Chapitre 3 : Dans la mémoire de Vain


La dernière phrase de Saori fut l'objet de multiples interrogations au sein du petit groupe de chevaliers. Doko, Shaka et Mu semblaient comprendre les énigmatiques paroles de leur princesse. Se furent bien les seuls, du reste.

-Excuse moi de te demander ça Saori, commença Shiryu, mais qu'est ce que tu entends par fouiller dans sa mémoire ?
-Je vais t'expliquer. répondit Mu. Lire dans la mémoire de quelqu'un est une possibilité d'exploitation du cosmos. Cela consiste à communiquer avec quelqu'un par télépathie mais d'une manière particulière. Tu vois tout ce qu'une personne a vue, ses souvenirs précis. Tu y assiste comme un fantôme invisible aux souvenirs. Mon maître m'en avais parlé il y a bien longtemps, mais je n'avais jamais crut ça possible.

-Et pourtant ça l'est. Mais c'est impossible de réaliser cette action seul, même pour un dieu. C'est pourquoi je vous ai fait venir. continua Saori.
-Mais qu'en pense l'enfant et sa mère ? hasarda Saga.
-Vain est d'accord. Il tient à tout prix à sauver sa sœur, mais j'ai eu plus de mal avec sa mère. Elle ne tient pas à voir son fils encore plus mal en point. Cela dit, à force de lui répéter que s'était sans danger et grâce aux supplications de son fils, elle a finit par accepter.
-Je comprends tout à fait sa réaction. Si jamais j'avais un fils aussi adorable, je ferais tout pour le protéger. A propos, quel age a t'il ? répliqua Milo.
-Il aura sept ans au mois de novembre. Sa sœur, si elle est toujours vivante, a eu huit ans le 12 avril. Lança une voix triste.
-Mme Mizuno ! Je croyais vous avoir dit de rester près de votre fils. Fit Saori d'un ton surpris.
-Je sais. Mais Vain vous réclame. Je crois qu'il a hâte de vous dire ce qu'il sait à propos de Makoto. Si vous me chercher, je serais dans le hall. Répondit la femme en s'éloignant.
-Cette femme me fait pitié. Elle a l'air si triste. Fit vaguement Aioros.
-Je sais. Son inquiétude pour sa fille s'accentue de plus en plus chaque jour. J'ai peur qu'elle ne fasse une action désespérée. Je vais la surveiller. Fit le médecin. Il ajouta : Je crois que l'enfant vous attends.
-Oui. Etes vous prêt, messieurs ? Lança t'elle au dix sept chevaliers réunit devant elle.

Tous acquiescèrent en silence et suivirent Saori. Vain leva un peu la tête à leur approche. Saori s'assit sur le bord du lit et lui prit la main.

-Il y a du monde…Ce sont vos amis, mademoiselle ? fit faiblement Vain.
-Oui. Tu vas voir, ils vont nous aider à sauver Mako.
-Encore heureux qu'elle ne vous entende pas. Je suis le seul qu'elle autorise à l'appeler ainsi. Tous les autres se prennent son point dans la figure. Répondit il dans un demi sourire, avant d'être prit d'une quinte de toux.
-Ca va aller, tu es sur ? Sinon, on peut reporter à plus tard.
-Non ! Je vais bien…enfin, si on peut trouver que mon état est convenable.
-C'est bon. Si tu le dis. Maintenant, ferme les yeux et concentre toi. Visualise tous les souvenirs de ta sœur dans ton esprit. Fit Saori avant de se retourner vers ses chevaliers. Vous aussi, concentrer vous et libérez votre cosmos.

Quelques minutes plus tard, toute la pièce irradiait d'une lueur dorée émanant du cosmos d'Athéna et de ses chevaliers. Et tout a coup, tous ressentir une étrange sensation dans leur poitrine, les forçant à ouvrir les yeux. Le spectacles qu'ils virent les stupéfia. Il se trouvait suspendus dans le vide. Autour d'eux, d'étranges lueurs vacillantes semblaient les appeler.

-Où on est, là ? fit Shun, un peu paniqué.
-Dans le subconscient de Vain. Nous ne sommes ici que spirituellement. Les lueurs que vous voyez sont ses souvenirs. Il suffira de les approcher pour les voir. Répondit calmement Doko.
-Génial ! On commence par où ? s'écria Seiya.
-Par celui ci. C'est un des plus anciens. Fit Mu en désignant une lueur très pâle à sa gauche.
-Choix judicieux. Les souvenirs se suivront les uns après les autres, et on ne serra pas obligé de changer à chaque fois. Fit Saori souriante. Puis, d'un ton plus sérieux en s'engageant dans la lumière : En avant, chevaliers.

Tous la suivirent et commencèrent à regarder les nombreux souvenirs de Vain avec une certaine appréhension.

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Un jardin public. Vain joue avec une balle quand un groupe de garçons l'entoure et lui prennent son jouet. Il commence à pleurer alors que les autres s'esclaffent. Mais une voix met fin à leur plaisir sadique.

-Eh ! Laissez mon frère tranquille ou je vous casse la figure !

Une fillette vient d'apparaître. Elle a une carrure plutôt imposante pour son âge et des yeux d'un vert magnifique. Mais ses paroles ne semblent pas impressionner les autres enfants. Le plus grand rit méchamment.

-Pst…Si tu crois que tu nous fait peur, tu te met le doigt dans l'œil jusqu'au coude. Retourne jouer avec tes poupées, gamine.

La fillette a l'air furieuse. Elle donne un grand coup de poing dans le sol, et un cratère se forme alors. Les garçons ont reculés, paniquaient. Ils la regardent avec des yeux effarés. Le plus grand lâche la balle, et lui lance :

-Tu…tu…tu n'es pas humaine ! Tu es un monstre !
-C'est possible. Mais moi, au moins, je ne m'attaque pas à plus petit et plus faible que moi. Maintenant, filez ou je vous promet que vous allez passer un mauvais quart d'heures. Répliqua t'elle.

Les garçons s'enfuirent sans demander leur reste. La fillette se tourna alors vers Vain et lui tendit sa balle.

-Ca va petit frère ? Ils ne t'ont pas fait mal, au moins ?
-Non, et c'est grâce à toi Mako. Merci. Répondit il le sourire aux lèvres.
-Bah…C'était normal. Crois moi, je ne laisserai jamais personne te faire du mal.
-C'est vrai ?
-Je te le promet.


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-Alors c'est elle la sœur de Vain ? Drôle de fille tout de même. Fit Seiya.
-C'est sur. Et quelle force… pourtant, je lui donnerais moins de quatre ans, même avec sa taille. Continua Aiolia, pensif.
-Taisez vous. Le suivant commence. Lança Shaka.

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L'appartement des Mizuno. Vain et Makoto viennent de rentrer. Leur mère est là, assise dans un fauteuil. Elle pleure et murmure des paroles inaudibles en regardant une photo qu'elle tient dans sa main.

-Maman, pourquoi tu pleures ? Tu as mal ? fait Vain, inquiet.

Leur mère se lève et elle prend Vain et Makoto dans ses bras. Elle les serre contre elle avant de leur donner une réponse.

-Les enfants…soyez courageux…Il est arrivé quelque chose à votre père.

Makoto se dégage de l'étreinte de sa mère. Elle a l'air tétanisé. Sa mère poursuit.

-Il a eu un accident d'avion…Il est mort.

Vain pleure. Sa mère redouble en sanglots. Seul Makoto ne pleure pas. Elle quitte la pièce sans un mot. Quelque instants plus tard, Vain la rejoint. Il a encore les larmes aux yeux mais les retient. Sa sœur est assise sur son lit à regarder une photo de famille. Vain tousse un peu pour lui indiquer sa présence avant de lui parler.

-Mako…pourquoi tu n'as pas pleuré…quand maman… nous a dit…que papa… était…
-Parce que je le savais. C'est drôle, mais juste après le départ de papa, j'ai ressenti une sensation étrange…j'avais peur. Comme si j'avais toujours su ce qui allait se passer. Maman n'a fait que confirmer mes doutes. Elle s'arrête de parler. Elle semble réfléchir, puis elle reprends : Vain, surtout ne dit rien à maman. Je n'ai pas envie qu'elle s'inquiète davantage. Après tout, elle, elle ne sait que je ne suis pas…tout à fait normale.
-Oui. Je te le jure, je ne lui dirait pas. Il se tait et pose les yeux sur la photo. Elle a été prise il y a deux semaines, pour ses trois ans. Il fixe attentivement les traits de son père, dont ils ont hérité des même cheveux châtains. Même si il est très jeune, il ne les oubliera jamais. Mais que signifie les paroles de sa sœur : je ne suis pas tout à fait normale ?


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-Saori, tu savais que leur père était mort ? fit Shiryu.
-Oui. Je savais que leur vrai père, Yusuké Mizuno, n'était plus de ce monde. Je ne le connaissais pas bien, mais mon grand-père, oui. C'était un employé de la Fondation, un médecin, je crois. J'ai récemment eu l'occasion de croiser leur beau-père, Keichi Suzuhara, un avocat. Cet homme là est sympathique, mais sans plus.
-Pour ma part, je remarque surtout que cette fille a un sixième sens surdéveloppé. Et pourtant, quand tout ceci est arrivé, elle ne devait avoir que quatre ans. Je comprend maintenant pourquoi vous nous avez dit que cette enfant était étrange, mais je ne vois toujours pas le rapport avec une Guerre Sainte. Fit Camus d'un ton sceptique.
-On va le savoir très vite. Voilà le suivant. répondit Shura.

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Une forêt. Le soleil d'été darde ses rayons. Il fait chaud. Vain progresse au travers des buissons. Derrière lui, il entends les voix de sa mère et de son beau-père bavardant gaiement. Il va rejoindre Makoto. Il se sent mieux avec elle qu'avec ses parents. Brusquement, il s'arrête et se cache derrière un arbre. Il vient d'arriver aux abords d'une clairière. Makoto est là. Mais elle est nimbée d'une étrange aura verte. Une main appuyait sur le tronc d'un vieux chêne mort, elle parle toute seule.

-Oui…bien sur… je comprends…attends, je vais t'aider.

Son aura se met à grandir et a entouré tout l'arbre. Et peu à peu, le tronc devient plus clair, les branches se mettent à pousser. Elles se garnissent de bourgeons qui deviennent des fleurs, qui tombent et laissent place aux feuilles. A présent, un magnifique feuillage fait écran aux rayons du soleil, qui ne passe que de temps en temps, faisant d'admirables jeux de lumière. Makoto sourit. Son aura a disparu. Elle continue pourtant de parler à l'arbre.

-J'espère que tu vas mieux. J'ai fait le maximum. Tu devrais vivre encore de très longues années. Elle s'interromps. D'une voix égale, elle lance : Vain, sort de là. Je sais très bien que tu m'épies.

Vain sort de sa cachette. Il la rejoint à pas lents, encore sous le choc du tour pratiqué par sa sœur.

-Mako, comment tu fais çà ? C'est quoi cette lumière verte ? Et pourquoi tu parles à l'arbre ?

Makoto soupire. Visiblement, elle s'attendait à l'avalanche de questions, mais pas de cette ampleur.

-Je ne sais pas si je peut répondre à toutes tes questions, car il y a encore beaucoup de choses que moi-même j'ignore. Si je parle à l'arbre, c'est parce qu'il me comprend, et moi aussi, d'ailleurs. Cette lumière, je ne sais pas. Elle apparaît quand je me concentre. Et ce que j'ai fait, c'est redonné de la vie à l'arbre. Il me l'avait demandé.
-Il te l'avait demandé ? fit Vain, étonné.
-Oui. C'est lui qui m'a indiqué comment procéder. C'est une utilisation comme une autre de mon pouvoir. Souviens toi, il y a deux ans, le cratère dans le jardin public. Quoique à l'époque, tu n'avais pas eu l'air étonné. Peut être parce que tu étais encore trop petit pour comprendre que se n'était pas naturel.
-Ca fait drôle. J'ai l'impression que tu es une extraterrestre.
-N'exagérons rien. Pour l'instant, tu vas me promettre de ne raconter cette histoire à personne, pas même à nos parents.
-D'accord. Ce n'est pas la première fois que je le fais. Je suis en quelque sorte le gardien de tes secrets.
-C'est bien trouver. Pour l'instant, allons rejoindre les parents. Ils vont finir par s'inquiéter de notre absence. Deux enfants de quatre et six ans perdus dans les bois, ça peut faire peur, non ?

Vain hoche la tête. Il emboîte le pas à sa sœur et discute de choses et d'autres avec elle, mais dans son for intérieur, il ne peut s'empêcher de penser à l'étrange scène dont il a était le témoin. Décidément, sa sœur est bien étrange. Oui, bien étrange…


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-Je ne peut pas y croire. Qu'une enfant d'a peine six ans puisse concentré un cosmos, c'est impossible. Fit Doko, troublé.
-Le fait qu'elle puisse redonner la vie aux plantes n'est pas non plus des plus réalistes. Cela dit, la vérité sort de la bouche des enfants. Continua Aphrodite.
-Tout a fait d'accord avec Doko. Même la réincarnation d'une divinité ne développe pas ses pouvoirs aussi vite, et un enfant normal ne le peu sans entraînement. Renchérit Masque de Mort.
-Alors comment cette enfant le peut elle ? Moi, pour ma part, et je pense ne pas être le seul, j'aimerai bien savoir. Annonça Hyoga.

Tous tournèrent leur regards vers Saori.

-Eh, du calme. Si je trouve ce qui m'intéresse dans les prochains souvenirs, c'est promis, je vous dit tout. Pour l'instant, si nous visionnions le souvenir suivant ? répliqua Saori.

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Une plage. Vain fait un château de sable. Sa mère est entrain de bronzer à quelques mètres de lui. Son beau-père, assis à la terrasse d'un bar boit une bière. Makoto, elle, est entrain de nager. Elle a les cheveux détachés, contrairement à son habitude, et elle porte un maillot de bain rouge orangé. Elle sort de l'eau et s'accroupit près de lui.

-Tu veux un coup de main ?
-Non merci, mais ce n'est pas la peine. J'ai presque finit.
-Et si tu venais nager avec moi ?
-D'accord. J'arrive tout de suite.

Makoto se retourne. Un grand coup de vent vient balayer ses cheveux. Et dans son dos, Vain aperçoit un tatouage. Un papillon vert.

-Mako, c'est quoi le tatouage dans ton dos ?

Makoto semble réfléchir un instant avant de répondre.

-Je n'en sais rien. J'ai toujours eu ce tatouage, d'aussi loin que remonte mes souvenirs, et je l'aurai toujours.

Et sans un mot de plus, elle se jette à l'eau. Mais pour Vain se pose une véritable énigme. Ce mystérieux tatouage aurait il un rapport avec les étranges pouvoirs de sa sœur ?


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Puis suivit la scène de l'enlèvement de Makoto, sous le regard interloqué de nos chevaliers.

-Maintenant, j'en sais assez. Nous pouvons revenir au monde réel. Fit calmement Saori.

Et, dans un éclair de lumière, les obligeant à fermer les yeux, ils réintégrèrent leur enveloppes corporelles. Dès qu'ils furent en mesure de le faire, ils assaillirent Saori de questions. Cette dernière soupira, agacée. Mais elle consentit enfin à répondre.

-Chevalier, l'heure des révélations est venue.

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Cette fiction est copyright Florence Roekens.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.