Chapitre 8 : La Fission de l'âme


Quittant son bureau, Quirinius traversa le grand hall de son palais. En sa qualité de gouverneur de la province de Syrie, il avait pour habitude de travailler extrêmement tard la nuit : la fraîcheur et le calme nocturne de Damas lui semblaient propices aux activités intellectuelles. Mais il ne pouvait trouver le sommeil avant d'avoir contemplé une dernière fois les trésors de la salle des doléances où la tradition locale lui imposait de recevoir les citoyens comme le faisaient les rois qui jadis avaient régné sur ce pays. Cette salle, la plus vaste du palais, était entourée de niches creusées dans ses murs. Chacune d'elles contenait un trésor sensé impressionner le visiteur et lui rappeler sa véritable place et même si ses yeux avaient déjà connu les fastes de la glorieuse Rome, Quirinius ne pouvait s'empêcher d'admirer les oeuvres des anciens maîtres de la ville. D'un signe de la main il congédia les deux gardes qui, fermant la porte monumentale, le laissèrent seul dans l'immense salle. Quirinius s'approcha du vieux trône et fit pivoter la poignée gauche. Un antique mécanisme provoqua alors l'ouverture d'une porte cachée derrière le dais révélant ainsi le trésor que les maîtres successifs de ce palais gardaient jalousement pour leurs seuls yeux : une magnifique statue de métal sombre représentant un être ailé armé d'une sorte de poignard et conçue dans un matériau étrange et inconnu. Plus que jamais, la statue brillait de mille feux. La lumière des torches glissait sur ces faces lisses donnant ainsi une illusion de vie. Cette œuvre était là depuis des temps immémoriaux. Son style ne la rattachait à aucune culture connue et les multiples sources d'information aux quelles pouvait accéder le gouverneur de Syrie se trouvaient incapable d'expliquer son origine. Après quelques minutes de contemplation, Quirinius referma la cache secrète et, la tête pleine de ces merveilles, s'en alla rejoindre ses appartements.


Iah n'arrivait pas à y croire : son père qu'elle croyait avoir perdu quinze ans auparavant se tenait devant elle, radieux, arborant le même regard réconfortant que dans ses souvenirs… et pourtant, elle l'avait vu mourir sous ses yeux. " Comment… que… tu es vivant ! " balbutia le chevalier d'argent au bord des larmes. L'homme lui souriait et lui tendait les bras : " Iah… ma fille. " Elle se jeta dans ses bras et celui-ci la serra contre lui. Iah ferma les yeux et, comme pour tenter de rattraper cette enfance que le destin lui avait prématurément arraché, se mis à pleurer. Les mains de son père lui enserrèrent la nuque et la serrèrent… la serrèrent de plus en plus fort. Iah étouffait : " Papa… mais… ". Le visage de son père s'assombrit et celui-ci, tout en l'étranglant, expliqua d'une voix sombre : " Ton combat est désespéré : je ne veux pas que les démons t'emprisonnent en enfer pour l'éternité. Pardonne-moi ma fille mais en te tuant maintenant je t'offre une mort paisible, loin des horreurs de notre monde. " L'homme ferma ses yeux emplis de larmes comme pour ne pas voir le regard désespéré de sa fille agonisante. " GALACTIC CLASH ! " Une puissante onde de choc vint percuter le père de Iah qui dut lâcher la nuque de sa fille. " Tu croyais t'être débarrassé de moi ? Tu as sous-estimé l'armure de Cassiopée…" Simon, malgré sa blessure, se tenait face au père de Iah. Il s'approcha de Iah : bien que le choc lui ait fait perdre connaissance, elle vivait encore. Il se tourna à nouveau vers l'homme que Iah avait reconnu comme son père :

" _J'ai déjà affronté un ange capable de changer d'apparence, pourtant tu me paraîs humain… Qui es-tu ?
_Tu ne me reconnais pas ? Je suis… les contours de l'homme se firent flous.
_Gabriel ?!? Non ! Tu ne m'auras pas deux fois avec le même subterfuge !
_Crois-tu que ton cœur est du même avis? " fis l'homme, désormais sous les traits du maître de Simon.

Simon attaqua. Mais, au moment où son poing allait frapper l'image de son maître, il hésita. Son hésitation ne dura pas plus d'un dixième de seconde, mais pour son adversaire, cela fut largement suffisant …


La douleur fit reprendre conscience à Céphise : Kériès la regardait, le regard plein de haine. Qu'était-il arrivé au jeune disciple du sage Atik ? Etait-ce bien le même homme qui avait risqué sa vie pour la sortir des griffes d'un chevalier d'argent ? Où était ce jeune homme courageux et débordant de gentillesse qu'elle avait secrètement aimé puis tant pleuré?

" _Pourquoi Kériès ? dit-elle, malgré la douleur qui lui embrumait l'esprit. Que t'es-t-il arrivé sur l'île de la mort ? Et…pourquoi… pourquoi t'es-tu enfuit du sanctuaire ?
_Ah Ah Ah ! Tu tiens réellement à le savoir ? Tu tiens donc tellement à découvrir comment j'ai découvert la vraie puissance du cosmos et comment je me suis affranchis de ces chaînes que sont les prudes valeurs de la chevalerie au service de la déesse vierge ? Je vais te le dire… c'est grâce à toi, et je t'en remercie.
_Non ! Arrêtes !
_A l'issu du sermon du grand pope lors de mon procès, j'ai compris que l'attrait que nous avions alors l'un pour l'autre ne pouvait que nuire à nos destins de chevaliers, d'autant plus que cela allait à l'encontre des règles édictées par la prude Athéna, fit-il sarcastique. Alors je pris la décision de m'exiler et de parfaire mon entraînement en parcourant notre vaste monde. Mais, j'étais sentimental à l'époque, et je devais me battre toujours plus pour ne plus penser à toi. J'apprenais alors que de puissants chevaliers renégats vivaient sur l'île de la mort où je me rendit. Je devînt le disciple du maître de l'île et gagna le droit de revêtir l'alter ego maléfique de ce que le sanctuaire m'avait promis : l'armure du Pégase Noir. Mais les conditions de vie là-bas sont effroyables et j'ai eu tous le temps de comprendre combien je haïssais le sanctuaire et ses soi-disant courageux chevaliers qui s'entraînent sous la douce quiétude du climat d'Athènes, combien je maudissais le Grand Pope, Actios et toi, la petite nitouche qui continuais de vivre paisiblement alors que pour elle j'avais rejoins l'enfer. Mais maintenant, grâce au seigneur Satan, moi et tous les chevaliers de l'île de la mort, nous tenons notre revanche et nous allons montrer au monde qui sont les vrais maîtres de la cosmo-énergie.
_Non ! Je ne peux pas y croire…
_Et pourtant, regarde comme je suis devenu puissant. Je me suis affranchi des chaînes dans lesquels la philosophie naïve d'Athéna tiens l'humanité. Regarde-toi : ton attachement à ces vieilles valeurs t'empêchent de te défendre alors que je m'apprête à te tuer ! "

Ces paroles résonnaient dans l'esprit du chevalier de la Licorne. Ce n'était vraiment plus le Kériès qu'elle avait connu. Son regard, autrefois plein de joie et d'enthousiasme , était maintenant celui d'un homme prêt à tout pour assouvir dans le sang sa soif de vengeance et de puissance. Alors Céphise prit la décision la plus difficile qu'elle eut jamais à prendre : elle allait oublier ce qu'avait été cet homme et se battre contre lui, pour défendre sa cause, pour ses amis, pour que plus personne n'ai à subir ce qui avait changé son ami en monstre. Rassemblant ses forces, luttant contre la douleur, elle se releva pour lui faire face. Kériès afficha un air amusé : " Tu te décides enfin ? Parfait : je vais pouvoir te démontrer combien la philosophie du sanctuaire est inefficace face aux techniques de l'île de la mort ! En garde !"
Kériès lança sur elle les météores de Pégase. C'est alors que Céphise embrasa son cosmos et nimbée d'une aura mauve répliqua : " LE GALOP DE LA LICORNE ! " Kériès, surpris, reçu l'attaque de plein fouet et alla s'écraser contre le sol. Mais très vite, le chevalier noir de Pégase se releva, une folie meurtrière dans les yeux : " Bravo ! Enfin tu montres ce que tu vaut. A mon tour ! " A son tour, il fut entourée d'une puissante aura. Les deux chevaliers se jetèrent l'un contre l'autre.

" _LE GALOP…
_LE METEORE…
_…DE LA LICORNE !
_…DE PEGASE ! "

Les deux cosmos grésillaient au contact l'un de l'autre. Les attaques se heurtèrent dans un vacarme assourdissant.
CLASH ! Un éclair déchira le ciel sous l'effet de l'impacte et les deux protagonistes allèrent de nouveau s'écraser contre le sol. Le visage de Kériès saignait, le masque de Céphise se fissurait.
" Tu as bien progressé Céphise, depuis ce jour où j'ai quitté le sanctuaire… " fit Kériès en essuyant d'un revers de main le sang qui coulait de sa lèvre blessée. " Cette fois, tu vas avoir le droit à ma meilleure attaque. " Les deux jeunes combattants étaient sérieusement touchés. Aussi bien l'un que l'autre, ils voulaient en finir au plus vite, aussi enflammèrent-ils leurs cosmos à leur maximum, en y mettant toutes leurs forces et leur rage de vaincre. L'air électrisé crépitait, tandis que les deux constellations équestres scintillaient de plus bel. " _Adieu Céphise !
_Pour Athéna ! "
A nouveau ils fondèrent l'un sur l'autre. Les coups de pieds de Céphise s'enflammaient comme les étoiles, les coups de poing de Kériès fendaient l'air comme une pluie de météores. Ceux-ci s'accélérèrent et bientôt fusionnèrent en une comète qui allait submerger et terrasser Céphise. Alors que la comète allait l'atteindre, le souffle de l'attaque brisa se qui restait de son masque. Alors se produisit l'inattendu : Kériès reconnu ce doux visage que, dans une autre vie, il avait tant aimé, ces yeux qui avaient hanté ses rêves et dont le souvenir l'avait soutenu sur l'île de la mort, et il eut une milliseconde d'hésitation. Ce ne fut pas grand chose, mais pour des chevaliers se déplaçant à la vitesse du son, cela fut une éternité… que Céphise saisît pour terrasser le chevalier renégat.
Le corps étendu au milieu d'une mare de sang, Kériès, mortellement touché, ouvrit les yeux pour rencontrer… ceux de son amie d'enfance qui se penchait sur lui. " Tu m'as vaincu. Je suis ton ennemi, ne joues pas avec moi : achève-moi Céphise. Je t'aurais tué sans hésité tu sais… " fit-il, alors qu'une larme vînt trahir son émotion. Sans un mot, Céphise leva le poing, prête à en finir. Le poing s'abattit sur le chevalier renégat, mais, à la grande surprise de ce dernier, il ne toucha aucun point vital. Puis elle frappa encore… et encore… et encore… sans jamais l'achever…frappant des son index selon un tracé qui suivait… la constellation de Pégase… " Pourquoi me sauver ? Je suis un ennemi d'Athéna… et de toute l'humanité… TUES-MOI ! " cria-t-il. Céphise s'arrêta et le regarda droit dans les yeux : " Il y a deux ans, celui que j'aimais m'a sauvé la vie puis a disparu. L'hésitation fatale que tu as eu au moment de m'achever a trahie la présence en toi de cet homme que j'aime. Au nom de ce que nous avons vécu ensemble, et parce que je lui doit d'être ce que je suis, je veux te laisser une chance de redevenir celui que tu as été. Je sais que cette partie de toi n'est pas morte et je veux te laisser une chance de racheter tes crimes. "


Le silence régnait dans le palais endormi du gouverneur de Syrie et seuls le crépitement des flambeaux muraux trahissaient la présence des hommes en ce lieu plusieurs fois centenaire. Sans le moins du monde altérer cette quiétude acoustique, une ombre se glissa jusque dans la salle des doléances. Sans le moindre grincement, la porte s'ouvrit puis ce referma comme si ce mouvement n'eut été qu'onirique. A son tour, la poignée gauche du trône pivota et l'armure se révéla à son véritable propriétaire : Caïn. " Je ne croyais ne plus jamais avoir à t'endosser, mais il semble que le destin en ait voulu autrement. Ces derniers siècles je me suis passé de toi, mais la bataille qui s'engage va m'obliger à user de tous mes pouvoirs : le sort de l'univers en dépend… " murmura-t-il. Alors, comme une réponse à ces paroles, la statue de métal se mit à briller d'un éclat froid et bleu comme les neiges. Puis, dans une explosion de lumière, elle se scinda et ses éléments prirent place sur le corps d'un Caïn resplendissant de puissance. Alors Caïn se retourna et pointa successivement l'index vers quatre piliers de la salle qui explosèrent brusquement dans un fracas assourdissant. " Je vous avais repéré dès mon entrée dans le palais. Bénissez votre souverain que je ne vous ai point déjà réexpédié en enfer ". Des gravas émergèrent quatre silhouettes, l'une d'elles prit la parole :

" _Comment te permet tu de nous parler de la sorte…
_SILENCE ! interrompis Caïn, n'abuse pas de ma magnanimité, si vous êtes encore en vie c'est que j'ai besoin de vous pour transmettre un message à votre maître.
_Compte là-dessus ! hurla le plus proche des assaillants, PAR LA FAUCHEUSE INF… ! " mais avant qu'il n'eut terminé son annonce, un jet de lumière lui traversa le crâne et le fit taire à jamais. Les trois autres personnages restèrent figés d'effroi. La voix de Caïn les sorti de leur torpeur : " Mon message est le suivant : dites à Azrael que je ne suis le pion de personne, que s'il veut m'éliminer il faudra trouver mieux que des anges de la hiérarchie inférieure, que j'ai déjà choisi mon camp et que ce n'est pas le sien. "

Dehors, des soldats, alertés par le bruit s'approchaient de la salle. On entendit des cris, les bruits d'une brève lutte, puis la porte s'ouvrit. Deux soldats pénétrèrent en titubant dans la salle puis s'effondrèrent. Derrière eux, la cour intérieure du palais était emplie de cadavres. Un homme vêtu d'une armure vert émeraude aux formes saillantes et acérées se tenait au milieu du carnage. D'un pas tranquille, il s'avança et pénétra dans la salle des doléances. Les trois anges noirs s'écartèrent en s'inclinants tandis que Caïn fixait froidement le nouvel arrivant. Ce dernier prit finalement la parole : " Ces humains… pffff… ". Puis se tournant vers le plus proche des anges, il ajouta : " Prziel ! Toi et ton équipe avez une fois de plus fais preuve de votre inaptitude à mener à bien les missions que vous assigne notre maître. Disparaissez ! Vous n'êtes plus d'aucune utilité ici : je prends les choses en main ! ". Les trois anges eurent un sourire mauvais à l'adresse de Caïn. Des ailes noires se déployèrent dans leurs dos et ils disparurent dans un éclair laissant seuls Caïn et le mystérieux guerrier à l'armure émeraude.

Mérios respirait de plus en plus difficilement. Les chaînes noires ne cessaient de lui déchirer la chair déjà brûlée par le poison de l'hydre. Tout en le torturant à l'aide de sa chaîne, Andromède frappait son esprit en y instillant le désespoir : " Tes amis, s'ils ne sont déjà morts, subissent un sort similaire au tien : ne sens tu point leur cosmos qui disparaît ? " En effet, il sentait ses amis en mauvaise posture. Mais il sentait aussi qu'ils n'avaient pas abandonné et que, contrairement à ce que pensait Andromède, rien n'était joué. Tous avaient reçu le sacrément de chevalier : ils ne pouvaient perdre face aux renégats de l'île de la mort. Les autres avaient besoin de lui, il ne pouvait mourir sans combattre pour, au moins, alléger la charge de ses amis. Il se concentra jusqu'à ressentir cette part d'univers qu'il y a en chaque être humain et, parce qu'un chevalier ne pouvait mourir sans lutter jusqu'au bout, fit exploser son cosmos. Une aura semblable à un brasier enveloppa le chevalier de la couronne. L'onde de choc ébranla la colline et brisa les chaînes noires. " Puisque de toute façon le poison m'a condamné, je vais utiliser tout ce qui me reste de vie pour t'envoyer en enfer : TORNADE AUSTRALE !" Un vent furieux se forma sous l'impulsion des bras du chevalier, arrachant tout ce qu'elle rencontrait la tornade commença à s'élargir alors que des arcs électriques déchiraient l'atmosphère. Le chevalier noir lança sa chaîne en contre mesure : " TEMPETE NOIRE ". Les deux attaques se maintinrent mutuellement un court instant puis la tornade australe engloutie le maëlstrom du chevalier renégat et avant même que ce dernier n'eut le temps de comprendre sa défaite, le typhon d'énergie l'emporta, renvoyant son armure et son corps à leur état de poussière originelle. Le calme retomba sur le sentier. Victorieux, Mérios leva les yeux vers les étoiles. S'il ne pouvait la distinguer de cette région du globe, il savait qu'à cet instant la Couronne Australe devait briller d'un éclat particulier. Il sourît, ferma les yeux et s'effondra.


Caïn et son challenger à l'armure émeraude se faisaient face, immobiles, s'étudiant mutuellement. Finalement, l'homme en vert rompit le silence :

" _Caïn… cela faisait longtemps que j'attendais une occasion de me mesurer à toi, immonde bâtard ! Néanmoins, j'ai reçu des ordres d'Azrael, mon maître. Aussi dois-je te demander une dernière fois de te joindre à nous : la bataille qui s'annonce sera la plus terrible depuis la grande rébellion céleste. Pour l'occasion, mon maître a conclut une alliance avec quelqu'un que tu connais bien : la belle et sanguinaire Lillith.
_Alors voilà pour moi une raison supplémentaire de prendre part à cette bataille : une fois que j'aurais liquidé ton maître, je vengerai ma mère en éliminant cette créature des enfers qui m'a fait maudire mon sang et ma chair.
_Ta réponse ne me surprend pas. Je dois même avouer que l'inverse m'eut déçu. Je vais donc avoir le plaisir de t'infliger le sort que l'on réserve aux ennemis d'Azrael et de son dévoué serviteur Iabel, tentateur de séparation. " Les deux guerriers s'élancèrent l'un contre l'autre : le choc fit trembler les murs de la gigantesque pièce.


A bout de souffle, les os brisés de partout, l'habit sacré en lambeaux, Simon ne se sentait plus le courage de continuer à se battre. Comme pour embrasser une dernière fois ce monde qu'il aimait tant, il releva la tête : à sa droite gisait, inconsciente, le chevalier de la colombe. Pour elle aussi le combat semblait désespéré. Devant lui, Gabriel, ou plutôt cette chose qui en avait l'apparence s'approchait tranquillement, le visage éclairé d'un sourire malfaisant.

" _Chevalier, si tu en as encore la force, fais tes adieux à ce monde.
_Je n'abandonnerai pas tant qu'il me restera une étincelle de vie.
_AH !AH !AH ! A chaque fois tu t'es laissé submergé par tes sentiments. Tu ne pourras jamais frapper l'image de ton maître."

Simon se releva et, rassemblant tout ce qui lui restait d'énergie lança son cosmos à l'assaut de l'imposteur " GALACTIC CLASH ! ". L'aura de Simon explosa. Ses poings, rapides comme le son, s'approchaient du visage de son maître mais il ne voulait pas le blesser. Aussi, pour la énième fois, son hésitation fut sanctionnée par une puissante série d'uppercuts.

" _Pourquoi t'accroches-tu tellement à cette vie faite de peine et de douleur ?
_Pour mes amis… pour mes compagnons… pour mon maître… pour Sarah…".

A nouveau, il se redressa prêt à mettre toute sa force dans cette ultime attaque. Son cosmos s'enflamma tel une tempête de lumière : " GALACTIC CLAAAAASH ! " Les coups fusèrent vers son adversaire mais, hélas, sans le courage de toucher sérieusement ce visage tant aimé. La rage l'envahissait, ses coups s'accéléraient mais évitaient toujours l'ennemi. Invoquant l'image de ses compagnons et amis, il enflamma davantage son cosmos jusqu'à un point qu'il n'avait jamais atteint auparavant et implora sa déesse de toute sa voix et de tout son cœur " Athéna ! Donne-moi ta lumière. " Alors se produisit un miracle : une étoile filante traversa le ciel, s'approcha du lieux du combat et se plaça au dessus des deux guerriers. C'était une armure, dorée, brillante et étincelante comme les feux du soleil. Chacun de ses côtés portait un visage : l'un inspirait la bienveillance, l'autre, à l'inverse, paraissait agressif. Se plaçant entre les deux guerriers, l'armure orienta ses masques : l'image du bien vers simon et l'autre vers son opposant. La lumière dorée éclaira le pseudo-Gabriel qui perdit brusquement son sourire. Le monstre révélant sa véritable apparence, les attaques de Simon ne manquèrent plus leur cible et le guerrier infernal, surpris, reçu toute la colère du chevalier sacré de Cassiopé. Alors que Simon s'effondra, vidé de son énergie, la mystérieuse armure d'or s'éleva doucement et s'éloigna à travers ciel.
Mais, malgré ses blessures, le guerrier infernal se releva, titubant, le corps couvert de sang, l'armure comme les os brisés de toutes parts : " Comment un simple chevalier de bronze a-t-il pu m'atteindre, moi qui porte l'écaille des Lymnuades, qui ai servi l'empereur des mers et qui porte aujourd'hui le titre d'archevêque infernal au service du maître des abîmes. " Le marina s'avança vers Simon, les yeux hagards : " Tu m'as pratiquement anéanti mais avant de mourir je te porterai ce dernier coup : tu as donné tout ce qu'il te restait d'énergie pour me vaincre et je t'entraînerai avec moi dans la mort. ADIEU CHEVALIER ! On se retrouvera en enfer ! " Et alors que le guerrier se jetait sur Simon encore inconscient, prêt à l'achevé, il s'effondra brusquement, sans même un cri, la nuque brisé : " Pour quelqu'un qui s'en prends à ce que les autres ont de plus cher, l'enfer est effectivement le meilleur endroit. " énonça Iah d'un ton froid avant de s'effondrer de fatigue.


A quelques centaines de kilomètres de là, dans la salle principale du palais de Damas :

"_A ce rythme, le combat peut durer éternellement : Caïn, je vais t'anéantir grâce à ma botte secrète, énonça Iabel.
_La fameuse Fission des âmes ? J'ai entendu parler de cette attaque : elle sépare les deux principes de l'adversaire, son yi et son yang, ses deux faces contraires qui cohabitent en lui, l'équilibrent et font de lui un individu plus fort que la somme de ses parties. On dit que séparées l'une de l'autre, ces deux faces de l'être humain sont d'une extrême vulnérabilité. Mais dois-je te rappelé que je ne suis pas un adversaire totalement humain ?
_Je vois que tu as de bonne sources… Je sais très bien ce que tu es, et je crois que cette attaque pourrait avoir un effet particulièrement intéressant sur toi. LA FISSION DE L'AME ! "

Une lumière verte envahit la salle et Caïn dut se protéger les yeux. Un vague haut le cœur le saisi puis la lumière s'estompa :

" _C'est tout ? Ton attaque ne blesserait pas un insecte.
_Tu crois cela? Retourne toi et vois… "

Caïn réalisa alors qu'une présence se manifestait derrière lui. Toujours sur ses gardes il se retourna et découvrit un autre lui-même qui le regardait fixement, hébété. Alors Caïn ressentit le vide au fond de lui comme si une partie de son âme, de son cœur, de ses souvenirs lui avaient été arrachés. Les deux Caïn tombèrent à genoux, levèrent les yeux au ciel et poussèrent un même cri de douleur.


" _Seigneur Satan ! Il vient de se produire un événement fort déplaisant…
_Parle Belzebuth ! Ne me fais point attendre.
_Il semblerait qu'un chevalier d'or soit intervenu dans le combat entre le chevalier de Cassiopée et l'archevêque infernal des Lymnuades.
_Il fallait s'y attendre, je me doutait bien que les chevaliers d'or, malgré leurs obligations au sanctuaire ne garderaient pas longtemps les bras croisés. Il est temps, je crois, de leur délivrer la petite surprise que nous leur avons préparé : envoie immédiatement le signal d'action à l'Egyptienne. Pour ce qui est de l'enfant et de ses protecteurs, l'église infernale n'est pas encore abattue… loin de là…

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Cette fiction est copyright Eric Lhommeau.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.