Chapitre 11 : Le guerrier au cœur d'améthyste


-Ne me sous-estime pas !! Hurla Aiolia à l'encontre de son adversaire.

Le chevalier d'or fit exploser son cosmos, lequel détruisit en une fraction de seconde toutes ses entraves, et dans un geste désespéré, tenta de parer la lame rougeoyante en joignant ses deux paumes. Outre la sensation de brûlure qu'il ressentit à chaque main, la douleur qui lui traversa le torse lui indiqua qu'il n'avait pas pu stopper suffisamment cette arme redoutable, même si cette parade lui avait évité de finir empalé. En effet, une partie de l'épée avait traversé sa protection déjà affaiblie et s'était enfoncé dans sa chair sur quelques centimètres. Il s'échappa malgré lui un cri étouffé et tomba lourdement à terre, quand déjà, du sang s'écoulait de sa blessure. Albérich se précipita au point de chute et arracha prestement son épée des entrailles de son ennemi, lequel fut parcouru par un spasme tant la douleur l'étreignit lorsque la lame se retira, emportant avec elle quelques lambeaux de chair calcinée. Albérich leva bien haut son arme et se prépara à empaler son adversaire pour de bon cette fois. Aiolia leva sa main, nimbée d'un cosmos doré afin de riposter, mais une silhouette intervint et tenta de frapper Albérich.

-Ichi ?! S'écria Aiolia.
-Encore un de ces insectes insignifiants, s'exclama Albérich. Hors de mon chemin, minable chevalier de bronze.
-C'est ce que nous allons voir, répliqua Ichi. Tu vois ces griffes ? Une seule blessure de leur part et c'est la mort assurée par empoisonnement. Le venin de l'hydre est fulgurant et est assez puissant pour terrasser même un ours ou un éléphant. Tu vas en faire l'expérience !

Suite à ces paroles, Ichi se jeta sur son adversaire et tenta, par de larges revers, de le déchiqueter à l'aide de ses crochets acérés. Mais malheureusement, sa vitesse d'exécution était loin d'égaler celle d'Albérich, qui esquivait avec facilité tout en riant de lui.

-Hahaha, s'esclaffait-il. Pauvre petit chevalier, il faudrait te mouvoir plus rapidement qu'un escargot apathique si tu veux m'atteindre avec tes cure-dents.

Jugeant que la plaisanterie avait assez duré, Albérich saisi une ouverture entre deux attaques et porta un coup de poing mais Ichi, dans un réflexe qui l'étonna lui-même, recula à temps. Profitant de cet élan, il prit une impulsion et lança son genou contre lui. Albérich leva la main et le bloqua avec aisance.

-Il te faudrait être bien plus véloce et puissant si tu veux espérer m'atteindre un jour. Qui plus est, tu es bien naïf si tu crois pouvoir me battre sans utiliser tes griffes.
-Tu as perdu ! Lui lança Ichi.

Effectivement, au moment même où Albérich paraît le genou, trois autres crochets en avaient jailli et profondément entaillé sa main. Ichi recula alors prestement afin de se mettre hors de portée.

-Haha, il ne me reste plus qu'à te regarder te tordre de douleur et mourir comme un chien, ricana-t-il. Tu as commis le tort de me sous-estimer et ça te sera fatal.
-Ne crie pas victoire trop vite, répondit Albérich.

Ce dernier leva son bras et des racines jaillirent de terre pour l'enserrer fortement, agissant comme un garrot. Il leva son épée de son autre main et l'appliqua sur sa blessure, la cautérisant instantanément et brûlant la chair aux alentours. Sous les yeux ébahis d'Ichi, le visage d'Albérich affichait un sourire méphistophélique qui contrastait pleinement avec la douleur qu'il ressentait, ou du moins qu'il devrait ressentir.

-Mais qui diable est cet homme ?! Il est complètement fou !
-Je rends grâce à ta stupidité, elle vient de me sauver la vie. Si tu ne m'avais pas naïvement dit pour le venin de tes griffes, je n'aurais pas su comment agir.
-Dis-tu ! A présent, même si tu as stoppé la progression du poison, quasiment tout ton avant-bras est brûlé, il ne te servira plus à grand chose dans les combats à venir.
-Vu l'importance de la force physique dans ma manière de combattre, cela n'aura au contraire aucune incidence. J'ai toujours privilégié la réflexion et de toute façon, la force brute n'a jamais été mon point fort. Je sais pertinemment être le plus faible physiquement de tous les guerriers divins.

Durant cette discussion, Freya s'était précipité au chevet d'Aiolia afin de s'enquérir de son état.
-Aiolia ! Comment vas-tu ? Demanda-t-elle.
-Ca pourrait aller mieux, lui répondit-il. Même si j'ai évité le pire, la blessure est plus profonde que je le pensais et je perds beaucoup de sang.
-Maudite soit la folie de ma sœur qui fait couler tant de sang ! S'écria-t-elle soudain. Je commence à ressentir de la haine envers elle, c'est affreux…
-Je comprends votre sentiment, il est tout ce qu'il y a de plus humain. Essayez quand même de le combattre de toute votre âme, je vous promets que nous arriverons jusqu'à elle et que nous réglerons tout ça. Mais pour l'heure, je dois aider Ichi, sans quoi il mourra lui aussi.
-Mais tu ne dois plus combattre, s'exclama-t-elle horrifiée. Dans l'état où tu te trouves, c'est du suicide !
-Je n'ai pas le choix, un chevalier d'Athéna, qui plus est chevalier d'or, ne recule devant aucun adversaire, fut-il aussi redoutable que cet Albérich.

Car force était de constater qu'Albérich était aussi dangereux, voire même plus que Mime. Aiolia pensait avoir appris l'humilité par l'exploit des chevaliers de bronze au sanctuaire mais la vie venait de lui rappeler cruellement qu'il n'en était rien. Par deux fois, convaincu de sa supériorité du fait de son rang de chevalier d'or, élite de la chevalerie par delà le monde, il avait sous-estimé son adversaire et s'était retrouvé en fort mauvaise posture, nécessitant une aide extérieure pour vaincre ou même seulement survivre. Il fallait absolument qu'il réagisse et il était inconcevable qu'Ichi perde la vie pour être venu à son secours. C'était son combat et il devait le mener à bien seul, jusqu'au bout. Rassemblant ses forces et sa volonté, il se releva et projeta son attaque sur Albérich. Celui-ci, ayant perçu l'explosion de cosmos, eut à peine le temps de se mettre en garde et fut dans un premier temps balayé aussi facilement qu'un fétu de paille avant de se rétablir avec agilité.

-Aiolia ! S'écria Ichi, rassuré de cette intervention.
-Merci de ton intervention, Ichi, je te dois la vie. Bravo aussi pour ton attaque de tout à l'heure, même si tu ne l'as pas tué, tu l'as quand même bien affaibli.
-Mais toi ça ira ? Le questionna-t-il, en s'apercevant que sa blessure était toujours ouverte.
-Ne t'inquiète pas, j'aurai suffisamment de forces pour terminer ce combat.
-Hahahaha !!! Tu essaies toi-même de te convaincre que tu vas bien mais tu ne trompes personne. J'en veux pour preuve la faiblesse de ton attaque par rapport à celle que j'ai encaissé au début du combat. Tu es déjà plus mort que vif, c'est ta propre vie qui s'échappe par cette blessure que je t'ai causée et avec elle tes minces chances de succès. Que dirais-tu de regoûter à la puissance destructrice des esprits de la nature ?
-C'est toi cette fois qui va périr pour sûr, que l'éclair foudroyant te terrasse à jamais !



Milo, Aldébaran et Jabu venaient de franchir les longues marches qui menaient jusqu'à l'intérieur du palais. Le hall dans lequel ils se trouvaient était proprement immense et parcouru tout du long par des colonnes tout aussi gigantesque qui semblaient supporter toute la structure. Le silence et le vide qui régnaient ici étaient éprouvants, à la limite de l'insupportable.

-Etrange lieu que celui-ci, dit Milo. Ce palais est d'une froideur peu commune mais cela n'a rien à voir avec le climat. C'est de chaleur humaine qu'il manque. Pourquoi n'y a-t-il personne ?
-Peut-être ont-ils fui pour échapper à la bataille qui se prépare, tenta d'expliquer Aldébaran. C'est mieux pour nous, au moins n'aurons nous pas à nous soucier de provoquer des victimes innocentes.
-Je me demande ce qu'attendent les guerriers divins pour nous barrer la route, se demanda Jabu. Ils devraient pourtant déjà être au fait de notre présence.
-Sans doute sont-ils cachés, attendant de nous tendre un piège. Ils semblent exceller dans ce domaine, ajouta Aldébaran avec mépris.
-Ton opinion des guerriers divins m'a l'air bien erroné, retentit soudain une voix. Sans doute est-ce du à la façon dont je t'ai traité en Grèce.

Les trois chevaliers d'Athéna se turent et regardèrent arriver vers eux Syd de Mizar, nimbé d'une aura lumineuse et le visage animé d'une expression déterminée. Il s'arrêta à quelques mètres d'eux et enchaîna :

-Aldébaran du signe du taureau, je m'excuse sincèrement pour mon attitude peu glorieuse. Mais mes ordres étaient clairs et en aucun cas je ne devais perdre de temps, il s'agissait d'une mission éclair dont le seul but était la reconnaissance, rien d'autre. J'en veux pour preuve que j'aurais pu t'achever lorsque tu étais à terre mais je ne l'ai pas fait. En fait, j'espérais bien pouvoir être à nouveau face à face avec toi et je remercie le destin de me l'avoir accordé.
-Etrange, pensèrent-ils tous en même temps. Cet homme ignore-t-il qu'il est protégé dans l'ombre par un autre guerrier divin ? Il ne paraît ni fourbe ni retors, au contraire, il a l'air de regretter son geste et d'être plutôt loyal.
-Très bien, Syd, j'accepte ton défi, lui répondit Aldébaran, qui sentit soudain disparaître toute la rancune qu'il avait à son égard.
-Jabu, ordonna Milo. Tu vas continuer devant et essayer de trouver la princesse Hilda. Il ne reste plus qu'un guerrier divin, tu devrais arriver à l'éviter. En tout cas, quoiqu'il arrive, ne te bats pas contre lui, compris ?
-Ne t'en fais pas, je n'en ai pas l'intention, j'ai déjà pu apprécier mes limites, dit Jabu en retour. Et toi, que vas-tu faire ?
-Je vais rester ici et essayer de débusquer ce mystérieux combattant. Même s'il risque de se douter de quelque chose, je dois couvrir Aldébaran car il est sûr qu'il essayera d'intervenir comme il l'a fait en Grèce.
-D'accord, on se retrouve tout à l'heure, acquiesça Jabu.

Sur ces paroles, il se mit en route et passa avec prudence à coté de Syd, lequel lui jeta un regard mauvais.

-Où comptes-tu aller de la sorte ? Lui demanda-t-il sèchement.
-Laisse-le passer, annonça Aldébaran d'une voix forte. Ton adversaire en ce lieu, c'est moi, pas lui. A moins que tu ne veuilles tous nous affronter en même temps.

Syd continua à fixer Jabu encore un moment puis se détourna de lui afin de se concentrer sur son adversaire.

-Ce n'est pas bien grave, il ne risque pas de poser de problème vu sa force. Nos seuls réels adversaires sont les chevaliers d'or, pensa-t-il.

Rassuré quant aux intentions de Syd, Jabu accéléra le pas et s'avança loin dans le palais. Une fois sorti du grand hall, il arriva à nouveau dans une cours intérieure, qui semblait aussi déserte que le reste.

-C'est vraiment un endroit lugubre, on dirait un palais fantôme, frissonna-t-il. Apparemment, vu la pauvreté de l'architecture de ce hall, il devait s'agir du quartier militaire.

Effectivement, le bâtiment qui se trouvait à l'issue de ce jardin pris dans les glaces paraissait plus raffiné, sûrement s'agissait-il de la vraie demeure d'Hilda et de la noblesse Asgardienne. Alors qu'il s'avançait avec prudence, il sentit soudain une présence et se dissimula derrière un arbre, attendant avec anxiété de voir qui se dirigeait vers lui. Il vit une silhouette familière déboucher d'une autre direction que lui et s'arrêter, l'air suspicieux.

-Qui est là ? Questionna Hagen. Je sais qu'il y a quelqu'un, montre-toi !
-Hagen, c'est moi, répondit Jabu rassuré, tout en se montrant à découvert.
-Je ne m'attendais pas à te trouver ici. Que fais-tu là ?
-J'ai accompagné Milo et Aldébaran jusqu'au palais et je suis parti en éclaireur. En ce moment, ils affrontent Syd et son espèce de garde du corps.
-Un garde du corps ? De quoi parles-tu ? Et si tu es là, qui donc veille sur Freya ? Demanda Hagen, le ton lourd de reproche.
-Ne t'en fais pas, elle est avec Aiolia et Ichi. Nous avons rencontré en cours de route un autre guerrier divin qui se nomme Albérich et Aiolia doit être en train de se battre contre lui, à moins qu'il n'ait déjà gagné le combat.
-Albérich… Je n'aime guère ce personnage, il est fourbe, malhonnête et cruel. En voilà un que je ne regretterai pas, si toutefois Aiolia est en mesure de le battre.
-Que dis-tu ? Je l'ai moins même affronté quelques instants et même si je n'étais évidemment pas à la hauteur, je vois mal comment Aiolia pourrait se laisser abuser, il ne m'a pas paru très fort, surtout comparé à Mime.
-Albérich est vil et capable de tout pour remporter un combat. Si sa force n'est pas son point fort, son intelligence et son esprit totalement dénué de scrupules sont ses atouts majeurs. Il n'affronte jamais d'adversaires sans avoir préparé de piège ou sans atout dans sa manche. C'est un homme redoutable. Enfin de toute façon, nous ne pouvons pas intervenir, j'espère qu'il saura s'en sortir. Qu'est-ce donc que cette histoire de garde du corps dont tu parlais tout à l'heure ?
-Apparemment, Syd serait protégé dans l'ombre par un autre guerrier divin qui abattrait ses adversaires en frappant de dos, ce qui expliquerait la défaite subie par Aldébaran en Grèce.
-Je n'ai jamais eu vent de cette histoire, étrange… Qui plus est, Syd est un ami loyal et bon, je ne l'imagine pas user de tels moyens pour remporter la victoire…
-Apparemment, il n'a pas l'air d'être au courant de l'existence de son protecteur, d'après ce qu'il nous a dit tout à l'heure. De toute façon, Milo est resté avec Aldébaran afin de démasquer ce traître. Par où es-tu arrivé dans ce jardin ? Tu n'as pas pris le même chemin que nous.
-Je vis dans ce palais depuis ma plus tendre enfance avec Freya et Siegfried. J'en connais les moindres recoins et passages secrets.
-Je vois… Où allons-nous à présent ?
-" Nous " ? Le questionna Hagen en fronçant les sourcils.
-C'est à dire…Hésita Jabu, maintenant que nous sommes ensembles, on ne va pas se séparer, non ?
-Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. Je suis à la recherche de Siegfried mais n'oublie pas que je suis un traître. Si j'arrive accompagné d'un chevalier d'Athéna, il se méfiera d'autant plus.
-Quel genre d'homme est-ce, ce Siegfried ? Tu dois avoir confiance en lui pour oser te montrer devant lui alors que tu es recherché.
-C'est mon meilleur ami, et ce depuis toujours. Comme je te l'ai dit tout à l'heure, nous avons grandi ensemble dans ce palais. A présent, il a le plus haut rang de la chevalerie d'Asgard, c'est le guerrier divin d'Alpha et il est de loin le plus puissant de nous tous. Je ne suis même pas sûr qu'un chevalier d'or soit en mesure de le vaincre en combat singulier.
-A ce point ? Je n'ose imaginer sa puissance… Mais comment se fait-il qu'il ne t'ait pas suivi si vous êtes si bons amis que ça ?
-Les circonstances de ma… trahison font que j'ai du partir assez précipitamment, je n'ai même pas eu le temps de parler avec lui depuis. Et de toute façon, même si je l'avais fait, il ne m'aurait pas suivi, j'en suis quasiment convaincu.
-Pourquoi es-tu aussi catégorique ?
-Disons qu'il éprouve quelques sentiments envers Hilda, de même que moi pour Freya. Si je vous ai rejoint dans votre lutte, c'est avant tout pour elle, tu sais… Même si Siegfried se doute forcément qu'il y a un mystère autour d'Hilda, je ne sais pas s'il pourra aller à l'encontre de ce qu'il ressent. C'est pour ça que je dois discuter avec lui.
-Et que ferons-nous s'il est avec Hilda, ce qui est probable ?
-Nous aviserons en ce cas. Allons-y.



Dans un ultime effort, Aiolia déclencha une formidable boule de feu qui détruisit sur son passage tout ce qui avait été invoqué par Albérich, racines, branches et même arbres entiers. En une seule seconde, ce ne fut plus qu'un immense brasier et c'est une décharge incandescente qui frappa Albérich de plein fouet. Celui-ci fut à nouveau balayé mais Aiolia constata avec curiosité qu'une myriade de débris de cristaux teintés de violet volèrent en éclats au même moment.

-Victoire ! Jubila Ichi. Bien joué, tu lui as réglé son compte à ce prétentieux !
-Ne crions pas victoire trop tôt, se méfia Aiolia. Je vais voir ce qu'il en est.

Il commença à marcher en direction d'Albérich, à travers encombres et débris laissés par son attaque. Après avoir parcouru plusieurs mètres, il aperçu le corps d'Albérich inanimé, à moitié enseveli par un mélange de terre, de bois de neige. A première vue, il semblait inconscient et son armure, même si elle avait été en majorité épargnée, accusait quand même d'impacts et de fissures ça et là. Même s'il était méfiant, Aiolia avait confiance en son éclair foudroyant qui avait tout de même vaincu le redoutable Mime. Un éclat au sol attira son attention. Il s'agissait bien d'un des bouts de cristal violet qu'il avait vu fuser au moment de l'explosion tout à l'heure. Il le ramassa et l'examina de plus près.

-Curieuse matière, se dit-il. Il émane d'elle une certaine chaleur, on dirait presque que c'est vivant…

Un cri le tira soudain de sa réflexion. Se retournant prestement, il aperçu avec stupeur la princesse Freya et Ichi complètement emprisonnés dans des racines. Comprenant immédiatement ce que ça signifiait, il se retourna à nouveau vers Albérich pour être accueilli par un coup de poing en plein visage lequel lui fendit la lèvre et le fit reculer sans pour autant perdre l'équilibre.

-Toi… Commença Aiolia avec fureur.
-Epargne-moi ton couplet sur l'honneur et la loyauté dans un combat, je te prie. De telles valeurs sont aussi inutiles qu'insignifiantes pour moi. A présent, la vie de la princesse et de ton compagnon sont soumises à mon bon vouloir. Un seul ordre de ma part et leurs nuques seront brisées aussi sec que des brindilles. Que décides-tu, chevalier d'or ? Continueras-tu le combat au mépris de leur vie ?
-Aiolia ! Tue-le d'un coup, ne l'écoute pas ! Criait Ichi.
-Albérich, tu es le pire traître que le royaume d'Asgard ait jamais connu, lui lançait pendant ce temps Freya. Je comprends parfaitement à présent la décision de ma sœur de te chasser et comme je regrette d'avoir essayé de te consoler après… Termina-t-elle.
-Votre naïveté est touchante, Princesse, répondit Albérich, qui semblait se délecter de la situation. Effectivement, votre sœur avait vu juste à mon sujet.
-Que veux-tu de moi ? Lui demanda Aiolia.
-Rien de plus que ce que tu viens de me donner, ton hésitation vient de te coûter la vie.

A cet instant même, d'innombrables racines jaillirent à nouveau d'outre terre tandis que branches et piques acérés pleuvaient littéralement sur lui. Dans un réflexe foudroyant, Aiolia esquiva la première vague mais comme tout à l'heure, la nature toute entière semblait l'avoir désigné comme l'ennemi à abattre à tout prix.

-Tu aurais du m'achever lorsque j'étais à terre tout à l'heure, moi je ne me serais pas gêné. A présent que j'ai repris l'avantage sur ce combat, tu ne t'en sortiras plus. Et je te conseille de ne pas oublier que la vie de tes amis est entièrement entre mes mains. Par quelle partie pourrais-je donc commencer ?

Ichi sentit une pression énorme s'exercer sur son bras gauche et il ne pu s'empêcher de crier lorsque celui-ci se rompit sous l'action des racines qui agissaient telles des serpents broyeurs.
Tout en essayant de rester sourd à ces cris, Aiolia tentait tant bien que mal de continuer à échapper par tous les moyens à cette forêt qui avait prit vie dans le seul but de le traquer et de l'éliminer. Un autre hurlement l'arracha à sa concentration malgré lui lorsqu'Ichi eut la jambe brisée. Sentant la colère monter envers cet ignoble individu qui n'hésitait pas un seul instant à profiter de la situation, Aiolia concentra les dernières vibrations de son cosmos et projeta son plasma foudroyant. Une grande partie des rayons fut déviée ou stoppée par les racines qui agissaient comme un bouclier mais une minorité atteignit tout de même Albérich. Mais ce dernier, l'air confiant, tendit le bras devant lui et matérialisa un mur de cristal qui arrêta les ultimes traits lumineux. Au moment même où Aiolia comprit par quel moyen son adversaire avait si bien encaissé sa boule de feu d'il y a quelques minutes, il fut happé par une énorme racine, laquelle le saisit par l'abdomen. Aussitôt, tel envahi par une nuée de reptiles gluants, il se sentit ligoté et enserré jusqu'à ne plus pouvoir bouger du tout. Sa blessure toujours sanguinolente à l'abdomen le faisait souffrir et il se rendit compte à quel point qu'il était considérablement affaibli lorsqu'il essaya de rompre ses liens.

-C'est inutile, tenta-t-il d'articuler, le souffle court. Même si ta technique est redoutable d'efficacité, tu n'es pas assez puissant pour traverser mon armure d'or et me porter un coup fatal avant que je ne parvienne à me libérer.
-Je ne t'ai pas encore dévoilé mon plus terrible atout, répondit Albérich aussi sec. Ta ridicule armure d'or dont tu sembles si fier te sera aussi inutile qu'un vulgaire bout de ferraille face à ce que je te réserve.
-Quoi ? S'écria Aiolia.
-Cercueil d'améthyste, hurla Albérich.
-Améthyste ? S'interrogèrent en même temps Ichi et Aiolia.

En criant ces mots étranges, Albérich leva ses deux bras, lesquels se recouvrirent entièrement de ce même cristal violet qui avait fait office par deux fois de bouclier auparavant. Il les baissa alors et projeta les cristaux en direction d'Aiolia. Celui-ci constata avec horreur que ceux-ci le recouvraient à son tour, se plaquant sur lui à une vitesse phénoménale jusqu'à ce qu'il en fut entièrement recouvert, tel un gigantesque bloc de glace. Curieusement, il ne sentait aucune douleur mais son corps tout entier était comme anesthésié, impossible de le faire réagir.

-Hahaha !!! Ricana bruyamment Albérich. Te voilà à présent un mort en sursis, Aiolia, chevalier d'Athéna. Mais puisqu'il te reste quelques temps à vivre, laisse moi t'éclairer sur ton sort. La matière dans laquelle tu te trouves se nomme l'améthyste, comme tu l'as entendu tout à l'heure. Elle a la caractéristique très particulière et très plaisante de se nourrir de la force vitale de ses victimes.
-Comment ? S'écrièrent en même temps Freya et Ichi.
-Raffiné, n'est-ce pas ? Regardez déjà dans quel état se trouve mes pauvres racines qui ont été elles aussi emprisonnées.

Effectivement, les deux prisonniers constatèrent avec horreur que celles-ci ressemblaient à présent à des bouts de bois rachitiques qui semblait mort et desséchés depuis un bout de temps.

-Eh oui, mes cercueils ont un sacré appétit, rajouta-t-il en souriant. Tu devrais en avoir pour quelques heures d'agonie, au cours desquelles tu sentiras ta vie et ton énergie s'échapper irrémédiablement de toi, tes muscles et ta chair se flétriront et tu ressembleras très rapidement à un vieillard décrépi. Et demain au plus tard, tu ne seras plus qu'un squelette déjà oublié de tous, hahahahaha !!!
-Tu es vraiment un monstre de cruauté, tu es totalement inhumain, hurla Freya en pleurs devant le spectacle du visage horrifié d'Aiolia et le rire sardonique d'Albérich.
-Seiya… Athéna… Pardonnez-moi, j'ai complètement échoué…pensait-il, tandis que les larmes lui venaient à son tour aux yeux et qu'un désespoir sans fin l'étreignait. Milo, Aldébaran, Hagen…Cette fois, ma fin est venue…

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Cette fiction est copyright Thomas Lafargue.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.