Chapitre 2


- Vous êtes sûr que c'est sans danger maître ?

Le garçon répondant au nom d'Albireo était dans une situation pour le moins loufoque : enterré jusqu'au cou dans la neige ! De l'immense étendue blanche, seule sa tête dépassait, et celle-ci n'arrêtait pas de se plaindre.

Albireo : J'ai froid.
Camus : C'est normal.
Albireo : J'ai soif.
Camus : Cesse de gémir !
Albireo : J'ai faim.
Camus : Tu n'es pas le seul…

A ces mots, un étrange sourire naquit sur les lèvres du Chevalier du Verseau, ses yeux luisant d'une leur des plus inquiétantes…
Prétextant un entraînement particulier, Camus avait emmené son encombrant disciple au fin fond des terres les plus reculées de la Sibérie orientale, là où aucun témoin ne pourrait l'accus… là où personne ne viendrait troubler la méditation de son disciple adoré.

Camus : Cette épreuve sert à accroître ton endurance et ta concentration, garde le silence et médite. Profite des derniers instants qu'il te reste à vi… Euh… Profite de cette épreuve pour t'entraîner à augmenter ta résistance physique.
Albireo : Ben oui, mais quand est-ce que vous viendrez me chercher ?
Camus : Je viendrai récupérer ton squel… je viendrai te récupérer ce soir. Maintenant courage, ce n'est qu'une douloureuse épreuve à passer, hé hé.

Sur ces mots, celui qu'on nommait le magicien de l'eau et de la glace (et qui depuis l'arrivée de son nouveau disciple haïssait ce nom) tourna le dos à son apprenti et retourna vers sa demeure, une modeste cabane en bois.
Une fois rentré, le chevalier sortit de sous sa cape une petite boîte rectangulaire. Une petite étiquette jaunie était accolée dessus : " Fourmis d'Amazonie. Très dangereuses. Provoquent la mort. "
C'était bien ce sur quoi comptait le Chevalier d'Or en ce moment…

Camus : Merci Aldébaran, maintenant j'ai une dette envers toi !

Camus se remémora alors la discussion qu'il avait eue avec Shaka, au Sanctuaire…

Camus : Il faut que ça passe pour un accident ! Il ne faut pas qu'on puisse nous accuser d'avoir voulu se débarrasser à tout prix de nos disciples.
Shaka : Il serait plus simple de prétendre qu'ils ont succombé à une des épreuves qui leur sont imposées lors de leur entraînement. Ce ne serait pas la première fois que ça arrive.
Camus : Mais ça risque d'éveiller les soupçons…
Shaka : Tu as une meilleure idée ?
Camus : Oui ! Tu sais qu'Aldébaran revient du Brésil ?
Shaka : Certes. Et alors ?
Camus : Alors je lui ai demandé de me rapporter un petit souvenir de là-bas… Il n'a pas compris pourquoi je lui demandais ça, mais il ne m'a pas posé de questions. Regarde :

Sur ces mots, Camus sortit la boîte que lui avait rapportée Aldébaran. Shaka l'observa attentivement.

Shaka : Des fourmis ?!!!
Camus : Les plus voraces de toute la planète. Une poignée d'entre elle dévore un homme en cinq minutes.
Shaka : Des fourmis en Sibérie, tu trouves que ça fait naturel toi ?…
Camus : On s'en fiche, l'important et que je me débarrasse enfin d'Albireo !
Shaka : Je maintiens que l'épreuve fatale aurait été une solution plus simple.
Camus : Attends avant de dire ça, regarde ce que j'ai ramené pour toi.

Le Chevalier montra alors un nouvel objet au Chevalier de la Vierge. Ce dernier ouvrit les yeux, et un large sourire vint soudain illuminer son visage.

Shaka : Oh oui ! Avec ça Peg n'a aucune chance de s'en sortir. Enfin je vais me débarrasser de ce poison… Merci Camus, t'es un ami.
Camus : Tu sais, je suis bien placé pour comprendre ta souffrance…

Chez lui, le Chevalier du Verseau jubilait.

Camus : Enfin c'en est terminé de ce cauchemar !

Loin de là, dans l'étendue neigeuse, Albireo s'ennuyait ferme.

Albireo : 14231 moutons… 14232 moutons… 14233 moutons… Une fourmi… Une fourmi ?!!!

En effet, la colonie d'insectes abandonnée par Camus commençait à s'approcher de ce qu'elles avaient bien l'intention de faire leur plat du jour. Déjà les premières commençaient à escalader le visage du pauvre Albireo.

Albireo : Aïe ! Au-secours, elles vont me dévorer !!

Le jeune disciple commençait à paniquer, et faisait des efforts considérables pour se sortir de sa prison de neige, en vain.
Résigné, il décida alors de fermer les yeux.

Albireo : Ah, si mon maître était là, il pourrait me sauver, lui… Snif… Adieu, monde cruel… Je ne réaliserai jamais mon rêve de devenir magicien… Snif… Déjà, je sens la mort mordre mon visage… Snif… C'est bizarre, je ne pensais pas qu'une fourmi pouvait baver autant… Snif… Eh, mais qu'est-ce que ?

Rouvrant les yeux, le garçon aperçut une langue énorme qui lui léchait le visage, avalant les insectes qui voulaient eux même l'avaler. Albireo aperçut un museau blanc surmonté de deux yeux affectueux…

Loin de là, dans sa cabane, allongé sur son tapis en peau d'ours, Camus soupirant d'extase goûtait enfin au repos qu'il n'avait plus connu depuis la venue de son disciple. Mais des coups répétés à la porte le tirèrent de sa rêverie…
Le temps sembla se suspendre. Le Chevalier du Froid devint blanc comme un linge. Son tapis gela en une fraction de seconde et se désintégra. Se relevant en tremblant, Camus se dirigea vers l'entrée de la hutte… Ouvrit la porte…

Albireo : Maître ! Je suis revenu, et je me suis fait un nouvel ami regardez :

Avec un franc sourire, Albireo s'effaça pour montrer son nouveau compagnon, l'ours blanc qui l'avait sauvé des fourmis un instant plus tôt.

Albireo : N'est-il pas beau hein maître ? Maître ? Pourquoi vous êtes tout bleu tout d'un coup ?

Très loin de là…

Sur les rives du Gange…

- Mais maître, elle est boueuse !

Le jeune Pegasus se tenait au bord du grand fleuve indien que l'on nommait le Gange. Derrière lui, son maître, assis en tailleur, les yeux fermés, en position du lotus, prodiguait ses directives à son disciple.

Shaka : Ton esprit doit s'élever au-dessus de ces considérations matérielles, Peg.
Peg : Ben oui, mais en plus ça sent pas bon.
Shaka : Tes sens te trompent, jeune apprenti. Libère-toi de ces entraves dans lesquelles ton éducation t'a jusque-là ligoté.
Peg : Oui, mais elle est froide aussi.
Shaka : A la flotte et que ça saute !!!
Peg : D'accord d'accord !

Pressant le pas, le disciple de l'homme le plus proche de Dieu pénétra dans l'eau du fleuve sacré, en grommelant.

Peg : Traverser toute la largeur du fleuve à la nage, je vais attraper froid moi…

Soudain une immense déflagration de cosmos retentit dans son dos, le projetant au milieu du fleuve, arrachant plantes, arbustes et pierres, formant pendant un bref instant un tourbillon vertigineux au milieu du fleuve.

Peg : Maître, vous avez encore cligné des yeux ?
Shaka : Cesse de parler, concentre-toi sur ton épreuve.

Tandis que son disciple nageait tant bien que mal au milieu des eaux tumultueuses du Gange, le Chevalier de la Vierge sortit de derrière son dos le cadeau de Camus, un bocal… Vide…
Shaka esquissa un mince sourire.

Shaka : L'heure est venue, Peg… Je vais enfin retrouver ma liberté !

A des milliers de kilomètres de là, au Sanctuaire, dans la Maison du Taureau…
Le gardien de la deuxième demeure du zodiaque ne cessait de tourner en rond.

Aldébaran : Mais pourquoi diable Camus m'a-t-il demandé de lui rapporter des fourmis et des piranhas…

Dans les eaux du Gange…

Peg : Je sors la tête de l'eau, j'inspire, je rentre la tête… bloub… dans l'eau… bloub…, j'expire, je bats des pieds et des mains, je sors la tête de l'eau, j'inspire, je rentre la tête… bloub… dans l'eau, j'inspire… Keuf keuf, non, ce n'est pas ça, euh… J'expire… Je bats mes pieds avec mes mains, euh non, j'inspire, je souffle, je bois… Non… Mais pourquoi est-ce que c'est si compliqué de nager ?? Pourtant les poissons ils y arrivent, eux… Je ne suis pas plus bête qu'un poisson ! Quoique… Tiens, en parlant de poisson… Qu'est-ce que c'est que ça ?

Le seul et unique disciple de Shaka (au grand désespoir de ce dernier) observait les remous qui semblaient se précipiter dans sa direction. Il décida alors de plonger la tête sous l'eau.

Peg : Oh, les jolis poissons ! Et ils viennent tous vers moi ! Je n'en avais jamais vu d'aussi près, ni d'avec aussi grandes dents d'ailleurs.

Les piranhas encerclaient le malheureux Peg, qui ne se doutait guère de leurs intentions ni de leur faim.
Ils allèrent planter leurs dents dans la chair, lorsque…
Ils s'arrêtèrent…
Humant ce qui aurait dû leur servir de festin, et constatant alors l'origine belge (qualité contrôlée) du produit, ils s'en allèrent d'un air dégoûté…

Sur la rive du Gange…

Shaka : C'est fini… Je ne sens plus les émanations de son cosmos… Enfin il faut dire qu'il n'en a jamais eu !
Peg : Youhou, maître !

Silence…

Shaka : P… Peg ?

Le Chevalier de la Vierge ouvrit les yeux… De l'autre côté du Gange, son disciple lui faisait de grands signes.

Peg : Maître, j'ai réussi ! Mais comment je reviens ? Maître ? Qu'est-ce que vous faites par terre ?

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Cette fiction est copyright Jean-Baptiste Landy et David Judenne.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.