Chapitre 11 : La dernière flamme


Deux chevaliers se tenaient face à face dans la grande salle principale d'un temple à la forme circulaire. L'un très grand, à l'armure noire massive bien que légèrement abîmée par endroits, et l'autre à l'armure d'un blanc argenté. Tous les deux affichaient un regard déterminé et, si l'on ne connaissait pas leurs origines respectives, on pouvait aisément deviner l'importance de l'enjeu qui allait motiver leur affrontement.

Rhadamanthe : Ainsi donc toi aussi, tu connais mon nom…mais tu n'auras pas l'occasion de le prononcer souvent. Je vais vite traverser ce temple en me débarrassant de ce ver qui me barre la route…à moins que tu souhaites obtempérer et me laisser passer ? Dans ce cas, tu auras la vie sauve…
Mélétos : On m'avait bien dit que, plus mon adversaire était important et puissant, plus grandes étaient son arrogance et sa bêtise….je vois que c'est bien le cas avec toi…
Rhadamanthe : Tu constateras malheureusement que tu n'as pas trop le choix…tu n'as pas répondu à la question que je t'ai posée !
Mélétos : Je sais ce qui te motive à franchir ce temple, et je ne te laisserai jamais passer, même si ta force est mille fois supérieure à la mienne…tout chevalier d'argent que je suis, je ne crains pas d'affronter l'un des chefs des spectres ! En garde !
Rhadamanthe : Je n'ai pas beaucoup le temps de m'amuser, mais j'aurais sans doute bien aimé…par la Prudence du Wyvern !!

Le coup fut porté avec la violence habituelle qui seyait au spectre du Wyvern, et Mélétos vit une langue de feu s'abattre sur lui. Mais il garda tout son calme et, sans paniquer, entreprit de contre-attaquer.

Mélétos : Par le Tonnerre de l'Aube !!

La déflagration éblouit les deux adversaires et inonda de lumière le temple du Verseau, si bien que tous deux durent se cacher les yeux pour ne pas s'aveugler…pourtant, Mélétos n'avait nullement besoin de joindre les mains pour bloquer l'attaque de Rhadamanthe…lorsqu'il put à nouveau voir devant lui, Rhadamanthe s'attendit à trouver le chevalier d'argent allongé au sol, grièvement blessé…mais il le vit face à lui, debout et en pleine possession de ses moyens !!

Rhadamanthe : Non, c'est impossible !! Tu n'es même pas amoché par mon attaque !!
Mélétos : Ta force est bien à la hauteur de ta réputation…mais, je le jure devant Athéna, je donnerai ma vie s'il le faut, mais je ferai tout pour protéger cette maison !! (fait brûler son cosmos avec véhémence)
Rhadamanthe : Comment…comment as-tu pu éviter la Prudence du Wyvern avec la force que j'y ai mis… ?
Mélétos : Tu n'as donc pas remarqué que trois choses jouent contre toi…
Rhadamanthe : Ah oui ? Et lesquelles ?
Mélétos : Voyons, spectre, je te croyais plus perspicace…ne compte pas sur moi pour te donner une stratégie pour me vaincre…mais tu attaques en utilisant un pouvoir qui fait appel à l'élément du feu…or, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, le mien est basé sur la glace ! La deuxième chose, c'est que tu as déjà traversé dix maisons pour parvenir jusqu'ici…et, même si tu es très puissant, tu éprouves la fatigue physique de tout homme fait de chair et de sang…d'ailleurs, ton armure commence à s'abîmer et j'imagine que plusieurs de mes compagnons ont déjà réussi à te toucher… La troisième, c'est ce peu de temps qu'il te reste pour réaliser ta mission, ce temps qui t'obsède et t'empêche, de plus en plus, de te concentrer totalement sur ton adversaire !!

Cette analyse magistrale du chevalier d'argent eut l'effet de déconcentrer un peu plus Rhadamanthe et de le faire méditer un instant sur la pertinence de tels propos. Il avait vu juste ; en effet, les premiers effets de la fatigue se faisaient sentir. Mais ce n'étaient pas de tels babillages insignifiants qui allaient le faire douter, lui, l'un des trois Juges des Enfers !! Il se rappela son but : passer coûte que coûte, et au plus vite.

Rhadamanthe : Ce n'est pas chevalier que tu aurais dû être, mais homme de science…
Mélétos : Très drôle…
Rhadamanthe : Allez ! Chevalier des glaces ou pas, tu ne résisteras pas à ma prochaine attaque !! Par la Prudence du Wyvern !!

L'attaque fut plus puissante que la première fois, mais Mélétos, comme à l'accoutumée, décida de contre-attaquer. Il prit son élan et joignit les mains…

Mélétos : Mais…cette force…je ne pourrai pas la contenir à mains nues !! Aaaaarrggh !!!

Le chevalier de la Coupe fut emporté dans les airs et retomba écrasé contre un mur, son armure d'argent ébréchée à l'épaule gauche.

Mélétos : Incroyable…il m'a non seulement touché, mais a déjà réussi à abîmer ma protection, plus puissante qu'une armure de bronze…(regarde la silhouette de son adversaire) Quelle force effroyable…
Rhadamanthe (se met à courir) : Allez ! Adieu, chevalier !!

Et le spectre du Wyvern se mit à courir à vive allure en direction de la sortie du temple.

Mélétos : Par la Poussière de Diamant !!
Rhadamanthe : Quoi ??

Rhadamanthe ne s'était pas retourné et avait reçu l'attaque dans le dos. Il se retourna cette fois, alors qu'il avait presque atteint la sortie du temple, et la Poussière de Diamant semblait l'avoir à peine caressé ! Mélétos était à nouveau debout.

Mélétos : Mais comment… ? Tu as pourtant reçu mon attaque de plein fouet, et tu n'as rien !
Rhadamanthe : Tu sembles oublier quelque chose : nos vitesses de frappe ! Apprends que la mienne est quasi illimitée, et que je peux, si je le veux, courir aussi vite que les rayons du soleil !! Le temps que je t'entende m'attaquer, j'en avais largement assez pour réagir !!
(fait à nouveau brûler son cosmos)
J'étais prêt à partir en te laissant la vie sauve, mais, puisque tu tiens tant que ça à mourir, je vais exaucer ton vœu !!
Mélétos : Je ne peux pas me laisser vaincre sans réagir…l'Horloge de feu…je dois au moins essayer de le retenir plus longtemps…

Deux cosmos brûlèrent, face à face, de toute leur intensité. Deux couleurs, d'un pourpre et d'un bleu limpide…le feu et la glace…il n'y avait pas à hésiter, il fallait tout donner dans la bataille…

Mélétos : Prends ça !! Par le Tonnerre de l'Aube !!
Rhadamanthe : Par la Prudence du Wyvern !!

Les deux attaques s'entrechoquèrent. Au moment de l'impact, une explosion retentit et repoussa les deux adversaires…Rhadamanthe restait debout et contenait toute l'énergie dans ses mains, tandis que Mélétos, une nouvelle fois, s'effondra au sol, une plaie à l'épaule cette fois. Lorsqu'il rouvrit les yeux, une très vive douleur lui déchira l'omoplate et il y porta sa main pour ne pas saigner abondamment. Les mains de Rhadamanthe étaient bleues, comme gercées par le froid généré…mais il fit à nouveau brûler son cosmos et le bleu disparut, comme par enchantement. Il s'était réchauffé lui-même les mains.
Rhadamanthe s'approcha de son adversaire, à terre contre un mur et grimaçant, faisant quelques pas dans la direction opposée de celle qu'il voulait prendre.

Rhadamanthe : Tu croyais peut-être me geler les mains ? Mais, comme tu le vois, un peu de ma force me suffit à me défaire de ton emprise…la brillante analyse que tu as faite tout à l'heure ne tient plus vraiment…tu n'es déjà plus en état de m'affronter, mais je tiens à finir ce que j'ai commencé…je vais te tuer, chevalier !!

Il déploya toute son énergie, en serrant les deux poings, et Mélétos sentit une chaleur intense irradier le temple et rompre avec la sensation de froid ambiante. Il continuait de serrer très fort l'endroit de sa plaie, convulsivement, assis contre un mur, la grimace aux lèvres, et trouvait à peine la force de regarder ce que faisait son adversaire.

Mélétos : C'est la fin…Athéna…je n'ai même pas réussi à le retenir…j'ai été misérable…
Rhadamanthe : Adieu !! Par la Terreur du Wyvern !!

Une bourrasque de vent violent balaya le temple et le chevalier de la Coupe s'envola dans les airs pour aller s'écraser de tout son poids contre un autre mur. Son armure vola presque en éclats et il retomba lourdement et bruyamment sur le sol.
Rhadamanthe avait déjà fui à travers le temple du Verseau, prêt à continuer son chemin.

Très loin de là

Dans une salle majestueuse au trône de pierre, entouré de deux monstrueuses gargouilles et éclairé par plusieurs torches murales, un homme était assis tranquillement, seul depuis un long moment. La grande double porte qui marquait l'entrée de cette pièce s'ouvrit et une femme assez jeune, aux longs cheveux blonds, fit son apparition.

- Perséphone…
Perséphone : Majesté Hadès ! J'ai des nouvelles des combats !

Les deux personnes en présence semblaient se connaître depuis bien longtemps…pourtant, un grand voile, suspendu à travers la pièce devant le trône, cachait le visage de l'homme, et installait une distance pour l'instant infranchissable entre eux.

Hadès : Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler ainsi…le nom de Moros est, pour l'instant, plus approprié.
Perséphone : Très bien, majesté Moros…
Moros : Eh bien, je t'écoute donc…
Perséphone : Les nouvelles ne sont pas toutes celles que nous attendions…au Sanctuaire d'Athéna, en Grèce, le combat touche à sa fin…une quinzaine de spectres ont péri, mais Rhadamanthe se dirige en ce moment vers la dernière maison…il va certainement atteindre son but avant la fin des douze heures qui lui étaient imparties…
Moros : Eh bien, dans ce cas, tout va bien ! Est-ce pour cela que tu m'as dérangé ?
Perséphone : Non, hélas…je viens de voir Minos il y a peu, qui m'a informé que Yi, le spectre du divin Archer, a été retrouvé mort dans la région de Kunlun Shan !
Moros : Comment ???

On ne pouvait le voir, mais l'expression de Moros avait soudainement changé. Son assurance et son calme flegmatique avaient perdu de leur éclat.

Moros : Mais comment ? Yi était l'un de nos plus valeureux spectres ! Comment a-t-il pu perdre la vie ? Qui la lui a ôtée ?
Perséphone : Je l'ignore…mais le spectre du Singe, qui l'a retrouvé, a parlé d'impacts de flèches…
Moros : Je n'ose comprendre…Athéna et ses chevaliers d'or sont, en principe, au Sanctuaire…(pensant) Cela voudrait-il dire que… ?
Perséphone : Que faudra t-il faire, à votre avis ?
Moros : Je crains qu'Athéna n'ait manigancé quelque chose…il nous reste très peu de temps pour le savoir…Nous n'avons aucun moyen de contacter Rhadamanthe au Sanctuaire d'Athéna, mais nous pouvons encore gagner cette première manche. Rends-toi immédiatement auprès de l'Auguste de Jade !
Perséphone : L'Auguste de Jade ?? Mais…
Moros : Ne discute pas mes ordres…tu vas lui demander des explications concernant la mort de Yi. Et je vais sommer à Minos d'envoyer désormais les spectres du Singe et du Coq surveiller les alentours du sixième pic…qu'ils quittent leur garde actuelle !
Perséphone : Très bien, majesté Moros…je vous laisse de suite…
Moros : Attends…
Perséphone : Oui ?
Moros : l'Auguste de Jade vit dans une terre reculée, dont il a bloqué l'accès à tout être non divin…même toi, tu ne fais pas exception à cette règle. Même si tu connais la route pour t'y rendre, tu auras besoin de ceci…
Perséphone : Mais…ma main !?!

La main droite de Perséphone se mit à briller d'une lueur étrange, incolore, sans que cela lui fasse mal ni lui procure la moindre sensation. Bientôt, un objet se matérialisa…un petit bracelet pittoresque fit son apparition et entoura le poignet de la jeune femme.

Perséphone : Qu'est-ce donc que cela, majesté ?
Moros : Ce bracelet est une émanation du pouvoir des dieux…il permet à qui le porte de se déplacer librement, à sa guise, entre les différentes sphères qui composent le monde de l'au-delà…je t'en fais cadeau, tu as ma confiance. Ne t'en sépare jamais et fais-en bon usage.
Perséphone : Bien, majesté.
Moros : A présent, va !

Et Perséphone partit, en faisant claquer la lourde porte derrière elle. Le dieu des Enfers, sur son trône, paraissait désormais soucieux.

Moros (pensant) : Athéna n'a tout de même pas pu me devancer, avec les précautions que j'ai prises…si c'est le cas, elle va me le payer !!

Au Sanctuaire, maison du Verseau

Quelques minutes après le départ de Rhadamanthe, alors que le silence et le froid s'étaient à nouveau répandus à travers le temple, des bruits de pas se firent entendre. Un spectre pénétra dans le temple : Desmond de la Chauve-Souris.

Desmond : Bizarre, je ne sens plus aucune énergie dans ce temple…

Il arriva dans la pièce circulaire du milieu du temple, et vit le corps allongé et blessé du chevalier d'argent de la Coupe.

Desmond : On dirait qu'il est mort…cela veut donc dire que maître Rhadamanthe l'a vaincu d'un seul coup, et a déjà franchi le temple !!
(pensant) : Bravo, maître…plus qu'une seule maison, et nous aurons atteint notre objectif…nous sommes dans les temps…

Et Desmond commença, lui aussi, à courir vers la sortie sans se soucier du cadavre à terre. Mais, alors qu'il avait déjà bien progressé, une vive douleur lui traversa l'estomac. Il regarda et vit son surplis gelé à cet endroit !

Desmond : Mais !! Comment cela se peut-il ??

Il sentit alors une formidable énergie emplir la pièce d'un coup, un froid toujours plus grand se propager…il regarda derrière lui et vit le chevalier d'argent se tenir debout devant lui, et brûler son cosmos !

Desmond : Mais c'est impossible ! Mon maître t'a tué !!
Mélétos : Il m'a certes blessé, et sans cette armure d'argent, solide sur les épaules, j'y aurais sûrement laissé la vie…mais je ne suis pas encore vaincu et, puisque j'ai un nouvel adversaire en face de moi, l'occasion m'est donnée de remplir ma mission…tu ne franchiras jamais le seuil de cette maison !!
Desmond : Ah oui ? Maître Rhadamanthe y est parvenu, et rapidement on dirait. Je n'aurai donc aucun mal à l'imiter et le rejoindre !

Mais, au moment où il prononçait ces paroles, des bruits de pas se firent à nouveau entendre dans le temple, mais cette fois, depuis la sortie ! Quelqu'un venait en sens inverse…une grande silhouette apparut…Rhadamanthe était revenu dans la pièce principale du temple !!

Desmond : Mais…maître Rhadamanthe !! Vous deviez avoir déjà quitté cette maison !!
Mélétos : Ha ha ha ha ha…il a dû rencontrer un petit obstacle…
Rhadamanthe : Ca te fait rire…je dois avouer que tu m'as bien eu…mais j'ai une raison de plus de t'abattre, maintenant !!
Desmond : Qu'est-ce que cela veut dire ? Pouvez-vous m'expliquer ? Pourquoi êtes-vous revenu ?
Rhadamanthe : Un gigantesque bloc de glace barre la sortie de ce temple et empêche de passer !! Malgré toute ma force, je ne suis pas parvenu à le briser et je n'en reviens pas encore…tu as intérêt à me dire comment faire pour m'en débarrasser, et vite !
Mélétos : Tu devrais t'en douter…ce bloc de glace est une émanation de mon pouvoir ; il ne peut être brisé à mains nues…il restera en place tant que je serai en vie…
Desmond : Quoi ??
Rhadamanthe : Autrement dit, la seule façon de faire disparaître ce bloc de glace, c'est de te tuer ?? Je suis assez surpris qu'un simple chevalier d'argent possède un tel pouvoir, mais, s'il faut effectivement te tuer, ce sera une formalité…
Mélétos : Tu ne comprends donc pas que la mort m'importe peu ; ma mission est seulement de vous retenir ici le plus longtemps et de vous empêcher de passer ! Jusqu'à ce que les douze heures soient écoulées !!
Rhadamanthe (énervé) : Dans ce cas, je te garantis que ce combat sera l'un des plus courts de l'histoire de la chevalerie !!! (fait brûler son cosmos)
Astucieux, ton stratagème, mais je vais le rompre, ici et maintenant !! Par la Prudence du Wyvern !!
Mélétos : Par le Tonnerre de l'Aube !!

Le chevalier d'argent de la Coupe vit l'attaque déferler sur lui et se concentra ; bien que blessé par les coups reçus peu avant, il avait eu le temps de reprendre ses esprits et de rassembler à nouveau toute l'énergie de son cosmos. Il entreprit de contrer l'attaque de Rhadamanthe à l'aide la sienne, et déclencha un grand froid qui envahit la pièce où ils se trouvaient. Le spectre de la Chauve-Souris regardait les deux adversaires, sans réaction, et vit une boule d'énergie bleutée frapper de plein flouer une autre boule, rougeâtre celle-là. Incrédule, il regardait Mélétos résister aux pouvoirs de Rhadamanthe…

Desmond : Incroyable !! Le pouvoir de mon maître ne peut l'atteindre…
Rhadamanthe (se concentre) : Comment…un misérable tel que toi…peut me tenir tête ??
Mélétos (ne lâche pas les mains) : Je te l'ai déjà dit…bien que Juge des Enfers…tu es trop sûr de toi…et ma glace peut alors s'opposer…à toi… !!
Rhadamanthe : Balivernes !! Je suis et je reste l'un des hommes les plus forts de ce monde !!

Peu à peu, tout en gardant les mains jointes devant lui, bras tendus, Rhadamanthe augmenta son cosmos et reprit du terrain sur le point d'impact des deux boules d'énergie. Mélétos recula de quelques pas, mais ne lâcha pas…il se retrouva bientôt acculé contre un mur, sans pouvoir reculer davantage, et vit l'énergie de Rhadamanthe se rapprocher de lui dangereusement.

Desmond : Attendez, maître, laissez-moi vous aider !! Yaaahh…

Et Desmond attaqua à son tour, joignant ses forces, plus modestes, à celles de Rhadamanthe. Mais le coup porté déséquilibra l'attaque, qui dévia en une explosion dans le mur. Une partie du mur contre lequel se tenait Mélétos était détruit par le choc, et dévoilait maintenant une pièce voisine de la grande salle où ils se tenaient.

Rhadamanthe : Imbécile, tu as tout fait échouer !! J'allais l'avoir à moi seul, et tu m'as déconcentré !
Desmond : Je…pardonnez-moi, maître…
Mélétos (toujours debout) : Eh bien, Rhadamanthe, ne disais-tu pas que ce combat devait être l'un des plus courts qui ait jamais existé ?
Rhadamanthe : Tu ne perds rien pour attendre…je vais vite en finir avec toi, tu peux me croire !!
Desmond : Laissez-moi, cette fois, joindre mes forces aux vôtres !! Nous n'aurons alors aucun mal à l'abattre !!
Rhadamanthe : Très bien, mais, cette fois, nous attaquerons exactement en même temps, d'un seul concert !!

Le petit chevalier d'argent devait maintenant faire face à deux spectres déterminés et plus puissants que jamais.

Rhadamanthe : Je peux déjà te vaincre facilement à moi seul…si Desmond se joint à moi, alors ton corps tout entier n'y résistera pas ! Prépare-toi à mourir !!
Mélétos (pensant) : Ils ont raison…je ne suis pas de taille…je ne pourrai certainement pas les vaincre, pas même le spectre de la Chauve-Souris…je n'ai pas le choix, je dois jouer le tout pour le tout…je dois concentrer tout mon cosmos pour produire le froid le plus intense…
Desmond : Allons-y !! Que le Cri des Ténèbres te déchire !!
Rhadamanthe : Par la Terreur du Wyvern !!
Mélétos : PAR LE TONNERRE DE l'AUBE !!

Ce fut une onde bleutée formidable qui jaillit des mains jointes de Mélétos, en direction des deux spectres. Le froid produit était intense, plus grand que celui qu'il n'avait jamais atteint. Mais le nombre jouait contre lui ; il ne put rien faire devant la force surpuissante de ses deux adversaires.

Mélétos : Aaaarrrhhhghhh !!!

Le chevalier d'argent s'écrasa de tout son poids sur le sol du temple. Il resta sans réaction au sol un instant, son armure partiellement brisée. Le froid régnant était intense, et son sang ne coulait pas mais coagulait et gelait instantanément en sortant de son corps. Des cristaux rouges se formèrent ainsi sur les restes brisés de l'armure…

Rhadamanthe : Impressionnant ; tu as augmenté ton cosmos ; pour un chevalier d'argent, produire un froid aussi vif relève du miracle…mais la logique est respectée. Viens, Desmond, quittons cet endroit sur le champ !!
Desmond : Oui ! Mais…oohhhh !!

Une vive douleur le saisit à nouveau, comme lorsqu'il était entré dans le temple. Ses deux pieds étaient entièrement gelés, il ne pouvait plus les bouger !! Il était comme enraciné au sol, avec la sensation d'un froid intense qui lui parcourait les chevilles.

Desmond : Maître Rhadamanthe !! Il m'a touché, je ne peux plus bouger !! Agghh…
Rhadamanthe : Imbécile, tu as baissé ta garde en attaquant, en pensant qu'il ne pourrait rien te faire !! (agacé) Maintenant, débrouilles-toi tout seul pour te sortir de là, moi, j'ai assez perdu de temps ici !!
- Attends un peu !! Par le Poing de Pégase !!

Rhadamanthe fut touché en plein dos par la nouvelle attaque, par surprise, sans qu'il puisse réagir. Une fissure apparut dans le dos de son surplis, sans plus. Il se retourna et vit Aritaki, le chevalier de bronze de Pégase, qui venait de faire son apparition !!

Rhadamanthe (goutte de sueur sur le front) : Ce n'est pas vrai !! Encore toi ??! Mais je pensais t'avoir tué !!
Aritaki (sourire aux lèvres) : Peut-être que les dieux ne veulent pas de moi dans l'autre monde…en tout cas, je suis là, bien vivant, et je me battrai encore contre toi !! Pour défendre mon compagnon Mélétos et t'empêcher de franchir ce temple !! En garde !!
Rhadamanthe : Ca suffit, j'en ai assez !! Par la Prudence du Wyvern !!
Aritaki : AAAhhhghh !!

Le chevalier de Pégase tomba d'un coup et ne put rien faire. Il était blessé et avait présumé de ses forces, après avoir fait un gros effort pour se hisser jusque dans la maison du Verseau.
Rhadamanthe avait fui et atteint la sortie du temple, encore plus rapidement que la première fois. Il regarda le plus loin qu'il pouvait voir et constata, avec une agréable surprise, que le bloc de glace du début avait cette fois disparu. La sortie était libre.

Rhadamanthe : Il est donc mort…tant mieux, allons-y !! L'autre imbécile n'aura qu'à me rejoindre quand il aura fait fondre la glace de ses pieds…

Et, à la sortie du temple, une nuit d'encre s'offrit à lui. La montagne et les alentours étaient faiblement éclairés par l'Horloge Pyrique, sur laquelle deux flammes se consumaient encore, dont l'une de moins en moins. Devant lui, dans les hauteurs près du sommet de la montagne, deux temples…

Rhadamanthe : Plus qu'une maison et j'y suis enfin !! La chambre du Grand Pope !!

Et il prit la route des escaliers menant à la maison des Poissons.

Dans le temple du Verseau

Le spectre de la Chauve-Souris avait toujours les deux pieds coincés dans de la glace qui le maintenait au sol. Devant lui, en arrière, se tenait le chevalier de bronze de Pégase, qui constatait la situation, et le chevalier d'argent de la Coupe, sans réaction, à terre dans un tas de débris d'armures.

Aritaki : Amusant ta position ! Mélétos a fait le plus gros du travail, à moi de terminer ce qu'il a commencé…tout à l'heure, tu as réussi à passer dans la maison du Capricorne, mais cela ne se reproduira plus ici…
(concentre son cosmos pour attaquer)
- Attends, Aritaki…

Le chevalier d'argent de la Coupe revenait à lui en bougeant difficilement les mains sur le sol. Il bougea un bras, puis les deux, et tenta de se remettre debout en faisant à nouveau brûler son cosmos.

Aritaki : Tu es blessé…laisse-moi, je te dis que je vais en venir à bout !
Mélétos : Alors…faisons-le…à deux…
Desmond (ironique) : Comme c'est touchant…mais, en attendant, laissez-moi me défaire de mes liens !!

Et le spectre brûla à nouveau son cosmos, prêt à attaquer.

Desmond : Par l'Envol de la Chauve-Souris !!

D'une détente fabuleuse, le spectre s'envola dans les airs, arrachant littéralement ses pieds de l'emprise de la glace au sol, comme de la vulgaire gelée. Il retomba devant les deux chevaliers, prêt à se battre à nouveau.

Desmond : J'allais réussir à me libérer, tôt ou tard…de plus, maître Rhadamanthe a franchi ce temple…ce qui veut dire que le bloc de glace que tu avais produit, chevalier de la Coupe, a disparu, et que ta force a donc considérablement diminuée…
Mélétos (se remet en position) : Peut-être, mais, tout à l'heure, j'avais deux spectres face à moi…cette fois, c'est toi qui es seul, face à deux chevaliers d'Athéna !!
Aritaki : Mélétos ! A part Rhadamanthe, c'est le dernier spectre encore en vie dans cette bataille…tous les autres qui s'étaient introduits, depuis la maison du Bélier, ont péri…finissons-en avec lui et il ne nous restera alors plus que Rhadamanthe…il doit rester un peu plus d'une heure…nous pouvons le faire !! Nous pouvons remporter cette bataille des douze maisons !!
Desmond : Parce que vous croyez que je vais vous laisser faire ?? Des 35 spectres affiliés au Juge Rhadamanthe, apprenez que je suis aussi l'un des plus puissants !! Voyez un peu !! Que le Cri des Ténèbres te déchire !!

En plus qu'un cri déchirant perçait les oreilles des deux chevaliers douloureusement, une cosmo-énergie surpuissante déferla sur eux, avec presque autant de puissance que les coups portés précédemment par Rhadamanthe.

Mélétos : Je n'ai pas dit mon dernier mot…par la Poussière de Diamant !!
Aritaki : Par le Poing de Pégase !!

Une explosion retentit dans le temple, qu'entendit Rhadamanthe, pourtant déjà loin de là. Un nuage de fumée se forma, une sorte de brouillard dense, dû à la condensation du froid produit par Mélétos. Pourtant, quand la clarté revint, les deux chevaliers d'Athéna étaient à terre, tous les deux, et le spectre debout, devant eux ! Aritaki était blessé aux deux bras et les épaules de son armure partiellement brisées. Quant à Mélétos, son armure d'argent, pourtant plus puissante que celle de Pégase, n'avait pas supporté le choc et s'était totalement disloquée. Il ne lui restait plus que ses jambières.

Desmond : Et voilà !! Voilà qui est fait…je vais pouvoir y all…AAhhhhh !!!

Une nouvelle douleur vive lui parcourut les jambes. Une glace, d'un cristal des plus purs, se forma autour de ses jambes, et le retint à nouveau prisonnier au sol !! Cette fois, la glace ne lui emprisonnait pas seulement les chevilles, mais lui remontait jusqu'aux genoux.

Desmond : Encore !! Il a réussi à me surprendre…ce froid…quelle vive douleur…ahhhggh…(concentre son cosmos)
Mélétos : C'est inutile, chevalier…
Desmond : Comment as-tu réussi une chose pareille ? Ton armure est brisée, tu es à l'agonie…et pourtant, tu peux encore produire un tel froid…cette Poussière de Diamant est pourtant moins puissante que ta première attaque…
Mélétos : C'est exact, mais, en tant que chevalier des glaces, comme mon maître et mes apprentis, je peux produire cet élément jusqu'à mon dernier souffle…même par un froid intense, mon cosmos me protège des effets de la température et ne me fait presque rien…il n'en est pas de même pour toi. C'est pourquoi je vais continuer !! tu vas mourir de froid, spectre !! (concentre son cosmos)
- A…attends…

Aritaki se relevait à nouveau, prêt à se battre.

Desmond : C'est étonnant, cet entêtement que vous avez à toujours vous relever, alors que vous êtes tous les deux à l'article de la mort !
Aritaki : Tu ne comprends donc pas…C'est pour Athéna que nous nous battons…
Desmond : Et moi, ne croyez-vous pas que le dieu que je sers et défends, n'est pas pour moi source de motivation ?
Mélétos : Dans ce cas, sers t-en pour te libérer du bloc de glace dans lequel je t'ai emprisonné les jambes !!
Desmond : C'est ce que je vais faire !! Par l'Envol de…aaghh !!

Le spectre concentra son énergie désespérément, mais dut se faire une raison. Il ne pouvait vraiment plus bouger les jambes !

Desmond : Alors je vous anéantirai sans bouger de place !! Que le Cri des Ténèbres de déchire !!
Mélétos : Par le Tonnerre de l'Aube !!
Aritaki : Le Poing de ….aaghhh !!!

Aritaki fut emporté dans une rafale par l'attaque de Desmond, sans pouvoir réagir, et retomba à nouveau au sol. Mélétos, lui, épargné dans un premier temps par le tourbillon, sentit une vive douleur lui déchirer les oreilles. Desmond,, enfin, s'était finalement libéré de l'emprise de la glace !! Mélétos ne se préoccupa pourtant pas de lui et alla voir Aritaki, allongé à terre, qui ne bougeait plus.

Mélétos : Chevalier de Pégase !!
Aritaki : AGhh…je crois que j'ai un peu trop présumé de mes forces…j'ai réussi à me relever de mon précédent combat et à me rendre dans cette maison pour te prêter main forte…mais je crois que mon rôle s'achève ici…

Il ferma les yeux ; pourtant, une rapide prise de pouls indiqua au chevalier de la Coupe que son compagnon était toujours en vie. Lorsqu'il se retourna, il vit le spectre de la Chauve-Souris se tenir face à lui.

Desmond : Je suis toujours là !! Et j'ai à nouveau réussi à me libérer de l'emprise de ta glace…sans armure pour te défendre, je me demande bien comment tu comptes t'y prendre pour te battre encore !
Mélétos : Je n'en ai pas besoin pour en finir !!

Et les deux adversaires se tinrent à nouveau face à face, en se repositionnant au milieu de la pièce principale. Le combat se jouait désormais entre eux deux.

Desmond : Il est temps d'en finir ! Je me demande bien ce que tu as encore en réserve !
Mélétos (pensant) : Il a encore beaucoup trop d'énergie en lui…Je n'ai plus d'armure…s'il me touche encore, au prochain coup mon corps se brisera…je n'y survivrai pas…je vais devoir tenter l'impossible…pardonnez-moi, maître…

Une image floue se reforma en lui, dans ses souvenirs. Trois très jeunes garçons, une quinzaine d'années à peine, se tenaient avec un quatrième plus grand et beaucoup plus âgé. Son visage contenait de nombreuses rides et semblait usé par les années passées, pourtant, sa vitalité était intacte. Tous les quatre marchaient dans un paysage enneigé, dans un ciel gris balayé de temps à autre par des bourrasques de vent, déplaçant à chaque fois des milliers de flocons qui leur fouettaient le visage. Pourtant, aucun des quatre ne portait de manteau, et une simple chemise de tissu déchiré leur habillait le haut du corps.

Le vieil homme : Nous y sommes presque…voyez cette montagne…

En fait de montagne, l'homme âgé désigna un énorme rocher de glace, qui se hissait non loin d'eux, s'élevant du tapis de neige dans lequel ils marchaient.

Le vieil homme : Nous sommes ici dans les confins du royaume de Norvège, au bord de la mer de Balte, là où le monde s'arrête…derrière cette montagne, c'est le mystérieux royaume d'Asgard, où nous n'avons pas le droit de pénétrer. Je vous ai amenés devant ce rocher pour une raison bien précise. Vous savez ce qu'il vous reste à faire…bonne chance, mes élèves !
Un des jeunes : maître Hippolyte, c'est trop nous demander ! Nous ne pourrons jamais parvenir à le briser…
Le vieil homme : Pourquoi donc t'es-tu entraîné, depuis trois longues années à mes côtés ?? Il est temps de montrer de quoi vous êtes capables !
Un autre : Bon, si Bradley a peur de se ridiculiser, moi je tente le coup !! (brûle son cosmos) Par la Poussière de Diamant !!

L'attaque, pourtant maîtrisée parfaitement, ne sembla qu'une caresse de neige sur le mastodonte de glace. Lequel renvoya l'attaque à son expéditeur, sans prévenir ! Le jeune garçon s'effondra au sol.

Un autre garçon : Todd !!
Hippolyte : Laisse-le, et tente ta chance…
Le garçon : Par le Tonnerre de l'Aube !!

L'attaque fut beaucoup plus puissante et rapide que la première, pourtant, le bloc de glace scintilla du haut en bas dans un éclair de lumière, et rien ne se passa.

Todd et Bradley : Mélétos !! Attention !!

Mélétos, puisque c'était lui, eut juste le temps de bondir sur un côté pour éviter à nouveau le retour de l'attaque du rocher.

Mélétos : Maître Hippolyte !! Nous ne serons jamais dignes de vous !!
Hippolyte : Détrompez-vous…en effet, jamais vous ne pourrez briser ce bloc ce glace. Aucun de vous trois ne peut y parvenir…mais vous venez de me montrer que vous maîtrisiez les techniques que je vous ai enseignées, et que vous êtes presque dignes de porter les armures pour lesquelles vous vous entraînez si durement…

Les trois apprentis sourirent confusément. Leur maître ne les avait emmenés en cet endroit que pour avoir la confirmation de ce qu'ils avaient appris…pourtant…ce grand bloc de glace…était-il réellement impossible de la briser ?

Mélétos : Maître !! Est-il réellement impossible de briser ce rocher ? Vous le savez mieux que personne !! Votre pouvoir vous le permet, j'en suis certain !
Hippolyte : Tu as raison…vous possédez actuellement un grand pouvoir, que vous ne soupçonnez pas encore…Todd, Bradley, vous maîtrisez la poussière de Diamant, ce qui vous place, pour l'instant, au niveau de chevaliers de bronze…Mélétos, ton pouvoir est plus grand…ta vitesse s'est beaucoup accrue, et ton Tonnerre de l'Aube égale le niveau d'un chevalier d'argent…mais, pour parvenir à la maîtrise ultime du pouvoir de la glace, il vous reste beaucoup, beaucoup à apprendre…il se peut, il est même probable, qu'aucun d'entre vous n'y parvienne jamais…

Et, sans regarder les trois apprentis, sans réaction devant de telles paroles, le vieux Hippolyte se mit en face du rocher, en joignant les mains puis en levant les bras au-dessus de sa tête. Une aura dorée se forma. Jamais les trois jeunes hommes n'avaient vu un tel cosmos. Leur maître ne portait que rarement son armure devant eux, et pourtant, ils voyaient bien là toute la puissance du chevalier d'or. Il fit retomber ses bras devant lui. Chaque mot fut prononcé distinctement, dans le calme et la sérénité des lieux.

Hippolyte : Par l'Exécution de l'Aurore !!

Une énergie surpuissante s'abattit sur la montagne de glace. Un éclair la fendit en deux et l'édifice naturel s'effondra en petits cubes qui se désagrégèrent peu à peu…il ne restait plus rien du colosse de glace qu'ils n'étaient même pas parvenus à ébrécher…

Mélétos : …Desmond !! Spectre de la Chauve-Souris !! Ton heure est venue !!
Desmond : Mais…que fais-tu ? Pourquoi joins-tu les mains ainsi, au-dessus de ta tête ? Que signifie cette position ?
Mélétos : Je vais faire honneur à mon maître, et me montrer digne de son enseignement !! De même que la Poussière de Diamant est l'attaque d'un chevalier de bronze…le Tonnerre de l'Aube est celle d'un chevalier d'argent…reste à te montrer ce qu'est l'attaque que maîtrise le chevalier d'or !!
Desmond : Tu n 'espères tout de même pas égaler la puissance des chevaliers d'or ??
Mélétos : Je n'ai que peu de chance d'y parvenir…mais, tant que j'ai un espoir…
Desmond : Tu ne m'impressionnes pas ! (pensant) Pourtant, ce froid est de plus en plus vif dans le temple…quelle douleur…tout mon corps est gelé…et s'il disait vrai…
Voyons ce que tu peux faire pour m'empêcher de partir ! Par l'Envol de la Chauve-Souris !!

Le spectre s'envola tout en frappant violemment le chevalier d'argent dans le ventre, alors qu'il n'était pas encore prêt pour porter son attaque. Il commençait déjà à se diriger vers la sortie. Déconcentré, Mélétos dut s'interrompre.

Mélétos : Ahh !! Traître ! Tu espères t'enfuir ?!! Reviens ici !!

Une course-poursuite s'engagea alors entre les deux adversaires ! Desmond avait fui de la grande pièce circulaire et principale du temple du Verseau, et courait à vive allure vers la sortie. Au bout du couloir, il l'aperçut…un trou béant dans le noir…et puis…

PAF !!!

Le spectre de la Chauve-Souris retomba au sol, le visage ensanglanté. Sa tête avait heurté de plein fouet un nouveau mur de glace, totalement transparent, qui s'était reconstitué depuis le départ de Rhadamanthe !!

Mélétos : Ca t'apprendra ! Tu viens de montrer non seulement ta lâcheté, en tentant de fuir ce combat, mais aussi ta bêtise, en agissant sans réfléchir !! (regarde son corps inerte) Aritaki et d'autres chevaliers t'avaient déjà blessé dans les maisons précédentes…il est temps de mettre un terme à ton avancée dans les douze maisons !!
- Que le Cri des Ténèbres te déchire !!
Mélétos : Ahhh !!

Sans qu'il y prenne gare, le spectre s'était relevé d'un seul coup, comme si le coup reçu en pleine figure par le bloc de glace ne lui avait rien fait, et avait surpris Mélétos. Le chevalier d'argent de la Coupe retomba au sol, une douleur toujours plus vive dans les oreilles, et y porta les mains, presque instinctivement, bien que cela n'eût aucun pouvoir curatif sur la douleur.

Mélétos : Tu es vraiment sans aucune morale…non seulement tu essaies de fuir pour échapper à mon attaque…mais, même à terre, tu simules d'être blessé pour pouvoir me surprendre…de tels procédés sont totalement déloyaux, de la part d'un chevalier…
Desmond (se défend) : Et alors !! Nous sommes en guerre ; nous ne nous battons pas pour nous amuser ! J'estime que, dans ces circonstances, tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins ! Et la ruse fait partie de ces moyens !!
(concentre son cosmos) A ma prochaine attaque, je vais en finir avec toi !! Et enfin faire céder ce mur de glace que tu as réussi à reconstituer…
Mélétos (sourire amusé) : Avoue malgré tout que, tout à l'heure, tu as pris peur en me voyant imiter le chevalier d'or qui est mon maître…tu n'emmènes pas large, comme spectre, toi qui te dit puissant…
Desmond (commence à perdre ses moyens) : Grrr…Tais-toi !! Finissons ce combat, à présent !

Le lieu du combat avait changé, et s'était déplacé de la pièce principale du temple, circulaire, au bout du couloir qui marquait la limite du temple, côté sortie. Le couloir, bordé de piliers doriques, était malgré tout assez large pour que deux adversaires puissent s'y affronter. Dans le dos du spectre, qui s'était retourné vers Mélétos, se tenait le large mur de glace, invisible, qui faisait rempart avec l'ouverture entre les murs qui marquait la sortie.

Desmond : Allez !! Cette fois, je vais mettre toute ma puissance dans…

Mais un bruit très particulier attira les oreilles des deux adversaires. Un bruit qui venait de l'extérieur du temple. Une sorte de murmure, de bruissement lointain…

Desmond : Ce bruit !! Comme…comme un feu qui s'éteint…
Mélétos (nouveau sourire amusé) : Ha ha ha…

Au dehors du temple, un peu plus en contrebas dans la montagne, la grande tour de l'horloge pyrique…l'horloge de feu, sur laquelle douze flammes bleutées brûlaient à l'origine, symbolisant les douze signes du zodiaque…une nouvelle s'éteignit à ce moment précis, en produisant ce faible murmure que Desmond et Mélétos entendirent pourtant.

Il ne restait plus qu'une flamme, une seule, sur l'horloge, à présent !!

Mélétos : Tu sais ce que cela veut dire, spectre…il ne reste plus qu'une heure !! Une heure pour aller au bout des douze maisons !! Dans soixante minutes, nous aurons gagné cette bataille…Athéna aura réussi…
Desmond : Et alors !! J'ai encore le temps de te tuer, de rejoindre mon maître et de franchir la dernière maison !!
Mélétos : J'en doute…
Desmond : Notre mission, dans ce Sanctuaire, était de franchir les Douze Maisons avant un délai imparti de douze heures, pour atteindre Athéna avec maître Rhadamanthe…même s'il y parvient seul et que tous les spectres qui l'accompagnaient périssent, cela n'a pas d'importance…il aura quand même réussi…
Mélétos : Sais-tu au moins quel est le but de ta mission ? Ce que vous êtes venus chercher au bout des douze maisons ? Que voulez-vous au juste à Athéna ?? Pourquoi voulez-vous tant l'atteindre, coûte que coûte ??
Desmond : Cela n'est pas ton problème !! De toutes façons, tu seras mort sans le voir de tes propres yeux !!
Mais, assez parlé !! Puisque le temps presse désormais, je vais en finir !!

Et le spectre concentra toute son énergie, y mettant toute sa volonté, comme s'il voulait donner un ultime coup. Une aura pourpre se forma autour de lui…Mélétos, quant à lui, joignit à nouveau les mains vers le ciel, prêt à tenter une dernière attaque, lui aussi. Mais la plus puissante de toutes.

Desmond : Inutile !!! Tu n'es qu'un chevalier d'argent, tu n'y parviendras jamais !!
Mélétos (pensant) : Mon armure est brisée, mon corps meurtri de coups, et je ne survivrai pas à la prochaine attaque…mais je veux me montrer digne de vous, maître…Donnez-moi le droit de vous imiter !!

Les deux cosmos étaient désormais poussés à leur paroxysme. Les deux combattants se regardaient fixement dans les yeux, sans se lâcher du regard, et la tension était palpable…

Desmond : Tu m'as retenu longtemps, mais maintenant, meurs !! QUE LE CRI TES TENEBRES TE DECHIRE !!
Mélétos : PAR L'EXECUTION DE L'AURORE !!!

Une explosion de lumière retentit loin à l'extérieur du temple, jusqu'aux maisons voisines…Un froid intense, plus vif que jamais, envahit toute la maison du Verseau, et les pierres des murs prirent une teinte bleue en se couvrant d'un gel plus coupant que du verre…Le combat touchait à sa fin.

Très loin de là

Dans des contrées orientales de l'Empire ottoman, quelque part dans une vaste plaine, un groupe d'hommes courait dans la nuit noire. Ils étaient une dizaine, et tous suivaient derrière l'un d'entre eux, dans une course déterminée. Tous portaient de longues capes en toile de jute, qui leur couvrait la totalité du corps. Leur vitesse était prodigieuse, à peine perceptible à l'œil nu. Ils semblaient courir depuis plusieurs heures, sans jamais se fatiguer.
L'un d'entre eux prit pourtant la parole, alors qu'ils continuaient de courir.

L'homme : Voilà bientôt trois heures que nous courons à vive allure…nous pourrions pourtant utiliser nos cosmos, et aller encore plus vite pour arriver plus tôt !! Pourquoi ne pas hâter le pas ?
Un autre : Les douze heures ne sont pas encore écoulées, Pélops…et puis, tu es le seul chevalier d'argent dans le groupe…les autres ne pourraient pas te suivre…
Pélops : Qu'est-ce que tu entends, par " les douze heures ne sont pas encore écoulées " ??
L'homme : Tu devrais le comprendre, non ? Athéna et les chevaliers d'or ne sont pas au Sanctuaire…mais Rhadamanthe et les spectres qui l'accompagnent, continuent de croire le contraire !! Tant que cette bataille des douze maisons n'est pas terminée, nous devons cacher nos cosmos pour ne pas être repérés…si Hadès avait connaissance de sa présence en Chine, le plan d'Athéna aurait échoué…
Un autre : Nous ne sommes pourtant pas avancés ! Il doit rester une heure avant la fin de la bataille, mais nous, nous avons encore plusieurs jours de route à ce rythme pour rejoindre Athéna !
L'homme : Patience !!

L'un des chevaliers de bronze qui constituait le convoi écouta le chef d'un air dubitatif, et s'adressa discrètement à Pallas, chevalier de bronze de la Chevelure de Bérénice, sans qu'il ne l'entende.

Le chevalier : Pallas ! J'aimerais enfin savoir. Qui est cet inconnu que tu nous as exhorté à suivre depuis tout à l'heure ?
Pallas (embarrassé) : Je…j'ai juré de ne rien répéter pour l'instant…son identité doit rester secrète…désolé, Astyanax.
Astyanax (outré) : Mais nous sommes en train de suivre un inconnu dont nous ne savons rien, en désobéissant aux consignes qu'Athéna nous avait données, celles de rester au Sanctuaire !! Il serait temps de comprendre !
Pallas : Ecoute, vous le saurez bientôt…aie confiance…

Un peu plus loin, le groupe de dix chevaliers atteignit un gigantesque bras de mer, où la terre se divisait en deux. Il n'y avait pas d'autre solution : il fallait le franchir, à la nage ou sur une embarcation.

L'homme : Le détroit des Dardanelles…c'est un passage obligé. Il nous faut une embarcation…

Et le petit groupe erra quelques minutes dans un village de pêcheurs sur les rives pour trouver une embarcation…mais, en pleine nuit, une telle chose n'était pas aisée. Néanmoins, un pêcheur encapuchonné vint les accoster de lui-même.

Le pêcheur : Vous avez l'air perdus, messieurs…Vos longs manteaux me laissent à penser que vous venez de loin…puis-je vous renseigner ?
L'homme : Nous venons d'Athènes et nous voudrions franchir la rive pour nous rendre en Anatolie…nous devons nous y rendre pour affaire, avant le lever du jour…auriez-vous un moyen pour nous y aider, noble pêcheur ? Nous vous paierons, bien entendu…
Le pêcheur : Voilà une drôle d'idée que de franchir le Détroit en pleine nuit…mais la mer est assez calme aujourd'hui et, si vous y tenez, j'ai, effectivement, de quoi vous y emmener…

L'affaire fut conclue et le petit groupe suivit le pêcheur, qui les emmena vers une grande barque, sur le rivage. La scène était assez pittoresque. Onze hommes prenaient place dans une vaste embarcation, au beau milieu de la nuit. Tous étaient recouverts d'une longue cape encapuchonnée, et on ne distinguait presque pas leur visage, pas plus du pêcheur que des dix autres.
Ce dernier mit à l'eau son embarcation et distribua des rames à chaque passager…les dix voyageurs se prêtèrent volontiers à l'exercice, et le bateau se mit en route…
L'un des chevaliers de bronze, qui trouvait le silence de la situation monotone, voulut converser avec le pêcheur.

Le chevalier : C'est tout de même curieux…dites-moi, pêcheur, la mer poissonne t-elle autant pour que vous continuiez de pêcher, même en pleine nuit ?
Le pêcheur : Absolument…cette activité me permet de me nourrir correctement, moi et les miens…et, la nuit, je ne souffre pas de la concurrence…nous sommes nombreux en cette région, vous savez…alors, travailler la nuit me permet de vivre un peu mieux…
Le chevalier : Quelle chance, en tout cas, de vous avoir trouvé sur notre route…nous sommes vraiment hâtés par le temps…nous devons être en la ville de Milet pour demain…
Le pêcheur : Je ne sais pas si c'est une chance pour vous de m'avoir rencontré…c'en est plutôt une pour moi…
Le chevalier : Quoi ??
Le pêcheur : J'ai à mes côtés dix chevaliers d'Athéna qui vont bientôt mordre la poussière !!
Tous : COMMENT ???

Tous regardèrent fixement le pêcheur. Comment connaissait-il leur existence, et pourquoi les menaçait-il ?? On ne distinguait toujours pas son visage. L'embarcation s'était à présent immobilisée en pleine mer.

Pallas : Qui…qui es-tu !!?? Présentes-toi sous ta vraie identité…
Le pêcheur : Si vous y tenez…

L'homme tira alors sur sa cape et la fit tomber. Il dévoila alors son corps, recouvert d'une armoire d'un noir d'ébène, qui lui couvrait la quasi-totalité du corps. Son visage, glacial, était rendu hideux par de gros sourcils ébouriffés et une épaisse pustule à droite du nez.

L'homme : Je suis Xénophon, spectre du Requin, de l'étoile terrestre de l'Appétit !! Et cette mer, que je connais mieux que quiconque, sera votre tombeau !
Les autres : Aghh !!

D'un geste, Xénophon fit tomber toutes les rames à l'eau. L'embarcation était maintenant à la dérive, au beau milieu du Détroit des Dardanelles, et il n'y avait plus aucun moyen de rejoindre l'une des deux rives. Y aller à la nage devait être périlleux…l'embarcation était petite, mais ils n'avaient pas le choix, ils allaient devoir se battre !! Pourtant, la plupart gardèrent leur calme, sans paniquer à la présence d'un spectre d'Hadès en un tel lieu.

Pallas : Comment se fait-il qu'un spectre soit ici, au beau milieu du monde ?
Xénophon : Mon maître Minos, l'un des Juges suprêmes des Enfers, nous avait prévenu que des chevaliers d'Athéna essaieraient d'aller en Chine par leurs propres moyens pour tenter de rencontrer Hadès…Il a demandé à certains d'entre nous de se poster à plusieurs endroits précis de la route qui conduit à l'Empire du Milieu…en venant d'Athènes, le Détroit des Dardanelles est un passage obligé pour atteindre l'Anatolie, puis l'Asie Mineure…or, je suis moi-même originaire de cette région, où j'ai exercé le métier de pêcheur pendant de longues années !!
Pallas : Tu as donc surveillé de près cet endroit depuis que la bataille des douze maisons a commencé…tu es malin, j'avoue…
Xénophon : Oui, et vous voici coincés en pleine mer, sans pouvoir fuir !! Assez parlé…je connais cette mer mieux que quiconque et je peux vous y envoyer faire un tour…elle est infestée de requins, sachez-le !! Par les Mâchoires Sanguinaires !!

Des dizaines de dents pointues et acérées apparurent dans une sorte de halo de lumière en pleine nuit, et foncèrent sur le petit groupe de chevaliers, comme prêtes à les dévorer tous…sur les dix du groupe, quatre firent tomber leur cape et tentèrent de riposter.

Pélops, chevalier de l'Autel : Par l'Offrande des Dieux !!
Pallas, chevalier de la Chevelure de Bérénice : Que la Chevelure te terrasse !!
Rémos, chevalier du Burin : Par le Choc du Burin !!
Astyanax, chevalier du Fourneau : Par le Feu des Entrailles !!

Une explosion de lumière jaillit, qui poussa les quatre chevaliers à l'eau ! Le spectre du Requin, lui, n'avait rien et les regardait, amusés. Cinq autres du groupe se mirent debout et déchirèrent leurs capes, en dévoilant leur armure de bronze. Seul l'inconnu du groupe, celui qui les avait fait sortir du Sanctuaire, ne bougeait pas, toujours revêtu d'une cape. Un aileron de requin apparut non loin de là…

Tubal, chevalier de la Girafe : Monstre !! Fais les remonter à la surface !!
Xénophon : Que me donnerez-vous en échange ??? Hi hi hi hi…
Ganylos, chevalier du Petit Cheval : Grr… Par la Ruée du Cheval !!
Xénophon : Que crois-tu me faire avec ce coup misérable ?? Par les Mâchoires Sanguinaires !!

Des cinq chevaliers restants, trois tombèrent à l'eau à nouveau, touchés en pleins membres par les dents acérées de l'attaque du spectre. Il ne restait plus que deux chevaliers de bronze face à lui, ainsi que l'inconnu du groupe, qui n'avait toujours pas bougé. Dans l'eau, les sept chevaliers se débattaient toujours en essayant de s'agripper à l'embarcation. Soudain, deux d'entre eux se mirent à hurler à la mort.

Pallas et Tubal (cris atroces) : AAAAAHH !!! AAAHGGGHH !!!

Pallas et Tubal disparurent bientôt sous l'eau, et ne réapparurent plus, aspirés dans les profondeurs. Une nappe rougeâtre se forma en quelques instants à la surface de l'eau…il ne restait déjà plus rien des corps du chevalier de bronze de Bérénice et de la Girafe, dévorés sur place.
Les deux chevaliers de bronze restants dans la grande barque tremblaient de tous leurs membres à l'idée de connaître le même sort. Xénophon paraissait vraiment se délecter de la situation.

Xénophon : Maintenant, c'est votre tour, et ensuite je m'occuperai du dernier, là, qui reste sans rien dire sur le banc !!

Mais celui-ci se leva alors d'un bond vers le spectre, toujours recouvert de sa longue cape intégrale.

L'homme : Par le Tourbillon de Poussière d'Etoile !!

Un éclair doré jaillit de ses deux mains ouvertes et s'abattit sur le spectre qui tomba à son tour dans l'eau, à la renverse. Un aileron se rapprocha très vite de lui…

Xénophon : Non !! Je suis votre maître à tous ! Vous ne devez pas…aaaHHHH ! AAAHHH !!

Le corps du spectre disparut à son tour dans les profondeurs du Détroit Quelques lambeaux de chair remontèrent à la surface…pendant que les requins étaient occupés avec leur proie, l'homme à la cape aidait les quatre rescapés de la mer à remonter dans la barque. Ils s'assirent pour sécher et, lorsque leur peur fut retombée, ils regardèrent leur chef de convoi, incrédule.

Rémos : Cette attaque !!! Le Tourbillon de Poussière d'Etoile, c'est l'attaque de…
L'homme : Bon, allez, fini les mystères, de toutes façons il est temps que vous le sachiez…

Et l'Homme fit enfin tomber sa cape. Un individu aux cheveux roux apparut, vêtu d'une armure d'un métal étrange, d'un blanc éclatant qui n'était pourtant pas de l'argent. Des cornes pointues s'enroulaient autour de ses épaules. Deux points rouges ornaient le front de son visage à la place des sourcils.

L'homme : Je suis Jason de Heinstein, chevalier d'or du signe du Bélier !!

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Cette fiction est copyright Christophe Becquet et Fabrice Willot.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.