !

Aïos pose son regard sur les enfants puis affiche un air compréhensif. Il salue chacun d'eux et fait signe au groupe de le suivre.

- Tu sais ce que j'en pense, Valkhan. Mais après tout tu es mieux placé que moi pour savoir ce qu'il faut faire. J'ai fait ce que Morgane m'a demandé : j'ai préparé une petite caverne dans la montagne où vous serez bien cachés. Personne n'y vient jamais et je suis le seul, même sur cette île, à connaître son existence.

Au terme de plusieurs heures de route, Aïos l'Ancien mène la petite troupe jusqu'à une grotte où il a installé deux petits lits et d'importantes réserves d'eau et de nourriture. Deux lits ? Alors qu'ils sont quatre. Valkhan n'en a peut-être pas besoin, mais lequel des trois enfants va dormir par terre ?

- Je voudrais pas avoir l'impression de poser des questions idiotes, intervient Néo. Mais si j'ai bien compris, on doit faire escale ici quelque temps, si j'en juge par la quantité de nourriture. Or je ne vois que deux lits. Qui donc doit coucher par terre… sur cette roche sale et poussiéreuse ?
- Ben toi pardi ! lui répond Vicky. Je te rappelle que depuis plusieurs mois tu couches le plus souvent dehors.

Pour seule réaction à la remarque teintée d'ironie de son camarade, Néo tire la langue. Valkhan pose alors la main sur l'épaule de son fils puis regarde les deux autres enfants.

- Sandra et Néo, vous allez rester ici le temps que je mène Vicky jusqu'à l'endroit où il doit suivre son entraînement.

La phrase de Valkhan a sonné tel le glas dans la tête des trois enfants. Le moment d'une nouvelle séparation est arrivé. Les adieux de Vicky à sa sœur sont déchirants. Néo est triste aussi, et la peine que lui inspirent ses deux amis, qui se sont toujours connus et qui ne se sont jamais quittés, est immense. C'est un véritable torrent de larmes. Celles-ci ruissellent même sur les joues de Valkhan.
Le soir, il part avec Vicky. Sandra et Néo doivent attendre son retour sans quitter la grotte car c'est le seul endroit où ils seront en sécurité. Ils ont tout ce qu'il faut à l'intérieur mais l'attente du retour de leur père s'annonce assez longue : il risque d'être absent plusieurs semaines. Même Aïos ne pourra leur rendre visite, Valkhan ayant demandé à l'Ancien d'aller chercher Morgane, la femme qu'il a présentée à Néo comme celle qui va devenir son maître.
Les journées passent et se ressemblent. Si les premières sont terriblement marquées par l'ennui et la tristesse, les suivantes voient rapidement surgir les conséquences des humeurs des deux enfants. Disputes et réconciliations, excès de fierté de Néo suivies de ses plus plates excuses souvent maladroites, sourires charmeurs de Sandra et réparties désagréables de son compagnon. Et puis, un soir…
Sandra n'a pas faim et va se coucher étonnamment tôt : elle n'a pas l'air en forme. Néo sent l'inquiétude le gagner. Il n'aime pas ça. Comme il n'arrive pas à fermer l'œil, il sort de son lit pour veiller sa camarade. Elle grelotte. Il pose sa main sur son front. Il est brûlant : Sandra est malade, elle a de la fièvre ! Que faire ? Comment trouver un médecin ? Valkhan sait soigner les maladies mais pas lui ! Aller au village : il faut des heures pour s'y rendre, il ne peut pas la laisser seule aussi longtemps ! Et personne à part Aïos n'est au courant de leur présence ! Et celui-ci a dû partir pour trouver cette Morgane. Une seule solution s'impose : attendre soit le retour de Valkhan, soit celui d'Aïos, eux sauront la soigner. En attendant, il doit faire ce qu'il peut. Il prend sa propre couverture pour qu'elle n'ait pas froid… Il croit se souvenir que les malades doivent rester couverts.
Le lendemain matin, la maladie semble avoir empiré. Sandra s'est éveillée mais elle semble souffrir terriblement. Néo la blottit contre son corps en essayant de faire de son mieux pour la rassurer. Jamais il ne lui a dit autant de mots gentils, et Sandra sent bien que ses paroles viennent droit du cœur. Elle ressent autant sa douleur que la sienne, sa colère et son désespoir envers lui-même pour être incapable de soulager ses maux.

- Merci, lui dit-elle. Ne t'en veux pas… Je me sens un peu mieux grâce à toi… Tu es si… si gentil avec moi.
- Pardon Sandra, sanglote Néo en la serrant contre sa poitrine, pour toutes les vilaines choses que j'ai pu dire, je les pensais pas, tu sais…
- Je sais…

C'est alors qu'elle sombre dans l'inconscience. Panique. Que se passe-t-il bon sang ? Il la secoue mais rien à faire : il ne parvient pas à la ranimer. Le chagrin et la peur le saisissent alors qu'il se met à pleurer à chaudes larmes.

- Sandra ! Réveille-toi, je t'en prie ! Tu vas pas mourir, hein ? Ne me laisse pas tout seul ! Sandraaaaaaa !


Désert du Sahara, non loin de la cité d'Oran en Algérie. Au sommet d'une dune de sable, Valkhan regarde une petite silhouette s'éloigner de lui. Versant une larme, il se retourne, laissant son fils aller à la rencontre de son destin. Le voyageur doit retourner en Grèce : sa mission n'est pas encore terminée. Il reprend sa route.
Vicky s'avance à travers la grande étendue sableuse. Il ne doit pas regarder en arrière. Il le voudrait pourtant. Lâcher son sac puis partir en courant retrouver son père. Il s'est cru capable de résister à ses sentiments, mais déjà il lui manque. Abandonnant ses bagages, le jeune garçon se retourne et court vers la dune où son père l'a quitté, mais il n'y a plus personne. L'enfant tombe à genoux sur le sable et laisse couler ses larmes. Après un moment, il se relève puis reprend la direction qui lui a été indiquée.
Pendant plus d'une heure, il erre dans le désert sans regarder où il va, quand ses pas le mènent dans un endroit des plus étranges. Une immense dalle de marbre est entourée des restes de colonnes antiques, certaines sont brisées, d'autres couchées. Au centre de cette dalle aussi grande que la cour du monastère de Nasheen, se dresse un obélisque de la couleur du désert. Vicky s'approche du monument et contemple les scènes représentées dans les bas-reliefs de l'ouvrage. Il reconnaît une représentation d'une guerrière sculpturale, armée d'une lance et d'un bouclier. Devant elle, une armée de soldats protégés par ce qui semble être de solides armures. Au-dessus, il y a un texte, sûrement du grec ancien, mais il ne sait pas assez bien lire pour comprendre ce qui est écrit. Vicky s'arrête sur la scène présente sur le second côté de l'obélisque. Un étrange cheval au milieu du désert. Non, ce n'est pas un cheval, il a une corne sur le front : c'est une licorne !

- La Licorne ! Je me rappelle à présent. Il y a une constellation qui porte ce nom. Est-ce que ça veut dire que je pourrais être le Chevalier de la Licorne ? Dans ce cas, l'Armure de la Licorne doit être près de cet endroit.
- C'est exact.

Une voix. Surpris, Vicky se retourne brusquement. De derrière une colonne dressée, un homme se montre peu à peu. Il porte une belle djellaba noire ainsi qu'un grand turban brun sur la tête. Au-dessus de ses sourcils broussailleux, une cicatrice livide traverse son front. De ses yeux sombres, il fixe le jeune garçon.

- Qui… Qui êtes-vous ? balbutie Vicky.

L'homme s'approche d'un pas lent tout en continuant de dévisager l'enfant. Vicky recule, légèrement intimidé, jusqu'à heurter l'obélisque. Il est acculé, il ne peut plus s'échapper. Le mystérieux individu est juste devant lui.

- Ses yeux… Ses cheveux…
- Que… Que me voulez-vous ?
- T'apprendre.
- Co… Comment ? M'apprendre ?
- C'est bien pour cela que tu es ici, n'est-ce pas ? Pour devenir un Chevalier d'Athéna. Pour l'Armure de la Licorne.
- Euh oui, poursuit Vicky reprenant un peu d'assurance. Je dois trouver quelqu'un qui s'appelle Argon.
- Je suis Argon, Chevalier d'Argent de l'Autel.
- Je… Je m'appelle Vi… Vicky.
-Vicky ? Et bien soit… Va pour Vicky.

Argon a semblé étonné à l'annonce de son prénom, comme s'il s'était attendu à autre chose. Se pourrait-il que ce Chevalier bien étrange connaisse son véritable nom ? A peine est-il arrivé, déjà de nombreuses questions envahissent les pensées du garçon… mais aussi celles du Chevalier de l'Autel.


Sanctuaire, Grèce. De nombreux soldats et novices sont rassemblées dans la cour du Colisée. Exercices de musculation, combats organisés… l'entraînement est rude pour tous ces jeunes gens. Un soldat pas très sympathique semble superviser le tout : le claquement de son fouet sur le sol rappelle à ceux qui voudraient faire une pause qu'il ne vaut mieux pas tenter le coup. Quand vient le Chevalier des Gémeaux…
L'arrivée de Seigi est saluée par une ovation de l'ensemble des novices. Le surveillant s'assied, son autorité vient d'être balayée par l'entrée en scène du plus populaire des Chevaliers d'Or, en fait l'un des rares à être connus. Valeureux et d'une profonde bonté, Seigi est réputé surtout pour son ouverture d'esprit. C'est un Japonais et il a toujours défendu les novices qui n'étaient pas grecs contre les préjugés de ceux, certes devenus rares en ces temps, qui voudraient à nouveau réserver les Armures Sacrées et l'accès au Sanctuaire aux seuls Helléniques. La rumeur rapportant qu'il vient d'être nommé régent en l'absence du Pope Bishop s'est transformée : pour beaucoup il a déjà été choisi par le Grand Pope pour devenir son successeur.
Les plus jeunes se précipitent autour du Chevalier d'Or, lequel leur adresse un discret signe de main leur indiquant de bien vouloir rester calme. L'un de ses admirateurs prend le risque de s'adresser à lui.

- Chevalier Seigi ! Vous êtes un modèle pour nous tous. Je voulais vous dire que… que vous êtes…

Troublé, le jeune novice n'arrive pas à trouver ses mots. Le Chevalier d'Or lui sourit puis lui répond.

- Fais de ton mieux, mon garçon. Deviens un preux Chevalier défenseur de notre déesse bien-aimée. Ne cherche pas à me ressembler. Sois toi-même. Quel est ton nom ?
- Mi… Mika, répond-il d'une voix marquée par l'émotion.

Non seulement il avait réussi à dire quelques mots à son héros, mais celui-ci lui avait répondu, il lui avait même demandé son nom !

- Et bien Mika, je te souhaite bonne chance, et qu'Athéna te guide sur la juste voie que tu t'es fixée.

Traversant l'arène, le Chevalier d'Or se dirige maintenant vers le palais où il va devoir remplacer le Grand Pope en son absence.


Ile Canon. Après avoir veillé sans relâche sur son amie pendant deux journées entières, Néo s'est endormi auprès d'elle, complètement épuisé. Il la serre toujours près de lui dans son sommeil. A présent, il se trouve dans une immense prairie, Sandra est avec lui, elle va mieux : c'est merveilleux. Les deux enfants courent ensemble. Sandra s'arrête, il s'approche d'elle.

- Ferme les yeux, Néo, j'ai une surprise pour toi.

Une surprise ? Néo s'exécute lentement, intrigué. Que va-t-elle faire ? Elle va l'embrasser… si seulement… Un cri… Il ouvre les yeux. Sandra est étendue à ses pieds, grelottante, fiévreuse… quand l'ombre de griffes bien trop familières se dessine sur le sol… Il relève la tête… Lui ! Encore lui ! Non !

- Non, tu ne la toucheras pas ! Je la protégerai !
- Tu essaieras petit homme, lui rétorque la voix rauque et caverneuse émanant de derrière le masque démoniaque. Mais ça ne servira à rien. Elle va subir le même sort que Batman !

Néo se réveille brusquement alors que les affreuses griffes fondent sur eux. Un cauchemar ! Il est éveillé mais… ça continue ! Il recule ! Il y a un masque devant lui !

- Calme-toi ! Tu n'as rien à craindre, tu as juste fait un mauvais rêve.

Ce n'est pas la voix du monstre… en fait ce n'est pas son masque non plus. Accroupie devant lui, se tient une jeune femme dont le visage est caché derrière un masque d'argent. Elle est vêtue d'une tenue très légère ne dissimulant pas vraiment ses formes généreuses, ses longs cheveux blond cendré ondulent au gré d'une légère brise qui s'est engouffrée dans la caverne. Elle lui tend sa main, couverte par une mitaine.
Néo se lève et rapidement parcourt l'intérieur de la grotte de son regard, à la recherche de Sandra. Elle est étendue sur son lit, un vieil homme est à son chevet, il lui fait boire quelque chose : c'est Aïos l'Ancien.

- Elle va bien, ne t'en fais pas, reprend la femme masquée. Quand nous sommes arrivés, nous l'avons trouvée. Je suis allée chercher les remèdes qu'Aïos m'a indiqués pendant qu'il a commencé à s'occuper d'elle… et de toi.
- Vous êtes…
- Je suis Morgane.
- Alors c'est toi, mon maître. Mais t'es vraiment obligée de porter ce masque sur ton visage, parce que…
- Oui, le coupe-t-elle, c'est la loi. Les femmes Chevaliers doivent porter un masque.
- Mais pourquoi ? C'est complètement…
- C'est ainsi, le coupe-t-elle à nouveau. Et nul ne doit discuter les lois du Sanctuaire. Je t'enseignerai tout cela aussi.

Au soir de cette journée, après que les remèdes d'Aïos ont commencé à faire leur effet, Sandra s'éveille. Néo ne peut se retenir de la prendre dans ses bras. Elle laisse reposer sa tête contre sa poitrine. Elle se sent si bien avec lui.
Le lendemain, Valkhan est de retour. Il remercie Morgane et Aïos d'avoir soigné Sandra et l'examine à son tour. Il va sans doute terminer de la guérir avec son incroyable pouvoir de soigneur, comme il l'a déjà fait avec lui, se souvient Néo. Un au revoir. Valkhan s'en est allé avec Sandra, laissant le petit garçon seul avec son nouveau maître. Morgane va à présent le conduire au Sanctuaire. Sur le bateau qui l'éloigne de l'Ile Canon, Néo se remémore le visage de Sandra, exactement comme il était avant leur séparation, quand elle lui a dit ces mots de son plus beau sourire " Merci. Je n'oublierai jamais. A bientôt. " … un dernier regard pétillant de vie et pourtant plein de larmes.

- Au revoir, papa… Au revoir, Sandra…. A bientôt.


Village de Cohortek, Sibérie orientale. Débarquant d'un aérotraineau, Sven et Nasheen contemplent le paysage enneigé. A l'héliport où ils avaient atterri, la maîtresse du monastère avait fourni au jeune garçon un épais manteau de fourrure blanche. Quelques mots d'adieu, elle remonte dans le véhicule qui repart peu après qu'elle lui a conseillé de se renseigner auprès du chef du village.

- Le patriarche Gouriev ? lui répond un passant. Il est certainement à la taverne là-bas.

Lentement, Sven s'approche du bâtiment qu'on lui a montré. Alors qu'il s'apprête à pénétrer dans l'établissement, les portes s'ouvrent brusquement et un gamin tout de blanc vêtu sort en trombe, manquant de peu de le renverser.

- Oh désolé, tu n'as rien ? Parfait, dit-il rapidement avant de poursuivre sa course.

Sven entre dans la taverne. Il n'y a pas grand monde de si bon matin. A part le barman, il n'y a qu'un vieil homme attablé, en train de se désaltérer avec une boisson chaude. Ce doit être celui qu'il cherche.

- Excusez-moi, vous êtes le patriarche Gouriev ?
- Oui mon bonhomme, c'est bien moi, répond-il en posant son énorme verre. Tu n'es pas d'ici, toi ? Que viens-tu faire ?
- On m'a dit de m'adresser à vous pour trouver un homme qui s'appelle Lushia.

Un bruit de verre qui se brise. Sven se retourne : le barman a laissé échapper la bouteille qu'il tenait dans les mains. Il regarde le garçon d'un mauvais œil, dirait-on.

- Ce n'est rien, reprend le vieil homme. Quand quelqu'un parle de Lushia, cela produit souvent un effet de ce genre. Ta venue était annoncée, Lushia m'avait prévenu il y a quelque temps de cela. Anakin va te conduire jusqu'à lui.
- Anakin ? C'est qui ?
- Tu as certainement dû le croiser en venant ici. Il était là il n'y a pas cinq minutes. Il va revenir. Anakin est justement le disciple de Lushia. Maintenant il y en aura deux : Anakin et…
- Sven, je m'appelle Sven.
- Sois le bienvenu chez nous, Sven.

Le garçon qui était sorti précipitamment entre à nouveau dans la taverne. Il est épuisé tant il a couru. Il semble un peu plus âgé que Sven, il a de beaux cheveux châtains et des yeux bleus. Il dépose un petit sac sur la table de Gouriev.

- Voilà, tout ce que vous avez demandé : le lait et les croissants.
- Anakin, je te présente Sven, il va…
- Ah ? Tu vas être mon compagnon alors ? poursuit-il en lui tendant la main et en lui présentant son plus joli sourire. Je suis enchanté de faire ta connaissance. J'espère qu'on s'entendra bien.
- Euh… moi aussi, répond-il en lui serrant la main tout en souriant à son tour.
- Génial ! Enfin un peu de compagnie, ça va faire du bien. Bon, je vais t'emmener jusqu'au chalet et de présenter à mon… pardon… à NOTRE maître.

Anakin et Sven quittent la taverne. Ils s'écartent du village et marchent pendant quelques kilomètres exposés à un vent glacial. En cours de route, Sven en apprend un peu plus sur son condisciple : Anakin a huit ans, soit un an de plus que lui, il a toujours vécu ici et depuis deux ans il suit l'enseignement de Lushia au Cœur de Glace, comme l'appellent la plupart des villageois. Visiblement, Gouriev et Anakin semblent les seuls ici à apprécier son futur maître. Son disciple a d'ailleurs beaucoup d'admiration pour lui.

- Lushia est un des rares Chevaliers à maîtriser tous les secrets du froid et de la glace, il te les enseignera comme il a commencé à le faire pour moi. Et puis surtout il fait partie des Chevaliers les plus puissants : les Chevaliers d'Or !
- Les Chevaliers d'Or ?
- Tu n'es pas au courant ? On ne t'a pas expliqué ça ? Ce n'est pas grave, écoute. Les Chevaliers sont répartis en trois catégories selon leur rang. Les moins puissants et les plus nombreux sont les Chevaliers de Bronze, mais ils ont quand même énormément de pouvoirs par rapport aux gens qui ne maîtrisent pas le Cosmos. Au-dessus d'eux, il y a les Chevaliers d'Argent, ceux-là sont au moins trois fois plus forts que les Chevaliers de Bronze. Et enfin, il y a les Chevaliers d'Or, les douze Chevaliers les plus puissants qui soient, ce sont les hommes les plus forts du monde. Et Lushia est le Chevalier d'Or du Verseau.
- Douze Chevaliers d'Or… le Verseau… Mais alors les signes des Chevaliers d'Or sont les douze signes du Zodiaque ?
- Exactement, tu as tout compris.

Sven réfléchit : Valkhan a dit qu'il avait été le Chevalier du Bélier, donc l'un des douze Chevaliers les plus puissants du monde. Celui qu'il considère comme son père est un Chevalier d'Or.
Un chalet au milieu de la lande enneigée. Sur le palier, un homme portant un grand et magnifique manteau de fourrure blanc les attend et les regarde s'approcher.

- Voici donc l'enfant que tu me confies, Valkhan, pense-t-il. Soit, je tiendrai la promesse que je t'ai faite quand nous nous sommes affrontés, il y a deux ans.

Février 2191. Deux Cosmos dorés illuminent la neige sibérienne. Lushia dans son Armure d'Or fait face à Valkhan, plus mort que vif, dans sa tenue de voyageur. Le jeune Vicky est étendu, inconscient, quelques mètres au-delà du Chevalier du Verseau. Derrière Valkhan, Sandra est retenue par la main d'un jeune garçon aux cheveux verts.

- Valkhan, comment peux-tu me demander de former un de tes disciples alors que tu as trahi le Sanctuaire ? Je devrais te tuer au lieu de discuter avec toi.
- Je n'ai pas trahi. C'est vrai que je suis parti mais je n'avais pas le choix.
- Si tu étais innocent, tu ne te serais pas enfui comme un misérable lâche. Je n'aurais pas cru qu'un homme en qui j'avais placé tant d'estime en arriverait là.
- Que tu me croies ou non, ce n'est pas ce qui est important pour le moment. Je veux juste que tu acceptes de devenir le maître de l'enfant qui viendra ici. J'ai confiance dans tes capacités d'enseignant et je…
- Très bien mais à une condition, c'est que tu réussisses à me vaincre. Mon devoir est de te châtier. Notre combat est inévitable.
- Apparemment je n'ai pas le choix.

La neige tombe autour des deux combattants. Le premier, Lushia tend sa main ouverte en direction de son adversaire, projetant un souffle glacial chargé de multiples petits cristaux de neige qui viennent frapper de plein fouet le voyageur épuisé.

- Par la Poussière de Diamant !

Valkhan ne bouge pas, encaissant l'attaque, une fine pellicule de givre recouvre maintenant tout son corps. Ouvrant les yeux, intensifiant son Cosmos, sa douce chaleur fait fondre la glace. Puis à son tour, il projette une pluie d'étoiles filantes.

- Puisse la Poussière des Etoiles te faire entendre raison !

L'assaut de Valkhan percute le Chevalier du Verseau. Pourtant, il ne le blesse nullement, son armure semble avoir complètement absorbé la pluie d'étoiles.

- Tes étoiles filantes m'ont à peine effleuré. Je m'attendais à beaucoup mieux de ta part, Valkhan.

L'ancien Chevalier du Bélier se concentre à nouveau et projette encore une fois son attaque.

- Tu as perdu la raison. Tu utilises encore une fois cette technique secrète, tu sais bien qu'une attaque ne marche jamais deux fois, dit-il en bloquant et en renvoyant chacune des étoiles filantes qui fondent sur lui. Lorsque tu as utilisé la Poussière des Etoiles la première fois, j'ai pu comprendre son mode opératoire, elle ne peut plus m'affecter.

Frappé par sa propre attaque, Valkhan est emporté et s'effondre dans la neige. Lushia se rapproche de quelques mètres. Il joint ses mains et lève ses bras au-dessus de sa tête, adoptant une posture qu'il connaît bien.

- Je te ferai l'honneur suprême de mon attaque la plus puissante !

A terre, Valkhan parvient péniblement à lever sa main pendant un instant mais celle-ci retombe aussitôt. Un cri… Sandra se jette en pleurant sur son père. Lushia abandonne sa pose et s'approche de la petite fille. Quand le garçon aux cheveux verts se dresse devant lui.

- Tu n'as rien à faire ici, lui dit le Chevalier d'Or, va-t'en.
- Vous n'êtes qu'un lâche !

D'un souffle provoqué par le mouvement de son bras, Lushia écarte le garçon qui tombe dans la neige à quelques mètres. Alors qu'il s'apprête à saisir Sandra, il ressent le Cosmos de Valkhan grandir et brûler comme jamais. La petite fille s'écarte tandis que son père se relève, empli d'une force… nouvelle. Le Chevalier du Verseau est obligé de reculer.

- Regarde Lushia ! Regarde le pouvoir de la Divine Athéna ! Tu auras beau me porter tous les coups que tu voudras, retourner mes propres attaques, je me relèverai toujours… parce que ma cause est juste et parce qu'Athéna me guide !
- Je ne comprends pas. Il était pratiquement mort. Comment a-t-il pu retrouver autant d'énergie en si peu de temps ?
- Par la Poussière des Etoiles !
- Décidément tu ne comprends rien, je t'ai pourtant dit tout à l'heure… quoi ?…

Lushia a tendu sa main devant lui, encaissant l'attaque qu'il s'apprête à retourner, mais… cette fois sa puissance est telle qu'il n'arrive pas à la contenir. Le Chevalier d'Or est renversé, balayé sur plusieurs mètres. Les étoiles filantes de Valkhan le percutent de toutes parts sans qu'il n'ait plus aucun moyen de se défendre. Lushia est étendu dans la neige. Vicky reprend connaissance et se rapproche de Sandra, bientôt rejoint par le garçon aux cheveux verts. Valkhan se tient debout.
Gravement blessé, Lushia se redresse péniblement. Il fixe son adversaire, puis tombe à genoux, crachant son sang. La main de Valkhan se pose sur la poitrine du vaincu et sa douce aura se répand. Lushia lève la tête en direction du visage de son vainqueur.

- Pourquoi ? Pourquoi me sauves-tu la vie ?
- Tu n'es pas mon ennemi, Lushia, je ne suis pas venu pour te tuer… As-tu compris ?
- Non, je ne te crois pas Valkhan, mais je tiendrai ma promesse… parce que tu m'as vaincu aujourd'hui. Si tu envoies un enfant ici, je ferai de lui un Chevalier. Mais ne reviens jamais plus sur mes terres. La prochaine fois, l'un de nous mourra… si prochaine fois il y a.

Anakin présente Sven à leur maître. Celui-ci plonge son regard ambre dans celui de son nouvel élève. Puis il lève la tête et fait quelque pas.

- Installe-le Anakin, puis rejoignez-moi devant le Mur des Glaces Eternelles.
- J'ai l'impression que tu vas commencer tout de suite, murmure Anakin à l'oreille de son nouveau compagnon. T'en fait pas ! Il a l'air un peu ours comme ça, mais dans le fond c'est un brave type…

Une dizaine de minutes plus tard, les deux enfants retrouvent le seigneur des glaces au pied d'un immense glacier. Toujours aussi impassible, Lushia commence sa leçon.

- Ici, dans cette terre éloignée de toute civilisation humaine, la température dépasse rarement zéro degré. Géographiquement, le Mur des Glaces Eternelles est situé au nord du Cercle Polaire Arctique, les plaines qui nous entourent sont constamment enneigées, et la glace qui emprisonne les montagnes ne fond jamais. Sven, tu es ici pour devenir un Chevalier des glaces, tout comme je le suis moi-même. Nous maîtrisons les pouvoirs des basses températures. Le froid est à la fois notre ami mais aussi une arme redoutable : le maîtriser nous permet autant de créer que de détruire. Je veux que tu détruises un morceau de ce pan de glace, en n'utilisant rien de plus que les ressources de ton corps. Ce n'est pas impossible, regarde !

Le Chevalier du Verseau pose un doigt sur la glace. Un fin halo de lumière dorée entoure son corps durant un instant. Il retire sa main : la glace est fendue !

- C'est à ton tour à présent.

Sven s'avance timidement. Il ne voit pas comment il va réussir à briser un peu de cette glace si froide qui semble tellement solide. Peut-être qu'en frappant de toutes ses forces ? Il serre son poing droit, contracte ses muscles et porte un coup en y mettant toute son énergie. Aïe ! Cela n'a pas marché : la glace est intacte, mais le choc l'a légèrement blessé à la main. Lushia ne dit rien, mais les encouragements d'Anakin l'incitent à recommencer… à ne pas se décourager, avait dit Valkhan. Encore un échec ! Il recommence : la glace tient bon, mais la main du garçon commence à se couvrir d'ecchymoses et de gelures. Sven ne renonce pas…
La journée a été épuisante. Le soir venu, le garçon se délasse dans un bain chaud revigorant. A côté de la baignoire, Anakin termine de soigner ses mains en leur appliquant des huiles aux vertus curatives. A l'issue de l'exercice, Lushia n'avait rien dit, pourtant il avait réussi à fendre légèrement la glace à force de la frapper encore et encore.

- Ne t'en fais, quand il ne dit rien, c'est qu'il est satisfait. Il ne fait pas souvent de compliments. Les gens d'ici disent que c'est un bourreau, mais ce n'est pas vrai. Ils disent aussi qu'il est incapable d'éprouver la moindre émotion, là encore ils se trompent. Simplement parce qu'il ne sourit jamais. Au début, il m'a obligé à m'entraîner dehors par tous les temps mais j'ai vite remarqué que, pendant qu'il me surveillait, il faisait rempart contre le vent pour que ça ne me gêne pas trop. Mais ils sont tous bien trop bornés pour remarquer ce genre de choses.

La nuit s'est abattue sur la Sibérie. La neige se remet à tomber. Ainsi commencent pour le jeune Sven six années d'un entraînement rude, dans cet univers glacial, aux côtés d'un maître froid et distant en apparence. Heureusement, la présence d'Anakin, qui deviendra son ami autant que l'était Vicky lui sera d'une aide précieuse. Mais des épreuves difficiles l'attendent et le changeront à jamais…


Sandra s'est endormie après du feu que son père a allumé. Au gré de son inspiration, Valkhan laisse sa plume défiler sur les pages du cahier, fidèle confident de chaque soir. " Ma mission sera bientôt terminée. Il ne me reste plus qu'à retourner à Jandara. Les mystérieux pouvoirs de la montagne devraient me mettre à l'abri des perceptions du Chasseur. Là-bas, je devrais pouvoir assurer la formation de Sandra. Maître, je souhaite tant vous revoir. Vous seul pouvez peut-être m'aider à comprendre ce qui reste obscur. Etes-vous encore là-bas ? Puissiez-vous être toujours vivant ! "
Le lendemain, le voyageur et la petite fille reprennent leur route. Celle-ci touche néanmoins à sa fin, au terme de sept longues années. Ce jour-là, Valkhan révèle à Sandra qu'il assurera lui-même sa formation pour le futur.

Les traces d'un feu de camp éteint depuis peu, une main ramassant une poignée de cendres avant de les laisser s'écouler entre ses doigts.

- Tu n'as que quelques heures d'avance sur moi. Je ne te laisserai jamais atteindre Jandara. Je te le promets, Valkhan.

Le Chasseur se redresse fièrement. Puis lentement ses pas suivent ceux de celui qu'il traque depuis plus de sept ans. La chasse serait-elle sur le point de se conclure ?

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Cette fiction est copyright Laurent Habault.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.