Chapitre 2 : L'Epreuve d'Héphaïstos


Etna

Myrtilos conduisait Kanon et Kiki jusqu'au cœur de l'Etna, et au fur et a mesure qu'ils approchaient, la chaleur devenait de plus en plus intense. Le chevalier des Gémeaux sentait la sueur dégouliner le long de son visage et de son torse, rendant ses mains moites et glissantes. La situation était pire encore pour Kiki, qui n'était pas un chevalier et qui en plus était chargé du lourd sac contenant les armures d'Or. Myrtilos, en revanche, ne semblait absolument pas incommodé par la chaleur, bien qu'il ne porte pas son armure. L'entraînement, sans doute, jugea Kanon.
Ils traversèrent ainsi plusieurs salles ou coulaient des rivières de laves brûlantes, avant de parvenir enfin devant une haute porte, faite elle aussi de cristal d'Orichalque et gravée de runes étranges. Il faisait un peu plus frais, maintenant que Myrtilos, Kanon et Kiki n'étaient plus dans les grandes Forges, et l'air alentour était plus sec, ce qui rendait l'atmosphère beaucoup plus agréable. Myrtilos se tourna vers Kanon :

-Derrière cette porte siège le dieu Héphaïstos. Je suppose que cette salle est à peu prés l'équivalent de la salle du trône de votre Sanctuaire. Etes-vous prêts ?

Kanon répondit d'un simple hochement de tête, et essaya de vider son esprit afin de se concentrer au meilleur de ses capacités. Il devait savoir choisir les mots justes, et réussir à convaincre Héphaïstos. Ce ne serait pas facile, mais les chevaliers sacrés avaient déjà réussi tant de miracles... Kanon refusait de croire que tous les combats menés jusqu'à présent n'avaient servi qu'à laisser la Terre en pâture à Arès. Mais il faudrait déployer toute la persuasion et tout le charisme dont était capable le chevalier des Gémeaux.
Myrtilos s'approcha de la porte à double battant, et l'ouvrit en grand.
Derrière, on pouvait voir une longue salle, décorée de façon austère mais de bon goût. Sur le sol se déroulait un long tapis rouge, et tout au fond de la pièce on pouvait apercevoir un haut trône fait d'une matière inconnue de Kanon, et gravée de runes semblables à celles qu'ont pouvait voir sur la porte. Sur ce trône, siégeait Héphaïstos. Il ne faisait rien pour cacher ses difformités, et son dos tordu et sa jambe abîmée étaient exposés aux regards de tous. Toutefois, et malgré ce handicap, le dieu dégageait un Cosmos doux et bienveillant, et il était très charismatique. Son visage était noble et majestueux, aimable mais néanmoins sévère. Myrtilos s'avança jusqu'à quelques mètres du trône, et s'agenouilla devant son Dieu.

-Seigneur Héphaïstos, voici le chevalier d'Or Kanon des Gémeaux, et son disciple Kiki.

Kanon s'avança a son tour, suivit par Kiki, et mit également un genou en terre. Héphaïstos considéra le chevalier quelques instants, puis prit la parole :

-Salutations, chevalier. Qu'est-ce qui t'amène ici au nom d'Athéna ?
-Je viens solliciter votre aide, Héphaïstos.

Le Dieu Forgeron eut un regard perçant.

-Mon aide ?
-Oui. Durant la dernière Guerre Sainte, les douze armures d'Or du Zodiaque ont étés entièrement détruites.

C'est pourquoi je suis venu vous demander de les réparer, car le Sanctuaire ne doit pas demeurer sans protection. De plus, la Cosmo-énergie d'Arès, qui ne devait pourtant pas se réincarner avant plusieurs siècles, s'est réveillée. Nous craignons une attaque directe contre le Sanctuaire, et nous ne pourrons pas le défendre contre le Dieu de la Guerre sans les Armures d'Or.

-Je me demandais pourquoi Athéna m'envoyais un chevalier, après tant d'années... murmura pour lui-même Héphaïstos. Maintenant je comprends... Les douze armures d'Or...

Le Dieu garda le silence quelques instant, puis demanda :

-Chevalier Kanon, Comment est-ce possible que les douze armures les plus puissantes de la Chevalerie aient été détruites ?
-Lors de la dernière Guerre Sainte, nous sommes allés combattre le Dieu Hadès aux enfers. Et les douze chevaliers d'Or se sont sacrifiés en face du mur des Lamentations.
-Oui, je vois... Durant des millénaires, jamais les douze armures d'Or n'avaient été détruites entièrement.

Ces dernières Guerres Saintes n'étaient pas comme les autres. Mais bon, cela n'est pas le sujet dont nous devons discuter maintenant. Tu disais donc que tu voulais que je répare les Armures. Mais dis-moi, chevalier, crois-tu être digne de mon aide ?

-Peut-être ne le suis-je pas, mais Athéna et la cause qu'elle défend le sont.

Héphaïstos eut un sourire amusé, et Kanon comprit que sa réponse était celle qu'attendait le Dieu. Mais ce n'était pas encore fini.

-Peut-être la cause que défend Athéna est juste, mais tu es son envoyé et représentant, et je ne t'accorderai mon aide que si tu t'en montres digne. Et pour savoir si tu l'es, tu devras passer une épreuve. Si tu en sors vainqueur, je réparerai les armures. Si tu es perdant... Tu mourras. Alors, chevalier, acceptes-tu ?

Kanon hésita quelques instants. Si il acceptait, il serait à la merci du Dieu, qui pourrait lui demander d'accomplir une épreuve impossible à réussir si il en avait envie. Mais c'était la seule chance de sauver la terre... Et qu'importait sa vie ?

-J'accepte, dit-il simplement.

Héphaïstos eut un sourire satisfait.

-J'en suis heureux. Alors, voici ce que je te demande d'accomplir. Tu devras vaincre l'un de mes Apprentis, dans un combat à mort. Bien entendu, le combat se déroulera sans armure, puisque la tienne est détruite. Je veux que ce soit un combat loyal.
-Très bien. Qui devrais-je affronter ?
-Le plus puissant de mes Apprentis, Myrtilos de la Pince Céleste.

Ce dernier releva la tête, les yeux écarquillés de surprise.

-Moi, seigneur Héphaïstos ? demanda-t-il d'une voix ébahie.
-Oui, toi, Myrtilos, répondit Héphaïstos avec un sourire. Tu es le plus puissant parmi mes apprentis.

Néanmoins, si tu insistes pour ne pas mener ce combat, je ne t'y obligerai pas. N'oublie pas que ce sera un combat à mort, je te laisse le choix.

-C'est un honneur de combattre pour vous, Seigneur Héphaïstos, murmura le jeune Apprenti.

Olympe

-'Que se passe-t-il ? interrogea Héra, de fort mauvaise humeur qu'on la dérange maintenant.
-Dé... Déesse, bégaya le serviteur terrorisé par l'expression furieuse de sa maîtresse, Ganymède demande à vous voir.
-Ganymède ? Misérable insecte, pourquoi ne me l'as-tu pas dit plus tôt ? Fais le venir.
-Oui, Déesse, se hâta de répondre le serviteur, trop heureux de pouvoir s'éloigner de cette déesse au caractère quelque peu emporté.

Ganymède ne tarda pas à arriver, souriant comme à l'ordinaire, ses longs cheveux bleu pâle lui retombant dans le dos.

-Salutations, Déesse Héra, dit-il, sans toutefois s'incliner ou mettre un genou à terre.
-Ganymède, tu es enfin rentré. Alors, quelles informations as-tu à me donner ?
-J'ai appris de source sure que Kanon des Gémeaux s'était rendu chez Héphaïstos.
-QUOI ? Chez Héphaïstos ? Tu es sur ?
-Certain.

Héra se calma aussi soudainement qu'elle s'était mise en colère.

-Bah, de toute façon ce vieil entêté refusera certainement de lui venir en aide, alors je suis tranquille.
-A votre place, je n'en serais pas si sûr, rétorqua Ganymède.
-Quoi ? Pourquoi ?
-N'oubliez pas qu'Héphaïstos ne vous a jamais pardonné ses difformités. Il est fort possible qu'il vienne en aide à Athéna rien que pour prendre sa revanche. De plus, il a toujours respecté le courage et la force, et Kanon n'est dépourvu ni de l'un ni de l'autre. Le chevalier des Gémeaux a très bien pu convaincre Héphaïstos.
-Hum, oui, tu as raison, Ganymède. Tu es de bon conseil, comme toujours. Alors, que suggères-tu ?
-Tout d'abord, de ne pas s'affoler prématurément. Malgré ce que j'ai dit, il est aussi possible que le Dieu Héphaïstos refuse son aide à Kanon. Il sera temps d'intervenir si Héphaïstos répare les armures d'Or, pas avant.
-Très bien. Alors, je t'ordonne de m'informer dès que tu sauras ce qu'a décidé Héphaïstos.
-Comme vous voulez, Héra.

Et Ganymède sortit rapidement de la pièce.

Etna

Kanon considéra la grande arène où il se tenait face à Myrtilos. Héphaïstos était installé sur son trône, tout en haut de façon à être à la meilleure place. Tout autour, les autres Apprentis ainsi que la plupart des combattants et disciples du Sanctuaire d'Héphaïstos étaient installés, leurs yeux braqués au centre de l'arène où se tenaient les deux protagonistes.
Le chevalier des Gémeaux contempla son adversaire. Ce dernier semblait très concentré, ses yeux verts fixés sur son opposant, et ses longs cheveux bruns agités par le vent. Il était presque aussi grand que Kanon, et semblait athlétique et souple. Sa garde était excellente, en bref tout en lui dénotait un combattant aguerri.
La tension qui envahissait l'arène était presque palpable, tout le monde était concentré sur le combat qui allait se dérouler et l'attente rendait cela pénible. En outre, Kanon sentait peser sur lui le regard anxieux de Kiki fixé sur lui. Mais enfin, Héphaïstos se leva et annonça d'une voix haute et ferme :

-Le combat opposant Kanon des Gémeaux à Myrtilos de la Pince Céleste peut commencer.

Puis le dieu se rassit, regardant non sans intérêt les deux combattants, curieux de voir comment Kanon allait se débrouiller pour vaincre le plus puissant de ses guerriers. Et surtout curieux de voir si en définitive le chevalier des Gémeaux sortirait vainqueur de la vraie épreuve... Bah, il serait temps de s'en inquiéter si Kanon mettait Myrtilos à terre, pas avant.
Dès qu'Héphaïstos avait déclaré le début du combat, Kanon s'était ramassé sur lui-même, les yeux fixés sur le jeune apprenti, prêt à parer les coups qu'il pourrait lui envoyer. Myrtilos s'était lui aussi mis en garde, guettant du regard une ouverture dans la garde de Kanon, prêt à lancer son coup à la première occasion. Le chevalier des Gémeaux lança la première attaque, lançant son poing à la vitesse de la lumière vers le visage du jeune Apprenti. Ce dernier para le coup aussitôt, et enchaîna sur un coup de pied dirigé vers le torse de Kanon à une vitesse non moindre que celle du chevalier. Kanon exécuta un saut de côté et évita le coup de son opposant. Puis, il sauta brusquement et se lança de toute sa vitesse vers son adversaire.
Jusqu'à présent, seuls de petits coups avaient été échangés, ne montrant rien de la puissance réelle dont les deux hommes étaient capables. Ils se contentaient d'un échange de coups, suffisamment rapides néanmoins pour que presque tous les spectateurs ne voient rien tant la vitesse était grande. A peu près seuls les Apprentis et Héphaïstos étaient capable de suivre sans problème le déroulement du combat, les autres n'entr'apercevant qu'à peine les mouvements des deux adversaires.
Après un dernier échange de coups, Kanon et le jeune Apprenti retombèrent chacun d'un coté, même pas essoufflés, ni blessés. Alors, jugeant que le combat avait assez duré, Myrtilos fit brûler son cosmos. Une aura vert pâle apparut autour de lui, d'une intensité étonnante, et il écarta les bras.

-Cutting pliers closure !

D'un coup, le jeune homme referma ses deux bras, et Kanon vit son attaque arriver sur lui sans pouvoir l'éviter. Il eut l'impression qu'une pince se refermait sur lui, le broyant et le coupant. La pression devint plus forte, et il sentit ses os craquer. Si cela continuait, il allait se faire proprement couper en deux ! Il devait réagir.

-Another dimension !

Devant lutter contre l'attraction de l'ouverture inter-dimensionnelle crée par Kanon, Myrtilos dut relâcher son attaque, et Kanon put se dégager de son emprise. Myrtilos essayait de résister à l'attaque de Kanon, mais il se fit emporter malgré lui par l'ouverture inter-dimensionnelle. La déchirure de l'espace-temps se referma, et Kanon se trouva seul dans l'arène. Myrtilos avait tout bonnement disparu dans une autre dimension...
Le chevalier des Gémeaux mit un genou a terre. L'attaque de Myrtilos était puissante, et il avait été touché plus sérieusement qu'il ne l'avait cru. Ses flancs étaient entaillés profondément, et du sang coulait abondamment de la blessure. Au moins, il avait vaincu...
Mais soudain, une voix se fit entendre :

-Très impressionnant, chevalier, mais tu ne m'auras pas si facilement.

Et une porte dimensionnelle se rouvrit à quelques mètres au-dessus du sol. Un cosmos vert pâle éclaira l'arène, et là où quelques instants auparavant, il ne restait plus que du vide, se tenait à présent l'Apprenti.

-Quoi ?! Comment as-tu pu.... Jamais personne n'avait réussi à se dégager de mon attaque auparavant, mis à part le chevalier du Phénix !
-En effet, ton attaque est un piège dimensionnel, et comme la plupart des gens ne maîtrisent pas les dimensions, c'est pour eux un piège sans issues une fois que tu as refermé ta porte dimensionnelle. Mais tu as oublié un petit détail. Je suis l'Apprenti de la Pince Céleste, et je peux "découper", si l'on peut dire, une ouverture menant à une autre dimension. Je maîtrise donc une technique semblable à la tienne, et tu ne pourras pas me piéger dans une autre dimension.
-Très bien. Puisqu'il en est ainsi, je vais déchaîner contre toi toute l'intensité de mon cosmos dans ma plus redoutable attaque. En garde, Apprenti !
-Je suis prêt, et je t'assure que je ne me laisserai pas vaincre facilement.

Une aura dorée vint entourer Kanon tandis qu'il déployait toute l'intensité de son cosmos. Des murmures incrédules se firent entendre dans les gradins de l'arène. La puissance que dégageait Kanon était tout simplement démentielle. Kiki lui-même regardait, ébahi, son maître. Jamais il ne l'avait vu utiliser toute sa puissance, et il était très impressionné. Il avait l'impression que Kanon pourrait vaincre n'importe qui, et il reprit confiance en l'avenir.
Myrtilos ne fut pas en reste, et à son tour fit brûler son cosmos. L'énergie vert pâle qui l'entourait était presque aussi phénoménale que le cosmos de Kanon, mais légèrement inférieure. Le chevalier des Gémeaux intensifia alors son cosmos et hurla :

-Galaxian Explosion ! ! ! !

Une extraordinaire explosion se fit entendre, et l'énergie déployée illumina l'arène, éblouissant les spectateurs qui durent se protéger la figure de leurs mains. Lorsque enfin la lumière se dissipa, on ne vit pendant quelques dizaines de secondes rien d'autre que la poussière et la fumée soulevée par l'attaque de Kanon et qui cachait l'arène à la vue des spectateurs. Toutefois, ceux d'entre eux qui maîtrisaient leur Cosmos purent sentir sans difficulté ce qui se passait. Enfin, la poussière retomba lentement, et la fumée se dissipa dans l'air. Toujours debout, Kanon avait encore les mains tendues devant lui, et son visage était inexpressif. En face de lui, à l'autre bout de l'arène, gisait Myrtilos. Néanmoins, Kanon savait qu'il n'était pas mort, même si il était sérieusement touché. Et en effet, l'Apprenti ne tarda pas a bouger. Il rouvrit les yeux, et essaya de se redresser en grimaçant tant la douleur était intense. Il mit un genou en terre, et resta un moment ainsi. Puis, il se releva tout à fait. Du sang coulait sur son corps, mais il avait réussi à se relever.
Kanon était très impressionné. Son attaque, lancée à sa puissance maximum, pouvait vaincre presque n'importe qui. Et personne ne s'était jamais relevé après avoir reçu cette attaque à ce niveau de puissance...
Mais Myrtilos n'était pas n'importe qui. Héphaïstos l'avait lui-même présenté comme le plus puissant de ses apprentis, et Kanon avait dès le début senti chez lui une puissance extraordinaire.

-Tu me surprends, Apprenti, dit le chevalier des Gémeaux. Personne ne s'était relevé de mon plus puissant arcane. Mais toi tu es parvenu à la parer en partie sans l'avoir jamais vue. Tu es très puissant.
-Puisqu'on en est aux compliments, répliqua Myrtilos, toi aussi. Mais tu as déclenché ta plus puissante attaque contre moi, et j 'ai survécu. Tu ne pourras pas me vaincre.
-Et pourtant si. Toi, tu luttes parce que ton dieu te l'a ordonné. Mais moi, je lutte non seulement pour Athéna, mais aussi pour la survie de toute l'humanité. Je sais que je suis leur dernier espoir, et après tout le mal que j'ai fait, il est hors de question que je laisse Arès s'emparer de la terre. Et maintenant, assez parlé, Apprenti.
-Tu as raison. C'est à mon tour d'attaquer, et je te jure que cette fois tu ne t'en sortiras pas si facilement.

Myrtilos leva les bras, intensifiant son cosmos, et son aura vert pâle vint l'entourer, illuminant les alentours.

-HEAVENLY CUTTING PLIERS STRIKE !
-Aaaaaaah !

Kanon se fit emporter par la violence du choc, incapable de résister à la force incommensurable que déployait son fantastique adversaire. Il se fit projeter par cette extraordinaire force à l'autre bout de l'arène, et s'encastra à demi dans le mur. Puis, il retomba rudement sur le sol. Il resta écroulé au sol, immobile. Il sentait une douleur atroce se propager dans tout son corps, et le sang tiède couler de ses blessures.
En temps normal, le chevalier aurait sans doute eu raison de Myrtilos beaucoup plus facilement. Mais il ne fallait pas oublier qu'il ne sortait que depuis peu d'une dure épreuve, et qu'il était encore affaibli par son combat contre Rhadamanthe. Ses forces l'abandonnaient, et des larmes coulèrent sur son visage. Il ferma les yeux, le cœur étreint par une tristesse d'une intensité terrible.
J'ai donc échoué... Je suis trop faible, je n'y arriverai pas... Athéna... Je vous en supplie,
pardonnez-moi...
Athéna...

Soudain, de la colère, et un terrible dégoût de lui-même emplirent son esprit. De quel droit se lamentait-il sur lui-même en se prétendant trop faible ?
Athéna, la Terre, l'humanité avaient besoin de lui. Comment pourrait-il jamais les laisser être détruits à cause de sa faiblesse ? Il n'avait pas le droit de renoncer. Mais en même temps, comment vaincre un adversaire aussi fort que Myrtilos alors que lui-même était affaibli ?
Et puis il se souvint du moment où il avait entraîné avec lui Rhadamanthe dans une autre dimension. Et surtout il se souvint de ces quelques mots qu'il avait dits au Spectre du Wyvern.
Même si le corps est brisé, le Cosmos est immortel...
Il rouvrit les yeux vivement. Puis il se releva à moitié, serrant les dents sous la douleur, forçant ses muscles meurtris à lui obéir. A l'autre bout de l'arène, Myrtilos était déjà en train de partir...

-Attends, Apprenti, le combat n'est pas encore fini ! s'exclama-t-il.

Myrtilos se retourna soudainement, ébahi.

-Non, c'est impossible !

Kanon resta un genou à terre, et intensifia sa Cosmo-énergie. L'aura dorée qui l'entourait devint de plus en plus intense, alors qu'il se concentrait au maximum.

-Que mon Cosmos brûle de toute son intensité !

Le Cosmos de Kanon était maintenant à son paroxysme. Myrtilos regardait, ébahi, son adversaire qui quelques minutes plus tôt était mourant.

-Par quel miracle... !
-GALAXIAN EXPLOSION ! ! ! !

La force de l'attaque du chevalier des Gémeaux n'avait plus rien a voir avec celle qu'il avait envoyé à Myrtilos un peu plus tôt. Cette fois-ci, l'énergie qui se dégageait de son attaque était réellement d'une puissance supérieure au Septiéme Sens. Myrtilos fut incapable de l'éviter, et la parer n'était même pas envisageable. L'Apprenti fut touché de plein fouet par toute la puissance de l'attaque, et projeté à une vitesse stupéfiante vers le bord de l'arène.

-Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !

Un cri de douleur se fit entendre alors que Myrtilos s'encastrait dans le bord de l'arène avant de retomber sur le sol. Puis il ne bougea plus. Kanon s'avança vers son adversaire, et le contempla. Preuve de l'extraordinaire résistance du jeune homme, il était encore en vie, bien que dans un piètre état. Il releva à demi la tête, et sourit à Kanon.

-C'était... un beau combat... chevalier... tu as... gagné...

Alors, Héphaïstos se leva de son trône, et annonça :

-Mes félicitations, chevalier. Maintenant, achève-le. C'était un combat à mort, ne l'oublie pas.

Kanon considéra le Dieu un bref moment. Puis il baissa le regard vers l'Apprenti. Ce dernier lui rendit son regard, sans esquisser le moindre geste.
Que peut-on éprouver quand on voit la mort...
Cela, Kanon le savait. La tristesse, le regret, et bien d 'autres choses. Mais maintenant qu'il regardait le jeune homme, presque un adolescent encore, il répugnait à lui donner la mort. Myrtilos ne méritait pas de finir ainsi. C'était un combattant exceptionnel, qui s'était battu jusqu'au bout.
Kanon regarda le regard limpide et sans peur du jeune Apprenti.

-Mets-le à mort ! tonna Héphaïstos.

Kanon releva lentement le regard, et fixa le Dieu.

-Non, dit-il simplement.
-COMMENT ?!
-J'ai dit que je ne tuerais pas Myrtilos. Il ne mérite pas la mort.
-Si tu ne tues pas ton adversaire, chevalier, tu seras considéré comme perdant de cette manche. Tu t'es battu avec courage pour la Terre et Athéna, dis-tu. Pourrais-tu les trahir pour cet Apprenti qui lui t'aurait tué si il avait été à ta place ?

Kanon garda le silence encore un long moment. Il voulait sauver la terre, et Athéna. Mais n'était-ce pas la déesse elle-même qui un jour lui avait dit : "Chaque vie compte " ?
Le chevalier soupira. Sans doute regretterait-il sa décision présente, et se maudirait-il d'avoir fait ce choix. Mais sa décision était irrévocable.

-Oui, je veux sauver la Terre et Athéna. Mais c'est Athéna elle-même qui un jour m'a dit que chaque vie comptait. Je sers maintenant ses idéaux, et je ne prendrais la vie de personne sans raison. Myrtilos s'est battu vaillament et jusqu'au bout, même si j'ai fini par le vaincre. Je n'ai aucune raison de le tuer.

Héphaïstos regarda Kanon d'un regard terrible qui aurait foudroyé sur place bien des gens... Puis éclata d'un rire tonitruant.

-J'étais curieux de savoir ce que tu dirais. Mais je suis heureux qu'en définitive tu aies choisi la bonne voie. Je te félicite, chevalier.

Kanon le regarda, interloqué.

-Pardon ?
-Je vais t'expliquer tout cela. Mais tout d'abord...

Héphaïstos descendit dans l'arène au coté de Kanon, et enflamma son cosmos. Il passa ses mains sur les plaies du chevalier des Gémeaux, qui sentit bientôt ses blessures se refermer et ses forces revenir. Puis, le Dieu s'occupa de son jeune Apprenti. Enfin, il fit signe à Kanon de le suivre. Le chevalier obtempéra, et ils revinrent dans la salle du trône. Héphaïstos s'installa et débuta ses explications.

-En fait d'épreuve, je t'en ai imposé trois. D'abord, tu as prouvé que tu avais du courage quand tu as accepté de tenter l'épreuve. Puis tu as prouvé ta force et ta foi en Athéna en vainquant finalement Myrtilos. Et enfin, tu as prouvé ta foi en tes idéaux et ton abnégation en refusant de tuer ton adversaire alors qu'il était à ta merci et que tu avais tout à perdre. Tu as donc triomphé de toutes les épreuves que je t'ai imposées, et je réparerai les douze Armures.

-Je comprends... J'aurais dû le deviner.

Kanon s'inclina :

-Je vous remercie d'accepter de réparer les armures. Peut-être parviendrons- nous maintenant à vaincre Arès...
-Je te le souhaite...
-Héphaïstos, je voudrais vous demander de me rendre un service en rapport avec les armures...
-Oui ?
-C'est au sujet de l'Armure des Gémeaux...

Olympe

-Ainsi, Kanon a obtenu l'aide d'Héphaïstos ? s'enquit Héra, incrédule.
-En effet. Il a organisé une épreuve, un combat entre Kanon et le plus puissant de ses apprentis. Et Kanon a été le vainqueur du combat, gagnant par la même l'estime et l'aide d'Héphaïstos.
-Hum... J'ai peut-être sous-estimé ce chevalier des Gémeaux... Ganymède, tout cela devient inquiétant. Si cela continue, les chevaliers sacrés pourraient nous causer des problèmes.
-C'est vrai. Mais n'oubliez pas non plus qu'Athéna ne dispose pas de chevaliers d'Or, puisqu'ils sont actuellement tous morts, sauf bien sûr Kanon. Et malgré sa puissance, le chevalier des Gémeaux ne pourra pas vaincre à lui tout seul les berserkers d'Arès.
-Oui, comme toujours tu as raison. Mais continue à surveiller la chevalerie d'Athéna, on ne sait jamais de quoi ces maudites vermines peuvent être capables.
-Je m'en occupe.

Et Ganymède se retira. Héra le regarda partir, et éclata de rire.

-J'ai tord de m'inquiéter. Tu vas enfin perdre tes droits sur le royaume que tu défends et ces imbéciles d'humains que tu protèges depuis si longtemps, Athéna !

Etna, trois jours plus tard

Kanon contemplait, incrédule, l'Armure d'Or des Gémeaux. Elle étincelait, plus brillante que jamais, vibrant d'une puissance telle qu'elle semblait quasi vivante. Les autres Armures d'Or n'étaient pas encore réparées, mais celle-ci était un vrai chef-d'œuvre. Kanon fit brûler son Cosmos, et appela à lui l'Armure. Elle vint le recouvrir aussitôt. On aurait dit qu'elle avait été faite sur mesure pour lui...

-Je pense que tu es satisfait, dit Héphaïstos.
-Je n'imaginais pas que vous réussiriez à la réparer en si peu de temps, je dois l'avouer.
-N'oublie pas, chevalier des Gémeaux, tonna Héphaïstos, que je suis un Dieu ! Ces armures, reforgées par mes soins, seront maintenant aussi puissantes que les armures Divines dont tu m'as parlé. Maintenant, je ne peux plus rien faire pour Athéna et ses chevaliers, ce sera votre combat. A vous tous de vous montrer dignes de ces Armures. Et maintenant, quitte ce Sanctuaire qui n'est pas le tien. Athéna a besoin de toi, chevalier. Myrtilos s'occupera de ramener les autres armures au Sanctuaire plus tard, une fois qu'elles seront réparées.
-Merci, Dieu Héphaïstos. Kiki ! On part.
-J'arrive, fit l'enfant en maugréant.

Il avait déjà eu le temps de se faire des amis parmi les disciples des combattants d'Héphaïstos, et il était mécontent de les quitter si vite en sachant qu'il ne les reverrait certainement jamais plus. Toutefois, il était trop prudent pour risquer de mettre Kanon en colère, aussi obéit-il promptement.
Kanon fut soulagé en arrivant au Sanctuaire. Il ne s'en était pas aperçu avant mais il se sentait mal à l'aise dans la Forge d'Héphaïstos, probablement parce que ce Sanctuaire, comme l'avait si justement fait remarquer le Dieu, n'était pas le sien. Il laissa Kiki dans la maison du Bélier, et gravit les marches qui menaient au Palais du Pope. Il passa les unes après les autres les différentes maisons, et il sentit combien chaque chevalier avait imprégné sa Maison de son aura. Le Temple du Bélier irradiait la sagesse. On percevait clairement la puissance dans celui du Taureau. Le Temple des Gémeaux, son Temple, était plein d'une étrange mélancolie. On pouvait percevoir dans celui du Cancer une déchirante douleur qui n'était pas seulement celle des âmes torturées qui étaient restées en ces murs si longtemps, mais surtout celle de Masque de Mort après sa rédemption. Dans la Maison du Lion, on percevait la droiture, et celle de la Vierge baignait dans une aura paisible. La maison de la Balance était empreinte de justice. Quant à celle du Scorpion, elle était pleine d'un maelström de sentiments parmi lesquels on pouvait reconnaître une immense fierté, mais aussi une certaine tristesse, de l'amertume et de la mélancolie. La maison du Sagittaire irradiait la fidélité et celle du Capricorne la dévotion. Celle du Verseau était... Froide. Les sentiments de Camus avaient été si refoulés qu'ils n'étaient pas accessibles. Seul peut-être Milo avait réellement connu le chevalier du Verseau derrière cette façade qu'il avait érigée pour se protéger du monde extérieur...
Et enfin, dans la maison des Poissons, il n'y avait nulle trace de cruauté, mais juste une grande pureté. Derrière la haine et les fausses croyances d'Aphrodite, il y avait eu une très grande beauté.
Et le Palais ? La personnalité de Saga avait totalement disparue, et seul celle de Sion restait encore. Une aura juste, et qui avait aussi quelque chose de divin, restait dans le Treizième Temple.
Sur le seuil du Temple du Pope, attendait Athéna. Quand elle vit Kanon, elle lui fit un lumineux sourire, et le prit dans ses bras. Le chevalier des Gémeaux en fut gêné, il n'avait pas l'habitude de laisser voir ses sentiments, et sa nature distante n'avait pas totalement disparu. Mais Saori semblait si contente de son retour qu'il ne put s'empêcher de la prendre dans ses bras en retour pour la soutenir.

-Oh, Kanon, je suis si heureuse que tu sois là !
-Tout va bien, Athéna, murmura le chevalier des Gémeaux.

Elle finit par se dégager, et demanda :

-Et dis-moi, as-tu réussit ton ambassade ?
-Ce ne fut pas sans peine, mais Héphaïstos a accepté de réparer les armures. Un de ses Apprentis doit bientôt venir les amener au Sanctuaire. Il ne me reste plus qu'à aller aux Enfers, et à ramener les douze chevaliers d'Or ainsi que les chevaliers Divins.

Le chevalier des Gémeaux disait cela comme si c'était évident, mais il savait très bien que ce ne serait pas aussi facile.

-Kanon, j'ai si peur pour toi... murmura Athéna. Je ne veux pas qu'il t'arrive malheur. J'aimerai que les cinq chevaliers de Bronze viennent avec toi aux Enfers pour t'aider.
-Ne vous inquiétez pas pour moi. Mais le Sanctuaire ne risquerait-il pas être en danger si jamais il ne reste que deux chevaliers d'Argent pour le protéger ?
-Si Arès ou quelqu'un d'autre décide d'attaquer pendant ton absence, ce ne sont pas cinq chevaliers qui y changeront quoi que ce soit, alors que ta mission est primordiale et qu'un seul chevalier peut être essentiel pour la réussite de ton entreprise. Je t'en prie, Kanon...

Le chevalier des Gémeaux soupira.

-Très bien. Il est vrai que Jabu et les autres ont maintenant largement le niveau de chevaliers d'Argent, et ils me seront très utiles, mais je répugne à laisser le Sanctuaire si mal défendu. Toutefois, vous avez raison, ce ne sont pas cinq chevaliers de plus ou de moins qui changeront quoi que ce soit ici, alors que leur présence sera très importante aux Enfers.

Saori eut un sourire soulagé.

-Très bien. Je me charge de prévenir Jabu et les autres. En attendant, repose-toi bien, Kanon.
-Dites leur que je compte partir demain matin à l'aube. Athéna...

Saori soutint le regard du chevalier des Gémeaux, et lui sourit.

-Bonne chance...

Kanon lui sourit sans rien ajouter, et redescendit les escaliers. Malgré sa charge de Pope, il n'avait pas songé à prendre ses quartiers autre part que dans la Troisième Maison, et maintenant qu'il avait tous les escaliers à descendre il se maudissait de ce choix...

Quand le chevalier des Gémeaux fut parti, Saori appela un garde qui passait par là et qui s'approcha promptement, trop heureux de pouvoir servir sa déesse. Il mit un genou a terre avec dévotion.

-Je suis à vos ordres, Déesse Athéna.
-Relève-toi, dit Saori. Je voudrais juste te demander si tu voudrais bien aller chercher les chevaliers de la Licorne, du Loup, du Lionnet, de l'Ours et de l'Hydre, et leur dire que je veux les voir le plus vite possible dans la Salle du Pope.
-J'y vais aussitôt, ma déesse !

Saori sourit en voyant l'enthousiasme du garde. De tous ses serviteurs, les gardes étaient certainement les plus défavorisés. Ils n'étaient pas parvenus à atteindre le but ultime qu'ils s'étaient fixé et pour lequel ils avaient peiné des années durant. Ils n'avaient pas réussi à éveiller leur Cosmos et à gagner leur armure, et ils ne pouvaient espérer égaler les Saints pour servir leur Déesse. Tout ce qu'ils pouvaient faire était adorer Athéna et se sacrifier sans compter pour elle, tout en sachant que personne ne se rappellerait de leur nom après leur mort, et que leur aide ne pouvait être que dérisoire. Toutefois, ils la servaient sans hésiter, lui offrant tout ce qu'ils pouvaient lui offrir : leur vie. Leur courage muet et leur adoration envers leur déesse étaient en fin de compte dignes des plus grands chevaliers...
Le garde partit en courant, heureux de saisir cette chance de servir, même si ce n'était que bien peu de choses, de servir et d'honorer celle pour qui il aurait tout donné. Saori le suivit du regard, avec une certaine tristesse dans les yeux, en songeant à tout ce que cet homme avait sûrement aspiré devenir, et à tout ce qu'il n'atteindrait jamais.
Le garde revint en un temps record. En fait, Saori n'avait jamais vu quelqu'un monter aussi vite ces escaliers...

-Ma Déesse, les cinq chevaliers de Bronze que vous avez demandé vont venir dans un instant dans la Salle du Pope.
-Je te remercie, dit Saori avec un sourire. Tu peux venir aussi, si tu veux, après tout cette guerre te concerne presque autant que mes chevaliers.

Le jeune garde la regarda, presque incrédule.

-C'est... C'est vrai, vous voulez bien ?

La joie qu'elle vit dans son regard fit regretter à Saori de ne pas y avoir pensé avant.

-Bien sur que c'est vrai, dit-elle. Comment t'appelles-tu ?
-Alrai, Déesse Athéna.
-Eh bien, Alrai, je te remercie de ton empressement. Puisque l'ancien capitaine des gardes a trouvé la mort, je te charge de le remplacer à l'avenir. Ce n'est que peu de choses, mais je ne puis faire plus.
-Oh... Merci, Déesse, merci !
-C'est moi qui te remercie, Alrai. Je sais que ta fidélité envers moi est sans faille. Je ne peux te remercier que de piètre façon, mais je tiens à ce que tu saches que quoi qu'il arrive, ta vie m'est aussi chère que celle d'un chevalier.

Maintenant, attends les chevaliers de Bronze et quand ils arriveront, amène les dans la salle du pope.
Le garde la regarda s'éloigner, l'adorant encore plus qu'avant si toutefois c'était possible. Lui, Capitaine des Gardes d'Athéna... Il avait l'impression de rêver.
La voix de Jabu le fit revenir à la réalité.

-Où est la Déesse Athéna ? interrogea le chevalier après avoir jeté un coup d'œil aux environs et constaté qu'elle n'était pas là.
-Elle vous attend, toi et les autres, dans la Salle du pope.
-Voici Ichi, Geki, Nachi et Ban qui arrivent, on peut y aller.

Et en effet, les chevaliers de Bronze arrivaient. Une fois qu'ils furent tous là, ils se dirigèrent vers la Salle du Pope, où Athéna était installée et semblait méditer. Jabu s'avança et mit un genou a terre.

-Je suis à votre service, princesse.

Saori pouffa et le releva.

-Voyons, Jabu, depuis quand fais-tu tout ce cérémonial ?

On était loin de la jeune peste d'antan... Jabu sourit, et se releva sans mot dire. Athéna se tourna vers ses chevaliers de Bronze, et leur expliqua ce qu'elle attendait d'eux.

-Chevaliers, je dois vous apprendre que Kanon a réussi son ambassade auprès d'Héphaïstos. Il est revenu hier avec l'Armure d'Or des Gémeaux réparée, et les autres armures seront bientôt prêtes elles aussi. Mais le plus dur reste à faire ; vous savez depuis le dernier Conseil que Kanon a l'intention de se rendre aux Enfers, plus exactement au Cocyte, afin d'y rechercher les chevaliers d'Or et les chevaliers Divins. Mais l'entreprise sera, je le crains, difficile à réaliser, et je voudrais que vous l'accompagniez.

Là, Saori marqua un silence. Puis, elle reprit :

-Cette expédition sera dangereuse. Vous risquerez certainement votre vie, alors je vous laisse le choix. Je voudrais que vous alliez avec Kanon aux Enfers afin de l'aider, mais je ne vous obligerais à rien.

Là, Jabu sursauta et s'écria :

-Princesse ! Comment pouvez-vous croire ne serait-ce qu'un instant que je refuserais de sauver Seiya et les autres ! J'accompagnerai Kanon aux Enfers, et je l'aiderai à sauver les chevaliers morts, dussé-je y perde la vie.
-Il me semble que tu as fait une erreur, dit Nachi en s'avançant. Tu as dit je, mais nous irons tous aux Enfers. Jabu a raison, Saori, comment pourrions-nous refuser ?

Saori les regarda, presque émerveillée. Qu'avait-elle fait pour mériter de pareils serviteurs ?
Effectivement, la peste d'antan semblait éradiquée pour de bon.

Sanctuaire, onze heures du soir

Jabu était assis sur le parvis de la maison du Scorpion. Les chevaliers d'Or étant morts, et le Sanctuaire en état d'alerte, les chevaliers de Bronze avaient pris place dans les maisons correspondant à leurs signes zodiacaux afin de les protéger si le pire arrivait. Il était assez tard, et Jabu était fatigué après cette journée passée a s'entraîner durement, mais il n'avait pas encore assez sommeil pour aller se coucher. En fait, Jabu ne voulait pas s'avouer à lui-même que si il n'avait pas envie de dormir, c'était moins parce qu'il n'avait pas sommeil que parce qu'il était plein d'appréhension.
La nuit était agréablement fraîche, et les étoiles brillaient plus que de coutume. Le chevalier de la Licorne contemplait en silence les étoiles qui formaient sa Constellation, et il méditait sur ce que lui avait dit Saori, sur ses sentiments... sur Kanon.
Qu'avait pu éprouver Seiya lorsqu'il avait dû descendre aux Enfers ? Avait-il songé à sa mort prochaine ? Non, probablement, songea Jabu avec une pointe d'amertume. Il avait sans doute seulement songé à son devoir envers Saori...
Et Kanon ? Qui était-il en réalité ? Pouvait-il lui faire confiance ? A en croire les sous-entendus qu'il avait captés, le chevalier des Gémeaux avait autrefois combattu Saori... S'était-il réellement rangé de leur coté ? Plus il y songeait, plus Jabu sentait le doute s'infiltrer en lui.

-Alors ? demanda une voix bien connue.
-Nachi, répondit Jabu sans se retourner. Qu'y a-t-il ?
-Je m'ennuyais un peu tout seul, répondit le chevalier du Loup d'un ton léger. Alors j'ai pensé que ça ne te dérangerai peut-être pas qu'on parle un peu ensemble.
-Non, bien sur. Assieds-toi.

Nachi obtempéra, et les deux amis restèrent quelques minutes silencieux. Jabu aimait bien Nachi, c'était son meilleur ami parmi les chevaliers de Bronze. Ils s'étaient toujours bien entendus.

-A quoi pensais-tu, Jabu ? demanda doucement Nachi.
-Oh... A tout et à rien. Je réfléchissais à ce que Seiya avait bien pu éprouver en descendant aux Enfers.
-Ca, répondit Nachi en riant, il faudra que tu le lui demandes !
-Tu es donc si sûr de notre victoire ? demanda Jabu, bien qu'amusé.
-Oui, bien sûr. Si tu ne crois pas en la victoire, comment veux-tu vaincre ton adversaire ? Si tu es persuadé d'avance que tu échoueras, tu perdras sans combattre. C'est parce que Seiya et les autres avaient confiance en leur victoire et ne songeaient pas à la défaite qu'ils ont vaincu tant d'ennemis pourtant plus puissants qu'eux à l'origine.
-Oui, je sais. C'est peut-être pour ôter le doute de mon esprit que j'essayais de méditer. Mais je pensais aussi au chevalier des Gémeaux, ce Kanon. D'où sort-il ? Et qui est-il ? Pourquoi combattait-il Athéna, et qu'est-ce qui l'a décidé à rejoindre notre cause ? Il y a tant de questions à son sujet qui restent sans réponse...
-Donc, dit Nachi après un silence, tu n'es pas sur qu'il ait réellement rejoint notre cause, n'est-ce pas ? Car sinon que t'importerait qui il est ou d'où il vient ?
-Oui, dit Jabu. Je l'avoue, je n'ai pas confiance en lui.
-Pourquoi ? Il a combattu Athéna dans le passé, cela nous l'avons tous deviné. Mais elle-même lui fait entièrement confiance. Et puis, tu as senti son Cosmos. Il est extraordinairement bon, mais aussi plein de tristesse et de regrets.
-Oui, bien sur, comment aurais-je pu ne pas le sentir ? Ces sentiments sont exprimés d'une façon si intenses que tous ceux du Sanctuaire doués d'un Cosmos ont dû les sentir. Mais...
-Il n'y a pas de mais. Tu peux certainement comparer Kanon avec nos précédents adversaires, et tu admettras qu'il ne leur ressemble absolument pas.
-Ce n'est pas exactement vrai. Souviens-toi du combat du Sanctuaire. Les chevaliers d'Or se battaient pour une mauvaise cause, et pourtant leur Cosmos n'était pas foncièrement mauvais. Et je peux en dire autant pour les Généraux de Poséidon ou les Guerriers Divins d'Asgard.
-Ton argumentation ne tient pas. Les chevaliers d'Or, mis à part une ou deux exceptions que tu as très certainement perçues comme Masque de Mort, se battaient pour la cause qu'ils croyaient juste. Ils ont été trompés par le Pope, c'est tout. Quant aux Généraux ou aux God Warriors, ils se battaient pour leur Sanctuaire et pour la cause en laquelle ils croyaient. Rien à voir avec un espion infiltré au Sanctuaire pour tuer Saori ou autre chose du même genre. Et d'ailleurs, l'Armure l'a accepté et elle n'a pas pu se tromper. Admet plutôt que ça te met mal à l'aise de ne pas savoir exactement quelles sont les motivations de Kanon, et surtout de voir à quel point Saori l'aime et lui fait confiance.
-Mais je ne...
-Mais si. Je t'ai bien observé tandis qu'elle passait des jours et des nuits a son chevet après son retour.

Voyons, Jabu, tu n'as pas été bien difficile à deviner. Ecoute, je n'ai pas de conseils à te donner, mais à ta place j'irais voir Kanon et j'éclaircirais ça. Si tu vas aux Enfers en doutant du plus puissant de nous tous, eh bien nous aurons des chances en plus de perdre nos combats.
Sur ces derniers mots, Nachi se leva, fit un petit signe d'adieu à Jabu, et partit en direction du temple où il avait établi ses quartiers.
Après le départ de son ami, Jabu resta en silence assis où il était. En son for intérieur, il devait bien admettre que Nachi avait raison, cette situation était tout simplement ridicule. Ou bien était-il simplement jaloux de Kanon ? Non, ça ne pouvait plus durer. Le seul moyen de calmer ses doutes et de faire le point sur ses sentiments, c'était d'aller voir Kanon lui-même et de lui parler. Oui, c'était bien la chose la plus sage à faire...
Le chevalier de la Licorne se leva, étira ses membres ankylosés et commença à descendre les marches. Il faudrait qu'il songe à demander à Saori d'installer un escalator. Ou peut-être à Kanon, puisque ce dernier était Grand
Pope...

Malgré l'heure un tantinet avancée, Kanon ne dormait pas non plus. Il était simplement assis sur le toit de la maison des Gémeaux, à un endroit parfait pour méditer en regardant le ciel, ou pour surveiller l'horizon.
Il savait qu'il devait se reposer pour être en meilleure forme possible, mais il avait besoin avant tout de se détendre et de méditer un peu. Il pensait surtout à la petite excursion qui les attendrait le lendemain. Il n'avait jamais combattu ni vu combattre les cinq chevaliers de Bronze. Il aurait voulu évaluer leur puissance, mais le temps lui avait manqué, et malgré lui il se demandait si ils seraient capables de combattre des adversaires aussi puissants que ceux qui les attendraient sans doute...
Puis, les pensées du chevalier des Gémeaux virèrent vers Rhadamanthe. Il avait de fortes chances de se retrouver à nouveau face au Juge des Enfers, car ce dernier, en sentant le Cosmos de Kanon, se débrouillerait sans aucun doute pour l'affronter en combat singulier...
Toutefois, ce combat n'aurait rien à voir avec le précédent. Cette fois, Kanon serait protégé par une armure plus puissante que jamais, et il disposerait de toutes ses forces...
Et comment l'accueilleraient les chevaliers d'Or ? Et surtout Saga...

-Kanon ?

Le chevalier des Gémeaux sursauta, et fut en une seconde sur ses pieds en position de défense. Il se détendit en voyant Jabu. Il était si absorbé par ses pensées qu'il n'avait pas fait attention au Cosmos de la Licorne qui se dirigeait vers son Temple...

-Jabu. Entre. Tu veux me parler ?

Kanon savait que Jabu n'avait pas confiance en lui - cela était plutôt évident... - et il se demandait ce que pouvait bien lui vouloir le chevalier de Bronze. Toutefois, il ne montra pas sa curiosité, et se contenta de se rasseoir, imité peu après par Jabu.

-Kanon... Je pense qu'il est nécessaire d'éclaircir certaines choses entre nous, avant que nous ne partions aux Enfers, ou nous devrons nous faire absolument confiance.

Kanon dressa l'oreille, curieux. Jabu semblait avoir réfléchi, après tout. Mais serait-il prêt à lui faire confiance ?

-Je suis d'accord avec toi, chevalier, dit-il simplement.

Jabu hésita un peu, cherchant la meilleure manière de formuler ce qu'il avait dire - et ce n'était pas facile de dire une pareille chose !

-Je... Eh bien, je crois que je ne vous fais pas confiance. Je ne sais pas moi-même pourquoi, et j'ai du mal à clarifier les sentiments que j'éprouve envers vous. Et je me demandais... Je me demandais si vous accepteriez de m'en dire plus sur votre passé.

Kanon garda le silence un moment. Il comprenait les motivations de Jabu, il avait bien vu que le chevalier de la Licorne aimait Saori. Et il comprenait bien mieux que lui le but profond de sa démarche... Il réfléchit un instant, puis prit la parole en pesant ses mots.

-Chevalier de la Licorne, mon passé est en effet assez sombre. Je ne suis pas encore prêt a en parler, ni avec toi ni avec personne. Mais j'essayerais de te dire ce que je peux. Il est vrai que dans le passé, j'ai combattu Athéna. Je la haïssais, et j'aurais fait n'importe quoi pour la détruire et avoir le pouvoir. Et ce sont Seiya et les autres qui ont fini par me vaincre.

Pendant un certain temps, je suis resté seul avec moi-même, et j'ai réfléchi. Je me suis amendé, et j'ai compris quelles avaient été mes erreurs. Et c'est après que j'ai rejoint Athéna. Je ne te dirais pas dans quelles circonstances, ni quand, mais sache que je lui suis désormais fidèle, et que ma vie est sienne.
Kanon se tut un instant, et il regarda Jabu dans les yeux.

-Maintenant, sois honnête avec toi-même, chevalier, et avoue le vrai but de ta visite, qu'il soit conscient ou non. Tu aimes Saori, tu l'aimes plus que tout. Et tu te demandes si il n'y a rien entre elle et moi, car tu vois qu'elle semble avoir de l'affection pour moi ; la peur de la perdre irrémédiablement ronge ton esprit, et tu en es venu à te méfier de moi, non seulement parce que tu veux la protéger, mais aussi parce que tu es jaloux.

Jabu, outré, ouvrit la bouche pour répliquer vertement... et il ne dit rien. Il hésita. Kanon pourrait-il avoir raison ?
Puis il se souvint... Le tournoi, où il avait combattu de toutes ses forces pour qu'elle voie en lui un chevalier courageux. Et tous ses autres combats... Il n'avait pas combattu pour la paix et la justice, mais simplement pour que Saori l'aime et l'admire. Et il s'apercevait maintenant qu'il avait fait tout le contraire de ce qu'il fallait. Un tel comportement ne pouvait engendrer que pitié et mépris, et non pas de l'amour. Voilà pourquoi il n'avait jamais été l'égal de Seiya. Pourquoi se mentir à lui-même ? Kanon avait raison, sur toute la ligne.
Il referma la bouche, l'air misérable. Dans l'ombre, Kanon sourit... Il avait enfin compris. C'était le moment de redresser le clou.

-Je vois que tu as compris. Maintenant, écoute-moi bien : je ne suis pas amoureux de Saori, et elle ne l'est pas de moi. Je suis son chevalier, je l'aime et la vénère, mais ce n'est pas de l'amour comme tu l'entends. Nous sommes plutôt amis qu'autre chose, je suis son chevalier et c'est tout. Maintenant, tu as compris pourquoi tu n'étais jamais devenu autre chose qu'un chevalier de Bronze, mais tu peux encore changer cet état de fait. Combats pour l'humanité, de toutes tes forces et de toute ta volonté, et ton Cosmos se déploiera bien plus que tu n'aurais pu l'imaginer. J'ai fait ce que j'ai pu. Le reste, c'est à toi de le faire. Je compte sur toi pour m'aider demain, aux Enfers. Ne me déçois pas...
-Je... vous avez raison. Maintenant que vous m'avez fait comprendre tout cela, je vois quelles ont été mes erreurs.

Jabu regardait maintenant Kanon avec une certaine admiration. Et il fut heureux que le chevalier lui ait enfin fait comprendre ses erreurs passées. Si il pouvait changer, il s'y emploierait de toutes ses forces...

-Merci, Kanon, dit-il finalement. Je suis heureux que vous ayez été sincère avec moi, et bien que je ne sache pas grand chose de vous, je vous donne ma parole que je ne douterais jamais plus de vous.

Il y eut un moment de silence, puis Jabu finit par dire :

-Je pense qu'il est temps que je parte maintenant.
-Oui, acquiesça Kanon. Retrouve-moi demain avec tes compagnons au pied de la maison du Bélier, à l'aube. Et quoi qu'il arrive, garde courage et espoir.

Jabu hocha la tête sans rien dire, et remonta vers la huitième Maison. Kanon le regarda partir en soupirant.
Espérons qu'il aura compris la leçon...

Le lendemain, Kanon se réveilla le premier. Il faisait nuit dehors, mais le soleil ne tarderait pas à se lever. Le chevalier avala un peu de nourriture à la va-vite, et appela son armure avant de descendre les marches. Il traversa la maison du Bélier en silence, pour ne pas réveiller Kiki, qui s'était endormi devant une armure légèrement abîmée, ses outils autour de lui, et il arriva sur le parvis du premier Temple. Jabu et les autres n'étaient pas encore là, mais ils ne tarderaient pas, si Kanon en croyait ses perceptions, car leurs cosmo-énergies étaient en éveil. En les attendant, le chevalier s'assit et réfléchit à ce qu'il allait faire. Aller aux Enfers serait relativement simple, grâce à son contrôle des dimensions, et cela éviterait aux cinq chevaliers de Bronze de devoir s'éveiller au Huitième Sens - déjà qu'ils étaient loin du Septième, alors le Huitième....
Mais alors qu'il réfléchissait, il sentit une aura extérieure aux douze Temples se diriger vers lui. Il reconnut facilement le cosmos de Marine, ce chevalier d'argent de l'Aigle... Elle était probablement celle qu'il connaissait le mieux au Sanctuaire, mis à part bien sûr Athéna. Elle arriva devant lui en peu de temps, et s'assit à ses cotés.

-Alors, vous allez partir...

Kanon ne pouvait pas voir son visage, mais il pouvait percevoir la tristesse qui se dégageait d'elle.

-Il le faut, dit-il doucement. Nous n'avons aucune chance, sans cela, tu le sais aussi bien que moi.
-Bien sur que je le sais, rétorqua-t-elle avec fureur. Sinon je n'aurais pas voté pour au Conseil. Mais cela ne rend pas les choses plus facile, crois-moi. Savoir que tu vas partir et peut-être ne plus jamais revenir, tout comme...

Elle n'eut pas le courage de prononcer le nom de Seiya. Un silence gêné flotta entre eux deux, avant que Marine ne reprit la parole.

-Mais je ne suis pas venue pour miner ton moral, dit-elle d'un ton plus calme. Je voulais juste te souhaiter bonne chance. Je ne te dirais pas adieu, car je veux que tu reviennes... Et tu n'as pas intérêt à mourir si vite, ajouta-t-elle sur le ton de la plaisanterie, j'ai eu assez de mal à te soigner, ce n'est pas pour creuser ta tombe quelques jours après. Crois-moi, si tu meurs je viendrais t'embêter aux Enfers, à un tel point que tu regretteras de ne pas être encore plus mort !

Kanon sourit.

-Alors je tâcherais de ne pas mourir, l'avenir que tu me décris ne me tente pas...
-C'est fait exprès, répliqua-t-elle d'une voix redoutable. Kanon....

Elle n'en dit pas plus, le ton de sa voix parlait pour elle.

-Eh bien, on ne s'ennuie pas ici...

C'était la voix de Nachi, sur un ton amusé. Kanon, impassible, se tourna vers eux.

-Vous êtes en retard, remarqua-t-il.

Mais une lueur amusée flottait dans ses yeux...

-Enfin, vous êtes là, c'est l'essentiel. Etes vous prêts ?
-Pas encore, il manque Geki, l'informa Jabu. Dis, Kanon, j'ai une question a te poser dont je n'ai pas eu le temps hier. On va comment aux Enfers ?
-Eh bien, nous voyagerons entre les dimensions, donc vous n'aurez pas besoin de vous éveiller au Huitième Sens, ce qui vu votre puissance actuelle vaut mieux.
-Oui... soupira Jabu, songeant probablement au long chemin qui lui restait à parcourir.
-Me voilà !

Geki arrivait en courant, vêtu de son armure.

-Eh bien c'est pas trop tôt, grogna Kanon. On va pouvoir y aller. Vous êtes tous prêts ?

Tous hochèrent la tête en silence, n'ayant aucune envie de parler maintenant que le combat était si proche.

-Bien. Marine, toi et Shina protégez bien le Sanctuaire en notre absence. La sécurité d'Athéna est entre vos mains.
-Ne t'inquiète pas, Kanon, et ne penses qu'à ta mission. Nous défendrons le Sanctuaire au péril de notre vie si nécessaire.

La voix de Marine sous son masque était vraiment belliqueuse... Kanon échangea un regard avec elle, et lui sourit.

-Au revoir... ou adieu.
-Nous nous reverrons, dussé-je aller t'embêter aux Enfers pour que tu en aies assez d'être mort...

Kanon fit brûler son Cosmos, et leva les mains.

-Que se crée une autre dimension !

Et une ouverture inter-dimmensionnelle se créa, aspirant Kanon et les cinq chevaliers de Bronze. Marine croisa une dernière fois le regard de Kanon, puis l'ouverture se referma et la jeune femme se retrouva seule. Elle soupira, anxieuse pour Kanon. Mais ce ne serait pas lui faire honneur que de rester là à pleurnicher sur son sort, elle décida donc d'aller réveiller ses apprenties avec quelques bons coups placés au bon endroit. Les pauvres disciples, encore plongées dans un sommeil réparateur, dormaient tranquillement, ne se doutant pas de ce qui les attendaient...

-Allons, debout !

Héra était tranquillement installée dans son palais lorsqu'un de ses serviteurs vint lui annoncer en tremblant la présence de Ganymède.

-Misérable ver de terre, fais-le donc entrer !

Le serviteur ne se le fit pas dire deux fois (encore que la deuxième fois il aurait eu des chances de se l'entendre dire au travers d'oreilles d'âne ou autre plus ou moins ragoûtantes) et laissa entrer le jeune homme.

-Bonjour, Héra.
-Ganymède. Tu as des nouvelles à m'apprendre ?
-Oui, et je crains qu'elles ne vous plaisent pas.
-Eh bien, je t'écoute.
-J'ai finalement découvert quels étaient les plans de Kanon. Maintenant que son armure est réparée, il a décidé d'aller aux Enfers, afin de rechercher les chevaliers morts lors de la dernière Guerre Sainte.

Héra lâcha son verre de Nectar, qui se brisa à terre.

-QU'AS-TU DIS ? ? ?
-J'ai dit, répéta Ganymède de sa voix toujours aussi calme, que Kanon est allé aux Enfers rechercher les chevaliers d'Or et les chevaliers Divins, accompagné de cinq chevaliers de Bronze de moindre puissance, mais avec un grand potentiel. D'après mes sources, Perséphone, qui a réussi à maintenir le Royaume des Morts, n'a pas l'intention de le laisser faire, et enverra ses guerriers pour l'empêcher de réussir. Toutefois, les Spectres étant morts, mis à part le juge Rhadamanthe, elle ne pourra compter que sur ses propres troupes, qui ne sont guère expérimentées bien que puissantes.
-Cela suffit, je ne laisserais pas ce Kanon continuer à bouleverser mes plans. Il devient très dangereux, il faut intervenir.
-Voulez-vous que je m'en charge moi-même ?
-Non. Envoie l'un de tes disciples. Si cela ne suffit pas, il sera toujours temps que tu interviennes.
-Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, Héra. Kanon est puissant, sans doute plus que mes disciples. Ils sont jeunes, et peu expérimentés, même si j'ai toute confiance en eux.
-Cela suffit. Formés par toi, tes disciples sont d'une puissance que j'ai évaluée moi-même. Cela devra bien suffire. Ma décision est prise.
-Je ne suis pas de votre avis, mais j'obéirais si tels sont vos ordres.
-Oui, répliqua Héra d'un ton cassant, ce sont mes ordres. Va maintenant.

Sans un mot, Ganymède quitta la pièce.

-Fais-moi chercher Raï, ordonna-t-il au serviteur le plus proche.

-Vous m'avez fait appeler, maître ?

Ganymède se retourna et aperçut un jeune homme vêtu d'une longue robe noire, et dont le visage était caché par une capuche.

-Oui, Raï, je t'ai fait appeler. Je vais te charger d'une mission importante, par ordre d'Héra. Cela ne me plaît pas, mais c'est un ordre, et malgré mes protestations, Héra a refusé d'entendre raison et de m'y envoyer. J'ai jugé que tu étais celui qui avait le plus de chances de réussir.
-Ne vous inquiétez pas pour moi, maître.

Ganymède poussa un soupir, puis reprit la parole :

-Je ne peux m'empêcher de craindre pour toi. Enfin, Héra a l'intention d'arrêter les chevaliers de Bronze et Kanon. Ils sont sur le point de se rendre aux Enfers, tu devras donc aller les combattre là-bas.
-Je ferais de mon mieux, maître.
-Je le sais bien. Va, maintenant. Inutile de parler de cette mission à Galaor et aux autres disciples.
-Comme il vous plaira.

Raï fit un léger geste de main, et murmura :

-Transfert.

Il disparut aussitôt. Ganymède soupira, et secoua la tête... Il se leva et marcha de long en large dans la pièce. Il se demandait malgré lui si Raï serait vainqueur de ses adversaires. Ce serait toutefois une bonne épreuve pour le jeune homme, et cela lui apprendrait beaucoup de choses... Si il en sortait vivant.

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Cette fiction est copyright Steph Bréant.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.