Chapitre 3 : L'arrivée sur Terre


J'étais plantée dans ma petite chambre au fond de la demeure de mon maître, incapable de réagir. Dehors la nuit était tombée et moi, je n'aurais jamais pu dormir. Demain était le grand jour et je n'arrivais toujours pas à y croire. Une tunique était étendue sur mon lit. Les Archanges nous avaient fournis des tenues qui ne détonneraient pas trop au milieu des mortels et du Sanctuaire. La mienne était une simple tenue noire, fine et confortable, parfaite pour le combat. Les armures se plaçaient parfaitement dessus. Plus le temps passait et plus mon excitation montait. Des fourmillements me parcouraient les jambes et plus de mille fois je faillis partir vers la chambre de mon maître pour le réveiller. Je brûlais d'envie de partir tout de suite. Finalement je me levai et arpentai les quelques mètres de la pièce de long en large pour me relaxer. Alors je revins en arrière et m'immobilisai en face du minuscule miroir. Un visage rond me fixa d'un air perplexe. J'observai alors tous mes traits attentivement. Mon épaisse crinière blonde me retombait dans le dos jusqu'au bassin et quelques boucles s'étaient formées ça et là autour de ma tête. J'avais une peau constellée de taches de rousseur et de grands yeux noirs qu'on trouvait souvent très doux. Je m'approchai de la glace et y collai mon nez jusqu'à ce qu'un nuage de vapeur apparaisse. Je me mis à dessiner de petites croix dessus puis poussai un soupir avant de revenir vers le lit. Je ne dormis pas cette nuit-là.

- Dès que vous arriverez sur Terre, vos ailes disparaîtront, expliqua Zacharie. En aucun cas vous ne pourrez en faire usage, ce serait trop risqué que n'importe quel humain apprenne votre véritable identité. Seul le Grand Pope sera dans la confidence. J'espère que c'est bien clair ?
- Maître, objecta Aaron, comment prouver notre bonne fois sans ça ? Les chevaliers d'or ne voudront pas nous laisser passer.

C'est Hébé qui lui répondit.

- En prouvant votre valeur de chevalier, dit-elle.

Elle promena son regard sur chacun d'entre nous.

- Un chevalier honnête et juste peut arriver à passer, surtout pour délivrer un message. Mais le Pope vous attend, reprit-elle.

Aaron, Jonas et moi étions alignés devant nos maîtres respectifs pour recevoir nos tout derniers ordres. Les deux derniers jours avaient été les plus longs de toute ma vie. J'étais incapable de contenir ma joie, mon impatience et mon excitation. A présent, nous ne disposions plus que de quelques minutes pour écouter nos maîtres et leur dire au revoir.

- L'endroit où vous atterrirez s'appelle Rodorio, déclara Ezéchiel. Ne demandez pas votre chemin là-bas, les gens ne connaissent pas l'existence des chevaliers d'Athéna. Le Sanctuaire est caché, guidez-vous avec votre cosmos.

Le dernier mot fut pour Zacharie.

- Dès que vous voudrez rentrer, libérez vos ailes du symbole gravé sur votre épaule gauche.

Il marqua une pause émue. Puis il me tendit un rouleau de parchemin magiquement scellé par la signature de Zeus et inspira profondément.

- Bonne chance à tous les trois.
- Merci.
- Merci maître.
- Merci beaucoup, répondis-je.

Alors après un dernier regard aux yeux lumineux de mon maître Ezéchiel, je pris mon envol pour suivre mes compagnons. Nos trois paires d'ailes immaculées fouettèrent l'air frais du matin et la Cité des Cieux, la grande Babel, disparut lentement au milieu des nuages. Aucun d'entre nous ne se retourna. J'étais heureuse et fière de notre mission mais la sensation absurde d'avoir quitté celui que je considérais comme mon père pour toujours me taraudait. Je tentai de l'ignorer et fixai mon attention sur la silhouette gracieuse de Jonas qui volait devant moi. Le monde qui se dessinait mètre par mètre autour de moi devenait inconnu, austère et en même temps, d'un mystère envoûtant. C'était ça l'odeur de l'aventure et de la liberté. Jamais je n'aurais songé à m'arrêter.

- Et moi je te dis que c'est par là ! pesta Aaron.
- Mon ami, répliqua Jonas de son calme d'artiste, je suis absolument certain que le bon chemin est par ici.

Je jetai un coup d'oeil alentour. Voilà plusieurs minutes qu'ils bataillaient pour se mettre d'accord sur le chemin à prendre et moi je ne voyais absolument rien dans le blanc laiteux des nuages qui aurait pu nous renseigner avec précision. Hébé nous avait indiqué une direction et selon ses dires, nous aurions déjà du être en vue de ce fameux village.

- Tu vois bien que ce n'est pas le bon chemin, remarqua Jonas en caressant les cordes de sa lyre du bout des doigts.
- Eh bien non ! Je ne vois rien, justement, lâcha Aaron avec mauvaise humeur.

Je cessai de les écouter et me concentrai sur un reflet qui venait de passer juste en dessous de nous. Le nuage cotonneux se laissa porter par le vent et dégagea peu à peu ma vue pour découvrir les étendues montagneuses de ce pays appelé Grèce. Soudain j'aperçus ce qui nous intéressait : une grande flaque brunâtre au milieu des terres blanchies. C'était un rassemblement de maisons.

- Le voilà ! m'exclamai-je. C'est sûrement Rodorio !

Aaron et Jonas stoppèrent immédiatement leur conciliabule et me rejoignirent. En voyant ma trouvaille, le visage d'Aaron s'éclaira.

- Aha ! Je savais bien que c'était par là ! annonça-t-il avec une mauvaise foi évidente.
- Je dirai qu'il vaut mieux entendre certaines choses que d'être sourd, lança Jonas.

Sans attendre, je fonçai vers le sol.

- Suivez-moi !

Nous nous posâmes à quelques pas du village pour que personne ne nous voie. Et à peine nos pieds touchèrent-ils le sol que la prédiction de Zacharie s'accomplit. Nos ailes se mirent brusquement à scintiller puis à luire comme des soleils. Elles rétrécirent ensuite de plus en plus jusqu'à disparaître. Une sensation de brûlure m'effleura alors l'épaule. Je relevai prudemment ma manche et vis le petit tatouage en forme d'ailes que l'Archange nous avait promis. Lorsque je passai un doigt dessus, il se mit à briller. Je retirai aussitôt ma main.

- C'est drôlement pratique, fit Aaron bêtement.

Il louchait lui aussi sur son épaule de façon comique et je ris de bon coeur.

- Je trouve ça très esthétique, déclara Jonas heureux de voir que Zeus était lui aussi un grand artiste.
- Oublions les tatouages, dis-je. Il faut trouver le Sanctuaire le plus vite possible.

Ce qui ne fut guère difficile. A tel point que je me demandais comment les humains ne l'avaient pas encore découvert. L'aura de tous les chevaliers d'Athéna rassemblés en un même endroit ne pouvait que se percevoir à des kilomètres à la ronde. Mais j'oubliais que les humains n'avaient pas le pouvoir de détecter les cosmos énergies. En fait, ils n'avaient aucun pouvoir, constatais-je, sauf peut-être celui de parler et marcher sans jamais se lasser.
En entrant dans Rodorio, je fus surprise de voir comment ils vivaient, tous ensembles. La place du village était emplie de dizaines de personnes et le bruit de leurs conversations ressemblait à un bourdonnement incessant. De tous les côtés, des stands, des marchands, des paysans ou des femmes avec leurs enfants circulaient, grouillaient comme des fourmis. J'étais stupéfaite de constater que les ailes des anges ne semblaient pas leur manquer le moins du monde.

- C'est fou comme ils sont nombreux ! soufflai-je en observant un groupe d'enfants s'amuser avec de petits os.

Jonas, lui, surveillait du coin de l'oeil un vieil homme qui jouait d'une sorte de cithare rudimentaire. Dès la deuxième note, l'apprenti de Hébé fit une grimace.

- Grand Zeus ! jura-t-il. Cet homme est un barbare !

Il nous lança un regard douloureux.

- Est-ce que je ne pourrais pas... ?

Aaron et moi le saisîmes aussitôt par les bras.

- Non Jonas !

Comme nous nous éloignions de la place centrale du village, Aaron fronça tout à coup les sourcils. Il regarda frénétiquement autour de lui, paraissant chercher quelque chose.

- Je sens plusieurs cosmos énergies, confia-t-il. Elles sont plutôt puissantes...
- Oui, moi aussi je les sens depuis tout à l'heure, renchéris-je.
- Ce doit être le Sanctuaire, répondit Jonas. C'est le seul endroit qui concentre autant de chevaliers à des kilomètres à la ronde. Nous ne sommes plus très loin.

Je sentis mon coeur s'emballer et un noeud de trac se forma dans mon ventre. Ce n'était plus très loin... ! Devant nous, la campagne aride de Grèce commençait. L'air sentait la pierre chauffée par le soleil et les herbes sèches. Les oliviers s'étendaient par rangées entières. Nous nous assurâmes que personne ne nous avait trop remarqués puis, discrètement, quittâmes Rodorio pour les immenses contrées désertes.

Nous ne vîmes pas le Sanctuaire tout de suite. Au début, cela ne nous sembla qu'une simple montagne de pierres blanchies et de bruyères. Puis, peu à peu, la forme longue et sinueuse d'un escalier se dessina. Quelques instants plus tard, je remarquai que cet escalier gigantesque était régulièrement coupé par de petites maisons qui ressemblaient à des temples. Plusieurs colonnes en encadraient les entrées comme dans le palais de Zeus. Je les comptai rapidement, il y en avait douze. Les douze maisons du Zodiaque, chacune gardée par l'un des légendaires chevaliers d'or. Mon émotion fut si grande que je ne pouvais plus dire un mot. Jamais je n'aurais imaginé les voir d'aussi près un jour. Je levai progressivement les yeux pour suivre le chemin du Zodiaque et arrivai au temple d'Athéna. Il était si haut ! Je ne m'étonnais plus que si peu de personnes y soient jamais arrivées !

- Ouais... c'est pas mal, marmonna soudain Aaron.

Je le fusillai du regard.

- Ne me regarde pas comme ça, s'écria-t-il. Je disais simplement les faits ! Rien ne vaut la sublime Babel et le palais de Zeus.
- Depuis quand es-tu un connaisseur en matière d'oeuvres d'art ? sifflai-je. Tu n'as aucune notion artistique, tu es insensible !
- C'est ce que tu crois ! rétorqua-t-il. Si tu passais un peu moins de temps à...

Jonas se plaça joyeusement entre nous.

- Chers compagnons, commença-t-il, un peu de tenue, je crois que nous sommes attendus !

Je me figeai.

- De quoi parles-tu Jonas ? demandai-je.

Il sourit et pointa un doigt vers le Sanctuaire. Perplexe, je suivis la direction des yeux et l'aperçut enfin. Un homme était apparu devant la première maison du Zodiaque et restait complètement immobile, le regard rivé sur nous. Son armure brillait de mille feux au soleil.

- C'est sûrement un chevalier d'or ! explosai-je surexcitée.
- Il n'a pas l'air très amical, objecta Aaron toujours aussi contrarié.

Jonas lui donna une tape dans le dos.

- Vous sympathiserez très vite !

Incapable d'attendre plus longtemps, je m'élançai en avant sans pourtant oser courir. Il fallait tout de même faire bonne impression !
J'arrivai au pied des escaliers quelques secondes avant Jonas et Aaron. Immédiatement, je m'immobilisai sous le regard de glace du chevalier doré. Il était grand, très athlétique et possédait une épaisse tignasse blonde qui partait dans tous les sens. Au niveau de ses épaules, deux grosses cornes d'or pointaient vers l'avant. Ses grands yeux bleus ne me quittaient pas une seconde, ne serait-ce que pour ciller et je remarquai aussitôt les deux points rouges sur son front, là où auraient du se trouver ses sourcils. Un long moment passa durant lequel seul le crissement de sa cape sur le sol troubla le silence. Puis il décroisa les bras.

- Vous vous trouvez dans un lieu sacré étrangers, lança-t-il d'une voix grave. Ne faites plus un pas et déclinez vos identités.

Je n'aurais jamais pensé que des traits si délicats, puissent cacher un timbre de voix si profond. Il était absolument impassible, aucune émotion de transparaissait sur son visage. En voyant que ni Aaron, ni moi ne réagissions, Jonas eut le bon goût de se désigner pour commencer. Il fit un pas en avant.

- Bonjour chevalier, dit-il. C'est sûrement toi qui gardes la première maison du Zodiaque, c'est un honneur.

Le chevalier parut légèrement étonné.

- Je suis Kan, chevalier d'or du Bélier, gardien de la première maison du Sanctuaire. Qui êtes-vous et que venez-vous faire ici ?
- Chevalier, je me nomme Jonas. Voici mes compagnons Sara et Aaron. Comme toi, nous sommes chevaliers et nous venons en paix. Nous sommes porteurs d'un message pour ton maître le Grand Pope d'Athéna. Pourrais-tu nous mener à lui ?

Kan du Bélier nous observa silencieusement durant quelques secondes comme pour s'assurer que nous disions la vérité.

- Qui vous envoie ? demanda-t-il enfin.
- Pardonne-nous chevalier d'Athéna, intervins-je, nous ne pouvons parler qu'au Pope. Il nous attend certainement avec impatience.

Le regard bleu inquisiteur revint sur moi et je m'efforçai de ne pas bouger.

- On ne m'en a pas informé, répondit Kan. Je suis désolé mais dans ces conditions, je ne peux pas vous laisser passer. Veuillez retourner d'où vous venez.

La déception m'envahit avec tant de force que je m'écriai avant même de l'avoir décidé :

- C'est impossible ! Nous avons un message très important pour le Grand Pope, il faut à tous prix que nous le voyions !

Aaron me saisit par les épaules.

- Sara, je t'en prie, calme-toi...

Le chevalier d'Athéna me regardait avec des yeux ronds comme des soucoupes. Ma réaction avait du lui paraître excessive. Mais j'étais outragée d'un tel comportement.

- Pourquoi refuser l'aide quand on vient vous l'apporter sur un plateau ? criai-je malgré les murmures gênés d'Aaron dans mon oreille. Laisse-nous passer !

Jonas prit rapidement les choses en mains.

- Sara, nous n'arriverons à rien sans un peu de diplomatie, fit-il.

Il se tourna vers Kan du Bélier.

- Nous te le demandons encore une fois chevalier d'or. Guide nous jusqu'à ton maître pour que nous puissions lui remettre notre message.

Kan secoua la tête.

- Déclinez votre identité ou rebroussez chemin.
- Nous avons une mission, nous ne partirons pas avant d'avoir délivré notre message, répliqua Jonas.

Le chevalier du Bélier dut prendre cela pour une menace.

- Personne ne franchira cette maison, message ou pas message. Je vous préviens.

C'en fut trop pour l'esprit loyal et obéissant d'Aaron. L'idée de trahir la confiance de Zeus et de nos maîtres lui était au moins aussi insupportable qu'à moi. Tout à coup, il me lâcha et partit vers les marches d'un pas assuré.

- Aaron ! criai-je.

Mais il n'écoutait plus. Il monta les marches sans hésiter une seule seconde et avança droit sur le chevalier d'or. Celui-ci ne parut pas impressionné le moins du monde.

- Arrête-toi immédiatement ou bien je serais obligé d'employer la force, gronda-t-il.

Aaron était hors de lui.

- Laisse-nous passer !

Alors tout se passa très vite. Brusquement le chevalier d'or se jeta sur lui et j'échappai un hoquet de terreur. En une seconde, des milliers d'étoiles semblèrent voler vers Aaron et ce dernier fut projeté contre un mur. Il s'affala au sol, sonné et mit du temps à se relever.

- Tu ne peux pas battre un chevalier d'or ! tonna Kan.

Il dégageait une puissance impressionnante. Mais Aaron bondit sur lui.

- WAVE IMPACT !! hurla-t-il.

Je n'avais pas réalisé à quel point Aaron était fort. Ses coups partirent à une vitesse fulgurante et Kan commença par tous les éviter sans mal. Mais la vitesse de l'apprenti augmenta encore et encore jusqu'à atteindre celle de la lumière. Le chevalier d'or fit son possible pour éviter la vague de puissance. Soudain, Aaron poussa un cri et son poing devint un trait de lumière qui s'enfonça dans l'estomac de Kan. Le Bélier tomba à genoux, les yeux exorbités. Mais ce n'était pas assez pour vaincre un adversaire aussi fort que le premier gardien du Zodiaque. Il se releva et son attaque surpuissante s'abattit sur le jeune Novice comme la foudre sur un arbre. Aaron ne tint pas longtemps et fut expulsé comme un vulgaire fétu de paille. Au moment où je le vis s'encastrer dans le mur, un filet de sang coulant du coin de sa bouche, mon coeur s'arrêta.

- Aaron arrêtes ! suppliai-je.

Contre toutes attentes, Jonas lui donna raison.

- C'est le seul moyen Sara, dit-il. Laisse-le faire.

Et au même instant, comme pour l'approuver, Aaron se releva pour faire face au chevalier d'or.

- Aucun de nous... ne partira avant... d'avoir livré ce message ! haleta-t-il.

Sur ce, il augmenta encore l'intensité de son cosmos jusqu'à le faire exploser.

- Wings of Fire !

Deux colonnes de flammes fondirent sur Kan qui ne réagit pas assez vite du fait de son essoufflement. Il en évita une mais prit l'autre de plein fouet. Je le vis brandir ses deux mains pour contenir l'attaque et son cri trancha l'atmosphère de tout le Sanctuaire. Tout à coup, Aaron lança sur lui sa dernière attaque. L'onde de choc se répercuta dans tout le temple du Bélier et son gardien fut pulvérisé.
Je regardai, horrifiée, les dernières traces du combats se dissiper. Aaron était debout sur des jambes tremblantes et pantelait considérablement. Il n'avait pas l'air blessé. Après une seconde, je me précipitai vers lui, montant les marches quatre à quatre, Jonas sur les talons.

- Aaron ! lançai-je en arrivant à ses côtés.

Il hocha la tête pour me rassurer et je jetai un regard vers le chevalier d'or qui gisait au sol. Kan du Bélier n'était pas tout à fait inconscient.

- Bon sang, Aaron, cingla soudain Jonas. Tu n'étais pas obligé de le massacrer à ce point ! Nous ne sommes pas là pour assassiner tous les chevaliers du Sanctuaire !
- Désolé, rétorqua Aaron. Dans le feu de l'action, comme j'étais à deux doigts de me faire carboniser, ça m'est sorti de l'esprit ! A part ça, je vais très bien, merci infiniment !
- Au moins, le passage est libre, reprit Jonas, profitons-en.

Tout à coup, le chevalier d'Athéna esquissa un mouvement maladroit et je m'approchai prudemment de lui. Il était loin d'être aussi indemne que Aaron. Heureusement son armure d'or l'avait bien protégé. J'avançai une main vers sa tête et l'aidai à se redresser. Il eut tout d'abord un mouvement de recul puis, quand il comprit que je ne lui voulais pas de mal, se laissa faire. Je lui souris alors.

- Excuse-nous chevalier, dis-je. Nous ne sommes pas ici pour vous combattre. Tout va bien ?

Dans son regard bleu flottait une lueur surprise et incrédule. Puis il acquiesça doucement. Cela me ravit et je souris de plus belle.

- S'il te plait, aide-nous à rencontrer le Pope...

Je sortis le rouleau de Zeus de ma poche et le lui agitai sous le nez en guise de preuve.

- Nous ne mentons pas, assurai-je.

Etrangement, il ne posa plus de questions, ne chercha pas à savoir ce que contenait ce message et se détendit totalement. Un drôle d'air se peignit sur son visage. Je pris cela pour un signe favorable.

- Tu acceptes ?

Il ébaucha un sourire.

- Vous êtes de bien étranges messagers, remarqua-t-il.

J'éclatai de rire, légère comme une plume. Aaron et Jonas surgirent alors à mes côtés. Le chevalier du Bélier les toisa un instant et Aaron lui tendit une main amicale.

- Acceptes toutes mes excuses chevalier Kan du Bélier, déclara-t-il.

Le chevalier d'Athéna saisit sa main sans hésiter et Aaron le fit basculer sur ses pieds.

- Je vous mènerai à travers les douze maisons, affirma Kan. Si vous y allez seuls, mes compagnons ne vous laisseront pas passer.

A ces mots, je me mis à sautiller de joie.

- Tu entends ça Jonas ! m'écriai-je en sautant au cou de mon compagnon. C'est comme si on y était déjà !

Brusquement, je le pris par la main et courus vers l'autre côté du temple.

- Allez, viens !
- Mais attends ! Sara !

A quelques pas, j'entendis Aaron émettre un soupir de résignation.

- Elle fait toujours ça, dit-il.

Pour la première fois, Kan se mit à rire.

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