Chapitre 2 : En route pour le mont Kunlun !


Dans la chambre du Grand Pope, c'est le branle-bas de combat. Tous les chevaliers d'or ont été conviés par Athéna et le Grand Pope pour une réunion extraordinaire. Depuis la visite de Rune de Balrog, messager de sa Majesté Hadès, tout le monde se prépare à un nouveau conflit qui aura pour enjeu la possession de la planète.
Cela fait maintenant un petit moment que les chevaliers d'or sont tous réunis dans une des grandes salles du palais, en compagnie d'Eole, le chevalier de bronze des Voiles. Tous suppose qu'Athéna et le grand pope discutent de l'organisation de la défense du sanctuaire. Beaucoup se demandent pourquoi ils doivent attendre sans donner leur avis.
Une autre question trotte dans la tête de la plupart des chevaliers d'or : pourquoi Athéna a t'elle convoquée Eole en même temps qu'eux ?
Eole lui même se pose la question. La compagnie de tous ces chevaliers d'or l'honore, mais surtout l'effraie : il se sent mal à l'aise parmi eux et redoute leur regards hautains. En effet, depuis son entrée dans tous les regards, à l'exception de celui de Doko, sont tournés vers lui. Et tous sont plus ou moins méprisants. " Pourquoi Athéna a t'elle convoqué ce misérable chevalier de bronze en même temps que nous ? , pensaient ils tous, et qu'attend elle de lui ?
Certains chuchotaient ces interrogations, d'autres maugréaient à cause de l'attente.
Iolaos finit par dire tout haut ce que les autres pensaient tout bas :

Iolaos : qu'est ce qu' Athéna peut bien attendre d'un petit chevalier de bronze, que dis je, d'un misérable chevalier comme lui ?

Tous furent scandalisés par ses paroles, non pas qu'ils pensaient autrement, ils étaient même tout à fait d'accord, mais ils ne se seraient pas permis de critiquer les ordres d'Athéna de plus ses paroles pouvaient être blessantes pour Eole.
Mais Iolaos, malgré son caractère bien trempé, avait toujours été franc et assez direct. C'est sûrement pour ça qu'il faisait parti des " sages ".

Samson : Quoiqu'il en soit, le temps commence à être long ! et nous sommes en alerte !

Finalement, seul Eole, ne disait rien, il était déjà intimidé d'être avec les puissants, mais après ses paroles, il aurait voulu sincèrement être ailleurs.
Enfin, la porte s'ouvrit et tous sursautèrent. Cependant, ce n'était pas celle attendue : la porte qui s'ouvrit n'était pas celle qui menait à la chambre du pope, mais celle par laquelle ils étaient tous entrés : ce fut Sion qui entra, à la surprise générale.
Bien peu avaient remarqué son absence, omnubilé qu'ils étaient par l'attente. Certains dirent :

-SION ! mais qu'est ce que tu fais là ?
Sion : Désolé d'arriver seulement, mais…
Zéthée du sagittaire : Pourtant tu étais à l'enterrement ? je n'ai pas…
Sion : Oui, je…
Samson : ça n'est chevalier d'or que depuis quelques jours, et déjà, ça se permet d'arriver en retard aux convocations d'Athéna !…
Doko : Depuis quelques mois tu veux dire !
Sion : Désolé je…
Samson : C'est vrai toi c'est encore plus récent, toutes mes excuses…

Eole s'aperçut soudain qu'il avait cessé d'être le centre de la conversation. Cela le soulageait grandement. Cependant, il craignit que les chevaliers d'or ne fut pas assez soudés et cet étrange exemple de fraternité sans doute atteinte par la disparition de Jason, l'un des meilleurs amis de Samson et le départ de Gimini, ne fut pas plus visible…
Quant à Sion, il semblait s'effacer de la conversation dont il étaient devenu l'objet…
Seuls quelques chevaliers d'or dont Zéthée, s'aperçurent qu'une autre porte s'était ouverte, plus discrètement que la première, mais cette fois, c'était la bonne, celle du palais du pope…
Archinoald se tenait là, dans son habit blanc, surmonté des grandes épaulettes magnifiques de pope. Il avait le casque de cérémonie que tous porteront après lui, mais il n'avait pas juger utile de prendre le masque.
Le visage un peu violacé et la barbe blanche, il regarda avec des yeux étonnés puis sévères la scène.
Eole, un peu impressionné, s'agenouilla le premier, suivi de Zéthée et enfin de tous les autres.

Archinoald : Eh bien chevaliers qu'est ce que tout ce remue ménage ? Ravi que tu es pu nous rejoindre Sion… Relevez-vous ! et toi, Eole, chevalier des Voiles viens avec moi !

Eole, un peu hésitant, se releva le premier et suivit Archinoald qui disparut avec lui dans l'étonnement général.
Après ça, l'attente des chevaliers d'or leur sembla encore plus longue.

Onze chevaliers, tout d'or vêtus, sont dans une partie du palais qu'on pourrait qualifier de salle d'attente. Attente de quoi ? Tous l'ignorent.

Samson (fait les 100 pas) : Eole, Eole…qui est ce chevalier pour qu'Athéna lui offre l'honneur de son audience ! En le préférant à nous, qui sommes les meilleurs d'entre tous !
Sion : Calme-toi, Samson, cette réunion touche à sa fin. Si Athéna veut s'entretenir avec lui, c'est qu'il y a bien une raison. Elle nous le dira après.
Samson : Toi, tu peux parler ! Tu étais chevalier d'argent avant !
Doko : Si je peux me permettre…
Samson : Et toi chevalier de bronze !
Siddartha : Samson, arrête un peu de t'énerver ! Qu'est-ce que cela signifie ? Qu'est-ce que c'est que cette manière de considérer les autres chevaliers d'Athéna ?
Gassama : Il veut dire que nous autres, chevaliers d'or, sommes les garants de la sécurité du Sanctuaire. C'est de nous, essentiellement, que va dépendre l'issue de la bataille que nous allons devoir mener. Samson ne comprend pas qu'un vulgaire chevalier de bronze ait la préférence d'Athéna, et je suis un peu de son avis !
Doko : Chevalier de bronze, tu as dit ?
Siddartha : Oui, Eole est le chevalier de bronze des Voiles…
Samson : Qu'est-ce qu'il vient donc faire dans cette histoire ?
Doko (une lueur dans les yeux) : A moins que…mais oui, c'est ça…
Ménélas : Que dis-tu, Doko ?
Doko : Non, je parlais tout seul…
Siddartha : En tout cas, il faut arrêter cette querelle stupide qui tient au respect de la hiérarchie (s'adressant aux dix autres). Vous savez bien tous que l'armure ne fait pas le chevalier ! Doko et moi en savons quelque chose. De plus, tout le monde a sa place dans le Sanctuaire. Les chevaliers de bronze, comme ceux d'argent, ont une mission spécifique à remplir en cas de conflit.
Hippolyte : Peut-être, mais ils ne peuvent pas faire le poids, même à quarante et quelques…
Doko : Hum, hum ! J'ai une subite envie de montrer mon tatouage...
Samson : Est-ce que c'est le moment de faire de l'humour ?
Ménélas : Il y a d'autres choses préoccupantes…bronze, argent ou or : le conflit qui nous attend sera sûrement très meurtrier. Beaucoup de sang va couler…tout ça pour quoi ?…
Siddartha : Hippolyte, chevalier du Verseau…tu as connu la dernière guerre sainte, et tu as combattu aux côtés d'Archinoald…tu as peut-être une idée de ce qu'il a derrière la tête ?
Hippolyte : Il est vrai que j'ai déjà affronté Hadès par le passé…mais la guerre que nous allons vivre ne ressemblera sans doute pas à celle que j'ai connue. Peut-être le Grand Pope est-il en train de définir une stratégie avec Athéna. Mais pourquoi avec cet Eole ? Je ne m'explique pas que nous en soyons réduits à attendre de la sorte…
Gassama : Ca y est, la porte s'ouvre !

Les chevaliers d'or s'attendent à découvrir Athéna et le Grand Pope avec un air grave et résolu, mais ils sont surpris de ne lire aucun sentiment apparent sur leur visage. Néanmoins, le dénommé Eole a comme un petit air de satisfaction, qui irrite certains des chevaliers d'or. Samson y voit quelqu'un d'arrogant. Le Grand Pope prend la parole.

Archinoald : Chevaliers d'or, désolé de vous avoir fait attendre. La situation est grave ; ce qui ne veut pas dire que le temps n'est qu'à l'action. Nous avons longuement réfléchi sur la manière d'envisager les choses. Avec Eole, que voici…
Samson : Oui, parlons-en !
Siddartha : Samson, voyons !

Eole se sent particulièrement gêné d'être mis en avant devant tous les chevaliers d'or. Il perd le petit air de suffisance que Samson lui trouvait.

Athéna : Nous voulons, et nous devons, éviter les effusions de sang. Hadès m'a proposé une alliance, que je ne peux évidemment accepter, et qui va déboucher sur un conflit entre nous. Toutes nos forces, tous nos chevaliers doivent être mobilisés. Cependant, il m'apparaît qu'une partie du conflit est évitable.
Hippolyte : Evitable, déesse ?
Athéna : Oui, si nous prenons les devants…je vais aller trouver Hadès et lui parler.
Tous : Lui parler ??
Athéna : Oui, si nous ne nous dépêchons pas…c'est lui qui attaquera le premier !
Siddartha : Mais…Mais vous ne pouvez pas aller le trouver toute seule ! C'est beaucoup trop dangereux pour vous !
Athéna : Qui vous dit que j'irai seule ?
Tous : Quoi ?
Athéna : Vous m'accompagnerez jusqu'à lui ! (un frisson parcourt le dos des chevaliers d'or)
Ménélas : Mais…ne faut-il pas mieux rester au Sanctuaire ? Et où trouverons-nous Hadès ? Comment sommes-nous sûr de le trouver ?
Gassama : Il s'est sûrement très bien caché !
Athéna : Hadès n'a pas pour priorité de se cacher…il veut éviter un affrontement direct entre lui et moi, mais il a sans aucun doute prévu d'amener ses troupes envahir le Sanctuaire. Aussi nous allons devoir le surprendre…et c'est nous qui l'attaquerons par surprise ! Les premiers !
Hippolyte : Déesse Athéna, je ne comprends pas toute la stratégie…Comment pouvez-vous laisser les troupes d'Hadès nous envahir ?
Archinoald : Et que faites-vous des soixante chevaliers restant ? Les chevaliers de bronze et d'argent sont, tout comme vous, des défenseurs d'Athéna. Vous avez entraîné et formé nombre d'entre eux ! Vous savez mieux que personne qu'ils sont prêts à donner leur vie pour notre déesse et pour le maintien de la paix sur Terre. Aussi vous quitterez le Sanctuaire pour accompagner Athéna…et, en votre absence, vous laisserez vos plus valeureux élèves défendre vos maisons. Les spectres d'Hadès ne sont pas tous si redoutables qu'ils veulent bien le prétendre. Nous parviendrons bien à en vaincre une partie.
Zéthée (chevalier du Sagittaire) : Et vous, Grand Pope ?
Archinoald : Moi, je resterai au Sanctuaire…et je continuerai à défendre ces lieux…comme si Athéna s'y trouvait toujours !
Samson : Comme si Athéna s'y trouvait toujours…mais alors…
Athéna : Oui ! Personne, parmi les spectres, ne se doutera que j'ai quitté le Sanctuaire pour aller de moi-même à la rencontre d'Hadès. Tous croiront que je suis toujours présente ici. En tout cas, c'est ce qu'il faudra.
Iolaos (chevalier du Scorpion) : Athéna absente, il ne restera donc plus rien à défendre au Sanctuaire…ce combat ne devient-il pas un peu absurde ?
Athéna : N'oubliez pas que le Grand Pope, lui, reste ici. Il faudra empêcher que les spectres ne parviennent jusqu'à vous, Archinoald.
Siddartha : Vous avez survécu à la dernière Guerre Sainte, en l'an de grâce 1556, Grand Pope ! En tant que tel, vous ne devriez avoir aucune crainte. Vous êtes capable de vaincre n'importe quel spectre, et même de tenir tête à Hadès en personne !
Archinoald : Je suppose que ta jeunesse excuse tes propos, chevalier de la Vierge, mais tu te trompes. Certains spectres sont bien plus puissants que ce que vous pouvez imaginer. Il se peut même qu'aucun d'entre nous n'en vienne à bout, et que nous périssions de leur main…
Tous : Comment ??
Archinoald : Je sais mieux que personne qui sont nos adversaires les plus à craindre. J'ai livré bataille autrefois avec un spectre, en combat singulier…je l'ai affronté pendant plusieurs jours, et le combat semblait devoir ne jamais trouver de fin, jusqu'à ce que la fatigue vienne à bout de nous…Nous avons fini blessés tous les deux, et seule la victoire d'Athéna sur Hadès a eu raison de notre combat. En y repensant, il s'agissait de…oui, c'est bien lui…
Ménélas : Qui était-ce, Grand Pope ?
Archinoald : Peu importe, vous le saurez tôt ou tard…En attendant, je vous le dis, il ne faut pas que les spectres parviennent jusqu'à ma maison, car ce que nous devons défendre serait alors à leur merci…
Samson : Mais…vous venez de dire qu'Athéna ne serait pas au Sanctuaire !
Archinoald : Oui, c'est exact. Mais il reste bel et bien quelque chose à défendre au Sanctuaire.
Siddartha : Saurons-nous de quoi il s'agit, ô déesse ?
Athéna : Je peux juste vous dire que ce qui est à défendre se trouve au-delà de cette demeure…et que de cela dépendra en partie l'issue du combat. Mais il s'agit d'un secret séculaire, que seuls le Grand Pope et moi-même pouvons connaître…
Sion (essaie de comprendre, mentalement) : Au-delà de cette maison…alors il s'agit de…mais pourquoi ?…A moins que…Athéna aurait…

Certains chevaliers d'or se montrent inquiets de l'urgence de la situation. Mais pourquoi doivent-ils accompagner Athéna, si cette chose à défendre est si importante ? Et où doivent-ils accompagner Athéna ?

Athéna : …A présent, il est temps de vous révéler où nous allons nous rendre…(regardant Eole)Et pourquoi j'ai fait appel au chevalier des Voiles !
Samson et Iolaos (moue dédaigneuse) : Ah, enfin !
Athéna : A chaque guerre sainte, Hadès s'établit dans un endroit sur terre, où il ouvre une brèche entre son monde et le nôtre…et cet endroit est une contrée que tu connais très bien Doko…le mont Kunlun !!
Doko : Le mont Kunlun !?!!

Une expression d'effroi traverse le visage de Doko. Les autres chevaliers d'or se demandent bien pourquoi.

Samson : Que t'arrive t-il, Doko ?
Athéna : Tu es sans doute plus prompt que moi et que le Grand Pope pour nous donner des explications, chevalier de la Balance. Raconte-nous un peu.
Doko : Très bien…c'était il y a longtemps, il y a des années…encore avant que je ne commence mon entraînement de chevalier…

Rozan, an de grâce 1734

Un paysage en apparence paisible. Des montagnes s'étendent à perte de vue dans la brume de la province du Jiang Xi. Des rizières sont visibles un peu partout sur les adrets des collines. Des cours d'eau perforent le site en d'innombrables vallées. C'est dans l'une d'elles qu'une grande cascade se jette. En aval, à quelques li du point de chute, un village d'une certaine taille se distingue. L'animation y règne. Un marché aux poissons, quelques artisans faisant la démonstration orale de leurs productions…et une sorte d'arène, à même un tapis de sable, dans laquelle s'activent de jeunes garçons, revêtus de combinaisons protectrices, et qui s'entraînent au maniement de l'épée.

Un homme : Allez, c'est l'heure de la pause !
Un garçonnet (plein d'égratignures) : Non, je veux continuer ! Je veux encore me battre !
L'homme : C'est bon, Doko, fais une pause, nous reprendrons tout à l'heure.
Un autre garçonnet (retire son masque) : C'est toujours toi qui gagne, de toutes façons ! Laisse-nous souffler un peu !
Doko : Sers-toi vraiment de ton épée si tu veux me battre, Li Hong !
Li Hong : Pour l'instant, je voudrais aller me rincer le visage, si tu n'y vois pas d'inconvénient !

Les deux garçonnets, très complices malgré leur rivalité, se rendent jusqu'au fleuve voisin. Li Hong se met à accélérer et propose à Doko de faire la course. Doko croit arriver le premier mais il a finalement présumé de ses forces et s'essouffle.

Li Hong (arrivé au fleuve le premier) : Alors, Doko, tu veux faire le malin mais tu es finalement fatigué.
Doko : Tu as 11 ans, tu en as 2 de plus que moi ! Forcément, tu as de plus grandes jambes !
Li Hong : Allez, arrêtons de nous disputer. (Prend de l'eau dans ses mains et l'applique sur son visage). Fais comme moi, ça va te faire du bien. Notre entraînement n'est pas facile, il faut en profiter.
Doko : Regarde ce fleuve. Père m'a dit un jour que, si on remontait à sa source, on devenait très fort et qu'on méritait de servir l'Empire. Tu crois que c'est vrai ?
Li Hong : Oui, Doko, je connais cette histoire. Mais il n'est pas facile de remonter le Fleuve Bleu. Il est en principe interdit d'atteindre la source.
Doko : Interdit ? Mais pourquoi ? Qu'est-ce qu'il y a au bout ?
Li Hong : Au bout, eh bien, il y a le mont Kunlun…
Doko : Le quoi ?
Li Hong : Le mont Kunlun, la demeure des Dieux !
Doko : Il y a des Dieux qui habitent là-bas ?
Li Hong : C'est là que l'Empereur Céleste, l'Auguste de Jade, habite avec sa femme et tous ses serviteurs ! Mais il est interdit d'aller jusqu'à lui !
Doko : Si personne ne peut aller le voir, pourquoi il se cache alors ? Il ne bouge jamais de là ?
Li Hong : Si, mais, si un simple mortel le voit, il meurt aussitôt ! Il n'y a que l'Empereur de Chine qui a le droit de le voir, et encore !
Doko : On meurt ? Mais comment ?
Li Hong : Si quelqu'un le savait, c'est qu'il ne serait pas mort là-bas, alors personne ne le sait ! Tout ce qui est sûr, c'est que l'Auguste de Jade est un Dieu très puissant, et qu'il a très mauvais caractère ! Il gouverne sans partage, et veut qu'on le craigne ! La seule mission de notre Empereur Yongzheng, c'est de le prier pour qu'il assure de bonnes récoltes au peuple chaque année. Il paraît que, quand une récolte est mauvaise ou qu'une peste ravage l'Empire, c'est que l'Auguste s'est mis en colère ! Je ne préfère pas imaginer pourquoi !
Doko : Ben dis donc, c'est pas gai, tout ça…quand je pense qu'on se bat pour devenir des soldats de l'Armée Impériale, et qu'on devra risquer sa vie pour les caprices de ce Dieu…
Li Hong : Attention, ne blasphème pas !
Doko : c'est quoi, un blasphème ?

Les deux garçons éclatent de rire. Après tout, ils sont encore bien trop jeunes et innocents pour se soucier du bien de l'Empire. Ils savent qu'un difficile destin les attend et que la mort est peut-être au bout du chemin, mais le chemin est encore long. L'insouciance de l'enfance ne les a pas encore quitté.

Doko (en 1743) : …A l'époque, je ne mesurais pas l'importance de ses paroles…
Gassama : Qu'est devenu ton ami ?
Doko : Il a fini par intégrer l'Armée Impériale, au moment où j'ai été moi-même convié à la cour de l'Empereur Qianlong pour servir Athéna…Il partait pour la Campagne de Mongolie. Je n'ai jamais eu de nouvelles, peut-être y a t-il laissé la vie, comme des milliers d'autres…comme tant d'anonymes…
Siddartha : C'est tout de même curieux qu'Hadès ait choisi cet endroit.
Doko : Hadès, dites-vous, a donc établi sa demeure au Mont Kunlun. Pourtant, je ne comprends pas…
Alrisha (chevalier des Poissons) : Que ne comprends-tu pas, Doko ?
Doko : Il se serait allié avec l'Auguste de Jade ? Grand Pope, Athéna…comment savez-vous que le Seigneur des Ténèbres s'est établi là-bas ?
Samson : On ne pose pas de questions indiscrètes à une déesse, Doko !b Athéna : Ta question est légitime, chevalier de la Balance. Cependant, je ne peux y répondre. Archinoald et moi-même le savons c'est tout.
Doko : Mais… !
Archinoald : Je sais ce que tu penses et ce que tu ressens, mais il en est ainsi. Vous comprendrez bientôt tous.
Doko (songeur) : C'est tout de même étrange…Pourquoi justement alors…l'Auguste de Jade serait… !
Athéna : Nous vous avons tous fait convoquer ici pour vous annoncer l'imminence du conflit, et vous donner des directives. Il faut que nous partions, vous et moi, très bientôt pour le Mont Kunlun, y trouver Hadès avant qu'il n'agisse.
Alrisha : Nous devons donc poster nos meilleurs élèves dans nos Maisons, en notre absence. Il faut aller les prévenir dès maintenant !
Tous : Oui ! (tous s'apprêtent à partir)
Li Hong : Hum, hum !
Samson : Ah oui, c'est vrai, il y a ce...Eole...
Li Hong : Je t'en prie, Samson !
Athéna : Voici pourquoi j'ai fait appel au chevalier des Voiles…Le Mont Kunlun se trouve à plusieurs jours de marche d'ici, et nous y rendre n'est pas évident…
Iolaos : Pourtant, avec notre vitesse, c'est l'affaire de quelques instants ! Où est le problème ?
Archinoald : Un peu de respect, Iolaos ! Tu t'imagines peut-être qu'on peut se déplacer aussi vite que la lumière sans risquer de se faire repérer ?
Ioloas (confus) : Je…excusez-moi…
Archinoald : Il vous serait effectivement aisé d'utiliser vos pouvoirs pour atteindre le Mont Kunlun en un éclair, mais vous devriez pour cela intensifier votre cosmo-énergie, et risqueriez de vous faire repérer par les spectres d'Hadès avant même d'être arrivés. Non, nous devons agir en toute discrétion, et, pour cela, nous déplacer normalement.
Zéthée : Mais la route sera très longue !
Archinoald : Absolument, et c'est pour cette raison que nous avons fait appel à Eole ! Nous allons avoir besoin de lui…de ses compétences !
Eole (ne sait plus où se mettre) : Oui, je…
Athéna (sourit) : Eole, explique-leur toi-même en quoi consiste ton rôle.
Li Hong : Eh bien voilà…
Samson : Enfin des explications !
Sion (agacé) : Laisse-le parler !
Li Hong : Lorsque j'ai été recruté pour faire partie de la chevalerie d'Athéna, j'étais plus âgé que la plupart d'entre vous…j'étais déjà établi en Thessalie, où j'exerçais la profession de constructeur de bateaux…C'est donc tout naturellement que l'armure de bronze des Voiles m'a été destinée…

Iolaos : Je crois que je commence à comprendre…
Li Hong : Athéna et le Grand Pope, connaissant mon passé, m'ont demandé de trouver un moyen de nous amener en Chine sans nous faire remarquer…
Sion : Tu vas donc nous conduire en bateau jusque là-bas ?
Li Hong : C'est cela…je suis chargé de construire une embarcation discrète, mais efficace, et de vous convoyer jusqu'au mont Kunlun…
Doko (plaisantant) : J'espère que tu as une bonne carte, car la route n'est pas toute droite !
Li Hong : Je pense pouvoir vous amener en Chine en l'espace de dix jours. Il faudra alors remonter le Fleuve Bleu en amont, jusqu'à sa limite navigable, puis nous remonterons par la terre ferme.
Gassama : Dix jours !!
Athéna : Oui, aussi, nous devons nous y prendre dès maintenant. Eole va tout de suite s'atteler à la réalisation de son ouvrage. Quant à vous, vous allez de ce pas trouver vos meilleurs apprentis, et les poster dans chacune de vos maisons…Dès qu'Eole en aura terminé, c'est à dire demain, nous partirons.
Zéthée : Mais, et si les spectres d'Hadès envahissent le Sanctuaire avant que nous ne partions ?
Athéna : Hadès m'a laissé une trêve après la visite de Rune…Il m'a laissé une période de réflexion, en pensant que je pourrais accepter son offre, mais il n'en est rien. Il va certainement attendre encore un peu avant de lancer ses sbires contre nous. Profitons de ce moment de répit pour agir !
Tous : Oui, déesse ! Nous partons de ce pas !

Les chevaliers d'or quittent rapidement la chambre sacrée à la recherche de leurs apprentis.

Li Hong : Si vous n'avez plus besoin de moi, je me retire également…je commence très vite à travailler sur le bateau que vous m'avez demandé. (il s'en va)
Archinoald : Déesse Athéna, vous devriez aller vous reposer. Prenez des forces pour le long voyage qui vous attend…
Athéna : Il reste quelque chose à faire…gardes !
Un garde (bourru) : Oui !
Athéna : Va me chercher Asclépion et Héroclès !

Quelques minutes plus tard, deux autres gardes pénètrent dans la Chambre du Pope, mais se distinguent par une certaine élégance. Ils s'agenouillent devant le Pope et Athéna.

Athéna : Je vous ai fait demander car vous êtes parmi les plus méritants des serviteurs du Sanctuaire. J'ai une mission pour vous, de la plus haute importance, et confidentielle de surcroît.
Héroclès : Quelle est-elle, déesse Athéna ?
Athéna : Vous allez vous rendre en Macédoine, dans la ville de Kavala, où vit un homme, que vous allez trouver et amener ici…
Asclépion : Comment se nomme cet homme ?
Athéna : Il a pour nom…Gimini-Janus, chevalier d'or des Gémeaux !

*****

Le lendemain

Héroclès et Asclépion entrent dans la ville de Kavala. Ils demandent leur chemin plusieurs fois. Personne ne doit savoir qui ils sont et d'où ils viennent. Mais retrouver quelqu'un dans une ville de près de trois mille habitants n'est pas chose aisée. Les deux hommes arpentent une des artères principales de la ville, sans but précis.

Héroclès : Ah, si ce Janus n'avait pas si soudainement déserté le Sanctuaire !
Asclépion : Tu as bien entendu Athéna, il n'a pas déserté. Il a simplement fait un choix.
Héroclès : En attendant, il mène la belle vie quelque part dans ce patelin, avec femme et enfant, et nous, nous passons notre temps à lui courir après ! Est-on au moins sûr qu'il est bien ici ?
Asclépion : Je ne sais pas comment Athéna le sait, mais elle ne peut pas se tromper.
Héroclès : Et si on demandait à tout le monde s'ils ne connaissent pas un chevalier ? Ca irait plus vite !
Asclépion : Mais nous ne devons pas nous faire remarquer…Personne ne doit connaître l'existence des chevaliers ici.
Héroclès (interroge un vieillard devant une épicerie) : Vieil homme, ne connaîtrais-tu pas un dénommé Janus ?
Le vieillard : J'ai vu grandir à peu près la moitié de la population de cette ville…mais non, désolé, " Janus ", ça ne me dit rien…allez demander au seigneur Abdullah, sur la place là-bas, il connaît pas mal de monde, surtout les paysans de la ville…on ne sait jamais…

Les deux émissaires d'Athéna trouvent assez facilement le seigneur Abdullah, grâce à sa physionomie. Sa peau brune et ses cheveux d'un noir d'huile trahissent ses origines ottomanes, plus précisément anatoliennes. Il n'a pas l'air commode et ne sourit guère.

Héroclès : Etes-vous le seigneur Abdullah ?
Abdullah : Oui, que puis-je pour vous ?
Héroclès : Nous recherchons un dénommé Janus dans cette ville. Est-ce que par hasard…
Abdullah : Janus ? Qu'est-ce que vous lui voulez ?
Asclépion : Nous voudrions nous entretenir avec lui…
Abdullah : Ah oui, et pourquoi ?
Héroclès : Nous ne pouvons vous en révél…
Asclépion (reprend Héroclès) : Nous sommes d'anciens amis, envoyés par un de ses parents resté dans le village où il habitait autrefois…nous souhaiterions avoir de ses nouvelles…
Abdullah : Ah oui ? Janus travaille pour ma seigneurie, il est laboureur. Ca vous va ? Rentrez chez vous, étrangers.
Asclépion : Mais nous voulons le voir !
Abdullah : Il travaille et n'a pas le temps de parler à qui que ce soit ! Il a déjà une dîme de retard et doit terminer ses corvées ! Alors passez votre chemin !
Héroclès (emploie les grands moyens) : Si c'est de l'argent que vous voulez, nous sommes disposés à négocier…
Abdullah : On peut dire qu'il a de la chance d'avoir des amis comme vous ! Deux cent drachmes et je vais le…

Mais, au moment où il parle, une jeune femme passe près de la place, sous le regard d'Asclépion et d'Héroclès. Leur sang ne fait qu'un tour. Elle attend un enfant et est vêtue de haillons. Ses cheveux noirs ont poussé depuis plusieurs mois. Mais ils la reconnaissent sans peine.

Héroclès et Asclépion : Yoko !!

Yoko les a également reconnus et s'enfuit à toutes jambes, comme apeurée, ne voulant visiblement pas leur parler. Asclépion et Héroclès se lancent à sa poursuite, mais, malgré sa grossesse à un stade déjà bien avancé, Yoko n'en reste pas moins l'ancien chevalier du Tigre et les sème rapidement.

Héroclès : Bon, retournons voir cet Abdullah…

Les choses finissent par s'arranger. Abdullah, moyennant deux cent drachmes, consent à aller chercher Janus et à le laisser prendre du retard dans ses travaux dans les champs. Mais l'homme qu'ils découvrent est méconnaissable. Janus a maigri, il s'est laissé pousser la barbe et ses cheveux bruns, courts à l'origine, sont hirsutes. Ses vêtements sont aussi délabrés que ceux qu'ils ont vu sur les épaules de Yoko.

Asclépion : Ja…Janus ?
Janus : Alors ça y est…Athéna part en guerre…
Héroclès : Tu as deviné…

Janus, les mains encore pleines de terre, emmène les deux hommes loin de la place, dans une misérable étable proche des champs, dans les faubourgs de la ville.

Asclépion : Tu veux dire que…c'est là que tu travailles ?
Janus : C'est là que…j'habite.
Héroclès : Que s'est-il passé, depuis ton départ ?
Janus : C'est à moi de poser les questions ! Qu'êtes-vous venus faire ici ? Je devine la réponse, mais je veux quand même vous l'entendre dire.
Asclépion : L'Empereur des Ténèbres s'est réveillé…une nouvelle guerre sainte va avoir lieu. Et Athéna a besoin de toute son armée pour combattre son ennemi ! Tu es l'une des pièces maîtresses de la garde du Sanctuaire, tu dois reprendre ton armure de chevalier d'or et rejoindre les autres !
Héroclès : Ils t'attendent, ils ont besoin de toi !
Janus : Auriez-vous oubliez ce pourquoi j'ai quitté le Sanctuaire, il y a plusieurs mois déjà ?
Asclépion : Non…mais la situation exige que tu reprennes du service.
Janus : J'ai fait un choix, déjà…j'ai renié ma vie de chevalier pour celle de mari et de père…et je ne peux plus revenir en arrière…qu'Athéna me pardonne…
Asclépion : Comment peux-tu parler ainsi !!
Janus : Je ne suis plus chevalier. Toute cette vie dont vous entretenez le souvenir, n'existe plus. Vous le voyez vous-mêmes, je ne suis plus qu'un modeste paysan, à la solde d'un seigneur… Mon fils, ou ma fille, va bientôt naître…je dois me montrer digne…de la voie que j'ai choisi…
Asclépion : Tu oublies…ton destin…
Janus : Quoi ?
Asclépion : Le destin, Janus…celui qui fait de la vie de chaque homme ce qu'elle est, ce qu'elle doit être…ton destin a toujours été d'être chevalier d'or, tu es né pour servir Athéna ! Et la terre court un grand danger ! Comment peux-tu parler ainsi, toi qui a toujours été parmi les plus fidèles ?
Héroclès : Tu offenses Athéna ! Que tu le veuilles ou non, tu es et tu resteras le chevalier d'or du signe des Gémeaux !
Asclépion : Oui, Héroclès a raison ! Peu importe les faits extérieurs à la vie du Sanctuaire ! La mission de tout chevalier est de protéger la déesse Athéna, au péril de sa vie !
Héroclès : La vie d'un véritable chevalier est une vie de renoncements et de sacrifices ! Mais il n'y a rien de plus beau que de servir la cause de la Justice et de la Paix sur Terre ! Tu le sais, tu l'as toi-même professé par le passé !
Asclépion : Tu…tu mériterais qu'Athéna te châtie pour ton reniement ! Tu le sais bien ! Parfois, je me dis qu'elle a été trop bonne en te laissant partir avec Yoko !

Janus se lève et fait mine de se diriger vers la porte. Il tourne le dos aux deux autres.

Héroclès : Tu nous entend, Janus ? Tu entends ce qu'on te dit ? Eh, Gimini !

Janus tourne alors la tête vers eux. Mais, alors qu'ils s'attendent à lire de la colère sur son visage, ils le trouvent en train de pleurer à chaudes larmes.

Asclépion : Janus ?
Janus : Lais…laissez-moi ! Ne me regardez pas ainsi !
Héroclès : Mais…qu'y a t-il ? Qu'est-ce qui te donne de la peine ?
Janus : Vous dites que je suis toujours le chevalier des Gémeaux…mais regardez-moi un peu…regardez-moi dans les yeux, regardez mon visage, ma tenue ! Où voyez-vous le chevalier d'or ?? Je ne suis plus qu'un misérable gueux déguenillé…j'ai honte…j'ai tellement honte ! Mais je n'ai pas pu…faire autrement…
Asclépion : Tu n'es pas heureux…tu t'es laissé aller, depuis que tu es ici. Et, au fond de toi, je sais bien que tu n'aimes pas cette vie que tu mènes.
Janus : Mais il y a…Yoko…et cet enfant…
Héroclès : Laisse-moi te rappeler que, au Sanctuaire, tous les chevaliers, quasiment, sont orphelins ! Comme tu l'es aussi toi-même ! Mais nous avons tous accepté cet état de fait et nous sommes tous résolus à donner notre existence pour offrir à d'autres une vie meilleure sur une terre pacifiée…les chevaliers d'or, d'argent, de bronze, comme nous-mêmes, simples serviteurs…
Asclépion : Viens avec nous, Janus des Gémeaux ! Dépêchons-nous, le temps presse ! Retournons au Sanctuaire !

Au port du Pirée, près d'Athènes

Dans les chantiers navals de la ville, un homme s'active à la tache, dans un endroit isolé. Avec de modestes planches de bois mais d'un geste assuré, il assemble patiemment différentes parties et donne corps à une embarcation dont on voit se dessiner la charpente de la coque. Il n'est pas seul dans cette tache : trois hommes travaillent à ses côtés et suivent attentivement les instructions qu'il leur donne.

Li Hong : Voilà, la charpente sera déjà terminée ce soir. Si l'on prend deux nouveaux hommes, on aura fini la coque demain midi et le reste demain soir ; on pourra alors embarquer…
Un des ouvriers : Maître Eole, nous n'avons jamais travaillé aussi vite. Pourquoi cet excès de zèle de votre part ?
Li Hong : Je ne peux t'en révéler la raison…sache simplement que cette modeste embarcation va servir une des plus nobles causes qui soit. Et que toi et les autres participerez à la réalisation de grands évènements.

Un homme, s'approche : Es-tu le dénommé Eole ?
Li Hong : Oui ? Qui es-tu ?
L'homme : Alcménide, envoyer spécial du Sanctuaire. Je viens voir l'avancée des travaux, à la demande du Grand Pope. Je vois que tu n'as rien perdu de tes anciens talents.
Li Hong : C'est exact, et je regrette de ne pas pouvoir aller encore plus vite.
Alcménide : Comment as-tu réussi à te faire accepter sur ce chantier ?
Li Hong : Il se trouve que je suis un ancien maître d'œuvre de ce chantier, où j'ai travaillé plusieurs années avant de venir servir le Sanctuaire et de revêtir une armure de chevalier. Mes anciens ouvriers me sont restés fidèles. J'ai confiance en leur force de travail. Nous pourrons bientôt appareiller.
Alcménide : Penses-tu pouvoir atteindre le but qui t'a été fixé avec une telle embarcation ?
Li Hong : N'aie crainte, malgré sa modeste taille, ce bateau pourra nous conduire là où Athéna le souhaitera. Il n'y a qu'à espérer que les vents nous soient favorables…

Eole regarde le ciel et ne peut s'empêcher de prier dans sa tête. Prier Athéna et les dieux de l'Olympe de leur être favorables, dans le conflit qui se prépare…

En Macédoine

Janus, Asclépion et Héroclès s'apprêtent à quitter la ville de Kavala. Janus a finalement accepté la requête des deux émissaires d'Athéna, après s'être longuement rendu compte qu'il ne pouvait se soustraire à son destin de chevalier. La décision n'a pas été facile : il lui faut quitter femme et enfant.

Asclépion (marchant dans les rues) : Il nous faut faire vite, Janus ; le départ des autres chevaliers est imminent.
Janus (rasé et coiffé) : Sais-tu seulement où Athéna et les autres comptent se rendre ?
Asclépion : Nous, simples messagers, ne sommes pas tributaires d'un tel secret. Seule Athéna elle-même pourra te renseigner.
Héroclès : Le Grand Pope nous a simplement demandé de faire vite.
Janus : Je ne peux cesser de penser…
Asclépion : Qu'y a t-il ?

Au moment où Janus va leur dire à quoi il pense, une fourche vient atterrir droit dans le sol, juste devant eux. Les deux messagers du Sanctuaire sont pour le moins saisis. Janus ouvre grand les yeux de stupeur.

Héroclès : Qu'est-ce que c'est ? Qui a lancé ça ?
Asclépion : Ca vient de loin !
Janus : Serions-nous déjà repérés ?!
Une voix de femme : Où vas-tu, Janus ?
Janus : Yoko !

Yoko apparaît au bout de la route qu'ils s'apprêtent à quitter.

Janus : Pourquoi viens-tu nous retrouver ?
Yoko : Tu pars sans même me prévenir ! Où vas-tu ainsi ?
Janus : Ecoute, Yoko, je…je dois partir quelques jours…mais je serai bientôt de retour…ne t'en fais pas…
Yoko : Non !
Asclépion et Héroclès : Quoi ?
Yoko (se met à verser des larmes) : Non, non et non ! Je ne veux pas…
Janus : Sois raisonnable…
Yoko : …je ne veux pas que ça recommence ! Nous avons décidé de ne plus nous battre…alors tu as déjà tout oublié…nos promesses…notre mariage…cet enfant que je porte…
Janus : Yoko…l'Ennemi qu'attendait Athéna vient de se réveiller…Athéna va devoir livrer bataille…et je suis attendu…je suis…
Yoko : Non !
Janus : Je suis le chevalier d'or des Gémeaux…
Yoko : Ne prononce plus ce mot ! Tu es Janus, mon mari, le père de mon enfant !
Janus : Oui, mais je suis aussi le che…
Yoko : Les autres…se débrouilleront sans toi.
Janus : Ne dis pas une chose pareille !
Yoko : Ils se passent bien de moi…ils se passeront aussi de toi.
Asclépion : Si je puis me permettre, Yoko…un nouveau prétendant à l'armure des Gémeaux a été cherché après votre départ…mais il n'a jamais été trouvé. Car le destin de Janus est celui du chevalier des Gémeaux…
Héroclès (sèchement) : Nous ne pouvons nous permettre de laisser une maison vide au Sanctuaire. C'est trop risqué.
Asclépion : Janus partira avec nous. Il reviendra ici, une fois la guerre terminée.
Yoko : Non ! Tout ça, ce sont des paroles en l'air !!
Janus : Yoko, ça suffit.
Yoko : Tu me mens ! Tu ne rentreras jamais !
Janus : Ca suffit !! Je rentrerai bientôt. Attends-moi seulement un peu.
Héroclès : Yoko, retourne dans ta demeure. Ce n'est pas prudent, ni pour toi, ni pour ton enfant.
Janus : Tu as largement de quoi subsister pendant mon absence ! Quand comprendras-tu que l'avenir de cette terre est entre nos mains ? Crois-tu que je me moque de m'occuper de notre enfant ? Je veux lui offrir un monde de paix et de justice ! Et pour cela, je dois me battre !
Asclépion : Nous n'avons pas le choix !
Héroclès : Au revoir, Yoko.

Tous trois tournent le dos à Yoko et passent leur chemin. Janus ne se retourne pas et croit que sa femme est devenue raisonnable. Mais il sent bientôt un cosmos émaner de derrière lui.

Yoko (brûle son cosmos) : Janus ! Je ne te laisserai pas partir !
Janus : Tu es folle !! Ne fais pas ça !
Héroclès : Yoko, personne dans cette ville ne doit savoir qui nous sommes !
Yoko (attaque sans trop bouger) : Par les griffes du Tigre !!

Héroclès et Asclépion sont touchés par l'attaque de Yoko. Elle ne visait que ces deux-là.

Janus : Mais pourquoi ?
Yoko : Ils veulent te faire partir ! Mais je ne veux pas !
Janus : Ne recommençons pas les mêmes erreurs que par le passé !
Yoko : Quelles erreurs ?
Janus : Tu sais bien…écoute, je n'ai plus le temps…que tu le veuilles où non, je partirai. Ma décision est prise.
Yoko : Alors je me battrai…contre toi !
Janus : Ne sois pas stupide ! Ne fais pas d'efforts, c'est mauvais dans ton état !!
Yoko : Par les griffes du Tigre ! Yahh…
Héroclès (se relève, se place devant Janus) : Non !!! (encaisse l'attaque à sa place, et s'écroule à nouveau).
Janus : Arrête, laisse-les ! Ils n'ont rien à voir dans l'histoire !
Asclépion : Yoko, ne nous force pas à employer les grands moyens ! Tu le regretteras !
Yoko : Prouvez-moi que Janus doit vraiment partir ! Donnez-moi une raison valable !
Asclépion : Quoi ?
Yoko : Attaquez-moi, tous ensemble ! Janus, porte-moi un coup ! Si tu le fais, je n'aurai pas d'autre choix que de te laisser partir !
Janus : Te rends-tu compte de ce que tu me demandes ?
Héroclès (se relève encore) : Nous ne pouvons pas attaquer une femme qui porte un enfant !
Yoko : De toutes façons, cet enfant ne connaîtra pas son père !
Asclépion (tout bas) : Misère…elle va nous retenir encore longtemps…
Héroclès : Comment la convaincre…

A ce moment précis, une intense lumière jaillit de nulle part et éblouit Janus, Yoko et les deux envoyés. Tous les quatre se cachent les yeux pour ne pas avoir mal. Lorsque la lumière se dissipe, ils découvrent une boite métallique flottant dans les airs.

Asclépion : C'est une urne d'armure !
Héroclès : Mais laquelle ?
Asclépion : C'est évident !

L'urne s'ouvre et l'on y découvre une armure dorée représentant un personnage grotesque à quatre bras. Les morceaux se détachent et viennent recouvrir Janus, de nouveau chevalier d'or des Gémeaux.

Janus : Tu vois ? L'armure est venue d'elle-même ! Tu voulais un signe, en voilà un !
Yoko : Alors c'est fini…

Elle tombe à genoux sur le sol, les mains à terre, la tête recroquevillée, les yeux en larmes. Janus s'approche et lui manifeste une dernière marque de tendresse, en lui murmurant quelque chose dans les oreilles, que les deux envoyés du Sanctuaire ne comprennent pas. Puis il les rejoint, d'un pas décidé.

Le lendemain, dans la Chambre du Grand Pope

Eole entre dans la pièce, accompagné de deux gardes

Athéna : Eole ! As-tu terminé ?
Li Hong : Oui ! J'ai obtenu ce matin le renfort de deux hommes, qui m'ont permis de finir le bateau plus vite que prévu. Il n'y a plus qu'à hisser les voiles et nous pouvons appareiller.
Athéna : Très bien; nous partons tout de suite. Archinoald, est-ce que les apprentis des chevaliers d'or sont prêts ?
Archinoald : Absolument, déesse, chaque chevalier d'or a sélectionné son meilleur apprenti et l'a posté dans sa maison. Tous vous attendent en bas des marches menant à la maison du Bélier.
Li Hong : Puis-je avoir l'honneur de vous accompagner jusqu'en bas des marches, déesse Athéna ?
Athéna : Avec plaisir, chevalier des Voiles. Mais, auparavant, j'ai une dernière chose à accomplir.
Li Hong : Une dernière chose à accomplir ?
Athéna : Eh bien, je dois…
Un garde : Grand Pope ! Un chevalier souhaite s'entretenir avec la déesse Athéna !
Archinoald : Un chevalier d'or ?
Le garde : Non, d'argent !
Archinoald : Tiens donc ! Que veut-il ?
Athéna : Faites-le entrer. Eole, je te prie de rejoindre les chevaliers d'or et de m'attendre avec eux.
Li Hong : Bien, déesse. (il quitte le palais)

Un chevalier familier d'Athéna et du Grand Pope fait alors son apparition.

Le chevalier (s'agenouille et se présente) : Adam, chevalier d'argent de l'Horloge.
Archinoald : Qu'est-ce qui t'amène ici, Adam ?
Adam : Je désire vous parler et vous demander une faveur…
Athéna : Nous t'écoutons.
Adam : Je sais que le Sanctuaire est en état d'alerte depuis plusieurs jours et que vous vous apprêtez à le quitter en compagnie des chevaliers d'or pour vous rendre en Chine, là où Hadès a établi sa base terrestre. De même que douze chevaliers d'argent ou de bronze ont été nommés pour défendre les maisons en l'absence de leurs gardiens.
Archinoald : Et… ?
Adam : Maître Archinoald, divine Athéna, je souhaiterais faire partie du voyage…et vous accompagner combattre Hadès, avec les chevaliers d'or.
Athéna : Qu'est-ce qui motive une telle volonté, chevalier ?
Adam : Je sais que je suis de peu d'aide face à Doko et aux autres…mais je veux me racheter pour m'être emporté, il y a peu, contre l'un des nôtres.
Athéna : Oui, je vois…
Archinoald : Tu veux parler du samouraï Aritaki, chevalier de bronze de Pégase !
Adam : Oui…
Archinoald : Te souviens-tu que j'avais dû intervenir en personne pour mettre un terme à votre discorde ? Tu ne manques pas d'un certain toupet !
Adam (baisse un peu plus la tête) : Je le sais bien…et c'est pour cette raison que je veux accompagner Athéna et combattre Hadès à ses côtés. Je veux laver cette faute.
Athéna : Tu t'es distingué naguère lors de la bataille que nous avons livré contre mon demi-frère Apollon…Je pense que tu es l'un des chevaliers d'argent les plus doués, et que tes pouvoirs dépassent ceux de l'ordre qui est le tien.De plus, j'avais prévu de renforcer nos arrières en emenant des chevaliers d'argent. Aussi j'accepte, chevalier. Mais tu dois t'en montrer digne.
Adam : Je vous le promets…je promets d'offrir ma vie s'il le faut, pour vous aider à combattre Hadès, aux côtés des chevaliers d'or.
Archinoald (pensif) : De plus, le chevalier des Gémeaux est absent…voilà qui permet de le remplacer…
Athéna : Chevalier Adam de l'Horloge ! Pars rejoindre les chevaliers d'or devant la maison du Bélier. Prépare-toi à livrer combat !
Adam : Oui, divine Athéna !

Adam quitte la salle. Il ne reste qu'Athéna et le Grand Pope.

Grand Pope : A présent, il ne vous reste plus qu'à quitter cette demeure et à partir pour le mont Kunlun.
Athéna : Vous oubliez une chose importante, que je dois accomplir…
Grand Pope : Vois voulez parler de… ?
Athéna : Oui, c'est vous-même qui m'en avez révélé le secret, voilà déjà des années…
Grand Pope : Très bien…

Tous les chevaliers d'or (excepté Janus), Eole des Voiles et Adam de l'Horloge et deux autres chevaliers d'argent patientent au bas des marches de l'escalier des Douze Maisons, prêts à accompagner Athéna jusqu'au port du Pirée puis à appareiller en direction de la Chine. La déesse se fait attendre.

Ménélas : Athéna se fait attendre…
Gassama : Quand je pense que les spectres d'Hadès menacent d'envahir le Sanctuaire d'une minute à l'autre ! Qui attaquera l'autre le premier ?
Siddartha : Il est probable que nombre d'entre nous y laissions la vie…
Doko : Voici la déesse…

Athéna arrive enfin, escortée par deux gardes. Les chevaliers lui trouvent un visage étrange, comme marqué par la fatigue. Sa peau est plus blanche qu'à l'accoutumée. Doko est le premier à remarquer une plaie qu'elle a au niveau du poignet droit, et qu'elle n'avait pas quelques heures encore auparavant.

Doko : Mais…que vous est-il arrivé au poignet, Athéna ? Vous êtes-vous blessée ?
Athéna : Ce n'est rien, ne vous en faites pas.
Sion : Vous paraissez fatiguée…
Li Hong : Le voyage sera le moins long possible, mais risque d'être agité. Autant en profiter pour prendre des forces avant la bataille.

Puis la déesse brandit le sceptre d'Athéna-Nikê en direction de la ville du Pirée.

Athéna : Et maintenant, en route, chevaliers !

Les chevaliers d'or suivent Athéna, marchant très vite, sans utiliser leur véritable vitesse car ils sont suivis par Adam.
Arrivés au Piré, les chevaliers et Athéna retrouvent avec étonnement Janus, Asclépion et Hérotès.

Hérotès : Nous sommes arrivés à temps ! Voici Athéna et les autres !
Asclépion : Oui! Oui, regardez Athéna nous avons réussis!
Siddartha : Gimini-Janus! Comment est-ce possible ?
Doko : Gimini!? C'est bien toi?
Abel du capricorne : C'est bien lui, oui! Heureux de te revoir !

Gimini, lui, s'il était heureux de revoir ses compagnons n'affichait pas la joie sur son visage. Il avait encore la larme à l'œil. D'un pas hésitant, et apparamment sans égard pour ses anciens compagnons, gimini s'avança directement vers Athéna et s'agenouilla:

Gimini : Vos messagers m'ont prévenus de la gravité de la situation, je suis revenu vous servir, mais je laisse derrière moi une femme et un enfant !
Athéna : Je veillerais sur eux quoiqu'il arrive, je t'en fait le serment!

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Cette fiction est copyright Christophe Becquet et Fabrice Willot.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.