Chapitre 10 : Et de la mer vint la vie…


Une chambre aux rideaux tirés, à l'intérieur du palais du Sanctuaire sous marin. En dehors, de part et d'autre de la lourde porte estampillée au trident, deux marinas aux aguets veillent sur le sommeil du prince héritier du Royaume des Sept Mers.

Sion dort dans son lit aux rideaux écartés…Parfois, des images affreuses lui envahissent le cerveau, et il s'agite dans son lit, provoquant l'inquiétude d'Illia, qui veille à son chevet. De temps en temps, quand il transpire trop, elle tamponne son front avec un tissu humide.

Il revit en cauchemar toutes les nuits son dernier combat, et cela inquiète les généraux, car il se repose à peine et se réveille endolori et fatigué. Pourtant, il n'y peut rien, et 'dit' de moins en moins de choses… il reste assis des heures en dehors du palais sans faire un mouvement, son trident en main, et dort beaucoup, sans qu'il soit vraiment possible de savoir s'il le fait vraiment vu qu'il a en permanence les yeux fermés. Mais son air défait qu'il essaye vainement de cacher parle pour lui…

Cela préoccupe les généraux…et Sorrente décide d'en venir aux grands moyens. Dans un verre de lait, liquide que Sion affectionne, il glisse quelques gouttes de pavot…Sion le boit, baille et finit par s'endormir sur son siège…Sorrente le prend dans ses bras et le porte dans son lit, puis s'assied à son chevet…Sion respire calmement, et, le pavot supprimant les rêves, ne rêve pas du tout, il repose tranquillement, un bras sur sa poitrine et l'autre le long du corps, et Sorrente semble rassuré: cette fois il se reposera vraiment. Il lui prend le pouls, qui est normal, et sourit de contentement…

Mais tout n'est pas gagné pour autant…Même s'il n'en parle pas, Sorrente sait que Sion est très traumatisé par son handicap. Il n'a pas encore douze ans, et le voilà condamné à vivre toute sa vie dans le noir si personne ne trouve un moyen d'annuler le sort lancé par Nereus…mais jamais il n'a regretté son combat, le monde est sauvé et, même si la révolte parfois le submerge, il sait très bien que son action était nécessaire…

Son père vient le voir tous les jours, sa mère aussi, mais personne n'a encore vu Athena venir rendre visite à son frère jumeau. Au Sanctuaire, elle s'entraîne, essayant de rattraper le temps qu'elle a perdu…Pourtant, Sorrente soupçonne qu'elle aussi ne va pas bien, même si elle essaye de donner le change quand son père lui rend visite…mais personne ne sait comment l'aider.

Sion aussi parfois accepte mal les soins qu'on lui donne et qu'il ne peut s'empêcher de trouver humiliants…Son corps est couturé de cicatrices, ce qui horrifie Sorrente quand celui-ci l'accompagne se laver. Pourtant, Sion essaye de tout faire par lui-même, refusant d'être dépendant de quiconque, s'aide de son trident pour marcher et use de sa cosmoénergie, qui était plus ou moins en sommeil depuis la guerre d'Hermès mais dont il se sert pour augmenter encore ses pouvoirs, pour situer les choses et les gens. Mais il sent confusément que d'autres pouvoirs sont nés pendant son affrontement avec Nereus, son pouvoir de lecture d'aura a fortement progressé jusqu'à devenir quasiment instinctif…mais, pour l'instant, il n'a pas le temps ni la force de voir quels sont ces nouveaux pouvoirs, ni d'apprendre à les contrôler…

En permanence, six marinas l'entourent, avec au moins l'un des généraux. On ne veut plus prendre de risques et Illia et Thétis estiment que le pauvre garçon a assez souffert comme ça. Quand il manifeste son intention de faire quelque chose tout seul, elles le laissent faire, tout en veillant sur lui discrètement.

Mû 'parle' avec lui autant qu'elle peut, soucieuse de le faire s'exprimer au maximum, mais il devient de plus en plus taciturne. Elle sent clairement le mal-être de son fils cadet et, même s'il ne veut pas en parler, sa crainte de rester infirme pour toujours. Pourtant, elle lui insuffle l'espoir qu'un jour, il verra et parlera à nouveau…mais s'effondre en larmes dès qu'elle regagne le Sanctuaire, bouleversée par la vue de son fils.

Sion sent bien que sa mère ne va pas bien du tout, et il essaye de la rassurer en se débrouillant au maximum tout seul et en lui disant souvent qu'il va bien et qu'elle n'a pas à s'inquiéter. Il marche longtemps dans le sanctuaire sous-marin tous les jours, essaye de courir, de refaire quelques exercices pour retrouver sa masse musculaire perdue par trois mois de coma et de nourriture par intraveineuse…cet optimisme rassure Mû, qui recommence à aller mieux et à espérer. Mais Sion souffre, ses cicatrices lui font mal, certaines, moins bien cicatrisées, se rouvrent même sous l'effort et ses muscles engourdis réagissent douloureusement. Il arrive assez bien à dissimuler tout cela, jusqu'à ce que Thétis découvre sur sa tunique, qu'il met en dessous de sa robe, de larges taches de sang et l'oblige à un examen complet. Le médecin lui délivre une mercuriale magistrale et l'ex.

Mais Thétis, intraitable, ne cède pas: il doit absolument se reposer. Sion en est encore réduit à s'asseoir pendant des heures, sans rien faire, se contentant d'imaginer ce qu'il y a autour et au dessus de lui vu qu'il ne l'a jamais vu avant son 'accident'. Il aime entendre ses parents le lui décrire, et sourit même parfois…

Parfois, son père l'emmène avec lui au dehors, respirer le bon air marin du Cap Sounion. Mû aimerait l'emmener avec elle à Jamir, mais elle est consciente qu'être sous la mer l'aidera à se remettre plus vite…


Asgard…

Camus du Verseau observe son élève qui court dans la neige. Petit Camus a encore pris quelques centimètres, et il ne fait aucun doute qu'il aura la silhouette longiligne des gens du nord. Dans quelques semaines il aura dix ans, le 7 février, un jour avant son homonyme qui, lui, en aura 33.

C'est un garçon très volontaire mais, depuis un petit moment, son maître sent un changement en lui…

Il décide alors d'effectuer un test afin de voir ce dont il s'agit, car il trouve vraiment que Camus stagne en ce moment, il a cessé de progresser et serait même presque à la limite de la régression: que se passe-t-il donc ? De plus, il devient taciturne et renfermé…il veut bien croire qu'il s'agit du début de l'adolescence mais, au vu du cosmos de l'enfant, il y a là autre chose de plus grave…

Le test en question est de conduire Camus dans un endroit retiré, et de le laisser seul effectuer l'exercice, casser une cascade gelée. Le lendemain, il met en scène le test, dit qu'il retourne au château et observe le garçon de loin…Petit Camus, certain d'être seul, augmente sa cosmoénergie à un point que même son père ne lui connaissait pas, et fracasse la cascade d'un seul coup, sans aucunement paraître fatigué à la fin…il se permet même un petit sourire de contentement.

Camus, médusé, observe cela et réalise brusquement que son élève avait appris seul à cacher la vraie mesure de sa cosmoénergie, qu'elle n'a pas régressé mais fortement augmenté et que l'enfant a en fait peur de lui…il n'ose pas lui montrer ce qu'il sait vraiment faire de peur de se faire disputer une fois de plus.

Il décide alors de prendre les mesures qui s'imposent. Il dit à Hilda que des affaires urgentes le rappellent au Sanctuaire et qu'il doit donc laisser Camus seul…"Il s'entraînera tout seul, il en est largement capable maintenant", lui précise-t-il.

Hagen a commencé à s'entraîner aussi et a découvert la grotte de son homonyme…il l'a élue comme lieu de prédilection.

Un jour que les deux Camus s'entraînent, peu avant le départ de Camus du Verseau, il veut la leur montrer. Petit Camus, transpirant, étouffant, ne tient pas quinze secondes à l'intérieur et doit sortir précipitamment.

"Camus ! tu y retournes !" lui dit son maître

"Mais, maître, il fait trop chaud !

-Tu dois arriver à supporter d'autres climats !"

Voici le pauvre enfant obligé d'y passer trente secondes, puis une minute et enfin cinq minutes…Mais il se raccroche à l'idée qu'il sera seul pendant quelques temps, débarrassé de son maître qu'il n'est pas loin de détester. Il ne comprend pas d'ailleurs pourquoi son père l'adore autant, et l'a vite déboulonné de son piédestal.

Camus part donc le lendemain non pour le Sanctuaire mais pour Blue Graad. A Hyoga il explique le fond du problème, et lui révèle que petit Camus est bien plus puissant que ce qu'il veut bien laisser filtrer. Malheureusement, s'il a réussi à acquérir seul la capacité de masquer sa vraie mesure de cosmos, il ne parvient pas à empêcher ses émotions de passer dedans, et cela le chagrine très souvent car son père et son maître lisent en lui comme dans un livre ouvert. Hyoga écoute soigneusement tout ce que Camus lui dit, et, si certaines choses ne l'étonnent guère, la seule qui l'étonne est le fait que son fils soit déjà si puissant au bout d'un an d'entraînement…

Mais Camus continue à s'entraîner…libéré de son maître, ses pouvoirs qu'il s'épuise à garder en lui depuis un moment peuvent enfin s'épanouir à leur vraie mesure…au grand étonnement de son cousin Hagen, qui ne le croyait pas si puissant. Camus redevient plus ou moins le garçon doux et sociable qu'il était avant, à la grande joie d'Hilda et Freya, qui sans le dire étaient inquiètes pour lui…


Le Sanctuaire…

Athena, attendant que son maître veuille bien se souvenir d’elle, était assise tranquillement sous un arbre, cherchant un peu d’ombre....Mais, si elle paraissait calme en apparence, son esprit bouillait. Depuis la découverte de la cécité et de l’aphasie de Sion, Athena ne cessait de se reprocher de n’avoir pas agi...Il semblait que sa mère pensât la même chose, puisqu’elle n’était pas venue la voir depuis un bon moment...

Si Sion ne recouvrait pas ses sens perdus, alors Mû aurait une bonne raison de ne plus jamais lui parler...

Voyant que son maître ne revenait pas, elle commença à marcher un peu...Incapable de se retenir, elle sentit quelques larmes couler sur ses joues, et donna un violent coup de pied contre un malheureux caillou qu’elle atomisa. Elle n’en pouvait plus ! toute cette pression accumulée depuis des semaines sortait enfin, et elle tomba à genoux...

Une voix mâle dit soudain:

" Mon Dieu, Athena, qu’est-ce que tu as ? "

Il s’agissait d’Aioros, chevalier d’or du Sagittaire...Il la mit assise, et dit:

" Qu’est-ce qui se passe ? Ton frère va plus mal ? "

Athena mit une bonne dizaine de minutes pour enfin réussir à répondre:

" Non, il ne va pas plus mal... "

Aioros dit:

" Tu peux me parler, si tu veux... "

Déjà une fois, Athena avait pu apprécier les talents de psychologue d’Aioros. Elle dit:

" Je n’ai pas agi...je n’ai pas aidé Sion ! j’aurais pu le suivre à distance, au moins le dissuader !

-Il t’avait dit qu’il voulait agir seul...c’était à lui de décider...

-Et maman me considère comme responsable, vu qu’elle ne vient même plus me voir !

-Je ne crois pas...Athena, ta mère traverse une passe difficile, elle doit faire le point sur certaines choses, et cela elle doit le faire seule...ne t’inquiète pas, je ne pense pas qu’elle te considère comme responsable des infirmités de ton frère...je la connais bien, tu sais... "

Aioros eut un sourire triste. Athena dit alors:

" Je vous vois souvent ici...vous n’avez pas l’air bien vous non plus... "

Aioros sourit un peu plus largement, et dit:

" Tu ne pourrais pas comprendre...tu es trop jeune...

-Je ne pense pas...si mon corps grandit plus vite, il semble que mon esprit aussi...alors imaginez que j’ai quatorze ans, pas onze...je veux vous aider, comme vous le faites pour moi... "

Alors Aioros dit:

" J’ai quitté le Sanctuaire pendant longtemps, et j’étais content de retrouver mon frère...je suppose que tu es au courant ?

-Lui et Marine ? Oui, depuis très longtemps, quasiment depuis mes premières années...c’est quasiment un couple légitime tacite maintenant....

-Oui...j’ai toujours peur de le déranger, et je me sens inutile...

-Si tu allais voir la déesse ? Je pense que tes capacités seraient fort utiles, je crois que Sion du Bélier t’avait choisi pour son successeur, il y avait une raison...

-J’ai perdu une partie de ces capacités, Athena, je suis plus celui que j’étais autrefois...c’est peut-être mon séjour au royaume d’Hadès...

-Il ne faut pas te laisser abattre...va voir la déesse, quand j’ai un problème je vais toujours la voir... "

Et elle appuya son affirmation d’un de ses plus jolis sourires. Aioros sourit lui aussi:

" Tu es aussi fine et futée que ta mère...Je vais suivre ton conseil, et, si tu as besoin de parler, n’hésite pas...

-Pareil pour toi...je veux t’aider parce que tu m’aides... "

Athena entendit soudain crier son nom, c’était Shaina qui la cherchait. Elle agita la main et dit:

" Je suis là ! "

Shaina arriva en courant, s’arrêta et dit:

" Ton maître te cherchait...

-J’avais besoin de marcher, merci de vous êtes dérangée... "

Shaina, reconnaissant Aioros, s’inclina et dit:

" Merci d’avoir pris soin d’elle... "

Et elle l'emmena auprès d'Aphelia…Celle-ci lui dit:

"Où étais-tu ? "

Mais Athena ne répondit pas…Aphelia lui fit signe de la suivre, Athena s'exécuta sans dire un mot…Aphelia était inquiète pour elle: depuis quelques semaines, Athena était très silencieuse, avait perdu son impulsivité…que s'était-il donc passé ?

Ce fut Shaina qui lui donna la réponse qu'elle attendait en lui signalant que le frère jumeau d'Athena s'était réveillé de son coma aphasique et aveugle…Aphelia comprit alors la raison profonde de la déprime d'Athena…elle l'emmena le lendemain avec elle hors du Sanctuaire, et lui dit:

"J'ai pensé que tu avais besoin de dépaysement ces temps derniers…j'espère que ton frère jumeau ira mieux bientôt…"

Et elle lui sourit. Athena, étonnée, écarquilla les yeux mais finit par sourire timidement. Aphelia sourit un peu plus et dit:

"Allons, viens, nous allons faire un exercice qui j'en suis sûre te sera très utile. Il s'agit de lecture d'aura…"


Evolutions…

Athena n'avait pas développé ce pouvoir au même titre que Sion…cet exercice ne demanderait pas beaucoup d'énergie à Athena, et Aphelia le savait…elle l'emmena dans une petite crique, et lui demanda d'essayer après lui avoir expliqué l'objectif de l'exercice.

Athena s'assit dans le sable, ferma les yeux et se concentra sur les auras proches…mais se produisit alors quelque chose dû à la proximité de la mer et à la concentration d'Athena. Sous les yeux de son maître, elle se retrouva entourée d'une petite aura bleue, du même bleu qui constituait la moitié de son aura de naissance…

Tentant de conserver son calme pour faire disparaître cette aura vraiment malvenue, elle n'y parvint pas, et la mer commença à clapoter furieusement sous les yeux d'Aphelia. Athena respira un grand coup, retrouva son calme, et la mer redevint d'huile. Mais l'aura, elle, ne disparut pas…Elle se leva et regarda son maître avec tout le contrôle qu'elle put…

Aphelia lui dit:

"Que fait donc un marina au milieu des chevaliers sacrés ? "

Athena garda le silence, ne voulant ni ne pouvant rien dire. Aphelia dit alors:

"Rentrons, nous allons soumettre ton cas à la Déesse…"

Athena consentit alors à dire:

"Elle est au courant…je suis à moitié chevalier sacré, c'est pour cela que je ne représente pas un danger pour le Sanctuaire…ce que vous venez de voir là n'est que mon côté marin qui s'éveille en ce moment, sans prévenir…mais je ne suis pas dangereuse pour le reste du monde…

-Tu comptes me faire croire ça ? et ton frère jumeau qui porte le trident de Poseidon ? et le médaillon au trident que tu portes à ton cou et que tu tentes de dissimuler ? "

Athena, qui avait enfin réussi à maîtriser son aura, s'obstina dans son silence, sachant qu'elle ne pouvait rien dire. Aphelia la ramena au Sanctuaire, et l'emmena directement voir la déesse…Celle-ci les pria d'expliquer ce qui s'était passé…Athena dit alors:

"Quelque chose qui vraiment ne m'était jamais arrivé…une aura bleue pure s'est formée autour de moi, et j'ai senti un nouveau pouvoir apparaître que je ne sais pas encore définir…malheureusement, je n'ai plus réussi à contrôler l'autre pouvoir, et la mer a commencé à s'énerver…"

La déesse savait qu'Athena avait déjà le pouvoir de calquer son humeur sur la mer, et comprit exactement ce qui lui était arrivé. A la proximité de la mer, les pouvoirs marins en sommeil d'Athena s'étaient réveillés, d'où cette manifestation impromptue…après tout, Athena, bien qu'elle possédât moins de pouvoir marin que son frère, était aussi la fille de Poseidon.

Mais comment endormir maintenant la méfiance d'Aphelia ? Il est vrai que jamais ce genre d'incident ne s'était encore produit en sa présence, Athena retenant ses pouvoirs parfaitement bien maintenant. Il était temps de dire une partie de la vérité à Aphélia…

La déesse laissa Athena terminer, et laissa Aphelia parler:

"Athena est une marina, Altesse, j'en étais sûre ! vu que son frère avait le trident de Poseidon et qu'elle porte au cou un médaillon frappé lui aussi de ce trident, ce ne pouvait être autre chose…"

La déesse jaugea Aphelia, elle pouvait lui faire confiance, c'était l'une des plus droites et plus honnêtes femmes chevaliers doublée d'une femme d'honneur…elle les regarda un moment, et commença à l'intention d'Aphelia:

"Tu as déjà rencontré Julian Solo, le père d'Athena et de Sion, n'est-ce pas ? tu n'as rien senti ?"

En y réfléchissant bien, Aphelia avait bien senti quelque chose s'exhaler du corps de l'armateur, mais n'y avait pas accordé d'attention, persuadée d'être influencée par le charme de l'homme.

Elle répondit:

"Rien que je ne connaisse, Altesse…"

La déesse continua:

"Il existe des humains dont le destin se confond avec celui des dieux, c'est son cas…Julian Solo est le réceptacle de ce qui reste libre de l'âme de Poseidon, l'empereur des Sept Mers…"

Le tonnerre s'abattant sur Aphelia ne l'aurait pas plus étonnée…elle regarda Athena et dit:

"Alors…Athena…est…

-Une demi-déesse, oui…" acheva la déesse Athena.

Aphelia observa Athena un petit moment. Nonobstant sa taille anormale, Athena avait l'air bien humaine, aussi humaine que tous les entraînés du Sanctuaire. Mais ainsi s'expliquaient tout un tas de choses qui paraissaient à l'origine inexplicables sur les pouvoirs d'Athena…

Aphelia continua, disant à Athena:

"Ainsi c'est la raison pour laquelle ton frère possède le trident de Poseidon…c'est un demi-dieu lui aussi…

-Oui…Sion a reçu de notre père le trident et a été déclaré prince héritier du royaume des Sept Mers. "

Aphelia dit alors, sur un ton plus amène:

"Je ne sais plus quel ton utiliser…comment dois-je t'appeler ?"

Athena sourit, d'un sourire si humain, et dit:

"Rien ne change, je ne supporte pas, de toute façon, comme le font quelques généraux, que l'on m'appelle 'majesté' ou 'altesse' ou même 'princesse'…je préfère mon prénom…"

Et elle s'inclina doucement en disant:

"Vous restez mon maître, et à ce titre, je vous dois le respect…alors restez telle que vous êtes, et ne me traitez pas différemment…"

Aphelia ignorait qui était sa mère, sinon elle aurait sans doute fait le rapprochement entre Mû et sa fille. Toutes deux avaient le même caractère aimable…

En sortant de la salle d'Athena, Aphelia regarda Athena et dit:

"Je m'attendais à tout sauf à cela…ainsi tu es la fille de Poseidon…

-Aussi bizarre que cela puisse paraître, oui…

-J'aurais dû faire le rapprochement entre ton frère et ton père…ils se ressemblent beaucoup…

-Oui…"

Pourtant, Athena, dans sa vieille tunique, de la poussière sur le visage et ses vieilles sandales, n'avait pas du tout l'air d'une princesse ou d'une demi-déesse.

L'entraînement se poursuivit donc de façon normale pour Athena. Shaina fut informée qu'Aphelia savait maintenant une grande partie de la vérité, mais qu'elle ignorait encore l'identité de la mère des jumeaux.

Pourtant, malgré son entrain, Athena inquiétait Aioros…il avait quelques dons de psychanalyse, et devinait très bien ce qu'elle pouvait ressentir…

Le lendemain, il alla lui rendre visite, au camp d’entraînement. La petite se sentait souvent négligée, même si elle répugnait à le dire, même si certains chevaliers d’or venaient de temps en temps la voir...Il donna congé pour une heure à Aphélia de l’Octant comme son autorité de chevalier d'Or le lui autorisait, et demanda à Athena:

" Comment ça va aujourd’hui ?

-Oh, comme tous les autres jours...je ne sais pas à quoi va servir tout cet entraînement, alors je ne me force pas...mon père trouvera bien un boulot pour moi dans son sanctuaire, vu qu’il paraît que je ne peux ni avoir une armure sacrée, ni une écaille de mer... "

Mais elle dit cependant:

" Mais c’est normal qu’ils s’inquiètent tous pour Sion en ce moment, moi aussi je m’inquiète pour lui, vu que je suis liée à lui j’en sais plus que les autres sur son état...Il ne perd pas espoir, c’est ce qui compte...

-Lui as-tu parlé ?

-De moi ? oh non, je ne veux pas l’ennuyer, il a bien assez de soucis comme ça...

-Tu ne dois pas rester seule dans des conditions pareilles...viens avec moi... "

Il alla voir son maître, et demanda:

" Je voudrais la prendre avec moi une journée, demain par exemple, pour qu’elle rende visite à son frère jumeau...est-ce possible ? "

Aphélia s’inclina légèrement, et dit que oui, c’était possible. Athena dit:

" Mais, si maman est là....que vais-je lui dire ?

-Ne t’inquiète pas pour ça... "

Comme il l’avait promis, il passa la prendre le lendemain...Entretemps, Athena avait prévenu Thétis qu’elle viendrait. Celle-ci les emmena, elle et Aioros, dans le Sanctuaire sous-marin. Elle les conduisit à la chambre de Sion. Il était assis près de son lit, et tourna son visage vers Athena avant de lui dire télépathiquement:

" Athena ! quelle surprise ! "

Elle prit son frère dans ses bras, en évitant de fondre en larmes, et dit:

" C’est grâce à Aioros que je suis ici...je suis venue m’excuser..je t’ai laissé, c’est impardonnable !

-Je t’ai dit de me laisser, c’est ma faute...allons, ne pleure pas Athena ! "

Mais elle ne pouvait s’en empêcher. Une fois le flot de larmes tari, Sion dit télépathiquement à Aioros:

" Assieds-toi Aioros...merci d’avoir accompagné ma soeur...

-De rien...elle en avait besoin, elle se faisait tellement de souci !

-Elle se fait toujours trop de souci pour moi... "


Mû entra alors, et vit le spectacle de ses deux enfants se tenant par la main. Athena pâlit en la voyant, et se recula. Mû salua Aioros:

" Quelle surprise ! Tu as accompagné Athena ?

-Oui, elle se languissait de revoir son frère jumeau, elle n’allait pas très bien... "

Mû s’approcha de sa fille, et mit sa main sur son front:

" Tu vas bien ? "

Athena leva des yeux pleins de larmes vers sa mère:

" Maman...j’ai voulu aider Sion, je te le jure... "

Et elle baissa la tête. Mû releva gentiment sa fille et dit:

" Mais je le sais...Sion me l’a dit...je sais, je t’ai peu vue ces dernières semaines, mais j’avais un certain nombre de choses à régler...Allons, arrête de pleurer ! "

Alors Athena se précipita dans les bras de sa mère:

" Maman ! "

Mû serra sa fille dans ses bras, et l’embrassa....Tout comme elle-même, Athena avait quelques problèmes...Mais elle-même avait réussi à en sortir plus ou moins, et elle devrait être maintenant présente pour sa fille. Athena se sentait coupable, et seule, il est vrai qu’elle ne la voyait pas très souvent...mais elle eut le sentiment qu’elle avait besoin d’elle. Pas dans la même mesure que Sion. Bien sûr, il était son fils cadet, maintenant aveugle et aphasique, mais toujours très entouré par ses généraux. Elle, Athena, avait toujours voulu protéger son frère jumeau, et n’avait personne pour elle...sauf peut-être Aioros, qui avait si bien su voir son problème. C’était son rôle de mère pourtant...

Elle la fit asseoir à côté de Sion, et Athena prit le bras de son frère jumeau. Sion fermait les yeux, ne voulant pas exposer à tout le monde sa pupille désormais blanche. Il ne disait plus rien, conscient du malaise de sa soeur. Mû demanda à Aioros:

" Et comment vas-tu ?

-Très bien... "

Et il lui sourit...

Athena disait télépathiquement à son frère:

" Jamais plus je ne te lâcherai, Sion, même si tu m’interdis de venir avec toi je viendrai quand même !

-Non, Athena...tu as ton destin, je ne veux plus que tu te sacrifies à cause de moi...je m’en sortirai, à force de volonté...je sais que je reverrai un jour, et je vais tout faire pour cela... "

Et il embrassa sa soeur, encore proche des larmes...Mû sourit à sa fille et lui dit:

" Ne t’inquiète pas pour lui, il va très bien, nonobstant les quelques séquelles et cicatrices résiduels...vos généraux veillent bien sur lui... "

Et elle appuya ses affirmations d’un second sourire...Sion fit venir Thétis, qui embrassa chaleureusement Athena et prépara du thé pour tout le monde. Sion dit à sa sœur, toujours télépathiquement:

" Je me sers de mon cosmos pour me diriger, c’est pour cela que je sais exactement où tu te trouves...Thétis et Illia prennent soin de moi...je voudrais que Sorrente puisse aussi te garder...

-Mais je n’en ai pas besoin...personne ne s’attaquera à moi au milieu du Sanctuaire...je préfère qu’il reste avec toi et essaie de trouver un moyen de te rendre tes sens perdus...

-Il cherche déjà...ne t’inquiète pas pour moi, je sais me défendre... "


Les deux jumeaux se tenaient la main...cette épreuve avait resserré leurs liens jusqu’alors un peu détendus, et ils étaient à nouveau en symbiose comme au temps de leur vie intra-utérine. Aioros dit à Mû:

" Tu peux être fière de toi, et fière d’eux...

-Je sais...j’en suis fière, et je sais qu’ils le savent... "

Aioros n’ajouta rien, conscient que Mû avait beaucoup de mal à exprimer ces choses-là...

Il ramena Athena au Sanctuaire trois heures plus tard...elle ne dit rien de tout le trajet de retour, et le remercia chaleureusement de toute la peine qu’il avait prise.

Le lendemain, Athena, au réveil, trouva une lettre de Chine. Doko, entraîné par Doko de la Balance et par son père, voulait lui témoigner sa sympathie pour ce qui s'était passé, et s'excusait de réagir si tard. Il lui disait aussi qu'il se portait bien, et que son entraînement progressait bien, si bien qu'il espérait obtenir l'armure du Dragon dans quelques mois. Pour avoir vécu à Rozan, elle savait que l'épreuve pour obtenir cette armure était d'inverser le cours de la cascade…

Il lui envoyait également une photo de sa famille…Vu qu'elle ne l'avait pas vu depuis un an elle le reconnut à peine: il avait vraiment grandi, et ressemblait maintenant à une réplique de son père en plus jeune…il écrivait aussi qu'il comptait accompagner son père au Sanctuaire dans quelques mois, et qu'il espérait la voir et pouvoir rendre visite à Sion.

Athena lui répondit qu'elle serait très heureuse de le voir, et le priait de bien vouloir transmettre ses salutations à son maître et à sa famille…

Elle avait gardé des liens avec les autres enfants de chevaliers, et voyait Saori à chaque vacances…petit Shaka était toujours en Inde, elle en recevait des nouvelles assez régulièrement…son entraînement était dur et la discipline du temple ne souffrait aucune exception mais il le prenait avec philosophie, disant que finalement il ne voyait plus la différence entre les jours de jeûne et les jours où il mangeait normalement. Devenant le futur chevalier d'Or de la Vierge, cela ne l'empêchait pas de garder son humour…il avait envoyé à Athena ses meilleurs souvenirs et ses meilleurs vœux de convalescence pour Sion en même temps que Shaka de la Vierge…

Celui dont elle avait le moins de nouvelles était Camus, mais elle savait pourquoi…son entraînement était très dur, elle avait pu le voir à Asgard, et son maître inflexible, mais il avait trouvé le temps de venir visiter Sion pendant son coma…elle savait qu'il ne serait jamais aussi insensible que l'était son homonyme, et espérait qu'il serait un très bon Chevalier d'Or du Verseau…


Blue Graad…

Natassia de Blue Graad ne décolérait pas depuis le début de la matinée, et en voulait à Camus d'avoir laissé son fils aîné tout seul à Asgard…Hyoga tentait de la calmer, mais peine perdue, quand elle était en colère il fallait attendre que ça passe…Ce fut Isaak qui y parvint, en fondant en larmes et en commençant à hurler…Natassia le prit dans ses bras et hurla à Camus:

"Celui-ci, vous ne le toucherez pas !"

Natassia ne supportait plus qu'on lui déniât ses droits de mère, et, surtout, elle avait vu les traces de sang sur les tuniques de son fils…

Camus n'avait même pas cillé sous les injures de Natassia, mais Hyoga se sentait mal, tiraillé entre son épouse et son maître…

Camus lui dit:

"Elle ne comprend pas…je ne veux pas commettre les mêmes erreurs avec ton fils…"

Hyoga avait toujours pleuré la mort de sa mère, et n'avait réussi à en faire le deuil qu'assez tardivement dans sa vie…et Camus le savait très bien. Il pensait que Hyoga prendrait son parti, mais celui-ci ne disait rien…

Natassia refusa de voir ni l'un ni l'autre, et refusa même que Hyoga entre dans sa chambre tant qu'il n'aurait pas dit son fait à son maître. Celui-ci, mortifié et humilié, dut aller dormir dans sa propre chambre, chose qui ne lui était arrivé que quelques fois depuis leur mariage…

A Asgard, Camus, couché, ne parvenait pas à dormir…ses blessures étaient cicatrisées, mais elles le faisaient encore souffrir psychologiquement…Il se leva, enfila un pantalon et une tunique, et sortit de sa chambre pour gagner le salon…il aimait s'asseoir au coin du feu, et réfléchir là pendant des heures…il était un méditatif et un contemplatif, et c'est sans doute cela que son maître réprouvait.

Un pas léger derrière lui, et sa tante Hilda apparut, en chemise de nuit et enveloppée dans un long châle…Elle lui dit :

"Que fais-tu ici à une heure pareille ? tu devrais dormir…

-Je n'y arrive pas…"

Hilda avait très bien compris ce qui agitait l'enfant, elle dotée d'un puissant cosmos. Elle lui sourit gentiment et dit:

"Tu as dû bien t'épuiser, mon pauvre…"

Camus écarquilla les yeux…elle était au courant ! il bégaya:

"Comment… tu sais ???

-Je l'ai senti, parce que je suis plus perméable que ton maître aux sentiments humains…je sais que tu es très évolué maintenant…"

Camus regarda le feu un moment, et dit:

"Es-ce normal, de douter de quelque chose qu'on a voulu ?

-Oui, bien sûr, ça l'est, mais tu dois apprendre à faire confiance à tes capacités…crois en ce que tu es, et tu le seras…"

Camus était à un tournant de son entraînement, et Hilda comprenait très bien tous ces doutes qui le traversaient. Elle savait aussi que Camus du Verseau était un maître sévère, et que l'enfant le supportait mal, elle avait vu déjà les cicatrices et blessures, les tuniques en loques quand ils rentraient d'entraînement.

Hilda dit gentiment:

"Ta mère doit te manquer, non ? je sais que ton maître désire que tu évites de penser à cela, mais je crois que c'est le cas, sinon tu ne serais pas un garçon normal…"

Elle sentait très bien que Camus était très perturbé…Il se renfermait de plus en plus dans sa coquille, et personne bientôt ne parviendrait à l'en faire sortir, il fallait profiter de l'absence de Camus pour tirer l'enfant vers le haut…

Hilda resserra autour d'elle son châle, regarda le feu un instant et dit:

"Je crois comprendre que tu n'as pas cherché ce qui t'es arrivé, n'est-ce pas ?"

Camus mit un certain temps avant de répondre:

"Si, au début, au beau milieu de la bataille, je voulais m'éveiller comme les autres l'avaient fait, et défendre Athena…mais je pense maintenant que c'est un cadeau empoisonné, tout le monde lit en moi comme dans un livre ouvert, et on ne tolère même pas la moindre défaillance…j'en ai assez !"

Hilda s'assit à côté de lui et dit:

"Il arrive qu'on regrette même les plus belles choses qui nous soient arrivées…tu es encore jeune pour comprendre cela, et il est vrai que je ne t'aurais pas entraîné de cette façon…mais Camus est un chevalier reconnu, brutal, je le sais, je l'ai vu agir, mais il a formé ton père, et, toi aussi, un jour, tu seras Chevalier du Cygne…ce n'est qu'une question de temps…"

Mais Camus était trop traumatisé pour écouter ces paroles de bon sens, et Hilda le savait très bien…

Mais Camus dit encore:

"Je n'ai que dix ans…comment pourrai-je devenir chevalier si jeune ?

-Athena et Sion m'ont dit que leur mère l'était devenue à huit ans…la valeur n'attend pas le nombre des années…"

Puis elle sourit et dit:

"Va maintenant, essaye de dormir…demain est un autre jour, tout te paraîtra moins sombre…"

Camus se leva, et Hilda l'embrassa sur le front, comme Natassia le faisait au moment du coucher…Camus sourit, et regagna son lit, un peu rasséréné…


Rozan, Chine…

Doko, torse nu, assis devant la cascade, méditait, ne se concentrant que sur le bruit régulier de l'eau qui tombait…

Son maître l'observait. Assis sur son sempiternel rocher, il était très satisfait de son élève, et espérait qu'il obtiendrait l'armure avant son treizième anniversaire. Il était vrai aussi que, contrairement à son père, Doko possédait quelques prédispositions…

L'enfant ouvrit ses yeux bleu-gris métallique, identiques à ceux de son père, et regarda la cascade tomber…c'était son spectacle favori depuis qu'il avait su marcher, et le Vieux Maître le savait bien.

Il l'interpella:

"Encore en train de rêvasser ? "

L'enfant sourit et dit:

"Non, Maître, je pense à l'armure qui est à l'intérieur…Mon père m'a dit qu'elle était faite de poussière d'étoiles…"

Le Vieux maître sourit et répondit à son homonyme:

"Il n'a pas tort, mon garçon…De nombreuses légendes disent que la cascade de Rozan vient directement des étoiles…"

Mais Doko savait très bien que, pour obtenir cette armure, il lui faudrait être plus fort que la Nature elle-même, qui faisait couler cette cascade de haut en bas. Mais il savait aussi, par les enseignements de son père, que l'attaque surpuissante qui provoquait cela provoquait aussi des bouleversements graves sur son corps. Le sang s'inverse dans ses veines, et cela pourrait, en cas d'affaiblissement, provoquer sa mort…tout cela, Doko le savait fort bien, comme le fait que, si son adversaire remarquait qu'il baisse son poing droit quelques millièmes de seconde pendant la Colère du Dragon, cela signifierait aussi sa fin…mais la connaissance de tout cela ne faisait pas baisser sa détermination pour autant…

Il fixa la cascade un long moment, et ferma les yeux…


Le Sanctuaire…

Athena, reconnaissant son père dans l'homme qui approchait à grands pas de son lieu d'entraînement, courut vers lui…Julian Solo embrassa sa fille et lui dit:

"J'ai pu me libérer, et je me suis dit qu'il fallait que j'aille te rendre visite…"

Aphelia, le reconnaissant, s'inclina avec respect, et son masque cacha son rougissement. Comme beaucoup de femmes, elle était loin d'être insensible au charme du bel armateur…elle s'éloigna un moment, laissant Athena seule avec son père…

Athena sourit et dit:

"Tu es allé voir Sion ?

-Oui, bien sûr, mais je voulais aussi te voir, tu es également mon enfant…

-Mais moi je ne suis pas infirme…"

Julian Solo prit le bras de sa fille:

"Que tu ne sois pas infirme n'influe pas sur mon affection pour toi…tu as aussi besoin qu'on s'occupe de toi…

-Je vais bien, père…

-Physiquement oui, mais je sais que tu te tourmentes beaucoup pour ta mère et pour ton frère…il faut laisser la Nature suivre son cours…si nous gardons l'espoir, Sion le gardera aussi…en agissant comme tu le fais, c'est-à-dire en paraissant toujours forte alors que tu vas mal, ta mère s'inquiétera encore plus…

-Je ne veux pas que maman aille mal…je sais qu'elle ne va pas bien ce moment parce qu'il y a beaucoup de choses qui la tourmentent, je ne veux pas être une charge pour elle…

-Tu ne l'es absolument pas, il faut bien que tu comprennes cela…"

Athena dit:

"J'essaie de garder espoir, et mon entraînement va de mieux en mieux…

-Je sais, je suis passé aussi rendre visite à la déesse, qui voulait avoir des nouvelles de Sion…elle m'a raconté ton émergence de pouvoir…

-C'est vraiment mal arrivé…et mon maître qui me regardait avec des yeux d'incompréhension totale…il a fallu lui dévoiler une partie de la vérité supplémentaire, mais elle ne sait toujours pas qui est notre mère…

-C'est plus sage…"

Et Julian Solo mit son bras en travers des épaules de sa fille…Athena sourit à son père, qui s'exclama:

"J'aime mieux ça ! Allons, pense positif, ma fille, c'est ce que ton grand-père me disait souvent…Bientôt les yeux de Sion s'ouvriront à nouveau sur le monde…"

Et il lui fit son plus joli sourire…


L'espoir renaît…

Amphitrite, impératrice en titre des Sept Mers, surprit tout le monde en venant rendre visite à Sion. Elle n'ignorait pas du tout son existence, et, au vu des circonstances de sa conception, elle ne lui en voulait pas…De plus, elle savait ce qu'il avait fait, ce qui lui inspirait le plus grand respect…Triton, son fils, l'accompagnait, sachant lui aussi ce qu'il devait à Sion et le remplaçant autant qu'il le pouvait dans ses charges administratives.

Amphitrite était une néréide d'âge mûr, aux cheveux châtains et aux grands yeux verts, les mêmes yeux dont avait hérité Triton. Vêtue d'un simple péplos blanc, elle n'en portait pas moins des bijoux magnifiques, tout en nacre, or et argent, et son sceptre reposait dans sa main droite. Triton, vêtu lui aussi fort simplement, l'accompagnait, portant lui aussi son sceptre personnel…

Quand elle arriva, Sion venait juste de se réveiller de sa sieste, mais elle rencontra Mû. Elle lui sourit et dit:

"Je suppose que vous êtes sa mère…

-En effet…"

Mû, consciente du respect qu'elle devait à Amphitrite, s'inclina légèrement. Puis elle dit:

"Sion sera prêt bientôt…permettez que je vous offre quelque chose à boire…"

Thétis avait préparé du thé, et tous trois s'assirent autour d'une table ronde, dans le salon attenant aux appartements privés de Sion. Amphitrite dit:

"Comment se porte-t-il ?

-Sa santé va bien…pour le reste nous ne savons pas encore s'il y a un moyen d'inverser le sort…"

Triton intervint alors::

"Il le faut…pourquoi ne pas s'adresser à Phorcys et Céto ?

-L'un des généraux y est déjà depuis une semaine…"

Amphitrite réfléchit, puis dit:

"Il y a peut-être quelqu'un d'autre qui saurait: Protée…si c'est moi qui lui demande il ne refusera pas…"

Devant l'air interrogatif de Mû, elle précisa:

"Protée est aussi vieux que Phorcys et Céto, et comme eux il vit retiré, se contentant de garder ses troupeaux de phoques…c'est pourtant une divinité puissante…"

C'est alors que l'on entendit le bruit régulier du bout du trident sur le sol, et Sion fit son entrée, encadré par Illia, Thétis et cinq marinas…Il tourna sa tête vers Amphitrite, et commença une petite révérence de respect:

"Quel honneur vous me faites…"

Mais Amphitrite l'empêcha de poursuivre, se leva et l'emmena jusqu'à un siège…puis elle lui dit:

"Tu es de notre famille…je te dois beaucoup, tu as sauvé mon fils et tu as empêché Nereus de nuire à jamais tout en sauvant le monde…aussi tu n'as pas à t'incliner, tu en es dispensé…"

Mû demanda à son fils:

"Tu as bien dormi ?

-Oui, très bien…", répondit celui-ci de façon télépathique, car c'était la seule façon de s'exprimer qui lui restait…mais, heureusement pour lui, toutes les personnes, divinités incluses, pratiquaient cet art….

Amphitrite dit:

"Comment te portes-tu ?

-Bien…"

Triton serra la main de son demi-frère:

"Je t'emmènerai avec moi une fois…il faudra que tu viennes dans mon palais…cela te sortira un peu…

-Père m'emmène souvent sur le Cap Sounion, pour me faire respirer…"

C'est alors qu'Amphitrite dit à Mû:

"Vous êtes un chevalier d'or, c'est bien cela ?

-Oui, parfaitement…

-Et votre fille…Athena, je crois…est au Sanctuaire ?

-Oui, elle y suit un entraînement adapté…

-Il faudra que vous me la présentiez…j'aimerais la connaître…"

Mû acquiesca…

Amphitrite se tourna alors vers Sion:

"Tu ressembles à ton père…Triton me le disait mais je mesure maintenant à quel point c'est vrai…As-tu tout ce que tu veux ici ?

-Oui…les généraux me protègent en permanence, je suis en parfaite sécurité…Thétis de la Sirène et Illia de Scylla prennent soin de ma santé et m'aident pour faire les choses que je ne peux faire tout seul…mais il y en a fort peu, pour le reste je me débrouille moi-même…"

Et Sion sourit…Amphitrite se prenait d'amitié pour ce garçon si modeste qui, bien qu'il fût un demi-dieu, restait très simple, sans fioritures, et, voyant sa mère, elle devina que celle-ci avait quelque chose à voir avec cela…Mû, dépositaire elle aussi d'une force énorme, était simple…

Alors Amphitrite enleva un de ses bracelets et dit à Mû:

"Vous donnerez ceci à votre fille…transmettez-lui mes meilleures pensées et dites-lui bien que j'aimerais la rencontrer…"

Mû inclina simplement la tête en disant:

"Elle en sera très honorée…"

Triton serra la main de Sion et dit:

"Accroche-toi, surtout, on va trouver le moyen de te guérir…ce n'est qu'une question de temps…"

Sion eut un tout petit sourire, mais acquiesça fermement…

Amphitrite déposa un baiser sur son front, puis Thétis et Mû les raccompagnèrent…Personne ne vit deux larmes couler sur les joues de Sion…Ce n'est pas qu'il perdît espoir, non, mais il en avait assez d'être considéré comme un handicapé, à qui on donne des soins mais rien d'autre…Toutes ces personnes qui étaient en permanence autour de lui, à l'affût de son moindre geste, l'énervaient quelque peu, même s'il aimait bien ses généraux et les marinas de sa garde personnelle…Pourtant, il résolut de n'en rien montrer, soucieux de ne pas inquiéter sa mère…

Ce soir là, quand Mû regagna le Sanctuaire, elle ne trouva personne, tous vaquaient encore à leurs affaires…Son apprenti, en visite pour quelques jours et qui la remplaçait quand elle était au chevet de son fils, n'était pas là non plus…

Elle s'assit à sa table, attrapa un livre qu'elle était en train de lire…mais ne put s'empêcher d'éclater en sanglots…elle faisait d'immenses efforts pour garder le sourire en face de son fils, mais ce soir elle n'en pouvait plus, il fallait qu'elle se libère sous peine de devenir folle…

Athena avait assisté de loin à sa descente aux Enfers, quelques mois plus tôt, et elle ne savait pas ce qu'elle savait exactement sur son état mental…d'après ce qu'Aphelia disait, Athena avait l'air de se porter mieux, et la visite de son père quelques semaines plus tôt lui avait remonté le moral…mais Mû n'avait pas le courage d'aller la voir tant que ses problèmes à elle ne seraient pas réglés…pourtant, elle savait que sa fille, inquiète pour son frère, avait besoin d'elle plus que jamais…mais comment régler les problèmes des autres quand on fait face seule aux siens ?

Pourtant, il était de son devoir de mère de s'occuper de sa fille, et de l'empêcher de se miner de culpabilité en pensant qu'elle aurait pu sauver son frère…

Essuyant ses larmes du mieux qu'elle pouvait, elle se leva et alla se verser une tasse de tisane…mais quelle tisane pouvait soigner le mal-être d'une mère inquiète pour ses enfants ?

C'est alors qu'on frappa à la porte…c'était Saga:

"Vite ! Shura et Milo sont tombés d'un toit qu'ils réparaient…ça a l'air assez grave !"

Mû prit sa pochette médicale et partit en courant avec lui…En effet, Milo et Shura étaient allongés à terre, entourés par les chevaliers d'or qui se trouvaient là au moment du drame. Mû prit les choses en main, vérifia qu'ils n'avaient aucune hémorragie interne (ce n'était pas le cas pour Shura), et immobilisa les membres cassés…ils avaient de la chance d'être encore en vie, ils s'en tireraient avec quelques semaines de repos et d'immobilisation.

Elle les fit ensuite transporter le plus précautionneusement possible, et, une fois les blessés installés, posa un drain sur la poche de sang formée par l'hémorragie interne de Shura dans sa cavité abdominale…

Mais une question lui revenait sans cesse à l'esprit: comment deux chevaliers d'or, dotés tous deux d'un don de prescience certain, plus ou moins développé, avaient-ils pu se blesser autant ? ils avaient pourtant moyen de se reprendre avant de toucher terre…il y avait là quelque chose qui n'allait pas…

Elle décida de faire sa petite enquête…interrogeant les chevaliers d'or qui se trouvaient ou habitaient autour, elle apprit que c'était d'abord Milo qui avait perdu l'équilibre, Shura avait voulu le rattraper mais était tombé avec lui…Cela confirma Mû dans son impression première: Milo était doté d'un sens de l'équilibre très développé, il ne serait jamais tombé ainsi…qu'est-ce qui avait bien pu se passer ?

Elle décida donc de mener l'enquête…

Illia, assise sur le sol dans la salle des écailles des généraux, regardait droit devant elle…elle ne connaissait pas Sion aussi bien que Thétis ou Sorrente, mais l'appréciait beaucoup…mais elle aussi était bouleversée de voir avec quelle force d'âme il résistait, comment il gardait espoir…et il n'avait pas encore douze ans.

Illia, jusque-là, n'avait pas vraiment eu une vie très intéressante…élevée pour être une marina, elle avait vu son frère jumeau devenir un général, et elle rester en bas de l'échelle, légèrement au dessus des marinas de base, mais faisant tout de même partie d'eux. Elle avait attendu son heure dans l'ombre…

Et puis était arrivée cette triste bataille où son frère avait perdu la vie contre le chevalier d'Andromède. Elle n'y avait pas participé directement, et ne se trouvait même pas dans le Sanctuaire quand l'invasion avait eu lieu.

Elle avait végété dix ans, à remettre des messages sans intérêt…puis on lui avait demandé de trouver Sion et de lui apporter le sceau…elle était devenue alors de fait le nouveau général du Pacifique Sud, bien qu'elle insistât pour garder son appellation première, dans les grandes occasions Sion l'appelait toujours 'Illia de Scylla', agréable rime mais qu'elle n'aimait pas.

Malgré leur ressemblance physique, elle ne lui ressemblait pas tout à fait. Leurs caractères étaient trop différents. Ils étaient faux jumeaux, mais n'avaient pas la complicité qui unissait Athena et Sion.

Illia ramena derrière elle une mèche de ses longs cheveux roses frisés. Elle ne se souvenait plus vraiment de son enfance sur l'île de San Felix, où ils étaient des vagabonds…puis un jour quelqu'un les avait emmenés dans le Sanctuaire sous-marin, ayant reconnu leurs pouvoirs…Io avait été testé, puis emmené loin d'elle pour être entraîné par un général…Elle avait été prise en charge par Thétis, encore presque enfant à l'époque, qui venait elle-même de terminer sa formation…C'est elle qui l'avait entraînée pendant cinq ans, et elle avait pu enfin obtenir l'écaille de Charybde.

Maintenant général, Illia s'étonnait de n'en ressentir aucun plaisir particulier…Mais elle avait juré de veiller sur les jumeaux de son maître, et elle s'acquittait aussi bien qu'elle le pouvait de sa mission.

Un bruit de marche, et Sion apparut, le trident en main comme à son habitude:

"Je vous dérange ?" demanda-t-il télépathiquement d'un ton aimable…

Illia se leva, s'inclina et dit:

"Non, pas du tout…j'aime venir ici pour rêver…"

Sion s'assit et dit:

"Ce lieu est imprégné de la puissance de mon père…j'aime venir m'en imprégner moi aussi…"

Et il tourna la tête vers l'armure de Poseidon…Il l'avait déjà revêtue une fois, et se souvenait de l'impression de puissance illimitée ressentie ce jour-là, contre un autre dieu…mais maintenant, si ses pouvoirs avaient encore grandi, son corps affaibli aurait bien du mal à la supporter, même s'il savait que son père biologique, non entraîné, avait réussi…

Sion sourit doucement et dit:

"Quand j'étais petit, ma nourrice me racontait comment Poseidon avait perdu contre Athena dans son combat pour l'Attique…elle me racontait aussi comment il avait fait surgir, en plantant son trident en terre, une source salée…j'étais alors à mille lieues d'imaginer que j'étais son fils et qu'un jour je l'aurais en main, ce fameux trident qui déjà à l'époque me fascinait tant…"

Il assura sa prise sur son trident et dit:

"Je vous suis reconnaissant de ce que vous faites pour moi…je voulais vous le dire…"

Illia sourit et dit:

"C'est un plaisir, maître…je voulais vous dire à mon tour que j'admire votre force d'âme…"

Sion secoua la tête et dit:

"Je ne veux pas me laisser tirer par le fond, c'est tout…je veux retrouver mes pouvoirs, ma force parce que d'eux dépendent ma vie et ma santé mentale…"

Et il sourit…


Sicile, palais de Phorcys et Céto

C'est la nuit, seuls quelques gardes arpentent les couloirs déserts. Il n'y a qu'un seul endroit où il y a encore de la lumière, la bibliothèque…

Sorrente étudie à la lumière d'une lampe de nacre un gros ouvrage…il ne fait pas attention à la porte qui s'ouvre soudain…et sursaute quand quelqu'un lui touche l'épaule:

"Vous devriez aller vous reposer…" dit la personne…

C'est Céto elle-même, qui apporte un plateau…Sorrente sourit et dit:

"Je ne suis pas fatigué…

-Voilà quatre jours et quatre nuits que vous n'avez pas bougé d'ici…"

Sorrente dit:

"Je veux absolument sauver Sion, même si je dois y laisser ma vie…"

Céto s'assied et dit:

"J'admire votre dévouement à Sion…mais que ferait-il d'un général fatigué ? "

Sorrente se redresse et dit:

"Je veux le sauver, parce qu'il ne mérite pas de vivre toute sa vie dans le noir…il s'est sacrifié volontairement pour tuer Nereus, seul…alors il mérite que je le fasse…"

Céto sourit elle aussi et dit:

"Vous l'aimez beaucoup, n'est-ce pas ?

-Oui, et je voudrais le protéger…mais je sais que bientôt il n'aura plus besoin de ma protection, ses pouvoirs, même s'il n'en a pas encore tout à fait conscience, ont grandement évolué, une fois qu'il saura les contrôler je ne serai plus son maître, il m'aura dépassé…"

Céto dit alors:

"Si vous voulez le protéger efficacement, mangez avant que ça ne refroidisse…il ne sera pas dit que j'aurais laissé un des généraux de Sion mourir de faim sous mes yeux…"

Et elle lui tendit le plateau…

Sans en avoir l'air, Céto, qui aimait bien Sion elle aussi, cherchait dans ses livres personnels. Elle était dotée de grands pouvoirs, faisant partie de la génération précédant les dieux actuels. Ses pouvoirs de guérisseuse et de magicienne étaient renommés, Circé avait étudié avec elle autrefois, et elle comptait bien mettre son expertise au profit de Sion…

C'est avec une certaine surprise qu'on lui annonça un jour la visite de Protée. Elle ne l'avait pas vu depuis bien longtemps, il se contentait de garder ses troupeaux de phoques dans une grotte, au large des côtes d'Afrique, et ne se mêlait plus des affaires, qu'elles fussent des dieux ou des mortels. C'était un vieil homme vêtu tout de gris, mais une indéniable majesté se dégageait de lui…

Elle le salua, le fit asseoir et il commença:

"Amphitrite est venue me voir pour me parler d'un cas bien triste…celui d'un garçon fils de Poseidon qui contra Nereus mais devint aphasique et aveugle, mais elle ne m'en a pas dit plus…je voudrais savoir si tu en sais plus, car j'ai bien du mal à démêler ce qui est rumeur du vrai…"

Céto sourit, et dit:

"Bien sûr…l'enfant en question s'appelle Sion, c'est en effet le fils de Poseidon…il l'a déclaré prince héritier, tu n'es pas au courant ?

-Les affaires du monde ne m'intéressent plus, tu le sais…

-Sion a combattu Nereus au péril de sa vie, pour l'empêcher de faire fondre les glaces et de provoquer un déluge…mais celui-ci, avant de mourir, a eu le temps de lui jeter un sort qui l'a rendu aphasique et aveugle, après être resté longtemps dans un coma que les médecins disaient dépassé…maintenant Sion est vivant, presque remis de ses blessures, mais condamné à vivre le reste de ses jours ainsi si nous ne trouvons pas le moyen de le guérir…"

Protée réfléchit un instant et demanda:

"Mais quel âge a-t-il donc ?

-Il aura douze ans dans quatre jours…

-Douze ans ! mais nous devons faire quelque chose !"

Sous ses dehors bougons, Protée cache un cœur d'or , et Céto et Amphitrite le savent bien. Il demanda encore:

"Où vit-il ?

-Il habite au Sanctuaire sous-marin, gardé par les généraux et des cohortes de marinas…je pensais aller le voir, viendras-tu avec moi ?

-Oui…"

Protée n'avait pas tergiversé…Le cas de Sion l'émouvait aussi. Céto dit:

"Alors allons-y…"

Et elle tendit la main à Protée. Celui-ci se leva, et tous deux se mirent en route pour le palais de Sion. Protée ne dit rien pendant tout le voyage, mais Céto devinait qu'il n'en pensait pas moins…Ce fut Thétis qui les conduisit au devant de Sion, assis dans les jardins qui entouraient le pilier central. C'était son endroit préféré, et il s'y sentait bien…Sa tête était tournée vers le 'ciel', et Thétis crut, à sa respiration lente et régulière, qu'il s'était endormi ainsi…

"Il dort, votre Altesse…" dit-elle à Céto.

Mais la voix de Sion résonna alors et dit:

"Non, je ne dors pas, je méditais juste…bienvenue Céto ! et bienvenue aussi à celui qui t'accompagne mais que je ne connais pas…"

Et il se redressa. Céto l'embrassa et dit:

"Tu vas bien ?

-Oui, très bien…j'imagine la mer au dessus de moi…"

Protée lui serra la main et dit:

"Mon nom est Protée, enchanté de te connaître…Sion, c'est cela ?

-Oui…je suis heureux de faire votre connaissance…"

Sans en avoir l'air, Protée examinait l'enfant…Céto dit:

"Protée est, comme moi, un très bon magicien et guérisseur, et nous voudrions t'aider…as-tu des souvenirs de ce qui s'est passé ?"

Sion refléchit un instant et dit:

"Oui, même si c'est flou…j'étais debout, puisant dans mon énergie alors que les rayons sortant de mon trident frappaient Nereus de plein fouet…après je ne me souviens plus très bien, j'ai juste l'impression d'avoir reçu quelque chose, mais il est tombé avant moi…voilà…je suis désolé de ne pas me souvenir de plus de détails…"

Protée 'dit':

"C'est déjà suffisant, mon garçon…et ensuite ?

-Je me suis évanoui, parce que j'avais perdu beaucoup de sang, et je suis resté dans un coma profond pendant presque quatre mois, d'après ce que m'ont dit ma mère et ma soeur…quand je me suis réveillé, j'étais aphasique et je n'y voyais plus, mes pupilles étaient blanches…depuis, même si mon corps a guéri, je le suis resté, et les médecins disent que mes yeux et mon nerf optique fonctionnent parfaitement, ainsi que mes cordes vocales…"

Et, bien qu'il fît tout pour les retenir, deux larmes jaillirent de ses yeux clos. Céto lui entoura les épaules de son bras et dit:

"C'est fini, nous trouverons un moyen de t'aider…"

Et elle lui sourit gentiment, persuadée qu'il percevrait son sourire…


Le Sanctuaire, quatre jours plus tard…

Percevant une pression de main sur son épaule, Athena se réveilla…encore à moitié endormie, elle vit néanmoins que le jour ne s'était pas encore levé…

Shaina l'attendait:

"Viens avec moi…" lui chuchota-t-elle pour ne pas réveiller les autres.

Athena obéit, se leva et s'habilla prestement. Puis elle sortirent et Shaina l'emmena chez sa mère…Athena réalisa alors que le jour qui allait se lever était celui du 8 avril…le jour de son douzième anniversaire.

Peu avant elle, Thétis avait doucement éveillé Sion, et l'avait habillé de sa plus belle tenue…celui-ci avait souvent du mal à faire la différence entre le jour et la nuit, et cela facilitait l'effet de surprise. Puis elle l'emmena à la surface, en compagnie de Sorrente, revenu de Sicile pour l'occasion et d'Illia, qui, pour l'occasion elle aussi, avait consenti à revêtir l'armure de général de Scylla. Elle avait une prestance inégalable dedans…

Tout le monde entra chez Mû avant qu'Athena et Shaina n'arrivent…Sion, sentant les auras des personnes présentes, sourit mais n'en dit rien.

C'est alors qu'Athena entra, suivie de Shaina, et ce ne fut qu'un cri:

"Joyeux Anniversaire !!!!"

Athena vit son frère, et le serra dans ses bras…Mû embrassa alors chacun de ses enfants avec affection, et, leur mettant chacun une main sur l'épaule, leur dit:

"Allez ouvrir vos cadeaux…"

Sous l'œil attendri des chevaliers d'or, tous présents, de Sorrente, Thétis et Illia, ainsi que de Shaina, les jumeaux se retournèrent et se trouvèrent en face d'une pile de cadeaux assez impressionnante, partagée en deux…

Athena prit son frère par le bras, et l'aida à ouvrir ses cadeaux, tout en lui disant ce dont il s'agissait.

Sion avait reçu des tuniques neuves, un médaillon d’or frappé au trident, des sandales neuves, trois pantalons d’apparat, un châle précieux et surtout, de la part de son père, la robe inhérente à sa fonction de prince héritier des Sept Mers avec une broche au trident retenant la partie arrière. Athena, ouvrant ses cadeaux, y trouva trois tuniques neuves, dont deux en tissus précieux, deux pantalons fins, un bracelet de biceps en or massif orné au trident (présent de son père), deux paires de sandales, une très fine, très féminine et l’autre pour tous les jours, et surtout une robe en tissu fin, irisé, qui rappelait un peu la nuance bizarre de ses yeux.

Ils se retournèrent alors vers tout le monde, et les remercièrent, les larmes aux yeux. Sion souriait, oubliant son infirmité un instant, et Athena embrassa encore son frère…Mû sourit d'attendrissement, et manqua s'effondrer en larmes quand les jumeaux la prirent chacun par un bras et la remercièrent de les avoir mis au monde…Mû retint ses larmes autant qu'elle le put mais ne put en empêcher une de couler sur sa joue…consciente de son trouble, elle alla faire du thé pour tout le monde…

Même si Sion paraissait heureux de son sort, sa sœur le sentait un peu énervé, las de devoir être à la charge de ses marinas…il était temps de trouver un remède…

Dans le même temps, Protée et Céto, penchés sur un livre, étudiaient un possible remède pour Sion…Sorrente faisait la même chose, mais, pour l'instant, cela ne semblait pas être concluant.

Les deux dieux étaient perplexes: comment un dieu affaibli avait-il pu lancer un sort aussi puissant ?

Mais ils avaient résolu de faire tout ce qui était en leur pouvoir pour sauver Sion…

Athena, ayant laissé ses cadeaux chez sa mère, regagna avec Shaina le camp d'entraînement. Celle-ci avait du mal à croire qu'Athena avait seulement atteint ses douze ans, au vu de son apparence elle les paraissait pas du tout…en plus, elle avait grandi récemment, et mesurait maintenant 1,75 m pour 58 kgs, elle était sur le point de rattraper son frère, dont la croissance avait stagné pendant son coma…

Aphelia l'attendait, et l'emmena dans une crique abritée, non loin de la mer…Athena prit peur, mais Aphelia lui dit:

"J'ai pensé qu'il serait utile que nous voyions comment tu peux utiliser tes autres pouvoirs pour aider ton cosmos, cela ferait toute la différence contre un adversaire…as-tu appris à maîtriser ces pouvoirs ?

-Un peu, le professeur de mon frère me l'a appris quand j'avais huit ans, mais ils n'étaient pas aussi développés, et pour l'instant, j'essaie surtout d'éviter qu'ils ne se réveillent trop brutalement, cela me tuerait…ils se réveillent en ce moment, et je ne peux en mesurer ni l'étendue ni prévoir leur survenue…."

Aphelia dit alors:

"N'aie pas peur, il n'y aura pas de problème cette fois…"

Athena sourit à son maître…

Quelques semaines plus tard, Athena se reposait sous un arbre…On était presque au mois de juin, et le soleil était déjà très chaud…nul bruit dans le Sanctuaire écrasé de chaleur, où tout le monde faisait la sacro-sainte sieste.

Athena ne parvenait pas à dormir, elle était donc sortie pour prendre l'air, et somnolait tranquillement sous son arbre préféré quand elle entendit quelqu'un l'appeler…

Elle sortit de sa torpeur, et vit alors deux hommes, l'un plus grand que l'autre, arriver en courant…Elle sourit en les reconnaissant…

C'était Doko, accompagné de son père. Athena se leva et agita la main…

Doko souriait, et lui dit:

"C'est difficile de te trouver, tu sais…"

Athena dit:

"Je ne savais pas que vous étiez arrivés…"

Et elle salua Shiryu d'un signe de tête…Celui-ci lui demanda:

"Comment te portes-tu ?

-Bien…il faisait chaud dans le dortoir, alors je suis sortie…

-Et Sion ? nous avons l'intention d'aller le voir bientôt…

-Il va bien, mais nous désespérons pas de trouver un remède…"

Elle trouvait que Doko avait changé…il aurait onze ans au mois d'octobre suivant, mais sa conformation s'était encore étoffée…il ressemblait de plus en plus à son père, dont il avait les longs cheveux raides noirs et les yeux bleu-gris… le nouveau Dragon…elle sentait aussi que son cosmos avait énormément grandi, bientôt il serait prêt à subir l'épreuve qui ferait de lui s'il la réussissait le nouveau chevalier du Dragon, comme son père l'avait été avant lui…

Shiryu demanda alors:

"Et toi ? comment progresses-tu ?

-Mon maître sait maintenant mes particularités, elle m'apprend comment faire interagir mes pouvoirs marins et mon cosmos…je ne pensais pas au départ avoir beaucoup de pouvoirs marins, mais ils commencent à se réveiller, souvent de façon impromptue…alors je ne manque pas d'occupation…"

Doko dit:

"Tu as un peu de temps ? nous aimerions que tu viennes boire quelque chose avec nous…

-Oui, mon maître ne se réveillera pas avant une heure ou deux…la chaleur est tellement écrasante aujourd'hui…"

Shiryu, sur le chemin, donna des nouvelles de toute la famille à Athena, et lui transmit les salutations de Shunrei, qui leur souhaitait tout ce qu'elle pouvait de bien et allait prier pour la guérison de Sion. Le Vieux Maître aussi envoyait sa bénédiction…

Shiryu n'avait pas beaucoup changé, à peine vieilli…il n'avait pas encore atteint la trentaine, mais c'était déjà un homme très sage, il l'avait toujours été d'ailleurs…comme le lui avait dit une fois Shura, il était destiné à devenir le point de pivot sur lequel oscillerait l'Ordre des chevaliers sacrés, le chevalier d'or de la Balance donc…Mais, pour l'instant, il préférait veiller sur sa famille et cultiver sa rizière tout en participant à l'entraînement de son fils aîné. Cette vie simple l'avait toujours tenté, en fait...

Bravant les foudres de son épouse, qui lui avait fait promettre quatre ou cinq fois de bien veiller sur Doko et ne pas trop le fatiguer, il avait emmené son fils au Sanctuaire pour rendre compte à la déesse de son entraînement. Doko était ravi, mais savait que son entraînement continuerait là-bas…

Athena avait son masque à la main, comme à chaque fois qu'elle s'éloignait du camp d'entraînement…souvent, elle ne supportait plus de le porter, aussi son maître l'autorisait-elle à l'enlever lorsqu'elle sortaient du Sanctuaire…Mais elle l'enlevait dès qu'elle se retrouvait seule…


Palais de Phorcys et Céto, Sicile, une semaine plus tard…

Sorrente avait fini par s'endormir sur ses livres, épuisé…Céto le fit porter dans sa chambre, et dit à son mari:

"J'admire vraiment ce qu'il fait pour le petit…"

Affectueusement, Céto appelait Sion 'le petit'…elle en était venue à le considérer presque comme son fils.

Phorcys donna une tasse de thé à son épouse et demanda:

"Tu as trouvé quelque chose ?

-Je pense…mais pour l'instant ne donnons pas de faux espoirs…"

Phorcys sourit à son épouse:

"Tu aimes vraiment ce petit, n'est-ce pas ?

-Oui, très…il ne sera pas dit que cet enfant de douze ans vivra toute sa vie dans le noir, je l'aiderai, même si je dois y laisser toute ma puissance magique…Protée et moi trouverons un moyen…"

Cet après-midi là, Triton était venu rendre visite à son demi-frère…Tous deux étaient assis dans le jardin…à côté de la peau, devenue presque pâle à force de manquer de soleil depuis longtemps, de Sion et de ses cheveux bleu clair, Triton paraissait foncé avec ses cheveux noirs et sa peau mate. Ses yeux verts, verts comme l'océan, observaient son demi-frère, à l'affût de son moindre désir…

Mais Sion ne bougeait pas…il paraissait calme en apparence, juste un tremblement de son bras et la crispation de son poing sur son trident laissaient transparaître sa colère et son agressivité.

Les marinas veillaient à bonne distance, mais Illia était sur ses gardes…c'est alors qu'arriva Athena…Illia sourit et dit:

"Quelle surprise !

-J'ai demandé que l'on me donne mon après-midi, je sens Sion agressif et énervé…je suis venue essayer de le calmer…

-Son Altesse Triton est avec lui…

-Tant mieux, au moins il n'est pas tout seul…dort-il bien ?

-Il est à nouveau agité…il est difficile de savoir s'il dort vraiment…

-Je vais aller le voir…merci, Illia…"

Athena était bien habillée, d'une tunique de moire verte, d'un pantalon de soie court bleu marine et d'une des belles paires de sandales qu'elle avait eu à son anniversaire. Son visage, débarrassé de la poussière qui le recouvrait habituellement, montrait un hâle couleur caramel, et elle portait à son cou le médaillon qui ne la quittait jamais. Elle portait son écharpe au trident d'argent en sautoir, et le bracelet de biceps qu'elle avait reçu de son père pour son anniversaire brillait à son bras droit…

Illia la précéda, et dit alors:

"La princesse Athena votre sœur souhaite vous voir, maître…"

Athena détestait tout ce formalisme, mais elle n'avait pas le choix, c'était les règles. Triton se leva pour la saluer, mais resta bouche bée devant la beauté juvénile de sa demi-sœur. Elle lui sourit et dit gracieusement:

"Vous devez être Triton, je suppose ? Sion m'a tellement parlé de vous ! Je suis Athena, sa sœur jumelle, enchantée de faire votre connaissance…"

Triton revint de sa surprise, et dit:

"En effet, je suis Triton, et je suis enchanté aussi…Sion ne m'avait pas dit que vous étiez aussi jolie…"

Athena rougit sous le compliment. Mais elle reprit vite sa contenance et répondit:

"Tutoyons-nous, après tout nous avons le même père…"

Puis Athena alla à son frère, qu'elle embrassa et lui demanda:

"Comment tu vas, toi ?"

Sion sourit un peu, mais 'dit' sèchement:

"Bien, comme tu le vois, pour un handicapé !"

Athena prit la main de son frère en disant:

"Tu n'es pas handicapé…

-Si, vu que je ne peux rien faire sans que j'aie quelqu'un dans les jambes ! j'aimerais respirer de temps en temps, je me sens si étouffé !"


Athena serra son frère contre elle et dit:

"Pour moi, tu restes mon frère jumeau, celui qui a sauvé la Terre, qui a tué Nereus…"

Elle comprenait parfaitement que Sion en avait assez de faire bonne figure, en gardant pour lui toutes ses rancœurs, ses crises de colère et de désespoir…Depuis presque huit mois qu'il était sorti de son coma, il avait tout enduré sans rien dire, mais là c'était trop, il craquait, et cela se caractérisait par une agressivité exacerbée, même s'il était de nature un garçon aimable…

Triton prit l'autre main de Sion:

"Moi non plus je ne te lâcherai jamais…"

Il avait compris ce qui n'allait pas…alors Sion fondit en larmes, incoerciblement, et pleura pendant un long moment dans les bras de sa sœur qui était, avec les bras de sa mère, le seul endroit au Monde où il se sentait protégé…devant elle, il n'avait jamais eu peur de se montrer faible, même s'il savait qu'elle le surprotégeait toujours…pourtant, il ne pouvait plus supporter de ne plus rien voir, de ne faire qu'entendre le monde qui l'entourait, en n'ayant que le souvenir des visages connus à ajuster aux voix. Il voulait hurler sa douleur, mais ne le pouvait pas non plus…pour ne pas inquiéter ses proches, il avait courageusement pris le dessus, mais il ne le pouvait plus, tout explosait en lui…

Il était temps que quelqu'un fasse quelque chose…

Sion, calmé, finit par s'endormir dans les bras de sa sœur, et Triton l'aida à l'emmener dans sa chambre…puis tous les deux s'assirent autour d'une tasse de thé…Triton demanda:

"Si je me souviens bien, c'est toi qui es l'aînée, n'est-ce pas ?

-Oui…et c'est toi que Sion a sauvé d'un sort, non ?

-Exactement…"

Triton acheva:

"Je sais que Céto et Protée travaillent d'arrache pied pour trouver le moyen de lever le sort de Sion…

-Protée ?

-Oui, une divinité marine aussi vieille que Phorcys et Céto…il a de grands pouvoirs, mais vit retiré du monde, gardant ses troupeaux de phoques…j'irai leur dire ce soir que le moral de Sion se dégrade de jour en jour…"

Puis il passa à un autre sujet:

"Et toi ? ton entraînement se passe-t-il bien ?

-Très bien…mon maître m'apprend a faire interagir mes pouvoirs marins avec mon cosmos, c'est très intéressant…"

Athena s'apercevait tout de même que Triton lorgnait sur sa poitrine, dissimulée sous l'ample tunique fluide…elle se promit de le remettre en place…

Quand Triton partit, elle le raccompagna jusqu'aux limites du Sanctuaire. C'est alors que Triton, personne ne sut pourquoi, arracha un baiser surprise à Athena…il la trouvait vraiment trop jolie…Athena réagit au quart de tour, et lui planta une gifle magistrale avant de s'enfuir, rouge comme une pivoine…

Que lui prenait-il, à ce dieu mal élevé ? Croyait-il qu'il pouvait tout se permettre ? Mais Athena avait bien d'autres soucis…Il devenait urgent de veiller au moral de Sion…

Dans le laboratoire privé de Céto, Protée et elle surveillent une potion qui bout dans un pot…c'est la potion qui devrait permettre, du moins en théorie, de rendre sa vue et sa parole à Sion et annuler le sort. Toutes celles qui ont été essayées auparavant ne fonctionnaient pas, et Céto sait que c'est la potion de la dernière chance, après il n'en existe pas de plus puissante…

Le liquide passe par toutes sortes de couleurs chatoyantes, puis s'immobilise en un vert d'eau, signe de son efficacité…

Mais Protée, même s'il sourit, reste dubitatif:

"Nous ne savons pas si cela ne provoquera pas d'effets secondaires sur le petit…

-Mais nous n'avons pas le choix, le temps nous est compté…"

Le liquide fut transvasé précautionneusement dans un vase, et Céto donna le signal du départ. Protée et Phorcys l'accompagnaient, et elle envoya deux serviteurs chercher Mû, Athena et Triton, elle ne savait pas ce qui pouvait se passer…


Renaissances…

Au sanctuaire sous marin, tous les serviteurs se sont tus et immobilisés, conscients de la solennité du moment. Un silence lourd règne…

Puis arrivent Mû, accompagnée d'Athena, et ensuite Triton. D'instinct, celui-ci s'installe d'un côté de Sion et lui prend la main droite, alors qu'Athena lui prend la main gauche et que Mû se met derrière lui. Sion, conscient de ce qui va lui arriver, ne dit rien, il se contente de se concentrer…Thétis, Illia et Sorrente l'entourent, prêts à agir si quelque chose tournait mal.

Céto dit alors:

"Tu dois savoir que nous ne savons pas quels sont les effets secondaires…"

Sion hocha juste la tête, signe qu'il avait entendu et qu'il acceptait le risque en pleine connaissance de cause. Ce ne pourrait pas être pire de toute façon…

Le silence se fit alors que Céto appliquait un onguent sur les yeux de Sion, puis elle lui fit boire la potion…un silence encore plus lourd se fit autour de lui…

Mais Sion n'eut aucune réaction au départ, et resta environ deux ou trois minutes sans réagir, provoquant une réaction de la part de sa sœur et de sa mère…Puis, soudainement, il se leva, et ouvrit lentement les yeux…Céto s'approcha de lui et dit:

"Alors? "

Puis elle s'aperçut que ses pupilles reprenaient leur couleur sombre originelle…cela dura encore une minute, puis Sion ouvrit complètement les yeux…il regarda autour de lui, et sourit, comme un enfant nouveau-né qui ouvre pour la première fois ses yeux sur le monde qui l'entoure…

Puis ce cri télépathique:

"JE VOIS !!!!!!!!!!"

Alors ce fut une explosion de joie, tout le monde se précipitant sur lui pour l'embrasser…une fois cela fini, Sion remercia Céto, et celle-ci, les larmes aux yeux, dit:

"Tu dois aussi remercier Protée, qui m'a beaucoup aidée…le sort est levé, tu reparleras dans quelques temps…"

Sion l'embrassa…puis fondit en larmes dans les bras de sa mère…Celle-ci n'en était pas loin, si heureuse que son fils cadet voie à nouveau…Thétis et Illia pleuraient, dans les bras l'une de l'autre, et Sorrente, qui tentait vainement de garder contenance, se sentait fondre en larmes lui aussi…

Athena pleurait franchement, et quelques larmes coulaient sur les joues de Triton…enfin le Sanctuaire sous marin sentait s'évanouir dans l'air cette chape de silence qui s'était abattue sur lui depuis tant de mois…la vie pouvait reprendre son cours…

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Cette fiction est copyright Anne-Laure Perrin.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.