Chapitre 3 : Descente aux enfers


Kanon et ses compagnons se firent ballotter au travers des dimensions. Le chevalier des Gémeaux devait guider les chevaliers de Bronze, et ce n'était pas facile, mais il parvint finalement à repérer la bonne dimension à travers le maelström au milieu duquel il se trouvait, dans le subespace.
Kanon était parfaitement au courant des dangers qu'il risquait à utiliser ainsi son pouvoir ; s'il ne trouvait pas la bonne dimension, il risquait de se perdre à jamais dans le subespace a la recherche de sa dimension d'origine, et condamné à mourir en sachant la terre condamnée. Mais il s'était préparé à courir ce risque, et concentrant toute sa volonté il parvint à trouver la bonne dimension et à les mener tous aux Enfers. Une déchirure s'ouvrit dans le subespace et laissa retomber les six chevaliers à terre.
Kanon promena son regard autour de lui ; il reconnut sans peine l'endroit ou il se trouvait. Le seuil même des Enfers, devant le fleuve Acheron. Le chevalier des Gémeaux ne fit guère attention au paysage alentour, contrairement aux cinq chevaliers de bronze qui regardaient avec une certaine circonspection, pour ne pas dire avec effroi, les lieux.
Mais Kanon était perturbé par autre chose ; il sentait une étrange cosmo-énérgie, sans pouvoir la localiser précisément, il savait qu'elle n'était pas loin, et elle avait quelque chose de familier.
Toutefois, Kanon ne laissa rien voir de cette impression aux cinq chevaliers de Bronze, et garda le silence tandis que ses compagnons essayaient de voir ou ils avaient atterri.

- Ou sommes-nous ? s'enquit Jabu.
- Devant le Fleuve Acheron, l'informa Kanon. D'ailleurs nous ne devrions pas tarder à voir arriver le passeur.
- Ah, parce qu'il y a un passeur ?
- Bien sûr, comment voudrais-tu traverser sinon ?
- Euh… Ben, a la nage !
- Mais oui, c'est ça... Tu devrais pourtant te douter que l'Acheron n'est pas un fleuve ordinaire, Jabu.
- Bah…
- Bon, c'est pas grave.
- Et ce passeur, on devra le vaincre ?
- Non, bien sur. Il suffira de le payer.
- Avec quoi ?

Kanon eut un soupir agacé.

- J'ai de quoi payer le passage pour nous six. Maintenant cesse de poser des questions idiotes, et attends.

Jabu se tut, offusqué que Kanon lui parle ainsi. Mais il préféra ne pas répliquer, car Kanon était non seulement le plus puissant chevalier du Sanctuaire actuellement, mais aussi le chef de l'expédition, et en plus le Grand Pope. Il était donc clair que Jabu lui devait obéissance.
Ils n'eurent pas à attendre longtemps, le bruit d'une rame plongeant dans l'eau leur parvint et un homme à bord d'une barque arriva. En fait, s'aperçut Jabu, ce n'était pas à proprement parler un homme, il semblait plutôt être…
Une âme. Simplement une âme. C'était logique, en y réfléchissant bien, puisqu'il était mort durant la guerre Sainte.

- Bonjour. Vous voulez traverser, je suppose. Mais… Vous êtes en vie ? Rhalala, c'est une manie d'aller aux Enfers en étant vivant, ces derniers temps !
- Peu importe, répliqua Kanon, voici de quoi payer le passage.

Le chevalier des Gémeaux lui jeta une bourse bien remplie, et fit signe aux cinq chevaliers de Bronze de monter dans la barque. Jabu regarda avec circonspection la barque, comme si il s'attendait à la voir disparaître comme une illusion, mais elle était bien réelle, et Jabu dut s'embarquer. Le chevalier de la Licorne n'était pas vraiment heureux, vu qu'il n'avait pas la moindre envie de faire trempette - surtout après ce que venait de lui dire Kanon - et qu'il ne se sentait absolument pas en sécurité sur l'embarcation, étant donné que si il avait essayé de lancer le Galop de la Licorne, il aurait eu de grandes chances de passer par dessus bord... Le jeune homme regarda avec jalousie Kanon, qui lui semblait parfaitement détendu et à l'aise tandis que Charon manœuvrait sa barque afin d'atteindre l'autre rivage.
La traversée ne dura pas longtemps, et les six chevaliers furent bientôt de l'autre coté. Une fois Charon reparti, Kanon se tourna vers les cinq chevaliers de Bronze et prit la parole :

- Bien, maintenant qu'on est là, il me semble qu'il faut que je vous donne quelques petits détails. Pour arriver au Cocyte, nous devrons traverser huit prisons. Maintenant que Hadès n'est plus, les Spectres ont du disparaître, mis à part l'un des Juges des Enfers, Rhadamanthe du Wyvern. Malheureusement, il est très puissant, mais il faudra faire avec. Mis à part Rhadamanthe, j'ignore si nous nous trouverons face à quelqu'un, mais tenez vous prêts à tout quoi qu'il arrive.
- OK, pas de problème, fit Nachi, optimiste. On file au Cocyte, on ramène nos copains au Sanctuaire et ensuite on se fritte Arès.
- Comme si c'était si facile, grogna Jabu. Mais je n'aime pas cet endroit, il a une atmosphère vraiment désagréable. On se sent comme oppressé...
- Moi, murmura Kanon, ce n'est pas ça qui m'inquiète.
- Ah bon ? Demanda Nachi, curieux. Et qu'est-ce qui vous inquiète ?
- Les Enfers, ils sont si calmes. Après la mort d'Hadès, ça devrait être le chaos, mais tout est calme et silencieux, comme si il n'y avait jamais eu de guerre ici. C'est ça qui me dérange.
- C'est vrai que c'est étrange, dit Jabu. Mais on aura sûrement la réponse de tout ça quand on sera arrivés au Cocyte.
- Je l'espère, fit Geki, optimiste.

Tout aussi silencieux qu'à leur habitude, Ban et Ichi n'avaient pas dit un mot depuis leur départ. Peut-être pour ne pas laisser voir leur peur...

- Bon, c'est pas tout ça, mais on a des chevaliers à sauver, nous. En avant, fit Nachi avec son inébranlable optimisme.

Kanon retint un sourire, et leur fit signe de le suivre. Les six chevaliers escaladèrent les marches menant à la deuxième prison, toutefois avec prudence et circonspection.
Le paysage n'était pas à proprement parler engageant, mais après tout, si les chevaliers sacrés avaient affronté et vaincu nombre d'adversaires, ce n'était pas pour trembler devant ça.
Ils avancèrent un certain temps, et rien ne vint troubler leur marche, ce qui loin de rassurer Kanon, ne faisait que l'inquiéter davantage. De plus, il percevait toujours l'étrange cosmos qu'il avait senti dès son arrivée aux Enfers, et il avait le sentiment que cette cosmo-énérgie lui était connue, mais il ne parvenait pas à retrouver où il l'avait déjà sentie. Tout cela lui donnait une impression de malaise et d'appréhension. Il ne cessait de regarder autour de lui, comme si il craignait quelque chose, et les cinq chevaliers de Bronze ne manquèrent pas de le remarquer. Toutefois, sachant qu'une question de leur part serait malvenue, ils prirent le parti de se taire.
Escalader les escaliers leur prit peu de temps, mais il faut dire qu'au Sanctuaire ils avaient l'habitude. Ils arrivèrent donc bientôt au temple qui menait à la deuxième prison.

- Restez derrière moi, ordonna Kanon.

Il préférait être en avant au cas où, il savait être mieux préparé que les cinq chevaliers de Bronze aux surprises qui pouvaient les attendre, et il ne voulait pas perdre l'un des cinq chevaliers avant même qu'ils aient pu combattre.
Les chevaliers obéirent en silence, et suivirent Kanon alors qu'il s'avançait sur le parvis du Temple.
Que de souvenirs cela éveillait en lui... Son combat contre Rune, quant il avait rejoint les rangs d'Athéna... La guerre contre Hadès...
Soudain, il se figea. Il venait de reconnaître la puissante cosmo-énérgie qu'il percevait depuis son arrivée aux Enfers. Une cosmo-énérgie qui ne lui était pas inconnue...
Sans un mot d'explication, il reprit la marche, et les chevaliers de Bronze bien qu'étonnés, le suivirent sans poser de question. Mais soudain, Jabu se figea en poussant un cri de surprise, et Kanon lui-même s'arrêta.
A l'entrée du temple, un homme brun, vêtu du sombre surplis des Spectres semblait attendre. En les voyant arriver, il s'avança vers eux, un sourire ironique sur le visage.
Kanon ne s'était pas trompé ; il s'agissait bien de Rhadamanthe...

- Ainsi, nous revoilà face à face, dit le Wyvern après un moment de silence. Je ne pensais pas te revoir si tôt aux Enfers... Et je vois que tu portes une magnifique armure, désormais.

Mais derrière son apparence d'ironie et d'amusement, Rhadamanthe se sentait quand même un peu inquiet. Il percevait plusieurs détails troublants chez Kanon et ces cinq chevaliers de Bronze... Il y avait quelque chose qui n'allait pas.
Les chevaliers de Bronze ne connaissaient pas Rhadamanthe et le fixaient avec une certaine nervosité. Le cosmos du Wyvern était très puissant, et cela les inquiétait.

- Qui est-ce ? s'enquit Jabu, quelque peu étonné de voir que Kanon semblait connaître cet inconnu.

Mais le chevalier des Gémeaux ne fit pas attention à lui et regardait tranquillement Rhadamanthe.

- Que viens-tu faire ici, chevalier des Gémeaux ? s'enquit Rhadamanthe, car il était clair que Kanon ne ferait pas le premier pas. Tu n'as plus rien à faire aux Enfers, maintenant qu'Hadès est vaincu.
- Je suis certain que tu as perçu la réincarnation d'Arès, Rhadamanthe. Et tu te doutes certainement que pour ce combat nous aurons besoin de toutes nos forces. Dans l'état actuel du Sanctuaire, il serait impossible de résister à Arès et à ses armées, et la terre serait aux mains de ce fou sanguinaire. C'est pourquoi, pour cette occasion exceptionnelle, je suis venu rechercher les chevaliers d'Or ainsi que les cinq chevaliers Divins.

Rhadamanthe resta un instant songeur.

- Dis moi, chevalier des Gémeaux, sais-tu pourquoi les Enfers sont intacts, alors qu'Hadès n'est plus ? Je vais te le dire. C'est parce que Perséphone, épouse du seigneur Hadès, a réussi à empêcher la destruction du Meikai.

Le regard de Rhadamanthe se teinta d'ironie.

- Vous, les chevaliers sacrés, les saints au service d'Athéna, les défenseurs de l'humanité, vous avez failli causer sa perte, et ce n'est que grâce à sa majesté Perséphone que les Enfers existent encore. Sans elle, il n'y aurait plus de royaume des morts, et sur terre il y aurait à l'heure actuelle des morts-vivants, sans âme mais incapable de mourir, semant mort et destruction sur leur passage. J'en viens presque à trouver dommage que sa majesté Perséphone soit intervenue.

Le Spectre du Wyvern sourit en regardant Kanon, et il ajouta d'un air ironique :

- Mais... Dis- moi, tu es vraiment venu rechercher les chevaliers d'Or ? Tu ne sais pas ce qui leur est arrivé ?

Rhadamanthe éclata de rire, semblant réellement amusé par la situation. Kanon, pour sa part, resta impassible en écoutant Rhadamanthe.

- Et c'est ta déesse qui t'envoie, je suppose ? Eh bien, je vais t'apprendre une chose, Kanon des Gémeaux. Lors de la destruction du Mur des Lamentations, il y a eu un dégagement d'énergie tel que les corps des douze chevaliers d'Or ont été désintégrés. Ils ne pourront jamais quitter les Enfers, puisque il ne reste plus d'eux que leur âme, qui est emprisonnée à jamais dans le Cocyte ! Comment croyais- tu pouvoir les ressusciter, puisque ils n'ont plus de corps matériel ?

Rhadamanthe hurla de rire en continuant :

- Athéna est une pauvre gourde de ne pas y avoir songé ! Et elle a commis l'erreur de te faire courir mille dangers en t'envoyant ici ! Quelle idiote ! Mon pauvre Kanon, comment peux-tu avoir donné ta loyauté à cette imbécile ? Tu mérites mieux, je t'assure ! Elle n'avait même pas pensé qu'il est impossible de rendre la vie aux chevaliers d'Or. Ce n'est en définitive qu'une déesse de pacotille, et il semble que la vie de ses hommes lui importe peu, vu qu'elle t'a envoyé courir mille dangers ici, tout ça pour rien ! Pfff, et elle se croit capable de protéger la terre ? Non, vraiment, sa réincarnation actuelle n'est pas des plus futées...

Le Wyvern secoua la tête avec ironie, se moquant ouvertement d'Athéna, mais Kanon garda le silence, apparemment indifférent à ses sarcasmes. Les chevaliers de bronze en revanche fixaient Rhadamanthe, ébahis et consternés. Disait-il la vérité ? Se pouvait-il qu'Athéna ait oublié un détail aussi crucial ?
Kanon soupira intérieurement, Rhadamanthe avait atteint son but, faire naître le doute chez les chevaliers de bronze envers Athéna. Il n'y avait pas à dire, le Spectre était doué, mais Kanon n'entendait pas se laisser avoir. Il fallait seulement espérer que les chevaliers de bronze ne répondraient pas aux provocations de Rhadamanthe, mais ça n'était pas gagné d'avance.
Pourtant, il n'y avait pas encore à s'affoler. Ce que lui avait dit Rhadamanthe était contrariant, certes, et ce n'était pas prévu, mais Kanon avait un plan de rechange. Moins facile, moins direct, avec moins de chances de succès, mais en définitive peut-être plus efficace. Avec un peu de chance et si ce crétin de Jabu ne déclenchait pas une guerre inutile en disant des âneries, tout devrait aller pour le mieux.

- C'est à se demander où elle trouve autant de crétins prêts à devenir ses chevaliers, poursuivit Rhadamanthe avec ironie. A moins qu'elle n'ait quelque chose de... hmmm... tentant à leur offrir en sus de leur armure ? continua Rhadamanthe avec une ironie flagrante et un sous- entendu évident, qui n'était pas du tout du goût de Jabu, peut-être parce qu'il n'était pas tout à fait faux.
- Ca suffit !

Jabu avait perdu son sang-froid en entendant Rhadamanthe insulter ainsi sa déesse.

Et c'est parti... Jabu est parfois un empoté... Et même plus souvent qu'à son tour. Ses frères ont eu au moins l'intelligence de ne pas bouger et de se taire. Mais il faut aussi prendre en compte le fait que ses frères ne sont pas amoureux d'Athéna, eux... songea Kanon avec un sourire ironique et un brin d'agacement face au comportement de Jabu. Décidément, Kanon se demandait s'il n'était pas un cas irrécupérable.

- Comment oses-tu parler ainsi d'une déesse telle qu'Athéna ? Demande lui pardon à genoux !

Rhadamanthe regarda le chevalier d'un air amusé.

- M'agenouiller, moi ? Ha ! Tu crois vraiment que je demanderais pardon à Athéna ? Tu es aussi fou que tu es faible, chevalier !
- Alors, je vais t'apprendre la politesse et te faire payer tes blasphèmes ! Par le Galop de la Licorne !

Et Jabu fonça sur Rhadamanthe à une vitesse de mach dix. Il s'était grandement amélioré ces derniers jours, et sa vitesse était largement supérieure à celle des chevaliers d'Argent.
Toutefois, comparé à Rhadamanthe, il n'était rien de plus qu'un moustique agaçant. Alors que Jabu se jetait sur lui, Rhadamanthe ne bougea même pas.
Mais quand Jabu arriva à sa hauteur, il lui asséna un coup fulgurant, qui fit valser le chevalier de la Licorne à une bonne dizaine de mètres, et fendit son casque sur une bonne dizaine de centimètres.

- Oh, tu vas voir !

Jabu tenta de se relever pour se jeter une nouvelle fois sur Rhadamanthe, mais il en fut empêché par une main ferme. C'était Kanon, qui le retenait, et qui le foudroyait du regard.

- Imbécile ! Tu tiens vraiment à te faire tuer ? Quoique si tu ne te décides pas a grandir, ce ne soit pas une grande perte. Et maintenant, tiens-toi tranquille. Je pensais que tu avais quelque peu mûri, ces derniers temps, mais je constate qu'il n'en est rien. Arrête de faire n'importe quoi !
- Mais...
- Tu te tais, Jabu, tu te tais.

Humilié mais impuissant, le chevalier de la Licorne se renferma dans un silence rageur. Toutefois, il devait aussi avouer qu'il était effrayé par la puissance de Rhadamanthe. Il n'avait même pas vu venir le coup, et en ramassant son casque, qui avait roulé à terre, il remarqua aussi que d'une simple pichenette, le Spectre avait fendu son casque.
Les autres chevaliers de Bronze étaient également très impressionnés par ce qui venait de se produire. Ils avaient été incapables de voir le coup que Rhadamanthe avait porté à Jabu, et ils s'apercevaient de l'immense fossé qui les séparait d'un guerrier du niveau du Spectre du Wyvern. De plus, ils étaient complètement anéantis moralement à cause des paroles de Rhadamanthe. Etait-il possible qu'ils soient venus pour rien ? Qu'il soit impossible de sauver les chevaliers d'Or ? Est-ce que la terre était perdue ?
Pourtant, Kanon ne semblait pas inquiet. Il regardait tranquillement Rhadamanthe, l'air impassible. Il n'était pas vraiment étonné par ce que lui avait dit Rhadamanthe à propos de Perséphone, car Athéna l'avait prévenu avant son départ.
Elle l'avait fait venir après avoir parlé aux chevaliers de Bronze, et lui avait fait part de ce qu'elle avait ressenti avant de quitter le Meikai. Saori avait senti Perséphone arriver, et elle avait compris que l'épouse d'Hadès sauverait les Enfers en attendant le retour de son époux.
Kanon avait été d'abord soulagé, en comprenant que les Enfers ne risquaient pas d'être détruits, et il ne s'était pas trop inquiété du fait que Perséphone pouvait essayer de l'arrêter, car il savait qu'elle détestait Arès. Elle ne ferait rien qui puisse l'aider, et n'essayerait pas de façon très convaincante d'arrêter Kanon. Il devait avouer que la puissance de la reine des Enfers était supérieure à ce qu'il avait imaginé. Il ne pensait pas qu'elle parviendrait à maintenir les Enfers ainsi. Même si elle était obligée d'insuffler son Cosmos dans les Enfers, elle les maintenait dans une stabilité impressionnante. Il faudrait être prudent par la suite.
C'est pourquoi il restait tranquille et impassible, tandis que les chevaliers de Bronze, pour leur part, semblaient effondrés. Et cela inquiétait quelque peu Rhadamanthe, qui s'étonnait de l'apparente indifférence avec laquelle Kanon écoutait ce qu'il lui disait. D'ailleurs, il y avait pas mal de choses étranges. Déjà, ces chevaliers de Bronze, même si ils n'étaient guère puissants, bénéficiaient de la protection d'Athéna elle-même ; Rhadamanthe la sentait facilement avec son sixième sens. C'était sans doute pour cela que Perséphone n'avait pas pu les prendre sous son contrôle comme elle le faisait de tous ceux qui ne possédaient pas Arayashiki.
De plus, Kanon portait une armure d'or étincelante et d'une puissance extraordinaire. Où avait-il donc déniché cette armure ? Elle ressemblait à l'armure d'Or des Gémeaux, mais ce n'était pas elle, Rhadamanthe en était certain.
Oui, décidément il y avait trop de choses étranges... Rhadamanthe avait un mauvais pressentiment pour la suite des événements, il avait presque l'impression que tout cela ne tournerait pas à l'avantage de Perséphone. Mais il se garda de faire un jugement hâtif et se contenta de fixer Kanon avec un regain d'intérêt.
De son coté, Kanon, derrière son apparence d'indifférence froide réfléchissait rapidement. Il avait déjà prévu ce qu'il allait faire, mais il cherchait le meilleur moyen de le dire à Rhadamanthe pour parvenir à ses fins. Enfin, après un moment de silence il se décida à prendre la parole :

- Rhadamanthe, je demande une audience à sa majesté Perséphone.

Les chevaliers de Bronze le fixèrent, ébahis. Une audience ? Kanon voulait parler à Perséphone, à l'épouse du Dieu des Enfers ?
Le chevalier des Gémeaux avait certainement un plan, songea le chevalier de la Licorne, mais lequel ? Jabu n'y comprenait plus rien, pas plus d'ailleurs que ses frères.
Le Spectre du Wyvern fronça les sourcils en entendant l'audacieuse requête. En temps normal il aurait répondu d'un éclat de rire et d'un coup mortel à son adversaire, mais c'était Kanon qui avait fait la demande, et le chevaliers des Gémeaux avait plus que gagné son respect. C'est pourquoi il se contenta de répondre d'une voix égale.

- Il n'en est pas question. Un simple chevalier, même si il a le rang de chevalier d'Or ne polluera pas l'atmosphère de sa majesté par sa présence. Je suis désolé pour toi, Kanon, mais tu ne passeras pas.

Le chevalier des Gémeaux réfléchit quelques instants, et sourit légèrement.

- Peut-être un simple chevalier ne peut-il pas déranger sa majesté Perséphone, répliqua Kanon, mais sache que je ne suis pas simplement le Gardien du troisième Temple mais aussi le Grand Pope du Sanctuaire. Aussi n'est-ce pas en tant que chevalier que je demande à voir Perséphone, mais en tant que Grand Pope et représentant d'Athéna, qui a fait le déplacement jusqu'ici pour lui parler.

Le Wyvern se mordilla les lèvres, hésitant. Mais, finit-il par décider, même le Grand Pope du sanctuaire ne pouvait parler à Perséphone. Surtout maintenant qu'Hadès n'était plus. D'ailleurs Perséphone n'avait sans doute pas envie de voir un intrus.

- C'est impossible, il n'en est pas question, déclara-t-il.

Rhadamanthe et Kanon se foudroyèrent mutuellement du regard, et ils se fixèrent en chien de faïence pendant un long moment, aucun ne voulant céder. Le chevalier des Gémeaux était vraiment décidé à parler à la reine des Enfers, quoi qu'il lui en coûte.
Si cela était nécessaire, Kanon était prêt à se battre contre le Spectre du Wyvern pour arriver jusqu'à Perséphone, mais il préférait garder cette option pour la dernière extrémité. Aussi son regard ne fléchit-il pas devant celui de Rhadamanthe.
Les cinq chevaliers de Bronze ne sachant quoi faire, restaient immobile à regarder les deux protagonistes, et se demandaient ce que Kanon avait prévu de faire. Jabu commençait même à se demander pourquoi Kanon leur avait demandé de venir, non seulement ils ne lui avaient pas été d'une très grande utilité pour l'instant, mais en plus le chevalier d'Or n'avait pas cessé de rabrouer le chevalier de la Licorne...
Cela dura plusieurs minutes, et ça promettait de continuer comme ça un bon bout de temps, mais soudain les sept guerriers ressentirent quelque chose d'étrange qui vint rompre la scène figée des deux hommes.
Rhadamanthe sourit et tourna la tête, et Kanon lui-même sursauta.
Ils venaient de ressentir un Cosmos très puissant, pas autant que Poséidon, mais indéniablement divin, qui se déployait dans tous les enfers. En fait, comprit Kanon, ce cosmos était en permanence présent partout dans les enfers, mais diffus et faible, et c'était pourquoi Kanon n'y avait pas fait plus attention auparavant. Maintenant, ce cosmos divin se dévoilait dans toute sa puissance. Mais étrangement, il exhalait une tristesse et une mélancolie intense... Et Kanon le reconnut. Il n'y avait pas à s'y tromper, c'était bel et bien le cosmos de la Reine des Enfers.
Le chevalier des Gémeaux ferma les yeux, et il entendit distinctement la voix de Perséphone alors qu'elle communiquait télépathiquement.
Même Jabu et les chevaliers de Bronze purent entendre la voix de la déesse Perséphone.

- Rhadamanthe, j'accepte de recevoir le chevalier des Gémeaux et Grand Pope, et lui seul. Que les autres chevaliers attendent ici, et soient surveillés par des soldats de ma garde.

Rhadamanthe intensifia son Cosmos pour répondre à Perséphone.

- Il en sera comme vous le désirez, majesté Perséphone.

Puis il releva la tête, et Kanon hocha la tête.

- Vous cinq, dit-il aux chevaliers de Bronze, vous m'attendez ici. Défense de bouger, c'est bien compris, Jabu ?
- Mais... tenta de protester Jabu.
- Pas de mais, riposta Kanon. Tu restes ici et c'est tout. Et ça compte aussi pour vous, ajouta-t-il à l'intention des autres chevaliers.

Jabu baissa la tête, furieux. Mais il savait bien qu'il ne pouvait rien dire. Les autres Bronzes acceptèrent avec davantage de bonne grâce les ordres de Kanon, et s'installèrent tranquillement pour attendre, certains que le chevalier des Gémeaux saurait se débrouiller seul.
Rhadamanthe intensifia son Cosmos, et se téléporta lui-même avec Kanon. Le paysage alentour se brouilla et disparut complètement avant d'être remplacé par une grande salle de pierre.
Le chevalier d'Or étant un maître des Dimensions, il sut sans difficultés reconnaître ou l'avait emmené Rhadamanthe : dans la salle du trône d'Hadès.
Il regarda tout autour de lui. La salle était somptueusement décorée, mais ce n'était pas ça qui attirait son attention.
Assise sur le trône se tenait une jeune femme, semblant presque trop petite pour l'immensité du trône Divin, toute vêtue de noir. Ses cheveux étaient de la même couleur de jais, et son visage était pale et triste ; ses yeux étaient rouges et gonflés, et on pouvait voir qu'elle n'avait que peu dormi et beaucoup pleuré récemment.
Seuls son regard d'un doux bleu azur donnait un peu de gaieté dans l'ensemble, des yeux majestueux et si tristes...
Il n'y avait pas à s'y tromper, et Kanon sut immédiatement devant qui il était : cette jeune femme était la Déesse Perséphone elle-même.
A ses cotés, plusieurs guerriers dont le cosmos, bien que surpuissant, n'était pas agressif se tenaient, semblant être en alerte et prêts à tout moment à se battre. Le chevalier d'Or devina sans peine qu'ils faisaient office de garde rapprochée de Perséphone.
S'avançant vers le trône, Kanon s'arrêta à un ou deux mètres de Perséphone et mit un genou en terre. Même si elle n'était pas celle qu'il servait, elle était quand même une déesse et tant qu'elle n'était pas en guerre contre Athéna Kanon devait lui montrer le respect qui lui était dû.

- Majesté, je suis le chevalier d'Or Kanon des Gémeaux, Gardien du Troisième Temple, Grand Pope du Sanctuaire et représentant d'Athéna sur terre, envoyé par Athéna elle-même.

Kanon s'était entièrement présenté d'une voix égale, rappelant ainsi subtilement à Perséphone qu'il n'était pas un simple chevalier. Elle sourit en comprenant le message, mais son visage reprit bientôt son expression douloureuse et triste. De tout son être s'exhalait une douceur étrange pour l'épouse du Dieu des Morts. Malgré sa sombre allure physique, elle semblait si différente d'Hadès…
Quand elle prit la parole elle parla d'une voix douce et bien timbrée, en parlant presque à mi-voix même si sa voix résonnait clairement dans la pièce.

- Chevalier des Gémeaux, j'ignore ce que tu me veux, mais avant que tu ne me dises quoi que ce soit je tiens à te mettre en garde.

Elle marqua un temps de silence et ferma les yeux, avant de continuer d'une voix égale.

- Quand Hadès est venu me chercher, ou plutôt quand il m'a enlevée, il m'a montré ce que je n'avais vu jusqu'à présent. Il m'a montré la douceur du contact avec les autres, la beauté de la vie quand on la passe avec un autre être... Il m'a promulgué amour et intérêt en m'emmenant dans les Enfers ou il a fait de moi sa reine. Pendant tout ce temps ou j'étais avec Hadès, j'ai été la plus heureuse des déesses. Et je l'aime plus que tout, il est ma vie, ma lumière... sans lui, je ne suis plus rien. Il est tout ce qui importe dans ma vie.

Pourtant je n'étais pas à ses cotés durant la guerre Sainte. J'étais avec ma tendre mère, Déméter, et je n'ai pas pu intervenir. Si j'avais été la... Sans doute les choses auraient elle été différentes...
Mais durant cette guerre, Athéna a tué mon tendre époux. Elle a fait ce qu'aucun être n'est en droit de faire, pas même Zeus ; elle a tué un Dieu. Je ne peux pas la blâmer de s'être défendue. Mais je la haïrai éternellement pour avoir tué Hadès.
En tuant Hadès, elle a provoqué la destruction d'Elysion. Si je n'étais pas intervenue, tous les Enfers se seraient écroulés. Mais Hadès avait insufflé son Cosmos dans son royaume. Je ne suis pas assez puissante pour remettre les Enfers en place, et je suis obligée de maintenir mon Cosmos en permanence pour empêcher qu'ils ne s'écroulent.
Et c'est pour cela que je n'ai pas encore tué Athéna.
Des larmes avaient coulé sur le visage de Perséphone alors qu'elle évoquait Hadès. Mais subitement, elle les rouvrit et Kanon vit de la haine briller au fond de ses prunelles.

- Mais elle ne perd rien pour attendre. Mon divin père, Zeus, m'a ordonné de ne m'occuper que des âmes. Mais il m'a donné sa parole que j'aurais ma vengeance. Cette garce paiera pour ses crimes !

Soudain, Perséphone sembla se rappeler que c'était justement un chevalier d'Athéna qu'elle avait en face d'elle...
Kanon ne disait mot, gardant un parfait contrôle de ses gestes et ne semblant pas étonné. Mais au fond de lui-même, il était stupéfait. Il n'imaginait pas qu'une déesse, et encore moins Perséphone puisse aimer avec un telle intensité. Si ça avait été Aphrodite, passe encore, et pourtant elle était réputée de mœurs légères, mais Perséphone...
Elle serait peut-être un danger plus tard. Si Zeus lui avait vraiment promis une revanche, Athéna serait en danger.
Il leva la tête, et il vit les larmes qui brillaient sur le visage de Perséphone tandis qu'elle murmurait doucement.

- Mon beau Hadès...

Mais cet instant de faiblesse ne dura guère, elle reprit rapidement son sang-froid.
Kanon soupira. C'était le revers de la médaille, l'autre côté de la guerre. Et si Athéna pleurait la mort de Seiya, Perséphone était désespérée par la mort d'Hadès. Pourquoi fallait-il que les guerres soient si laides...
Soudain, Kanon prit conscience qu'il se laissait aller dans la sentimentalité. Sévèrement, il reprit le contrôle de ses émotions ; il était un chevalier sacré, il n'avait pas le droit de ressentir ce genre de choses...
Perséphone mit fin a cette scène pénible en se redressant. Elle avait repris le contrôle d'elle-même, et avait essuyé ses larmes. Malgré sa détresse, elle était encore la dignité incarnée.

- Mais assez parlé de tout cela. Je t'ai expliqué ma position vis-à-vis d'Athéna, chevalier, maintenant je t'écoute. Quel est le but de ta visite ?

Kanon garda le silence un moment, essayant de rassembler ses pensées et de les exprimer de façon claire. Il devait convaincre Perséphone, tout comme il avait convaincu Héphaïstos, l'avenir des humains en dépendait.

- Comme vous l'avez certainement senti, Arès s'est réincarné il y a peu. Il ne fait aucun doute que son but est de vaincre Athéna et de prendre possession de la terre. Le Sanctuaire est actuellement très démuni de défenseurs de haut niveau et même de bas niveau. C'est pour cette raison que je suis venu vous demander de nous rendre les chevaliers Divins et d'Or.

Perséphone n'hésita qu'un instant.

- NON ! Il n'en est pas question, le destin de ces chevaliers ne peux être rompu. Ils ont été jetés dans le Cocyte, ils y resteront. Je ne veux ni ne peux accéder à votre requête, Grand Pope. Vous n'avez plus rien à faire ici, j'exige votre départ immédiat.

Kanon planta ses yeux bleus dans le regard azur de Perséphone, sans bouger un muscle. L'un des hommes se trouvant à côté du trône de Perséphone s'avança d'un pas et prit la parole d'un ton belliqueux.

- As tu entendu ce qu'elle t'as dit ? Déguerpis, chevalier ! Disparaît !

Kanon ne détourna pas son regard de celui de Perséphone et prit calmement la parole malgré l'impolitesse de l'inconnu.

- Majesté, j'ai juré à Athéna que je réussirais à mener a bien la mission qui m'a été confiée. Je préfère mourir que de revenir bredouille. Ecoutez moi. Le Sanctuaire a absolument besoin des Saints morts durant la guerre pour avoir une chance de tenir tête à Arès, l'avenir du monde est en jeu !

Un silence passa.

- Je vous en prie, fit doucement Kanon.

Il ne se rappelait pas avoir jamais dit ces mots auparavant, mais maintenant il n'avait pas honte de les prononcer, car c'était pour honorer le serment fait à Athéna.
Perséphone ne dit rien, elle réfléchissait. Puis enfin, après un long silence elle parla lentement en pesant bien ses mots.

- Je ne menacerais pas la terre. Mais je ne la sauverais pas. Zeus m'a appris qu'Hadès avait perdu la raison, c'est pour cette raison que j'ai accepté ses ordres de me tenir tranquille. Cette histoire ne concerne aucunement l'humanité, c'est strictement entre Athéna et moi. Si je croise un jour la route d'Athéna...

Le yeux de Perséphone flamboyèrent et ses mains se crispèrent sur les accoudoirs de son trône. Sa voix vibrait de haine quand elle finit sa phrase.

- Je lui défoncerais le crâne avec mon sceptre. Mais je ne mettrai pas en cause l'humanité.
- Si vous tenez l'humanité en dehors de tout cela, et si vous admettez qu'Hadès avait perdu la raison quand il s'est attaqué aux humains, alors permettez nous de les sauver ! s'écria Kanon avec feu.

Perséphone leva la main et continua à parler.

- Les cent huit Spectres de mon époux sont tous morts, à l'exception de Rhadamanthe. Pour récompenser leur dévouement, j'ai voulu leur rendre la vie, mais Zeus me l'a expressément interdit. Et s'il m'est interdit de ressusciter les Spectres d'Hadès, il m'est également interdit de ressusciter ses anciens ennemis.

Enfers, devant la 2ème Prison

- Mais enfin, qu'est-ce qu'il fout ? A croire qu'il nous a oubliés ! On se demande pourquoi il nous a demandé de l'accompagner, si c'est pour nous faire poireauter pendant des heures !
- Calme- toi, Jabu, conseilla Nachi qui donnait l'exemple en la matière, tout d'abord ça fait à peine une demi-heure que nous attendons, et ensuite si Kanon met autant de temps c'est certainement qu'il a une bonne raison.
- Pffff ! Pourquoi Perséphone a-t-elle accepté de le recevoir lui, et seulement lui ? Elle se méfie de nous ? Ou elle ne voulait pas que nous entendions ce qu'elle avait à lui dire ?

A ces mots, Nachi éclata de rire.

- Voyons, Jabu, tu ne vas pas recommencer avec ta méfiance et ta jalousie ! Ecoute, tu sais très bien que Kanon ne nous trahirait pas !
- Oui, marmonna Jabu en rougissant.
- Jaloux de quoi ? demanda Geki qui n'avait pas trop suivi la conversation.
- Jaloux de Kanon, répondit Nachi d'un ton ironique.

Ban lui jeta un regard surpris.

- Ah bon, Jabu est jaloux de Kanon ? Pourquoi ça ? Parce qu'il est très puissant ?
- Non, répondit Nachi en rigolant, parce que Saori semble bien aimer Kanon.
- Ah, les problèmes de cœur... fit Ichi.

Jabu était de plus en plus rouge, et Nachi commença à se demander si le chevalier de la Licorne n'allait pas bientôt exploser de honte.

- C'est vrai que Saori aurait des raisons de préférer Kanon, dit Geki d'un air très sérieux.
- Il est très puissant, poursuivit Ban sur le même ton.
- Et beaucoup plus mur, continua Ichi en cachant avec peine son fou rire.
- Et surtout, acheva Nachi, il est très charismatique...

Jabu commençait à virer au violet, pour un peu il aurait eu la même teinte de peau que Dohko.

- Allez, fit Nachi en comprenant que la plaisanterie avait assez duré, arrêtons de faire tourner ce pauvre Jabu en bourrique...

Jabu lui fit un signe de remerciement, soulagé que les autres s'arrêtent là. Il releva la tête pour parler à Nachi, mais soudain il se figea. Le chevalier du Loup, remarquant son changement d'expression le regarda d'un air intrigué.

- Jabu ? Qu'est-ce que...
- Nachi ! Derrière toi !

Le chevalier du Loup se retourna d'un bloc, et put voir ce qui se passait. Cinq hommes se trouvaient derrière lui, la plupart arborant des sourires ironiques devant sa lenteur.

- Pas trop tôt, fit le premier sur un ton sardonique, depuis le temps qu'on est là on commençait à s'ennuyer.

Nachi digéra l'insulte, qui il devait le reconnaître était assez justifiée. Si ces hommes les avaient attaqués dans le dos, ils seraient déjà tous morts.
Mais Jabu s'avança d'un pas.

- Qui êtes-vous et que voulez vous ? s'enquit-il.
- Nous sommes au service d'Héra, répondit le premier qui avait parlé et qui semblait être le chef, et ce que nous voulons c'est votre tête à tous les cinq !
- Vous ne l'aurez pas sans combattre, répliqua Geki qui s'était mis en garde et qui semblait déterminé.
- Oh, rassurez-vous ce sera vite fait, répondit l'inconnu avec une courtoisie amusée et ironique.
- C'est ce que nous allons voir, rétorqua Ichi avec un de ces ricanements dont il avait le secret. mais cela ne sembla pas impressionner l'autre outre mesure.
- Une minute ! s'écria Jabu. Avant de commencer je voudrait d'abord savoir ce que viens faire Héra dans tout ça ! Nous sommes sur le territoire de Perséphone ici.

L'autre haussa les épaules.

- Héra nous a envoyé protéger Perséphone. Elle a assez à faire pour ne pas devoir s'occuper de vous, c'est la raison de notre présence. Mais nous n'avons pas de temps à perdre, prépare- toi à combattre.
- Je vais te faire ravaler tes insultes dans ta gorge ! s'écria Jabu, se mettant en position de combat.
- Vous autres, ordonna son opposant a ses hommes, trouvez vous un adversaire et combattez le.
- Avant de te tuer, fit Jabu, je voudrais savoir à qui j'ai affaire.
- Mon nom est Arrio, Ephèbe de la pureté, répliqua l'autre. Je te retourne la question, chevalier.
- Je suis Jabu, chevalier de Bronze de la Licorne.

Arrio salua son adversaire avant de se mettre en position face à lui.

- Es-tu prêt ?
- A toi l'honneur !
- Ce sera avec plaisir.

Arrio s'éloigna de quelques pas avant de bondir sur Jabu à une vitesse impressionnante. Un rapide échange de coups commença alors. Jabu essayait de résister, mais son adversaire était largement aussi rapide que lui. Il avait beau frapper de toute sa vitesse, de toute sa volonté, Arrio parait chacun de ses coups.
A coté, ses compagnons avaient commencé à se battre, comprit Jabu en entendant des bruits de lutte. Son attention ne se détourna qu'un instant pour faire cette constatation, mais ce fut un instant de trop : Arrio lui envoya en pleine tête un coup de pied qui fit voler Jabu à quelques mètres. Le chevalier de la Licorne se remit souplement sur pied, plus atteint dans son amour propre que physiquement.

Il profitera de chacune de mes faiblesses, de chaque moment d'inattention. Il faut que je me concentre plus que je ne l'ai jamais fait, il faut que je le batte, pour Athéna !

Jabu contre-attaqua aussitôt, envoyant une volée de coups à Arrio. La puissance des coups du chevalier de Bronze augmentait au fur et à mesure qu'il frappait, mais Arrio continuait à les parer sans la moindre difficulté apparente.
Soudain, les deux guerriers rompirent l'engagement et se trouvèrent chacun à quelques mètres de l'autre. Ils se fixèrent, chacun essayant de trouver la faille dans la défense de l'autre, le point faible qui lui accorderait la victoire.

Comment se fait-il qu'aucun de mes coups ne l'aient atteints alors qu'il semblait être exactement au même niveau que moi et que mes coups ont par la suite augmenté considérablement de vitesse ? Quoi que je fasse il semble toujours être exactement au même niveau que moi. Comment est-ce possible ?

Soudain Jabu comprit.

Oui ! En fait, il est plus puissant que moi, et cela depuis le début. Il cache sa vraie puissance. Mais pourquoi ?

Les deux adversaires reprirent le combat, chacun cherchant à toucher l'autre. Mais Arrio restait sur un plan défensif.

- Pourquoi ? s'écria Jabu presque avec frustration. Pourquoi ne te bats-tu pas avec toutes tes capacités ?

L'autre le fixa dans les yeux alors qu'ils continuaient à échanger des coups à une vitesse proche de mach 5, et il rompit l'engagement. Puis il se redressa et regarda Jabu.

- Il y a longtemps, j'ai été humilié par un homme plus fort que moi. Je me suis juré de ne jamais faire connaître une telle humiliation à mes adversaire, et c'est pourquoi je ne t'écrase pas comme je pourrais le faire.
- Si tu veux me rendre honneur, répliqua Jabu, bats-toi avec toutes tes capacités ! Si tu ne veux pas m'humilier, alors cesse de me considérer comme un moins que rien contre qui tu n'as même pas besoin d'utiliser toutes tes capacités ! Bats-toi avec toute ta puissance et essaie de me tuer ! Nous verrons si je suis incapable de te résister.

Arrio resta silencieux un moment, baissant la tête et fermant les yeux. Puis il se redressa et son regard croisa celui de Jabu.

- Soit. Je me battrai de toute ma puissance, et je t'enterrerai pour de bon afin de rendre hommage à ton courage et à ton honneur de chevalier. Prépare-toi, car cette fois je n'aurais pas de pitié.
- Que le Galop de la Licorne te détruise !

Jabu se jeta sur son adversaire avec toute sa hargne, sa rage et son envie de vaincre.
Quoi ? s'écria son opposant, ébahi.
Jabu s'élançait vers lui à une vitesse toujours croissante, qui augmentait sensiblement à chaque pas. Le chevalier de la Licorne vint heurter Arrio à mach 10. Ce dernier ne résista pas à la force brute que déployait Jabu et alla s'écraser à plusieurs mètres de la. Toutefois, il se releva aussitôt, presque indemne.
Jabu le regarda avec incrédulité ; il avait déployé toute sa puissance dans ce coup, et pourtant Arrio était à peine égratigné. Que faire contre un tel adversaire ?

Comment Seiya et les autres ont-ils réussit face aux chevaliers d'Or ? Qu'avaient- ils de plus qui leur ont permis de vaincre des chevaliers maîtrisant le septième sens ?

La réponse lui vint toute seule.

Ils avaient foi en Athéna... Je dois me battre maintenant, non pas pour Saori, mais pour Athéna. Pour la terre. Pour les humains, tous ceux qui ont besoin de moi maintenant... Pour toutes ces raisons je dois vaincre. Je suis un chevalier de l'espoir ! Je ne faillirais pas à ma tache ! Même si je dois me relever cent fois, je ne fléchirais pas dans ma volonté !

Arrio se jeta sur Jabu, le frappant à la vitesse de la lumière. Il maîtrisait apparemment le Septième Sens. Jabu ne voyait même pas ses coups tant il était rapide, et il ne tarda pas à être à terre et en sang. Toutefois, il se releva aussitôt, et sans réfléchir lança une nouvelle fois son arcane.

- Le Galop de la Licooooooooorne !
- Pauvre idiot, c'est inutile ! s'écria Arrio. J'ai déjà vu cette attaque, elle ne peux plus rien me faire ! Je sais comment la parer !

Le guerrier d'Héra se jeta hors de la trajectoire de Jabu, et lui assena un violent coup.

- Maintenant, tu vas voir ma véritable puissance ! Que les plumes du Cygne te transpercent !

Jabu vit une véritable marée de plumes blanches arriver sur lui. Il n'eut pas le temps de faire quoi que ce soit avant de se faire transpercer de part en part par d'innombrables plumes qui traversaient son armure. Sonné, il tomba a genoux.
Nachi se tenait face à son adversaire. Il était de taille moyenne, une longue crinière de cheveux noirs lui retombait dans le dos, et ses yeux d'un bleu vif fixaient Nachi. De son coté, le chevalier du Loup observait son adversaire. Il ne savait pas son nom, et à vrai dire peu lui importait. D'un accord tacite, les deux protagonistes s'étaient mis en position de combat, chacun prêt à se lancer au premier signal de l'autre. Nachi attendit patiemment que son adversaire lance la première offensive. Il voulait évaluer sa puissance avant de combattre. Mais l'autre ne semblait pas décidé à attaquer.

Peut- être devrait- je prendre l'offensive... Si il est plus puissant que moi, et il risque de l'être, il est fort possible qu'il me blesse gravement dès le premier engagement, et mes capacités seraient alors réduites. Non, il faut que j'attaque en premier, quand j'ai encore toutes mes forces, c'est ma meilleure chance de l'emporter. Oui, c'est décidé, j'y vais.

Sans prévenir, le chevalier du Loup se jeta sur son adversaire, courant de toute sa vitesse en lançant son attaque.

- Par le hurlement du Loup !

L'autre ne fit pas mine de bouger, restant immobile et le regardant s'approcher avec un léger sourire. Nachi se prépara à l'impact, concentrant toute sa puissance pour améliorer sa vitesse et sa puissance.
Mais à son grand étonnement, il ne ressentit pas d'impact et ne fut pas stoppé dans son attaque. Il s'arrêta et se retourna pour fixer son ennemi, incrédule. Il l'avait comme... traversé. Comment avait-il réussit ce coup-là ?

- Que... Quoi ? Comment as-tu fait ? s'exclama Nachi, éberlué.

L'autre se retourna, arborant toujours le même sourire, sans trace de moquerie ou de pitié sur son visage. Il avait une maîtrise de lui-même extraordinaire, impossible de savoir ce qu'il pensait ou ressentait.

- Voyons, chevalier, tu ne devines pas ? demanda-t-il d'une voix légère, et avec une certaine ironie dans la voix.

Nachi fronça les sourcils en réfléchissant. Il avait foncé sur son adversaire, et après...

J'y suis ! Il a esquivé mon attaque au dernier moment à la vitesse de la lumière ! C'est pour cela que je ne l'ai pas touché ! Il doit donc maîtriser le septième Sens, pour être aussi rapide ! Comment vaincre un tel ennemi ?

- Ah, je vois que tu as compris, enchaîna son adversaire. Eh oui, c'était simple au fond...
- Pas mal, fit Nachi en s'obligeant à prendre une pose décontractée. Tu es rapide, mais es-tu aussi puissant ?
- Juge par toi-même, l'invita l'Ephèbe d'Héra. Eruption solaire !

Nachi ne comprit pas ce qui lui arrivait. Il se sentit juste projeté en l'air et retomba dans un choc d'une violence extréme.
Secouant la tête pour s'éclaircir les idées, il essaya de se relever. Ses deux premières tentatives furent infructueuses, mais la troisième porta ses fruits et il parvint à tenir sur ses pieds. Son ennemi n'avait pas bougé, le regardant s'escrimer toujours avec le même sourire sur les lèvres.

- Tu es trop lent. Si tu avais été plus rapide, tu aurais peut-être pu esquiver mon attaque, mais tu ne maîtrise même pas le Septième Sens, tu n'as donc aucune chance de l'emporter.
- C'est ce qu'on verra ! Si autrefois un chevalier de Bronze a pu vaincre un chevalier d'Or en combat singulier, je dois être capable de te vaincre !
- J'en doute. Et si tu en veux la preuve, je vais te l'apporter. Eruption Solaire !
- Par le Hurlement du Loup !

Les deux attaques se touchèrent, mais l'éruption solaire du guerrier d'Héra balaya sans difficulté l'attaque de Nachi, et vint frapper le chevalier du Loup de plein fouet.

- Tu vois bien que tu es trop faible, chevalier. Tu ferais mieux d'abandonner.
- Jamais !

L'autre haussa les épaules.

- Comme il te plaira. Eruption Solaire !

Nachi, déjà en piètre état n'avait aucune chance de lui résister. Il se fit emporter, et retomba sur le sol, son armure tombant en miettes, des blessures le lacérant de partout. Sonné, il vit son ennemi s'avancer au dessus de lui, toujours avec le même calme.

- Tu vois, ton entêtement t'as coûté la vie, chevalier. Quel gâchis !

Puis il se retourna dans l'intention manifeste de repartir.
Ichi ne s'en tirait pas mieux avec son propre adversaire, Sthénélos. A première vue, il semblait moins puissant que les deux autres que combattaient Jabu et Nachi, mais il se déplaçait quand même largement plus vite qu'Ichi, bien qu'il n'ait pas atteint le Septième Sens il devait très certainement s'en approcher.
Cela n'avait pourtant pas si mal commencé...
Ichi s'était jeté sur son adversaire avec une vitesse ridiculement basse. L'autre l'avait paré sans la moindre difficulté, comme s'y attendait Ichi. Ce crétin ne se doutait pas que ce n'était qu'un leurre...
Le chevalier de l'Hydre avait alors sorti ses griffes, et...

- QUOI ? ! hurla Ichi, ébahi et furieux.

Ses griffes s'étaient brisées contre la protection de son adversaire. Sthénélos sourit.

- Ah, c'était ça... Aussi, je m'étonnais que tu sois aussi lent. En fait, c'était un piège. C'est bien joué, chevalier, mais cela ne te sera d'aucune utilité contre moi. Tes minables griffes de bronze ne réussiront jamais à transpercer mon armure. Si c'est la ta seule attaque, tu as d'ores et déjà perdu.

Ichi fixait son ennemi, ébahi. Comment se faisait-il que son armure soit aussi solide ?

- J'ai pourtant réussi à transpercer sans difficultés l'armure du Cygne, s'écria-t-il, comment se fait-il que je ne puisse pas égratigner ton armure ?
- Parce que, vois-tu, mon armure est quand même bien plus résistante qu'une simple armure de Bronze. Tu es mort, chevalier !

Ban se tenait face à son adversaire. En face de l'imposante carrure du chevalier du Petit Lion, l'Ephèbe d'Héra avait l'air d'un gringalet, ce qui ne semblait pas le déstabiliser outre mesure. Au contraire, il avait un sourire qui déplaisait au plus haut point à Ban, qui commençait à se sentir sérieusement agacé par le guerrier d'Héra.

- Je suis Ban, chevalier de Bronze du Petit Lion. Qui que tu sois, grogna-t-il, fais ta prière, car tu vas mourir !

L'autre secoua la tête avec un air de pitié peint sur le visage.

- Ne crie pas victoire trop vite. Je sais que tu n'as même pas atteint le Septième Sens, donc tu n'as aucune chance contre moi.

L'assurance de son adversaire déstabilisa le chevalier du Petit Lion. Il semblait tellement sûr de lui... Mais ces pensées n'étaient pas dignes d'un chevalier. Il n'avait pas le droit au doute, il devait croire en la victoire. Comme lui répétait souvent son maître, s'il visait l'excellence, il ne l'atteindrait peut-être pas, mais si il visait la médiocrité il le serait sûrement et même moins que cela. En d'autres termes, si il était certain de perdre, il perdrait à coup sûr.

- Pfff, répliqua-t-il avec toute son assurance, et toi tu prétends le maîtriser, le Septième Sens ?
- Je ne le prétends pas, je l'affirme. Et je vais te le prouver, chevalier. Je suis Calion, Ephèbe d'Héra de l'Excellence. Et je te vaincrais.
- Arrête de parler pour ne rien dire et bats-toi, puisque tu es si fort.
- Prépare-toi ! Déferlante !

Ban eut l'impression de voir une gigantesque vague d'eau foncer sur lui et le percuter avec une violence inouïe. Sonné, il se fit entraîner en l'air, et retomba quelques secondes plus tard avec bruit. Son armure se fendilla sous le choc, et des filets de sang coulèrent à terre. Incapable de bouger sur le coup, Ban resta à terre, gémissant.
Reprenant ses esprits, il se releva, lentement et avec difficulté mais il se releva.
Calion l'observa avec intérêt.

- Pas mal. Que tu puisses te relever après une telle attaque montre que tu as dépassé le rang de chevalier de Bronze que tu arbores ? Toutes mes félicitations. Mais cela ne sera pas suffisant, je vais t'écraser avec facilité.
- Il n'en est pas question ! Prend ça ! Par le Sursaut du Petit Lion !

Calion ne chercha même pas à éviter l'attaque de Ban, se contentant de l'encaisser. Ban se retourna, sans trop toutefois se bercer de fausses illusions. Et en effet, Calion n'avait pas une égratignure.

- Tu vois ? fit-il avec un air moqueur. Tu ne peux pas m'atteindre.
- C'est ce que nous verrons, répliqua un Ban déterminé. Le Sursaut du Petit Lion !

Calion attendit tranquillement, mais au dernier moment leva les mains et bloqua l'attaque de Ban. Mais il ne s'arrêta pas là ; il se concentra, intensifiant sa cosmo-énergie, et repoussa l'attaque de Ban vers lui. Ban se prit sa propre attaque de plein fouet, et il fut repoussé à terre. Toutefois, il connaissait trop bien sa propre attaque pour se laisser blesser gravement. Il parvint donc à limiter les dégâts. Mais Calion ne lui laissa pas le temps de se relever, enchaînant avec sa propre attaque.

- Déferlante !

Déjà à terre, Ban se fit emporter par la Déferlante de Calion et projeter en l'air. A nouveau, il retomba à terre, et resta la, sonné.
Géki éprouvait plus de difficultés face à son adversaire. Il était de taille moyenne, et une crinière de cheveux blancs retombait dans son dos. Ses yeux violets étaient fixés sur son adversaire, concentrés, étudiant sa position de défense, à la recherche de la moindre faille. Il était musclé, mais sans excès. Tout en lui, sa souplesse, son regard, montraient qu'il était un combattant d'exception.

- Je m'appelle Géki, je suis le chevalier de Bronze de l'Ours.
- Enchanté. Raizen, Ephèbe d'Héra.

Géki réfléchissait activement. Cet adversaire, il le sentait, n'était pas une petite pointure. Il devrait se montrer prudent, élaborer une stratégie. Mais il était le premier à reconnaître que la réflexion n'était pas son fort.

Très bien. Alors, je vais l'attaquer sur un plan physique. Je vais commencer et essayer de garder l'avantage. Avec un peu de chance, je pourrais utiliser l'effet de surprise. Oui, voilà la bonne stratégie.

- La prise de l'Ours !

Géki s'avança sur son ennemi dans le but de le prendre dans sa prise de l'Ours, mais à son grand étonnement ses bras puissants ne battirent que du vide.

- Quoi ? Ou est- ce que...
- C'est moi que tu cherches ?

Géki se retourna. Raizen se tenait derrière lui, un air ironique inscrit sur le visage.

- Tu as peut-être la puissance de l'Ours, mais tu es aussi lent que lui.

L'étonnement se peignit sur le visage de Géki. Comment avait-il fait pour éviter son coup ?
Se retournant, il se jeta brusquement sur Raizen.

Au corps à corps, ma puissance me donnera l'avantage.

Géki se lança dans une suite de coups rapides, essayant à chaque fois d'atteindre un point mortel. Mais Raizen esquivait tous ses coups, sans la moindre difficulté.
Géki fronça les sourcils ; il y avait plus qu'une simple question de vitesse. Raizen semblait deviner chacun de ses coups à l'avance. Comment faisait-il ? Des réflexes de combats ? Non, impossible. Ce ne serait pas suffisant.

- Ah, je vois que tu commences à saisir, fit Raizen en souriant. Ce n'est pas tout à fait ça, mais tu te rapproches. Peut-être es-tu plus malin que tu n'en as l'air, après tout.

Ces mots furent le déclic qui mit tout en place dans l'esprit de Géki.

J'y suis ! Il lit dans les pensées ! Voilà comment il fait ! Je n'ai aucune chance !

- Ah, je vois que tu as deviné. Mais ne sois pas si défaitiste, tu n'es pas si mauvais, pour un chevalier de Bronze.

Mais je ne vais pas éterniser le combat. A mon tour d'attaquer ! Onde Cosmique !
Géki eut l'impression de se prendre une immense gifle de plein fouet. Le coup le fit littéralement décoller, et l'atterrissage fut plutôt rude.

- C'est trop facile, grogna Raizen. Je me demande pourquoi j'ai tant insisté auprès de Ganymède pour faire partie de cette expédition ! Surtout sous le commandement d'Arrio, ça m'agace de devoir obéir aux subalternes !

Géki se releva en grognant.

- Tiens, tu n'es pas encore mort, observa Raizen. Mais ce n'est qu'une question de temps.
- La Morsure de l'Ours ! s'écria Géki.

C'était comme si des centaines d'Ours jaillissaient du Cosmos même de Géki pour se jeter, gueule ouverte, sur Raizen.

- Onde Cosmique ! répliqua ce dernier.

L'attaque de Raizen balaya littéralement celle de Géki, la réduisant à néant et venant frapper de plein fouet le chevalier de l'Ours.

Enfers, sur une corniche surplombant les combats

- Très bien, murmura Ganymède pour lui-même. Tout comme je l'avais prévu, les chevaliers de Bronze vont se faire vaincre facilement...

Il observa en dessous de lui Jabu qui était recouvert de plumes blanches.

Les autres ne vont pas tarder à succomber... il ne reste plus que Kanon mais il est occupé avec Perséphone... et de toute façon, Raï devrait s'occuper de lui. Ce qui signifie qu'il ne reste... oui, deux chevaliers d'argents seulement restent au Sanctuaire. C'est une occasion inespérée...

Ganymède sourit en voyant Jabu recevoir encore une fois des centaines de coups qui brisaient son armure et le blessaient profondément. Pour un peu il l'aurait plaint.
Un frémissement dans l'air arracha Ganymède à sa contemplation des combats. Il se retourna vivement, juste à temps pour voir se téléporter devant lui un homme vêtu d'une armure légère.

- Seigneur... fit l'homme en s'agenouillant devant Ganymède.

Ce dernier hésita un instant avant de prendre sa décision. Etait-ce une bonne idée ? A priori, il n'y avait pas de danger et l'opération qu'il prévoyait ne pouvait être de tout bénéfice pour Héra. Mais était-ce vraiment prudent de prendre une initiative ? Si son plan échouait, Héra serait vraiment furieuse.
Ganymède réfléchit encore quelques secondes, puis décida que son idée valait la peine de prendre le risque.

- Tu vas te rendre au Sanctuaire d'Athéna, accompagné par cinq de tes camarades que tu choisiras toi-même. Là-bas, il ne reste que deux chevaliers d'Argent. Ils sont d'assez haut niveau, à la limite du Septième Sens je pense, mais ils sont loin de le maîtriser, vous devriez donc les vaincre sans trop de difficulté.
- A vos ordres, Seigneur. Une fois ces deux chevaliers d'Argent éliminés, que devrons-nous faire ?
- Votre objectif n'est pas les chevaliers d'argent. D'ailleurs, peu importe qu'ils vivent ou meurent. Ce qui compte, c'est que vous arriviez jusqu'à Athéna elle-même. Et vous me rapporterez sa tête.
- Il en sera fait selon vos ordres, Seigneur, acquiesça l'homme avant de disparaître.
- Parfait, murmura Ganymède pour lui-même. Si mon plan marche, bientôt Athéna ne sera plus. Héra sera satisfaite.

Souriant, il continua d'observer les combats quelques minutes avant de disparaître en se téléportant.

Devant le temple menant à la deuxième Prison

Ban se sentait prêt de renoncer. La douleur montait en lui, il sentait son sang s'écouler de ses plaies et il savait que son armure était en miettes. Il ne pouvait rien contre Calion...
Mais devant ses yeux clos apparut une jeune femme. Ses longs cheveux mauves retombaient dans son dos, et ses yeux noirs étaient pleins d'encouragement et de bonté.

- Je sais que tu souffre, chevalier, mais tu dois te relever ! Je m'en veux de te demander cela, mais tu dois vaincre ! Courage, chevalier !

Ban sourit, comprenant que la déesse Athéna était avec lui.

- Oui, je me relèverai, je serai digne de vous !
- Que t'arrive-t-il, chevalier, tu parles tout seul ? se moqua Calion. Le coup que tu as pris sur la tête a dû t'affecter plus que je le pensais de prime abord. Mais rassure-toi, tu ne souffriras pas longtemps, car je vais t'achever !

Mais Ban se releva, indifférent aux sarcasmes de son ennemi. Il savait qu'Athéna était avec lui et allait l'aider à vaincre son adversaire. Il le savait...
Le chevalier du Petit lion intensifia son Cosmos plus qu'il ne l'avait jamais fait par le passé, mettant toute sa volonté, tout son amour pour Athéna dans ses gestes. Sa constellation protectrice apparut derrière lui tandis qu'il invoquait son attaque ultime.

- Lion's Claw !

Soutenu par Athéna, il fonça sur son adversaire. Calion se sentit dominé par le Cosmos Divin d'Athéna et regarda Ban foncer sur lui avec horreur. Il savait qu'il ne pourrait pas résister cette fois ci.
L'attaque de Ban le frappa de plein fouet, le déchiquetant de toutes parts. Son armure se fendit en maints endroits, son sang gicla. Pourtant, il ne bougea pas. Immobile, il regardait dans le vague, les yeux arrondis de stupeur. Puis ses pupilles s'étrecirent et il s'écroula.
Ban tomba aussitôt après. Invoquer son Cosmos à ce point avait éprouvé son corps et son esprit. Tout ce qu'il pouvait faire à présent, c'était de se reposer.
Sthénélos se jeta sur Ichi et tendit le bras d'un geste précis. La figure d'Ichi exprima toute sa douleur, alors que le bras de Sthénélos s'enfonçait dans son cœur. Puis il tituba et s'effondra à terre.

- Et voilà, fit Sthénélos avec un sourire narquois. Enfin, il est vrai que ce n'était qu'un simple chevalier de Bronze. Quel dommage que je n'ai pas pu me trouver face au chevalier d'Or !

Sthénélos se détourna. Il devait rejoindre sa majesté Héra pour lui rendre compte de son combat...

- Pas si vite !
- Quoi ? fit Sthénélos en se retournant. Non, c'est impossible !

Et pourtant, Ichi se tenait devant lui, sa tête bien en place sur ses épaules. Autour de lui, Sthénélos distingua un halo doré, et quelques instants durant il sentit la présence tangible d'Athéna. Comment tout cela était-il possible ? Ce chevalier de l'Hydre était étrange. Il y avait quelque chose en son armure...

- Eh si, Ephèbe, tu as commis l'erreur de sous-estimer ton adversaire !
- Non, je refuse d'y croire ! Je t'ai tué !
- Il semble que non ! C'est moi qui vais te tuer !
- Pfff, tu es minable. Tu n'as aucune chance de me tuer !
- Que tu crois, eh eh eh !

Ichi se jeta sur son adversaire. Son attaque semblait être exactement la même que la fois d'avant, et Sthénélos secoua la tête avec un air de pitié.

- Tu es pathétique. Tes griffes ne peuvent ri... COMMENT ?

Les griffes d'Ichi venaient de transpercer son armure au niveau du cou.

- Tu n'as plus que quelques secondes à vivre, fit Ichi. Le poison va atteindre ton cerveau d'ici peu...
- Comment... souffla Sthénélos. Comment as-tu fait...
Ichi haussa les épaules.
- J'ignore pourquoi, mais je sens que ma puissance a augmenté. Malheureusement pour toi, eh eh eh !
Sthénélos le regarda, avant de s'écrouler. Mort.

Une seconde après, Ichi s'écroula à son tour, épuisé. Il ignorait pourquoi, mais il se sentait brusquement aussi faible qu'un enfant. Machinalement, il baissa la tête, et il poussa un cri de surprise. Une partie de la protection de son torse avait viré au rouge ! Ichi fronça les sourcil, interloqué. Il ne comprenait pas ce qui s'était passé. Il savait que Sthénélos l'avait frappé, puis il s'était relevé, indemne. A un moment, il avait senti son armure vibrer et le Cosmos d'Athéna brûler autour de lui, mais il ne voyait pas le rapport.
Le chevalier de l'Hydre haussa les épaules. Après tout, quelle importance ? Il avait gagné, c'était tout ce qui comptait. Il avait vaincu un adversaire plus puissant que lui... Une bouffée d'euphorie vint en lui alors qu'il sombrait dans l'inconscience.
Nachi ferma les yeux, et tendit tous ses muscles. même si il souffrait le martyre, tant que son cerveau pouvait faire bouger ses muscles il ne serait pas vaincu.
Il se mit à genoux, puis sur pied, titubant mais déterminé à ne pas céder.

- Attends ! le combat n'est pas encore fini !
- Pour moi, il l'est, répliqua son adversaire sans se retourner.
- Quoi ? Qu'est- ce que tu dis ?
- Tu es hors de combat. Je n'ai pas envie de t'achever.
- Si tu veux repartir, il faudra me tuer d'abord !

Surpris, le guerrier d'Héra se retourna. Puis il sourit.

- Ah. J'avais oublié la légendaire détermination des chevaliers d'Athéna. Très bien, je respecterais ton choix.

Nachi ferma les yeux. Il n'avait pas le choix. Il devait trouver le Septième Sens en lui. C'était ça ou la mort.

- Eruption...
- La Morsure...
- Solaire !
- Du Loup !

Nachi sentit une nouvelle puissance déferler en lui au moment même ou il lançait son attaque. C'était une connaissance d'un genre nouveau, Nachi avait l'impression d'un aveugle qui voit pour la première fois.
Son attaque déferla sur son ennemi avec toute la puissance du Septième Sens, brisant son Eruption Solaire et venant le frapper de plein fouet. L'autre fut projeté en arrière et heurta le mur de pierre dans un fracas de tonnerre. La pierre se brisa sous son corps tant la puissance dégagée était grande. Toutefois, l'Ephebe d'Héra se releva aussitôt après, l'air étonné et assez touché, mais en définitive en bien meilleur état que Nachi.

- Vraiment impressionnant, mais insuffisant.
- Alors prend ça ! Par la meute des Loups !

L'attaque de Nachi déferla sur son adversaire, mais le rata d'un bon mètre.

- Pfff, tu n'es même pas fichu de m'atteindre !
- Tu vas être surpris !
- Quoi ? Que... Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !

La meute de Nachi, après avoir raté son adversaire, était revenue le frapper de plein fouet dans le dos. Le chevalier du Loup eut un sourire satisfait.

- Désolé, mais là je crois que tu m'avais un peu trop sous-estimé !

Epuisé, le chevalier du loup se laissa glisser à terre, en position assise. Brusquement, il se sentait les jambes en coton. Il avait été si près de perdre ce combat...
Arrio se tenait devant un Jabu à terre. Il regarda son adversaire presque avec pitié. Une fois déjà il s'était trouvé en position de perdant, et il s'était juré que cela n'arriverait plus jamais...
Soudain, un homme apparut prés de lui.

- Arrio, je vais au Sanctuaire chercher la tête d'Athéna.
- Ah ? Et en quoi cela me regarde-t-il ?
- On m'a permis de choisir un homme de mon choix, tu permets que je prenne Raizen ?
- Hmmm, si ça te fait plaisir. Et s'il est d'accord.

L'homme se tourna vers le susnommé guerrier qui s'apprêtait à achever Géki.

- Eh, Raizen ! Laisse ce minable chevalier, on va au Sanctuaire chercher la tête d'Athéna et tuer deux chevaliers d'Argent.
- Ah ? Très bien, je t'accompagne. De toute façon celui-ci est quasiment mort.

Les deux hommes se téléportèrent, et Arrio revint à son adversaire. En le voyant, ses yeux s'écarquillèrent de surprise.
Jabu venait de se relever, mais il était vraiment en mauvais état. Il avait réussi à parer une partie des plumes, mais s'était fait transpercer de part en part par les autres jets d'Arrio. Son sang s'écoulait sur le sol et ses blessures le lançaient douloureusement.

Il est vraiment très fort... Il maîtrise le Septième Sens. Je suis face à lui comme un chevalier d'Argent face à un chevalier d'Or, je ne suis pas de taille.
Seiya non plus n'était pas de taille face aux chevaliers d'Or, pourtant il a réussi !
Je dois le vaincre, a tout prix. Et pour cela, le seul moyen est de trouver en moi le Septième Sens. En aurais-je la force ? Ma cause est plus juste que la sienne... J'ai donc une chance de réussir. Je dois réussir.


- Allons, chevalier, dit Arrio doucement. Tu t'es vaillament battu mais tu n'es pas de taille. Rends-toi, et je te tuerai sans te faire souffrir.
- Il n'en est pas question ! Je serais digne d'Athéna... et de la cause qu'elle défend !

L'autre soupira.

- Tu l'auras voulu. Par les Plumes du Cygne !

Les coups filaient vers Jabu à la vitesse de la lumière. Pourtant... Soudain, Jabu remarqua quelque chose. Les plumes n'allaient pas toutes à la vitesse de la lumière. Arrio avait donc une connaissance imparfaite du Septième Sens.
Jabu se concentra plus qu'il ne l'avait jamais fait, intensifiant au maximum sa cosmo-énergie.
Les plumes fonçaient sur lui, mais de plus en plus lentement, comme si elles ralentissaient. Instinctivement, Jabu leva les mains et para les jets effilés qui avançaient vers lui. Il ne para que ceux qui risquaient de le blesser, évitant les autres.
Au bout d'un laps de temps qui lui sembla durer des heures, l'attaque d'Arrio s'arrêta. Ce dernier regarda Jabu avec incrédulité, ne parvenant pas à croire ce qu'il venait de voir.

- Comment ? Comment as-tu fait pour parer toutes mes plumes ? Caches-tu ta vraie puissance ? Réponds-moi, chevalier !
- Une attaque ne marche pas deux fois sur un chevalier, répliqua Jabu. Et puis, ton attaque était si lente qu'il ne m'a pas été impossible de la parer. En fait, je n'ai contré que les plumes qui risquaient de m'atteindre. Ton attaque s'étend sur un champ trop large, la plupart de tes plumes sont inutiles, elles ne servent qu'à essayer de noyer l'ennemi sous le nombre. Maintenant, à mon tour de passer à l'attaque ! Unicorn Flash !
- Tu ne m'auras pas si facilement ! Les Plumes du Cygne !

Les deux attaques se heurtèrent à la vitesse de la lumière, et l'énergie resta coincée entre Jabu et Arrio. Chacun essayait de prendre l'avantage, allant au-delà de ses capacités, mais aucun ne parvenait à surpasser l'autre. Pour finir, l'énergie combinée des deux guerriers se retourna contre eux, et ils furent projetés à plusieurs mètres l'un de l'autre. Toutefois, ils parvinrent tous les deux à rester debout.

- Bravo, chevalier, dit Arrio doucement. Tu as réussi à augmenter ton pouvoir jusqu'à avancer sur la voix du Septième Sens. Tu as presque le niveau d'un chevalier d'Or, maintenant. C'était un beau combat...

Le guerrier d'Héra tomba alors à genoux, puis s'écroula face contre terre.

- Je me souviendrais de ton nom, Arrio, fit Jabu. Tu étais un adversaire redoutable.

Le chevalier de la Licorne ferma les yeux, brusquement très las mais heureux. Il avait enfin réussi. Il avait trouvé la voix du Septième Sens. Il suivait le même chemin que Seiya lors de la Bataille du Sanctuaire. Pour une fois, il était vraiment fier de lui.
Soupirant, il rouvrit les yeux. Il ne pouvait pas rester à ne rien faire. Jetant un coup d'œil autour de lui, il vit ses frères. Tous avaient fini leur combat, remarqua Jabu, et ils avaient réussi à vaincre leurs ennemis, mais ils étaient gravement blessés. Seul Nachi paraissait encore conscient, et il ne tarda pas à se relever.

- Il faut prévenir Kanon, dit Jabu. Reste avec nos frères pendant que je vais l'avertir.
- Compte sur moi et pars sans crainte, répondit le chevalier du Loup.

Elysion, salle du trône d'Hadès

Perséphone, après un long silence se leva, et sa présence était telle qu'elle semblait englober toute la pièce. Kanon la regardait toutefois sans peur, sur de ce qu'il était prêt à faire pour obtenir ce qu'il demandait.
Perséphone le regarda sans mot dire, pensive. Elle admirait le courage et la fidélité de Kanon, pour un peu elle aurait presque eu envie de l'aider, songea-t-elle. Malgré ce qu'Athéna lui avait fait. Mais de toute façon, elle ne le pouvait pas.

- Grand Pope, dit-elle doucement, même si je le voulais je ne pourrais pas vous aider. La résurrection des âmes n'est permise qu'à une condition indispensable.

Kanon garda le silence, attendant qu'elle poursuive, mais une lueur d'espoir s'était allumée dans son regard.

- Il faut absolument que les corps soient intacts, continua Perséphone. Je n'ai pas le droit de défier l'ordre naturel de l'univers. Même mon pauvre Hadès n'avait pas ce droit. Les douze chevaliers d'Or se sont sacrifiés pour leur cause et sont morts. Ils devront le rester.
Elle le regarda, souriant tristement, ce n'était guère que l'ombre d'un sourire, mais un sourire quand même. Avec un choc, Perséphone s'aperçut que c'était la première fois qu'elle souriait depuis la mort de son cher époux.
Kanon ne disait rien, pour un peu on se serait demandé s'il avait entendu les paroles de Perséphone.
En fait, il réfléchissait activement. Il y avait une solution, il devait y avoir une solution possible.
Il ferma les yeux pour mieux se concentrer, il avait l'impression qu'une idée germait en lui mais il n'arrivait pas a la cerner précisément.

La vie... elle est à la base de mes problèmes... Les douze chevaliers d'Or avaient Arayashiki, et Dohko en plus le misopé... OUI ! Voilà la solution ! Si je pouvais convaincre Perséphone de... Mais il faudra ruser, sinon elle refusera à coup sur... cela ne me plaît pas mais je serais obligé de...

Kanon se redressa et rouvrit les yeux. D'une vois ferme, il reprit la parole.

- Majesté, permettez leur seulement de dire adieu à Athéna et à ceux qui leur sont chers.

Perséphone fronça les sourcils, intriguée. Elle était certaine que ce Kanon mijotait quelque chose, sûrement un sale coup.

- Expliquez-vous, Grand Pope, ordonna-t-elle d'une voix incisive.
- Lors de la dernière guerre, répondit Kanon, Hadès a rendu la vie a six chevaliers d'Or, pour une durée de douze heures. Accordez leur la même faveur, permettez-leur de revenir sur terre pour douze heures seulement.

Perséphone ne dit mot, elle se méfiait. Mais en même temps elle devait bien s'avouer que Kanon lui plaisait et qu'elle voulait voir jusqu'où il pourrait aller. Elle était surtout curieuse de savoir ce qu'il pouvait bien mijoter... Mais de là à venir en aide à Athéna, il y avait un pas qu'elle n'était pas sure de vouloir franchir. Elle réfléchit encore un instant avant de se détourner.

- Restez ici et attendez-moi, ordonna-t-elle en quittant la pièce.

Elle passa de l'autre coté du trône et s'avança dans une pièce adjacente.

- Iris ! appela Perséphone.
- Oui, majesté ?

Iris venait d'apparaître en un clin d'œil devant Perséphone. Il faut dire qu'elle avait l'habitude, car elle servait de messager depuis des millénaires, quand Hermès n'avait pas envie de se déranger. Ainsi, il suffisait de l'appeler pour qu'elle arrive instantanément. Elle était d'une beauté stupéfiante ; ses longs cheveux roses lui retombaient jusqu'à mi-cuisse, et ses yeux verts brillaient. Son visage était fin et doux, ses lèvres pleines. Ses longs cils étaient d'un noir de jais, et son armure d'une teinte cristalline fragmentait la lumière et la reflétait avec toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Elle semblait être auréolée de toutes les teintes existantes, elle était resplendissante, le parfait contraire de Perséphone.

- Iris, tu vas porter un message au divin Zeus, ordonna Perséphone.

Je suis à vos ordres, répondit la jeune femme d'un ton tranquille.

- Voici le message, continua Perséphone : Athéna me demande de lui rendre ses chevaliers pour une durée de douze heures, puis-je accéder à sa requête ?

Iris hocha la tête.

- Je vais et je reviens, Divine Perséphone.

Et elle disparut.

Olympe, Palais du Divin Zeus

Iris s'avança et s'agenouilla devant le trône de Zeus, le roi des Dieux.

- Divin Zeus, je dois vous transmettre un message de la Divine Perséphone.

Zeus resta silencieux un long moment, contemplant la jeune femme qui lui faisait face. Une magnifique jeune femme, d'ailleurs. Rien qu'à l'idée de la mettre dans son lit, il sentait la salive affluer. Comparée à Héra, elle était... En fait, elle n'était pas comparable à Héra... Il faudrait qu'il trouve un moment, elle était vraiment trop craquante. A chaque fois qu'elle venait, Zeus avait envie de la prendre. Après un moment passé dans la contemplation de la jeune beauté qui lui faisait face, il répondit de sa voix grave et grondante qui rappelait le bruit du tonnerre.

- Je t'écoute, Iris de l'Arc-en-ciel.
- La Divine Perséphone, annonça Iris, souhaite savoir si vous lui permettez d'accéder à la requête d'Athéna.
- Et cette requête est... ?
- Athéna demande à récupérer ses chevaliers pour une durée de douze heures.

Zeus ne bougea pas, réfléchissant dans sa barbe. Si Perséphone demandait l'autorisation d'accéder à la requête d'Athéna, c'était que l'envoyé d'Athéna avait réussi à la convaincre. Et si ce Kanon avait réussi à convaincre Perséphone d'aider Athéna, ça voudrait dire qu'il était vraiment le manipulateur des dieux... Tout comme son frère d'ailleurs, ça devait tenir de famille. Si Saga et Kanon avaient des descendants, il faudrait les surveiller.
Enfin, cela ne changeait rien à l'affaire, Athéna était démunie et désarmée face à Arès, et récupérer ses chevaliers pour douze heures n'y changerait strictement rien. Alors, à quoi cela avancerait-il Athéna d'avoir ses chevaliers pour une durée aussi ridicule ? Elle devait avoir préparer quelque chose. Oui, mais quoi ?
Soudain, Zeus se figea avant d'éclater d'un rire tonitruant. Il venait de comprendre l'idée de Kanon. Vraiment intéressant, très simple quand on y pensait mais pas si évident que ça à première vue.
Athéna pourrait garder ses chevaliers en vie au-delà des douze heures, tout simplement en leur accordant le misopéthamenos. Oui, tout simplement... Vraiment, elle tenait bien de lui ! Elle était sacrement intelligente. Zeus était quasiment sûr que c'était elle qui avait inspiré Kanon sur ce coup-là.
Elle était sur une position peu facile, avec presque toute sa chevalerie décimée. Mais il était certain qu'elle n'hésiterait pas à faire n'importe quoi pour sauver l'humanité. C'était son point faible, s'attaquer à l'humanité la faisait réagir à tous les coups.
Mais si elle faisait cela, elle garderait en vie des chevaliers censément morts. Elle déstabiliserait pour la seconde fois l'univers. Si elle faisait cela, il faudrait sévir, de toute manière. Zeus ne pouvait pas la laisser bouleverser ainsi des lois universellement respectées, même par les dieux. Ce n'était pas sans raison que de telles lois avaient été édictées...

- Divin Zeus...

Le roi des dieux leva la tête, la vois d'Iris l'avait tiré de ses pensées.

- Oui ? Qu'y a- t- il ?

Iris hésita un instant, mais il était trop tard pour se taire. Et puis ça intéresserait sûrement Zeus.

- En me rendant aux Enfers à la demande de la Divine Perséphone, j'ai perçu une cosmo-énergie qui ne m'est pas inconnue ; je suis certaine que Ganymède est aux Enfers.
- GANYMEDE ? tonna Zeus. Tu en es certaine ?
- Tout à fait sure, Divin Zeus. Héra doit certainement mijoter quelque chose.

Zeus garda le silence avant d'éclater de son rire tonitruant.

- Cette mégère ne cessera donc jamais ses manigances ! Elle ose se lancer dans une expédition punitive sans même m'en avertir... hummm, tout bien pesé, laissons-la faire, si elle est vaincue j'en serai au moins débarrassé. J'épouserai Déméter ou Hestia pour changer.

Et, songea le roi des Dieux, bien qu'il n'en souffle pas mot, si Héra était occupée à comploter, elle lui fichait la paix et il se trouverait bien un moment pour mettre Iris dans son lit. Rien qu'à cette idée, il se sentait de bonne humeur.
Zeus garda le silence encore quelques instants avant de continuer.

- Bien, tu peux dire à Perséphone d'accéder à la demande d'Athéna. Voilà qui fera les pieds à Arès.

Zeus sourit, satisfait de l'intelligence d'Athéna. Décidément, cette petite tenait bien de lui... Mais au bout d'un moment son sourire disparut et il fronça les sourcils. Si Athéna perdait contre Héra, elle serait suffisamment punie, mais si elle gagnait, elle devrait être punie pour la mort d'Hadès. Zeus serait obligé de sévir, pour prouver à tous son autorité, et le fait qu'il ne laisserait pas passer une pareille chose, même venant de sa propre fille...
Finalement, le roi des dieux haussa les épaules et décida de penser à autre chose. De toute façon, quoi qu'il arrive, il ne serait pas perdant. Et pendant qu'Héra s'attaquait à Athéna, elle fichait la paix...

Enfers, Elysion, salle adjacente à la salle du trône

Iris apparut devant Perséphone, surprise de ce que Zeus avait dit mais après tout ce n'était pas ses affaires. Elle s'agenouilla devant Perséphone qui la regardait d'un air impatient.

- Eh bien ? s'enquit la reine des Enfers.
- Le Divin Zeus vous demande d'accéder à la requête d'Athéna, annonça Iris, sans préciser ce qu'avait dit Zeus à propos de " faire les pieds à Arès ".
- Bien, marmonna Perséphone, ne sachant pas trop si elle se sentait heureuse de faire plaisir à Kanon ou mécontente de venir en aide à Athéna.

Elle fit signe à Iris de s'en aller et revint dans la salle du trône.
En son absence, personne n'avait bougé, Kanon était toujours agenouillé devant le trône d'Hadès et les hommes envoyés par Héra toujours près à assurer sa sécurité. D'un pas ferme, Perséphone alla s'asseoir sur le trône et contempla l'homme agenouillé devant elle.

- Très bien, finit-elle par dire. J'ai décidé d'accéder à votre requête, Grand Pope. Je rendrais la vie aux chevaliers morts durant la dernière Guerre, et...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase, car un bruit se fit entendre à l'entrée. Kanon se retourna d'un bond par réflexe, prêt à toutes les éventualités.
La porte d'entrée s'ouvrit, et un homme s'avança, avant de s'écrouler sur le sol à quelques mètres de Kanon. Ce dernier s'avança afin de l'identifier. Parvenu plus près, il put voir qui c'était. Ses yeux s'agrandirent de surprise et de colère. Mais, se ressaisissant, il s'approcha du jeune homme et le retourna. Kanon fut surpris à la vue de la gravité des blessures de Jabu, mais ce n'était pas le moment.

- Jabu ? ! Que s'est-il passé ?
- Kanon... hoqueta Jabu dans un râle. Nous avons... été attaqués... par des gue... des guerriers... à la solde de... d'... d'Héra...

Le chevalier de la Licorne se remit sur pied difficilement

- Mais il y a pire... Ils ont décidé d'attaquer le Sanctuaire ! Athéna n'est défendue que par Marine et Shina, elles vont se faire massacrer...

Perséphone ne prêtait aucune attention à Jabu, après tout que lui importait le sort d'Athéna ? Si elle mourait, tant mieux. Elle méritait bien ça après ce qu'elle avait fait à son beau Hadès...

- Jabu ! grogna Kanon. On s'incline devant la Divine Perséphone !
- Mais...

D'un coup bien appliqué Kanon envoya Jabu à terre.

- Etes- vous prêt à me suivre, Grand Pope ? s'enquit Perséphone.
- Oui, Divine Perséphone.
- Alors, suivez-moi, répondit la reine des Enfers.

Elle s'avança et sortit de la pièce. Kanon la suivit, et Jabu fit de même, ne comprenant pas la réaction de Kanon, ni son désintérêt devant le danger que courait Athéna. Et suivre Perséphone ou ?
Personne ne disait mot. Perséphone conduisit Kanon à travers le dédale de son palais, se dirigeant sans aucune difficulté dans un labyrinthe de couloirs qui aurait rendu Dédale vert de jalousie. Enfin, ils arrivèrent dans un endroit recouvert de glaces, où des corps et des âmes étaient emprisonnés ; le Cocyte...
L'atmosphère était sinistre, mais il en fallait plus pour faire reculer Kanon. Enfin, il arrivait au but de son expédition...
La reine des Enfers s'approcha de plusieurs blocs de glace, et les lui montra d'un geste.

- Ces cercueils contiennent chacun l'âme d'un chevalier mort durant la dernière Guerre.

Kanon les observa. Ainsi, dans chacun de ces cercueils il y avait Milo, Saga, Mu, Camus...
Perséphone prit la parole de sa voix douce et soyeuse.

- Je peux rendre un corps aux chevaliers d'Or, mais je te préviens ; il me faudra au moins trois heures pour y parvenir.

Kanon s'inclina en signe de remerciement. Perséphone s'approcha du premier cercueil, et invoqua son cosmos. La glace reflétait et décomposait la lumière de sa cosmo-énergie, et la pièce scintillait de mille feux. C'était un spectacle magnifique, digne de la renaissance des plus grands guerriers d'Athéna.
Sous l'influence de son cosmos, le premier cercueil se désagrégea, libérant l'âme du premier chevalier. Perséphone fit de même pour les cercueils restant, les uns après les autres.

Trois heures plus tard, dans le Cocyte

Kanon contemplait avec un sentiment indéfinissable les corps des douze chevaliers d'Or. En premier, Mu, Mu le sage, Mu l'alchimiste... En second venait Aldébaran, celui dont la force physique faisait trembler les faibles, ceux qui ne voyaient en lui que sa puissance et non pas l'âme noble qui se cachait sous cette montagne de muscles. Saga, Saga l'imposteur, Saga le possédé, Saga le Grand Pope, Saga le chevalier d'Or des Gémeaux, celui qui s'était repenti... Son frère. Kanon le regardait et son cœur se serrait étrangement dans sa poitrine à le voir ici, inconscient mais vivant... A ses cotés, Masque de Mort, Masque de Mort le cruel, qui maintenant avait le visage triste mais serein.
Puis Aiolia, Aiolia le juste, qui avait cru en son frère et en ces chevaliers de Bronze. Shaka, l'homme le plus proche de dieu, mais qui au fond était froid et insensible. Maintenant, il avait subtilement changé. Grâce à Ikki surtout, mais aussi grâce à ses frères d'Or. Et Dohko, le seul survivant des dernières Guerres Saintes, celui qui avait toujours un bon conseil à donner... le Vieux maître des cinq pics. Et venait Milo, le premier à avoir accepté sa rédemption, celui qui avait apporté la preuve que Kanon était un chevalier d'Or digne de ce nom. A ses cotés, Aioros, Aioros le fidèle, celui dont la loyauté était sans faille et qui avait veillé par delà la mort sur Athéna. Et Shura, Shura dont la dévotion envers sa déesse allait jusqu'à mettre à mort son meilleur ami, mais dont l'âme était assez noble pour sauver les protecteurs d'Athéna. Et Camus, Camus le froid, Camus l'insensible, mais qui au fond ne faisait que cacher ses sentiments derrière un mur d'indifférence. Et Aphrodite, Aphrodite dont la beauté était sans comparaison sur terre, celui dont les roses mettaient à mort ses ennemis en douceur. Oui, ils étaient bien là, en face de lui, tous les douze.
Mais Kanon fronça les sourcils en remarquant un détail.

- Mais je ne vois ici que les chevaliers d'Or, fit-il d'une voix égale.

Perséphone haussa les épaules, indifférente.

- Je n'en sais rien, j'ignore ce qui leur est arrivé.

Apparemment, elle s'en fichait. D'un pas égal, elle s'approcha des douze chevaliers d'Or et intensifia son Cosmos. D'un coup, les douze chevaliers disparurent.

- Je les ai renvoyés sur terre, annonça Perséphone. Ils se réveilleront d'ici quelques heures je pense.

Elle allait ajouter quelque chose lorsque l'un des hommes de son escorte s'avança près d'elle et lui murmura quelque chose à l'oreille. Une lueur de surprise s'alluma dans ses yeux, puis elle haussa les épaules.

- Je vais ramener les chevaliers de Bronze sur terre également, annonça-t-elle.

Perséphone s'approcha de Jabu et des autres chevaliers de Bronze qui les avaient rejoints entre-temps, et en un tour de Cosmos elle les fit disparaître. Puis elle se tourna vers Kanon.

- Je vais partir maintenant, annonça-t-il.
- Non.

Sa voix était tranchante, incisive et sans réplique, il était clair quelle lui donnait un ordre. Kanon lui jeta un regard à moitié ébahi.

- Pardon ?
- Vous devez rester ici, trancha Perséphone.

Un homme de sa suite, le même qui lui avait parlé à Perséphone quelques instants auparavant. Il n'était pas très grand, avec des cheveux d'un vert sombre et des yeux gris perle. Son visage ne laissait rien paraître, et il avait un air serein et calme.

- Je vais vous conduire auprès des chevaliers Divins, annonça-t-il d'une voix claire et agréable.

Kanon hésita encore un instant, puis acquiesça.

- Très bien, je vous suis.

Il s'agenouilla devant Perséphone pour prendre congé, avant de suivre l'inconnu dans les profondeurs des Enfers. Tout en le suivant, il ne put s'empêcher de se demander s'il le conduisait vraiment auprès des chevaliers Divins. Mais Kanon n'avait pas le choix...
L'inconnu semblait savoir exactement ou il allait, marchant d'un pas rapide et sûr. Kanon le suivait sans un mot, occupé à réfléchir.
Ils s'avancèrent ainsi à travers les Enfers durant un certain temps. Eternellement obscurs, les Enfers ne laissaient pas voir le temps passer.
Puis, l'inconnu se retourna et se mit face à Kanon. Les deux hommes se fixèrent un certain temps, puis le chevalier des Gémeaux rompit le silence.

- Tu n'as pas l'intention de me conduire auprès des chevaliers Divins, n'est-ce pas ?
- Effectivement, répondit l'autre calmement. J'ai reçu la mission de vous faire disparaître. Et je pense que cet endroit est parfait pour cela.
- Mais pourquoi ? demanda Kanon, dangereusement calme. Qui es-tu pour croire être capable de me vaincre ?
- Mon nom est Raï. Je suis au service d'Héra, et elle m'a donné l'ordre de te tuer. Je suis navré pour toi, chevalier, mais un ordre est un ordre.

Kanon hocha lentement la tête.

- Très bien. Alors, ne perdons pas de temps, je n'ai pas que ça à faire.

Raï sourit ironiquement et se mit en position de combat.

- Je suis du même avis, terminons cette affaire au plus vite.

Les deux guerriers se placèrent face à face, en position de combat. Chacun observait l'autre, prêt à réagir à tout moment. Kanon attendait avant d'attaquer, il voulait tester son adversaire, évaluer son niveau avant de passer à l'offensive.
Soudainement, Raï se jeta sur Kanon qui faillit se faire surprendre. Mais Raï était trop lent pour que son attaque soit réellement dangereuse. Kanon se contenta d'éviter avec aisance ses coups.
Après quelques minutes, les deux combattants rompirent et se retrouvèrent à quelques mètres l'un de l'autre. Raï semblait surpris que Kanon ait réussi à éviter tous ses coups, mais pas déstabilisé pour autant.

- Pas mal, chevalier. Maintenant, on va voir si tu peux résister à mes attaques.
- Je suis prêt à les parer, répliqua Kanon avec un sourire ironique.

Raï intensifia sa cosmo-énergie, et une lueur violette se déploya tout autour de lui. Kanon brûla son cosmos en réponse, et il se nimba d'une aura dorée.

- Ice breath !

Raï avait joint les mains, et il projeta vers Kanon son attaque. Un souffle glacial se dirigea sur le chevalier des Gémeaux, qui leva un doigt et intensifiant encore davantage son Cosmos pour essayer de parer l'arcane de Raï. Il déployait à ce moment toute la puissance d'un chevalier d'Or.
Raï abaissa les mains, sur de voir son adversaire sérieusement blessé.

- Co... Comment ?

Kanon se tenait devant lui, ne semblant guère affecté par son arcane si ce n'était que sa main était couverte d'une couche de givre. Le chevalier d'Or avait arrêté l'attaque de Raï avec une déconcertante facilité. Mais Raï se reprit. Ganymède l'avait prévenu que ça ne serait pas facile. Il l'avait averti que Kanon était plus fort qu'un chevalier d'Or normal, qu'il maîtrisait Arayashiki. Mais Raï ne pensait pas qu'il était si puissant. A moins que ce ne soit lui-même qui était faible ? Mais de toute façon peu importait, il fallait absolument qu'il réussisse à vaincre Kanon. Pour faire honneur à son maître et à Héra.

- Très bien, chevalier, fit-il en essayant d'avoir l'air sûr de lui. Puisque tu résistes à mon souffle de glace, essaie de résister à ça ! Ice Storm !

Raï déclencha cette fois un véritable ouragan de glace, mettant toute sa volonté dans ses coups. Après un moment, il s'arrêta, sûr que cette fois son adversaire était à terre.

- Non ! C'est impossible !

Kanon se tenait devant lui, sans une égratignure.

- Tes coups sont pathétiques, fit le chevalier des Gémeaux. Ton Ice Storm n'est qu'une version plus puissante de ton Ice Breath, dans ces conditions comment veux-tu surprendre ton adversaire ? Après avoir vu Ice Breath j'ai pu l'analyser et comprendre son fonctionnement, et maintenant ton Ice Storm sera sans effets sur moi. Tes attaques sont trop simples pour être vraiment dangereuses, il suffit d'y résister une fois pour pouvoir les analyser et les parer. Tu n'es pas de taille contre moi. Je te laisse une chance. Abandonne, ou meurs.
- Jamais ! Jamais je n'abandonnerai !

Kanon haussa les épaules.

- A toi de voir. Galaxian Explosion !

L'explosion de Kanon balaya tout sur son passage, et Raï se fit emporter par la puissance de l'arcane. Bien peu de gens avaient pu résister à cette attaque, surtout de la puissance de Raï. Il était courageux, mais faible ; songea Kanon. Trop faible. Le niveau d'un chevalier d'Argent, peut- être.
Le chevalier des Gémeaux leva la tête et vit Raï, étendu sur le sol. Il semblait durement touché, mais ne s'avouait pas vaincu. Lentement, il mit un genou en terre, puis il se releva en serrant les dents.

- Je ne pourrai rien contre toi avec mes attaques normales, dit-il à Kanon d'une voix étonnement calme. Je vais donc utiliser mon attaque la plus meurtrière contre toi. Hyosetsu no Iki !

Cet arcane était sans commune mesure avec les deux précédentes. Kanon le comprit aussitôt en voyant l'arcane se diriger vers lui. Sans hésiter, il utilisa sa propre technique.

- Another Dimension !

Il ouvrit une nouvelle dimension juste devant lui. L'attaque de Raï s'engouffra dedans, puis se retourna et s'élança contre celui qui l'avait envoyée. Ce dernier ne put que hurler de douleur en subissant sa propre attaque, avant de retomber, inerte sur le sol.
Kanon sourit en le regardant. Ce jeune homme, s'il avait pu s'entraîner davantage aurait fait un guerrier d'une puissance exceptionnelle. En un sens c'était presque dommage de gâcher un pareil talent...
Mais quelque chose inquiétait Kanon. En réfléchissant, il ne tarda pas à comprendre quoi. Pourquoi donc lui envoyer quelqu'un d'aussi faible alors que Rhadamanthe aurait dû pouvoir...

Une minute. Je ne perçois plus le Cosmos de Rhadamanthe. Cela voudrait dire qu'il ne se trouve plus aux Enfers ?
Quel dommage, moi qui brûlais d'avoir ma revanche...


Mais il fallait se rendre à l'évidence, l'aura de Rhadamanthe n'était pas perceptible. Kanon fronça les sourcils, puis haussa les épaules.

Ce sera pour une autre fois... Mais maintenant il est temps de rentrer au Sanctuaire.

D'un geste, Kanon envoya son attaque.

- Que se crée une autre dimension !

Il s'engouffra à l'intérieur et disparut.

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Cette fiction est copyright Steph Bréant.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.