Chapitre 2


Et nous revoici donc au manoir Kido. C'est actuellement l'heure du petit déjeuner, mais il y a moins de gens qu'on ne pourrait s'y attendre, étant donné que personne ne sait où est passé Jabu (et que tout le monde s'en fout, d'ailleurs), que Shiryu est coincé à Rozan face aux boulettes de riz sucrées de Shunrei et que Shun et June sont toujours enfermés dans la même pièce depuis maintenant une bonne demi-heure.

Saori, toute seule assise à l'extrémité de la vaste table qui sert au petit déjeuner : Sans compter Seiya et Hyoga qui sont en train d'écouter à la porte.

Sérieux ? Je vais voir ça !

De fait, Seiya et Hyoga ont effectivement tous les deux l'oreille collée à la porte, et, étant donné le temps qu'ils ont visiblement passé ainsi, il est raisonnable d'affirmer que le torticolis aggravé les guette.

Voix de June, à travers la porte : Ca ne suffit pas, Shun ! (claquement sec) Tu dois encore mettre cette chose en cuir noir et enfiler les menottes !
Voix de Shun, à peine audible : Ikki, mon frère, sauve-moi...

Désespérant... Je crois que je vais redescendre...

De retour à la table du petit déjeuner. Saori est en train d'entamer les croissants beurrés, l'air mélancolique.

Ca va, tu ne t'ennuies pas trop ?

Saori : Bah, ces temps-ci, je m'ennuie un peu tout le temps... Je n'ai presque rien à faire de mes journées. Il faudrait vraiment que je me trouve une occupation pour me distraire…

Oh. Tu veux dire, comme ton installation ultra-sophistiquée de caméras et de micros dans absolument toutes les pièces de la baraque sans exception ?

Saori s'étrangle sur son croissant et vire au cramoisi.

Remarque, c'est un fait que la chose a un aspect divertissant...

Saori, après avoir avalé précipitamment un verre de jus de fruits pour faire passer le croissant : C'est ridicule !

C'est vrai. Il y a des choses plus amusantes pour se changer les idées. Jouer à "Truth or Dare", par exemple, là...

Saori, à mi-voix : Décidemment, je hais ce type...

Uh ?

Saori : Rien, rien...

Okay, bon, de toute façon, comme tout le monde semble très occupé dans cette baraque, c'est à toi que je vais refiler l'anneau. Ca te va ? Tu veux que je t'explique à quoi sert un anneau de souhaits illimités ?

Saori, hautaine : Contrairement à certaines personnes qui pourraient résider sous ce toit, il se trouve que j'ai reçu la meilleure des éducations possibles.

Certains pas très loin n'en ont pas eu l'occasion. Bon, tu fais un voeu ?

Saori, après avoir réfléchi : Anneau de souhaits illimités, je t'ordonne d'accomplir le voeu que voici... (murmure murmure murmure)

C'est agaçant, à la fin... Vous pouvez pas parler à voix haute ?

TADAM !!! (NDA: oui, j'ai changé le son que fait l'anneau en exauçant les voeux, ça fait plus smart comme ça, je trouve.)


Le manoir Kido est encore là... en quelque sorte... Intérieur comme extérieur, il ressemble à présent de façon impressionnante à ces palais qu'on trouve dans les "Mille et une nuits".
Vêtue d'une robe de soie rouge et dorée, Saori se prélasse mollement sur un amoncellement invraisemblable de coussins colorés, dans une vaste pièce au sol couvert de tapis. Elle est entourée par Seiya, Shiryu et Hyoga, tous trois vêtus de façon fort esthétique mais résolument succincte. Shiryu tient un éventail en plume de paon, Hyoga verse une liqueur parfumée dans un verre en cristal et Seiya pèle des grains de raisin avant de les donner à manger à Saori un par un.
(NDA: Ikki n'est pas là parce que le voir dans cette tenue pourrait choquer les âmes sensibles et Shun est toujours en train de suivre ses cours d'équitation.)

Saori, tendant langoureusement une main : Du vin, esclave !
Hyoga, tendant le verre avec humilité : Oui, maîtresse Saori.

Pfff... C'est un complot pour que je me fasse encore écarteler par les fans féminins de Hyoga, c'est ça ! Hmpf... Allons plutôt voir ce qu'est devenu le reste de la baraque...

Le reste de la baraque ressemble à peu près à ce qu'on a déjà vu, avec du marbre et des arabesques partout. Il y a un grand nombre de pièces, toutes plus grandes les unes que les autres. Et notamment une, là devant, qui paraît intéressante...

Jamian, surgissant de nulle part pour barrer la porte : Halte, on ne passe pas !

Jamian ?? Qu'est-ce que tu fous là ?

Jamian, d'un air digne : C'est maîtresse Saori qui m'a confié ce poste à haute responsabilité.

Saori t'a confié un poste ? Attends, ne me dis rien, je vais deviner...

Jamian : Eh, j'ai dit qu'on ne passait pas !

Tu as oublié l'article 1 de la déclaration des Droits du Narrateur.

Jamian, méfiant : Qui est ?

Ils font ce qu'ils veulent, quand ils veulent, et les personnages qui leur cherchent des crosses finissent toujours par s'en mordre les doigts à condition qu'il leur en reste...

Jamian : Euh... Euh... Bon, d'accord, passe, mais ne va raconter ça à personne, hein !

T'inquiète... Bon, alors, reprenons... Saori t'a confié un poste, qu'est-ce que ça pourrait être...

On passe dans une très longue pièce meublée de nombreux lits. Un peu partout, on peut voir un grand nombre de vêtements qui sont tous à ranger dans la catégorie "léger et révélateur".

Préposé au vestiaire ? Non, ça ne tient pas debout...

Une porte, et on se retrouve dans une autre pièce, où presque tous les murs sont recouverts de miroirs. Les tables sont encombrées de peignes, rubans, crèmes et flacons de parfum.

Coiffeur et maquilleur ? Argh, j'en ai des cauchemars éveillés rien que d'y penser ! Non, ça doit pas être ça...

Puis on arrive à une autre porte. De l'autre côté, on ne distingue pas grand-chose, étant donné la vapeur qui semble emplir la pièce. Par contre, on entend distinctement un brouhaha de rires, gloussements et bavardages.

Ou alors...

Une atmosphère humide saisissante quand on entre...

GARDIEN DE HAREM ?!?!?!

La pièce en question est tout en marbre et il y a une vaste piscine au milieu où se baignent joyeusement une vingtaine de jeunes éphèbes dont les traits ne sont pas exactement inconnus...

Mysti ? Aphrodite ? Mu ? Milo ? Kanon ?? Saga ?! Camus ?!! Aiolia ?!?! Shaka ?!!!!

Un bruit. Tatsumi, vêtu d'une sorte de tunique couleur crême, vient d'entrer par un autre porte, l'air très digne d'un homme à responsabilité, un parchemin à la main.

Tatsumi, déroulant le parchemin : Un peu de silence ! Et écoutez-moi tous !

Immédiatement, les garçons se regroupent dans la partie du bassin la plus proche de Tatsumi, l'air à la fois impatients et terriblement excités.

Tatsumi, l'air solennel : Pour ce soir, maîtresse Saori a choisi Aphrodite, Saga et Shaka !

Là-dessus, il referme le parchemin et s'en va, laissant libre cours aux réactions suscitées par sa déclaration.

Aphrodite, bondissant partout : Elle m'a choisi, elle m'a choisi, elle m'a choisi !
Mysti, boudant : C'est pas juste.
Aiolia, boudant aussi : Vous n'êtes que des chouchous...
Shaka, lui tirant la langue : C'est pas vrai ! Elle nous préfère, c'est tout !

Au secours ! Réflexion faite, je ferai mieux de revenir pronto de là où je viens...

Aussitôt dit aussitôt fait et on se retrouve dans la salle de départ où se prélasse toujours Saori.

Euh, Saori ?

Saori, en train de boire son verre à petites gorgées : Hmm ?

Et si tu faisais un autre voeu ?

Saori : Très bien, si tu insistes. Alors, je souhaite que tous ceux et celles qui me prennent pour une gourde se retrouvent ici et qu'ils...

Stop, stop, stop !!!

Saori, frustrée : Pourquoi ?

Je tiens à ma tête, moi ! Choisis autre chose !

Saori, réfléchissant : Bon... Alors je souhaite que... (murmure murmure murmure)

C'est vraiment énervant, cette manie...

TADAM !!!

Un flash de lumière et on se retrouve dans le film Eris, à l'approche de la fin. Enfin, presque... Il y a quelques différences notables. Notamment le fait que c'est Seiya qui est enchaîné à la croix en pierre, vêtu d'une ample toge blanche, avec une pomme d'or collé à la poitrine.

Seiya, d'une voix agonisante : Saoriii, à l'aiiide !!!
Eris : Franchement, ces changements de scripts, ça flanque un peu tout par terre...

Ce film est déjà tellement nul, à mon avis, ça ne peut que le rendre mieux... Et, au pire, on ne pourra pas tomber en-dessous de Lucifer.

Saori, d'une voix impérative : Et maintenant, je veux revêtir l'armure d'or du Sagittaire.

TADAM !!!

Un douloureux silence s'ensuit.

Saori, peinant un peu à respirer : Je veux revêtir... la version féminine... de l'armure d'or du Sagittaire...

TADAM !!! L'armure du Sagittaire subit quelques modifications relativement notables, permettant d'accomoder les proportions conséquentes d'une jeune fille qui faisait déjà du 90-60-85 à l'âge de 13 ans.

Saori, soufflant : Ah, ça va mieux ! (sort l'arc et la flêche du Sagittaire) Bon, et maintenant, je souhaite que Eris ne vienne pas s'interposer quand je tire !

TADAM !!!

Eris : Pourquoi j'aurais fait une chose aussi bête, de toute façon ?

Je ne sais pas si tu te souviens, mais c'est bien ce que tu avais fait la première fois...

Saori, bandant l'arc et visant : Okaaay, on ne bouge pluuus...
Seiya, réalisant vers qui est pointé la flêche cette fois-ci : Euh, Saoriii ??
Saori : Hin hin hin !!!
Seiya, paniqué : A moi ! A l'aide ! A l'assassin !
Saori, méchante : Ne t'inquiète pas, Seiya, je vais te sauver, tu vas voir !
Seiya, rictus de terreur sur la figure : Gggg...

CHTAK !!! La flêche part, transperçant la pomme d'or qui tombe au sol en deux moitiés, et s'arrêtant à un petit millimètre de Seiya, qui s'évanouit sous le choc.
Saori : Eh eh eh !!! Alors, ça fait quelle impression, hein ?
Eris : Euh, et moi, dans cette histoire ?
Saori, brandissant sauvagement l'arc au-dessus de sa tête : Toi, tu te casses avant que je ne décide de m'entraîner au tir au pigeon avec quelqu'un d'autre !!!
Eris, s'enfuyant précipitamment : EEEEK !!!
Saori, s'approchant de la croix en pierre : Seiya, tu as vu ? Je t'ai sauvé ! Qu'est-ce que tu penses de ma technique ?

Je sais que ça ne me regarde pas, mais, personnellement, si je n'avais pas arrêté la flêche parce que j'ai encore besoin de Seiya, je pense que tu ne l'aurais pas raté.

Eris, de plus loin : J'aurais ma vengeance, Athéna, tu verras !

PAF !! La déesse de la discorde vient de se prendre les deux moitiés de sa pomme d'or dans la figure.

Pfff... Je crois qu'il va être sérieusement temps de confier cet anneau à quelqu'un d'autre...

Saori : Ah non, j'ai encore un voeu ! Je veux que Seiya fasse le cheval pour moi !

TAD...

Pas question ! On a déjà eu droit à suffisamment d'équitation pour la journée, ça suffit comme ça ! Je reprends l'anneau et toi, tu te débrouilles pour rentrer à Tokyo avec ton armure sur le dos.

Saori, faisant la moue : Et Seiya ?

Ne t'inquiète pas, je l'embarque.

Saori, méfiante : Et pourquoi ça ?

Parce que c'est à lui que je vais refiler l'anneau maintenant...

Saori : Ah-ah...

Et je dirais que ses souhaits ont à peu près onze chances sur dix de t'impliquer personnellement...

Saori : Gulp...

A très bientôt, donc !

Zoom décroissant sur Saori en armure d'or du Sagittaire version féminine, en train de regarder autour d'elle s'il n'y a pas un endroit où elle puisse se cacher pour échapper à la suite de l'histoire. Malheureusement, c'est un fait avéré qu'il n'existe aucun moyen plausible d'échapper à un narrateur et c'est donc absolument sans espoir.

Voix de Saori, de plus en plus loin : C'est pas juuuuste !!!

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Cette fiction est copyright Romain Baudry.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.