Chapitre 14 : Le tigre de l'ombre


-Allons Freya, hâtez-vous, s'enquit Albérich, je ne voudrais pour rien au monde rater le clou du spectacle. Donnez-moi votre main, je vais vous aider, ajouta-t-il en tendant la sienne, tandis qu'ils traversaient un passage abrupt.
-Je n'ai pas besoin de ton aide, répondit-elle sèchement en la repoussant. Je te rappelle que je suis né ici et que j'ai l'habitude de m'y promener, même si en général, je suis en bien meilleure compagnie.
-A votre guise… Nous ne sommes plus très loin de toute façon. Je peux d'ailleurs sentir que Syd a été défait. Cependant, j'ignore s'il a perdu la vie ou pas.
-Tu en es sûr ?? Encore une victime de plus, tout ceci ne rime plus à rien… Dit Freya, désemparée.
-Je vous avais pourtant prévenu que les chevaliers d'Athéna ne faisaient pas dans le détail. Vous serez bien forcée d'y croire. Par contre, je sens qu'un autre adversaire fait face aux chevaliers et il ne s'agit pas de Siegfried… En tout cas, qui qu'il soit, son cosmos est d'une puissance impressionnante. Je me demande qui cela peut-il être…
-Je n'en ai pas la moindre id… Commença Freya lorsque son pied glissa soudainement, ce qui lui fit perdre l'équilibre.

Elle essaya de s'accrocher aux quelques branches qui traînaient mais celles-ci, complètement gelées, ne soutinrent pas son poids et cédèrent, projetant par là même la princesse en contrebas. Albérich réagit instantanément et se lança dans le vide. Il la rattrapa au vol, avant de faire une pirouette pour se rétablir et retomber sur ses deux pieds, la jeune femme dans ses bras et solidement cramponnée à lui sous l'effet de la terreur. Ils restèrent ainsi figés quelques secondes puis Freya, réalisant soudain la situation, se libéra prestement de l'étreinte de son sauveur. Ils se fixèrent longuement, sans prononcer de mot puis elle se décida soudain à rompre ce silence qui devenait particulièrement gênant.

-Je suppose que je dois te remercier malgré tout, dit-elle, la voix encore tremblante de frayeur.
-je vous en prie, répondit Albérich, d'un ton moins serein et arrogant que d'habitude. Ce chemin est trop dangereux pour vous et puisque vous vous obstinez à refuser mon aide, nous allons faire le tour, ça ne devrait pas trop nous faire perdre de temps.

Freya ne savait que penser de tout ceci. Son kidnappeur lui paraissait sincère sur le coup, par ailleurs, elle jurerait presque qu'il avait également eu peur pour elle, au vu de sa voix légèrement différente que d'habitude.

-C'est bon, nous passerons par le chemin le plus court, je suis moi aussi pressée d'arriver au palais et tu m'aideras si ça devient trop difficile, d'accord ? Se surprit-elle à lui demander.
-Très bien, si vous insistez, dit Albérich, agréablement surpris par ce revirement. Me permettez-vous de vous poser une question ?
-Je me demande bien pourquoi tu me demandes ma permission… Répondit-elle.
-Vous aimez encore Hilda, malgré ce qu'elle vous a fait ?

Surprise par la question, Freya resta un moment sans voix, tandis qu'Albérich la fixait en attendant sa réponse. Curieusement elle eut envie de lui répondre sincèrement :

-Je lui en veux pour cet accès de colère et elle m'a blessé profondément en agissant ainsi. Mais elle reste ma sœur pour autant et je l'aimerai toujours.
-Je vous l'ai déjà dit, mais je me répète, je vous admire pour cette fois inébranlable que vous pouvez porter au genre humain. Hilda vous a humilié, enfermé dans un cachot, déclanché une guerre entre elle et Athéna et malgré tout ça, vous arrivez à encore ressentir de l'amour pour elle. Ca me dépasse et me fascine à la fois, je dois le dire, dit Albérich d'un ton admiratif.
-C'est bien la différence entre toi et moi. Tu es tellement aigri et frustré que tu en es venu à penser que le monde entier t'en veut et tu cherches à te venger de lui par tous les moyens possibles. Ma sœur commet une terrible erreur actuellement mais j'espère toujours la faire revenir sur le bon chemin. Et si Odin ne lui pardonne pas ses crimes, moi je le ferai, affirma-t-elle avec conviction.
-Hilda ne reculera pas. Elle est allée trop loin à présent et il serait stupide de sa part de rebrousser chemin maintenant. Vous parliez d'Odin à l'instant, mais qu'est-ce qui vous fait croire qu'il ne soutient pas toute cette entreprise ? Après tout, il ne veut que le bien de son peuple et Hilda est censée accomplir sa volonté. C'est peut-être vous qui vous dressez contre lui et qui serez punie si vous vous obstinez, ne croyez-vous pas ?
-Non, je n'en crois rien ! Répondit-elle avec véhémence. Tu ne m'enlèveras pas de l'idée que ma sœur est victime d'un maléfice. Elle a toujours été bonne et a toujours accepté notre destin funeste avec fierté et courage, il est impossible qu'elle ait changé d'avis du jour au lendemain comme ça, qui plus est sans m'en avoir parlé.
-Vous allez au devant d'une grande désillusion, je préfère vous prévenir, l'avertit Albérich. Je peux vous certifier qu'Hilda ne changera pas ses plans, peu importe ce que ça coûtera.
-Pourquoi es-tu aussi sûr de ce que tu avances ? Le questionna Freya, étonnée. Saurais-tu quelque chose que j'ignore à son sujet ?
-Je sais beaucoup de choses dont vous n'avez pas idée et croyez moi, je suis votre meilleure chance de vous tirer de tout ça saine et sauve, si vous daignez m'accorder votre confiance.
-Ca n'est pas près d'arriver, lui dit-elle sèchement.
-C'est bien dommage car je suis le seul ici bas qui ait suffisamment de jugement pour réellement apprécier cette situation, fit-il d'un ton aussi sec. Je ne suis pas aveuglé par l'honneur, le patriotisme et autres bêtises de ce genre.
-Tu oublies la compassion et le respect de la vie, ce ne sont également pas des sentiments qui t'étouffent…
-Ce sont des choses que vous pourriez peut-être m'apprendre, qui sait ? Une fois que toute cette histoire sera derrière nous et que nous régnerons ensemble par exemple ?
-Mais ma parole, tu penses vraiment que je m'associerai à toi un jour ? Demanda-t-elle, offusquée. Plutôt mourir !
-Vous avez vraiment tort de le prendre de la sorte. Vous ne vous rendez pas compte de l'opportunité que je vous offre. Si je prends le pouvoir et vous avec moi, vous aurez le loisir et surtout les moyens de mettre à exécution toutes les idées utopiques que vous pouvez nourrir au sujet de notre peuple. Je ne m'y opposerai pas, au contraire même. Je ne m'oppose au bien de personne, seulement je fais passer le mien avant tout simplement. Cela vous semble-t-il si difficile à comprendre ?
-Et pour ce faire, tu es prêt à éliminer tous ceux qui sont sur ton chemin. C'est ça que je ne peux admettre.
-Je vous signale que pour le moment, ce sont vos précieux chevaliers d'Athéna qui font le ménage, pas moi. Je ne fais qu'utiliser l'opportunité qu'ils me donnent afin de transformer cette défaite probable en victoire. Je vais vous poser une autre question. Vous auriez préféré que ça soit le chevalier du lion qui ait remporté la victoire, n'est-ce pas ?
-C'est-à-dire… Balbutia Freya, une nouvelle fois surprise par cette question.
-Soyez sincère, je vous en conjure.
-Ce que je souhaite est impossible puisque je voudrais une solution pacifiste… Dit Freya.
-Vous ne répondez pas à ma question, insista Albérich. Alors ?
-Tout ce que je peux dire, c'est qu'avec lui, je n'avais pas l'impression d'être prisonnière ! Ta question ne rime à rien de toute façon et ce qui est fait est fait.
-Vous devriez avoir le courage de vos opinions. Il est évident que vous auriez cent fois préféré que je sois tué à sa place. J'ai ma réponse au moins, termina-t-il d'un ton morne.

Cette conversation prenait une tournure assez inattendue et Freya ne savait que penser. Albérich semblait avoir été blessé et elle en venait presque à ressentir des remords. Mais malgré tout, elle ne pouvait pas oublier avec quelle cruauté il avait éliminé Ichi et Aiolia, ni quels étaient ses projets concernant Asgard.

-Hagen, où es-tu… Pensa-t-elle.



-Freya, où êtes-vous… Pensa Hagen.
-Rien ne sert de tourner en rond, dit Jabu. Hagen, ça fait un bout de temps qu'on déambule au hasard, nous n'arriverons à rien ainsi.
-Veux-tu bien te taire une minute, par Odin !! J'essaie de réfléchir !
-Ecoute, je comprends parfaitement ce que tu peux ressentir mais on ne la trouvera pas en continuant de la sorte. Revenons au palais, Albérich va forcément y retourner vu que tout se jouera là-bas. Allez, viens ! Insista Jabu en lui saisissant le bras.
-Tu as raison, admit-il. Il va certainement retourner au palais pour préparer un autre mauvais coup… Mais je serai là à l'attendre et il va payer très cher son audace, foi de guerrier divin !

Les deux chevaliers se remirent en route vers le palais prestement et Jabu avait bien du mal à suivre le rythme effréné d'Hagen poussé par la colère. Cependant, il s'abstint de lui demander de ralentir, se doutant que se demande serait fort malvenue et très mal accueillie.



-Si sa technique est identique à celle de son frère, je devrais pouvoir le contrer, se dit Aldébaran.
-Cette fois, j'aurai le plaisir de t'achever moi-même, vu que mon stupide frère n'a pas voulu s'en charger la première fois, affirma Bud avec un sourire mauvais.
-C'est pourtant seulement grâce à lui que tu as pu me mettre à terre, rétorqua Aldébaran. J'ai fait preuve d'un grave défaut de vigilance la dernière fois mais cela ne se reproduira pas aujourd'hui, d'autant plus si je t'ai devant moi.

Sitôt ces paroles dites, Bud sembla justement disparaître et Aldébaran eut à peine le temps de se mettre en garde afin d'encaisser le coup extrêmement rapide que le guerrier divin venait de lui porter.

-Ceci n'était qu'un petit avant-goût. Le vrai spectacle est encore à venir.

Bud concentra son cosmos tandis que ses griffes, déjà de taille imposante, devenaient plus longues et affinées encore.

-Prépare toi à être déchiqueté de toute part, quand j'en aurai fini avec toi, même tes amis ne te reconnaîtront plus ! Par la griffe du tigre de l'ombre !

Bud lança son assaut et assaillait Aldébaran sans relâche, avec une force et une détermination extraordinaire, comme s'il le haïssait plus que tout. Ce dernier avait bien du mal à anticiper chaque coup mais il y parvint et d'une esquive fulgurante, s'éloigna hors de portée de son adversaire. Du moins c'est ce qu'il cru car son armure d'or accusait de nombreuse fissures comme si un félin enragé l'avait lacéré de part en part. Et malgré lui, on pouvait lire de la surprise dans son regard.

-Tu as l'air étonné, chevalier d'or. As-tu déjà oublié avec quelle facilité j'ai brisé ton heaume lors de notre dernière rencontre ? Demanda Bud, question qui resta sans réponse. Je sais ce que tu te dis, tu te demandes comment mes attaques peuvent-elles t'atteindre quand celles de mon frère ne le pouvaient pas. Eh bien tout simplement parce que ma technique n'est pas basée sur le froid mais uniquement sur la violence et la brutalité. Je n'ai pas besoin d'artifice et de moyens détournés pour vaincre mes proies, je fond sur elles tel un tigre et les abat d'un seul coup.
-Je suis toujours debout, lui fit remarquer Aldébaran. Et le combat ne fait que commencer… Car si tu n'utilises pas le froid comme ton frère, cela signifie que ma vitesse d'attaque ne sera pas réduite cette fois !

Une décharge de cosmos frappa l'endroit où se tenait Bud à l'instant mais ce dernier esquiva à temps.

-Certes, lui répondit Bud, mais je suis plus rapide que Syd, tu ne parviendras pas plus à me toucher !

Effectivement, il se mouvait avec la même grâce et agilité féline que son frère et les coups d'Aldébaran ne savaient l'atteindre.

-Inutile, j'ai eu tout le loisir d'étudier ta façon de combattre tout à l'heure. De plus, tu en es à ton troisième combat aujourd'hui, ton cosmos est déjà affaibli. Mais rassure toi, je vais t'offrir un repos éternel, cria Bud en s'élançant vers le chevalier du taureau.

Cette fois, la griffe du tigre de l'ombre atteignit Aldébaran de plein fouet, perforant son armure au torse en plusieurs points et l'expulsant au loin. Bud arborait un large sourire victorieux qu'il ne garda pas longtemps, sentant sa poitrine douloureuse.

-C'est impossible, quand ?! S'exclama-t-il, en passant sa main sur deux larges impacts au niveau du thorax.
-Tu es bien trop sûr de ta supériorité, dit Aldébaran en se relevant. J'ai volontairement baissé ma garde pour pouvoir te frapper en même temps que je subissais ta technique. Ton armure ne semble d'ailleurs pas très bien avoir tenu le choc, ne serait-elle qu'une vulgaire copie de celle de zêta sans en posséder la puissance ?
-J'ai été imprudent, c'est tout, mais cela ne se reproduira plus, lui répondit Bud le visage crispé.
-On dirait que tu n'es pas habitué à ressentir de la douleur… Il est vrai que tous ceux que tu as combattus jusqu'à présent n'ont guère du avoir le temps de riposter à chaque fois, bien trop occupés qu'ils étaient par Syd. Vous formez une belle équipe ensemble, mais j'ai l'impression que séparément, vous ne valez pas grand-chose.
-Tu as toi aussi été durement touché par mon attaque et ton armure ne t'es pas non plus d'une grande utilité à présent, rétorqua Bud. Et tu ne seras plus à même de fanfaronner lorsque mes griffes te perceront le cœur lors de mon prochain assaut.

Il se remit aussitôt en garde et déploya son cosmos au maximum, si bien que l'air semblait trembler autour de lui.

-Méfiance, se dit-il, ce gros lourdaud est plus vif que je ne le pensais et il frappe très fort. Cette fois, je ne dois pas lui laisser la moindre chance de riposter ou je risque de subir trop de dégâts…
-Cet assaut sera probablement le dernier, pensait Aldébaran. Mon armure d'or a été bien entamée par tous ces combats et je crains fort ne plus pouvoir compter sur elle pour me protéger, surtout vu sa puissance et sa vitesse de frappe extraordinaires…

L'air cessa de trembler tandis que l'aura de Bud se concentrait autour de lui en une fine couche de lumière plus vibrante d'énergie pure que jamais, il était prêt à lancer son assaut et semblait inarrétable, tel un tigre que la captivité aurait rendu fou furieux. De son coté, Aldébaran était lui aussi prêt à recevoir la charge de son adversaire et à contre-attaquer. Plusieurs secondes qui lui parurent une éternité s'écoulèrent quand Bud lança son offensive avec plus de vélocité et de férocité qu'auparavant. Les coups de griffes semblaient venir de partout à la fois tant et bien qu'on aurait pu croire qu'ils étaient deux à attaquer mais malgré cela, Aldébaran tenait bon et parvenait toujours à se défendre suffisamment afin d'éviter d'être brièvement blessé. Mais de son coté, Bud était à l'affût de la moindre faille qui lui permettrait de placer un coup fatal, faille qui finit inexorablement par apparaître au fur et à mesure que le chevalier d'or du taureau faiblissait.

-Il est à moi, pensa-t-il tout en portant une frappe mortelle au niveau du cœur.

Les griffes acérées percèrent l'armure d'or et atteignirent le cœur d'Aldébaran mais pas aussi profondément que Bud l'aurait voulu… En effet dans un réflexe salvateur, Aldébaran s'était saisi du poignet de son adversaire et avait stoppé son attaque avant que son cœur ne soit totalement déchiré, même s'il avait quand même été touché.

-Permets moi d'emporter ceci en souvenir ! Dit Aldébaran en augmentant la pression sur le poignet de Bud, lequel poussa un cri en sentant celui-ci se briser net.

Ne s'arrêtant pas là, Aldébaran porta une autre attaque avec son bras libre, Bud tenta d'esquiver en se retirant avec vitesse mais il n'y parvint qu'à moitié, la décharge de cosmos l'atteignant à l'épaule et réduisant à néant sa protection à ce niveau. A nouveau à distance, les deux adversaires se fixaient à nouveau et reprenaient leur souffle après cette action fulgurante qui avait vu du sang couler des deux cotés.

-Impressionnant, lâcha Bud. Je constate à mes dépends que les chevaliers d'or sont plus coriaces que je ne le pensais…
-Je te retourne le compliment, tu es redoutable entre tous ceux que j'ai combattu, et largement supérieur à tes pairs, du moins ceux que j'ai rencontré jusqu'à présent.
-Tu m'as pris un bras, certes, mais j'ai réussi à atteindre ton cœur. La victoire ne peut plus m'échapper à présent, dit Bud. Il ne me reste plus qu'à t'achever !

Au moment où il leva son bras valide pour réattaquer, il fut traversé par une douleur fulgurante et constata que son armure présentait d'autres impacts, montrant qu'il avait été plus touché qu'il ne l'avait senti au premier abord.

-C'est impossible, se dit Bud, j'étais persuadé qu'il ne m'avait touché qu'à l'épaule…
-Il est utopique de prétendre vouloir esquiver une attaque de chevalier d'or à bout portant, expliqua Aldébaran, devant l'attitude décontenancée de Bud. Depuis le début du combat, tu n'as cessé de me sous-estimer et tu es en train d'en payer les conséquences.
-Epargne-moi tes conseils, veux-tu ! Rétorqua Bud. Tout chevalier d'or que tu es, ça ne m'a empêché de t'atteindre à plusieurs reprises et à présent que ton cœur lui-même est touché, tu vas t'affaiblir et mourir sans même que j'ai besoin de frapper à nouveau, c'est l'évidence même.
-Je t'aurais tué avant ! Affirma Aldébaran en concentrant son cosmos à nouveau.
-Comment diable peut-il encore émettre autant d'énergie alors qu'il est mourrant, pensa Bud. C'est à n'y rien comprendre…
-Par la corne du Taureau ! Cria le chevalier d'or en projetant son attaque.
-Trop lent ! Hurla Bud à son tour.

Mais si l'esprit de Bud avait largement eu le temps de voir arriver la vague de cosmos, son corps malmené n'eut pas les ressources nécessaires pour l'esquiver et il fut frappé de plein fouet par l'énergie destructrice de la corne du taureau, laquelle l'envoya brusquement à terre.

-Je t'avais prévenu, dit Aldébaran, en posant un genoux à terre suite à cet ultime effort.
-Cela ne… suffira pas à me terrasser…, répondit Bud en se relevant malgré tout, son armure partiellement détruite et ensanglantée. Pas avant que ne s'accomplissent ma vengeance et ma destinée de guerrier divin…

Alors que Bud se préparait à attaquer à nouveau malgré son état critique, une voix faible se fit entendre :

-Bud, cela suffit, je t'en prie…
-Syd ?! S'exclama Bud. Je ne pensais pas que tu te relèverais de sitôt…
-Allons, tu as volontairement épargné mes points vitaux, sinon je serais déjà mort, répondit ce dernier. Je t'en supplie, arrête le combat, vous n'allez réussir qu'à vous entretuer si vous continuez comme ça..
-Tu voudrais que j'arrête alors que j'ai enfin l'occasion de me montrer aux yeux de tous et d'être reconnu à ma juste valeur ?! Tu as eu ta chance de prouver que tu étais un véritable guerrier divin et tu as échoué, maintenant c'est mon tour, Hilda me l'a promis !
-Ta haine t'égare mon frère… Hilda ne tiendra pas sa promesse car elle se sert de toi pour assouvir son ambition, tout comme nous autres d'ailleurs. Nous ne sommes que des pions pour elle…
-Peu m'importe, elle seule a le pouvoir de me donner le rang de guerrier divin et j'ai bien l'intention de tout faire pour le devenir, à commencer par vaincre mon adversaire !

Bud, debout mais toujours chancelant, commença à se diriger vers Aldébaran qui lui éprouvait visiblement des difficultés à se relever. Le guerrier blanc se prépara à frapper mais Syd s'interposa avec plus de rapidité que son état ne semblait le lui permettre.

-Ecarte-toi tout de suite, l'avertit Bud. Je n'hésiterai pas à te tuer avec lui !
-Alors fais-le, répondit Syd. De toute façon, si tu veux prendre la place qui te revient, il te faut me tuer, tu n'as pas le choix.
-Syd ! Ecarte-toi, je ne te le répèterai pas !
-Je ne bougerai pas, dit-il avec calme. Si tu veux le tuer, tu devras m'éliminer avant. N'est-ce pas ce que tu as toujours voulu ?
-Mais qu'est-ce qu'il te prend de vouloir le protéger ? C'est notre ennemi !
-Ce n'est pas lui que je veux protéger, c'est toi. Je veux que tu cesses de haïr le monde entier à cause de moi. De plus, cet homme n'est pas notre ennemi, pas plus que les autres...
-Il a raison, intervint Aldébaran, le souffle court. Je pense à présent que notre combat n'a plus lieu d'être. Le fait que tu n'aies pas tué ton frère prouve que tu tiens à lui plus que tu ne veux te l'avouer.
-Pourquoi… Pourquoi est-ce que j'hésite alors que je suis si près du but que j'ai toujours voulu atteindre… Dit Bud, plus pour lui-même que pour son frère et Aldébaran

C'est alors que Syd, n'y tenant plus, s'écroula sous le poids des ses nombreuses blessures. Bud se précipita à lui et le saisit dans ses bras. Il le fixa longuement et pour la première fois, il ressentit autre chose que de la haine envers celui dont il avait toujours envié la place.

-Pardonne-moi de t'avoir frappé, Syd… J'étais aveuglé par la haine mais je sais que tu n'es en rien responsable dans ce qui m'est arrivé. J'ai maudit le destin de tout mon être mais jamais je n'ai réellement souhaité ta mort…
-Je sais, répondit-il. Et je me suis toujours senti soulagé de te savoir dans l'ombre veillant sur moi, un peu comme un grand frère veillant sur son cadet… Quel dommage que la destinée nous ait dressé l'un contre l'autre, les dieux sont parfois très cruels…
-Syd ! Cria Bud tandis que son frère perdait connaissance. Odin, qu'aie-je fais…

Aldébaran était resté muet durant cette scène fraternelle et lui aussi sentait qu'il perdait ses sens petit à petit en même temps que son sang qui s'écoulait à terre. Bud leva les yeux vers lui et Aldébaran remarqua que son regard était à présent purgé de toute haine ou agressivité. Le tigre blanc avait rentré ses griffes.

-Je crois que nous allons en rester là, dit-il au chevalier d'or, à moins que tu ne veuilles continuer..
-Je ne suis plus en état de me battre, tes coups auront eu raison de moi, au final…
-L'issue aurait sûrement été différente si tu n'avais pas eu à affronter Thor et mon frère avant.
-Que comptes-tu faire à présent ?
-Je vais commencer par amener Syd loin de cette guerre et de ce palais, j'aviserai ensuite…

Dans un effort lui coutant plus qu'il ne pensait, Bud souleva le corps inerte de Syd et commença à marcher vers la sortie avec difficulté.

-Bonne chance à vous deux, lui dit Aldébaran, le souffle court, avant de s'effondrer à son tour. Je suis désolé Milo, mais je ne crois pas que je pourrai te rejoindre, pensa-t-il et il perdit connaissance sur ces dernières pensées.

Bud s'arrêta en entendant le bruit lourd de son adversaire qui venait de s'écrouler et le regarda quelques secondes. Puis il voulu se remettre en route mais ses jambes ne le portaient plus et il chuta avec son frère.

-Mes forces.. me quittent.. je dois me relever… Se dit-il avant de sombrer lui aussi dans un profond coma.

Il ne restait plus que le silence dans le grand hall dévasté…

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Cette fiction est copyright Thomas Lafargue.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.