Chapitre 12 : Le choix d'Hilda


Hilda de Polaris

Ca y est ! J'ai fini par atteindre la fin du tunnel, j'aperçois une lumière au bout.
Je m'arrête, depuis tout à l'heure je perçois le choc de l'affrontement des cosmos de Bud et de son adversaire. Un des cosmos vient de s'éteindre, je me concentre…. Tout va bien je ressens toujours le cosmos de Bud et à première vue il n'a pas l'air gravement blessé.
Je serre très fort le médaillon que Bud m'a donné, que peut-il bien contenir ?
C'est étrange mais je crois savoir de quoi il s'agit…
Pour l'instant je n'ai pas le temps de penser à cela, j'ai une mission à remplir : ramener les âmes des guerriers divins défunts de façon à ce que le seigneur Odin puisse leur rendre la vie.
Je sens mon cœur battre plus fort dans ma poitrine en pensant à Siegfried, jamais je n'aurais cru qu'il me serait donné de le retrouver.
J'avance à pas lents vers la sortie du tunnel, la lumière me submerge lorsque je passe la sortie.

- Oh !

Jamais je n'aurais cru voir un tel spectacle, je me trouve dans une véritable fournaise !
Il règne ici une chaleur étouffante, je regarde autour de moi : à perte de vue s'étendent des plaines couvertes de geysers qui crachent des vapeurs toxiques, et dire que j'ai pris mes habits d'hiver !
Je commence à parler pour moi-même.

- Quel est donc cet endroit, je pensais pourtant que le Niffheim était l'enfer des glaces.

Une voix.

- C'est que vous n'êtes plus dans le Niffheim, princesse.

Je sursaute.

- Qui a dit ça ?
- Vous devez être capables de repérer mon cosmos, à moins que les pouvoirs que l'on prête aux serviteurs d'Odin ne soient que de la frime.

De la frime, comment cet individu ose-t-il ?
Je me concentre et finis par repérer sa cosmo énergie, curieusement elle semble provenir d'un geyser. Comment un être humain peut-il survivre dans un tel endroit aussi près des vapeurs toxiques, moi-même suis à la limite de l'asphyxie.

- Montre-toi !
- Venez me chercher.

Dans un endroit pareil ?! Mieux vaudrait tenter de traverser cette zone pour trouver la déesse Hel au plus vite.
Je m'avance et me lance dans une course éperdue vers l'avant.
Au bout de quelques mètres je sens mes pieds s'enfoncer dans un sol meuble et brûlant.

- Vous ne croyiez quand même pas que le Muspellsheim relâche si facilement ses proies ?
- Le Muspellsheim ?
- Oui, comme le Niffheim est l'Enfer des glaces le Muspellsheim est l'enfer brûlant.
- Comment se fait-il que l'on n'y voie aucun mort alors ?
- C'est très simple : nous vous avons vus venir et, sachant que votre but était de faire ressusciter les guerriers divins nous avons jugé sage d'évacuer toutes les âmes de défunts derrière le mur de feu.
- Le mur de feu ?
- Oui, ce mur est au Niffheim ce que les portes de l'Enfer sont à L'Enfer d'Hadès : nul ne peut les franchir autrement que pour aller vers son destin.
- Je vois. La déesse Hel nous craint-elle tant pour évacuer les morts devant nous ?

Un silence, je devine que mon interlocuteur qui est toujours invisible à mes yeux ne goûte guère ma remarque.

- Ce n'est pas les derniers rescapés de la bataille d'Asgard que nous redoutons mais celui que vous servez.
- Le seigneur Odin ?
- Nous nous posons encore la question : lors de la dernière guerre que nous avons mené contre lui le cosmos d'Odin était beaucoup moins puissant qu'aujourd'hui, il a dû se produire quelque chose.

Je souris intérieurement, ils ignorent donc que Odin a accueilli Hadès dans son corps. Lorsque celui-ci est revenu sur Terre je n'étais pas éveillée et n'ai donc pas senti son cosmos mais j'imagine sans peine que s'il est capable de faire peur à Hel dans son propre domaine il doit être immense. Sans doute aussi grand que celui de Poséidon qui m'a contraint à passer l'anneau des Nibelungen à mon doigt.
Quoiqu'il en soit cette histoire de mur de feu m'inquiète, je dois essayer d'en savoir plus.

- Où se trouvent les guerriers divins ?
- Comme tous les morts : derrière le mur de feu.
- Qu'a-t-il de si particulier ce mur ?

Mon interlocuteur semble hésiter.

- Le mur de feu …
- Oui
- Eh bien… Puisque vous ne l'atteindrez jamais vivante je ne vois pas pourquoi j'en ferai un secret. Le mur de feu est une barrière qui sépare le Niffheim et le Muspellsheim du palais de Hel. Les hommes qui traversent ce mur sont généralement des morts qui en le traversant perdent toute autonomie et sont ainsi totalement soumis à la volonté de Hel.
- Mais alors ?!
- Oui, vos chers guerriers divins ne sont plus que des marionnettes qui passent leur temps à se faire torturer dans le Niffheim.
- C'est affreux !
- Oui, c'est vrai mais c'est le seul moyen de les assujettir.
- Mais quel est l'effet pour les vivants ?

Je ne vois pas le visage de mon interlocuteur mais à son silence je devine qu'il a un sourire mauvais qui ne présage rien de bon.

- Si vous voulez vraiment le savoir princesse, tout être humain traversant le mur de feu…
- Oui ?
- Y perd la vie !
- Non ! Ce ne sont pas quelques flammes qui peuvent avoir raison de guerriers divins !
- Non, évidemment mais les flammes du mur de feu sont alimentées par le cosmos de Hel elle-même de sorte que tout être humain passant ce mur perd non seulement la vie mais aussi toute volonté, il est dès lors aussi soumis à Hel que les morts eux-mêmes.
- Mais alors Bud ?
- Oui vous avez deviné juste. Bud parce qu'il a vaincu ce pauvre Holder pourra atteindre le mur de feu mais nous ne sommes pas inquiets : il va se jeter dans la gueule du loup !

Mon cœur se serre d'inquiétude, je dois absolument prévenir Bud ! Je concentre mon cosmos pour faire geler la terre meuble qui m'immobilise les pieds et me libère de cette entrave.
Mon interlocuteur pousse un cri de surprise en me voyant m'élancer vers l'avant.

- Vous n'irez nulle part !

Je ressens une vive douleur dans le dos, il m'a frappé entre les omoplates. La douleur me fait mettre un genou à terre.
Mon adversaire exécute un saut périlleux qui l'amène juste devant moi.
Je relève la tête et aperçois mon adversaire de face.
Je laisse échapper un cri de surprise.
Mon adversaire porte une sorte de cotte de mailles aux reflets bleus sombre, ce qui me donne à penser que cette armure est assez différente de la cuirasse sombre d'Holder. Et ses traits sont ceux d'une… Femme !
Elle semble lire la surprise dans mes yeux.

- Oui, une femme ! Je ne vois pas ce qui vous choque : si une femme peut devenir la représentante d'Odin sur Terre pourquoi ne serait-il pas donné à une autre femme de servir la déesse de l'Enfer ?

Il est vrai que je suis mal placée pour avoir des préjugés sexistes mais tout de même ! Je me suis toujours représentée les serviteurs d'Hell comme des monstres inhumains ou des Géants.

- Qui êtes-vous ?

Mon adversaire retire le diadème qui retenait sa coiffure.
Une cascade de cheveux aussi rouge que ses yeux descendent dans son dos.

- Je me présente, Svaja Walkyrie du Feu et commandant des troupes de la déesse Hel.
- Une Walkyrie ? Mais j'ai toujours cru que les Walkyries étaient au service d'Odin.
- Cela est vrai mais les choses ont changé.

Dans la mythologie scandinave les Walkyries étaient des déesses féminines au service d'Odin.
Montée sur des juments grises elles caracolaient sur les champs de bataille en brandissant une torche enflammée que seuls les guerriers qui étaient destinés à mourir pouvaient voir. Elles étaient en quelque sorte les déesses annonciatrices de la Mort. Elles escortaient alors les guerriers tombés au combat jusqu'au Walhalla où ils s'entraînaient pour le grand combat qui opposerait les Dieux aux Géants.
Elles n'avaient pas le droit de combattre sous une autre bannière que celle du seigneur Odin.

Svaja, devinant le cours de mes pensées reprit alors :

- Un jour la grande bataille arriva. Peu de temps après la mort de Baldur, deux loups en forme de nuages avalèrent le soleil et la Lune. C'est ce moment que choisirent Loki et Hel pour lancer l'assaut contre Asgard… Ce fut une belle bataille, avec les Walkyries, suivant Odin nous avons mené une charge fantastique qui décima les rangs des Géants.

Les yeux de Svaja se firent rêveurs.

- Oui, c'était un beau jour pour mourir. Nous avons combattu comme jamais, transperçant les Géants de nos lances puis continué le combat au corps à corps. J'ai vu toutes mes Walkyries tomber une à une, j'ai vu Thor venir à bout du serpent universel qui s'enroule autour de la Terre. J'ai vu le seigneur Odin lui-même se faire dévorer par Fenrir avant d'être vengé par son fils Vidar. J'ai lutté jusqu'à la limite de mes forces, couverte de blessures, encerclée par des Géants de feu qui n'étaient pas en meilleur état. J'ai combattu dos à dos avec ma meilleure amie qui conduisait les Walkyries avec moi… Et cette amie s'appelait : Brunehilde.
- Brunehilde ? Mais ?
- Oui, en effet la ressemblance entre les noms de Brunehilde et Hilda est frappante n'est-ce pas ? C'est bien normal car à l'époque c'était vous Brunehilde !
- Moi ?
- OUI !

Svaja semble écumer de rage, qu'a-t-il bien pu arriver lors de cette bataille.

- Ecoutez Svaja ? Que s'est-il passé en ce jour que l'on appelle le Ragnarok ?
- Cela n'a plus d'importance car au nom de la déesse Hell je vais vous exécuter.

Je comprends qu'il est inutile de tenter de la raisonner. J'intensifie mon cosmos, Svaja fait de même.
Comment vais-je faire pour me défendre ? Pendant la bataille d'Asgard c'était l'anneau maudit des Nibelungen qui me donnait mes pouvoirs guerriers, en temps normal je ne suis qu'une prêtresse.
Svaja concentre son cosmos, elle croise ses bras contre sa poitrine et ferme les yeux, je devine qu'elle va tenter une incantation.
La terre du Muspellsheim devient brûlante, les geysers crachent des vapeurs toxiques, la lave en contrebas commence à bouillir, le sol tremble. Les guerriers de Hell tentent tout pour nous affronter sur leur terrain.
Comme je ne connais pas la nature de l'attaque qu'elle va utiliser contre moi je concentre mon cosmos autour de moi pour m'en faire une protection. L'air autour de moi commence à se refroidir. Je prie le seigneur Odin : " Seigneur Odin, prête-moi ta force ".
Svaja rouvre des yeux aussi rouges que la terre du Muspellsheim.

" Par l'Enfer brûlant ! "

Des colonnes de feu s'élèvent autour de moi et commencent à se mettre en mouvement.
Les colonnes de feu commencent à tournoyer autour de moi rendant la chaleur encore plus étouffante.
Svaja remue ces bras de façon étrange puis les tend et commence à les ramener vers l'intérieur, je comprends qu'elle peut contrôler les colonnes de feu à distance.
Les colonnes de feu se resserrent autour de moi. Les braises projetées par les colonnes de feu gèlent instantanément au contact de mon cosmos.
Je ne sais pas si je pourrai tenir comme ça très longtemps. L'atmosphère est de plus en plus étouffante et j'ai de plus en plus de mal à trouver de l'air.
Svaja me toise avec dédain.

- Il est difficile de survivre au Muspellsheim quand on ne connaît que la froideur d'Asgard n'est-ce pas ?

Je dois me ressaisir, si Athéna a pu survivre pendant toute une journée au froid d'Asgard je dois bien être capable de survivre au Muspellsheim.
Je prends une grande inspiration et me relève. J'intensifie mon cosmos. Les colonnes de feu commencent à être repoussées.

- La souffrance n'est rien pour celui qui a atteint l'ultime cosmos.
- Parce que tu penses y être parvenue Brunehilde ? Par le passé jamais ton cosmos n'a dépassé le mien, tu ne peux pas plus t'approcher de l'ultime cosmos que je ne le peux !

Elle a peut-être raison mais les chevaliers d'Athéna ont prouvé maintes fois que c'est lorsque les souffrances sont à leur paroxysme que l'on est le plus proche de l'ultime cosmos. J'enflamme mon cosmos à son paroxysme et parvient à repousser les colonnes de feu.

- Pas mal mais combien de mes attaques penses-tu pouvoir subir avant de céder ?
" Par l'enfer brûlant "

Une nouvelle fois les colonnes de feu se rapprochent, une nouvelle fois je parviens à les repousser.

- Combien de temps penses-tu encore pouvoir repousser mes attaques ?
- Aussi longtemps que nécessaire !

Svaja pousse un grognement rageur, il y a vraiment de la bête dans cette ex-Walkyrie.

- Ca m'est égal ! Je finirai bien par saper ta cosmo-énergie petit à petit.

Svaja commence à ricaner.

- Mais à la différence de toi Brunehilde, moi j'ai tout mon temps ! Ce n'est pas moi qui doit prévenir Bud contre le mur de feu.

Je sens toute la vérité de ses paroles tandis que la sueur commence à perler sur mon front, il me faut absolument prévenir Bud mais comment y arriverais-je en restant en position défensive ?
Svaja constate mon affaiblissement et ricane de plus belle, dans cet enfer de feu des flammes semblent danser dans ses yeux mais à l'intérieur il y a plus que de la sauvagerie, ce que j'y lis c'est la haine.

- Tu n'as pas encore goûté à tous les secrets de " l'enfer brûlant " Brunehilde, les colonnes de feu n'étaient qu'un échauffement.

Svaja rejoint ses mains et tourne ses paumes vers le ciel, quel mauvais tour me réserve-t-elle ?

Des vapeurs toxiques commencent à se dégager de la Terre, les Geysers crachent de la fumée en continu et semblent monter de plus en plus haut, l'atmosphère devient irrespirable, je suis obligée de me couvrir les narines et la bouche avec un pan de mes manches.
Ma vision est couverte par mes larmes mais je parviens à apercevoir Svaja.
Les flammes du Muspellsheim semblent danser autour d'elle, la vapeur des geysers s'enroule autour d'elle jusqu'à la submerger complètement, seule sa tête reste visible, les pupilles de ses yeux ont presque totalement disparu derrière les flammes qui y brûlent. Les flammes semblent n'être que le prolongement de sa chevelure flamboyante.
Dans ses mains se forme une orbe de couleur rouge.
Svaja formule une incantation ponctuée de sons gutturaux imprononçables.

"Ô Hel, déesse de l'Enfer, maîtresse du Niffheim et du Muspellsheim, donne-moi la force de vaincre mon ennemie, que je ne fasse plus qu'un avec l'enfer brûlant….

A mesure que Svaja prononce son incantation les flammes s'intensifient et se rejoignent dans l'orbe qu'elle tient entre les mains, celle-ci grandit de façon démesurée.

… Ô Hel donne-moi la force "

Svaja retourne brusquement la tête dans ma direction, ses mains se sont croisées, derrière elle je distingue l'aura de Sulfure le géant de feu qui incendia Asgard.

- Adieu Brunehilde ! " Que les flammes de Sulfure t'emportent en Enfer ! "

Je réalise trop tard que les vapeurs toxiques se sont dissipées, j'aurais dû me mettre en position de défense.
Je m'agenouille, joint mes mains pour prier le seigneur Odin.
Je m'entoure de mon cosmos pour m'en faire une protection.

Dans son empressement à prier Odin, Hilda ne vit pas une sphère incandescente s'échapper des mains de Svaja.
Les flammes de Sulfure semblèrent croître au contact de l'atmosphère du Muspellsheim et foncèrent vers Hilda.
Au contact de la chaleur la jeune fille rouvrit les yeux à temps pour voir les flammes de Sulfure percer sa cosmo énergie comme du bois mort et l'atteindre à la poitrine.
Les flammes soulevèrent la jeune fille comme un fétu de paille, la transpercèrent de part en part lui arrachant un cri de douleur et n'arrêtèrent finalement leur course que contre une paroi rocheuse où le corps d'Hilda se fracassa avant de retomber lourdement sur le sol comme un pantin désarticulé.
Ses doigts remuaient encore mais elle avait reçu les flammes de Sulfure de plein fouet et de tout son corps s'échappait une écœurante odeur de chair brûlée.
Hilda releva faiblement la tête vers le haut tentant d'inscrire dans sa mémoire le visage de sa meurtrière.
Svaja ne se déroba pas au regard inquisiteur de sa victime, elle se tenait droit comme elle l'avait probablement fait toute sa vie.
Sa chevelure rouge flamboyante soulevée par les flammes du Muspellsheim était retombée comme privée de la vie qui l'animait l'instant d'auparavant.
Dans ses yeux ne se lisait ni la joie de la victoire ni l'excitation de la bataille. Elle s'avança vers Hilda, s'agenouilla devant elle.
Hilda parvint à dégager une main encore blanche et tenta de saisir le visage de Svaja dans un ultime effort pour effacer cette image de la défaite de sa vue.
Svaja ne se déroba pas mais Hilda était trop faible, sa vue se brouilla et sa main n'agrippa que le vide avant de se figer dans la terre brûlante. Privée de ses dernières forces tout le corps d'Hilda sembla suivre le moment de sa main et ses paupières se refermèrent sur ses yeux comme un rideau sur une pièce de théâtre.
Svaja contempla un moment le corps crispé d'Hilda, elle saisit une des immenses mèches de cheveu gris tirant sur le bleu de la jeune fille puis s'amusa à les libérer un à un.
Elle caressa un moment la joue d'Hilda en se demandant pourquoi elle avait tant haï cette jeune fille sans défense.
Elle se rappelait de cet instant où sa vie avait basculé.

Elles étaient là toutes les deux, Brunehilde et elle, encerclées par une multitude de monstres parmi lesquels elle distinguait des Géants du froid et des Géants du feu.
Le vent qui soufflait sur le champ de bataille était glacé, le ciel privé du soleil et de la lune était sombre, la seule lumière provenait du feu des braseros que chaque camp avait allumé pendant la nuit pour se réchauffer.
Savaja embrassa l'espace autour d'elle d'un regard circulaire. Tout n'était que désolation : le grand Thor, après avoir terrassé le serpent universel qui s'enroule autour de la Terre achevait de succomber à l'haleine empoisonnée de ce dernier, Tyr le dieu de la droiture gisait agonisant à côté du chien des enfers qu'il avait tué, l'arc-en-ciel qui menait à Asgard le domaine des dieux était en partie détruit et Heindall son gardien menait un combat furieux contre Loki le dieu malin. Instinctivement elle cherchait ses Walkyries du regard, leurs corps s'éparpillaient tout autour d'elle formant une sorte de bouclier humain contre les monstres qui menaçaient de les submerger. Svaja se retourna et sentit dans son dos la présence réconfortante de Brunehilde la dernière des Walkyries avec elle. Elle aurait été bien incapable de dire lequel des deux camps allait l'emporter car les rangs des Géants étaient clairsemés et ceux qui l'entouraient avaient des blessures profondes dans des organes vitaux.
Svaja serrait son épée et de sa main libre saisit celle de Brunehilde.

" Brunehilde, mon amie, ma sœur, je sens que ce sera notre dernière bataille mais avant de rejoindre le monde des ombres je veux graver ce combat dans la mémoire de ces monstres, es-tu avec moi ? "

Brunehilde sourit à sa compagne mais ne répondit pas. Elle était partagée entre plusieurs sentiments contradictoires : depuis un moment elle entrevoyait Hermod le dieu messager qui lui faisait des signes pressants de la main, que pouvait-il bien vouloir ? A côté d'Hermod se tenait Vidar, celui qui avait vengé Odin en tuant Fenrir le loup mangeur d'hommes. Ensemble ils tenaient leurs ennemis à distance respectable tout en se repliant pour se rapprocher de l'Ygdrasil le Chêne millénaire qui soutenait le monde.
Svaja renouvela sa question " Es-tu avec moi ? "
Brunehilde consentit à répondre :

- Ne vois-tu pas Hermod et Vidar nous intimer l'ordre de nous replier sur l'Ygdrasil ?
- Nous replier ?! Tu parles de battre en retraite alors que tous les Ases- la race des dieux- ont été décimés et que les géants menacent Asgard ? Non il faut nous battre jusqu'à la dernière goutte de sang !
- Nous pourrions nous rapprocher d'eux en tentant une percée.

Savaja s'exécuta de mauvaise grâce et avec un courage hallucinant se fraya un chemin parmi les masse de géants qui se dressaient devant elle à la pointe de son épée.
Bientôt elles furent toutes deux à la hauteur d'Hermod et Vidar qui leur expliquèrent alors leur plan. Hermod prit la parole.

- Ecoutez Brunehilde et Svaja, cette bataille est perdue pour les dieux, Asgard va être détruite si nous ne faisons rien.
- Que proposes-tu ?

Hermod regarda l'écorce de l'Ygdrasil.

- Nous allons nous cacher dans l'écorce de l'Ygdrasil et nous prononcerons alors les mots du pouvoir.
- Les mots du pouvoir ?
- Oui ce sont des formules magiques qu'Odin connaissait et qu'il m'a transmises, elles étaient gravées sur les Runes qu'il était le seul à pouvoir lire.
- Et alors ?
- Nous allons prononcer une formule qui nous permettra de geler Asgard et l'Ygdrasil de façon à ce que les géants ne l'emportent pas. Si nous détruisons l'objet de leur convoitise ils se disperseront et s'éteindront.
- Tu nous proposes de détruire notre monde ?
- Non simplement de le geler et si un jour Dieu nous prend en pitié nous pourrons peut-être quitter notre sommeil pour revenir gouverner Asgard.

Aucun dieu présent n'émit d'objection. Hermod s'empressa d'ajouter.

- Nous avons besoin d'être trois pour prononcer les mots du pouvoir, l'un de nous doit rester pour protéger nos arrières… ce qui signifie une mort certaine.

Un court silence suivit.
Brunehilde qui avait l'impression de ne pas avoir combattu autant que les autres dans cette bataille se porta volontaire.
Hermod et Vitak, après un court signe d'adieu s'enfoncèrent dans l'écorce de l'Ygdrasil.
Brunehilde et Svaja restèrent face à face.
Svaja serra Brunehilde dans ses bras.

" Pardonne-moi "

Svaja pleurait sur l'épaule de son amie devant les géants médusés.
Brunehilde lui dit à l'oreille

- Tu sais bien que c'est la seule solution.
- Oui je sais, c'est pour cela que je te demande de me pardonner.
- Qu'aurais-je bien à te pardonner ?

Tout en parlant Svaja avait soulevé Brunehilde du sol et lui avait lentement fait faire un demi-tour de sorte que Svaja montrait maintenant son dos aux Géants et Brunehilde le sien à l'Ygdrasil.
Svaja avait saisi les cheveux de Brunehilde et les tirait avec force vers l'extérieur de sorte qu'il lui aurait suffi d'un geste pour briser la nuque de son amie qui était à ce moment complètement paralysée.
Svaja se pencha à l'oreille de Brunehilde.

- Pardonne-moi mais je ne peux pas te laisser faire cela.
- Svaja… Tu… Tu ne vas pas.
- Si je vais t'empêcher de gaspiller ta vie.

Svaja embrassa alors son amie et avant de relâcher son étreinte lui murmura : " C'est un beau jour pour mourir. Ne l'oublie jamais "
Savaja retourna alors Brunehilde qui se retrouva face à l'Ygdrasil, lui appuya sa main contre sa colonne vertébrale et avec une force irrésistible…
La propulsa dans l'écorce de l'Ygdrasil.
Hermod et Vidar reçurent Brunehilde dans leurs bras.
Savaja se retourna alors vers les Géants, tenant son épée à deux mains et leur lança :

" Hermod, Vidar, Brunehilde ! Prononcez les mots du pouvoir je vais les retenir ! "

Ils hésitèrent mais finirent par s'exécuter en voyant la détermination du guerrier qui n'a plus rien à perdre dans les yeux de Svaja.
Les géants, pressentant un mauvais coup s'avancèrent d'un pas. Svaja fit tournoyer son épée.
L'un d'eux plus courageux ou plus bête que les autres se rua sur elle.
Il s'empala littéralement contre l'épée de Svaja, celle-ci ne chercha pas à retirer son épée mais se servit du géant pour cacher à ses congénères l'attaque qu'elle préparait.

" Que les flammes de mon épée vous emportent " Le corps du géant empalé sur l'épée de Svaja explosa tandis que les flammes anéantirent plusieurs géants des glaces, laissant les géants du feu intacts.

Hermod avait commencé à réciter la formule magique :

" Ô dieux anciens qui avez permis à Odin de s'abreuver dans la fontaine de la sagesse…

Svaja était aux prises avec Sulfure le plus terrible des géants du feu
Ce fut au tour de Vidar de réciter la formule :

" … Permettez à ses enfants d'accomplir sa vengeance…

Ce fut le tour de Brunehilde, celle-ci hésita en voyant Svaja en difficulté.
Svaja se retourna vers Brunehide : " Je tiens la chance d'emporter avec moi les géants dans la mort, ne sois pas triste petite sœur et regarde-moi partir avec le sourire "
A ce moment Sulfure saisit l'épée de Svaja la lui passant au travers du corps et la retournant vers Brunehilde. Malgré le sang qui perlait à la commissure de ses lèvres Svaja souriait.
Brunehilde prit une grande inspiration

… Ô dieux anciens figez pour l'éternité Asgard le domaine des dieux et l'Ygdrasil millénaire que nos ennemis ne puissent jamais s'en emparer ! "

La formule était finie.
Un vent glacial se leva gelant l'Ygdrasil de son tronc à l'extrémité de ses branches.
Le gel recouvrit entièrement Brunehilde, Vidar et Hermod figés dans un dernier cri d'adieu. Le froid éteignit le feu qui commençait à incendier Asgard recouvrant aussi les corps de Loki et Heindall qui s'étaient passés mutuellement leurs épées au travers du corps.
Des icebergs commencèrent à s'élever sur les racines de l'Ygdrasil formant une protection infranchissable pour le domaine des dieux.

Svaja rouvrit les yeux, ce qui s'était passé ensuite elle ne s'en souvenait que trop bien. Des millénaires à être torturée par les géants et tout particulièrement par Sulfure dans le Muspellsheim.
Sulfure lui avait appris une chose : que la mort était tout sauf une délivrance ! Il avait passé des siècles à lui apprendre les vertus de la haine, les plaisirs de la corruption, la jouissance du mal et surtout la haine pour les dieux qui l'avaient abandonnée pour sauver leur peau.
Aujourd'hui elle tenait sa vengeance : elle venait de défaire Brunehilde et Hell la laisserait sans doute s'occuper de son cas dès que la vie aurait quitté son corps. Alors pourquoi n'était-elle pas heureuse ?
Svaja s'éloignait quand elle sentit un cosmos d'une puissance incommensurable se rapprocher à toute vitesse du Muspellsheim.
Qui cela pouvait-il bien être ? Qui pouvait dégager une telle énergie ? Ce cosmos ne pouvait pas appartenir à un des guerriers de Hel, aucun n'était aussi puissant, ou alors Hel elle-même ?
Mais si c'était le cas pourquoi viendrait-elle la voir ?
Un trait de lumière incandescente transperça alors le Muspellsheim faisant s'écrouler des pans entiers de parois rocheuses au passage.
Le rayon atteignit le corps d'Hilda et prit alors une forme sphérique pour recouvrir Hilda.
Svaja comprit alors ce qui se passait : le seigneur Odin lui-même intervenait pour sauver sa protégée. Curieusement son cosmos était bien plus grand qu'avant alors qu'il se trouvait dans le domaine de Hel !
Svaja rejoignit ses mains et invoqua le Muspellsheim avant de projeter les flammes de Sulfure sur la bulle qui entourait Hilda.
Celle-ci ne se déforma même pas, au contraire le cosmos qu'elle dégageait s'intensifia jusqu'à envoyer Svaja s'encastrer dans la paroi rocheuse du fond de la grotte.

Hilda

Je ne sens plus la douleur. J'ouvre les yeux pour découvrir que je suis protégée par une sorte de bulle dans laquelle je distingue la forme d'Odin.

- Seigneur Odin est-ce vous ?
- Oui c'est moi.
- Vous êtes venu me sauver.
- C'est exact, je vous ai sauvée Hilda de Polaris mais je ne suis pas venu vous apporter la victoire.
- Comment ça ?
- Après mon intervention en faveur de Bud, Hadès m'a fait comprendre qu'il n'entrait pas dans ses principes d'aider ses guerriers, il m'a toutefois permis d'intervenir pour vous sauver la vie car il juge que vous n'avez pas utilisé tous les moyens à votre disposition pour l'emporter.
- Comment ça ?
- Ouvrez le médaillon que Bud vous a donné.

Je m'exécute et saisis le médaillon. Je l'ouvre avec appréhension pour y trouver quelque chose que j'ai déjà vu.

- L'anneau…
- Oui. L'anneau des Nibelungen.

Je tente de jeter au loin cet objet maléfique mais Odin m'en empêche.

- Princesse, vous devez savoir que cet anneau est vôtre depuis les temps anciens où vous vous faisiez encore appeler Brunehilde.
- Comment ?
- A cette époque l'anneau des Nibelungen faisait partie du trésor que gardait le dragon Fafnir.
- Et alors ?
- Un jour vint un courageux guerrier du nom de Siegfried, il terrassa le dragon Fafnir avec une épée qui était celle de son père.
- Je sais tout cela.
- Oui mais vous ne savez sans doute pas que Siegfried lorsqu'il trouva l'anneau jura de le passer au doigt de l'élue de son cœur et cette femme s'appelait Brunehilde.

Je rougis en pensant aux longues années pendant lesquelles j'avais refoulé mes sentiments pour Siegfried alors que dans une autre vie nous avons été mariés.

- Et ?
- Le jour où il passa cet anneau à votre doigt fut celui de sa perte, l'anneau maudit fit ressortir les côtés les plus obscurs de votre personnalité tant et si bien que la discorde s'installa et Siegfried fut tué par son ami Hagen.
- Hagen…
- Oui je sais à quoi vous pensez : Hagen et Siegfried sont devenus les meilleurs amis du monde. La raison en est qu'ils ont réussi à rompre le cycle de leurs destinées et vous aussi y parviendrez en passant l'anneau des Nibelungen à votre doigt.
- Mais vous venez de dire que…
- J'ai aussi dit que le cycle du destin pouvait être interrompu. Si vous portez cet anneau et trouvez la force en vous de repousser son influence maléfique vous pourrez redevenir Brunehilde et trouver la force de défaire Svaja.
- Je comprends…
- J'en suis heureux mais faites vite votre choix car mon frère Hadès me fait comprendre que j'ai déjà trop utilisé sa puissance à des fins personnelles. Je dois partir.

Je sens la cosmo-énergie d'Odin s'évaporer et la bulle qui me protégeait se dissoudre.
Lentement je remue l'anneau des Nibelungen dans ma main, cet objet a provoqué la perte de tous mes amis et aujourd'hui il doit les sauver, quelle ironie !
Svaja semble déconcertée par la disparition du cosmos d'Odin, elle est encore un peu sonnée par le choc de son attaque qui s'est retournée contre elle.
J'en profite pour contempler l'anneau des Nibelungen, est-il vraiment si redoutable ? Odin n'avait pas l'air de craindre son pouvoir.
Svaja se tient bien droit, ses cheveux paraissent à nouveau animés d'une vie propre et dans ses yeux brûle le même feu que tout à l'heure.
C'est comme si sa haine contre moi s'était ranimée d'un seul coup.

- Combien de fois faudra-t-il te tuer pour que tu meures Brunehilde ?

Je fais un pas en arrière, sans armure je n'ai aucune chance de contrer son attaque.

" Que les flammes de Sulfure t'emportent ! "

Une fois de plus les flammes se rejoignent en une seule qui déferle sur moi.
Je brandis instinctivement l'anneau devant moi.

" Anneau des Nibelungen, protège-moi ! "

Les flammes foncent en direction de ma poitrine mais l'incroyable se produit : l'anneau des Nibelungen brûle d'une énergie intense et libère une vague déferlante de cosmo-énergie bleutée qui repousse celle de Svaja jusqu'à ce que les deux forces s'annihilent.
Incroyable ! L'anneau m'a protégée alors que je ne le portais même pas.
Etait-ce le pouvoir maléfique de l'anneau ?
En tout cas une chose est certaine : sans cet anneau je ne viendrai pas à bout de Svaja… Sans cela je ne pourrai pas sauver Siegfried.
Tout le reste en comparaison n'a aucune importance.
Je passe alors l'anneau à mon doigt.

Je suis submergée par un flot d'énergie négative, c'est sans doute cela dont Odin parlait en disant que l'anneau révèle les côtés sombres de la personnalité de son détenteur.
Ce que je vois me terrifie, j'ai l'impression de vivre mes pires cauchemars :
Autour de moi volent des bulles dans lesquelles se reflètent différents moments de ma vie, ma naissance, mon enfance avec Freya, le jour où le grand prêtre d'Odin a fait de moi son successeur et surtout la bataille d'Asgard.
Des bribes de souvenirs me reviennent.

Je vois Thol de Phedca percé par les météores de Pégase. Thol se tient debout, de son ventre s'écoule du sang et ses yeux sont embués de larmes.

" Je te demande pardon chevalier, j'ai servi ma princesse aveuglément tout en sachant qu'elle était possédée par une entité maléfique, c'est toi qui combattais pour la justice pas moi. Tu es digne de ma confiance puisses-tu la protéger mieux que moi "

Thol le géant généreux s'écroula en crachant un filet de sang, tout son corps s'enfonça dans la neige et il n'eut même pas droit à une épitaphe.
C'est à cause de ma faiblesse qu'il est mort.


Je revois Fenril se battre contre Shiryu qui tente de le raisonner.

" Je combattrai pour la princesse Hilda jusqu'au bout, que les loups des steppes t'emportent ! "

Shiryu déchaîna la colère du dragon contre les glaciers et Fenril fut englouti avec ses loups.

" Hilda ! "

Adieu Fenril loup solitaire des plaines du Nord, tu es mort avec la haine des hommes au cœur parce que tu avais été privé de l'amour de tes parents.
C'est à cause de ma faiblesse que tu es mort.


Je vois Hagen concentrer son cosmos en direction de ma sœur Freya.
La lave du volcan boue derrière lui.

" Princesse Freya au nom de votre sœur je dois vous exécuter "
" Que les flammes du volcan t'emportent "

Les flammes foncent sur Freya, le chevalier du Cygne la couvre de son corps.

Pardonne-moi Hagen à cause de ma faiblesse tu as dû porter la main sur ta bien aimée pour une cause injuste qui plus est. C'est ma faute si tu es mort.


Je vois Mime affrontant Phénix, il s'est dévêtu de son armure divine d'Eta.

" Tu as dit que ta confiance en l'avenir et en la justice te rendaient supérieur à moi, si c'est vrai tu devrais pouvoir me vaincre facilement. Prouve-le attaque-moi je combattrai de toutes mes forces et on verra qui de nous deux a raison ou a tort "

Les attaques de Mime et d'Ikki se croisèrent, Phénix grimaça de douleur, blessé. Mime quitta sa position de combat pour interpeller Shun et Ikki.

" Chevalier Phénix toi et tes amis vous atteindrez peut-être votre but et vous parviendrez à réaliser vos rêves de paix et de justice. Si jamais je dois renaître un jour et que la paix règne alors sur la Terre j'espère sincèrement avoir la chance de te revoir mais en tant qu'ami cette fois. "

Mime s'écroula, ses dernières paroles étaient à peine audibles.

" Papa bientôt nous serons réunis pour l'éternité pardonne-moi je n'ai pas pu réaliser ton rêve et devenir le guerrier divin que tu espérais mais ne désespères pas je suis sûr que le chevalier Phénix et ses amis sauront mieux que moi protéger le royaume d'Asgard et sauver le monde de la menace qui pèse sur lui, je vous confie ma patrie à tous les deux protégez-la comme si c'était la vôtre. "

Pardonne-moi Mime, nous aurions dû t'aider à faire le deuil de Volkel au lieu de ça j'ai fait de toi une machine à tuer, tu avais un cœur noble, pardonne-moi.


Je vois Albérich debout devant Shiryu, son épée flamboyante à la main, les yeux pétillant de malice.

" Que le cercueil d'améthyste se referme sur toi ! "
" Par la colère du dragon ! "

L'attaque de Shiryu fauche Albérich et le soulève comme un fétu de paille.
Albérich se relève pourtant, plante son épée flamboyante dans la neige immaculée d'Asgard et s'écroule en libérant les saphirs d'Odin qu'il détenait.

Malgré son ambition Albérich était l'homme le plus intelligent du royaume et ses conseils m'étaient précieux.
D'ailleurs ne suis-je pas à l'origine de sa décadence ? C'est moi qui la première ait insufflé la haine dans son cœur en lui reprochant de n'être pas comme Siegfried. Par la suite c'est la réapparition des armures des conquérants qui l'a poussé à assouvir son ambition. Si j'avais eu la force de résister à Poséidon rien ne serait arrivé. Pardonne-moi Albérich si j'avais été plus forte tu n'aurais pas mal tourné.


Je vois Bud combattant Phénix dans mon palais.
Phénix est fauché par les griffes du tigre noir. Bud triomphe devant le corps inanimé de Syd.

" Enfin la princesse Hilda reconnaîtra mes mérites et me nommera seul et unique guerrier divin de Dzeta "

Je revois Syd maintenant Phénix pour permettre à Bud de le frapper.

" Vas-y frappe ! De cette façon, avec ma mort tu deviendras le guerrier divin de Dzeta et tu pourras enfin réaliser ton rêve. Je suis content que ma mort te soit utile. "

Bud hésite, il lève le bras, ses ongles s'allongent pour porter la griffe du tigre noir puis finalement il renonce et abaisse le bras, un instant après Syd lâche prise et s'écroule en lâchant un dernier " adieu mon frère ". Bud se précipite vers son frère.
Je n'aurais pas dû proposer cet odieux marché à Bud, en plus d'en faire l'ombre de Syd je l'ai amené à le haïr en faisant de la mort de Syd le but ultime de sa vie.
Syd, Bud pardonnez-moi, par ma faiblesse j'ai provoqué le tragique dénouement du destin des jumeaux.
Encore une fois j'ai été incapable de résister au pouvoir de l'anneau, à cause de ma faiblesse tous mes guerriers sont morts.


Je vois maintenant ce que depuis le début je n'ai pas cessé d'appréhender : la mort de Siegfried.
Il se tient là, debout, fier, noble, invincible devant les saints d'Athéna. Il ne fait pas un mouvement pour éviter les météores de Pégase et vient très vite à bout de Seiya puis de Phénix. Je le revois s'interposant alors que je voulais achever Seiya moi-même.
Je ne peux m'empêcher de penser que s'il a perdu c'est parce que sa foi était inférieure à celle des chevaliers.
Je revois Siegfried se relevant pour faire face à Seiya malgré sa blessure au cœur. Il lève la main et…
L'abat sur son abdomen, s'éventrant lui-même pour arracher son saphir d'Odin.

" Chevalier, ce que tu m'as dit au début du combat était vrai n'est-ce pas ? La princesse Hilda n'est plus elle-même. Pardonne-moi chevalier ce n'est pas contre toi que j'aurais dû déchaîner ma colère mais contre ce monstre de Poséidon et ses envoyés diaboliques "

Sorrente insulte Siegfried, lui répétant que Poséidon n'est pas son ennemi.

" Non, cesse de mentir, le seul but de ton maître est de gouverner la Terre et pour cela il s'est permis de se servir de ma princesse et foi de guerrier divin son crime ne restera pas impuni "

Siegfried se tourne vers Seiya.

" Chevalier, il me reste peu de temps à vivre alors je t'en prie, prends cette pierre "

Le saphir d'Alpha roule sur la glace.
Siegfried serre le poing

" Mais jusqu'au dernier moment j'essaierai de venger le massacre inutile de mes compagnons, général Sorrente de Sirène tu vas payer pour ton maître ! En garde "

Sorrente bloque la charge de Siegfried en jouant de sa symphonie mortelle.
Siegfried ne parvient pas à résister.
Sorrente lève son bras et lui envoie une attaque semblable aux foudres d'Excalibur.
L'attaque touche Siegfried, le faisant reculer sur une dizaine de mètres mais il ne vacille même pas.
Sorrente n'en revient pas : " Mais c'est impossible, il a pratiquement perdu l'usage de ses cinq sens, il aurait dû mourir sur le coup et pourtant il marche droit vers moi ! Je n'ai jamais vu une telle force, une telle détermination "
Siegfried fonce sur Sorrente : " Tu ne pourras plus arrêter ma charge "

" Tu vas mourir comme un brave "

Siegfried s'envole, Sorrente lance son bras dans sa direction et… transperce le plastron de Siegfried qui crache du sang.
A ce moment tout ce qui était encore libre en moi a crié " NON ! " mais Siegfried n'en a rien su.
Retombant sur Sorrente, Siegfried joint ses mains dans le dos de son ennemi et intensifie son cosmos. Sorrente s'affole : " Il intensifie sa cosmo énergie, il est fou il va exploser ! Il resserre son étreinte, impossible de lui échapper ! "

" Arrêtes, tu es fou tu ne sais pas ce que tu vas déclencher ! "

Dans le ciel d'Asgard l'étoile de Dubhe brille, un rayon de lumière s'en échappe et fond sur Sorrente et Siegfried.

Sorrente : " Lâche-moi je ne veux pas mourir ! "
Siegfried : "Adieu royaume d'Asgard c'est pour toi que je meurs. Seiya je t'en prie veille sur la princesse Hilda. Je vais rejoindre tous mes amis qui ont donné leur vie pour leur pays et devenir une étoile qui veillera sur vous. Seiya. Chevaliers d'Athéna. "


Je vois l'étoile de Dubhe se consumer une dernière fois avant de s'éteindre.
Siegfried, mon amour, je n'ai jamais voulu que tu meures même en héros et pourtant j'en suis la cause. Sans toi je me sens seule et je sens que je ne pourrai plus assumer mon rôle bien longtemps.
Siegfried, Mime, vous tous pardonnez-moi. Si je n'avais pas été si faible rien ne se serait produit.

- Tu as raison Hilda : tous tes amis ont payé le prix de ta faiblesse.
- Qui a parlé ?
- Moi, Brunehilde, Walkyrie de la forêt.

J'ouvre les yeux. L'anneau est toujours à mon doigt mais des fils s'échappent de l'anneau et le relient à une femme qui me ressemble trait pour trait, c'est Brunehilde.
Celle-ci suit mon regard.

- Ce sont les fils du destin qui me relient à l'anneau.
- Ce qui veut dire ?
- Que tu ne seras toi-même que lorsque tu auras assumé ton héritage, lorsque tu auras passé l'anneau à ton doigt.
- Mais…
- Oui, tu dois savoir que si l'anneau te rendra ta force d'antan il te rendra mauvaise si tu n'as pas la force de lui résister, que choisis-tu ?

Après les douloureux souvenirs que je viens de revivre mon choix est vite fait : je dois mettre l'anneau à mon doigt.

- Que choisis-tu ?
- Je choisis l'aventure, je choisis de souffrir, je choisis de sauver Bud, je choisis Siegfried, je choisis d'accepter l'anneau.
- Qu'il en soit ainsi !


Muspellsheim

Une lumière aveuglante entoure soudain Hilda en même temps que l'anneau des Nibelungen apparaît à son doigt.
Une forme semble se matérialiser autour d'elle. C'est une armure ! Elle recouvre presque toutes les parties de son corps. Cette armure est de couleur bleu azur aux courbes élégantes.
Les morceaux de l'armure rejoignent les membres d'Hilda : d'abord les jambières puis le plastron, ensuite les épaulettes et enfin le diadème.
Hilda semble léviter quelques secondes avant de reposer les pieds sur Terre.
Elle se tourne vers Svaja.

" Svaja ! Le pouvoir de l'anneau des Nibelungen m'a permis de revêtir l'armure divine de la forêt qui était avant moi celle de la conquérante Brunehilde "

Svaja fit quelques pas en arrière, impressionnée par l'aura de puissance qui se dégageait de l'armure d'Hilda, elle en éprouvait une sorte de malaise indéfinissable.
Pourtant elle se ressaisit.

- Quelle joie Brunehilde de pouvoir t'affronter à armes égales, mon triomphe n'en sera que plus grand !
- Pauvre folle je suis Hilda de Brunnhilde walkyrie de la forêt et au nom du seigneur Odin je vais t'exécuter.

Svaja sourit : apparemment le pouvoir maléfique de l'anneau commençait à faire son effet.

- Oui, laisse la haine te submerger que je vois un peu ce que tu sais faire. " Par les flammes de Sulfure ! "

L'aura de Sulfure apparut derrière Svaja, la lave qui coulait en contrebas commença à bouillir et les geysers crachaient des vapeurs empoisonnées.
Hilda ne paraissait cette fois nullement incommodée.
Svaja fut surprise.

- Comment ?
- La souffrance physique n'est rien pour celui qui a atteint l'ultime cosmos.
- Nous allons voir ça !

Svaja libéra les flammes de Sulfure qui se rejoignirent en une seule sphère de feu. Les flammes grandirent jusqu'à submerger complètement Hilda qui ressemblait à une enfant en ce moment.
Hilda se mit en position d'attaque, les yeux rivés sur les flammes de Sulfure, il fallait à tout prix qu'elle comprenne leur secret. Son cerveau fonctionnait à toute vitesse :
C'est dans l'œil du cyclone que l'on ne subit pas les assauts du vent, il faut trouver le point faible des flammes de Sulfure, l'endroit où elles se rejoignent.
Hilda poussa un cri " Par la charge fantastique des walkyries ! "

Hilda fonça en direction des flammes de Sulfure si vite qu'elle sembla disparaître en un rayon de lumière qui perça les flammes de Sulfure.
Quand Svaja put de nouveau discerner Hilda celle-ci était devant elle.
Svaja sentit une douleur intense au niveau du ventre, elle comprit qu'Hilda avait libéré toute son énergie en ce point.
Svaja se tenait le ventre d'où s'échappait du sang.

- Comment ?!
- La "charge fantastique des walkyries " est une attaque semblable à l'aiguille écarlate qui permet de combiner la vitesse à la puissance : j'ai concentré toute la puissance de mon cosmos dans mes paumes et je l'ai libéré au niveau du ventre.

Malgré la douleur qui déformait ses traits Svaja parvint à sourire.

- Bravo ! Mais tu ne m'as pas tuée, c'est une erreur.
- Si je t'avais tué sans te laisser une chance je serais redevenue un pantin entre les mains du pouvoir maléfique de l'anneau.
- Me laisser une chance ?
- Oui, je t'en conjure. Abandonne ! Tu n'as plus la force de me battre.
- Tais-toi ! Tu ne sais pas ce que j'ai enduré !
- Oh si je le sais. Mais je sais aussi une chose : l'ultime cosmos ne s'éveille jamais dans la haine.
- Si c'est vraiment ce que tu penses attaque-moi et on verra si le fait d'avoir une armure t'a rendue plus forte que moi.

Lâchant son ventre Svaja joignit ses mains au-dessus de sa tête, ses cheveux rouges flamboyaient de plus belle.
Autour d'elle c'était tout le Muspellsheim qui s'animait, la lave éclaboussait les parois rocheuses, les geysers montaient de plus en plus haut.
Tout indiquait que Svaja allait tenter le tout pour le tout.
Hilda prit une position d'attaque.
Les deux adversaires se toisaient.

Svaja : Je dois déchaîner toute ma haine dans cette attaque, mes flammes l'emporteront en enfer.
Hilda : J'ai déjà réussi une fois à percer son attaque, je dois y parvenir à nouveau.

Svaja attaqua. " Que l'enfer brûlant soit ton tombeau Brunehilde, que les flammes de Sulfure t'emportent ! " " Subis la fureur du Muspellsheim ! "
Hilda hésita : incroyable, Svaja avait invoqué l'enfer brûlant et les flammes de Sulfure en même temps !
Elle comprit alors le plan de Svaja : si elle ne parvenait pas à détruire Hilda, l'écroulement du Muspellsheim s'en chargerait. C'était une action suicide.
Hilda n'avait pas le choix : il fallait que la vitesse de " la charge fantastique des Walkyries " atteigne celle de la lumière pour ne pas être affectée par aucune des attaques.

" Adieu ma sœur ! Par la charge fantastique des Walkyries "

Les flammes de Sulfure foncèrent vers Hilda en même temps que les colonnes de feu détruisaient le Muspellsheim faisant s'écrouler des pans entiers du plafond sur les deux adversaires.
Hilda sentit sa vitesse s'accroître à l'infini : elle évita une puis deux colonnes de feu en même temps qu'elle s'enfonçait dans l'œil des flammes de Sulfure.
Soudain Svaja lui apparut, elle jeta ses paumes en avant puis plus rien : une sensation de brûlure.

Hilda et Svaja étaient debout, chacune à un bout différent de la caverne, elles se tournaient le dos.
Hilda mit un genou à terre, de tous les pores de sa peau s'échappait de la vapeur de sang. De toute évidence elle n'avait pu complètement éviter l'attaque de son adversaire.

Svaja abaissa les bras.

" Pas la peine de me donner la satisfaction de savoir que je t'ai blessée. Je sais très bien que j'ai perdu Brunehilde. "

Svaja était toujours debout mais sa chevelure avait perdu toute vie. Des gouttes de son sang tombèrent à terre.
De son ventre et de tous les espaces non protégés de son corps s'écoulait du sang aussi rouge que ses cheveux.
Hilda se retourna.
Svaja reprit : " Non, ne pleure pas Brunehilde car je ne pourrais faire de même : mes larmes sont taries. "
Hilda ne parvenait pas à cacher sa peine. Svaja se retourna et tendit la main dans un signe de dénégation.

" Non, ne t'attarde pas, le Muspellsheim va s'écrouler, je vais mourir ici mais avant de partir promets-moi… promets-moi de chanter le chant funèbre des Walkyries en mon honneur devant le Walhalla quand tu auras inversé les mots du pouvoir : quand Asgard sera redevenue la brillante cité qu'elle était avant le Ragnarok "

Hilda ouvrit la bouche.

" Je te le promets ma meilleure ennemie, ma sœur "

Svaja tomba en avant, une larme perlant au coin de ses yeux. " Sœur "
Ses yeux se fermèrent une dernière fois et son âme partit rejoindre les autres Walkyries mortes au combat dans leur chevauchée fantastique.

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Cette fiction est copyright Diego Jimenez.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.