Prologue


Le soleil déclinait lorsque l’avion atteignit Athènes. Mais ses occupants ne s’en préoccupaient guère: Shun et Hyoga s’étaient endormis peu de temps après le décollage et n’avaient pas rouvert l’oeil depuis. Seiya lui-même s’assoupissait parfois alors que Shiryu et Ikki, absorbés dans leurs pensées jetaient un coup d’oeil distrait par le hublot. Quant à Saori, elle discutait avec le steward.

- Mesdames et Messieurs, nous arrivons sur Athènes, fit brusquement une voix dans un haut parleur. Nous aurons atterri dans quelques instants.

En effet, quelques secondes plus tard l’avion toucha terre avant de s’immobiliser en bout de piste. Les garçons s’étaient secoués à l’annonce de leur arrivée imminente à Athènes.

- Enfin ! s’écria Seiya. Je commençai à en avoir marre de ce voyage.

Puis il se tourna vers Hyoga qui s’étirait sur la banquette derrière la sienne et lui adressa une bonne bourrade.

- Ah, quand même, tu te réveilles fainéant !

Hyoga se frotta le dos en protestant :

- En voilà des manières !

Les autres se mirent à rire devant son air dépité puis Saori intervint :

- La passerelle est prête. Allons-y.

Tous se dirigèrent vers la sortie et après maints remerciements et au-revoirs à l’équipage purent apprécier de fouler le sol. Ils humaient l’air grec à plein poumon tout heureux de rentrer enfin en territoire connu. Poséïdon et son océan leur paraissait presque lointain maintenant.

- Qui vient nous chercher ? demanda enfin Shun après un long silence.

- Tatsumi doit venir, répondit Saori.

Au même instant, les nouveaux arrivants aperçurent Tatsumi qui s’approchait d’eux accompagné de Jabu et Natchi. Il s’empressa auprès de Saori alors que les deux chevaliers de bronze prenaient des nouvelles de leurs amis.

- Mademoiselle ! Dieu merci, vous n’avez rien. J’ai eu tellement peur pour vous. Un bateau nous attend pour nous rendre au sanctuaire où l’on vous a fait préparer vos appartements.

- Merci Tatsumi. Partons. Seiya nous y allons.

Tout le monde lui emboîta le pas.

Le trajet jusqu’au port fut court alors que celui jusqu’au sanctuaire leur parut une éternité. Lorsque enfin ils arrivèrent en vue du sanctuaire, Mu et Milo, respectivement chevaliers d’Or du Bélier et du Scorpion, les attendaient sur le débarcadère.

- Princesse ! Quelle joie de vous revoir ! Nous étions si inquiets !

Ce disant Mu lui donna le bras et ils prirent le chemin du palais. Milo lui, serra les mains tendues puis serra Hyoga contre lui.

- Je suis content de voir que tu t’en es encore bien sorti. Ton maître serait fier de toi chevalier.

- Merci Milo, répondit simplement Hyoga en souriant.

Puis ils prirent à leur tour le chemin du palais derrière les autres qui avaient instantanément suivis Saori.

Au palais, tous les chevaliers s’étaient rassemblés pour les accueillir. Les sourires, les poignées de main et les embrassades se succédaient. Tous étaient à la joie de se retrouver, victorieux et bien vivants. De toutes parts on voulait fêter les cinq compagnons et la princesse, nouveaux héros d’une aventure sanglante qui aurait pu très mal finir, mais les cinq amis, eux n’aspiraient qu’à un repos bien mérité et à oublier Poséïdon et ses sbires. Hyoga y tenait particulièrement : ses retrouvailles tragiques avec Isaac lui laissaient un goût amer et il aurait voulu ne plus y penser. Une fois encore, le destin s’était rappelé à lui de façon bien ironique. Ses pensées vagabondaient ainsi entre Isaac, Camus et le seigneur Cristal lorsqu’une main vint s’abattre sur son épaule.

- Eh, blondinet, nous, on tombe de fatigue. On nous conduit à nos appartements. Tu viens ?

C’était Seiya. Le russe hocha la tête et suivit son ami. C’est Mu et Tatsumi eux-mêmes qui les conduisirent. Saori restait au palais occuper la chambre d’Athena, restée inoccupée pendant de nombreuses années et que Mu avait faite réaménager pour elle. Seiya aurait bien aimé rester avec elle mais des chambres avaient été préparées pour les garçons dans un autre bâtiment, légèrement en contrebas du palais. Deux gardes placés devant le bâtiment les saluèrent avec un respect évident lorsqu’ils franchirent la porte accompagnés de Mu.

- C ’est fou, fit remarquer Shun. Ces types qui voulaient nous tuer il y a encore peu nous respectent aujourd’hui comme des dieux !

- Que veux-tu c’est la gloire ! répondit Seiya.

Ils arrivaient dans un grand hall. Puis ils montèrent un escalier en pierre. Au premier étage Mu s’arrêta.

- Il y a six chambres à cet étage. Cinq ont été préparées pour vous. Vous trouverez de quoi prendre une douche, du change pour la nuit et pour demain. Posez vos affaires sales devant votre porte, quelqu’un viendra les prendre pour les laver. Maintenant, je vous laisse. Je retourne au palais m’assurer que la princesse ne manque de rien et je regagne ma maison. Reposez-vous bien.

Puis il disparut dans l’escalier. Ils restèrent tous les cinq devant les portes.

- Eh bien mes amis, peut-être est-ce enfin pour nous la fin de la guerre, fit Seiya.

- Espérons-le, ajouta Shiryu.

- Moi, je suis épuisé. Je vais me coucher.

Puis Shun, joignant le geste à la parole disparut dans une chambre en souhaitant bonne nuit à ses amis. Les autres ne tardèrent pas à l’imiter.

Shun jeta un coup d’oeil circulaire à la chambre. Elle était assez simple : sur le mur face à la porte une fenêtre donnait sur le palais. A sa droite une grande cheminée trônait contre le mur et sur son rebord, plusieurs photos avaient été posées. Parmi elles, il reconnut l’ancien Pope et des chevaliers d’Or, dont certains étaient aujourd’hui disparus...Il se laissa lourdement tomber sur le lit en bois qui était dans un coin de la pièce, face à la cheminée. Il resta allongé quelques instants puis se dirigea vers la salle de bain attenante à sa chambre à laquelle on accédait par une porte à droite de la porte d’entrée. Des serviettes avaient été posées sur le lavabo ainsi qu’une chemise de nuit et quelques vêtements. Il se dévêtit et se plongea sous la douche avec délice. Quand il eut fini, une fois en chemise de nuit, il posa ses vêtements sur le palier comme l’avait dit Mu. Enfin il se coucha et sombra dans le sommeil.

La chambre dans laquelle pénétra Ikki était rigoureusement la même que celle de son frère. Lui aussi prit une douche et se mit en chemise de nuit, puis il s’accouda à la fenêtre. Il s’étonnait d’être encore là, de ne pas être parti avant le retour en Grèce dès la victoire acquise. Peut-être cette fois la fatigue et la conscience d’une victoire importante l’avait retenu auprès des siens. Son frère et ses amis. Il repensa à chaque combat, à Seiya, à Shiryu, à Hyoga. Son esprit s’arrêta sur ce dernier.

- Seigneur Cristal, Camus et Isaac...murmura-t-il pour lui-même; ça va finir par faire trop pour lui...

Il resta un long moment à se remémorer les derniers mois puis les dernières années. Le chemin parcouru depuis son retour de l’île de la Reine Morte lui paraissait si long qu’il lui semblait que ce qui lui était arrivé là-bas appartenait à une autre vie. Il se demanda si la lutte contre Poséïdon était cette fois la dernière et si, enfin ils pourraient tous aspirer à une vie normale Il ferma les yeux.

Seiya était fatigué. Bien plus qu’il ne l’avait jamais été. Aussi il hésita une seconde entre une bonne douche et se coucher immédiatement. Il allait opter pour la seconde solution mais il se ravisa finalement et se dirigea vers la salle de bains. La simplicité des lieux le fit sourire.

- Et Tatsumi qui nous parlait " d’appartements ", la bonne blague !

Il apprécia cependant la douche et la douceur du linge sur sa peau. Lorsqu’il fut prêt, il s’allongea sur le lit et ferma les yeux. Il avait pensé s’endormir immédiatement mais le sommeil ne vint pas. Son esprit à lui aussi se fixa sur leurs derniers combats, sur leur dernière victoire. Une fois de plus, ils étaient revenus de loin. Tout cela s’arrêterait-il un jour ? Il l’espérait, mais sans savoir pourquoi n’y croyait pas vraiment ...

Shiryu non plus, ne put s’endormir tout de suite. Comme à chaque retour, il s’interrogeait sur le passé et l’avenir que lui et ses compagnons pouvaient envisager. Il pensait aussi à Shunrei qui devait l’attendre aux cinq pics, comme d’habitude. Il se dit alors qu’il pourrait rentrer vite, que cela lui ferait plaisir ainsi qu’à Dokkho. Pourtant il avait aussi envie de rester un peu au sanctuaire, avec ses amis. Ils avaient tous pris l’habitude de se disperser rapidement après les guerres. Trop rapidement et aujourd’hui, le temps qu’ils passaient ensemble n’était que combats mortels et batailles sanguinaires. C’était dommage se dit-il, et aussi, il se promit de rester quelques jours au moins avant de retourner en Chine. Puis il pensa immédiatement que Ikki et Hyôga, eux, repartiraient sans doute les premiers vers leur hypothétique lieu de retraite dès le lendemain ou le surlendemain. Il le regretta.

Hyôga n’avait pas vraiment envie de dormir. Il ressentait certes une grande fatigue physique mais son esprit était en ébullition. Ce n’était plus qu’un enchevêtrement de bruits et de fureur, de souffrances et de larmes, de culpabilité et de remords... Ses pensées vagabondaient de Camus à Isaac, de sa mère à Cristal et à chaque instant se rejouait dans sa tête l’une des scènes tragiques dont ils avaient été chacun une victime et lui un acteur. Il avait tué Isaac comme autrefois son maître et Camus. Pour sa vie, pour celle d’Athéna. Il le fallait, lui soufflait une petite voix. Une voix qu’il lui semblait avoir écouté trop de fois. Quel sens pouvait-il donc donner à ce devoir envers Athéna -son devoir- si pour le respecter il devait détruire tout ce à quoi il tenait vraiment ? Sa vie était devenue d’une absurdité béante et il le savait. En sortant de la douche, il se regarda un long moment dans la glace. Puis il sentit ses jambes se dérober sous lui. Il tomba à genoux et se mit à pleurer.

Le lendemain matin, ce fut le soleil rentrant à flots par sa fenêtre qui réveilla Seiya. Il ouvrit les yeux, s’étira et s’assit dans le lit. Il faisait beau dehors et il se sentit immédiatement dans une forme olympique. Il bondit hors de son lit, ouvrit la porte de sa chambre et tenta de percevoir des bruits dans les chambres voisines : c’était le silence absolu. Il sortit dans le couloir et ferma sa porte en prenant garde de ne pas faire de bruit. Puis il réfléchit.

- Qui vais-je aller réveiller en premier ? s’interrogea-t-il. Ikki est bien trop bougon, Shiryu n’est pas drôle...Alors, Shun ou Hyôga ?

Après quelques secondes d’hésitations il pensa que Shun se ferait une joie d’aller réveiller Hyôga avec lui. Aussi décida-t-il de commencer par celui-ci. Il colla son oreille contre la porte et n’entendant aucun son l’ouvrit délicatement. Shun était allongé sur le côté, enroulé dans les draps et dormait profondément. Seiya s’assit sur le lit à côté de lui et se demanda comment il allait s’y prendre. Il commença par pincer doucement les joues du garçon qui n’eut aucune réaction. Il le pinça ensuite plus fort et cette fois Shun se retourna en grognant. N’y tenant plus, Seiya se précipita sur lui et se mit à le chatouiller. Shun se dressa alors comme un diable hors de sa boîte et bondit au pied de son lit. Dans la précipitation, il se prit un pied dans les draps et s’étala de tout son long. Seiya éclata de rire. Shun se redressa et lui lança un regard noir.

- Seiya !

Shun s’apprêtait à se jeter sur lui lorsque Seiya reprenant son souffle lança :

- Et si on s’alliait pour aller réveiller Boucle-d’or ?

Shun partit d’un bon rire à ce nom et hocha la tête. Les deux amis sortirent de la chambre de Shun priant pour que sa chute n’ait pas réveillé le chevalier du Cygne. Ils collèrent tous les deux leurs oreilles à la porte du russe et n’entendant aucun bruit rentrèrent aussi silencieusement que Seiya ne l’avait fait quelques minutes auparavant dans la chambre de Shun. Hyôga semblait dormir profondément.

- Comment s’y prend-on ? demanda Seiya.

- Avec douceur pour commencer, fit Shun.

Puis il s’assit à côté du russe et entreprit de lui tirer doucement les cheveux et de le pincer. Seiya l’imita mais ils n’obtinrent aucun résultat. Ils tentèrent quelques chatouilles mais ils savaient que Hyôga n’y était pas sensible. Ils arrêtèrent et échangèrent un regard complice. Alors chacun attrapa une extrémité du drap dans lequel il était enroulé, soulevèrent et renversèrent Hyôga qui tomba lourdement sur le sol. Celui-ci cligna une ou deux fois des yeux avant de les ouvrir vraiment. Lorsqu’il aperçut Shun et Seiya, il frappa du poing sur le sol.

- Je vous déteste ! Je vous déteste !

Puis il bondit sur ses pieds, attrapa son oreiller et le jeta au visage de ses tortionnaires. Après l’oreiller, il leur jeta un à un tous les vêtements qui traînaient au pied de son lit puis les draps et les bibelots qui décoraient la chambre. D’abord abasourdis, les deux autres se mirent à rire et à lui renvoyer. Quelques minutes plus tard, Shiryu et Ikki, attirés par le bruit, apparurent dans l’embrasure de la porte. A peine avaient-ils constaté l’incroyable désordre qui régnait dans la pièce qu’ils reçurent chacun un objet non identifié en plein visage. Leur réaction fut immédiate: ni une, ni deux, ils se jetèrent sur leurs amis, bien décidés à effacer l’affront subi. Cette joyeuse bataille fut interrompue une dizaine de minutes plus tard par l’arrivée de Milo. Les cinq amis ne l’ayant pas vu arriver, il s’accouda sur le cadre de la porte et toussa légèrement. Instinctivement tous s’arrêtèrent et tournèrent la tête vers lui.

- Eh, bien je vois que l’on ne s’ennuie pas ici ! lança-t-il narquois. Sans vouloir vous déranger, je venais simplement vous prévenir qu’après le petit déjeuner que l’on vous servira en bas, Athena a ordonné une assemblée de tous les chevaliers au palais du pope. Vous y serez bien sûr attendus...

Il s’apprêtait à tourner les talons mais se ravisa.

- Au fait, bonjour !

- Bonjour Milo ! lancèrent-ils tous en chœur.

Milo partit d’un bon rire et cette fois, disparut.

Le petit déjeuner, extrêmement copieux, fut vite avalé par les cinq amis qui s’étaient retrouvé dans la salle à manger après s’être décemment vêtu d’une tunique grecque qu’ils avaient trouvée dans leur chambre. Seiya, qui avait déjà vécu au sanctuaire pendant six ans avait l’habitude de porter ce genre de vêtement alors que les autres étaient plutôt mals à l’aise. C’est donc ainsi qu’ils quittèrent leur demeure de la nuit et se dirigèrent vers le palais du pope. Dans le grand hall, tous les chevaliers survivants des dernières batailles étaient rassemblés. Saori vint à leur rencontre prendre de leurs nouvelles.

- Nous n’attendions plus que vous, chevaliers. Nous allons pouvoir commencer.

Elle retourna s’asseoir dans le fauteuil du pope et s’adressa à toute l’assistance :

- Mes amis, vous n’êtes pas sans savoir qu’après les nombreuses batailles que nous avons dues livrer, nous nous sommes beaucoup affaiblis en perdant non seulement le grand Pope du sanctuaire mais également de nombreux chevaliers de bronze, d’or ou d’argent. Nous avons assez souffert et il est temps de signifier notre pouvoir à d’éventuels ennemis pour éviter à l’avenir les batailles que nous avons eues à mener jusqu’à présent. En l'absence de Dohkko, notre nouveau Pope, que sa mission appelle en Chine, je tiens à désigner l'un d'entre vous pour être son suppléant, ici au sanctuaire et assurer sa tâche.

Il y eut un silence puis Saori reprit :

- Je pense qu’aujourd’hui, le plus sage et le plus digne des chevaliers d’Or de remplir cette fonction sacrée ici au sanctuaire est Mu de Jamir, chevalier d’Or du signe du Bélier.

Il y eut un brouhaha d’approbation dans la foule et Mu, imperturbable, s’approcha de Saori, ploya le genou et prêta serment.

- Nous devons également commencer dès aujourd’hui à chercher et former les futurs gardiens du sanctuaire.

Nous devons former de nouveaux chevaliers afin d’asseoir définitivement notre supériorité sur le monde. Vous êtes tous concernés. Nous comptons sur vous. Le rôle d’équilibre du sanctuaire est trop important pour la survie de la Terre pour le laisser à la merci de puissances mal intentionnées...

Après ce discours et la cérémonie d’intronisation de Mu qui dura toute la journée, Hyôga vint annoncer à Saori son départ.

- Déjà, tu pars ?

Il hocha la tête.

- La guerre est finie. Mon pays me manque. Je partirai demain. J’ai besoin de me ressourcer.

Saori hocha gravement la tête.

- Je comprends...Je tiens à te remercier chevalier pour tout ce que tu as fait pour moi. Je sais que toutes ces batailles t’ont coûté bien plus qu’à aucun autre...

Hyôga se força à lui sourire et s’éloigna.

Il partit effectivement le lendemain, la caisse de son armure sur le dos, à pied en direction d’Athènes, suivi des yeux par ses amis et Saori. Ikki partit peu de temps après, ainsi que Shiryu un peu plus tard. Seiya et Shun rentrèrent au Japon avec Saori et Tatsumi, laissant ainsi Mu continuer la réorganisation du sanctuaire aidé en cela par les autres chevaliers d’Or, en attendant le retour prochain de la déesse.

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Cette fiction est copyright Stephanie Fabrer.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada et Toei Animation.