Chapitre 6 : Dans l'œil du Lynx


Devant les deux statues féminines bordant l'entrée d'un temple, cinq chevaliers en armure noire se tenaient prêts à se battre. Devant eux, un sixième chevalier, à l'armure argentée plus modeste. Le soleil se cachait sous une épaisse couche de nuages depuis quelque temps, et un vent fort balayait les visages des combattants, comme l'annonce du tumulte des combats à venir.

Rhadamanthe (aux autres spectres) : Voici donc notre nouvel adversaire…il dit que nous sommes dans la maison de la Vierge, par conséquent il nous reste encore six maisons à traverser après celle-ci…
Un des spectres : Seigneur Rhadamanthe, laissez-moi l'attaquer pendant que vous franchirez ce temple ! Je vais le combattre en combat singulier.
Rhadamanthe : Tu as raison, Diadalus, il ne faut pas que nous restions ici tous les cinq, nous perdons du temps…mais je vous conseille tous de rester sur vos gardes…ce chevalier ne devrait pas nous poser de gros problèmes, mais j'ai senti tout à l'heure disparaître les cosmos de plusieurs spectres dans les premières maisons…ils étaient sans doute trop sûrs d'eux, et il ne faut pas recommencer les mêmes erreurs…
Un autre spectre : Oui, notre mission est d'arriver au bout de ce parcours, coûte que coûte, et avant la fin du temps dont nous disposons…

Le chevalier à l'armure argentée, qui se tenait devant l'entrée du temple depuis un moment, immobile, prit soudain la parole.

Amitabha du Paon : Eh bien, chevaliers d'Hadès, que marmonnez-vous depuis quelques instants ? Vous m'avez l'air bien hésitants.
Rhadamanthe : chevalier du Paon, j'ai une proposition à te faire…laisse-nous passer et traverser cette maison, et tu auras la vie sauve !
Amitabha : Tu plaisantes ! Comment pourrais-je vous laisser passer avec la mission qui m'a été confiée ? C'est plutôt vous qui allez renoncer à vouloir continuer, après m'avoir affronté !
Rhadamanthe (esquisse un sourire) : Tu ne sais pas à qui tu parles, pauvre idiot…
Diadalus : Assez parlé ! Battons-nous et passons ! Tu ne feras pas le poids face à cinq spectres, chevalier ! Surtout si notre maître Rhadamanthe est parmi nous !
Amitabha : Je vois, tu es l'un des spectres les plus importants, à en juger par ton armure…
Rhadamanthe : Je suis Rhadamanthe, l'un des trois juges des Enfers, qui siège auprès de sa majesté Hadès…et je ne crains personne, pas même les chevaliers d'or…encore une fois, ôte-toi de cette entrée, ou tu vas le regretter.
Amitabha : M'ôter de cette entrée ? Très bien, si tu y tiens…

A la grande surprise des spectres, le chevalier d'argent s'écarta de l'entrée, comme s'il obéissait vraiment à la requête de Rhadamanthe. Puis, dans un grand calme, il s'assit sur les dalles de pierre, à même le sol, en tailleur, et ferma les yeux.

Un des spectres : C'est bien, chevalier, tu as compris le message…allons-y !
Deux autres : Oui !
Rhadamanthe : Attendez !! C'est sûrement un piège !

Mais, sans réfléchir ni écouter les conseils du juge des Enfers, les trois spectres se précipitèrent vers l'entrée de la sixième maison. Amitabha, toujours assis les yeux fermés, ne bougeait pas d'une once et ne semblait nullement inquiet.
L'un des quatre spectres était resté en compagnie de Rhadamanthe et observa la scène avec lui. Arrivés devant l'entrée du temple, une puissante lumière blanche traversa l'ouverture de haut en bas et les spectres se heurtèrent à une sorte de mur invisible, qui les renvoya d'où ils venaient. L'un du groupe parvint à se rétablir sur ses deux jambes en sautant en arrière, mais les deux autres eurent moins de chance et vinrent s'écraser à même le sol, non loin de Rhadamanthe et du spectre qui était resté.

Rhadamanthe : Bande d'imbéciles ! Vous ne réfléchissez donc jamais avant d'agir ? Il était évident que ce chevalier n'allait pas vous laisser passer comme ça !

Mais, sur les trois spectres projetés, seul l'un d'entre eux était en mesure de pouvoir répondre ; les deux autres, sonnés, ne bougeaient plus.

Le troisième : Pardonnez-moi, maître…j'étais sûr de pouvoir passer…
Rhadamanthe : Tu me fais honte, Samaka ! Je vais donc devoir prendre les choses en main…

Rhadamanthe s'avança de quelques pas, mais Amitabha ne réagissait toujours pas et gardait les yeux fermés.

Rhadamanthe : Astucieux, ce mur d'énergie…mais ça ne marchera pas avec moi ! Puisque tu ne veux pas bouger de là, je vais t'y forcer !

Le juge des Enfers concentra son énergie dans ses mains et fit apparaître un puissant cosmos pourpre autour de lui. Les deux spectres qui se tenaient debout regardaient leur maître utiliser sa force pour la première fois, et se montrèrent impressionnés. La force déployée dépassait de loin celle de tous les spectres qui s'étaient battus depuis le début des hostilités. L'énergie concentrée dans les mains de Rhadamanthe se matérialisa en une sorte de boule incandescente qui remua l'air environna et intensifia le vent déjà très fort.

Rhadamanthe : Reçois…la Prudence du Wyvern !!

Un déferlement d'énergie s'abattit sur le chevalier d'argent du Paon et le força à réagir. Il bondit dans les airs d'un saut agile en tentant d'échapper à l'attaque de son adversaire, mais ne parvint pas à en éviter une partie et s'écrasa de tout son poids, sur le dos, dans le mur du temple de la Vierge.

Amitabha : Ainsi c'est donc vrai…ce spectre est plus puissant que tous les autres…(se remet en place, en tremblant de douleur).
Rhadamanthe : Estime-toi heureux, je n'ai utilisé qu'une petite partie de ma force pour l'instant ! Ceci était un avertissement ! Laisse-nous passer, ou le prochain coup sera plus puissant et te tuera d'un coup !

Mais, pour toute réponse, le chevalier se rassit et reprit sa position de méditation, les yeux fermés, sous les yeux ébahis des deux plus petits spectres. Les deux autres qui étaient à terre commençaient à se relever.

Rhadamanthe : Je vois…il essaie de nous retenir ici le plus longtemps possible, en nous faisant perdre du temps ! Allez ! A ma prochaine attaque, préparez-vous à franchir le temple pour de bon ! Je vais le déloger et le forcer à rompre ce mur invisible qui empêche de passer ! Tenez-vous prêts !
Les quatre autres : Oui !!

Rhadamanthe concentra une nouvelle fois sa force et, cette fois, déploya beaucoup plus d'énergie qu'auparavant. Son regard s'embrasa en direction de la cible à abattre.

Rhadamanthe : Par la Prudence du Wyvern !!

L'attaque fut plus dévastatrice et fissura l'un des piliers du temple devant lequel était assis Amitabha.

Amitabha : Quelle attaque puissante ! Je ne suis pas certain de pouvoir y réchapper ! Aaaaargghh !!

Le chevalier d'argent fut emporté et s'écrasa à nouveau sur le pilier déjà ébréché, mais cette fois tête la première, sans pouvoir se rétablir à temps. Il put à peine passer une main sur son visage ensanglanté que déjà Rhadamanthe et ses quatre acolytes se précipitaient à l'intérieur de la maison de la Vierge pour la traverser. Deux silhouettes avaient disparu au loin…puis trois…puis quatre…

Amitabha : Non…je ne peux pas les laisser faire…

Le cinquième et dernier spectre, qui était en retrait par rapport aux autres, s'écrasa devant une nouvelle barrière d'énergie au beau milieu du temple, et retomba au sol, tout surpris du piège. Amitabha réapparut devant lui aussitôt, surgissant de nulle part.

Le spectre (se relève douloureusement) : Mais comment…comment as-tu fait ?
Amitabha : Ce n'est pas bien difficile pour moi de créer cette barrière d'énergie…tes compagnons ont eu beaucoup de chance de s'être enfuis avant que je puisse me relever…
Le spectre : C'est plutôt toi qui a de la chance que mon maître soit parti ! S'il était resté face à toi, il t'aurait réduit en charpie !
Amitabha : Tu as sans doute raison, je n'étais pas de taille face à Rhadamanthe du Wyvern…il n'a pas utilisé la totalité de sa puissance, même dans sa seconde attaque, et m'aurait sans doute ôté la vie à sa prochaine attaque s'il n'avait pas été obsédé par l'idée de traverser ce temple. Mais, trêve de bavardages ! Les autres chevaliers, dans les six dernières maisons, sauront arrêter la course de tes compagnons. A qui ai-je l'honneur ?
Le spectre : Je suis Cyd de la Mandragore, de l'étoile céleste de la Magie…et je vais te tuer, chevalier du Paon !
Amitabha : En garde !


Plus bas dans la montagne

Deux spectres pénétraient au même moment dans la maison du Lion. Epuisés par les combats précédents et essoufflés par la montée des escaliers, ils accusaient une diminution de leurs puissances respectives, mais leur détermination restait intacte. Leurs surplis d'ébène étaient abîmés par endroits.

Pat du Cyclope : Encore une impression étrange de solitude…le gardien de cette maison se cache sûrement dans un coin de cette maison ! Tenons-nous prêts à réagir !
Alaman de Deep : Tout ça ne me dit rien qui vaille…regarde là-bas ! C'est la sortie !
Pat : C'est curieux…quand je pense que, depuis le début, nous n'avons pas encore vu la trace d'un chevalier d'or…pourquoi leurs temples sont-ils gardés par d'autres chevaliers, beaucoup moins puissants ?
Alaman : Aucune idée, mais j'ai comme l'impression qu'Athéna n'a pas trouvé de chevalier pour garder cette maison…on dirait bien qu'il n'y a personne !
Pat : Je ne préfère pas me précipiter pour autant…avançons sans courir, avec circonspection…

Les deux spectres marchèrent alors, à leur rythme, vers la sortie qui se tenait droit devant eux. Mais, d'un seul coup, celle-ci disparut…et, en même temps, toutes les torches qui ornaient les murs du temple et y permettaient la lumière, s'éteignirent brusquement, sans que le moindre coup de vent soit venu les éteindre. Les deux spectres se retrouvèrent plongés dans l'obscurité la plus totale.

Pat : Qu'est-ce que cela signifie ?? Il fait tout noir maintenant !
Alaman : Il est là…il est caché quelque part, dans la pénombre, et il nous observe ! Il se joue de nous !
Pat : Bon, tiens-moi avec la main et ne me lache pas ! (met une main sur un mur) : C'est bête, je ne vois vraiment rien, essayons d'avancer quand m…
Alaman : Attention !!

Avant que le spectre du Cyclope n'ait réagi, un éclair aveuglant surgit à toute vitesse et toucha les deux spectres qui tombèrent au sol. L'attaque n'avait pas été puissante mais l'effet de surprise avait pris de court les deux spectres qui n'avaient pu se protéger.

Pat : Ca suffit maintenant ! Montre-toi, chevalier !

Mais personne ne se montra.

Alaman : Je ne sens aucun cosmos, et pourtant nous savons qu'il est là…il ne doit donc pas être très puissant…très bien…avec ça, tu ne pourras plus te cacher longtemps…par la Fragrance des Ténèbres !!

L'attaque du spectre de Deep diffusa une puissante odeur agréable et envoûtante qui se répandit partout dans le temple du Lion. Pat savait parfaitement l'éviter…mais pas le chevalier qui se tenait dans la maison du Lion. En se pinçant les narines, celui-ci apparut dans la pénombre, sans que celle-ci disparaisse. On ne voyait de lui que son armure et son visage, qui luisaient dans le noir comme une luciole. Une armure rudimentaire, qui trahissait le rang subalterne du chevalier.

Alaman : Alors, tu fais moins le malin cette fois ! Tu peux te boucher le nez si tu veux, ma Fragrance t'atteindra malgré tout ! A la prochaine attaque, tu perdras l'usage de tes membres !
Le chevalier : Ton attaque est puissante, mais il en faut plus pour m'impressionner…je vois, à vos armures abîmées, que mes compagnons vous ont déjà blessé…et je vais finir ce qu'ils ont commencé ! Vous n'irez pas plus loin dans les Douze Maisons !
Pat : Qui es-tu pour être si sûr de toi ?
Le chevalier : Je suis Pyrrhus, chevalier de bronze du Lynx ! Et cette maison sera votre tombe !
Pat : Regarde-moi ça, Alaman ! Un chevalier de bronze qui nous menace !
Alaman : Nous n'avons pas de temps à perdre avec des sous-fifres dans ton genre. Par la Fragrance des Ténèbres !

Mais, lorsque Alaman lança une nouvelle fois son attaque, le chevalier du Lynx disparut à nouveau et l'obscurité se fit totale. On n'y voyait plus rien, par contre, on sentait nettement le parfum enivrant du spectre se répandre dans le temple. Pyrrhus se cachait sans doute quelque part, dans la pénombre, en tentant de se protéger de l'attaque de son ennemi.

Alaman : C'est inutile, chevalier, ma fragrance te retrouvera et se répandra en poison dans ton corps, où que tu sois ! Tu te crois malin à te cacher et à nous empêcher d'y voir clair, mais ton petit jeu ne va plus durer très longtemps !
- Par les Griffes du Lynx !!
Pat : Ahhhh !!!

Surpris par l'attaque, Pat n'eut que le temps de voir un éclair surgir dans la pénombre et le toucher de plein fouet. Il n'y voyait rien mais sentit la dureté des pierres le frapper violemment le dos. En temps normal, il aurait évité sans peine l'attaque, à la puissance faible. Mais ce coup trahissait sa fatigue et son épuisement grandissants. Il avait déjà mené plusieurs combats depuis la maison du Bélier et n'avait pas ménagé sa peine. Son surplis était maintenant fissuré en de nombreux endroits. La colère commença à lui montrer aux narines, tandis que son compagnon attendait que le chevalier du Lynx daigne se montrer à nouveau.

Pat : Grrr…Tu n'aurais jamais dû m'attaquer de la sorte et me surprendre ! Tu vas le regretter !! Tu vas voir ce qu'il en coûte de mettre le Cyclope en colère !!

Pyrrhus réapparut dans l'obscurité du temple, et son armure et son visage, phosphorescents, se remirent à briller intensément. Le chevalier était à nouveau obligé de se boucher les narines pour ne pas respirer la Fragrance des Ténèbres encore présente.

Alaman : C'est inutile, je te l'ai dit, même en te bouchant le nez, ma fragrance va quand même s'attaquer à toi !!
Pyrrhus (tombe à terre, à genoux) : Aaahh…il a raison…je sens comme une douleur intense me parcourir l'échine…mes forces m'abandonnent…mais…mais je ne dois pas…
Pat : Alaman ! Quitte ce temple et continue ta route ! Il y a encore de nombreuses maisons à traverser. Je vais régler son compte à ce misérable, je te rejoins très vite !
Alaman : Très bien…
Pyrrhus : A…attends…

Mais le spectre de Deep disparut dans la pénombre, laissant Pat du Cyclope face à Pyrrhus. La fragrance s'évanouit bientôt et lui permit de se relever, bien que diminué par l'odeur qu'il venait d'inhaler. Son affaiblissement eut comme conséquence la dissipation de l'obscurité dans la maison du Lion ; bien que les torches fussent toutes éteintes, un semblant de lumière remplit la cinquième maison et permit à Pat de voir où il était. Au loin, on distinguait une lumière blanche qui indiquait la sortie. Alaman était déjà loin.

Pat : Je vais te montrer sans tarder la puissance des spectres de l'empereur des Ténèbres !! Par le Grand Coup de Poing !!
Pyrrhus : Son attaque est impressionnante, il se sert de sa corpulence pour tenter de m'atteindre…mais je dois être plus fort…ou plutôt…

Une boule de lumière s'abattit sur Pyrrhus comme un véritable boulet de canon ; il joignit ses deux mains et tenta de bloquer l'attaque à mains nues. Lorsque la lumière s'évanouit, on put voir un petit chevalier attraper un poing fermé plus gros que ses deux propres mains réunies. Mais le spectre avançait et faisait reculer en même temps le chevalier, qui n'eut pas le temps de se retourner pour voir le mur dans lequel il s'écrasa. Pat avançait toujours à grande vitesse, tel un taureau à la charge.

Pyrrhus (écrasé par la puissance de l'attaque) : Aaaaahhhgghh !!!
Pat : Je vais t'emmurer vivant dans ce temple, microbe !!

Pat lâcha sa prise, satisfait, et regarda le chevalier du Lynx. Il l'avait pressé si fort dans le mur que la forme encastrée de sa silhouette se dessinait dans la pierre. Pyrrhus, les yeux fermés et grimaçant de douleur, ruisselait de sueur et de sang dans le dos. Il retomba à l'horizontale sur le sol, raide comme un mort. Mais des spasmes montraient qu'il vivait bel et bien. D'ailleurs, il ne tarda pas à bouger les mains, puis les bras, pour commencer à se relever. Un cosmos bleuté l'entoura bientôt.

Pyrrhus : Je n'ai pas le droit d'échouer…Athéna nous a confié une mission…Cyclope, tu es puissant, mais ta force ne m'impressionne pas…je vais te montrer qu'il y a d'autres moyens pour remporter un combat…

L'obscurité se fit à nouveau ; Pyrrhus avait retrouvé une partie de ses moyens.

Pat : Très bien, si tu tiens à te cacher et à continuer à te comporter lâchement…mais, je te préviens, le prochain coup va te faire très mal !!
- (de nulle part) Par les Griffes du Lynx !!
Pat : Le coup de Poing géant !!

Les deux attaques s'entrechoquèrent mais il y eut un avantage pour le Cyclope, qui une fois de plus tomba comme une masse sur le malheureux chevalier de bronze. Il ne peut éviter à nouveau le poing du spectre géant qui l'envoya s'encastrer à nouveau dans la pierre, presque au même endroit que précédemment.

Pyrrhus : Je n'y arrive pas…pourtant…je…

Il tomba à nouveau mais se força à se relever aussitôt, pour ne pas perdre connaissance. Avec bien du mal pour cacher sa douleur, il fit face à Pat.

Pat : Mmm…mais je ne comprends pas…c'est la deuxième fois que je t'attaque et tu devrais déjà au moins avoir les os brisés…et pourtant, tu te tiens debout face à moi !!
Pyrrhus : Ne sous-estime pas les chevaliers d'Athéna…
Pat : Tu es pourtant un chevalier de bronze, l'un des moins puissants dans la hiérarchie ! Et ton armure qui est intacte et ne porte pas la moindre trace ni égratignure ! Comment cela se peut-il ? Mais…!!

Alors qu'il parlait, un phénomène lumineux se produisit. L'armure de bronze du Lynx luisait dans la pénombre, et permettait à Pat de voir le chevalier face à lui. Mais la lumière dégagée par l'armure s'intensifia et changea peu à peu de teinte. Ce n'était plus un métal argenté qui s'en dégageait, mais plutôt un ton tirant vers le jaune. Une armure dorée…

Pat : Cette armure !! Elle brille comme de l'or !!
Pyrrhus : Ce n'est pas étonnant…les chevaliers d'or ont versé leur sang pour redonner vie à cette armure…
Pat (une goutte de sueur sur le front) : Co…comment ??
Pyrrhus : Lors de la précédente bataille menée par Athéna, l'ancien chevalier du Lynx a donné sa vie pour affronter l'Ennemi…son armure a pu être récupérée, mais elle était morte…et, pour renaître, les armures ont besoin du sang des chevaliers…c'est ainsi que le chevalier d'or des Gémeaux a accepté de verser son sang pour redonner vie à l'armure de bronze du Lynx…
Pat : Je vois, ton armure est donc maintenant plus puissante qu'une armure de bronze ordinaire, et c'est de cette manière que tu as pu encaisser deux fois de suite le coup de poing du Cyclope…mais je te déconseille de faire trop confiance à cette protection…car ma prochaine attaque sera encore plus dévastatrice !
Pyrrhus : C'est ce que nous allons voir !!

Les deux chevaliers, face à face, intensifièrent tous les deux leur cosmos. Celui de Pat était sombre comme l'ébène, presque invisible dans la pénombre du temple du Lion. Celui de Pyrrhus, d'un bleu clair, enveloppait tout le corps du chevalier.

Pyrrhus : Par la griffe du Lynx !!
Pat : La charge du Cyclope !!

Les cosmos explosèrent et firent retentir l'intensité du combat loin à l'extérieur du temple.


Très loin de là

Presque à l'autre bout du monde, au même moment, une jeune femme entourée de treize hommes dans la force de l'âge étaient assis au bord d'une cascade, et somnolaient paisiblement. La nuit était tombée totalement et on entendait le doux murmure de l'eau s'écoulant sous un ciel constellé d'étoiles. Rien ne semblait pouvoir déranger le sommeil du groupe.
Mais l'un de ses membres ne parvenait pas à fermer l'œil. L'un des treize hommes se leva et fixa le regard sur la seule femme du groupe pour commencer, qui s'était assise un peu en retrait, et sur des boîtes métalliques posées non loin de là, toutes alignées. Douze des boîtes étaient dorées, la dernière d'une couleur argentée.

Hippolyte, chevalier d'or du Verseau (pensant): Ils dorment tous paisiblement…ils ne semblent pas s'inquiéter…Athéna nous a demandé de nous reposer et de dormir, mais nous devons rester sur nos gardes…Hadès est malin, et nous a sûrement tendu de nombreux pièges…comme lors de la dernière guerre sainte, en l'an de grâce quinze cent cinquante-six…

Hippolyte regarda ensuite la peau de ses mains, toute ridée et fripée par les ans, et réalisa le temps qui passait. Mais son corps résistait curieusement à cette dégradation du temps. Il avait l'apparence d'un homme de soixante-dix ans…deux cent huit, en réalité.
Et cette boîte dorée, la onzième dans l'ordre telles qu'elles avaient été posées sur le sol…avoir retiré son armure était-il une bonne idée ?
Un des hommes attirait son attention. Doko de la Balance, lui, le successeur de son compagnon, Archinoald, l'ancien chevalier d'or…que faisait-il en ce moment, à des milliers de kilomètres de là ?

Hippolyte : Je sens son cosmos puissant…il attend patiemment, dans la chambre du Grand Pope, l'issue du combat…en ce moment, de violents affrontements ont lieu dans les maisons du Lion et de la Vierge… Mais où tout cela va-t-il, doit-il nous mener ?
- Les voilà ! Ce doit être eux !!

Un petit groupe d'hommes, d'un certain âge, arrivaient près d'Athéna et de ses chevaliers, équipés de torches et de sabres acérés. Des autochtones à en juger par leur faciès à la peau jaune.

Hippolyte (garde son calme) : Qui êtes-vous ?
Un des hommes : C'est nous qui posons les questions ! Vous allez nous suivre pour être questionnés par le Grand Mandarin, et il ne vous sera fait aucun mal !

Athéna et les douze autres chevaliers, qui somnolaient depuis un moment, se réveillèrent peu à peu et virent les hommes présents, sans comprendre ce qui se passait. Une chose était certaine, il ne s'agissait pas de spectres ni de quelconques chevaliers.

Athéna : Je souhaiterais savoir ce qui se passe, nobles gentilshommes !
Un des hommes : Mademoiselle, il est bien dangereux pour une femme de s'aventurer dans ces contrées reculées, même accompagnée de plus de dix hommes !
Iolaos (s'énerve) : Oui, d'accord, mais elle vient de vous demander ce que vous voulez !
Un autre homme (montre son sabre) : Calme-toi, étranger, ou nous devrons user de la force !
Iolaos : Sais-tu seulement à qui tu parles, misérable ?
Athéna : Iolaos, ça suffit ! Nous viendrons quand nous saurons ce qui se passe.
Le plus âgé : Nous sommes les gardes du mont Kunlun, au service de sa majesté le Grand Mandarin, et nous surveillons ces terres sacrées jours et nuits, pour les protéger des marauds et pillards en tous genres qui rôdent près des temples de notre seigneur le Bouddha. Et il se trouve que vous en faites partie ! Nous venons de vous prendre en flagrant délit !
Doko : C'est ridicule ! C'est une méprise ! Nous ne sommes pas des pillards !
Le plus petit : Alors dans ce cas, qui êtes-vous ? Qu'est-ce que des étrangers, douze hommes et une femme, viennent faire en ces lieux sacrés dans lesquels il est pourtant interdit de pénétrer ? (regarde Gassama du Taureau, et voit sa peau noire) Vous amenez même un nègre avec vous !! Vous comptez le vendre ?? Vous commettez un sacrilège !!
Gassama (outré) : Je ne suis pas un esclave !! Tout du moins…je ne le suis plus !!
Sion (surpris de l'apprendre) : Comment, Gassama, tu étais… ??!
Le plus âgé (aux autres) : Arrêtez-les tous !
Iolaos : Bon, ça commence à bien faire !! Nous ne vous suivrons nulle part, et vous allez nous laisser tranquillement !!

Le chevalier d'or du Scorpion, sans son armure, concentra son cosmos et fit apparaître une aura dorée autour de lui, qui le fit briller dans la nuit étoilée. Les étoiles de la constellation du Scorpion brillaient, brillaient, de plus en plus fort…

Le plus âgé (effrayé) : Mais…quel est ce prodige ?
Athéna : Iolaos, arrête tout de suite !! Ne fais pas ça !! Je te l'ordonne !
Iolaos : Quoi ? Je…bien, Athéna, veuillez m'excuser…
Athéna : Gardiens de Kunlun, nous sommes disposés à vous suivre. Nous vous prouverons que nous n'avons rien à voir avec ce dont nous sommes accusés.
Le plus âgé : Bien…dans ce cas, veuillez nous suivre…
Doko (proteste) : Mais…Athéna !! Pourquoi ??

Déjà, les hommes, qui étaient plus nombreux, s'emparaient d'Athéna et de ses treize chevaliers, en leur liant les mains derrière le dos. Personne n'opposait de résistance.

Athéna (tout bas) : Souvenez-vous de ce que je vous ai dit…le but de notre mission…Hadès ne doit en aucun cas savoir que nous sommes là, sans quoi notre plan aura échoué…si des hommes, même civils, apprenaient notre présence, les spectres ne tarderaient pas à en avoir vent également…par conséquent, laissons-nous faire pour l'instant, et n'attirons pas l'attention…nous avons du temps devant nous ! Rien ne presse pour l'instant ; profitons-en pour nous reposer !
(aux gardes) Mais, avant de partir, gardes, j'ai une requête à vous formuler !
Le chef du groupe : Ce n'est pas à vous d'imposer les conditions ! Mais, puisque tu tiens à prendre la parole, je t'écoute, étrangère !
Athéna : Nous souhaiterions emmener avec nous ces boites en métal, posées là-bas !

Mais, déjà, plusieurs gardes avaient découvert les boites et commençaient à les examiner. Plusieurs des chevaliers d'or eurent un frisson en les voyant s'affairer autour. Personne ne devait savoir qui ils étaient.
L'un des gardes avait tiré sur la poignée devant la deuxième boite…l'armure d'or du Taureau apparut, reconstituée, étincelante dans la nuit.

Gassama : Laissez cela tranquille !
Le chef : C'est bien ce que je pensais !! Ce sont bien là, sans l'ombre d'un doute, des trésors dérobés dans l'un des temples de Bouddha ! Je ne sais plus lequel, mais nous ne tarderons pas à trouver ! Gardes ! Confisquez-leur ces réceptacles immédiatement !
Janus : Non !! Pas les ar…
Saori : Janus !!

Mais c'était trop tard. Athéna, les douze chevaliers d'or et le chevalier d'argent de l'Horloge durent se soumettre et suivre l'escorte qui leur faisait mine de les suivre vers un village plus bas dans la montagne. Leurs armures étaient découvertes…comment s'en sortiraient-ils ?

Siddartha (pensant) : Amitabha…je compte sur toi…


Dans la maison de la Vierge

Amitabha : Par l'attaque des Mille Mains !

Le chevalier d'argent du Paon venait de dévoiler pour la première fois sa technique de combat dans le combat qui l'opposait à Cyd de la Mandragore. Jusqu'ici concentré sur la défense, il avait fait montre de ses pouvoirs mentaux qui lui avaient permis de créer un mur d'énergie et de retenir le spectre dans le Temple…mais il devait se résoudre à passer à l'offensive. Le spectre regarda la scène, nullement inquiet, les bras croisés, dans une attitude de provocation à son égard. Pourtant, fermant une nouvelle fois les yeux, Amitabha se concentra et fit apparaître l'aura d'un paon dans son dos. Il ouvrit les bras en les montant lentement vers les cieux et, en même temps l'animal déployait ses ailes en faisant la roue. Cyd était toujours confiant…
Une pluie de coups se déversa soudain, si nombreux et si rapides qu'on ne distinguait rien à l'œil nu. Pourtant, de plus près, c'était bien les poings du chevalier d'argent qui décochaient leurs dizaines, centaines de coups, comme si la pluie produite ne devait jamais s'arrêter.

Cyd : Ridicule…(tend les bras, poings fermés) Je vais arrêter cette attaque d'un coup…Mais…la pluie de coups s'accélère…ça ne s'arrête pas….aaaahhhhhh !!!

A sa grande surprise, le spectre ne put bloquer la totalité des coups de poings et fut emporté vers l'arrière, tandis que des morceaux de son surplis se fendaient et éclataient sous l'impact. Il tomba de tout son poids à la renverse et resta quelques instants allongé sur le sol, un filet de sang coulant de ses lèvres. Lorsqu'il se releva, il regarda son surplis, incrédule.

Cyd : Mon surplis !! Tu as brisé le surplis de l'Empereur des Ténèbres !
Amitabha : Tu es comme les autres spectres, tu rabaisses ton adversaire en affirmant ta prétendue supériorité…tu es trop sûr de toi, et cette arrogance va causer ta perte.
Cyd : C'est ce que nous allons voir !! Que la Fleur de Sang te déchire !!

Mais le chevalier d'argent se remit en position de méditation, comme s'il ne se souciait pas de l'attaque déferlant sur lui. Un mur d'énergie se forma devant le chevalier alors qu'une sorte de plante monstrueuse apparaissait, armée de branches épineuses et de pinces acérées. L'attaque échoua sur le mur…puis traversa celui-ci, en atteignant Amitabha, qui roula malgré tout avec grâce sur le côté. Lorsqu'il se releva, il constata une déchirure ensanglantée à l'épaule, sous la partie désormais fissurée de son armure.

Amitabha : Je l'admets, tu es un spectre puissant…mais je peux en partie bloquer ta technique de combat à l'aide de mes pouvoirs…
Cyd : Tu es toi aussi un adversaire coriace pour un simple chevalier d'argent…mais je ne recommencerai pas la même erreur…
Amitabha : J'ai reçu l'enseignement de l'un des plus puissants chevaliers d'or…et c'est en son nom que je vais me battre contre toi…
Cyd : Ah oui ??
Amitabha : On dit de lui qu'il est la réincarnation du Bouddha…c'est du grand maître de la Vie qu'il tire sa puissance…dont il a su m'inculquer les rudiments…même si mon pouvoir n'égalera jamais le sien, le peu qu'il m'a transmis me suffira pour te tenir tête…
Cyd : Voyons comment tu te comportes à nouveau face à ma technique amplifiée…que la Fleur de Sang te déchire !!
Amitabha : Par l'attaque des Mille Mains !!

La pluie de coups reprit en direction du spectre. Cette fois, la Fleur de la Mandragore les contra de plein fouet, mais les coups étaient si nombreux qu'elle empêchait la créature démoniaque d'avancer vers lui. Mais la pluie de coups continuait, continuait…si bien que la mandragore finit par passer à travers. Amitabha eut à peine le temps de voir la Fleur de Sang s'abattre sur lui.

Amitabha : Non !! AAAAhhh !!!

Le chevalier du Paon tomba en arrière et plusieurs parties de ses bras, non couvertes par son armure, furent écorchées dans une giclée de sang. Il grimaça en se remettant douloureusement en position de combat.

Cyd : Et ce n'est qu'un début !! Ton attaque des Mille Mains ne peut plus rien me faire tant que je m'en protégerai à l'aide du pouvoir de la Mandragore. Bientôt, ton corps tout entier ne sera plus qu'un gigantesque morceau de viande !!

Mais Amitabha ne répondit rien à cette nouvelle provocation. Il se contenta, une fois de plus, de se mettre en position assisse et de retrouver une attitude de méditation, malgré la douleur vive que lui causaient les plaies de ses bras. La méditation la lui faisait ignorer.

Cyd : Si c'est encore ce stupide bouclier, je vais le transpercer une nouvelle fois…

Mais la posture était différente. Dans une position en tailleur parfaite, le chevalier du Paon ouvrit la bouche et se mit à prononcer des paroles incompréhensibles. Il parlait dans le vide, en récitant une sorte de prière dans une langue asiatique inconnue du spectre…des paroles qui le firent lever du sol, tout doucement, et s'élever bientôt dans les airs, en méditation.

Cyd : Mais…quel est ce prodige ?? Comment peut-il s'élever dans les airs ?? Et ces paroles…je n'y comprends rien, mais, quoi que tu mijotes, je ne vais pas te laisser faire…que la Fleur de Sang te… !!

Mais le spectre, paralysé, ne pouvait plus bouger un petit doigt ! Il se débattit dans les airs contre une force invisible qui le maintenait immobile, sans pouvoir se dégager, et s'épuisa en vain. A peine parvenait-il encore à remuer les lèvres. Le chevalier du Paon semblait avoir pris le contrôle de son corps. Il continuait sa récitation, sans se soucier de son adversaire, toujours posté face à lui, flottant dans les airs…puis la récitation prit fin et Amitabha ouvrit les yeux d'un coup, en fixant brusquement son adversaire. Un éclair de feu en jaillit…

Cyd : Aaaaaahhhhhh !!

Le spectre vola dans les airs et s'écrasa violemment dans le sol sans pouvoir se rétablir. Amitabha mit fin à sa lévitation et se positionna à nouveau face à Cyd, le regardant d'un visage sans expression.

Cyd (se relève, l'armure abîmée) : Je ne peux l'admettre…il m'a touché, comme nul autre ne l'avait jamais fait…je suis pourtant l'un des plus fidèles spectres de sa majesté Rhadamanthe…je ne peux perdre face à un vulgaire chevalier d'argent…
Amitabha : Tu sembles inquiet subitement, spectre…tu as perdu de ta splendeur…puis-je t'aider ?
Cyd : Tu ne perds rien pour attendre…que sont donc ces élucubrations que je t'ai entendu prononcer ?
Amitabha : Il s'agit des mantras de notre Grand Maître le Bouddha…l'enseignement qu'il a laissé nous donne la force spirituelle d'extraire son corps de la réalité matérielle de ce monde…et d'en concentrer toute l'énergie…
Cyd : Concentrer toute l'énergie de ce monde…j'avoue que c'est impressionnant…mais cela ne suffira pas…

Cette fois, le spectre se concentra et dévoila à nouveau son cosmos…mais ce n'était plus le même qu'avant. L'aura qu'il dégageait était très sombre, plus noire que son surplis, et faisait ressentir les ténèbres de l'armée d'Hadès.

Cyd : Par le Regard Foudroyant !!

Cette technique était très différente de la précédente…Amitabha se concentra à nouveau pour créer une énième barrière d'énergie…mais il ne put rien faire, et vola dans les airs pour aller s'écraser sur le fronton de l'entrée de la maison de la Vierge.


Dans la maison du Lion

Les deux chevaliers qui se battaient depuis un moment étaient tous deux renversés à terre, dans l'obscurité qui avait diminué depuis peu …avec un certain avantage pour le plus massif des deux, le spectre du Cyclope, Pat, qui se releva le premier. Pyrrhus fut plus long et hésitant pour se remettre en place. Du sang recouvrait le front de son visage et son armure, qu'il croyait si protectrice, se fissurait malgré le sang versé par les chevaliers d'or.

Pat : Bravo, je dois avouer que, pour un vulgaire chevalier de bronze, tu te débrouilles pas mal…mais c'est bientôt la fin pour toi…tu le vois bien, ton armure va bientôt se briser en mille morceaux…tu peux la remercier d'être toujours en vie, car tes compagnons auraient déjà succombé depuis longtemps à ta place…
Pyrrhus : Ton arrogance…n'a d'égal…que ta stupidité…
Pat : Comment ??

Alors qu'il venait d'encaisser l'attaque de son adversaire sans difficulté, un éclair jaillit sur le surplis de l'immense spectre. Le plastron se fissura et des miettes en tombèrent. Le casque explosa d'un coup, dévoilant le visage du spectre, un visage hideux aux cheveux bruns hirsutes avec l'œil gauche caché sous ce qui ressemblait à une énorme cicatrice. Du sang s'écoula de son front jusqu'à ses narines…

Pat : Quoi ?? Impossible !! Comment as-tu pu ?? Ce misérable insecte !!
Pyrrhus : Il ne faut pas te croire le plus puissant sous prétexte que ta taille domine la mienne…tu utilises une force basée essentiellement sur la matière, sans maîtriser tout à fait le cosmos des chevaliers…et, en l'occurrence, tu es si certain du résultat que tu négliges totalement ta défense…j'ai pu te porter un coup et me rendre compte que ton armure a déjà été éprouvée par les combats que tu as menés dans les maisons précédentes…
Pat : Grr…tu vas me le payer !!
Pyrrhus : Tu as tort de nous sous-estimer, nous autres chevaliers de bronze…nous sommes les plus nombreux et plusieurs de mes compagnons sont déjà tombés dans la bataille… Mais nous ne sommes pas la piétaille dont tu nous traites…nous sommes, nous aussi, capables de nous mesurer à vous, même si nous ne pouvons et ne pourrons jamais égaler nos aînés les chevaliers d'or… Et nous remplirons notre mission, pour protéger Athéna au péril de notre vie…

Il se concentra à nouveau, enflamma son cosmos, plus puissant et plus resplendissant qu'auparavant. Des visages semblaient apparaître dans l'obscurité totale du temple. Plusieurs chevaliers de bronze…

Pyrrhus : Mon prédécesseur est mort en combattant les Phébus d'Apollon…l'apprenti que j'étais alors lui a succédé…je dois me montrer digne de porter cette armure…tout comme vous, qui avez affronté le spectre de Balrog l'autre jour…Déneb, chevalier du Cygne…Hugo, chevalier du Lièvre… Brûle, mon cosmos !! Et frappe ton ennemi !! Par les Griffes du Lynx !!

Le cyclope tenta de contrer une nouvelle fois l'attaque à mains nues…Mais la puissance de son adversaire était augmentée de plusieurs cosmos joints aux siens. Les chevaliers de bronze morts au combat offraient le sursaut de leur âme dans un baroud d'honneur…les mains géantes du spectre engloutirent toute l'énergie…mais celle-ci, plus forte que prévu, le fit reculer, de plus en plus…jusqu'à le brûler de plus en plus…

Pat : Cette chaleur !!Aaaahh !! C'est brûlant !!

Les mitaines du surplis du spectre explosèrent, et avec elles le reste des brassières déjà bien entamées, si bien que le spectre n'avait plus aucune protection sur les bras. Des traces de brûlure vives étaient visibles sur la paume de ses mains.

Pyrrhus : Eh bien, les surplis d'Hadès ne sont pas des plus solides à ce que je vois…quand je pense que tu te moquais de mon armure de bronze…
Pat : Je vais te faire ravaler ta salive !! Par la Charge du Cyclope !!!

Pat lança sur le chevalier son attaque la plus puissante, qui dévasta le temple en brisant une colonne de pierre d'un mur qui se fissura de haut en bas et tomba en morceaux. L'obscurité totale s'était faite dans le temple, et le chevalier du Lynx se cachait quelque part, ne laissant pas voir si l'attaque du cyclope l'avait atteint ou non.

Pyrrhus (quelque part dans le noir) : Tu vois…ta force brute est impressionnante, et abattrait peut-être un troupeau d'éléphants…mais pas un chevalier averti, fût-il de bronze ou d'or…
Pat : Tu me fatigues à te tapir et te réfugier dans cette obscurité ! Il me semble que tu fuis et que tu crains de m'affronter les yeux dans les yeux !
Pyrrhus (sur le ton de la plaisanterie) : A quoi cela me servirait-il de fixer ton œil unique…mon regard est mille fois plus affûté que le tien !! Je peux sans difficulté me mouvoir dans le noir…peux-tu en faire autant ??
Pat : Peut-être pas, par contre, je peux t'écraser comme une araignée !! Yaaaaahhhh… !!

Se mouvant à grandes enjambées dans le noir, Pat tenta d'attraper par surprise le petit chevalier du Lynx…il frôla un mur, et fonça tout droit…avant de se heurter à un corps, qu'il saisit aussitôt en refermant ses bras immenses. Il serra sa proie de toutes ses forces…

Pyrrhus : Aaahhh !!!

L'obscurité disparut tandis que réapparaissait le visage puis l'armure de Pyrrhus. Pat avait pris d'un coup l'avantage sur lui et, maintenant qu'il le tenait fermement, il n'allait plus le lâcher. Il força son étreinte, en appuyant toujours plus fort sur le corps du malheureux…

Pyrrhus : Aaaaa…avec sa force, il va me briser les os…je ne suis pas sûr d'en réchapper…
Pat : Goûte à tes derniers instants de vie !! Avec tous mes regrets, adieu, chevalier du Lynx !!

L'armure de bronze de Pyrrhus se fissurait de toutes part, et le spectre la pressait toujours plus fort, d'une pression bientôt insupportable…mais un cosmos bleuté entoura le chevalier du Lynx…

Pyrrhus : Rhhhhhaaaaa !!! (se libère d'un coup)
Pat : Mais…aaah !!

Le spectre fut projeté en arrière et dut faire un effort pour se rétablir. Les ténèbres avaient brusquement disparu du temple du Lion et on voyait la sortie au bout du couloir. Sur le sol, après son dernier effort, le chevalier du Lynx était allongé, en bougeant les bras avec douleur, les pierres tachées de rouge.

Pat : Tu as été un adversaire coriace…mais la logique est respectée…je peux continuer ma route et rejoindre Deep…
Pyrrhus : Ne…sois pas trop confiant…
Pat : Comment ?

Pyrrhus fit un effort considérable pour se remettre debout, face à Pat. Une nouvelle fois, il concentra son cosmos…mais il ne lui restait plus assez de force pour recréer l'obscurité dans le temple. Jusqu'au bout, il était bien décidé à défendre la sortie du temple, coûte que coûte.

Pat : Tu vas encore m'attaquer ? Mais tu tiens à peine debout sur tes jambes…si tu veux la vie sauve, tu ferais bien de quitter cette maison et de me laisser passer…
Pyrrhus : Je ne serai pas satisfait de ne pas t'avoir retenu…même si je ne vaincs qu'un seul spectre, j'aurai au moins rempli ma mission…
Pat : Je n'ai plus de temps à perdre ! Ce combat n'a que trop duré !! Par la Charge du Cyclope !!

Pyrrhus s'effondra une nouvelle fois sous l'impact de l'attaque, sans avoir été capable de réagir. Il retomba et, cette fois, ne bougeait plus.

Pat : Tant pis pour toi ! Adieu, chevalier du Lynx !

Et Pat du Cyclope prit le chemin de la sortie du temple et se remit en route, en commençant l'ascension des escaliers menant à la sixième Maison.
Dans le temple du Lion, allongé sur le sol, Pyrrhus bougeait encore un bras…


Un peu plus haut

Le chevalier d'argent du Paon se remettait debout face à son adversaire, Cyd de la Mandragore, qui lui avait livré toute l'étendue de son pouvoir.

Cyd : Alors, cela te convainc-il ? Ou t'en faut-il encore ?
Amitabha : Je ne vais pas me laisser vaincre si facilement…et encore moins te laisser franchir ce temple…
Cyd : Pourtant, tu ferais bien ! Comme tu le sais, je suis pressé ! Je dois parvenir dans la maison du Grand Pope au plus vite !
Amitabha : Même si tu franchissais ce temple, il resterait suffisamment de chevaliers dans les maisons suivantes pour vous arrêter, toi et tes compagnons d'armes…de plus, les douze heures se seront écoulées avant…et vous aurez alors perdu…vous aurez fait tout cela pour rien…
Cyd : Nous y parviendrons ! Nous atteindrons Athéna, et la forcerons à venir avec nous ! Et ce n'est pas toi qui mettra fin à cette mission sacrée !
Amitabha : Une mission que tu dis sacrée…tu te rendras bientôt compte du mal qui ronge le dieu que tu sers…et tu auras alors honte de te battre pour un tel tyran…
Cyd : Comment oses-tu parler d'une telle personne sur ce ton !?? Je vais te faire taire, pour de bon !! Par le Regard Foudroyant !!
Amitabha : Par l'attaque des Mille Mains !!

Les deux techniques de combat se heurtèrent…et, des mille mains jaillies du corps d'Amitabha, quelques-unes percèrent la défense de Cyd et l'atteignirent, alors que le chevalier du Paon se rétablissait sans difficulté. La douleur de ses bras écorchés venait de se raviver, et il eut du mal à l'ignorer, d'autant plus que son armure était fissurée par endroits et menaçait de se rompre à la prochaine attaque. Mais il voyait le résultat : le spectre de la Mandragore était étendu en face de lui, percuté par quelques-unes des Mille Mains. Il ne bougeait plus.

Amitabha : Bien…je n'ai plus qu'à faire disparaître ce corps…

Mais voilà qu'un homme accourait à grandes enjambées, gravissant quatre par quatre les dernières marches qui le séparaient de la Maison de la Vierge.

Pat : Cyd !!

Le spectre du Cyclope, qui avait gravi les escaliers en un temps record, aidé par son gabarit, accourut près de son compagnon. Celui-ci ne tarda pas à réagir et à se remettre en mouvement.

Cyd : Te voilà, Cyclope…tu t'en es finalement sorti…
Pat : Oui, et, si je comprends bien, tu as trouvé un passage jusqu'ici !! Où sont le seigneur Rhadamanthe et les autres ?
Amitabha : Hum, hum…nous n'avons pas fait les présentations…
Pat : C'est toi qui as réussi à blesser Cyd ? Encore un qui pense pouvoir nous tenir tête…
Amitabha : C'est pourtant ce que je suis en train de faire depuis un moment…Je suis le chevalier d'argent du Paon, et le dernier chevalier d'Athéna que tu verras de ton vivant … Car ta route s'arrête ici. Je constate que ton surplis est brisé et ne t'est plus d'aucune utilité…je ne sais pas quelle créature maléfique il représentait, mais je vais t'en débarrasser…par l'attaque des Mille Mains !!
Cyd (se remet debout) : Attention !!

Mais, n'écoutant pas la mise en garde de la Mandragore, le Cyclope tenta de bloquer l'attaque à mains nues, en oubliant qu'il n'avait plus de protection sur les bras, et en pensant, comme face à Pyrrhus, maîtriser facilement la faible attaque…mais il fut bien surpris de voir que l'attaque n'était pas si faible qu'il n'y paraissait…les coups étaient de plus en plus nombreux, de plus en plus vifs, et il lui fut impossible de tous les bloquer. Il fut rejeté et le reste de son surplis explosa sous l'impact. Chacun des coups de poings reçus frappait un endroit précis du surplis, le brisant net à chaque fois. Lorsqu'il fut à terre, Pat n'avait plus un seul morceau de protection sur le corps. Il se releva encore, le visage cette fois rempli de rage, son seul œil valide injecté de sang.

Pat : Grrrr…mon surplis !! Tu vas le regretter !! (concentre son énergie)

Mais Amitabha ne réagit pas, et s'assit en tailleur, les yeux fermés, comme s'il n'entendait rien aux injonctions du spectre. Cyd se contenta de regarder la scène, sans intervenir, sans doute sûr de l'issue du combat.

Cyd : Chevalier du Paon, tu as énervé le cyclope et tu vas savoir ce qu'il en coûte…
Pat : Parfaitement !! PAR LE COUP DE POING GEANT !!!

De toute sa force et toute sa rage, tel un taureau emballé et furieux, le spectre fonça sur Amitabha, prêt à l'écraser comme un insecte. Mais, même Cyd l'avait oublié…le bouclier d'énergie, le mur invisible qu'Amitabha était capable de créer en méditant, était particulièrement redoutable à toute personne qui n'y prenait pas garde…
Le cyclope s'écrasa à un mur plus dur que de la pierre. Sans surplis, il ne put se protéger et tomba sur le sol dans une mare de sang. De plus, le déluge de force du Coup de Poing Géant se retourna vers l'envoyeur…Pat du Cyclope rendit l'âme en quelques instants, terrassé par sa propre attaque.

Amitabha : Eh bien !! En voilà un qui a été coriace, depuis la maison du Bélier. Mais, maintenant, c'est de l'histoire ancienne…(regarde Cyd, incrédule) : Où en étions-nous, Mandragore ?

Cyd : Tu vas le regretter !! Je vengerai la mort de Pat !!
Amitabha : J'ai déjà entendu ça quelque part…pourtant, ton ami ne fait désormais plus partie du monde des vivants…
Cyd : Je te défie, chevalier !!

Les deux cosmos, opposés par leur couleur, brûlèrent intensément dans les airs.

Au loin dans la montagne, en haut de l'horloge pyrique, la flamme de la Vierge achevait de se consumer…

Chapitre précédent - Retour au sommaire - Chapitre suivant

www.saintseiya.com
Cette fiction est copyright Christophe Becquet et Fabrice Willot.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.