Chapitre 7 : L'Ombre de la Cité Interdite


Fenrir parcourait, à son tour les divins jardins de l'Olympe. La Cité de l'Atlantide qui abritait, jadis, Poséïdon était maintenant bien loin derrière les flux de rivières sacrées et de montagnes.
Il bondissait tel un loup sauvage des contrées du Nord. Le Guerrier Divin n'avait rien perdu de sa hargne. Il avait laissé partir Thétis vers la Cité Céleste d'Athéna, pour lui permettre de délivrer le message de l'impensable.

Sentant qu'un affrontement avait eu lieu, Fenrir reconnût l'une des cosmo-énergies, qui explosait et s'éteignait tour à tour. Il l'avait sentie. Il lui avait même fait face…

" Me voilà, non loin de la Cité d'Héraclite, il me semble que les serviteurs de la Déesse de la sagesse, ne sont plus très loin. J'ai reçu l'ordre venant de la princesse Hilda, d'aider au péril de ma vie les Saints venus défendre leur cause dans le Royaume Sacré des Dieux. Je vois une arène de combat au loin, c'est de là que venait le cosmos que j'ai ressenti durant tout mon trajet. Il faut que j'aille voir. Et s'il le faut, je combattrai au nom de ma souveraine et des lois de l'Univers…laissons cela, le devoir m'appelle. "

Le Guerrier d'Alioth s'élança une nouvelle fois et accrut sa vitesse, cette fois, et se dirigea vers le Colisée. Il vît, une fois arrivé une tribune complètement dévastée. Il sentît une ambiance peu fréquente. Une atmosphère de mélancolie régnait en ce lieu. Des pétales traversèrent les ruines et vinrent à la rencontre du porteur de la pierre d'Epsilon. Il humecta leur parfum, et vît au centre de l'arène un homme vêtu d'une armure d'or. A ses pieds reposait un corps de femme ensevelie de pétales de roses. Le Guerrier Divin s'approcha, enlevant sa visière puis son casque. Un vent passa et souleva quelques restes des fleurs rouges qui vinrent se mélanger aux chevelures des deux hommes qui, maintenant, se tenaient dans le Coliséum.

Shiryu vibra à l'approche du cosmos derrière lui. Il tenait son casque en effigie de tigre à la main. Libra Saint jeta un dernier regard sur Stella, et leva les yeux vers le coucher du Soleil. Fenrir devina ce qui a dû se passer ici.

_Je suis content que tu sois là, entama Libra Saint.
_J'aurais aimé reprendre contact avec vous en d'autres circonstances, j'espère que c'est la dernière fois que j'assiste aux funérailles d'une regrettée ennemie, acquiesça le maître des loups d'Asgard.

Shiryu se tourna, enfin, vers son interlocuteur et vît le visage qu'il ne pût oublier en quatre ans.

_Un être s'en va, un autre revient, telle est la dure loi des relations entre les hommes, reprit Shiryu.
_Tu peux en être sûr, tant que ma tâche ne sera pas achevée, je ne quitterai pas ce monde…dit Fenrir, il est temps que toi et moi, nous allions rejoindre les nôtres au Temple Céleste de ta Déesse. Je suis chargé de t'escorter.
_Tu es vivant, lui dit Shiryu. Je l'avais toujours su. Hyoga m'avait prévenu que tous les Guerriers Divins d'Asgard n'avaient pas succombé.
_Je m'excuserai moi-même auprès de lui. Décidément vous n'avez pas de chance en venant dans notre Royaume, rit Fenrir, mais désormais vous en serez les hôtes les plus prestigieux.

Le God Warrior sourît et remit son casque d'Epsilon. Il ouvrît la marche. Tous deux entamèrent leur route vers le même but. Ensemble, enfin.

Sur le chemin d'Héraclite :

Ils approchaient de leur objectif. La route montagneuse s'effaçait au profit d'un sommet et d'un chemin plus accessible. Ils virent devant eux deux colonnes s'ériger. Les colonnes d'Héraclès, la Grande Initiation, la porte officielle de l'Olympe. Les deux édifices symbolisaient le lever et le coucher du soleil. Le lever et le coucher de la vie. L'entrée et la sortie de l'Olympe. L'une portait le nom Ceuta, et l'autre Calpée. Le jour et la nuit. Le bien et le mal. Héraclès fût et resterait le portier et l'initiateur du Domaine de Zeus.

La lueur inquiétante du ciel demeurait rosâtre, puis sombrait vers le rouge sang. Le soleil s'approchait de Calpée. Et ils firent leurs pas entre les deux colonnes du Dieu de cet Univers.


_Ils sont maintenant partis, votre majesté, dit un robuste guerrier à l'armure d'argent.
_Ai-je besoin de vous révéler la vérité, à vous ? lui répondit le Grand Pope.
_Nous sommes tous, quelque part, en quête de vérité…le Silver dessina un croissant de lune narquois avec ses lèvres.

Le chevalier d'argent repensa à Hyoga. Ce comportement emporté l'avait surpris, d'où la réaction du Saint à l'armure d'argent, il pensa bon de lui rappeler les bases. Mais à présent il comprit qu'en se trouvant dans la même position que le Chevalier d'or du Verseau, il aurait peut être réagi de même manière. Car lui aussi se trouvait en quête de justice.

Sa masse très imposante instaurait inconsciemment le respect et l'obéissance de ses interlocuteurs. Mais derrière cette cuirasse de muscles et d'argent se trouvait un être pur et dévoué. De longs cheveux rouges lui arrivaient à la ceinture. Il portait un bouclier représentant une femme aux cheveux de serpents. Cette caste lui revenait naturellement de droit, après la mort de son prédécesseur.

Peu après la Guerre Sainte face à Hadès les Quatre Bronzes restants furent idoles de toute une génération d'apprentis en quête d'armure. On raconte même que pour faire triompher leur idéal, leur volonté leur permit de devenir des Demi-Dieux.

Lorsqu'il obtint son armure, il rêvait de partager les émotions avec ses modèles de chevalerie. Le temps effaça l'admiration. Il était à son tour devenu un valeureux guerrier envié et respecté de tous. C'était l'indifférence des " héros " qui le perturbait…De plus il eut, tout au long du trajet, l'impression qu'ils doutaient de lui et du reste de la garde du Pope portant les Silver Cloth.

_Est-ce pour les deux femmes qui ouvrent la marche que vous vous inquiétez ? reprit le Pope.
_Elles obéissent, sans se poser de questions, par contre les chevaliers d'or et de Bronze nous accompagnant, semblent douter de nous…interloqua le chevalier d'argent.
_Non…voyons…le Pope riait à travers son masque, ils ne sont plus de jeunes prodiges, ce sont des Saint confirmés. Il savent reconnaître le cosmos hostile.
_Vous leur faîtes une confiance aveugle, mais savez-vous qu'ils sont restés, tout de même, inactifs pendant de longues années… ?
_Ce n'est rien…C'est même un excellent exercice, que de rester à méditer, sans forcément casser des pierres et des roches…dit le Grand Pope, amusé.
_Il paraîtrait même, que c'est une volonté d'Athéna, quel destin cruel que la Déesse réserve parfois.
_Ni cruel, ni chanceux. Nous accomplissons notre tâche, tels des elfes en dévotion. D'ailleurs, nous risquerons forts d'en croiser quelques uns par ici, le Pope poursuivait sur ce ton léger.
_Pour l'instant, nous n'avons eu que de la distraction, il me tarde de passer à l'action, reprit le Saint à l'armure brillante d'argent.
_Moi, il me tarde surtout d'en finir ! le Pope affichait un ton plus ferme.
_Je crains malheureusement que nous en sommes loin, votre maj…Oh ! Mais ?! Qu'est ce que c'est ?

Marine et Shina coupèrent leur élan. Elles ouvraient la marche, à une dizaine de mètres devant. Et au dessus d'eux se dressait un arc de triomphe. Il était immense, et la route qui suivait après les mènerait droit à leur destination. Aucun autre chemin, n'était envisageable. L'arc de couleur claire, taillé de pierres précieuses émettait une parcelle de cosmos. De nombreuses écritures le parcouraient. En grand était inscrit : " LA CITE D'HERACLITE ", dans un Grec ancien que la plupart lisaient facilement, sauf Jabu.

_Bon, je parie qu'il annonce la bienvenue aux visiteurs ! ricana le chevalier de la Licorne, j'espère qu'après ce truc, là, on va pas nous attaquer encore ! Mais c'est quoi ces écrits qui parcourent les deux colonnes ? Hein ? Tu le sais Shina ? Tu peux me le dire, Marine ? Mais pourquoi, vous ne bougez plus, vous…qu'est ce qu'il y a ?… vous…vous pleurez ?

Il sentit les fins sanglots qui éclatèrent de tous les sens de Marine. Shina tomba à genoux. Sur la colonne droite était inscrit un texte. En Grec ancien. Un ancien testament. Par un ancien chevalier.

Jabu reprit son calme et son sérieux, il posa sa main sur l'épaule de Shina. Il regarda dans la direction de Marine, qui, déjà était embarrassée d'avoir mis autant ses sentiments à découvert.

_Dites, moi ce qui est écrit…lâcha Jabu.
_Il est écrit…dit Marine en ravalant ses maigres sanglots, voilà ce que dit le texte, intitulé…

Ultime Chance

Il ne reste plus rien, juste le chaos du néant
Et dans l'espace infini, seuls deux astres subsistent
Tant que deux matières s'attirent, pour l'éphémère et l'infini
Dans l'ultime métamorphose, l'osmose persiste

Car même si l'univers implose il reste cette unique chance
Même si l'univers explose il laisse cette infime chance

Tout n'est pas perdu, nous ne sommes pas encore prêts
Dans la décadence reste cette unique liberté
Puisqu'un homme seul, méprise les astres
L'humanité, elle, survivra au désastre

La tempête, la rage, le vent s'emportent
Les rivages de larmes naissent et se noient dans le flux du temps
Même si la haine transperce la chair et les os
Cette pluie n'éteindra jamais les flammes des vivants

Lorsque l'univers implose il reste cette unique chance
Dans ton univers reste la dernière chance
A celui qui croit en l'avenir il reste une dernière chance
A celui qui a le courage d'aimer on laisse une ultime chance

Nous sommes les survivants de l'inéluctable
Nous sommes les héritiers de l'inévitable
Lorsque l'univers respire la liberté
Dans l'ultime métamorphose l'avenir est scellé

Dans l'Ultime Eclipse c'est l'unique espoir
Dans l'Apocalypse c'est notre jour de gloire
Puisque l'univers implose il laisse la délivrance
Et même s'il explose il reste l'ultime chance

Celui qui croit en l'avenir est toujours invincible
Celui qui a le courage d'aimer est indestructible
Tant que les astres s'attirent ils laissent l'ultime espoir
Tant que l'univers donne la vie, c'est une victoire

Car l'Univers entier est notre seconde chance
Et pour l'éternité…Notre Ultime Chance.

Espoir.



_Comment ? Que dis tu Marine ? Tu dis que ce texte est signé… " Espoir "? Mais alors…Jabu enleva son casque, ce texte serait celui….celui de…de mon frère. C'est mon frère.

Le Pope enleva sa cape, son masque et son mystère. Il se présenta devant Jabu, Shina et Marine. Il releva le chevalier de l'Ophiucus.

_Je vous avais promis que les réponses à vos questions viendraient, dit le Pope démasqué.
_Alors c'était vous, dit Shina, je le savais, je vous sentais parmi nous, depuis tout ce temps…
_Je refusais de le croire, il me fallait le voir, Marine enjôla comme rassurée.
_Je ne comprend plus rien ! brailla Jabu, comment avez vous faits pour garder votre identité secrète pendant ces quatre longues années ? Comment êtes vous revenu de là, où l'on vous croyait condamné? Enfin…et cette armure… Mais ! ? C'est la même que celle de l'autre là ! ?
_Pas exactement, Jabu, dit le Pope. Mais c'est grâce à elle que nous nous trouvons ici, à l'entrée de la Cité. Ici dans le Domaine des Dieux. Et le reste de l'histoire, c'est ensemble que nous allons l'écrire.
_Et cette matière ? C'est…s'extasia un chevalier d'argent.
_Oui, c'est le Lapis-Lazuli.

*

Message à l'intention du service d'urgence :

Nous courrons à de graves ennuis s'ils poursuivent. Je suppose que vous êtes au courant. Rhadamanthe est pris au piège, pas de problèmes. Mais, Kanon a réussi à s'échapper. Il représente un danger. Melkor va devoir faire face à plus d'adversaires que prévu. Cassiopée a failli. Ils vont entrer dans la Cité. L'intervention est immédiate.

Réponse du service en question :

Vous plaisantez ! ? Restez tranquille. Aucune intervention.

*

Cité d'Héraclite :

_Il commence à faire sombre et ils ne sont toujours pas arrivés, dit Eldar. Cette couleur sanguine du ciel me rappelle Melkor.
_Oui, c'est à la même heure que vous cessiez toujours vos combats, dans le Colisée, lui répondit Eowyn.
_Je n'ai absolument aucune idée d'où il peut être. Et pourtant je sens son cosmos jusqu'ici.
_Le mieux, je pense, c'est prendre de la distance parfois. Cela ne peut que vous rapprocher.
_Oui, mais tu n'as absolument pas conscience de la force du rayon satanique. Ce n'est, malheureusement, pas ça qui va le pousser à me considérer, répondit Eldar.
_Tu sais ce que je crois… ?
_Dis moi.
_Je crois que tu ne vois que la surface, et tu ne cherches pas à en déceler le fond.
_Bien sûr, mais toi tu vas me dire, qu'est ce qui se cache derrière cette soif de reconnaissance ? Derrière cette violence dont il a fait preuve, dernièrement.
_Cela ne sert strictement à rien, de te dévoiler mon point de vue, dit Eowyn le sourire affirmatif.
_Pourquoi donc ?
_Parce que tant que tu ne trouveras pas la réponse toi-même, tu ne pourras résoudre tes maux.
_Comme si je ne le savais pas déjà…

Eowyn approuva par un rire. Se leva du muret, où elle était assise avec son ami d'enfance. Et, soudainement, fît face aux remparts de sa Cité. Les Cités de l'Olympe abritaient les Temples et les Sanctuaires des Dieux. Mais autour se dressaient des murs indestructibles, tels des châteaux forts, les colonnes décorant les murs furent sculptées par les architectes divins de la Grèce Antique.

_Tout le monde est aux aguets, dit elle, voyant des étoiles percer les nuages rougeâtres, pourtant je ne connais aucun des Dieux, capable de déclencher l'Armaggedon.
_Tu connais peut être leurs noms, mais tu ne sais pas grand chose d'eux, on dirait, la nargua Eldar.
_J'en sais suffisamment, pour te dire que ça ne viendra sûrement pas de l'un d'eux…
_Alors qui ?

Eowyn se tourna vers lui. Le regard posé et calme. Elle s'approcha tout près.

_Connais tu la légende des noms qu'on nous a attribués ? dit elle.
_Oui, certainement, nous sommes la descendance des Dieux. Nous sommes comme des Demi-Dieux.
_Pas faux. Mais incomplet.
_Que veux-tu dire ?
_Chaque dénomination a un sens. Une destinée se cache derrière le nom que l'on t'a donné…
_Pfff, ma destinée ? Garder cette Cité ! Partir en Guerre si besoin ! Et éventuellement monter sur le trône…! Dixit Melkor ! Je connais le discours par cœur ! Tu ne me dis pas tout ça pour me rappeler ce qu'on m'enseigne depuis la naissance ! ? dit Eldar riant les bras croisés.
_Rien de tout ça. Comme je te l'ai dit, tu ne vois que la surface…Il faut que tu penses différemment. Essaye de sortir des chaînes qui te lient.
_Alors, là !…Tu m'excuseras mais je ne saisis pas grand chose…
_Ton nom signifie " Offrande ".
_Je ne crois pas.
_Et pourtant si. " Offrande des Dieux ". Dans les contes perdus, j'ai retrouvé l'étymologie de tous les noms des gardiens de notre Cité, Eowyn montrait un regard passionné.
_Tu veux dire que chacun de nous , Gardiens de cette Cité, est un…élu ? Avec une fonction et une destinée qui lui est propre ?
_Oui, je le crois ! Et attends ce n'est pas tout ! Je…
_Désolé de ne pas partager ton opinion, mais je ne crois pas aux contes, ce ne sont pas des preuves tangibles !

Eldar se leva, à son tour du muret et entama sa marche vers le Palais.

_Attend ! cria Eowyn. Le véritable nom de Melkor est Morgoth !

Eldar s'arrêta sèchement et tourna ses yeux qui n'affichaient plus aucune naïveté.

_Qu'est ce que tu as dis, Eowyn ? Qu'est ce que tu as dis ? !
_J'ai dis, que le véritable nom de Melkor était Morgoth ! Et que son règne s'étendra sur l'île Maudite d'Ulumno ! ! !
_Mais alors, moi et mon frère nous serions…
_Les meilleurs ennemis de l'Olympe…


Au Sanctuaire Céleste d'Athéna :

Milo descendait les marches qui menaient vers la maison de la Vierge. Ses pas furent tout aussi nets et précis que son abnégation. Les yeux du chevalier d'or du Scorpion se rivaient vers l'entrée du Sanctuaire. Il pressa sa descente. Et pourtant, elle lui paraissait comme une descente aux Enfers.

Il allait bientôt retrouver la maison de la Vierge. Il empressa encore le pas. Il vint à traverser cette maison. Elle était la copie conforme de celle bâtie au Sanctuaire terrestre. Sauf que, lorsque Milo avança au centre de celle-ci, il n'y trouva pas Shaka assit méditant dans sa fleur de lotus dorée.

Il trouva le chevalier d'or de la Vierge, lui barrant la route. Les yeux fermés. La détermination dans son poing serré.

_Où vas tu, Gardien de la Huitième Maison du Zodiaque ? s'exclama le chevalier de la Vierge, Shaka.
_ Je vais là, où je dois me trouver. Ne ressens tu pas, ce cosmos dans la Maison du Taureau ?
_Les ordres sont formels et tu le sais. Chaque chevalier garde son temple.
_Ecoute Shaka, je n'ai pas le temps d'en discuter.
_Je ne te demande pas d'en discuter, je te demande de retourner à ton poste, Milo !
_Si l'un de nous n'interviens pas, Auron va se faire massacrer et nous savons tous ce que représente cet enfant !
_Je t'ai dis que je ne te laisserai pas commettre une erreur, si tu y vas ce sera encore pire !
_N'as tu pas entendu l'appel de Mû ! ? Cela fait des heures maintenant que le combat est engagé !
_Les flammes de l'horloge sont éteintes, alors nous n'avons rien à craindre, crois-moi.
_Moi, j'ai pris ma décision et elle est irréversible. Alors, écarte toi de là !
_Oserais-tu…te battre contre moi ? dit Shaka relevant la tête.
_…
_Tu es d'une sagesse exemplaire, Milo, mais à présent ton attitude me dépasse.
_Laisse moi passer…

Le Scorpion Saint fît quelques pas lents, jusqu'à croiser son frère d'arme. Il se trouvèrent dos à dos.

_Tu commets une grave erreur, soupira Shaka.
_Je le saurai en m'y rendant…
_Et tu laisses Athéna sans protection ?
_Non, " Il " est avec elle.

Et Milo quitta la Sixième Maison du Zodiaque. Il poursuivît son chemin. Les escaliers descendaient, descendaient…Il se résigna à ne pas regarder en arrière. Ne jamais tourner le dos à l'objectif. Jamais.

Dans la Maison du Taureau :

Les colonnes dévastées, brisées et les murs fracturés étaient déchirés par le terrible affrontement. Des éclairs foudroyants soulevaient des débris. Des flashs lumineux s'ingurgitaient et tournoyaient parmi les cris.

Après une énième attaque et secousse subie, Auron se relevait. Il faisait face. Encore une fois. Il attaquait. Encore une fois. Essoufflé par la vitesse d'exécution des coups, mais galvanisé par la justesse de son devoir. Il savait que Mû s'était replacé dans la maison vide du Cancer, car c'était la meilleure stratégie à adopter. Il devait subir cette épreuve seul.

Un Gold par Temple, chacun défendant son territoire au péril de sa vie, en cas d'attaque ennemie. La tactique de défense du Sanctuaire datait depuis des siècles. Mais sa tactique de défense face à un ennemi datait que depuis peu. Il éprouvait les pires difficultés à se mesurer à un Divin. Qui, de plus, était réputé comme étant le plus puissant d'entre eux.

Melkor commençait à s'ennuyer avec le Serpentaire Saint. Il lui tardait d'en finir. Il ne parlait plus. Il n'entendait plus. Il ne sentait plus. Il fût réduit à l'état sauvage, tout comme les chevaliers des ténèbres qu'il découpa en morceaux dans le Coliséum. Il avait perdu toute volonté. Il avait perdu toute conscience. Par contre, rien de sa force. Rien de sa puissance. Un jouet entre les mains d'une violence sans nom.

Seule la statue d'Aldébaran demeurait intacte. L'armure d'or du Taureau était toujours fixée sur elle. Auron la regardait, la contemplait pour y voir quelque lumière... Mais une ombre s'approcha, puis masqua définitivement la statue. Elle jeta l'obscurité au souffle d'espoir qui lui restait.

Les deux combattants à nouveau face à face. Melkor ne faisait pas brûler son cosmos. Le combat à mains nues, lui paraissait suffisant. A aucun moment le Gold d'Athéna n'avait pris le dessus. Alors à quoi bon gaspiller ses forces ? Il choisit pour appui une colonne dévastée et sauta, le poing en avant, sur son adversaire.

Contrairement aux précédents assauts, Auron ne recula pas. Il n'évita pas le coup. Il saisit le poing du Gardien d'Héraclite dans sa paume droite. Son armure vibra sous le choc contre le colosse ! Il recula de quelques centimètres en dessinant l'impact avec ses pieds. Puis, par un geste habile, il envoya son poing gauche vers son vis à vis. Melkor saisit, à son tour, le poing d'Auron et il se retrouvèrent dans un position de corps à corps. La pression musculaire fît craquer les muscles et les os des deux opposants.

A ce moment, ils firent brûler leurs auras, dans un concert de couleurs éclatantes s'entrechoquant. Des matières et des lumières s'opposaient. Des énergies et des puissances condensées. La flamme du dernier souffle et la flamme assombrie, brûlant de leurs chairs se consumant et meurtries. Et la pierre se creusait. Et la terre s'envolait. Dans un éphémère instant, pour l'éternité du futur, jouant de leurs couleurs claires et obscures. La fougue et la sagesse, la jeunesse et la noblesse. Mais le noble se tût, pour laisser place au vide de la haine absolue. L'adversité. Le face à face.

Ils se fixaient droit dans les yeux.

Dans la maison du Lion :

Milo traversa la demeure, sans se poser de questions. Précipitamment. Mais alors qu'il s'apprêtait à entrevoir la sortie, il vît une armure d'or scintiller dans la pénombre.

_Milo ! dit l'homme à l'armure sacrée, j'ai pensé comme toi, mais pour une fois je vais être d'accord avec Shaka et Mû.
_Cela ne te ressemble pas…
_Je pense que nous devons rester à nos positions. J'ai un mauvais pressentiment.
_Moi aussi j'ai un mauvais pressentiment. Si je n'intervient pas, mon disciple mourra.
_Il doit affronter cette épreuve. Et si tu interviens, tu risques de mourir.
_Le Scorpion ne meurt pas avant de rendre tout son poison…
_Tout au long de ces années d'amitié, je ne t'ai jamais dicté ta conduite. Et au nom de celle-ci je te somme de rester en vie.
_Rien de plus beau que de garantir sa survie, sur son honneur.

Milo ne jeta pas les yeux sur son frère d'armes. Son ami. Il fixa la sortie. Il savait que ce n'était pas la dernière fois. Non. Pas encore.

Maison du Taureau :

L'énergie concentrée atteignait son paroxysme. L'air autour se mit à tourbillonner. Le toit de la maison de Taurus commença à se fissurer. Tout à coup, Auron se libéra du corps à corps et bondit sur les colonnes du temple des côtés opposés, en s'appuyant sur chacune, il espérait détourner l'attention de Melkor, et attendre le bon moment pour le frapper.

Pendant que le Saint céleste le cherchait du regard… " Maintenant ! " se dit Auron. Il s'apprêta à armer son bras pour refermer sa main à l'extrémité. Il se trouvait à une dizaine de mètres de son adversaire. Quand, soudainement, il se cogna contre quelque chose de dur en plein visage…C'était l'avant bras de Melkor, qui le dépassa en vitesse, anticipa son attaque et devança son coup. Auron tomba aux pieds du frère d'Eldar. Un léger filet de sang coulait, mais ce n'était rien comparé aux souffrances du jeune Gold.

Cette fois, il n'allait pas le rater. Plus de perte de temps. Il lui fallait se rendre auprès d'Athéna. Saisir le bien de l'Olympe. Saisir les âmes des chevaliers d'or et les envoyer dans les limbes. L'animal féroce qui combattait dans la maison du Taureau, se lassa de la torture. Il lui tardait de tuer sa proie.

Il leva son poing. Déplia sa main. Il forma un espèce de fer de lance, pour le planter dans la nuque du Serpentaire. Mais à ce moment…

_Asteroïd Explosion! ! ! hurla Auron.

Le Gold dans un millième de seconde contre-attaqua. Un déluge d'Astéroïdes prises dans les débris de pierres s'enlevèrent et vinrent frapper Melkor qui, hypnotisé par son assurance resta médusé de son inadvertance. L'attaque le traversa de part en part. Mais ce dernier resta debout. Figé dans la même position. Les yeux grisés de folie. Auron, après un tour dans les airs retomba à quelques mètres, dans le dos de la victime de son attaque.

Le chevalier d'or, l'élite de la garde d'Athéna, gisait à terre. C'était le dernier coup qu'il mettait dans ce combat. Ses forces l'abandonnaient. Ses troubles le gagnaient. Sa raison s'échappait. Il haleta. Cracha du sang. Ce fût son ultime effort. Son ultime chance.

Maison du Cancer :

Milo, le chevalier d'or du Scorpion, l'élite de la garde d'Athéna, approchait le Troisième Temple du Zodiaque. Il ne sentit aucune cosmo-énergie en ces lieux. Il se pressa encore. Il voyait la lumière de sortie, le bout du tunnel. " Je pensais que Mû s'était réfugié pour garder cet endroit. " se dit il. " Etrange… ".

_Rentre vite dans la Maison du Scorpion ! hurla une voix de nulle part.
_Où es-tu, Mû ?
_Je ne veux pas que tu poses les yeux sur moi, tant que je serais dans cet état. Ecoute, tu dois le laisser seul, je suis sûr que l'autre ne trouvera pas la force de le tuer.
_J'en suis moins sûr que toi. Je me dois d'assister mon élève. Je n'ai pas choisis de lui imposer cette épreuve, celle-là est faite pour moi.
_Il l'a peut être lui-même choisie…
_Dans ce cas, je m'y oppose !

Et il entreprit les escaliers qui menaient à la Maison des Gémeaux. Plus qu'une demeure. Plus qu'une.

Palais d'Héraclès :

_Je te dis que c'est la vérité ! Pourquoi tu refuses de me croire ! ? s'affola Eowyn.
_Je vais me rendre auprès de celui qui pourra me renseigner…Et je t'interdis de prononcer le nom du guerrier de l'ombre ! lui répondit Eldar, qui plus est, ne sera jamais mon frère !
_Si tu ne veux pas me croire, ton père, lui, saura te faire entendre raison !
_Je refuse d'accepter l'idée que Melkor reçoit de son plein gré le sceau des bannis…
_Fais comme tu veux…

Harmonia se dressa dans le couloir qui mène au trône d'Heraclès. Elle ne portait pas son armure en Lapis-Lazuli. Une longue toge blanche la recouvrait et lui donnait une élégance inégalable. Les coutures dorées de la robe, se fondaient avec ses cheveux châtains clair. Elle inspirait la sagesse. Elle respirait la noblesse.

_Je crois qu'il est temps, dit Harmonia. Ils ne vont pas tarder désormais.
_Est-ce que Philias est retourné à Delphes ? l'interrogea Eldar.
_Il est trop tard pour la Cité de Delphes, lui affirma la dame à la toge blanche.
_J'espère que personne ne s'est rendu là-bas ! s'exclama Eowyn.
_Il semblerait qu'un des Spectres d'Hadès se soit aventuré dans la Grotte de l'Oracle, Harmonia baissa le regard.
_Maudit sois tu Horus ! jura Eldar.
_Non, lui aussi, il croyait en son plan, mais désormais les événements ont pris une tournure inattendue, le calma Harmonia.

Ils continuaient à se diriger dans la salle du trône, dans laquelle siégeait Héraclès. Les gardes s'écartaient. La lumière du marbre reflétait sur leur peau.

_Il a tout de même envoyé Kanon et Rhadamanthe se faire littéralement massacrer ! Eldar perdait le contrôle de ses nerfs.
_Il semblerait qu'ils avaient eux-mêmes décidé d'entreprendre leur projet, dit Eowyn.
_Comment ? ! Quel projet ? se tourna Eldar vers les deux femmes l'accompagnant.
_Voici celui et ceux que nous attendions, termina Harmonia.

Une porte en or massif bougea et deux gardes laissèrent entrer Douze visiteurs. L'un portait une armure de Bronze ornée d'une corne. Il se maintenait en tête. Après lui, suivait un chevalier Divin de Lapis-Lazuli vêtu. Ses yeux bleus captaient et répondaient au regard d'Eowyn. Derrière ses épaules, on distinguait deux femmes portant des masques. Et de robustes et fiers guerriers terminaient la marche, avec sur leurs épaules la couleur protectrice d'argent.

Les deux camps se fixèrent un instant. Harmonia fît un pas en avant et arbora un sourire.

_Soyez les bienvenus dans la Cité d'Héraclite, leur dit elle.
_Merci, mais votre pote là, il nous a déjà brillamment accueilli, râla Jabu en pointant Eldar du doigt.

Eldar n'y prêta pas plus d'attention. Il se tourna en silence et se dirigea vers la porte de la salle du trône. En poussant sur la poignée, il parla.

_Je ne pensais pas vous voir ici, si vite. Félicitations. Nous allons pouvoir commencer.

Tous le suivirent. Ils se dirigèrent admirant les structures architecturales de la fondation en marbre et en or, des statues représentant des Guerriers, des Dieux, des Héros…

Une arène de combat, au milieu de laquelle gisait Eldar la dernière fois qu'il rentra du Coliséum, sans son frère…

Des colonnes reluisant de lumière telles des masses d'eau aux reliefs dorés, soutenaient le plafond aux frasques d'anges. Le Palais de L'Initiateur de l'Olympe faisait figure de Musée d'une splendeur et d'une richesse divine.

Leurs pas résonnaient de sons et de lumières, qu'ils en devenaient acteurs. Que tout ce monde se fondait avec le décor. En chaque matière du Temple ils trouvaient une énergie et une forme incessante de vie, de mouvements. Exactement comme dans la nature des lieux qu'ils parcoururent, aucune forme sculptée par l'homme, l'elfe ou la main divine ne demeurait inerte.

Ils approchaient le trône. Le siège du Dieu, du héros de l'Univers se trouvait au bout de cette salle immense. La peloton de Quinze s'arrêta soudainement. Ils aperçurent le Dieu. Impressionnés, ils se présentèrent devant Héraclès. L'allure toujours vieillissante. L'épée toujours sur ces genoux. Les bras croisés. Les Trois Gardiens de la Cité d'Héraclite se prosternèrent devant leur maître.

Deux autres entrèrent. Un sur la droite, l'autre les rejoignit par la gauche. Deux Gardiens de la Cité pénétrèrent les lieux. L'un à la chevelure blonde platine, à l'allure hirsute et des yeux elfiques. L'autre d'une taille dépassant largement la moyenne aux cheveux blonds coupés courts et dressés en hérisson.

Philias, un Divin l'armure semblable à Philos, un géant décoré de muscles, se joignirent à eux, nul ne se trompa en les considérant comme frères. Eldar choisit de prendre la parole, une fois le silence installé.

_Chevaliers d'Athéna, vous vous trouvez au Temple du Dieu de l'Olympe ! Présentez vous devant notre maître à tous !
_Parfait ! sourît Jabu, honneur à la caste de Bronze n'est-ce pas ? ! Mon nom est Jabu, chevalier de Bronze de la Licorne !

Deux femmes d'une gracieuse classe se joignirent pour se présenter également.

_Shina, chevalier d'argent de l'Ophiucus.
_Marine, chevalier d'argent de l'Aigle.

Un puissant et imposant gaillard suivit, il posa un genou à terre baissa la tête. Ses longs cheveux rouges se posèrent sur le sol. Son regard de marbre se ferma. Il portait sur son bras gauche le bouclier de la Méduse.

_Je suis Polydectès, chevalier d'argent de Persée. Je remet ma vie au service d'Athéna et de votre peuple.

L'un après l'autre, ils se présentèrent et se prosternèrent devant Le Dieu de leur Univers.
Un chevalier à l'allure mature et débordante de sagesse suivit.

_Augias ! Silver Saint de l'Autel !

Vint ensuite un jeune homme aux attraits fins respirant l'assurance, une classe exaltante, et d'une armure effarante de protection et de jeux de lumières.

_Chiron ! Silver Saint du Centaure !

Une armure ailée abritant une homme à la chevelure bleue s'ébruita. Et l'homme se prosterna.

_Cypris ! Silver Saint de l'Oiseau du Paradis !

Un argent d'une blancheur apaisante recouvrait un être inspirant la paix et le douceur. Un homme sensiblement bon se dissimulait derrière cette armure. Une androgynie ? Non…une allure elfique qui se fondait avec la garde d'Héraclès. Ses cheveux bruns droits et fins mettaient en valeur son regard bleu azur…

_Hélènos ! Silver Saint de la Colombe !

Un sage d'un certain âge le suivit, et sa puissance se ressentait. C'était sans doute l'une des plus gigantesque parmi les Silvers présents.

_Atrée ! Silver Saint de la Boussole !

Et vint, enfin en dernier le plus puissant de l'ordre. Le plus respecté, le plus noble de tous les Saints du nouveau Sanctuaire terrestre allait conclure les présentations de la caste d'argent. Son cosmos intrigua même les Divins dans la salle. Sa beauté fît frémir les yeux de l'inébranlable Eowyn.

_Cédalion ! Silver Saint d'Orion !

Les chevaliers d'argent révélèrent enfin leur identité, sous les observations admiratives de Jabu. Héraclès en profita pour se lever…

_Tout le monde est présent, à ce que je vois, autant de ponctualité me surprend, rit le Dieu de l'Univers.
_Père ! se leva Eldar à son tour, j'ai entendu dire qu…
_Oui, je sais, je vais tout vous expliquer. Comme vous le savez tous, une réunion des Dieux a eu lieu, il y a peu de temps de cela. La prédiction d'Athéna semble se révéler juste, jusqu'à présent. J'ai envoyé plusieurs messagers sur terre. Aux quatre coins du globe terrestre, ils ont porté le message d'alerte à tous les représentants des Divinités. Il avait pour nom : " Hésychias ".

Héraclès se tourna vers le Pope qui restait en retrait pour le moment…

_Donne moi donc cette plaque en or en symbole de notre union, toi le plus puissant de l'ordre d'Athéna. Toi, le sage qui entrevît la vie éternelle. Toi, l'exemple même de l'honneur, la bravoure et la justice. Toi, qui portait une armure d'or et qui sauva tes survivants semblables devant le Mur des Lamentations dans l'Hadès. Toi qui fût au service de ta Déesse et qui n'hésita pas à porter secours, jadis, à un peuple qui n'était pas le tiens. Toi qui prêta serment au nom de notre cause et qui on estima digne de revêtir les habits Célestes de Lapis-Lazuli. Toi, qui accepta en dépit de ton ego et au profit des autres de vivre dans l'ombre, sans dévoiler ton identité. Qui accepta de diriger le Sanctuaire Terrestre d'Athéna pendant l'absence de celle-ci et quatre longues années sur Terre. Toi, le Grand Pope par ta droiture et ton dévouement, tu as toute mon estime ! Toute l'estime de l'Univers !

Et le dernier invité s'avança donna sa plaque, fît quelques pas en arrière et se présenta, enfin.

_Je suis…

Temple du Taureau :

Auron écroulé. Inconscient, il gisait. Il avait rempli son devoir. Il alla au bout de lui-même. Au bout de l'extrême. Et cette limite…il la dépassera un jour. Car son temps n'était pas venu. Pas encore. Son cœur battait la vie, il avait combattu et bravé la mort.

L'autre acteur envahissant la pièce resta figé. Il fût tétanisé par l'ultime attaque, l'ultime affront subi. Et sa folie reprit le dessus. Dans son cerveau résonnait, dans un vide absolu, les mots de la profanation de toute vie. Tel un animal sauvage, ne se fiant qu'à ses instincts, il oublia la présence du Disciple du Scorpion. Il se dirigea vers la sortie du Temple. Il avait déjà franchi Deux Maisons.

Il entama les marches qui guident vers le domaine des Gémeaux. Il était dit que ce temple ouvrait aussi les portes vers une autre Dimension. Pour le moment, seules les marches ralentissaient sa progression. Mais comme pour les autres maisons et les premiers Chevaliers d'or qu'il affronta, il les piétina facilement.

Une fois Melkor sorti de la Deuxième Maison du Zodiaque, un chevalier d'or surgit de nulle part et mît les pieds dans les ruines des colonnes. Lui aussi semblait avoir livré un combat. Il était recouvert de quelques égratignures, mais son armure éclatait de lumière. Il avança. Parmi les débris il vît la statue de l'un des héros, dans son dernier assaut. La statue d'Aldébaran intacte et recouverte de l'armure sacrée de Taurus. Elle tendait les bras en avant, comme pour repousser son entrée. Un présage ? Un signe ?…Il trouva au pied de celle-ci un corps étendu, sans conscience, mais une parcelle de vie animait sa respiration, faible.

Il prît le jeune Saint et il l'adossa contre la statue. Il mit aussi, un genou à terre. Baissa la tête. Se releva. Pensa et prononça une prière. Et courût en direction de la sortie.

Temple des Gémeaux :

Milo, survivant parmi les guerriers de lumière fît son premier pas dans la Maison des Gémeaux. Le Domaine de regrettés jumeaux qui luttèrent à ses côtés…Il stoppa sa marche, son souffle, ses pensées. Quelqu'un approchait du Temple des Gémeaux. Une force à l'état brut. Une puissance à l'état pur.

De l'autre côté de la Maison, un homme en Lapis-Lazuli, les bras à nu entra dans la Troisième Maison du Zodiaque. Ses cheveux attachés et tirés en arrière se balançaient comme le rythme d'une horloge battant les secondes. Les battements rapprochaient les deux hommes.

Melkor se retrouva au centre de la pièce. Il affichait la stupeur. Comme si, son âme fût entravée par la terrible attaque du Serpentaire Saint.

Un troisième homme venait de fouler le sol de Gemini. L'armure qu'il portait était celle du Gardien de ce Temple. Kanon admira l'entrée de sa demeure Céleste. Il avança aussi vers le centre.

Milo rejoignit le milieu de la Maison. Il vît l'envahisseur de ses yeux. Et dans le dos de celui-ci, un compagnon d'armes. Un frère.

Trois hommes allaient se livrer et faire leur devoir au nom de la gloire, au nom de la haine, au nom de la dette, au nom de la peine.

Palais d'Héraclite :

_…Dokho ! Gardien des Cités de Zeus, de la Lune Céleste de la Justice !
_Comment ? s'interrogea Shina, Dokho…le Vieux Maître serait devenu un Demi-Dieu… ?
_Vous allez tous savoir pourquoi vous vous trouvez ici, dit Héraclès. Je vais tout vous révéler.

Les valeureux guerriers occupant la pièce posèrent leurs yeux sur lui. Et il poursuivît…

_La Roue de la Punition a cessé de tourner dans le Tartare. Celui qui a juré vengeance s'est libéré, il y a quelques temps de cela. Il agit dans l'Ombre. L'imprévisible. Sa force est colossale. Son combat est déloyal. Il y a quatre années de cela, Athéna a vaincu et enfermé Hadès dans son sommeil éternel, pour que les Guerres Saintes cessent enfin. A ce moment, pendant que tout le monde se croyait débarrassé de la folie des Dieux, un nouveau Cycle de Ténèbres est né. Le Domaine de Zeus, notre Dieu, est menacé, comme le Domaine Terrestre. Tous les quatre ans s'effectue le Cycle Lunaire. Cinquante Lunaisons constituent l'évolution de ce cycle. Sur terre la tradition se perpétue par les Olympiades. Ce que vous appelez les Jeux Olympiques. La torche de l'espoir Olympique traverse le monde entier, c'est le cycle inverse que va instaurer notre ennemi commun. En proclamant la flamme des Ténèbres qu'il portera à travers les Cités des Douze Dieux de l'Olympe et des Domaines qu'elles abritent. Il veut s'emparer des précieux joyaux que renferme chaque Cité. Ces joyaux sont les objets lunaires qui une fois réunis ouvrent les portes de la…CITE INTERDITE ! Où repose l'arme capable de détruire l'Univers entier ! L'Olympe est le parallèle des Légendes Terrestres. Nous sommes votre espoir Céleste. Et tout repose dans la CITE INTERDITE dont on ne sait la localisation, car il faut réunir les joyaux, le biens les plus précieux qui serviront de clé et nous ouvriront les portes, nous devons saisir les biens de l'Olympe, avant l'Ombre !
_Mais quelle est donc cette arme capable de détruire l'Univers ? ! s'exclama Polydectès.
_Il semblerait qu'elle renfermerait la puissance absolue du Big Bang, lui répondit Héraclès.
_Pour quelle raison les Dieux de l'Olympe sont représentées par des Lunes ? l'interrogea Marine.
_Chaque Dieu de l'Olympe est lié à la Lune. Le Cycle représente la vie. Et les Gardiens des Cités Lunaires sont au nombre du Cycle de la Lunaison…
_Vous voulez dire que…Cinquante Gardiens Lunaires gardent les Cités de l'Olympe ? lui demanda Augias.
_Oui. Ils sont au nombre de Cinquante. Mais certains se sont perdus dans la félicité. Et d'autres ne savent pas encore leur destinée…
_Ce que je ne comprend pas, moi, c'est la raison pour laquelle vous avez besoin de nous ! ? se leva Polydectès. Nous sommes les protecteurs d'Athéna, et elle règne au Sanctuaire terrestre !
_Personne n'est obligé de rester, tu es libre de partir si tu le souhaites…lui répondit calmement Héraclès. Mais si jamais l'Ombre retrouve la CITE INTERDITE, elle n'aura aucun mal à détruire toute forme de vie…Il ne lui sera même pas utile de venir sur Terre et attaquer votre Sanctuaire. Car la terre, comme l'Olympe et comme cet Univers sera consumé. Car tout le monde ici craint cet avènement depuis la nuit de temps.
_Que savez-vous sur cette Ombre, que tout le monde redoute ? dit posément Dokho.
_Il a un nom, mais je ne peux le prononcer…baissa la tête Héraclès.
_Vous avez peur ? pointa du doigt, Jabu.

Shina lui mit un coup de coude dans le côtes. Jabu pouffa et expira violemment son souffle. Eldar regarda Jabu et fronça les sourcils. Héraclès sourit sagement.

_Je fais confiance aux vieilles légendes, qui interdisent de prononcer les noms des Ténèbres…Mais d'ailleurs, je crois que je l'ai oublié ! rit Héraclès.

Atrée se mêla de la conversation à son tour.

_Parlez nous de l'organisation des Douze Cités de l'Olympe, votre honneur.
_Elles sont immenses et s'étendent dans le Royaume Céleste. Les Douze Grandes Lunes que vous avez pu apercevoir sont celles qui réagissent à l'état de chaque Cité…
_J'ai cru voir deux Lunes comme cicatrisées et afficher une couleur rouge, dit Shina.
_Oui, ce sont les Lunes d'Athéna et d'Héraclite. Melkor en est la cause et la conséquence…
_Dites nous quelles sont les circonstances de la trahison de l'un des vôtres ? demanda Marine.
_Il semble avoir subit le Rayon Satanique, dit Eldar. Quand je l'ai retrouvé, il gisait au milieu d'une foule de chevaliers noirs tués par son épée. Ce jour-là, il n'était plus le même. Un combat s'était engagé. Je répugnait déjà à combattre mon frère à l'entraînement, alors vous imaginez pour une véritable combat…C'est le peu de conscience lui restant qui l'obligea à m'épargner, et à laisser sa Cité tranquille. Je ne me rappelle plus exactement de quelle manière, je lui ai échappé…Mais il me semble bien qu'une sphère à la couleur des ténèbres l'enveloppa pour le projeter ailleurs, sans doute dans la Cité Céleste d'Athéna….

Chiron et Cypris restèrent choqués et ébahis par ce qu'ils venaient d'entendre.

_Comment ! ? s'écria Chiron. Mais alors…vous savez tous qu'un grave danger menace notre Déesse ! ? Pourquoi n'êtes vous pas intervenus ? Pourquoi vous n'intervenez pas ?
_Les Cinquante Gardiens des Cités Lunaires sont chargés de veiller à la sécurité de l'Olympe, leurs rôles, notre rôle, est de maintenir l'ordre, dit noblement Harmonia. Pour cette raison ils sont dispersés dans toutes les Cités…Mais…Athéna, Hadès, Poséïdon et Arès ont tenu à monter leur propre garde et refusèrent, jadis, l'appui des Gardiens de Zeus. Ces Cités ne voient jamais pénétrer en elles des Gardiens Lunaires.
_Ce fût une très bonne initiative cette milice de l'Olympe, pour cette même raison j'imagine que la période de félicité a duré aussi longtemps…dit avec apaisement Hélénos de la Colombe.
_Oui, reprit Héraclès. Vous avez ici les représentants parmi les Cinquante gardiens. Vous avez mes deux fils Eldar ( Lune de l'Offrande ) et Melkor ( Lune de la Force ), puis Eowyn ( Lune de la Connaissance ) , Harmonia ( Lune de l'Harmonie ), Dokho ( Lune de la Justice ), Philias ( Lune de la Magie ) et son frère Philos ( Lune de la Générosité ). Ces deux derniers furent à la base chargés de la Cité de Delphes, mais il semblerait que Appollon se soit réveillés et les somma de quitter son domaine.
_C'est exact, lorsque je suis parti j'avais constaté qu'un Gardien Lunaire avait été appelé pour me remplacer, moi et mon frère, dit Philias. Mais celui-ci n'est autre que…
_…Le fils d'Appollon qui finit ses jours dans la grotte de l'Oracle près de la Cité de Delphes ! reprit Eldar.
_Il semblerait qu'en effet, certains se soient décidé d'utiliser les armures de Lapis-Lazuli à des fins néfastes, se prononça plus sévèrement Héraclès. Ils seront sanctionnés lourdement pour ce comportement. Mais connaissant le Dieu Artiste il ne nous laisserait jamais mettre les pieds dans sa Cité…Il prendrait cela comme un affront, et ça déclencherait une guerre dont personne ne veut.

Cédalion d'Orion qui assistait à la discussion, parvint finalement à placer un mot.

_Pendant que nous perdons, notre temps en discours de vies sont menacées, dit-il très fermement. Je propose de me rendre tout de suite à la Cité de ma Déesse, nous n'avons pas de temps à perdre ici !
_J'ai envoyé Hyoga et Shun s'en occuper, le reprit Dokho. Je leur remet mon entière confiance. Et Shiryu ne tardera pas à les rejoindre. Ne vous en faîtes pas, le Sanctuaire Céleste d'Athéna est très bien protégé, quelques chevaliers d'or survivants le protègent. Ils s'est passé tant de choses pendant la bataille devant le Mur des Lamentations…il semblerait que Kanon ait, également, survécu…
_Je n'ai pas l'esprit tranquille, reprit Cédalion, mais vous êtes le Pope et je me dois de vous obéir.
_Dokho…dit Shina, vous ne nous avez toujours pas dit quel était le véritable but de la chevalerie ?
_Vous l'expliquer ne servirait pas à grand chose, pour le moment, lui dit il, vous ne le comprendrez que si vous le découvrez par vous mêmes…
_Majesté Héraclès, dit Marine, pensez vous que l'Ombre dispose d'assez de puissance pour anéantir les Gardiens Lunaires des Cités de l'Olympe ?
_Je pense qu'il va, avant tout, chercher des alliés…
_Parmi les Cinquante Gardiens Lunaires ? dit Harmonia, certains d'entre nous seraient prêts à nous trahir ?
_Je ne sais pas si on peut parler de trahison…dit Héraclès, en tout cas sachez que les esprits des Gardiens Lunaires se partagent en deux parties, les esprits de Lumière et les esprits de l'Ombre, tout comme la Lune est pleine d'éclat ou invisible dans la pénombre.
_Alors il y a aurait un Gardien tout puissant de la Pleine Lune et l'autre de la Lune Noire, en déduit Dokho, dans ce cas il faut retrouver également ce Gardien de la Lune Noire, avant qu'il ne trouve l'Ombre, parce que dans ce cas…personne n'échapperait à son destin…

Héraclès rit de bon cœur. Il s'étira. Puis finit par se lever du trône. Avec un large sourire, il conclût.

_Le destin, c'est le caractère !

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Cette fiction est copyright Eldar Fattakhov.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.