Annexe 1 : Génèse du Big Will


Raconté par sa majesté Hadès, dieu des Enfers

Je suis né dans un monde où les hommes n'existaient pas, je suis né dans un monde où la laideur pas plus que la beauté n'existait, je suis né dans un monde qui n'avait pas encore été touché par le Big Will.
Selon les Grecs auxquels les Olympiens racontèrent cette histoire les choses se passèrent ainsi :
Il y eut d'abord le Chaos
Tout était là mais rien n'était à sa place, les atomes se croisaient sans que quelque chose de concret n'émerge
Puis vint Nyx, la nuit
Puis vint Ereb, la voûte étoilée
Ensuite vint Gaïa, la Terre
Gaïa engendra Ouranos, le ciel
Ouranos déversa sa semence sur Gaïa sous la forme d'une pluie d'or
De cette union naquirent les trois premiers Cyclopes, les trois Hécatonchires, géants à 100 bras, les Géants et les Ménades, les esprits maléfiques qui tourmentent les troupeaux.
Ouranos regarda sa progéniture et s'en montra peu satisfait
Il les enferma tous dans le Tartare, la fosse la plus profonde du monde souterrain dont on dit qu'il faut 100 jours et 100 nuits pour y tomber.
Ouranos reprit son œuvre et le ciel vint étreindre la Terre à l'endroit où l'on distingue la fin de l'horizon
Naquirent alors d'autres monstres
Ceux qu'Ouranos ne tua pas devinrent des divinités, les divinités chtoniennes, leurs noms étaient Typhon, Echydna ou Nérée
Ouranos résolut alors d'obliger Gaïa à garder ses enfants dans son ventre de façon à ce qu'ils ne puissent jamais l'inquiéter
Ainsi naquirent les douze Titans qui étaient condamnés par leur père à ne jamais voir la lumière du jour
Un Titan plus déterminé que les autres parvint à s'enfuir, son nom était Cronos
Armé d'une faucille Cronos, profitant du sommeil de son père, s'approcha du lieu où se reposait le ciel
D'un coup de faucille il castra son géniteur, d'un autre coup il le décapita
Il libéra alors les Titans et tout ensemble ils découpèrent leur père et dispersèrent son corps dans le ciel, formant ainsi les nuages
Trois gouttes de sang d'Ouranos tombèrent sur Terre, elles prirent alors la forme de trois femmes à la chevelure de serpents et aux bras ailés, on les appela les Erynies ou Euménides " les bienveillantes "
Elles entreprirent de châtier Cronos pour son parricide
Dissimulées sous le manteau d'Ereb elles le harcelèrent chaque nuit, lui répétant que bientôt il aurait un fils qui lui ferait payer son crime
Cronos ne pouvait atteindre ces créatures invisibles, il eut beau s'armer son bras ne toucha jamais que le vide
Il ne pouvait trouver du réconfort qu'auprès de son épouse Rhéa mais il savait aussi que c'était elle qui était destinée à lui donner le fils qui mettrait fin à son règne
Il prit alors une décision terrible : chaque enfant qui naîtrait, il le mangerait.
Ce jour où je vis le jour, mon père vit l'Enfer s'ouvrir sous ses pieds. Ma mère Rhéa avait le visage illuminé de fierté d'avoir mis au monde un garçon. Mes yeux commençaient à peine à s'ouvrir quand je vis le visage de mon père. Il était bouleversé : j'étais le premier enfant d'une nouvelle génération, je n'étais pas le fils du Ciel et de la Terre, je n'étais pas le frère de ces monstres répugnants qu'étaient les Géants, je n'avais pas trempé mes mains dans le sang de mon père… J'étais le premier né d'un couple d'êtres qui s'était rebellé contre leurs créateurs.
Mon père me regarda affectueusement, il me prit dans ses bras et à ce moment il entendit les cris des Erynies " Tu auras un fils qui mettra fin à ton règne… " Mon père tenta de répliquer :

- Mais il est si petit, si inoffensif.
- On n'échappe pas à son destin.
- Que dois-je faire ?
- Ce que tu avais projeté de faire depuis longtemps.
- Si je le tue cesserez-vous de me tourmenter ?
- Si tu le tues nous cesserons de te poursuivre pour le meurtre de ton père…

Mon père me serra dans ses bras, il approcha son visage du mien, j'agrippai sa barbe bouclée avec mes petites mains. Des larmes coulèrent sur les joues de mon père et atteignirent ma bouche, elles avaient un goût de cendres.
Ma mère qui n'avait pas compris grand chose au monologue de mon père lui demanda s'il voulait me donner un nom.

" Pourquoi donner un nom à celui qui va mourir ? Pourquoi mettre un nom sur le visage d'une de ses victimes ? "

Et devant ma mère stupéfaite il ouvrit une bouche béante et m'engloutit.
Avec ce qui lui restait de souffle il hurla

- Etes-vous satisfaites ? Mon calvaire est-il fini ?
- Nous ne te tourmenterons plus pour le meurtre de ton père, désormais c'est le meurtre de ce fils que nous te reprocherons.

Mon père s'effondra, affligé par la cruauté du tour que le destin venait de lui jouer.

- Où s'arrêtera donc votre cruauté ?
- Nous n'arrêterons que lorsque tu seras détruit Cronos mais pas par nous. Celui qui te détruira sera ton fils.

Cronos hurla :

- Ah ! C'est ainsi ! Puisque je suis destiné à être détruit et que je ne peux espérer expier mes crimes je vais m'enfoncer dans l'infâmie ! Chaque fils que j'aurai je le mangerai, ainsi je ne serai pas détruit ! Mais ce n'est pas tout ! Je vais bâtir la plus haute et la plus solide forteresse que ce monde verra jamais ! Je bâtirai des murs si solides que vous ne pourrez jamais la pénétrer et ainsi l'univers comprendra que moi, Cronos vainqueur d'Ouranos suis indestructible car dites-vous bien que je préfererais détruire l'univers tout entier plutôt que d'en céder une parcelle ! Moi Cronos régnerai pour l'éternité ! L'eternité ! Ahahahah !!

A entendre ces paroles ma mère, la grande Rhéa frémit : ainsi son mari avait pris la décision de s'enfoncer dans la folie. Pourtant elle comprit vite que toute résistance aurait été inutile.

Pendant les années qui suivirent Cronos présida à l'édification de sa forteresse pendant le jour et étreinait Rhéa pendant les nuits dans l'espoir d'oublier les cris des Erynies. De leur union naquirent 5 enfants, 3 filles et 2 garçons. Quatre fois Rhéa lui apporta le nouveau né et quatre fois il dévora sa progéniture. Pourtant, chaque fois c'était avec amour qu'il les prenait des bras de leur mère si bien que chaque fois l'espoir décuplait l'angoisse de Rhéa.
Et, finalement, elle donna le jour à un fils qu'elle ne put se résoudre à perdre. Il brillait comme une étoile et le cœur de Rhéa saigna lorsqu'il sourit, inconscient du danger.

- Apporte-moi l'enfant ! rugissait le roi fou. L'enfant ! L'enfant !

Les mains tremblantes elle cacha le bébé sous les draps, puis fouilla désespérément la pièce des yeux. A côté de la porte était posée une pierre qui servait à la maintenir ouverte durant les heures chaudes de la journée. Cette pierre était de la même taille que le nouveau-né. Rhéa la prit et l'emmaillota hâtivement dans les langes.
Une gande ombre obscurcit la pièce. Rhéa leva les yeux. Cronos se tenait devant elle.

- Donne-moi l'enfant !

Les yeux de Cronos se posèrent sur les draps. Il prit la pierre emmaillotée des mains de Rhéa.

- Mon fils ! Mon fils ! dit le roi mi-chuchotant mi-grognant, et sa bouche s'ouvrit toute grande.

Il avala donc la pierre, tendit le bras, caressa la joue de sa femme, puis s'essuya la bouche et sortit de la pièce.
Après son départ, Rhéa tomba à genoux à côté du lit. Elle souleva les draps froissés et sursauta. Deux yeux d'or la regardaient fixement, et un sourire prophétique retroussait les lèvres du bébé.
Cet enfant fut élevé sur Terre, près du mont Ida en Anatolie, par les nymphes des bois et une titanide du nom de Métis qui devint sa première femme.
Là il apprit de la bouche des Erynies le destin de ses frères et sœurs, là il apprit à haïr Cronos.
Devenu adulte il décida d'accomplir la prophétie des Erynies.
Il devint donc valet au palais de Cronos et avec l'aide de Rhéa prépara son plan pour reprendre le pouvoir.
Une nuit les Erynies ne se manifestèrent pas. Pour la première fois depuis qu'il avait tué son père, Cronos dormit longtemps et paisiblement. Quand il se réveilla en sursaut il faisait grand jour. Il se serait senti parfaiement bien s'il n'avait pas eu aussi soif.
Il cria à un valet de lui apporter un verre de vin au miel (une vraie piquette soit dit en passant), mais son étrange soif n'en fut pas étanchée. Aussi lui apporta-t-on un second verre, il le vida d'un trait. Un troisième ! Le roi était toujours assoiffé. Vite ! Vite ! Il insulta le valet. A ce moment Rhéa, tout sourire, entra pour calmer son mari. Elle était suivie d'un autre valet portant un nouveau verre.

- Tiens, Cronos, mon seigneur et maître ! Bois ! Il ne faut pas que le roi ait soif. Bois tout ton sôul !

Alors Cronos prit la coupe et but.
A ce moment il vit Rhéa échanger un regard avec le valet qui semblait briller d'un étrange éclat. La boisson avait un goût amer, et sa gorge commençait à le brûler. Mais c'était trop tard, il avait vidé la coupe. Rhéa sourit, le valet sourit, et Cronos comprit qu'ils l'avaient empoisonné.

- Qui… qui es-tu ? murmura-t-il. (L'éclat du valet parut augmenter jusqu'à ce que Cronos aveuglé, soit obligé de détourner les yeux.) Qui… qui es-tu ?
- Demande-le aux Erynies, Cronos.

Sa gorge était en feu, et des aiguilles de douleur lui transperçaient le ventre. Il retomba sur le dos, tordu par des crampes et des nausées lui soulevèrent le cœur. Sa gigantesque bouche s'ouvrit de plus en plus, démesurément au point qu'il sentit ses tendons se déchirer. Ses mâchoires béantes, brutalement écartées, craquèrent, les os volèrent en éclat. Et durant toute son abominable agonie, il vit Rhéa, son épouse et son fils, qui ne s'appelait pas encore Zeus, l'observer avec une haine implacable.
Puis Cronos commença à vomir. Six fois de suite, le Titan empoisonné régurgita ses enfants qu'il avait avalés. Lorsque les spasmes cessèrent enfin. Cronos contempla avec épouvante ce qu'il avait rendu. Devant lui, telles des colonnes de feu, se dressaient les enfants qu'il avait dévorés. Au milieu d'eux se tenait Rhéa, berçant ironiquement dans ses bras la pierre avec laquelle elle l'avait trompé.

- Regarde tes fils et tes filles ! lui cria-t-elle. Regarde les dieux vengeurs !
- Comment est-ce possible ? Comment pouvez-vous être encore vivants alors que je vous ai dévorés il y a de cela des années.

En ma qualité d'aîné des dieux je pris alors la parole.

- Père. Après avoir tué Ouranos tu as dû observer un phénomène étrange.
- Oui c'est vrai. Ouranos mort le ciel se fendit en une multitude de nuages entre lesquelles s'engouffra la lumière du jour.
- Ce n'était pas la lumière du jour, c'étaient les rayons du Big Will.
- Le Big Will ?
- Oui, au commencement il y eut une gigantesque explosion qui généra l'univers. La déflagration de cette explosion prit la forme de rayons lumineux qui touchèrent un certain nombre de planètes et d'étoiles, c'est le Big Will qui fit du ciel Ouranos et de la Terre Gaïa. Vous-mêmes les Titans possédez le Big Will à l'état stagnant en vous.
- Mais alors qu'est-ce qui vous rend différents de nous ?
- Toi ! En m'avalant tu m'as confronté à la mort. Pour survivre j'ai dû faire brûler le Big Will en moi, je me suis en quelque sorte éveillé à la divinité et c'est ce qui m'a permis de rester en vie. Cette connaissance du Big Will et cette énergie je l'ai transmise à mes frères et sœurs au fur et à mesure que tu me les as envoyés. Aujourd'hui nous ne sommes plus les enfants d'un Titan, nous sommes des dieux car nous pouvons contrôler le Big Will qui brûle en nous.
- Mais et lui ? gémit Cronos en désignant Zeus. Lui, je ne l'ai pas dévoré !
- Lui, c'est différent : ce sont les Erynies, tes mortelles ennemies qui l'ont éveillées au Big Will de son vivant sans avoir à le confronter à la mort. Et comme il nous a libérés il est notre chef.

Cronos poussa un hurlement déchirant et s'enfuit.
Il s'enfuit dans les montagnes de granit, trébuchant à chaque pas et appelant l'univers à son aide. Il finit par atteindre sa forteresse et ce fut là que le gigantesque Atlas et tous les Titans de la première génération vinrent se joindre à lui pour combattre les dieux.

La guerre fit rage pendant 10 ans. Des montagnes gigantesques furent arrachées à la Terre et jetées comme des caillous contre le ciel où elles percèrent des trous noirs dans le tissu laiteux des étoiles. Vingt fois nous, les dieux, approchâmes de la forteresse de Cronos, et vingt fois nous fûmes repoussés.
Zeus se rappela alors un récit que lui avaient fait les nymphes du mont Ida : elles lui avaient parlé des prisonniers qui croupissaient toujours dans le Tartare, les Cyclopes et les géants aux cent mains, les enfants colossaux de la Terre-Mère que Cronos dans sa folie et son orgueil, avait oubliés.
Nous descendîmes donc dans le Tartare, traversâmes les bois de peupliers noirs et franchîmes le sombre et large fleuve Styx.
Après avoir fait brûler notre cosmos le brouillard se dissipa et nous aperçûmes les gigantesques prisonniers, enchaînés aux indestructibles falaises.
Des anneaux de fer immobilisaient les incroyables Géants aux cent mains et, à côté d'eux, si énormes qu'ils s'élevaient aussi haut que les falaises, les Cyclopes, dont l'œil unique reflétait une telle douleur et un tel désespoir que nous-mêmes en fûmes bouleversés.
Nous les libérâmes rapidement et les conduisîmes hors du Tartare.
Dehors nous pûmes contempler nos terribles alliés.
Pour la première fois depuis le temps du viel Ouranos les cyclopes souriaient. Ils regardèrent la forteresse de Cronos, hochèrent la tête et nous remirent les armes dont nous allions avoir besoin. A Zeus ils remirent les éclairs devant lesquels tout doit s'incliner, d'où son nom : Zeus le porteur de la foudre ; à Poséidon le trident qui ébranle le sol, d'où son nom : Poséidon l'ébranleur de la Terre ; et enfin ils me remirent à moi-même le casque d'invisibilité, je pris alors le nom d'Hadès qui signifie l'Invisible.
Je me coiffai alors de mon casque et disparus aussitôt, mes frères se cachèrent derrière moi et nous commençâmes à esclader la forteresse de Cronos.
Celui-ci était assis sur son trône. Les Erynies elles-mêmes ne pouvaient plus rien contre lui. Avec le monumental Atlas, il s'était juré de réduire l'univers en pièces plutôt que d'en céder une seule étoile.
Parfois, Cronos croyait voir le fantôme de son père le viel Ouranos, tapi dans un coin sombre, le menaçant d'une vengeance terrible. Cronos imaginait beaucoup de choses. Il imaginait que son épouse Rhéa était à ses côtés. Il imaginait qu'il était de nouveau jeune et que son père était encore vivant… et que les Erynies n'étaient que des oiseaux apprivoisés. Néanmoins il savait que tout cela se passait dans sa tête.
Cronos crut voir une légère ombre entrer par la fenêtre ouverte, c'était moi. De petits bruits parurent traverser la pièce. Cronos soupira. Il entendait beaucoup depetits bruits dans sa tête. Il s'adossa à son trône. A portée de sa main étaient posés son énorme lance et le cor dont l'appel ferait accourir tous les Titans et même les éléments, si jamais il avait besoin d'eux.
Il crut voir le cor bouger comme s'il se déplaçait de sa propre initiative, une fois encore c'était moi. Il ferma les yeux dans l'espoir que son mauvais rêve se dissipe. Il rouvrit les yeux. Son cor et sa lance avaient disparu. Il se redressa.
Moi, Hadès me tenait devant lui ! Il poussa un petit cri et se détourna. L'immense Poséidon était là, le menaçant de son trident !

- Des rêves… toujours des rêves ! geignit le Titan accablé.

A ce moment le monde entier s'embrasa et le flamboyant Zeus lui apparut. Cronos tomba de son trône à l'instant précis où la foudre frappait celui-ci, le réduisant en poussière.

- Des rêves… Toujours des rêves ! gémit Cronos gisant au milieu des décombres de sa puissance.

Mais le grondement du tonnerre avait réveillé les Titans. Conduits par le puissant Atlas, ils se ruèrent dans la salle pour secourir leur roi.
Numériquement inférieurs notre situation était critique et notre rapide victoire semblait sur le point de se changer en une non moins rapide défaite. Nous nous concertions pour déterminer le plan à suivre.

- Qu'est-ce qu'on fait ?
- On pourrait prendre Cronos en otage.
- Tu crois vraiment que ça les gênerait ?
- Même en unissant nos pouvoirs on arrivera pas à tous les tuer.

Je hochai la tête d'un air sombre. Il ne nous restait plus qu'à périr sans avoir pu accomplir notre vengeance et comme j'étais le seul à ne pas posséder une arme offensive je serais sans doute le premier sur la liste… Je pris alors la parole :

- Nous n'avons plus le choix : il nous faut vaincre ou mourir.

Je me tournai alors vers Cronos. Mais avant de quitter ce monde sans lumière j'aurais le plaisir d'accomplir la prophétie des Erynies !
Je m'avançai alors vers Cronos, recroquevillé derrière son trône. Ce Titan qui était mon père s'arrachait les cheveux et se lacérait la peau en espérant que la douleur physique lui permettrait de sortir de ce qu'il croyait toujours être un cauchemar.

- Des rêves, toujours des rêves.

Il était vraiment ignoble, je fis un pas vers lui et tendis la main vers son visage dans l'intention de le frapper de toute l'intensité de mon cosmos.

- Père, dans une seconde tu seras mort mais je te jure que ton supplice ne s'arrêtera pas là : même si les Titans m'envoient te rejoindre je ferai tout mon possible pour continuer à te tourmenter car tu es le premier meurtrier de la création, celui par la faute de qui tout est arrivé.

Je concentrai mon cosmos dans mes mains. Cronos eut alors une réaction qui me fit hésiter.

- Non, pas la lumière… Pas la lumière.
- Comment cela ? Cette pièce est sombre, on ne voit même pas le soleil.

Puis tout devint clair : Les Titans étaient fils du Chaos, ils ne connaissaient que le néant, la lumière du Big Will leur était inconnue. Ces êtres gigantesques avaient peur de nous car c'était la flamme du Big Will qui brûlait en nous tandis que eux n'étaient que le pâle reflet des forces de la nature qu'ils personnifiaient.

- Zeus, Poséidon ! Vite, enflammez vos cosmos, il faut que la lumière devienne si aveuglante que les Titans ne puissent plus y voir à un mètre.
- D'accord !

Zeus et Poséidon firent donc brûler leurs cosmos, dans cette forteresse lugubre qui s'élevait si haut que ses tours semblaient vouloir griffer les cieux ce fut comme si le soleil brillait en pleine nuit.
Les Titans Japet, Coios, Ocean, Hyperion et Creios n'osaient plus faire un pas.

- Cette lueur, je la reconnais : c'est la même lumière que celle qui émanait de père quand il nous a tous précipités dans le Tartare…
- … Oui je m'en souviens, à chaque fois c'était comme si le ciel s'embrasait.
- C'est donc cela l'énergie qui émane des êtres touchés par le Big Will.
- Oui, comme des soleils brillant en pleine nuit.
- Nous ne sommes que des étoiles dérisoires à coté d'eux.

En ce moment les Titans de la première génération étaient vraiment lamentables. Seul Atlas restait inébranlable.

- Je ne sui pas comme vous : je suis de la même génération que les dieux et jamais je ne me soumettrai ! Sa voix grondait comme le tonnerre et couvrait les gémissements des autres Titans. Même si je ne suis qu'une étoile dérisoire dans l'univers j'ai la volonté de dominer le monde !
Son père Japet tenta de le ramener à la raison.
- Mais enfin, tu ne peux rien contre des êtres animés par le Big Will.
- Si ! Je peux les frapper jusqu'à la limite de mes forces. Même si la Terre et le Ciel se renversaient je ne changerais pas de voie !!

Atlas s'avança alors vers nous, sa taille était tellement gigantesque que la lumière que nous projettions n'atteignait sans doute pas sa poitrine.
Il se rapprochait de plus en plus.
Pendant que mes frères tenaient les Titans à distance je m'étais penché par la fenêtre et avait appelé nos alliés les cyclopes et les hécatonchires (géants à cent bras) à la rescousse. Mus par une haine viscérale pour les Titans qui avaient négligé de les libérer du Tartare après la mort d'Ouranos ils escladèrent très vite la montagne et se trouvèrent bientôt à nos côtés.
Les géants aux cent bras se jetèrent alors sur les Titans toujours aveuglés par notre lumière et les frappèrent de toute la force de leur haine, chacune de leurs cent mains était une arme terrible dont les coups vengeaient leur abominable captivité.
Au milieu de la débâcle des Titans Atlas restait inébranlable. Il avançait droit vers nous. Poséidon tenta de l'arrêter en lui lançant son trident, l'arme du dieu l'atteignit en pleine poitrine mais il est un moment où la haine est plus forte que la douleur. Atlas aggripa l'arme à deux mains, la retira de sa poitrine et l'enfonça profondément dans le sol.
Poséidon recula.
Atlas avançait toujours malgré sa blessure sanglante à la poitrine.
- Vous, les dieux vous vous croyez supérieurs à nous mais en dix ans vous n'avez pas été capables de pénétrer cette forteresse autrement que par la ruse ! Comment pourriez-vous gouverner le monde ?

Zeus prit la parole.

- Votre règne était celui de la destruction, votre puissance était fondée sur le meurtre d'Ouranos. C'est avec ceci que nous dominerons le monde. Dit-il en désignant la foudre qu'il tenait dans ses mains.
- Ahahahah ! La foudre n'est qu'une arme fabriquée par les cyclopes et aucune arme n'est parfaite. Si vous voulez le pouvoir sur cette planète il vous faudra me l'arracher !

Pour toute réponse Zeus projeta la foudre sur Atlas. L'univers tout entier sembla s'embraser, il ne faisait aucun doute que notre ennemi avait été pulvérisé.
Mais ?! Non ce n'était pas possible !
Atlas était encore devant nous. Il se tenait debout. Pourtant son corps était carbonisé et je devinais que les flammes dans son dos n'étaient pas celles de son cosmos.
Zeus était incrédule.

- Comment ?
- Il faut croire que ce lieu n'est pas un lieu de mort pour moi. En fait je crois que ma haine pour les dieux me permet de surmonter la douleur.

Je m'avançai alors seul devant ce géant.

- Atlas, quelle que soit la force que tu déploieras contre moi tu ne pourras pas me tuer.

Atlas referma ses immenses bras sur moi et me pressa contre son ventre dans l'intention de me casser la colonne vertébrale.

- Et pourquoi ça ?
- Parce que la flamme du Big Will ne cessera jamais de brûler !
- Alors dans ce cas je vais écraser tout ton corps.

Je sentis chacun de mes os se briser sous la formidable pression que ce Titan exerçait sur moi. Je parvins toutefois à libérer une de mes mains puis l'autre.
Sur un signe de moi Poséidon me lança la lance du grand Cronos, je la saisis au vol et l'enfonçai profondément dans le front du Titan qui laissa échapper un cri de douleur mais ne me laissa malheureusement pas m'échapper de son étreinte.

- Atlas, tu as perdu !
- Comment ?!
- La seule chose dont j'avais besoin pour te porter un coup c'était que tu sois blessé à la tête.
- Quoi ?!
- Reçois l'attaque d'Hadès, le dieu des illusions ! Par l'illusion des ténèbres !

Atlas : Que se passe-t-il ? Ce dieu m'a frappé et puis plus rien. Où suis-je ? Mais je reconnais ce lieu, c'est le jardin des Hespérides, mes filles. Elles sont toujours aussi avenantes. Mais quelles sont ces pommes d'or qui poussent dans les arbres ? Il me semble qu'une de mes filles me le dit. Ah ce sont les pommes de l'immortalité… l'immortalité, si j'étais immortel je pourrais continuer la guerre contre les dieux jusqu'à la fin des temps sans craindre que la vieillesse m'affaiblisse. Moi Atlas serais un dieu, non encore plus qu'un dieu…
Je croque dans une de ces pommes. Oh c'est succulent, ce doit être ça le goût de l'immortalité. Mais, que se passe-t-il ? Je sens qu'un feu me brûle les entrailles, qui m'a donné cette pomme, ce n'est pas une de mes filles… non, cet homme qui irradie une telle lumière, c'est… Zeus ! Mais alors on m'a empoisonné ! Et comme pour le vieux Cronos ce sont mes victimes qui vont se dresser devant moi ! NON !
Mais qui est-ce donc qui se tient devant moi, il tient une pomme d'or, non une coupe, une coupe d'or massif. Cet homme est aussi sombre qu'un spectre. Je distingue son sourire, c'est HADES !

Hadès : Mon illusion a l'air de faire son effet, pour la première fois Atlas est vulnérable. Je crie à mes frères.
- Zeus, Poséidon ! Frappez-le de toute votre puissance !
- Mais… Tu es devant lui, si nous frappons maintenant c'est toi qui recevra nos coups.
- Combien de fois faudra-t-il vous le répéter ? Le Big Will ne s'éteint pas, il ne s'éteindra jamais. Nous avons une occasion unique de détruire notre pire ennemi, n'hésitez pas !
- Hadès… Tu es bien l'aîné des dieux. Nous accomplirons ton vœu.
" Par la trident qui ébranle le sol, Par la foudre divine ! Qu'Atlas soit détruit et que le règne des dieux commence ! "

Dans une fraction de seconde je serai mort mais je ne suis pas malheureux, j'aurai bâti une nouvelle ère.
Une larme coule sur ma joue, la première que je verse.

" Adieu Terre que j'aurais voulu être mienne. Et adieu Atlas ! "

Une décharge d'une violence inouïe, un bruit d'os qui craquent, le sang qui sort de ma bouche et puis rien. "
Le vide.
Le néant.

J'ouvre les yeux. Je suis vivant. Ma sœur Hestia est à mon chevet. Elle m'apprend que si j'ai survécu c'est parce que mon casque d'invisibilité mû par une volonté propre est venu se poser sur ma tête, me rendant ainsi invisible aux yeux d'Atlas, qui, désemparé a lâché prise au dernier moment. Je n'ai donc pas reçu toute l'intensité de l'attaque de mes frères.
Hestia parle toujours de sa voix douce et affectueuse, elle me dit que j'ai eu beaucoup de chance mais qu'Atlas aussi a survécu.
Zeus l'a condamné à porter le ciel sur ses épaules…
Hestia m'apprend qu'en mon absence mes frères se sont partagés l'univers. Ils ont mis plusieurs bulletins dans mon casque d'invisibilité et ils ont tiré au sort.
A Poséidon les mers
A Zeus les cieux
Et à moi le monde souterrain.
Moi Hadès, l'invisible, empereur du pays des ombres, je trouve cela assez approprié. Hestia m'informe qu'en tant qu'empereur des Ténèbres une de mes attributions sera de surveiller les Titans qui ont été bannis dans le Tartare.
Elle continue à me dire que je devrais normalement être mort et que c'est un miracle mais je sais oui je sais que la chance ou le destin n'ont rien à voir là-dedans. La raison pour laquelle je suis toujours en vie c'est parce que mon corps renferme la chose la plus précieuse au monde : le Big Will.
C'est ce qui fait de moi un Dieu, l'aîné des dieux, le premier des dieux, le plus grand des dieux. Non en fait j'en ai la conviction : pour les morts qui rejoignent mon royaume je suis
DIEU

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Cette fiction est copyright Diego Jimenez.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.