Chapitre 10 : Les esprits de la nature


-Hahaha ! S'esclaffa Albérich. Tu as l'intention de te battre contre moi, toi, un minable chevalier de bronze ? Je n'ai jamais rien vu d'aussi ridicule. Je n'aurai même pas besoin de mon épée pour te mettre à genoux, dit-il en déposant son arme à terre.
-Silence !! Le coupa Jabu en se précipitant sur lui, le poing levé.

Le chevalier de la licorne enchaînait les attaques avec vitesse, coups de poings, coups de pieds mais rien n'y faisait, son adversaire esquivait avec facilité sans même effacer de son visage son sourire narquois et moqueur.

-Je finirai bien par le toucher, pensait Jabu sans se décourager.

A ce moment, Albérich disparut de son champ de vision. Il s'était déplacé si vite qu'il avait échappé à la perception de Jabu et s'était placé derrière lui.

-Où est-il ?? Se demanda ce dernier.
-Je suis derrière toi, minable ! Lui répondit Albérich comme s'il avait lu dans ses pensées.

Jabu se retourna promptement pour être accueilli violemment par le poing droit d'Albérich en pleine face. A peine eut-il le temps de s'en remettre qu'il fut atteint par un autre coup dans l'abdomen qui lui perfora partiellement l'armure avant d'être envoyé au loin par un coup de pied rotatif. Il se releva tout de même, le visage parcouru par plusieurs filets de sang et le torse douloureux.

-Est-ce là l'étendue de tes pouvoirs, avorton ? Ironisa Albérich.
-Je n'ai pas encore dit mon dernier mot ! Répondit Jabu. Prépare-toi à encaisser ma plus puissante attaque, par le galop de la licorne !!

Jabu intensifia son cosmos et commença à courir vers son ennemi de toute sa vitesse. Arrivé à quelques mètres, il fit un bond prodigieux et atteignit son adversaire d'un coup de genou aussi véloce que puissant qui le fit reculer.

-Cette fois je l'ai eu, jubila-t-il un court instant avant de rapidement déchanter en constatant qu'Albérich avait bloqué son coup en joignant ses mains.
-Huhuhu, ricana-t-il. Tu n'as tout de même pas cru que ton attaque pitoyable pouvait m'atteindre ? J'aurais dix fois eu le temps de l'éviter et de te frapper en retour si la curiosité de savoir ce que ça faisait d'encaisser un coup aussi faible ne l'avait emporté.
-Tu n'es pas comme les autres guerriers divins que j'ai rencontrés, déclara soudain Jabu. Eux ont un comportement noble tandis que toi, tu respires la traîtrise et la bassesse.
-De quel droit oses-tu me parler de la sorte ?! Je suis de noble lignée et bien plus raffiné que les va-nu-pieds que tu as pu croiser jusqu'à présent.
-Tu n'as pourtant rien à voir avec Hagen.
-Tu l'as rencontré ? Demanda Albérich, soudain intéressé. Moi qui pensais que tu n'étais bon qu'à tuer rapidement, j'aurai donc le plaisir exquis de te torturer afin de te faire cracher ce que tu sais, en plus de ton propre sang, bien sûr.

Jabu eut un frisson de terreur en entendant ces paroles glacées. Il avait une mission à remplir et des informations dont il disposait pouvait dépendre l'issue de la bataille, il ne pouvait pas mourir ici ! Cependant, il savait que seul un miracle lui permettrait d'échapper à cet homme cruel et sans pitié qui se disait être un guerrier divin. Il se tourna naturellement vers celle qu'il avait toujours aimé et admiré, Saori Kido. Pour lui qui avait connu la jeune fille depuis toujours, elle serait toujours plus Saori qu'Athéna mais qu'importe, il l'avait toujours considérée comme une déesse.

-Saori, je vous en prie, donnez-moi la force de surmonter cette épreuve, priait-il intérieurement de toutes ses forces et toute sa volonté.

Son cosmos se mit à irradier de façon inhabituelle, même lui fut surpris de son intensité. C'est alors qu'il comprit comment Seiya et ses autres frères étaient parvenus à créer les miracles qu'ils leur connaissaient. Il suffisait d'oublier son ambition personnelle et de se consacrer à une cause juste, celle d'Athéna car telle était le vrai pouvoir de la déesse gardienne de la Terre, conférer à ses défenseurs une force hors du commun que seule la véritable foi permettait d'obtenir. Pour la première fois, Jabu se sentit plus proche de son rival de toujours et surtout un véritable chevalier d'Athéna. Galvanisé par ce soudain changement, il reprit confiance en lui et se précipita à nouveau à l'attaque.

-Essaie donc d'encaisser à nouveau le galop de la licorne, s'écria-t-il.

Albérich bloqua à nouveau le genou offensif des deux mains, avec plus de difficulté cette fois mais alors que, trop sûr de lui, il s'apprêtait à contre-attaquer, il ne vit pas arriver le second coup qui s'écrasa durement sur son visage. Jabu avait mis à profit l'impulsion formidable du galop de la licorne pour enchaîner immédiatement par un second coup de genou qui, lui, avait atteint son but. Albérich fut momentanément emporté mais se ressaisit vite en effectuant une pirouette qui le remit sur pied. Il avait quand même sa joue douloureuse et saignait de la lèvre inférieure. Son sourire avait disparu et il exprimait à présent une froideur et un mépris sans borne. Jabu ressentait quand même une certaine fierté d'avoir réussi à toucher son adversaire mais il réalisait nettement à présent tout le chemin qu'il lui restait à parcourir afin d'égaler Seiya, même s'il était sur la bonne voie. Mais malheureusement, il était probable qu'il n'y parvienne jamais car sa vie était sur le point de prendre fin. La différence entre les deux adversaires était trop gigantesque pour qu'il puisse espérer la combler dans un laps de temps aussi court.

-Tu te débrouilles mieux que je ne l'avais pensé, affirma Albérich avec sincérité. Puisque tu as réussi à me toucher, je vais te montrer une fraction de mon véritable pouvoir et crois-moi sur parole, tu vas regretter amèrement d'avoir osé lever la main sur moi.

Le cosmos d'Albérich s'enflamma soudainement. Bien qu'impressionné, Jabu fonça sur lui et tenta de l'atteindre avec un coup de pied sauté. Albérich s'écarta de la trajectoire, se saisit de sa cheville avec facilité et le projeta au loin. Jabu réussit cependant à se remettre d'aplomb mais lorsqu'il tourna son regard vers son adversaire, celui-ci n'était plus là.

-Derrière toi, abruti ! Lui lança Albérich tout en l'envoyant mordre la poussière d'un coup puissant.

Jabu se releva immédiatement et tenta de contre-attaquer mais Albérich était trop rapide et lisait tous ses mouvements. Il tournait autour de lui à une vitesse si impressionnante que Jabu ne savait le suivre, ne serait-ce que du regard. Il ne se décourageait pas pour autant et attaquait avec véhémence, sans succès cependant. Après avoir esquivé de nombreux coups, Albérich créa dans ses mains une boule de cosmos qu'il projeta sur Jabu. Ce dernier ne put l'éviter à temps et fut frappé de plein fouet. Plusieurs fragments d'armure s'étaient brisés et ses vêtements étaient en lambeaux.

-Il semblerait que ce soit la fin pour toi, dit Albérich. Je n'ai pas envie de me salir les mains, par conséquent, je vais t'embrocher et te faire rôtir vivant sur mon épée flamboyante.

Il se dirigea vers l'endroit où il avait laissé son arme mystique et s'en saisit prestement. De son coté, Jabu s'était relevé mais ne pouvait pas espérer montrer une véritable résistance.

-Il ne me reste plus qu'à mourir dignement en me battant jusqu'au bout, affirma-t-il.
-Sottise, la mort n'est que stupidité et faiblesse et elle est synonyme de défaite, rétorqua Albérich. Mais si tu y trouves une quelconque dignité, je me ferai une joie de te satisfaire en t'offrant un aller simple pour l'enfer. Adieu, minable chevalier de bronze !

Les deux hommes se précipitèrent ensemble vers le dénouement de ce combat qui verrait sans nul doute la mort du chevalier d'Athéna et la victoire du guerrier d'Odin. Mais au moment où Albérich allait atteindre Jabu de sa lame incandescente, une silhouette dorée s'interposa et arracha le chevalier de bronze à une mort certaine.

-Aiolia ! S'écria Jabu, soulagé. On peut dire que tu es arrivé à temps !
-Désolé pour le retard. Je me suis précipité dès que j'ai senti l'explosion de vos cosmos.

Peu après l'arrivée d'Aiolia surgirent des buissons Ichi et la princesse Freya qui avaient tant bien que mal tenté de suivre Aiolia.

Agréablement surpris par l'arrivée de tout ce beau monde, Albérich prit la parole :

-Le destin est de mon coté, dirait-on. Il m'offre sur un plateau un des légendaires chevaliers d'or d'Athéna et la traîtresse que tout le royaume recherche. Il ne manque plus qu'Hagen pour que le tableau soit au complet. Mais peut-être savez-vous où il se terre, princesse ?
-Même si je le savais, jamais je ne te le dirais ni à aucun autre être de ton genre ! Répondit-elle violemment.
-Et dans quel genre d'individu me classez-vous, s'il vous plait ?
-De ceux vils et lâches, capables de toutes les bassesses et trahisons pour obtenir un surplus de richesse ou de puissance, dit-elle d'un ton méprisant. Je comprends la décision de ma sœur de te chasser du royaume, à présent.
-Heureusement pour moi qu'elle a changé d'avis, alors. Et je suis sûr qu'elle sera absolument enchantée lorsque je vous ramènerai à elle enchaînée.

En entendant ses paroles, Freya eut un mouvement de recul et ses pensées allèrent à Hagen. Elle aurait donné n'importe quoi pour qu'il soit présent à l'instant même et qu'il la débarrasse d'Albérich.

-J'ai l'impression que tu m'as quelque peu oublié, intervint Aiolia.
-Du tout, répondit Albérich. Mais je me rends compte que je ne me suis présenté qu'à votre compagnon ici présent, je suis affreusement impoli, rajouta-t-il en désignant Jabu. Vous avez devant vous Albérich de Mégrez, guerrier divin de Delta, pour vous desservir.
-Et moi, je suis Aiolia, chevalier d'or du lion.
-Je sais qui tu es. C'est toi qui as éliminé Mime, enfin si j'ose dire.
-Qu'essaies-tu d'insinuer ? Lui demanda Aiolia.
-Je sais que tu as bénéficié d'un coup de pouce disons…non négligeable, dit-il en souriant. Et au vu de l'épaisse couche de glace qui recouvrait le corps meurtri de ce pauvre Mime, je peux même dire que celui qui t'a donné un coup de main n'est autre qu'Hagen. Est-ce que je me trompe ?
-Oui, il m'a aidé et je l'en remercie car sans lui, je n'aurais pu remporter la victoire sur ce formidable adversaire. Jabu ! Dit-il d'un ton ferme en se tournant vers l'intéressé. Tu as une mission à accomplir, ne l'oublie pas. Va, je vais m'occuper de lui.
-Bien ! Répondit-il en s'éloignant et soulagé en voyant qu'Albérich ne tentait aucun geste pour l'en empêcher.
-Tu me parais bien mal en point, chevalier d'Athéna. Crois-tu être capable de me vaincre seul ? Hagen ne sera pas là pour t'aider cette fois, ricana-t-il.

Aiolia ne répondit pas comme il l'aurait fait auparavant. Son combat contre Mime lui avait malgré lui appris l'humilité car jamais il n'avait été malmené de la sorte. Il avait commis l'erreur de sous-estimer son adversaire et il l'avait payé très cher en frôlant de prêt la défaite. En réalité, il ne se considérait pas réellement comme le vainqueur, il avait simplement eu de la chance qu'Hagen soit passé par là. Et pourtant, cette fois encore, il lui semblait que l'arrogant personnage qu'il avait en face de lui ne représentait pas un danger excessif. Il émanait de lui un cosmos assez modeste, inférieur à celui de Mime et il semblait aussi frêle que ce dernier.

-Je ne dois pas me laisser influencer par ce genre de détail, pensa-t-il. S'il a été choisi pour devenir un guerrier divin, c'est qu'il y a forcément une raison valable. D'un autre coté, Hagen m'a certifié que Mime était un guerrier redoutable entre tous, il n'est pas dit que celui-là soit aussi puissant. Et à priori, je n'aurai pas cette fois à affronter des illusions.
-Eh bien, Aiolia, l'interrompit Albérich. Tu sembles perdu dans tes songes. Puisque tu ne te décides pas à attaquer, je vais le faire !

Levant bien haut son épée d'améthyste, il la planta violemment dans le sol et une traînée de flammes en fut projetée vers Aiolia, lequel l'esquiva d'un bond latéral. La gerbe incandescente continua sa route jusqu'à un arbre et le carbonisa entièrement, après avoir laissé une trace noire et fumante dans le sol.

-Quelle arme redoutable, se dit Aiolia. Mieux vaut ne pas avoir à encaisser un coup d'une telle chaleur ! Heureusement, sa vitesse d'exécution est assez lente mais peut-être était-ce intentionné…

Mais Albérich ne s'arrêta pas à cette seule démonstration et se précipita vers le point de chute d'Aiolia, prêt à l'abattre.

-Ton armure est déjà endommagée, elle ne résistera pas à mon épée flamboyante ! Cria-t-il.

Il commença à faire tournoyer son arme tout en portant des coups véloces et puissants, le tout avec une dextérité et une grâce extraordinaire. Chaque frappe et revers laissait un effet de rémanence enflammé de toute beauté. Mais Aiolia ne se laissa pas impressionner pour autant et esquiva avec habileté chaque attaque. Tout ceci dura plusieurs dizaines de secondes lorsque d'un revers de l'avant-bras, il tenta une parade afin de mettre fin à cette danse enflammée aussi mortelle que magnifique. L'épée vint alors s'écraser sur la protection dorée d'Aiolia et comme ce dernier l'espérait, elle ne parvint pas à la traverser. Le choc fut si violent qu'Albérich lâcha son arme et celle-ci alla se planter dans la neige au loin, laquelle fondit immédiatement sous l'effet de la chaleur.

-Ton maniement de l'épée n'est pas mauvais, lui accorda Aiolia. Mais ta vitesse est trop faible pour inquiéter un chevalier d'or. De plus, tu sous-estimes grandement le pouvoir de protection de nos armures d'or. Il s'agit ni plus ni moins des protections les plus efficaces qu'on puisse trouver dans ce bas monde et seules les armures d'essence divine qu'on nomme kamui leurs sont supérieures, si toutefois elles existent réellement. Mais de toute façon, seuls les dieux peuvent porter de pareils artefacts.
-Alors, je serai bientôt un dieu moi-même car je suis appelé à porter d'ici peu une véritable armure divine, répondit Albérich.
-Que dis-tu ? Demanda Aiolia, étonné. Si tu prétends avoir été choisi pour revêtir une véritable armure divine, pourquoi ne la portes-tu pas actuellement ?
-Je n'ai pas été choisi, c'est un honneur que j'ai moi-même décidé de m'accorder, car je le mérite plus que quiconque !
-Tes propos n'ont aucun sens, tu ne me parais pas sain d'esprit, remarqua Aiolia
-Au contraire, je sais parfaitement de quoi je parle, répliqua Albérich. Tu vois ces saphirs ? Ajouta-t-il en ouvrant la main. Chaque guerrier divin en possède un sur son armure. Ils sont la clé de l'armure d'Odin elle-même.
-Tu es aussi allé récupérer celui de Mime, malgré son cercueil de glace ? N'as-tu donc aucun respect pour tes camarades tombés au combat ?
-De toute façon, si tu ne l'avais pas tué, c'est moi qui m'en serais chargé. Quant à cette ridicule sépulture, elle n'a pas résisté longtemps à ma lame flamboyante. Toujours est-il que je possède à présent quatre saphirs d'Odin. Je vais attendre sagement que tes amis tuent les deux autres guerriers fidèles à la cause d'Hilda et j'irai me servir sur leurs cadavres encore chauds. Il ne me restera plus qu'à éliminer ce traître d'Hagen et le tour sera joué.
-Pourquoi me révéler tout ça ? Je n'en ai cure, même si je sais à présent que tu es toi-même de la race des pires traîtres, de ceux qui plantent un poignard dans le dos de leurs amis.

Le visage d'Albérich se durcit soudainement et son sourire machiavélique se transforma en un rictus de haine et de détermination. Il leva son bras, le poing fermé au niveau de son visage et haussa la voix pour répondre :

-Si je te dis tout ça, c'est pour que tu te rendes compte de ton insignifiance face à mon ambition et mes projets !! Jamais je ne laisserai un minable comme toi me mettre des bâtons dans les roues, tu entends, jamais !!! Vociférait-il.
-Tu es complètement fou, conclut Aiolia. Mais tu es surtout très dangereux et il est de mon devoir de mettre un terme à ton ambition démesurée car il est évident qu'une fois tes projets atteints, tu ne sauras te contenter du seul royaume d'Asgard.
-Exact ! Je ne supporte plus ce pays infect sans cesse battu par des vents glacials et où il est impossible de manger autre chose que ce que la terre glacée veut bien nous donner.
-Et pour atteindre cet objectif, tu es prêt à sacrifier la vie de tes compatriotes, belle mentalité. Odin a commis une grave erreur de t'élever au rang de guerrier divin et il me sera sûrement redevable si je la corrige pour lui.
-Tous les chevaliers d'or sont-ils aussi prétentieux que toi? Ne crois pas être vainqueur d'avance simplement parce que je n'ai pas réussi à te toucher tout à l'heure ! J'ai d'autres cordes à mon arc…



Jabu avait repris sa course effrénée jusqu'au palais, se tenant tout de même le flanc suite à l'altercation avec Albérich. Il estimait cependant s'en être tiré à très bon compte malgré ses quelques blessures car sans l'intervention d'Aiolia, il ne serait sans doute plus de ce monde. A présent, il devait coûte que coûte rejoindre Milo et Aldébaran afin de les avertir du danger qui les menaçait. Ces deux derniers se tenaient à présent immobiles à l'entrée du palais royal, semblant ridiculement petits devant l'immensité de l'architecture.

-Nous y voilà, annonça Milo. Le dernier bastion de l'ennemi, si j'ose m'exprimer ainsi. Normalement, il ne devrait rester que trois guerriers divins à abattre.
-Ou à rallier à notre cause, ajouta Aldébaran. Et méfions-nous aussi de ce guerrier à l'armure féline, je suis sûr qu'il cache un secret néfaste.
-Allons-y et restons prudent, ils pourraient très bien nous tendre une embuscade une fois à l'intérieur.

Les deux chevaliers d'or montèrent lentement les marches menant à l'intérieur mais une fois en haut, ils entendirent une voix les appelant derrière eux. Ils se retournèrent immédiatement et reconnurent Jabu qui venait de franchir la grille du jardin et qui se dirigeait en courant vers eux.

-Jabu ?! S'étonna Milo. Que fais-tu ici ?
-Athéna soit louée, j'ai pu arriver à temps, répondit-il, le souffle court. Je viens vous avertir d'un terrible danger. J'ai parlé avec la princesse Freya de ton combat contre Syd en Grèce et elle m'a révélé la vérité, d'après ce que les légendes racontent. L'étoile de Mizar est double, derrière elle se cache une autre étoile appelée Alcor.
-J'en étais sûr ! S'écria Aldébaran. Il y a donc un huitième guerrier divin qui veille dans l'ombre et frappe en traître. Je savais que mes sens ne pouvaient me tromper. Je jure que j'aurai moi-même la peau de cet homme, foi d'Aldébaran !
-Quand es-tu arrivé en Asgard, Jabu ? Le questionna Milo. Et où est Aiolia ?
-Je suis venu avec Ichi sur ordre de Saori, enfin, d'Athéna. Quant à Aiolia, je viens de le quitter à l'instant. Il a vaincu l'un des guerriers divins grâce à l'aide d'Hagen mais nous avons aussitôt été abordés par un autre.
-Tu dis qu'il a eu besoin d'aide pour le battre ? Ce devait être un combattant redoutable, conclut Milo
-Effectivement, je l'ai moi-même vu de très près et Aiolia a reconnu n'avoir jamais rencontré adversaire si puissant. Sans Hagen, il serait mort, tout comme nous d'ailleurs. Nous lui devons la vie.
-Et qu'en est-il du second ? S'enquit Aldébaran.
-Il m'a paru nettement moins fort que son camarade, je pense qu'il arrivera à s'en débarrasser sans trop de difficultés, affirma Jabu d'un ton confiant.
-C'est lui qui t'a mit dans cet état ? Demanda Milo.
-C'est-à-dire que j'étais parti devant pour vous avertir et il m'a intercepté. Heureusement pour moi, Aiolia est rapidement intervenu et m'a sauvé la mise.
-Ce qui signifie qu'ils sont donc trois à nous attendre dans ce palais, récapitula Milo, dont un qui restera sans doute dans l'ombre jusqu'au dernier moment, attendant un relâchement de notre part. Mais à présent que nous sommes avertis, ceci n'arrivera pas. J'estime donc que nous avons de bonnes chances de succès, conclu-t-il.
-Le guerrier à l'armure sombre appelé Syd ne sera pas un obstacle infranchissable à mon avis. Mais méfions-nous de son ombre qui a l'air de posséder une force extraordinaire malgré tout. Il n'y a qu'à voir avec quelle facilité il a brisé le heaume de mon armure d'or.
-Certes, relativisa Milo, mais n'oublions pas que sa force principale réside dans le fait qu'il attaque ses adversaires en traître. Il est facile d'abattre en un coup un homme non méfiant si l'on y met toute la puissance de son cosmos et que l'on n'a pas à se soucier d'une éventuelle contre-attaque.

Aldébaran acquiesça d'un signe de la tête et commença à pénétrer dans l'enceinte du palais, comme s'il était pressé d'en découdre, rapidement suivi de Milo et Jabu.

-Montrez-vous à nouveau si vous l'osez, guerriers divins. Je ne me laisserai pas humilier deux fois de suite, vous pouvez me croire, pensa-t-il avec une profonde détermination.



Albérich semblait s'être calmé et arborait à nouveau son sourire narquois. Il avait récupéré son épée et se tenait à présent immobile face à Aiolia, les deux mains sur la garde de son arme.

-Il est temps que tu découvres la véritable étendue de ma puissance, dit Albérich. Et tu vas vite te rendre compte que je dispose de puissants alliés contre lesquels tu ne pourras rien !

Albérich se concentra et fut soudain nimbé d'un puissant cosmos de nature différente de tout ce qu'avait connu Aiolia avant. Il semblait s'étendre de façon exponentielle et envahir tout l'environnement.

-Les esprits de la nature se chargeront de te punir comme tu le mérites pour avoir osé porter la main sur moi, lança Albérich à son adversaire.

Son cosmos qui jusqu'à présent émanait lentement et régulièrement se sépara soudainement en gerbes d'énergie qui allèrent se perdre rapidement dans les tréfonds de la forêt et disparurent tout aussi rapidement.

-A présent, tout chevalier d'or que tu sois, tu es un homme mort !
-Assez de bavardage, le coupa Aiolia, mon plasma foudroyant se chargera de te faire taire une bonne fois pour toutes, meurs !!

Aiolia joignit le geste à la parole et projeta son attaque mais aussitôt, d'énormes racines jaillirent de terre devant lui et encaissèrent le gros de son attaque, laissant toute la latitude nécessaire à Albérich pour esquiver. Avant même d'être remis de sa surprise, le sol se déroba sous les pieds d'Aiolia, laissant la place à d'autres racines tout aussi énormes qui le saisirent par les pieds, comme si elles disposaient de leur volonté propre.

-Mais quel est ce maléfice ?! S'écria-t-il. Cet homme serait-il capable de commander à la nature ? Je ne peux y croire !
-Je peux lire sur ton visage tes interrogations, lui répondit Albérich. Effectivement, j'ai la mainmise sur les esprits de la nature, ils sont les fidèles serviteurs de ma famille depuis des temps immémoriaux. Ils se chargeront de te plonger dans l'oubli définitivement, hahahaha !!

Aiolia sentit la colère monter en lui et il la laissa éclater en même temps que son cosmos.

-Tu te trompes lourdement si tu crois pouvoir m'arrêter avec quelques bouts de bois!

Dans un cri de rage, il pulvérisa toutes ses entraves mais aussitôt libéré, d'autres racines jaillirent à nouveau, accompagnées cette fois de branches et lianes en tout genre. La forêt entière semblait s'être réveillée et l'avoir prit comme ennemi. Il parvenait cependant en se déplaçant à grande vitesse à esquiver tous les projectiles tout en pulvérisant d'une salve de cosmos ceux qui l'approchaient de trop près. Mais cela paraissait inutile car pour chaque branche ou racine de détruites, deux ou trois prenaient sa place.

-C'est inutile, plus tu te débattras et plus les esprits de la natures se montreront belliqueux. C'est un combat que tu ne peux gagner, intervint Albérich.
-Il a raison, pensa Aiolia. Même un chevalier d'or ne peut vaincre les forces de la nature et de toute façon, mon ennemi n'est autre que ce misérable. Si j'arrive à m'approcher de lui et à l'attaquer, je mettrai fin à cette magie diabolique.

Cette réflexion lui fit perdre un peu de son attention durant quelques secondes, suffisamment pour être violemment happé par un énorme tentacule végétal qui le projeta au sol tout d'abord et qui l'enserra à la manière d'un serpent, le privant de toute liberté. Avant même d'avoir pu concentrer son cosmos pour se libérer de son emprise, d'autres surgirent et resserrèrent leur étau sur le chevalier du Lion, lequel avait à présent peine à respirer sous la pression grandissante.

-Tu t'es bien défendu, mais comme pratiquement tous ceux avant toi, le combat était perdu d'avance. La race humaine est bien stupide de croire qu'elle est supérieure à la nature et peut la dominer, qu'il s'agisse d'un chevalier ou pas. Moi seul possède ce pouvoir sur terre. A présent, tu vas périr…

Mû par une force irrésistible, Aiolia se sentit soulevé de terre et maintenu en altitude les bras en croix. Il était tiraillé et écartelé de chaque coté mais tenait bon malgré tout.

-Il est hors de question que je meure de la sorte ! Songea-t-il.

Il se prépara à faire exploser cosmos afin que la déflagration le libère mais Albérich intervint à ce moment :

-Trop tard, meurs par mon épée flamboyante !! Cria-t-il.

Il prit son élan et projeta son arme de toute la puissance de son cosmos sur son adversaire qui était dans l'incapacité d'esquiver, complètement empêtré. Ce dernier vit avec horreur la lame acérée se précipiter vers lui à toute vitesse, tout en maudissant son impuissance. Au moment de l'impact, l'expression de terreur d'Aiolia n'avait d'égale que celle déjà triomphante d'Albérich…

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Cette fiction est copyright Thomas Lafargue.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.