Chapitre 7 : Interlude Hellénique, les amants d'Athènes


2 ans plus tôt, dans une carrière du sanctuaire, baignée par le soleil…

" _Kéries : Plus haut le coup de pied ! Céphise : tu ne gardes pas suffisamment ta droite !
_Oui maître, répondirent les deux adolescents reprenant leur entraînement de plus bel. "

Les deux jeunes gens s'exerçaient à des enchaînements élaborés d'attaques et de parades sous le regard expert de leur maître debout sur une proéminence du terrain à une vingtaine de mètres de distance.

"_Voici là deux valeureux disciples! fit une voix.
_Chevalier Midas du Lézard ! Que me vaut votre visite, fit Atik, méfiant. "

Midas s'avança. C'était un bel homme blond, fier de son physique, connu au sanctuaire pour son arrogance et dont chaque geste trahissait le narcissisme.

" _Simple visite de courtoisie : j'ai entendu dire beaucoup de bien de vos disciples, maître Atik de Persée. Le jeune Kéries est un aspirant très prometteur à ce que l'on dit. De même que la jeune Céphise. On m'a affirmé récemment que le jeune Kéries, malgré sa jeunesse pourrait bientôt endossé l'habit sacré…
_Si Athéna l'en juge digne. Je crois en effet qu'il possède en lui le potentiel d'un grand chevalier. Céphise également a en elle une telle capacité.
_Pfut… Vous savez ce que je pense des femmes chevaliers… pour moi les femmes ne sont pas faites pour le combat. Je les préfère pour d'autres distractions… d'ailleurs cette jeune Céphise ferait une belle…
_Cela suffit chevalier ! l'interrompis Atik d'un ton tranchant. Je connais votre réputation mais Céphise est jeune et, qui plus est, sous ma responsabilité. Ne vous avisez jamais de vous en approcher ou vous aurez affaire à moi.
_Par respect pour mes pairs, je ne relèverais pas cet affront et ne me battrait pas contre vous, chevalier de Persée. Mais vous ne serez pas toujours aux côtés de vos disciples…. "

Sur ces mots, le chevalier au lézard se retira, un sourire malfaisant au coin des lèvres alors que la jeune Céphise, trop loin pour avoir entendu quoi que ce soit continuait son entraînement, inconsciente des intentions du chevalier du Lézard.

Les semaines passèrent…

Sous le ciel étoilé, les deux apprentis couraient le long d'une falaise, un sac de caillasse sur le dos.

" _Le dernier rendu au sommet fais la cuisine ! lança Kériès.
_Pouah… si c'est pour goûter à ton horrible ragoût, je ne suis pas sûre de vouloir gagner, rétorqua Céphise, grimaçante sous son masque.
_Je te rappelle que tu as la chance de t'entraîner avec le meilleur cuisinier du sanctuaire, petite insolente, fit Kériès, feignant un air digne. De toute façon, ton palais n'aura pas l'occasion de goûter ces merveilles aujourd'hui.
_Très bien ! Moi je prends ce chemin !
_Et moi celui-ci ! "

Les deux jeunes gens se séparèrent. Au bout de quelques kilomètres, l'attention de Céphise fut attirée par un étrange bruissement d'air. " Qui va là ? " fit-elle, à moitié rassurée. Seul le silence lui répondit. Elle reprit sa course avec la désagréable sensation d'être épiée. Mais au détour d'un virage elle s'arrêta net. Une ombre venait à sa rencontre. Bien qu'elle se trouvait toujours dans l'enceinte protectrice du sanctuaire, Céphise n'était qu'à demi-rassurée. L'ombre se rapprocha.

" _Seigneur Midas ?
_Bonsoir belle Céphise, j'espère ne pas t'avoir effrayé.
_Bonsoir seigneur Midas. J'ai juste été surprise de vous rencontrer en un tel lieu à une heure aussi tardive.
_Puisque nous sommes là, nous pourrions peut-être discuter ?
_Ce serait avec joie Seigneur, mais je suis en pleine séance d'entraînement et je dois rallier le sommet de cette falaise au plus vite.
_pfut… dès que nous aurons terminé je t'emmènerai directement au sommet. C'est facile pour moi qui suis chevalier d'Argent.
_Sauf votre respect, chevalier. Cela serait tricher.
_Ton maître n'en saura rien : n'est- il point parti en ce moment même en mission pour le Grand Pope ? Je suis très proche de ton maître tu sais… En son absence, je peux prendre soin de ses disciples. Tu peux me considérer comme ton maître. Cela fait longtemps que tu es arrivée au sanctuaire ?
_Le maître m'a recueillit à la mort de mes parents, je n'était encore qu 'un bébé…
_Je vois… Et tu n'as pas de regret de vivre la dure existence du sanctuaire. N'as-tu jamais regretter de ne pouvoir mener la vie insouciante d'une jeune fille normale ? D' être obligé d'endurer cette vie vouée à une déesse qui prive ses serviteurs des plaisirs même de l 'amour ?
_Que voulez-vous dire ? Je crois qu'au contraire Athéna est la garante de l'amour sur terre. C'est pour cela que je suis heureuse de la servir. Mon maître, même si ces entraînements son durs, nous aimes, moi et Kériès. Tous les trois, nous sommes comme une véritable famille." répondit la naïve Céphise, inconsciente des manœuvres du chevalier séducteur qui tout en parlant, s'était tranquillement rapproché d'elle jusqu'à passer son bras autour de ses épaules.

Après un silence, il leva les yeux vers le ciel d'un air faussement rêveur : " Céphise. Vois-tu les étoiles comme elles brillent ? Et bien regarde ce que tu peux apprendre de moi !" Le beau chevalier écarta les bras, ferma les yeux, et une aura bleue, étincelante comme les étoiles l'entoura. " Voici le pouvoir des chevaliers d'argent ! "
Céphise était émerveillée. Jamais encore elle n'avait vu un chevalier faire exploser son cosmos. Même Atik, son maître, ne lui avait jamais dévoilé sa force. Midas s'approcha doucement d'elle et la saisit par la taille. " Sois à moi et je te dévoilerai tous mes pouvoirs. " Céphise, émergeant de sa rêverie, prit alors conscience des véritables intentions de Midas et recula de deux pas. Midas sourit : tu crois pouvoir me résister ? Laisse-moi t'affranchir de tes dernières résistances morales. Midas balaya l'air d'un rapide mouvement de main. L'onde atteignit Céphise et brisa son masque, révélant ainsi son doux visage.
" Je savais bien qu'il se cachait un trésor sous ce masque, fit Le chevalier, j'ai un flair infaillible pour ces choses là. Tu connais les règles : maintenant que j'ai vu ton visage, tu dois m'aimer. " fit Midas, triomphant. Pour Céphise, ce fut comme si l'univers entier s'était brusquement effondré autour d'elle. Midas disait vrai : d'après les lois du sanctuaire, une femme chevalier devait aimer celui qui avait vu son visage ou bien… le tuer. Mais cela était impensable, elle n'était qu'aspirante et lui, un puissant chevalier d'argent. Il n'y avait pas d'autres solutions si elle voulait réaliser son rêve et devenir chevalier… Même si le chevalier d'argent était d'une grande beauté, elle connaissait sa réputation : pour elle, il n'y avait d'autres voies que d'être déshonorée d'une façon ou d'une autre ou alors… oui… il y avait peut-être une échappatoire : la mort dans l'âme, elle recula lentement vers le précipice qui bordait la route, ferma les yeux et sauta.
Elle sentit le vent siffler dans ses oreilles : la falaise était immense. En un instant elle vit sa vie défiler : son enfance au sanctuaire, son maître Atik, son ami Kéries… Kéries… Elle cria son nom… et s'écrasa contre les rochers.
Non… au dernier instant, une étoile filante fondit sur elle et la ramena sur la falaise. " Kéries ! C'est toi ?". Mais bien vite, elle reconnut l'aura de son sauveur : " Non ! " fit Midas, furieux, en la posant sur le sol. " je ne t'ai pas autoriser à mourir ! Tu n'échapperas pas aussi facilement à tes devoirs. Pourquoi me refuses-tu ? Toutes les femmes se damneraient pour moi ! A moins que ce ne soit ce Kériès dont tu as crié le nom dans ta chute? "
Le guerrier d'argent prit un air songeur puis finalement déclara : " Et bien, comme tu sembles tenir à lui, je vais te faire une faveur : si jamais tu décidais de quitter ce monde sans que je ne te l'ai permis, je ferai en sorte que ton ami te rejoigne dans l'heure. Même la mort ne pourra vous séparer ! AH ! AH ! AH ! "
Céphise venait de perdre sa dernière option. Elle pensa à Kériès : elle ne voulait pas qu'il meurt. Entre eux, de puissants liens s'étaient noués. Pour lui, elle allait accepter le déshonneur. Midas s'approcha et la tira contre lui. Elle inspira un grand coup et ferma les yeux à l'instants ou leurs lèvres allait se rencontrer.
" Lâche-là immédiatement ! " Cette voix… Céphise fut prise de panique : il ne fallait pas… non… il ne fallait pas que Kéries intervienne… Midas allait le tuer. Le chevalier du lézard la poussa violemment contre la falaise : " Attends-moi ici : je vais seulement le remettre à sa place ! "fit-il d'un ton sec.
Il se tourna vers l'apprenti chevalier :

" _Dois-je te rappeler que je suis un de tes supérieurs, que je suis un chevalier d'argent et toi un simple aspirant ? File et je te laisserai la vie sauve.
_Je ne partirai pas sans Céphise !
_Tu es têtu. Je te dis de laisser les adultes tranquilles. Vas jouer ailleurs gamin avant que je ne m'énerve.
_Pas question ! PAR LE METEORE ! "

Les coups plurent sur le guerrier d'argent mais, à la grande surprise de Kéries, Midas ne bougea pas d'un iota. Lorsque, exténué, Kériès s'arrêta pour reprendre son souffle, Midas balaya l'air du tranchant de la main et, malgré la distance, déchira la chair du jeune apprenti.

" _Te rends tu compte à présent du fossé qui sépare un chevalier d'argent aguerri d'un simple aspirant chevalier de bronze ?
_Tu es peut-être puissant, mais tu ne portes pas ton armure… sur ce point nous sommes à égalité.
_AHAHAH ! Avec un seul de mes doigts je pourrais te pulvériser ! Tu ne pourras jamais atteindre une maîtrise du cosmos comparable à la mienne. PAR LE TOURBILLON DE MARBRE !"

Un puissant souffle arracha Kériès et l'envoya s'écraser sur les rochers tel un insecte.

" _Tu te relève encore ? Souhaiterais-tu mourir ?
_Le devoir d'un chevalier est de donner sa vie pour la justice !
_Blablabla…je vois que tu es encore bien naïf mon jeune ami. Mais puisque tu le souhaites si ardemment, je vais te tuer. Je n'aurais aucun mal à expliquer ta mort si seulement quelqu'un s'inquiète du sort d'un simple aspirant… Quoi ? Mais que fais tu ? "

Une aura bleuté entourait Kériès qui de ses poings se mis à dessiner les contours de… Pégase : PAR LE METEORE DE PEGASE ! "
Simultanément, Midas enflamma son propre cosmos :

" PAR LE TOURBILLON DE MARBRE !"

Un tourbillon d'un puissance phénoménale se créa et souleva Kéries, l'emportant loin dans les airs. " Enfin tranquilles : plus personne ne nous dérangera désormais. " fit Midas à Céphise. Mais Céphise gardait les yeux fixés vers le ciel où la tornade avait emporté Kériès. " Ton ami a dut atterrir loin d'ici, hors du sanctuaire, peut-être même en pleine océan… oublie-le : quelque soit l'endroit où il se trouve, son corps a été réduit en poussières." Mais il lut soudain une lueur de surprise dans les yeux de la jeune fille qui regardait toujours les étoiles. Il se retourna juste à temps pour discerner une étoile filante qui descendait sur lui. " LA COMETE DE PEGASE ! ", trop tard… Sans son armure, le corps du chevalier d'argent ne put encaisser l'attaque. Il s'effondra, les yeux encore figés par l'étonnement.

Céphise accourut vers un Kériès haletant, juste à temps pour l'empêcher de s'effondrer sous le poids de la fatigue. S'endormant dans les bras de son amie, le visage du jeune aspirant, couvert de blessures, esquissa un sourire bienheureux et ses lèvres énoncèrent dans un murmure : " Jamais je ne l'aurais laissé te faire du mal… ". Céphise, les larmes aux yeux serra très fort le corps meurtri du jeune homme et, sous le ciel étoilé, le guida jusqu'à la maison de leur maître, le soigna et… l'aima jusqu'à l'aube…

Des voix de soldats tirèrent Céphise de son sommeil. Machinalement, les yeux encore mi-clos, elle chercha Kéries à tâtons mais ne trouva que les draps encore tièdes. Ouvrant les yeux elle vit son compagnon, debout, silencieux, qui regardait par la fenêtre, l'air grave. Finalement on frappa violemment à la porte " Ouvrez immédiatement ! Par ordre du Grand Pope : ouvrez cette porte ! " A la grande surprise des soldats, la porte s'ouvrit d 'elle-même, et Kériès sorti calmement, sans un mot, la tête haute. Se reprenant, le chef de la troupe énonça d'une voix forte : " Aspirant Kériès, par ordre du Grand Pope, vous êtes appelé à comparaître immédiatement devant la justice du sanctuaire pour répondre à l'accusation de meurtre sur la personne du chevalier Midas. " Il fit un signe de la main, et les gardes entraînèrent le jeune homme qui se laissa faire sans broncher.

Lorsque Céphise atteignit l'arène du sanctuaire, ce lieu où les aspirants se battaient pour gagner leur armure mais aussi l'endroit où l'on rendait la justice, les gradins étaient emplis de guerriers : les meurtres étaient rares au sanctuaire, surtout lorsque la victime était un chevalier d'argent et le tueur un simple aspirant. Kériès se tenait debout au centre de l'arène, droit, le regard grave et les poings liés par de lourdes chaînes. Le Grand Pope présidait l'assemblée du sommet de l'arène : sur son trône dominant l'édifice, la stature du maître de la chevalerie impressionnait même les plus braves et les plus courageux de ses subalternes. D'un geste de la main, il donna le signal du début de séance. Un héraut s'avança et énonça les faits qui étaient reprochés : " Aspirant Kériès, disciple d'Atik chevalier d'argent à l'habit sacré de Persée, vous êtes accusé d'avoir froidement assassiné le chevalier Midas, porteur de l'habit sacré du Lézard, pendant le sommeil de ce dernier. " A cette lecture, des murmures se firent entendre dans l'assemblée. Céphise entendant cela ouvrit la bouche pour dénoncer l'absurdité de l'accusation mais son regard croisa celui de Kériès qui, de la tête, lui fit signe d'attendre. Un chevalier qui se tenait près du grand pope ordonna l'auditions des témoins. Un jeune soldat, un sourire malfaisant aux lèvres s'avança au centre de l'arêne. Le chevalier commença à interroger le soldat :

" _Aspirant Grimios, disciple de Midas, le sanctuaire t'écoute.
_Chevaliers ! Voici le récit de la mort de mon maître. Cette nuit, vers la 6ème heure après le coucher du soleil, Asclior et moi-même avons suivi notre maître pour un entraînement nocturne sur la colline de la Justice. Nous étions à mi-chemin lorsque nous avons entendu les pleurs d'une femme. Nous nous sommes immédiatement dirigés vers la source de ce bruit pour y découvrir l'aspirant Kériès se livrant à un acte des plus révoltant c'est-à-dire une tentative de viol sur la personne de sa codisciple, l'aspirante Céphise ! "

Un murmure d'horreur parcourut l'assemblée et Céphise allait prendre la parole pour dénoncer ses calomnies quand elle sentit une lame glisser sur ses côtes, et une voix murmurer à son oreille : " chut…un mot de trop et tu es morte. " Le témoin continua son récit : " Notre maître s'est alors interposé et à dignement accomplit son devoir de chevalier en remettant l'aspirant Kériès à sa place. Mais cet ingrat à menacé mon maître, qui venait de le remettre dans le droit chemin, de représailles, que mon maître, bien-sûr n'a pas prises au sérieux, et, ce matin, nous avons trouvé le maître, mort, dans son lit, les os brisés " Des murmurent d'indignation montaient dans l'assistance quand une voix vînt se mêler au débat :

" _J'ai du mal à croire qu'un chevalier d'argent ait pu se laisser surprendre dans son sommeil par un aspirant, d'autant plus que deux de ces disciples dormaient dans la même pièce et n'ont rien remarqué…
_Qui es-tu pour osez mettre en doute la vigilance de mon maître ? fit Grimios d'une voix chargée d'agressivité.

Un homme de type grec, âgé d'une vingtaine d'années s'avança. Il ne portait ni armure ni aucune protection particulière. Pourtant tout dans son attitude et sa prestance indiquait qu'il était un chevalier de haut rang.

_Mon nom est Actios, je suis un ami de maître Atik. Ce dernier est actuellement en mission pour le sanctuaire, mais c'est un homme juste et bon : je ne peux concevoir qu'une personne ayant suivi son enseignement ait pu commettre un tel crime. Aussi, en son absence, j'aimerai assurer la défense de son élève. "

Le Grand Pope qui, jusqu'alors, n'avait pas dit un mot, fit taire le brouhaha de l'assemblée d'un geste de la main, et parla d'une voix grave:

" _Chevalier Actios, ton sens de la justice est connu et respecté de tous. Aussi, en l'absence de son maître et si Kériès l'accepte, tu sera son défenseur.
_Si mon maître vous à donné son amitié, alors je peux vous confier ma vie " fit Kériès à l'adresse d'Actios.

Le sourire avait disparu des lèvres de Grimios. Il jeta un regard et esquissa un bref signe de la main dans la direction de Céphise qui sentit la pression de la lame s'accentuer. Maudit masque ! Grimios prit la parole : " Il y a pourtant une preuve que personne ici ne pourra nier. Demandez donc à la victime ce qui s'est passé ! Aspirante Céphise, oui ou non l'aspirant Kériès a-t-il tenté d'abuser de vous ? " Tous les regards se tournèrent alors vers la jeune fille. Le soleil était maintenant à son zénith et l'air du sanctuaire chaud et lourd. Sous son masque, Céphise ouvrit la bouche en tremblant, ces pensées confuses l'empêchait de former des mots. " Son silence est éloquent en lui-même, la pauvre enfant est partagé entre son sens de la justice et son devoir de fidélité envers ses codisciples… ", commenta Grimios triomphant. Toute l'assemblée avait le regard rivé sur le masque de Céphise et parmi eux, il y avait celui d'Actios. Quand elle croisa son regard, elle eut la certitude qu'il savait pour le couteau : un chevalier de son rang ne pouvait pas ne pas comprendre ce qui se passait. Mais pourquoi n'intervenait-il pas pour désarmer celui qui la menaçait ? Dans son regard elle lut la sérénité, la confiance qu'il plaçait en elle et le sourire qu'il afficha soudain doublé d'un léger signe de tête, fut comme un signal pour elle : en un instant elle enflamma son cosmos. Une aura mauve l'entoura et celui qui l'avait menacée poussa un hurlement de douleur : dans sa main le couteau brûlait comme sorti d'un brasier. L'homme recula terrifié et Actios, qui pendant toute l'action avait conservé son sourire imperturbable, sur un hochement de tête du Grand Pope, fit signe aux gardes : "Emparez-vous de cet homme et tenez-vous près : il se pourrait que d'autres le rejoignent bientôt dans les cachots du sanctuaire… " Cela dit, il jeta un regard froid vers Grimios qui écumait de rage. Céphise était encore sous le choc : jamais encore elle n'avait senti cette force en elle, à peine l'avait-elle soupçonnée. Pourtant, Actios, avait deviné cette force en elle et en avait peut-être même provoqué l'éveil.
Le Grand Pope fit signe au noble chevalier de reprendre la séance.

" Chevaliers ! Pour ceux qui n'auraient pas encore compris où se situe la vérité… "

Un garde s’avança et déposa au centre du théâtre un paquet qu’il ouvrit, dévoilant ainsi un magnifique pendentif en argent. Un murmure de surprise parcouru l’assemblée. « Certains parmis-vous aurons reconnu la Clef des Mondes, le fameux pendentif que les chevaliers du Lézard se transmettent de maître à disciple depuis que l’un d’eux l’ait arrachée à un ennemi lors d’une de ces légendaires guerres saintes du passé. Elle a été découverte sur la colline où Midas aurait corrigé Kériès. Bien-sûr, celui-ci serait rentré chez lui en abandonnant ce précieux médaillon…» ironisa-t-il.

Grimios fulminait, d'un bond il se jeta vers Kériès : " Tu ne t'en tireras pas comme çà ! " Un flash éblouit l'assemblée… Grimios gisait à terre, se tordant de douleur. Devant lui, Kériès, les poings déliés reprenait son souffle. Le Grand Pope se leva, et sortant le public de sa torpeur déclara, mettant ainsi fin à la séance : " Aspirant Kériès, disciple d'Atik, te voilà lavé de tous soupçons. Céphise et toi possédez un grand potentiel et vous êtes tous deux promis à un grand avenir au service d'Athéna. " Le Grand Pope marqua une pose et repris, plus grave :" Aussi je me dois de vous rappelez que cette force qui est en vous ne devra jamais être employée pour autre chose que pour la défense de la justice et enfin que pour un chevalier sacré, l'amour exclusif peut s'avérer un lourd handicap… "

Alors, ce soir là, pour sauver son avenir et celui de celle qu'il aimait, un apprenti chevalier quitta le sanctuaire…

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Cette fiction est copyright Eric Lhommeau.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.