Chapitre 10 : Par le poing de Pégase !!


Tout en haut de la montagne du Sanctuaire d'Athéna, dans le dernier temple, le treizième dans l'ordre, le plus grand de tous…tandis que trois flammes se consumaient encore sur l'horloge de feu, dont une de moins en moins…le Grand Pope, chef suprême de la chevalerie d'Athéna, se déplaçait dans les allées de la salle du trône. Le masque bleu, le grand heaume rouge cérémoniel et la robe pourpre qu'il portait, masquaient entièrement son corps et son visage, conformément au protocole établi depuis les temps les plus reculés.
Il allait et venait, un verre de vin à la main. La fin du mois d'août, en ces contrées chaudes et humides, appelait bientôt de nouvelles vendanges, et sans doute de nouvelles et bonnes cuvées dont il allait pouvoir se délecter. Peut-être les effluves de la boisson lui apportaient-elles un sursaut de méditation en ces heures de guerre…mais le calme et la sérénité le dominaient. Il ne devait rien laisser paraître, même seul dans cette vaste pièce, lumineuse mais d'un silence de ténèbres.
Il pensait, presque à voix haute…il voyait, entendait, sentait des choses.

Archinoald : Et voilà…plus que deux heures et quelques avant le moment fatidique…le véritable combat va bientôt commencer…
Voyons voir…depuis le début des hostilités, de valeureux chevaliers de bronze, ou d'argent, ont déjà payé de leur vie cette nouvelle Guerre Sainte que se livrent Athéna et Hadès…ils ont tous vaillamment défendu ces lieux sacrés…et d'autres…

Lors de l'attaque de Rune, Phaéton et les chevaliers de bronze du Loup, du Cygne, de l'Hydre male, du Triangle ont donné leur vie pour protéger cette terre.
Le chevalier des Voiles a, quant à lui, rempli brillamment la mission que je lui avais confiée, avant de succomber face à Yi, le Divin Archer, lui-même vaincu par le chevalier d'or du Sagittaire…

Quant aux Douze Maisons…

Dans la maison du Bélier, le chevalier d'argent Iguana du Lézard a vaincu quatre petits spectres à lui seul, avant de succomber à Hans de la Lame Brillante…
Dans la maison du Taureau, Ilunga, chevalier de bronze de la Grande Ourse, a vaillamment affronté le dénommé Cube et le même Hans…
Dans la maison des Gémeaux, Jérémy, chevalier de bronze du Compas, a affronté le Cyclope et Deep avec courage…
Tout comme, dans la maison du Cancer, Caïn, chevalier d'argent du Peintre, qui n'a pas hésité à se sacrifier…
Dans la maison du Lion, Pyrrhus, chevalier de bronze du Lynx, a donné sa vie pour protéger la demeure de son maître…
Dans la maison de la Vierge, Amitabbha, chevalier d'argent du Paon, est venu à bout du Cyclope et a succombé à la Mandragore…
Dans la maison de la Balance, Pélops, chevalier d'argent de l'Autel, a talentueusement vaincu la Mandragore et a rejoint les autres rescapés…
Dans la maison du Scorpion, Cécrops, chevalier d'argent de la Mouche, a donné sa vie pour vaincre le dénommé Deep…
Dans la maison du Sagittaire, Roch, chevalier d'argent de la Flèche, a vaincu la Harpie, au péril de sa vie…
Et en ce moment même, le courageux Aritaki, chevalier de bronze de Pégase, livre bataille dans la maison du Capricorne…
Il ne reste donc plus que la Gargouille, la Chauve-Souris…et, le plus puissant de tous…
RHADAMANTHE !!
Non, je ne crains pas de le retrouver…cela fait si longtemps…près de deux cent ans…
Encore faut-il qu'il parvienne jusqu'ici…


Et le Grand Pope Archinoald sembla adresser un message télépathique aux valeureux chevaliers qui se battaient encore.

Archinoad : Dans un peu plus de deux heures, la déesse de la Guerre renaîtra à la vie, prête à livrer bataille !!
Aritaki !
Mélétos !
Nerval !
Je compte sur vous !



Maison du Capricorne

Aritaki, le chevalier de Pégase, se tenait face à Rhadamanthe, après que les deux combattants aient lancé leurs attaques l'un contre l'autre, en y mettant toute leur force. Aritaki savait que sa seule chance de résister à la Prudence du Wyvern était de contrecarrer avec sa propre technique de combat. Il y avait mis toute sa puissance et toute sa rage de combattre. Son rang de chevalier de bronze ne lui donnait pas de complexe et il lui importait peu que son adversaire ait été capable de tenir tête à des chevaliers d'argent, voire d'or à l'instar de ce qu'il avait déjà entendu raconter. Mais la différence de puissance le trahissait malgré tout. Il parvint à contenir un temps dans ses deux mains la Prudence du Wyvern de Rhadamanthe, mais il finit par lâcher prise et se retrouver acculé de tout son poids contre un mur du temple. Il ferma les yeux et grimaça dans la souffrance du moment. Lorsqu'il put les rouvrir, il vit la silhouette imposante du spectre se dresser devant lui dans l'obscurité du temple. Il ne voyait plus son visage mais en devinait l'expression. Avait-il souffert d'encaisser à nouveau son Poing de Pégase ? Assurément, non. Mais un détail le frappa. La sortie du temple se dressait au bout de la pièce, dans une lueur aveuglante, et était plus béante que jamais, sans protection. Pourquoi Rhadamanthe revenait-il vers lui alors qu'il avait à nouveau l'occasion de pouvoir fuir ?

Aritaki : Eh bien, chef des spectres ? Pourquoi ne quittes-tu pas ce temple ?
Rhadamanthe :
Aritaki : Je ne comprends pas trop ta réaction. Que me vaut ce regard sans expression que tu m'adresses ?
Rhadamanthe : Je dois admettre que tu débrouilles plutôt bien…tu es chevalier de bronze, c'est ça ?
Aritaki : Oui, et alors ?
Rhadamanthe : Tu as quelque chose de plus que les autres que j'ai rencontrés…
Aritaki : Eh bien, j'en suis flatté ! Mais, comme tu vois, je peux encore me battre ! (se relève, doucement) Tu aurais dû profiter de ce court laps de temps pour fuir, quand tu en avais l'occasion !! Maintenant, ce sera plus difficile !
Rhadamanthe : Apprends que je peux quitter ce temple quand j'en ai envie et que, quelque soit l'adversaire que j'ai en face de moi, je n'ai aucun problème pour faire libérer le passage…mais je suis plutôt surpris qu'un petit combattant de ton rang ait pu encaisser une nouvelle fois ma Prudence du Wyvern sans coup férir…ton armure te protège encore, mais, à ce rythme, elle n'en a plus pour longtemps à se briser…
Aritaki : Même si cela arrive, tu me laisses là une trop belle occasion de pouvoir accomplir ma mission…je serai fidèle au serment que j'ai prêté…
Rhadamanthe : Parce que tu penses pouvoir me tenir tête ?
Aritaki (un sourire au coin des lèvres) : Si tu te crois capable de me vaincre si facilement, pourquoi es-tu encore dans ce temple alors que tu as déjà eu l'occasion plusieurs fois de le franchir ?
Rhadamanthe : Disons que j'ai envie de m'amuser un peu avec toi…dans les autres maisons, les chevaliers que j'ai rencontrés étaient fades et sans intérêt…au moins, avec toi, j'ai envie de combattre différemment…
En faisant souffrir mon adversaire, en le torturant, avant de le tuer !!
Par la Prudence du Wyvern !!

Une nouvelle fois, Rhadamanthe envoya une rafale de son attaque sur le chevalier de Pégase, sans que celui-ci ne réagisse en contre-attaquant. Aritaki joignit à nouveau les mains et tenta d'encaisser la technique…Il se concentra au maximum et fit brûler son cosmos de toute son intensité. Une aura bleutée l'enveloppa tandis qu'une boule d'un rouge incandescent se précipitait des mains du spectre. Lorsque l'attaque cessa, Aritaki tenait toujours debout et n'avait pas vacillé…

Aritaki : C'est tout ce dont tu es capable ? Il me semble que je peux l'encaiss…Aaarrgh !!

Trop sûr de lui, Aritaki ressentit d'un seul coup une vive douleur au niveau de la poitrine. Il regarda et vit son habit déchiré et sa peau entaillée à un point de ses côtes qui n'était pas protégé par son armure. Du sang s'en écoula chaudement. Il commença à trembler de douleur et dut poser la main sur sa plaie pour la retenir. Il voyait le sol tourner de plus en plus…sa vue se faisait moins nette…

Rhadamanthe (satisfait) : Ha ! ha !ha !ha !
Aritaki (pensant) : Il a raison…j'ai essayé de bluffer, mais sa supériorité ne fait pas de doute…j'ai cru pouvoir bloquer son attaque mais, non seulement il n'a pas utilisé la totalité de sa puissance, et en plus il m'a touché par surprise…je ne suis pas de taille…
Mais…

Rhadamanthe : Eh bien, pourquoi me regardes-tu ainsi ? Ma Prudence du Wyvern ne rate jamais sa cible…et va t'envoyer tout droit en Enfer…mais progressivement ! Trois coups me suffiront…c'était le premier…
Reçois donc à nouveau ma puissance ! Par la Prudence du Wyvern !!

Cette fois, la violence du coup fut accrue, et le chevalier de Pégase ne put rien faire pour la bloquer à mains nues. Il fut balayé tel un fétu de paille qui s'écrasa contre le mur voisin. Le bruit de l'impact se mêla cette fois à un bruit de métal brisé. Lorsqu'il revint à lui et en chercha la provenance, Aritaki vit son plastron et ses épaulettes fendus à moitié.

Aritaki : Aaggh…cette douleur…quel coup puissant…
Rhadamanthe : Alors ??? Tu fais moins le malin !! J'ai augmenté la puissance de mon attaque…c'était la deuxième rafale…la troisième sera encore plus puissante…et ce sera la dernière !! Prépare-toi à mourir, ton corps, comme ton armure, va voler en éclats !!

Et le spectre se concentra, de toute sa puissance cette fois, prêt à donner le maximum de sa force pour anéantir son adversaire. Aritaki était à terre, et faisait des mouvements de bras désespérés pour tenter de se relever. Mais, engourdi par la douleur que lui provoquaient plusieurs déchirements musculaires, il ne put que ressentir le cosmos flamboyant de son adversaire qui se préparait à déferler sur lui…et à le dévorer tout cru, tel un monstre affamé…

Aritaki : C'est donc la fin…j'ai échoué…je n'aurai servi à rien dans cette bataille…

Et il repensa brièvement aux raisons qui l'avaient poussé, quelques mois auparavant, à rejoindre les rangs de l'armée d'Athéna.

Aritaki : Mais non…je ne peux pas mourir, du moins pas ainsi…je dois tenter encore quelque chose…
Je ne peux pas vaincre mon adversaire…mais si seulement…si seulement je pouvais…lui porter un coup…juste un seul…
Rhadamanthe (plus loin de lui) : Inutile de gesticuler à terre, c'est la fin pour toi chevalier ! Adieu !
PAR LA PRUDENCE DU WYVERN !!

Mais, au moment où l'attaque devait s'abattre sur le chevalier de bronze de Pégase, le corps de ce dernier se volatilisa !!

Rhadamanthe : Mais !! Qu'est-ce que…

Il regarda alors au-dessus de lui, incrédule, et vit Aritaki s'élever rapidement dans les airs…des ailes avaient poussé sur l'armure de bronze de Pégase ! L'attaque de Rhadamanthe avait raté sa cible…et le petit chevalier le regardait, fixement, dans les yeux, un cosmos bleuté toujours plus brillant…

Rhadamanthe : Je ne sais pas comment tu as fait, mais ce petit jeu ne durera pas longtemps !!
Aritaki (une lueur dans les yeux) : Par le Poing de Pégase !!
Rhadamanthe : Que crois-tu me faire avec ce coup si misérable, que j'ai déjà pu décortiquer à mon aise ? Goûte plutôt à ça ! Par la Terreur du Wyvern !!
Aritaki : AAAARRRGGHH !!!

Rhadamanthe avait changé sa technique de combat et, malgré son sursaut, le chevalier de Pégase fut emporté dans une bourrasque de vent et s'encastra dans un mur du temple où ils se trouvaient. Il retomba au sol en laissant une trace de sang derrière lui, et tomba allongé, sans connaissance, une de ses épaulettes de bronze complètement brisée.
Pourtant, lorsqu'il l'avait attaqué, Rhadamanthe avait vu un cosmos inhabituel entourer le corps de son adversaire…un cosmos beaucoup plus puissant, qui ralliait le sien…

Rhadamanthe (regarde Aritaki au sol) : Bon, il aura eu le mérite de m'avoir retardé…mais, maintenant, je n'ai plus de temps à perdre. Tranchons-lui la tête pour en finir !!
- Maître Rhadamanthe !!
Rhadamanthe (s'interromp) : Ca y est, c'est reparti…

Un spectre à l'armure abîmée venait de pénétrer dans l'antre de la maison du Capricorne : Diadalus, spectre de la Gargouille.

Rhadamanthe (énervé) : C'est toujours au moment le plus intéressant que vous débarquez ! A croire que vous le faites exprès ! (se reprend) Bon, au moins, tu as vaincu ton précédent adversaire et je peux encore compter sur toi, Gargouille…
Diadalus (voit Aritaki à terre) : Vous avez vaincu un nouveau chevalier d'Athéna ! La voie est libre ! Allons-y !!
Rhadamanthe : Mouais…j'allais l'achever, mais, dans son état, il n'est plus capable de grand-chose…allez, viens !

Les deux spectres entreprirent de se mettre en route vers la sortie du temple…mais, au moment où ils allaient commencer à courir, Diadalus sentit une main lui saisir la cheville. Il regarda et vit Aritaki de Pégase qui lui attrapait une jambe pour le retenir !!

Rhadamanthe (à Aritaki) : Imbécile ! Tu es à l'agonie !! Que crois-tu encore pouvoir faire dans ton état ?? Accepte la mort, et estimes-toi heureux que je ne tranche pas la tête ! Je te laisse mourir en paix ! Venez !
Diadalus (presque amusé) : Maître Rhadamanthe, s'il vous plait, puisqu'il a l'air d'en redemander, laissez-moi me charger de l'achever, et je vous rejoins tout de suite après !!
Rhadamanthe : Pourquoi pas…Un chevalier d'Athéna en moins est toujours bon à prendre…c'est d'accord, tu peux lui donner le coup de grâce, mais ne traîne pas trop ! Nous n'avons plus beaucoup de temps devant nous, tu le sais !

Et Rhadamanthe disparut dans la sortie du temple, très rapidement, tandis que Diadalus de la Gargouille, d'un sourire arrogant, regardait le chevalier de bronze de Pégase réunir ses forces pour se relever, encore une fois, malgré ses blessures.

Rhadamanthe : Ca y est ! Je suis sorti !!

Le chef suprême des spectres regarda tant qu'il le put le reste de la montagne qui se dressait encore devant lui, éclairé faiblement dans la nuit par l'Horloge de feu, sur laquelle trois flammes se consumaient encore...à ce moment précis, l'antépénultième d'entre elles s'éteignit.
Plus que deux heures !!
Il n'y avait plus que deux temples devant lui…et, tout en haut, il pouvait maintenant en apercevoir un troisième, plus large et massif que les deux autres.

Rhadamanthe : Ca y est !! C'est le palais du Pope !! Notre objectif est tout proche !! Encore deux satanées maisons !! J'ai encore deux bonnes heures pour cela. Allez !

Et il se mit à gravir à toute allure les marches menant au temple du Verseau. Mais, au bout de quelques marches à peine, Rhadamanthe s'arrêta.

Rhadamanthe : Quoi !!??

Le casque du spectre du Wyvern se fissura sur le côté et une des deux cornes ornant l'hideuse bête qu'il représentait, se cassa en deux !!

Rhadamanthe (repense à Aritaki) : Impossible…ce misérable a réussi à m'atteindre, malgré tout !! Tout à l'heure, quand il s'est élevé dans les airs et qu'il m'a attaqué…une énergie nouvelle s'est alliée à la sienne…je comprends maintenant…
C'était Athéna !!


Et le spectre continua son chemin, tout en essayant d'étouffer en lui la rage naissante que lui causait le coup reçu.


Dans la maison du Capricorne

Aritaki s'était relevé totalement et fixait son nouvel adversaire sans un mot, prêt, semblait-il, à entamer un nouveau combat.

Diadalus : Eh bien ! Je ne sais qui tu es, mais te voilà bien amoché après le passage de mon maître ! Je n'aurai aucun mal à en finir !
Aritaki : Ne sois pas si sûr de toi…
Diadalus : Comment ?
Aritaki : Même si mon armure et mon corps sont brisés, je peux toujours enflammer mon cosmos et le sublimer…pour lutter contre mon ennemi…et le vaincre…
Diadalus : Me vaincre ? Après la leçon que vient de te donner Rhadamanthe ? Tu devrais t'incliner devant la différence de puissance qu'il y a entre nous et toi !
Aritaki : Rhadamanthe était sans doute le spectre le plus difficile à affronter…maintenant qu'il est parti, ce sera facile de te tenir tête…
Diadalus : C'est ce que nous allons voir !! Reçois mon attaque !! Par le Choc de la Pierre !!

Diadalus concentra son cosmos et une lumière sombre l'enveloppa. D'une force de frappe impressionnante, serrant le poing droit comme une masse imposante, il fondit sur le chevalier de bronze de Pégase, sûr de lui. Ce dernier concentra sa force dans ses mains pour résister, et tenta de retenir l'attaque dans ses seules paumes. Il ne put s'empêcher de grimacer tandis que l'énergie déployée se manifestait maintenant en une sorte de boule incandescente qui lui caressait les narines. Allait-il pouvoir tenir longtemps ? L'attaque du spectre était puissante mais Aritaki ne lâchait pas prise…finalement, une petite explosion dispersa ce qui en restait et le chevalier de bronze retomba vers l'arrière, les paumes des mains légèrement brûlées. Mais il se releva rapidement, au grand dam du spectre.

Diadalus : Mais ?! Comment as-tu pu résister à mon attaque ? Tu n'as même pas cherché à l'éviter !!
Aritaki : Je te l'ai dit, tu n'arrives pas à la cheville de celui que tu appelles ton maître ! Il serait plus sage pour toi de renoncer à ce combat inutile…
Diadalus : Renoncer ?? Tu plaisantes ?! Que crois-tu que je sois venu faire ici ? J'ai une mission à remplir et je la remplirai !
Aritaki : Pourquoi tiens-tu tant à la remplir, au péril de ta vie ? T'es tu déjà demandé si cela en valait la peine ?
Diadalus : Que…quelle question !! Tu n'as pas à me demander une telle chose ! Ne parle pas de ce que tu ignores…tu as résisté par miracle à ma technique de combat, mais cela ne se reproduira plus ! Reçois à nouveau mon Choc de la Pierre !!

Cette fois, le spectre avait augmenté sa puissance de frappe sensiblement, poussé par sa rage à vaincre son ennemi rapidement.

Aritaki : Je vais…je vais y arriver…(bloque à nouveau le flot d'énergie) Non…il est trop fort…je dois riposter…par le Poing de Pégase !!
Diadalus : Aaarghh !!
Aritaki : Ahhhhaa !!!

Les deux attaques s'entrechoquèrent et les deux adversaires se repoussèrent mutuellement, en retombant lourdement sur le sol. Mais le chevalier de Pégase se releva le premier. Le surplis de la Gargouille commençait à se craqueler dangereusement.

Aritaki (essuie un peu de sang sur la commissure de ses lèvres) : Eh bien, je croyais que les armures des spectres étaient plus résistantes ! Quand je pense que vous vous dites capables de tenir tête aux chevaliers d'or !!
Diadalus : Grr…tu ne perds rien pour attendre !! J'ai envoyé dans l'autre monde le chevalier de la Mouche tout à l'heure, et je vais faire comme lui avec toi, t'écraser comme l'insecte que tu es !
Aritaki : Tu devrais plutôt te rendre compte que tes précédents combats t'ont affaibli et que ta force, diminuée, ne te donne que peu de chances de remporter ce combat…encore une fois, je te le demande, pourquoi tiens-tu tant que ça à franchir ce temple ?!
Diadalus : Mon maître m'attend ! Et je n'ai pas à répondre à tes questions insolentes !! Ma quête me regarde, et c'est tout ! Je pourrais moi aussi te demander pourquoi on a confié la protection de ce temple à un simple chevalier de bronze !

Les questions récurrentes d'Aritaki le déroutaient. Pourquoi lui demander le but de sa mission ? Il ne manquait pas de culot, lui, le chevalier de bronze ! Il fallait lui faire ravaler sa salive.

Diadalus : Bon, tu me fatigues avec ton discours, je vais faire comme je l'ai dit à maître Rhadamanthe, je vais t'achever très vite avant d'aller le rejoindre !
Aritaki : Malheureusement, il me semble, d'une part, que tu es là depuis déjà un certain temps et, d'autre part, que j'ai récupéré depuis que Rhadamanthe est parti…
Diadalus : Ah oui ?? Voyons un peu ça !! Par le Choc de la Pierre !!
Aritaki : Par le…aaahhghhh !!

Cette fois, le spectre semblait reprendre légèrement l'avantage et se faire toucher par l'attaque. Il s'écrasa sur un mur sans pouvoir éviter le choc. Pourtant, il se releva rapidement et se remit en position de combat…et, au même moment, les épaulettes de Diadalus éclatèrent comme du verre et le spectre se retrouva sans protection !

Diadalus (dépité) : Mais !!...Comment ?! C'est insensé ! Tu ne m'as même pas touché !! C'est moi qui t'ai porté un coup, et tu sembles n'avoir aucune blessure, alors que, moi, je suis blessé !!
Aritaki : Tu subis sans t'en rendre compte le contrecoup de tes attaques désespérées…tu as tellement l'impression de pouvoir me vaincre que tu attaques en fonçant, tête baissée, sans penser à te protéger…mais j'ai trouvé la faille dans ta technique de combat…j'ai pu l'analyser et je saurai comment la contrer la prochaine fois…
Mais, encore une fois, je te le propose…arrête ce combat inutile, et joins-toi à moi pour combattre Hadès !!
Diadalus : Comment ??!?

Encore une fois, le spectre était dérouté par une telle proposition ! Qui était cet Aritaki pour lui proposer une telle chose ?

Diadalus : Tu es fou…comment peux-tu imaginer que je vais accepter une telle proposition ??
Aritaki : Je l'ai senti en toi dès que tu es arrivé…tu n'as pas la foi en la cause que tu défends…tu t'es seulement laissé séduire par l'offre que t'a fait Hadès…celle d'une vie éternelle qu'il ne te donnera en réalité jamais…tout ce qu'il veut, c'est détruire la terre pour s'en emparer…peu lui importent les moyens…la guerre, la famine, le mal, la violence, la cruauté…il vous utilise comme ses jouets, et se débarrassera de vous ensuite, lorsqu'il sera parvenu à ses fins…avec Athéna, nous devons tout faire pour l'en empêcher…et plus nous serons nombreux, mieux ce sera !! Alors ?!
Diadalus (troublé) : Tu…tu n'es pas sérieux…ha ! ha ! ha ! Tu es ridicule, d'ailleurs…ton discours ne tient pas debout…
Aritaki : C'est plutôt toi qui es ridicule, je trouve…regarde la réalité en face…
Diadalus (se ressaisit) : Et puis ça suffit, maintenant !! Qui es-tu, pour donner des leçons de morale ? Toi, le chevalier de bronze de je ne sais quoi !! Je pourrais tout aussi bien te proposer de rejoindre Hadès à mes côtés !
Aritaki : Non seulement tu n'y arriverais jamais, mais tu risquerais d'y perdre la vie…je te propose, moi, de la garder…
Diadalus : Et pourquoi devrais-je t'écouter ? Qui es-tu enfin, tu ne m'as toujours pas répondu !!
Aritaki : Il y a quelques temps encore, je ne servais pas Athéna, et j'ignorais jusqu'à son existence…mais ma formation de samouraï m'a aidé à ouvrir les yeux et à trouver le bien là où il était…depuis ce jour, je respecte les codes qui sont les nôtres…ceux de justice, de loyauté…mais aussi de compassion à l'égard de l'ennemi !!
Diadalus : Un samouquoi ?? Qu'est-ce que c'est que ça ?! Jamais entendu parler !!
J'en ai assez entendu, il est temps que je franchisse ce temple !!

Et Diadalus concentra à nouveau son cosmos, décidé cette fois à donner une bonne leçon à son adversaire et à en finir, en lui imposant sa supériorité. Néanmoins, il était cette fois troublé. Ce chevalier de bronze de Pégase n'était pas comme les autres, il avait quelque chose en plus d'indéfinissable…cette lueur dans les yeux, l'envie de convaincre les autres du bien-fondé de ses convictions…il aurait peut-être eu envie de sonder son âme s'il l'avait pu, mais ses compétences en matière de psychologie étaient bien trop réduites pour cela.

Diadalus : Allez !! Par le Choc de la Pierre !!
Aritaki : Tant pis si tu ne veux rien écouter !! PAR LE POING DE PEGASE !!!
Diadalus : AArrrghhh !!

Aritaki avait réussi à augmenter la puissance de son poing de Pégase et à envoyer une nouvelle fois le spectre à terre !! Lui n'était nullement touché, tandis que Diadalus gisait au sol, dans un débris d'armure noire. Il gardait les yeux ouverts, sonné par le choc de l'attaque.

Diadalus : Non, ce n'est pas possible…alors…(une larme perle sur sa joue) Alors tu aurais raison…ce combat ne servirait à rien…non, je ne peux pas le croire…même si je sers le mal, je suis certain des valeurs que je défends…et Hadès ne peut se tromper…
Aritaki : Je ne t'ai pas mortellement touché à ma dernière attaque…tu es un adversaire puissant et j'ai, il est vrai, profité du fait que ton précédent combat tout à l'heure t'ai épuisé…c'est pourquoi je te le propose encore…fais comme moi…rejoins Athéna, comme je l'ai moi-même rejointe lorsqu'on me l'a proposé…toutes les forces vives disponibles sont à prendre…et tu en fais partie…
Diadalus : Il n'est pas question pour moi de renoncer…mais j'aimerais savoir…ce qui pousse un homme tel que toi à tenir ce discours…raconte-moi un peu ce qui s'est passé dans ta vie…de si important…

Et Aritaki se mit à conter, non sans quelque talent de conteur, le récit de sa courte vie passée dans l'Empire du Soleil Levant…

" Je me nomme Aritaki, je suis né il y a quatre lustres environ, dans l'Empire du Soleil Levant, que vous appelez Cipangu ou Japon chez vous. Je n'ai jamais connu mes parents, morts dans l'incendie de notre maison alors que j'avais à peine quelque mois, et j'ai grandi dans un orphelinat aux côtés de jeunes garçons que l'on poussait, dès leur plus jeune âge, à manier le sabre avec dextérité.

Une sorte de temple tout de bois construit, mettant en scène un très jeune garçon, une dizaine d'années à peine, face à un homme d'âge vénérable, en kimono et avec une longue natte grise dans le dos…chacun des deux individus arborant un sabre à la lame tranchante…

Le garçon : Yaaaahhhh !! (donne un coup de sabre vers l'homme)
L'homme (intercepte le sabre) : Bien, Aritaki, ton coup est de plus en plus précis et de plus en plus vigoureux…
Aritaki : C'est normal ! Plus tard, je serai comme vous, maître Yoshimo !
Yoshimo : Mmm, tu as encore beaucoup à apprendre de la caste qui est la nôtre, mais tu feras sans doute un bon samouraï…pour l'instant, concentre-toi sur la théorie que je t'ai enseignée…

Mais le garçon nommé Aritaki en redemandait et Yoshimo reprit à sa demande le combat contre lui. Les sabres s'entrechoquèrent avec bruit et force, et le vieil homme s'étonnait qu'un garçon d'à peine dix ans possède déjà une telle force. Chaque coup de sabre résonnait en scintillant d'une lumière éclatante. Le combat dura cinq, dix minutes, un quart d'heure…il semblait ne jamais devoir s'arrêter et les deux combattants ne jamais se fatiguer. Tout à coup…

Yoshimo : Attention à toi ! Derrière !

Mais Aritaki ne se retourna nullement et profita de ces quelques mots soufflés par son maître pour cogner contre son sabre avec plus de force encore….et le sabre de Yohimo s'envola dans les airs et alla s'écraser, avec bruit, contre le sol de bois quelques mètres derrière eux.

Yohimo (une goutte de sueur sur le front) : Incroyable, tu as réussi à me désarmer !! Mais comment ?!
Aritaki : Vous avez tenté de me distraire en me faisant croire qu'un danger me guettait derrière moi. Mais, je l'ai senti, il n'y avait aucun danger du tout, c'était là une ruse de votre part. Si j'avais effectivement tourné la tête et détourné le regard un instant, vous m'auriez désarmé sans peine et j'aurais perdu. Mais c'est vous qui, en prononçant ces quelques mots, avez baissé votre garde une fraction de seconde…j'ai donc profité de cet instant pour porter le coup décisif…
Yoshimo : Je ne comprends pas comment tu as pu sentir qu'il n'y avait aucun danger derrière toi alors que tu ne t'es pas retourné…tu sais comme moi que notre cité, ces derniers temps, est régulièrement mise à sac par des bandes de pillards sans foi ni loi, qui terrorisent à peu près toutes les catégories de population…ils seraient capables de faire irruption n'importe quand…
Aritaki : Peut-être, mais, le jour où je les aurai en face de moi, je veux leur montrer la grandeur de notre caste et de nos préceptes !

Ce jour-là, sans le savoir, je venais de ressentir sans le savoir les prémices de cette formidable énergie dont le nom m'a été révélé plus tard : le cosmos…cette force que j'ai ressentie dès mon plus jeune âge…je savais, malgré les recommandations de mon maître, qu'il n'y avait aucun danger derrière moi, car je ne sentais aucune présence…
Quand à la caste des samouraïs…
La société de notre Empire, depuis les temps anciens, est divisée en trois castes : les nobles, les guerriers, et les paysans…pour quelqu'un né de basse condition, seul l'état de paysan est un avenir envisageable…mais mon père était lui-même un guerrier, et, bien qu'orphelin, j'ai pu quérir la seule promotion possible qui s'offrait à moi…je voulais rejoindre les rangs de cette caste qui faisait la fierté et la puissance de notre Empire…j'ai donc beaucoup appris du maître qui m'a formé à l'orphelinat, et m'a inculqué le maniement du sabre, dans l'espoir de rejoindre les rangs de l'armée impériale…
Jusqu'au jour où…


Une famille de paysans, dans une ferme toute de bois, tentait de faire misérablement manger leurs trois enfants en bas âge, au milieu d'une pièce unique partagée avec des cochons. Malgré le peu qu'ils possédaient et les haillons qui les recouvraient, une certaine dignité restait malgré tout lisible sur le visage du chef de famille. Mais la solitude les pesaient : personne ne pouvait les aider. Un jour, on frappa pourtant à l'unique porte de la bâtisse.

L'homme : Qui est là ?

Il alla ouvrir et deux hommes, curieusement vêtus et le visage masqués par un tissu ouvert au niveau des yeux, s'en prirent à lui. Il se ruèrent à l'intérieur de la pièce et bousculèrent le père qui, malgré son âge encore mûr, était trop faible pour résister.

L'un des deux : Ne bouge pas, et tu auras la vie sauve ! Donne-nous tout ce que tu as, et vite ! (sort une épée aiguisée)
Le père : Mais…je n'ai rien ! Partez de ma maison !!
L'autre : Comment appelles-tu cela ? Une maison ?! Ha !ha !ha !ha !

Les deux brutes en voulaient visiblement à ses maigres biens et n'en étaient pas à leur coup d'essai. Sous le choc de cette irruption, les trois petits enfants s'étaient mis à pleurer et se blottissaient maintenant dans les bras de leur mère, terrifiée et réfugiée dans un coin de la pièce.

Le père : Je n'ai rien à vous donner ! Ne voyez-vous pas ma condition ?
Brute 1 : Nous ne repartirons pas les mains vides ! Ces cochons alors…(les tâte) : Beuh, ils sont maigres et nous n'en tirerons même rien !
Brute 2 : Je sais ce que nous allons prendre si tu n'as rien ! (regarde la mère) : Ta femme va venir avec nous ! Gentiment !
La mère : Nonnn !! N'approchez pas !
Le père : Laissez-la en dehors de ça !!

La mère se mit à hurler de peur, tandis que le plus petit de ses enfants, un garçon de quelques mois, pleurait de plus en plus fort. La brute s'approchait maintenant d'elle, le sabre pointé vers l'avant, et lui arracha dans un premier temps le bébé des mains, ce qui ne fit qu'accentuer ses pleurs.

La mère : Noooonn !! Laissez-le !! Laissez mon enfant !!
Brute 2 : Oh qu'il est mignon…peut-être que, si nous le passons au fil de cette épée, tu réfléchiras et tu te décideras à venir avec nous…qu'en penses-tu ??
- Laissez cette femme, cet enfant et ces gens.
Brute 1 : Hein ?? Qui a parlé ?

Dans l'entrebâillement de la porte ouverte, la silhouette d'un nouvel homme apparut. Il était petit, fort jeune, une quinzaine d'années à peine sans doute, vêtu d'un habit de soie et coiffé d'une longue tresse dans le cou. Un sabre à double lame dans la main…

Brute 2 : Qui es-tu ? Que veux-tu ?
Le garçon : Que vous partiez d'ici sur le champ et que vous laissiez cette famille en paix.
Brute 1 : Et c'est un blanc-bec comme toi qui va nous menacer ? Allez, commençons par nous débarrasser de lui ! (coup de sabre) : Tiens, prends ça !!

Deux sabres fondirent sur le jeune garçon, sous le regard horrifié du couple de la ferme…une giclée de sang en éclaboussa l'un des murs de bois. Les deux brutes tombèrent au sol, raides mortes, et le jeune garçon, le visage impassible, sans une égratignure, se tenait devant eux, le sabre tâché de rouge.

Je venais de découvrir, ce jour-là, le sens de ma vie…du moins je le croyais…défendre plus faible que soi, et faire triompher le bien et la justice, c'est sans doute l'idéal de beaucoup d'entre nous…et je voyais devant moi la carrière d'un guerrier impérial, prêt à défendre de toute son âme la grandeur de l'Empire du Soleil Levant. Mes faits d'armes contre ces quelques crapules que j'avais abattues m'ont valu une renommée et une reconnaissance de la part des autorités locales…de fil en aiguille, le Shogun a eu connaissance de mes exploits, et m'a convié à la Cité d'Edo pour le rencontrer…j'ai ainsi été reçu avec grands honneurs devant le Ministre suprême de notre Empereur le grand Tenno…Tokugawa Ieyasu…

Le garçon avait changé, il avait grandi. Il avait maintenant dans les dix-huit ans et son corps d'homme était arrivé à maturité. Toujours dans son plus bel habit de soie, il comparut devant le shogun Tokugawa, en audience privée.

Tokugawa : Samouraï Aritaki ?
Aritaki : Oui, c'est ainsi que je me nomme…
Tokugawa : Je t'ai fait venir à moi car j'ai eu connaissance de tes hauts faits d'armes dans notre Empire…tu as combattu plusieurs bandes de pillards qui terrorisaient la population dans une partie de l'ouest de notre Empire, et tu as à chaque fois vaincu…tu fais partie de la caste des Guerriers, et mon devoir est de te récompenser pour ta bravoure…
Aritaki : Je…ce sont là trop d'honneurs, votre Grandeur, je ne sais que répondre…
Tokugawa : Notre Empire doit mener de nombreuses guerres, comme tu le sais…le combat et la guerre ne sont pas toujours de bonnes choses, car ils sèment derrière eux d'innocentes victimes, morts, famines et autre maux contre lesquels nous sommes impuissants…mais je sais que tes capacités de discernement te permettent de donner la mort à bon escient…c'est pourquoi je te nomme Général de l'armée de Tenoki, d'où tu es originaire…
Aritaki : Je…je vous remercie, mais…
Tokugawa : …Tu ne dois néanmoins jamais oublier…c'est le code du bushido qui doit guider vos pas, humbles samouraï…et, dans ce code, l'honneur est l'une des qualités les plus importantes…tu dois jurer fidélité à l'Empereur, le grand Tenno, et jurer de lui obéir, quoi qu'il décidera pour le bien de l'Empire…et de défendre ton propre honneur en combattant…si un jour cet honneur était souillé, tu devrais alors te faire seppuku…et te donner la mort !!

Il y eut un temps d'hésitation, un silence pesant. Puis…

Aritaki : Je…je le jure, votre Grandeur…

Quelques mois plus tard, alors que j'avais pris mes fonctions de Général d'armée impériale, je commençai à avoir vent de la politique fiscale du grand Shogun Tokugawa. Je rencontrai de nombreux nouveaux paysans qui se plaignaient du tribut qui lui était versé, de plus en plus lourd à supporter. La misère gagnant du terrain, alors que nous étions en temps de paix, je me demandai bien à quoi pouvait servir tout cet argent récolté. En temps que nouveau haut dignitaire de l'armée, j'assistais à de nombreuses manifestations protocolaires où s'affichait le grand Shogun, et parfois même le Tenno lui-même. C'est alors que, découvrant le faste déployé par Tokugawa, je me rendis peu à peu compte qu'un détournement s'opérait…tout l'argent, le tribut versé par des millions de paysans affamés, tout cela ne servait qu'à entretenir le faste et l'oisiveté d'un souverain auquel j'avais prêté serment…
Je ne reconnaissais plus les valeurs auxquelles j'avais adhérées…mon honneur était bafoué, j'avais été trahi par la confiance d'un tyran…plutôt que de me faire seppuku et de me donner la mort, je préférai alors m'exiler et fuir cet Empire qui m'avait vu naître. Le Shogun Tokugawa eu très vite connaissance de ma fuite et, la qualifiant de traîtrise, décida de mettre ma tête à prix d'or. C'est alors que…


(reprise du début du chapitre 1 de la Bataille de Delphes)
Un homme fuyait dans les montagnes, à grande vitesse, poursuivi par d'autres. Il courait de toutes ses forces, sans se retourner, sachant que la moindre seconde de relâchement lui ferait perdre toute chance de semer ses poursuivants. Il traversait une grande forêt de bambous et évitait habilement toutes les branches qui lui bloquaient le passage. Le soleil se couchait au loin, et la nuit qui tombait arrivait pour lui comme une précieuse alliée. Dans ces terres reculées de Chine occidentale, il n'avait pas rencontré âme qui vive depuis des heures, depuis des jours même, qu'il s'était réfugié dans ces lointaines contrées. Les vêtements qu'il portait faisaient aisément deviner qu'il n'était pas d'ici. Un ample pantalon de soie noire, un long fourreau de cuir dans le dos et une longue tresse de cheveux bruns jusqu'au bas du dos lui donnaient un style élégant mais craint partout où il allait. Seulement, aujourd'hui, il était bel et bien en danger.
Au bord de l'essoufflement, il s'arrêta un instant pour reprendre ses esprits. La route était longue mais il ne savait pas vraiment où il allait. Son seul but était de fuir. Appuyé contre une canne de bambous, il regarda aussi loin que ses yeux et les obstacles de la végétation lui permettaient de regarder, derrière lui. Il ne voyait plus personne.

- Il est là ! Il est fait comme un rat !

Il se remit aussitôt à courir, pas encore remis de sa folle chevauchée précédente. Il lui semblait qu'il ne pourrait jamais s'arrêter, et que sa fuite durerait indéfiniment. Soudain, alors qu'il commençait à perdre de la vitesse, épuisé, il vit des branches s'agiter sur le côté de sa trajectoire et un homme plus rapide que lui le doubler et, d'un saut prodigieux dans le vide, atterrir devant lui pour bloquer enfin sa route. Les deux autres individus qui le poursuivaient arrivèrent à leur tour et se postèrent derrière lui. Il était cerné.

- Nous t'attrapons enfin, jeune samouraï ! Ou plutôt devrions-nous dire ex-samouraï…s'exclama l'un d'eux.

Le samouraï en question ne répondit pas tout de suite. Nullement inquiet, la mine calme et impassible, il observa ses trois poursuivants, comme s'il jaugeait leur force d'un seul coup d'œil.

- Repartez d'où vous venez, vous n'êtes pas de taille à m'affronter.
- Ha ! ha ! ha ! Ecoutez-le un peu ! Il s'imagine que nous allons rentrer ! Tu n'as pas l'air de savoir ce que tu dis, jeune inconscient. Nous avons fait tout ce chemin pour te retrouver, et tu crois que nous allons repartir sans accomplir notre mission !
- Oui, je le crois.
- Le shogun a mis ta tête à prix pour ta trahison envers l'Empire, et a promis grande récompense à qui la lui rapportera. Nous avons bien l'intention d'y parvenir. Aritaki le traître ! Tu as usurpé le nom de samouraï et ne mérites même pas de porter la tenue que tu arbores si fièrement.
- Et alors ? Ne portez-vous pas la même tenue ? Nous faisons partie de la même caste, nous sommes l'élite de l'armée du vénéré Tenno. Mais le shogun s'est récemment fourvoyé et a détourné le tribut du peuple à son propre compte. Vous le savez aussi bien que moi ! J'estime qu'en pareille situation, la rébellion est un devoir moral. Regardez-vous ! L'appât de la récompense promise est la seule chose qui guide vos pas ! Vous avez renoncé pour cela au code moral du bushido !
- Silence, assez parlé ! Nous avons juré de ramener ta tête et nous le ferons. En garde !

Les trois hommes dégainèrent en même temps un long sabre fin de leur fourreau, à la lame scintillante et aiguisée. Aritaki n'eut dès lors d'autre solution que de faire de même et d'affronter ses poursuivants. L'un d'entre eux s'approcha de lui et porta un premier coup qu'il bloqua. Un second coup vit les deux sabres se bloquer l'un contre l'autre et les deux adversaires résister en force pour ne pas lâcher prise. Finalement, ils lâchèrent tous les deux en même temps et furent projetés à terre à quelques mètres d'intervalle. Mais l'adversaire d'Aritaki se releva avant lui et se précipita sur lui pour le frapper d'un grand coup. Aritaki évita le coup d'une roulade sur le sol et, quand il releva la tête, put voir une canne de bambou, tranchée par le sabre, s'abattre sur lui. Il l'esquiva d'une nouvelle roulade et se releva avec agilité mais, cette fois, ses deux autres adversaires s'étaient unis au premier.
Un long combat indécis fait de coups de sabres s'entrechoquant commença alors, faisant reculer Aritaki pas à pas. Faisant du un contre trois, il ne pouvait se concentrer que sur la défense et n'osait pas attaquer véritablement. Il lui fallait prendre un risque. Il se concentra alors intensément et observa chaque coup de sabre de ses adversaires dans leur moindre mouvement, pour percevoir une fraction de seconde pendant laquelle ses adversaires découvraient leur défense et étaient vulnérables. Après un long moment d'observation, Aritaki se décida et attaqua d'un coup fulgurant, son premier.
Un filet de sang jaillit et l'un des trois samouraï s'effondra sur le sol, mort sur le coup. D'un coup, d'un seul , Aritaki avait terrassé son adversaire.

- Assassin ! Tu vas payer pour ce que tu viens de faire !

Les deux samouraïs encore debout sentirent la colère les envahir et leur rage de vaincre décupler à l'idée de venger leur compagnon. Ils redoublèrent de coups et, cette fois, Aritaki se trouva en position d'être vaincu. A force de reculer sous la pluie des coups de sabre qu'il évitait tant bien que mal, Aritaki se retrouva le dos contre une canne de bambou sans pouvoir reculer davantage. Il était perdu.

- Cette fois, c'est la fin pour toi ! Adieu, sale traître !
- Par la Colère du Dragon !

(Retour dans la maison du Capricorne)
Aritaki : …Et c'est à ce moment que j'ai rencontré le chevalier de bronze du Dragon sur ma route…et que ma vie a trouvé un nouveau sens…Athéna m'a permis de croire à nouveau à la fois en les valeurs du bushido, et en le triomphe de la justice…dès lors, grâce à cette nouvelle énergie formidable qu'est le cosmos, que j'ai découverte en moi, j'ai décidé de me battre pour faire triompher le bien et la paix sur terre. Moi qui n'étais pas grec d'origine comme la plupart des chevaliers, Athéna m'a malgré tout accepté parmi les siens, et m'a donné une chance de retrouver une nouvelle condition. Je l'ai acceptée…
Diadalus (se relève tout doucement) : Et tu crois vraiment…en tout ce que te racontes cette Athéna…cette pauvre idiote…comme si ton destin était de la servir…
Aritaki : Je ne crois peut-être pas au destin de la même manière que les autres, même si c'est blasphémer que de parler ainsi…je crois plutôt en la chance des rencontres, et en les opportunités que la vie nous offre…ma rencontre avec Doko, en Chine, m'a été salutaire et je ne le remercierai jamais assez d'avoir été là au moment où j'en avais besoin…c'est pourquoi je te le redis, je te le redemande encore…Hadès est comme le Shogun que j'ai rencontré, il t'a séduit et ne respectera jamais la parole qu'il t'a donnée…cette histoire de vie éternelle est un leurre et ne sert que ses propres intérêts…fais comme moi et renonce à cette sinistre carrière ! Rejoins-moi pour combattre à mes côtés !!

Mais, pour toute réponse, alors qu'il se mettait à nouveau debout, le spectre déploya toute l'énergie qu'il lui restait pour s'opposer à lui et tenter une nouvelle offensive.

Diadalus : Je…je suis Diadalus de la Gargouille, de l'étoile terrestre de la Résistance, l'un des 108 spectres d'Hadès, et je servirai mon seigneur jusqu'à la mort ! Je n'ai plus que faire de tes discours ! Comment ai-je pu t'écouter et jusqu'à douter du camp dans lequel je me bats !! Tu vas payer pour cet affront !!
Aritaki : Tant pis pour toi, si tu ne veux pas entendre raison ! Je vais donc me battre jusqu'au bout !! Mais, dans ton état, tu ne tiendras plus bien longtemps !
Diadalus : Et toi non plus !! Ton armure est abîmée et va partir en lambeaux la prochaine fois, et ton corps avec !!

Les deux cosmo-énergies brûlèrent de toutes leur intensité, dans un déploiement de lumière bleue et pourpre mêlées. Les deux combattants étaient prêts à s'affronter à nouveau, l'un attendant le signal de l'autre…

Diadalus : Goûte à ça maintenant !! Que la Gargouille t'avale !!
Aritaki : Il a changé sa technique de combat…ahh !! Cette horrible statue !! Je suis comme aspiréééé…

Mais, au moment de chuter contre la gargouille toute de pierre qui apparaissait comme flottant dans les airs, le chevalier de Pégase joignit les mains pour former un bouclier protecteur et répulsif, qui repoussa l'énergie du spectre et le fit retomber sur le sol, de tout son long mais sans une blessure.

Diadalus : Non, ce n'est pas possible !! Tout à l'heure, cette technique a marché contre deux chevaliers d'argent !! Et lui qui se relève encore !! Mais…ce cosmos !!

Aritaki de Pégase se relevait encore, comme poussé par une force extérieure à lui à toujours rester debout, face à son adversaire…son cosmos irradiait tout le temple du Capricorne, malgré la nuit à l'extérieur, et brûlait comme jamais…le chevalier de bronze ne prononça pas un mot et ferma les yeux, comme dans un état second. Un fluide doré se joignit à l'aura de sa propre énergie…et se mêla bientôt à lui…

Diadalus : Mais…qu'est-ce que c'est ??? Ce n'est pas son cosmos !! Ce n'est pas le sien !! On dirait…
Aritaki : Reçois encore, pour la dernière fois…mon POING DE PEGASE !!!

Le poing d'Aritaki fonça sur Diadalus comme un véritable boulet de canon, et transperça définitivement le surplis du spectre de la Gargouille, qui s'effondra au sol sans connaissance.


Un peu plus haut

Après de longues minutes de montées dans les escaliers de la montagne, Rhadamanthe parvenait au seuil d'une nouvelle maison, sa prochaine destination. Malgré son rang de chef suprême des spectres et la puissance qui était la sienne, il commençait à ressentir des courbatures dans les jambes et la fatigue physique de monter des marches depuis des heures. Il en fallait toutefois bien plus pour le troubler. De temps à autre, l'humiliation d'avoir eu une corne brisée par le chevalier de bronze de Pégase lui revenait en tête. Il ne pouvait le supporter et décida qu'il écraserait son prochain adversaire dès le premier coup.

Rhadamanthe : Un nouveau temple...cette fois, c'est l'avant-dernier…la flamme du Verseau a déjà commencé à brûler…dépêchons-nous ! Ce misérable, dans la maison précédente, a réussi par miracle à me retenir plus longtemps que les autres…

Il pénétra dans le onzième temple du zodiaque, bien éclairé par des torches murales. Pourtant, il constata qu'il y faisait très froid, malgré les flammes des torches. Plus il approchait du centre et plus le froid s'accentuait.

Rhadamanthe : Je vois…on dit que le chevalier d'or qui vit ici maîtrise la glace comme personne…
- Oui, et ses disciples aussi !!
Rhadamanthe : Qui es-tu ?

Un chevalier de petite taille, à l'armure argentée longiligne et élégante, et aux cheveux blonds et courts, se tenait devant lui.

Le chevalier : Je suis Mélétos, chevalier d'argent de la Coupe…sois le bienvenu, Rhadamanthe !


Dans la maison du Capricorne

Le combat semblait maintenant terminé. Aritaki se tenait debout devant le corps inerte et blessé de son adversaire.

Aritaki : Bon…dommage que j'aie dû le frapper mortellement…il aurait pu vivre…mais je dois maintenant, sans doute, aller rejoindre les autres en Chine ; ils auront besoin de moi…

Et Aritaki se mit à courir en direction de l'entrée du temple dont il avait la garde…mais, arrivé au niveau de la précieuse statue représentant Athéna donnant l'épée d'Excalibur à un soldat, un homme arriva au loin, en courant vers lui, dans la direction opposée. Lorsqu'il se fut plus proche, la lumière éclaira son visage et son armure sombre.

Aritaki : Tiens ! Encore un spectre ?! Tu t'es perdu en route ?
Le spectre : Très drôle, je vais vite te faire ravaler ta salive ! Moi, Desmond, spectre de la Chauve-souris !
Aritaki : Je vois à ton armure que, comme ton camarade de la Gargouille, tu as déjà mené plusieurs combats avant d'arriver ici…ma tâche n'en sera que plus facile…

Mais, alors qu'ils parlaient, Desmond aperçut le corps gisant du spectre de la Gargouille, plus loin à terre, dans le temple.

Desmond : Diadalus ! Tu as vaincu le spectre de la Gargouille ?!
Aritaki : Oui, et je vais faire de même avec toi si tu ne fais pas demi-tour !
Desmond : Faire demi-tour ?? Tu plaisantes, j'espère ? Je n'ai plus beaucoup de temps devant moi et maître Rhadamanthe m'attend ! Je sens sa présence non loin d'ici et, même s'il n'a pas besoin de moi, il sera content que j'abatte un chevalier d'Athéna de plus…
Aritaki : Ton camarade disait la même chose tout à l'heure et c'est plutôt lui qui est à terre…
Desmond : Assez parlé ! Réglons les choses au plus vite !! Par l'Envol de la Chauve-souris !!

Et, dans une détente formidable, Desmond s'envola dans les airs par-dessus le chevalier de bronze de Pégase, prêt à retomber derrière lui et à s'enfuir.

Aritaki : Parce qu'en plus, tu comptes traverser ce temple sans même m'affronter ? Voyons de quoi tu es capable !! Par le Poing de Pégase !!

Le spectre de la Chauve-souris retomba aussitôt sans pouvoir se rétablir, et fut stoppé dans son élan…mais il s'arrangea pour retomber sur Aritaki, lourdement, et l'écraser de tout son poids ! Le chevalier de Pégase poussa un cri de douleur mais attrapa Desmond par le bras…

Desmond : C'est ridicule !! (brûle son cosmos pourpre) Lâche-moi un peu, veux-tu !!
Aritaki : Aaaahh !! C'est brûlant !! Mais je ne céderai pas…

Et une nouvelle main s'agrippa maintenant à sa cheville ! Il regarda et vit avec surprise Diadalus de la Gargouille qui tentait encore de se relever.

Aritaki : Mais…tu es à l'agonie !! Tu ne peux plus te battre !!
Diadalus : Ne m'enterre pas…trop vite ! AAgghh !!

Et, dans un dernier effort, il se remit debout d'un coup, et empoigna le chevalier de Pégase par-dessous les épaules.

Diadalus : Desmond ! Dépêche-toi ! Rejoins maître Rhadamanthe ! Il ne reste plus que deux maisons, mais aussi moins de deux heures…le temps presse !! Nous devons arriver à Athéna ! Notre mission avant tout !!

Desmond : Je…très bien, adieu Diadalus.
Aritaki : Attends !! Reviens ici !!

Mais le spectre de la Chauve-souris avait bien sûr déjà quitté le temple à toute vitesse. Sans même un regard pour son compagnon d'armes en mauvaise posture. Aritaki se débattait, mais ne parvenait pas à se défaire se l'emprise du spectre. Ce dernier, dans un ultime baroud d'honneur, fit brûler tout le cosmos qu'il pouvait encore. La chaleur dégagée était presque intenable.

Aritaki : Ahhh !!
Diadalus : Je vais te faire exploser avec moi et te vaincre de cette manière !! Adieu, chevalier de Pégase !!
Aritaki : Noooonnn !!!

Une explosion retentit jusqu'à l'extérieur du temple. Desmond, qui avait déjà commencé la montée des marches vers la maison du Verseau, regarda derrière lui et vit en contrebas une lumière intense illuminer le temple du Capricorne dans la nuit noire.

Desmond : Bravo, Diadalus…encore un…

A l'intérieur du temple, un nuage de fumée se dissipa…le corps calciné et carbonisé du spectre de la Gargouille s'écrasa au sol comme un paquet de feuilles mortes, et un bras se détacha même du corps méconnaissable.

Non loin de lui, Aritaki de Pégase retomba lui aussi au sol…

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Cette fiction est copyright Christophe Becquet et Fabrice Willot.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.