Partie 4 Chapitre 6 : Un premier pas vers la lumière...


L'hopital de la Fondation.

C'est le lieu où tous se trouvent en ce moment, par cette nuit de pleine lune où l'orage a enfin éclaté. Le nombre de blessés graves dépasse l'entendement. Il est dit que le ciel est le reflet de l'âme, ce qui s'avère aujourd'hui plus que jamais exact. La pluie tombe avec une force rare, comme symbolisant les larmes versées en ce moment. La noirceur du ciel reflète la profondeur de la douleur et de la tristesse habitant les coeurs. Tokyo est en ruines, et a subi des pertes considérables.

"3000 morts victimes civiles mortes ou portées disparues. 2000 soldats renégats abattus par une force inconnue. 1000 soldats et policiers Japonais tués dans l'engagement. 50 milliards de dollars de dommages causés à la ville de Tokyo."

Voila le bilan de la dernière bataille menée par Arzan au coeur même de Tokyo. Encore aggravé par les dernières nouvelles de Grèce, il se voit adjoindre les morts d'Aldébaran, de Shura, de Milo. Aldébaran a été vaincu par une entité inconnue, que personne n'a pu sentir sur le champ de bataille. Shura a succombé à ses blessures infligées par le Berserker du loup garou, et Milo a emporté avec lui le maître d'armes Thrall. Kiki a revêtu l'Armure d'Argent du Sculpteur, pour mourir face au Berserker de l'Ogre...

Après la victoire sur les 150 Berserkers envoyés au Sanctuaire, les survivants des Chevaliers d'Or s'étaient rendus au Japon, mais pour n'y trouver que plus encore de destruction. Là encore, le résultat de la bataille était désastreux. 150 Berserkers vaincus, mais au prix de la destruction du Sanctuaire qui avait résisté à des millénaires de guerres saintes!

Saori, au chevet des blessés, qu'il s'agisse d'employés de la fondation ou de Chevaliers, ne peut s'empêcher d'ajouter une perte considérable à ce bilan.

"Cinq chevaliers grièvement blessés. Deux encore dans le coma. Et Arès qui a..."

La présidente de la Fondation Graad est incapable de poursuivre sa pensée jusqu'au bout, tant elle l'accable. Entourée de ses Chevaliers d'Or, tous épuisés et blessés, elle ne peut que repenser aux derniers évènements, encore et encore, hantant son esprit.

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(Flashback...)

Les quais de Tokyo, l'instant d'avant déchargeant un convoi d'une importance capitale, ne sont plus que la proie des flammes. Les entrepots ont commencé à prendre feu, avant d'exploser et de noyer le port dans une mer de flammes.

Celui qu'on nomme Général Jared, vient malgré tous les efforts déployés par Poséïdon et ses Généraux, de pulvériser l'Armure Supérieure du Serpent, la réduisant instantanément en poussière, et du même coup de plonger les armures restantes dans la mer, à l'instant où le sol tremblait, rouvrant une faille marine.

"NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON!!!!!!!!"

Les Généraux ont juste le temps de hurler leur désarroi qu'ils voient impuissants les trois armures survivantes sombrer au fond de l'eau...

Un cosmos d'une puissance extrême se déchaine alors sur l'entrepot, soufflant l'incendie vers les Généraux, les forçant à se protéger le visage de leurs bras.

"Arès...!"

Réalisant l'instant qui suit ce bref déchainement d'énergie que plusieurs présences ont disparu de Tokyo, ils réalisent. Jared a disparu, téléporté.

Rejoignant la terre ferme, les Généraux des mers accourent vers le corps étendu d'Astérion. L'Ecaille des Lymnades a été perforée au niveau du coeur, et il est très clair qu'il ne lui reste plus pour longtemps à vivre...

Tenant sa tête pour recueillir ses dernières paroles, Sergueï tend l'oreille aux mots du mourant.

(Sergueï) -"De quoi Jared parlait-il, Astérion ? Qu'as-tu vu de si important pour qu'il souhaite ta mort à ce point ?"

Réagissant à la question de Sergueï, le jeune homme aux pouvoirs mentaux essaie de tendre ses muscles et de se relever. Mais la sensation de douleur qui submerge son corps est trop forte. Tentant d'ouvrir la bouche pour parler, Astérion sent ses côtes brisées lui perforer les poumons et forcer le sang à refluer à travers sa gorge.

(Astérion) -"Aargh... En réalité... J'ai observé... les armées... d'Arès... J'ai vu ce qu'ils... se préparent à faire..."
(Sergueï) -"Qu'as-tu appris de si important ? Tiens bon! Nous allons te soigner!"

Un sourire faible se dessine sur les lèvres d'Astérion, d'où le sang continue à couler.

(Astérion) -"Hin... N'essaie pas de me mentir Sergueï... Je lis dans tes pensées... Je sais que je... n'en ai plus... pour longtemps... Ces monstres... Arès a réveillé... a utilisé ses généraux pour..."
(Sergueï) -"Dans quel but ? Je t'en conjure, réponds!"
(Astérion) -"Je... Il les a envoyés en Allemagne... Mais il a aussi achevé... le réveil... de ses... Berserkers... Ils sont plus de... six... cent..."
(Sergueï) -"Oui... Arès est assimilé à Satan... Le nombre de ses guerriers maudits doit donc se monter à 666... Mais ce n'est pas tout, je le sens..."
(Astérion) -"Arès... souhaite... tuer... Athéna... mais... la Terre n'est... pas..."

La volonté d'Astérion tendait son corps à l'extrême. Il y avait tant de choses qu'il devait encore dire, qu'il voulait dire, de tout son coeur, de toute son âme!

Sa seule enveloppe charnelle ne pouvait pas davantage lui permettre d'exprimer ce qu'il avait au fond de son coeur, tandis que ses derniers mots se résumaient à un gargouillis incompréhensible...

Levant le bras, comme pour s'accrocher à l'ultime lueur de vie qu'il lui restait, Astérion tendait sa main vers Sergueï, sentant son regard et ses sens s'embrumer.

Usant de l'ultime étincelle de vie qu'il lui restait, Astérion se tourna vers son aptitude la plus développée, son 6ème sens...

Son esprit se détacha alors des barrières de ses cinq autre sens, pour flotter librement hors de son enveloppe charnelle. En un éclair, son énergie s'intensifia brièvement pour atteindre l'esprit de Sergueï et y imprimer ce que son corps ne pouvait plus dire ou exprimer.

Sergueï sentit dans son esprit ces mots s'imprimer. Ils n'avaient aucune substance physique, tangible, visible, ou audible, mais ils étaient présents dans son esprit.

"Lorsque le premier Prince Démon, de son sommeil millénaire se réveillera, accompagné par le Destrier de l'Erèbe, alors commencera la descente aux enfers pour l'humanité... A sa suite viendront les autres démons, forces primaires de l'univers, afin de le laver de toute faiblesse... Quand des neufs le dernier et le plus sombre apparaîtra, alors retentira l'heure de l'Apocalypse!"

Ayant transmis son message, Astérion laissa un sourire se dessiner sur son visage déformé par la souffrance l'instant d'avant.

Il ne sentait plus de douleur. Au lieu de celà, simplement une immense quiétude. Une torpeur douce, dans laquelle il se laissa glisser enfin, tombant doucement vers les ténèbres infinies, ne distinguant pas les bras d'Hypnos de ceux de Thanatos...

"ASTERION! NOOOOON!!!!!!!!!!"

Sergueï sentit la flamme de la vie s'éteindre dans le corps d'Astérion alors que le dernier battement de son coeur percé venait de se faire entendre, et que la dernière goutte de sang achevait de se répandre au sol, élargissant encore la mare de sang l'entourant...

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La dirigeante de la fondation Graad est incapable de réagir. Elle reste dans la même posture, assise sur une chaise aux cotés de ses Chevaliers étendus sur des lits d'hopitaux, incapable de relever la tête. C'est alors qu'un des docteurs arrive, tenant à la main plusieurs feuilles, divers relevés indiquant l'état phyisque de ses patients.

-"Mademoiselle..."
(Saori) -"Do...Docteur... Alors ?? Comment vont-ils ?"
-"Marianna, Abdel et Ardan sont dans un état presque critique... Ils sont au bord de la mort, et se sont poussés dans leurs derniers retranchements physiques et psychiques... Il est difficile de savoir pour l'instant s'ils vont s'en remettre."
(Saori) -"Mon Dieu..."

Sentant que son interlocutrice avait besoin d'être rassurée, le docteur passe immédiatement aux autres patients.

-"En revanche, pour Daniel et Helios leurs blessures ne sont pas graves... Ils ont juste été bien sonnés, et ont eu une chance insensée... "

Le visage de l'héritière Kido semble se détendre légèrement, alors qu'elle continue à écouter, sans répondre pour l'instant.

-"Et concernant Jabu et Nachi, il semblerait que leurs états se soient stabilisés... Mais de là à dire qu'ils peuvent encore se battre... Les combats qu'ils ont menés ont été très éprouvants... Leurs adversaires ne leur ont laissé aucune chance."

(Saori) -"Et... les..."

Saori cherche ses mots. Elle sait qu'elle ne peut révèler clairement ce nom à un être ordinaire. Les Berserkers sont des guerriers imprévisibles et capables des pires atrocités.

"Et les soldats qui ont été capturés ?" complète-t-elle après une seconde d'hésitation.

-"..."

C'est au tour du docteur d'hésiter. Regardant ses relevés d'un rapide coup d'oeil et regardant l'état de la présidente de la Fondation Graad, il ne sait quoi dire. L'hésitation se lit sur son visage alors que la sueur apparaît.

-"Ils... Nous les avons maintenus à l'aide de camisoles, mais... C'est impensable... Le taux d'adrénaline dans leur corps dépasse l'entendement! Ils sont totalement incontrôlables... Et leur sang contient d'autres agents étranges que nous ne parvenons pas à analyser... Une espèce de "booster" hormonal à base d'adrénaline et d'endorphine qui pousse les capacités physiques à leur limites, et qui fait disparaître toute sensation de souffrance ou de doute..."

(Saori) -"Il va... jusqu'à imposer cela à ses propres soldats..."

La fureur s'ajoute à l'expression de Saori, alors que les larmes coulent de plus belle. Son poing se serre, canalisant sa tristesse en colère à l'encontre d'Arès.

(Saori) -"Arès... Arès... Tu vas... payer... Sois en sûr... Même si je dois tout sacrifier pour cela... Même si cette fois je vais devoir te vaincre seule!! N'espère pas t'en sortir avec un simple sceau cette fois..."

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Un homme en proie aux ténèbres. Grièvement blessé, son éléctrocardiogramme indique un rythme anormalement faible, et son activité cérébrale tend vers l'inifiniment petit. Celui qui était un soldat de l'armée d'Arès est désormais dans un coma profond, confronté aux ténèbres de la mort, laissant sa faible volonté à la merci de toute pulsion présente dans son esprit.

Toute pulsion présente dans son esprit serait un terme dérisoire, sachant que son esprit est à la frontière de la mort, mais... l'homme est capable dans ces ultimes instants, à la seconde où la mort va l'emporter, de révéler sa vraie nature, enfouie au plus profond de lui, et de se relever. A moins que cette nature ne ressurgisse d'elle même, la volonté étant trop faible pour refouler davantage...

Dans le cas d'un humain normal, ce qui ressurgit est bien souvent l'envie de vivre... Mais dans le cas d'un Berserker...

La seule chose qui, à cause de la manipulation d'Arès, subsiste n'est autre que...

-"Souhaites-tu vivre pleinement ? Laisser parler la bête qui vit en toi ?"
-"... Qui... Qui êtes-vous ?"
-"Voyons... Tu ne me reconnais pas ? Je suis toi... Je suis chacun des soldats... Je suis l'esprit de la furie... L'instinct animal qui vit en chaque être humain..."
-"..."
-"Révèle-le... Et achève ta transformation... Deviens... un véritable Berserker!"
-"... Mais..."
-"Tu as peur de perdre le contrôle ? De ne plus agir comme bon te semble ? Mais n'oublie pas... que je ne suis que tes instincts... Je ne ferai que ce qui est inscrit dans ta conscience... Ce qui est gravé au plus profond de ton être... Ce qui fait de toi un soldat d'Arès!!!"
-"..."
-"Alors... Que décides-tu ?"
-"Je veux... Je veux vivre pleinement!! Devenir moi-même!"
-"Qu'il en soit fait ainsi..."


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-"Attention! Activité cérébrale et cardiaque en augmentation rapide dans la salle 115!"
-"Comment ?! Mais il était dans un coma profond!"

Deux infirmiers paniquent en regardant les appareils. Ils ont juste le temps de voir la camisole exploser qu'ils ne sont déja plus. L'homme - homme ? - à la carrure imposante et aux muscles plus saillants que jamais vient de se lever, le regard injecté et luisant d'une lueur irréelle, et de porter deux coups fatals en une fraction de seconde. Contemplant le sang qui coule le long de ses bras, il sourit avant d'éclater d'un rire assassin.

Dans une autre pièce, un jeune homme aux longs cheveux noirs, assis sur une chaise placée devant un lit où git un jeune garçon aux cheveux blonds, ouvre les yeux. Son regard n'est que mélancolie et tristesse, aussi profonds que l'espace. Sentant l'explosion de cosmos, Kiyoshi quitte le chevet de son jeune frère et s'approche de la chambre d'où provient cet immense cosmos.

Ouvrant la porte d'un coup de pied, son regard affiche désormais une froide détermination.

"Vous allez payer... Je ne vous pardonnerai jamais pour cela..."

Alors que le Berserker se rue sur lui, Kiyoshi se contente d'esquiver d'un mouvement aussi agile que rapide. Emettant un grognement d'incompréhension, le Berserker repasse à la charge, continuant à s'acharner sur une cible aussi agile et rapide que lui est incontrôlable et prévisible.

"Pauvre fou... Tu es bien trop prévisible..."

Kiyoshi se contente d'émettre un soupir de mépris à l'encontre de son adversaire. Fermant les yeux, il frappe. Son instinct le guide vers le coeur du guerrier bestial avec une précision sans faille. L'impact avec la chair est instantané, tel celui d'une balle sur une arme à feu, transperçant l'organe vital et coupant court à sa charge. Pourtant à la grande surprise de celui qui était il y a une heure encore une idole de la chanson, le Berserker a encore la force de frapper.

"Que... Comment ?!"

Le coup de poing que Kiyoshi reçoit est terrible, et il se retrouve projeté à travers une cloison, se demandant si plusieurs de ses côtes n'ont pas cédé sous le coup.

Un léger goût de sang dans sa bouche répond à la question qu'il vient de se poser.

Alors qu'il traverse la maigre paroi de platre, les infirmières gardant les lits d'autres soldats poussent un cri en le voyant traverser le mur. Le Berserker s'effondre au sol dans une mare de sang, incapable d'agir davantage.

"Humpf... Sans armure... Je ne ferai pas long feu... Même si j'ai promis... de ne jamais porter d'armure au combat... Si je veux arriver à mes fins je n'aurai pas le choix... Arès... Voila encore une chose à ajouter à l'addition... Tu vas me le payer très cher, crois-moi..."

Se relevant en essuyant le sang sur la commissure de ses lèvres, Kiyoshi se dirige vers la porte.

"Vous... vous allez bien ?"

L'infirmière ne peut s'empêcher de poser cette question à l'homme qui vient de traverser un mur et de recevoir la charge d'un soldat fou furieux.

(Kiyoshi) -"Laissez-moi... Ce ne sont que des égratignures..." répond-il simplement, avec une touche de mépris et de dédain dans sa voix.

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Dans une autre chambre, sur un autre étage, le même phénomène se produit, alors que deux guerriers se réveillent avec fracas et sang, portant à nouveau la mort autour d'eux.

A quelques dizaines de mètres de là, deux guerriers sont étendus au sol, leurs visages sont familiers. Leurs corps sont couverts de bandages, et ils ont besoin d'assistance respiratoire pour survivre, mais l'étincelle de vie est encore en eux, bien que faiblement.

-"Jabu... Un Berserker... Non, plusieurs... Ils sont ici... Je le sens... Ils vont agir... Nous devons... Nous devons agir..."
-"Nachi... C'est toi ? Oui... Tu as raison... Je le sens moi aussi... Nous devons protéger... Saori..."
-"Nous sommes pourtant aux limites de notre force... de notre vie... Es-tu sûr de vouloir... faire ce sacrifice ?"
-"Nous sommes des Chevaliers d'Athéna... Et puis..."


Jabu se tut un bref instant, laissant Nachi sourire ironiquement.

-"Tu aimes Saori, hein ?"

Ironiquement le Chevalier de la Licorne acquiesça. La proximité de la mort lui avait donné une confiance en lui-même et une assurance rares.

-"Oui. J'irai jusqu'au bout pour la défendre..."
-"Eh bien soit... Nous allons donc briller une dernière fois... Avant de nous éteindre, mon frère..."


--

Plusieurs sonneries d'alarme retentissent dans l'hopital. Le fracas de vitres et de murs qui se brise tire Saori de sa léthargie. Deux masses de muscles couvertes de bandages divers, au regard de fou, complètement injectés, entrent dans la pièce comme des fauves enragés.

L'horreur se lit sur le visage de la déesse. Elle peine à croire que de telles... choses aient pu un jour être des humains.

"Ecartez vous, mademoiselle!" hurle une voix qui la ramène à la réalité.

Le docteur la pousse d'un mouvement rapide, évitant du meme coup le coup de poing qu'elle n'avait pas vu venir sur elle, tant le choc était grand.

Le monstre fou furieux qui se tient devant elle est prêt à frapper à nouveau, mais une salve de jets de lumière s'interpose.

Saori tourne son regard à sa droite, apercevant...

(Saori) -"Jabu! Nachi!"

Les deux Chevaliers de Bronze blessés foncent sur les Berserkers, mûs par leurs volontés inconscientes, mûs par leur ultime étincelle de vie, propulsant une nouvelle fois une rafale de coups de poing à une vitesse impossible à suivre pour l'oeil humain. Les deux masses de muscle reculent sous les assauts répétés, mais ne fléchissent pas pour autant. Pire encore, à mesure que le sang jaillit des plaies, un sourire bestial se dessine sur leurs visages apparemment humains.

Saori peut même percevoir clairement le démon qui s'agite en eux, et qu'il n'y a plus de conscience humaine en eux. C'est le visage d'Arès qui s'impose à son esprit, dans toute son horreur. Elle sait que ses deux amis sont condamnés, malgré leur vaillance.

Nachi bondit sur son adversaire, au mépris de sa propre vie, une telle considération ne l'atteignant même plus en cet instant où il ne pense même plus. Il n'est qu'énergie, il n'est qu'action, alors qu'il bondit et que d'un geste, il libère ses griffes acérées sur la gorge du Berserker. Le sang jaillit, accompagné d'un râle, et d'un geste qui pourrait être caractérisé de réflexe. Le géant vient en effet d'asséner un coup de poing d'une rare violence à Nachi, le frappant au niveau du coeur, et l'encastrant dans le mur le plus proche, alors que les deux combattants expiraient.

Alors qu'une dernière fois les cosmos s'embrasent, Jabu s'élance sur son adversaire, guidé inconsciemment par son amour et sa volonté. Sublimant une dernière fois sa condition, malgré la certitude qu'il va mourir, au fond de lui meme il a juré que son ultime défaite serait son ultime victoire.

C'est avec un coup à la vitesse et à l'exécution parfaite qu'il frappe la poitrine du Berserker, s'élançant tel un météore, brillant à la fin de sa course. Le contact est violent, la chair est déchirée sur l'instant, alors que le poing pénètre, atteignant la cage thoracique, puis enfin le coeur. Le cosmos contenu dans son poing explose à cet instant, pulvérisant en une explosion de sang les centre vitaux du Berserker, dont le cosmos s'éteint.

Saori prie pour que son ami aie survécu, mais à l'instant où elle voit le poing du Berserker enfoncé dans le corps du Chevalier de la Licorne, elle a déja perdu espoir.

Jabu glisse au sol, alors qu'une larme perle à ses yeux et qu'une dernière pensée traverse son esprit avant de rejoindre les ténèbres....

"Saori................."



Devant la porte d'entrée surchargée de l'hopital, une silhouette vêtue d'un long manteau noir, aussi sombre que sa longue chevelure aux reflets digne d'une pierre précieuse, arborant un pendentif represéntant une croix noire inversée, portant une caisse dorée sur son dos, l'emblême du Cancer gravé dessus, disparaît sans être remarquée par les brancardiers et les infirmiers.

"Arès... Je peux te jurer sur tout ce qui me reste maintenant en ce monde que tu vas payer..."

Alors qu'il s'éloigne de la foule, l'homme laisse son poing droit se crisper tant sa colère est forte, son cosmos s'échappant de son corps, comme un voile fantomatique sombre autour de lui, au sein duquel des visages de spectres se distinguent. Alors qu'il avance dans la ville, tandis que la pluie continue à tomber sur Tokyo, ville qui n'a toujours pas fini de verser ses larmes, il semble perdu dans ses pensées... Se rappelant encore le visage d'Athéna, qu'il n'a vu que quelques brefs instants...

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(Quelques heures plus tôt...)

"Mademoiselle... Huit Chevaliers d'Or viennent d'arriver... Ainsi qu'un jeune homme qui selon Sorento serait le Chevalier d'Or du Cancer..."

Tatsumi s'incline, se demandant quelle réaction sa maîtresse, Saori, qu'il sert depuis toujours, va avoir face à cet évènement s'additionnant à tant d'autres.

"Mademoiselle ? Vous... vous sentez bien ?"

Saori semble ne pas réagir, comme coupée du monde réel. Soudain, sa voix s'élève, comme le chant d'un oiseau blessé.

(Saori) -"Fais les entrer... Je dois leur parler..."
(Tatsumi) -"Vous êtes sûre ? Vous ne semblez pas en état..."
(Saori) -"Oui... Laisse-les entrer..."

Ces mots, bien que se voulant rassurants, ne font qu'accroître le trouble du domestique de Saori. Le ton avec lequel ils sont prononcés évoque un diamant sur le point de se briser au moindre coup de vent.

Le jeune homme aux longs cheveux noirs est le premier à entrer, dans un état visiblement similaire à celui de Saori. Mentalement brisé, ayant perdu tout ce qui comptait pour lui dans sa vie. Propulsé au milieu des flots de la guerre sainte la plus violente jamais vue.

Les huit autres Chevaliers sont vêtus d'habits ordinaires, mais les bandages sont néanmoins visibles, de même que leur fatigue.

Saori lève les yeux vers le jeune garçon, se tenant adossé à un mur. Sa tenue est toujours la même, noire de la tête au pied, vêtu d'un long manteau de la même couleur. Il se contente de la fixer, gardant ses mains en poche avec désinvolture.

(Saori) -"Alors c'est toi... Le nouveau Chevalier d'Or du Cancer ?"

Le regard de Kiyoshi se durcit à ce mot, comme s'il frappait sa chair elle même.

(Kiyoshi) -"... Je suis contraint de combattre le même ennemi que vous pour l'instant... Mais je n'aime pas porter une armure au combat... C'est plus une entrave pour moi qu'autre chose!"

Les mots sont lachés après une hésitation brève, et avec un ton méprisant. Saori est sur l'instant incapable de répondre.

(Aiolia) -"Qui crois-tu être pour parler ainsi à Athéna ?!"
(Kiyoshi) -"Quelqu'un qui compte affronter Arès par ses propres moyens... Et qui n'a aucun compte à rendre aux Chevaliers! Mais au fait... Où est le Chevalier d'Or du Capricorne ? J'ai une ancienne affaire à régler avec lui..."

Ces mots résonnent avec violence et malice. A l'évocation du nom de Shura, toutes les voix se taisent.

(Mu) -"Shura est mort aujourd'hui... Abattu par un Berserker..."

C'est avec horreur que Saori croit voir un sourire se dessiner sur le visage du garçon aux cheveux d'ébène.

(Kiyoshi) -"... Alors il est mort... Il a enfin trouvé son maître... Hin!"

Aiolia ne peut pas réprimer sa fureur, sentant l'acidité de cette remarque.

(Aiolia) -"Comment oses-tu insulter sa mémoire ?!"

Néanmoins c'est le calme Mu qui retient l'ardeur de son ami. D'un geste, les yeux fermés comme à son habitude, Mu retient le poing de son ami. Même si son visage ne le laisse pas deviner, la force qui retient le Chevalier du Lion est immense.

(Mu) -"Tu ne l'as probablement pas senti... Mais il se dégage de lui une tristesse sans bornes... C'est pour lui le seul moyen d'exprimer sa souffrance..."

Kiyoshi se contente de répondre d'un geste de mépris, alors qu'il tourne le dos aux huits guerriers et à Athéna, faisant un pas vers la sortie. Néanmoins il continue à parler.

(Kiyoshi) -"Tu sembles ignorer une chose, Chevalier du Lion ou je ne sais quoi... Tu n'as pas vu la mort depuis ton enfance, et été poussé malgré toi à un entrainement infernal par Shura... C'était un maître violent, prêt à tout pour atteindre son objectif! Cela, jamais tu ne pourras le comprendre!"

Le serein Shaka, le Chevalier le plus proche des Dieux, ne peut s'empêcher de frémir en sentant cette aura de tristesse.

(Shaka) -"Je l'ai déja ressentie... Mais où ? Qui donc peut avoir une âme blessée à ce point ?"

Le Chevalier du Lion n'est plus capable de contenir sa colère, et semble prêt à se jeter sur lui.

(Aiolia) -"Tu crois avoir été le seul à souffrir sur cette Terre ? Mais ouvre un peu les yeux!"
(Dohko) -"Tais-toi Aiolia!"

Aiolia sursaute en entendant la voix forte du Chevalier de la Balance. Il est un fait rare que d'entendre celui qu'on appelait le Vieux Maître des Cinq Pics élever la voix, et il est clair que l'ordre ne doit pas être ignoré. Aiolia visiblement calmé, laisse parler son ainé.

(Dohko) -"La souffrance que cet homme dégage est incomparable... Il a souffert au delà de toute définition actuelle du terme de douleur... Tu ne peux pas envisager la douleur qu'il a vécue et qu'il exprime dans chacun de ses gestes..."

Aiolia ne peut que rester sans voix alors que lui aussi se laisse imprégner par l'aura de souffrance que dégage Kiyoshi... Une aura pleine de mélancolie, de souffrance et de tristesse. Dohko ferme alors les yeux, signe de compassion pour l'ame blessée du Chevalier du Cancer.

(Dohko) -"Même s'il est désormais incapable... d'ouvrir son coeur... Il sera certainement le combattant le plus glacial qui ait existé... Plus froid encore que la mort..."

--

Son regard se dresse alors vers le ciel. Toujours sombre, de la nuit, et de la pluie... Aucune étoile n'est visible, masquée par les nuages. Se retournant, il s'aperçoit qu'il est déja aux portes de la ville. Son poing se serre alors que la détermination s'inscrit sur son visage. Le même voile de ténèbres apparaît autour de lui, la même aura de spectres. C'est au sein de ce voile d'ombres qu'il semble se dissoudre puis disparaître.

Il est capable de percevoir l'énergie d'Arès malgré la distance. C'est en un éclat de lumière qu'il se téléporte, transcendant l'espace et les dimensions pour se rematérialiser sur le continent, mille kilomètres plus loin.

De là où il est, face à la mer du Japon, Kiyoshi peut encore apercevoir les panaches de fumée résultant des missiles nucléaires lancés quelques heures plus tôt. Il semble regarder ce spectacle d'apocalypse avec indifférence, axé sur un seul but : l'annihilation du Dieu de la Guerre. Ses yeux noirs, profonds comme un puits sans fond, reflètent les flammes qu'il contemple. Détournant le regard, il fixe un point dans le vide, vers l'intérieur du continent.

Un sourire se dessine sur son visage, alors que la satisfaction se lit dans son regard.

"Tu ne m'échapperas pas..."

Déja alors qu'il pense ces mots, deux guerriers en armure rouge apparaissent devant lui.

(Berserker) -"Eh là toi! Qui es-tu ?!"

Deux Berserkers. Leurs cosmos éveillent simplement l'attention du Chevalier d'Or du Cancer alors qu'un sourire se dessine sur son visage.

-"La mort..."

Ces deux mots sont presque un souffle. Relevant le visage, son regard se durcit, alors qu'il réaffirme son identité aux Berserkers.

-"La mort qui vient pour vous!" répond calmement le jeune garçon.
(Berserker) -"Quoi ?!"

La remarque contient autant de surprise que d'étonnement et de peur. En un éclair son urne d'or s'illumine, avant de s'ouvrir, révélant le totem majestueux de l'armure du Cancer. En un éclat de lumière, l'armure se sépare pour s'assembler sur le corps du jeune guerrier.

Réapparaissant devant les deux guerriers d'Arès se tient Kiyoshi, nouveau Chevalier d'Or du Cancer.

"GHOSTLY BOND..."

Ces deux mots sont lachés dans l'air, atteignant les oreilles des deux guerriers d'Arès. A cet instant, du corps de Kiyoshi se libère le même voile de spectres et d'esprits que précédemment. Mais cette fois...

"QUOI ?!"

Du corps des Berserkers s'extirpent des esprits similaires. Semblant les enchaîner, les figer.

(Kiyoshi) -"Ainsi, voila le poids de vos crimes... Vos victimes n'ont même pas pu atteindre le Sekishiki... Et sont restées attachées à vos armures!"
"Mais qu'est-ce que... tu nous as fait ?!"
(Kiyoshi) -"Mourez..."

D'un geste rapide comme l'éclair, alors que sa main droite semble s'illuminer, Kiyoshi projette une vague de lumière en direction de ses deux adversaires, visant leurs nuques. Le coup atteint ses cibles instantanément, détachant deux têtes de leurs corps en une gerbe de sang alors que Kiyoshi d'un mouvement aussi élégant que rapide passe derrière ses deux victimes, leur laissant imprimées dans l'esprit le souvenir d'une faux sombre comme les ténèbres...

Sentant l'explosion d'énergie, trois autres guerriers font leur apparition. Pour croiser le regard de celui qui vient de s'appeler la Mort. Son regard se durcit, alors que son cosmos s'intensifie une fois de plus.

(Kiyoshi) -"Pauvres fous... Vos âmes sont d'ores et déja à moi..."

Ces mots prononcés d'une voix sombre n'affectent néanmoins pas les trois combattants d'Arès, qui déja foncent sur leur proie comme des fauves. Kiyoshi lève la main droite, concentrant son énergie sur la paume de sa main, alors que de son corps surgissent une fois encore les spectres qu'il a domptés.

(Kiyoshi) -"SOUL'S LINK!!!!!!"

D'un cri, les esprits des Beserkers jaillissent de leur corps, comme attirées par l'énergie déployée par le Chevalier du Cancer.

(Kiyoshi) -"Des esprits faibles..."

Les soldats d'Arès semblent trop faibles pour pouvoir opposer la moindre résistance. En un clin d'oeil, leurs spectres rejoignent la masse d'énergie dégagée par Kiyoshi et se fondent dedans, comme absorbés.

"C'était presque trop facile... Mais pourquoi... Pourquoi leurs cosmos ne se sont-ils pas éteints ?"

Alors qu'intérieurement il achève cette question, il recule d'un pas, réalisant avec une legère surprise.

Ses yeux s'étrécissent alors qu'il comprend son erreur. Les trois guerriers tiennent toujours debout, et se mettent à trembler. Soudain, une lueur rouge irréelle s'allume dans leur regard, en même temps qu'un cri de bête s'échappe de leurs gorges.

"Alors c'est donc cela... Les Berserkers tentent de refouler le démon en eux en permanence... Et maintenant qu'ils n'ont plus une once d'humanité, la bête a le champ libre..."

D'un geste d'une rapidité quasi-divine, avec l'agilité héritée du Chevalier du Capricorne, il fend l'air, sa main pareille à la faux de l'Ange de la Mort. Les gerbes de sang jaillissent alors que les coupures apparaissent seulement une fraction de seconde après le passage du Chevalier du Cancer. De ses sens aigus, il réalise qu'il n'a pas achevé toutes ses cibles alors qu'il entend deux cadavres tomber au sol.

"Il en reste encore un..."

A sa grande surprise, le dernier Berserker a été en partie touché par l'attaque, le sang coule de sa nuque, luisant d'une lueur étrange, mais il a esquivé l'attaque, le fait qu'il soit encore en vie en témoigne.

"Ainsi les attaques de l'esprit ne marcheront pas sur un Berserker... Mais mon coup a pourtant annihilé son âme... Alors qu'est-ce qui le fait encore avancer ?"

Contemplant un bref instant le fauve, il est incapable de comprendre. L'aura qui émane de lui est celle d'un démon, là où avant il ne ressentait que celle d'un humain fou à lier.

"... Alors ce serait pour cela qu'un Berserker n'est plus un humain normal... Ils ont fusionné avec un démon..."

D'un geste rapide, Kiyoshi achève de trancher la tête de son adversaire, mais il n'a pas le temps de parer le coup de poing du Berserker qui le fait reculer de plusieurs mètres. Alors qu'il voit le cadavre tomber au sol, se vidant de son fluide vital, Kiyoshi ne peut pas retenir sa surprise en voyant le sang luire sous les reflets de la Lune.

"Ce sang... Quelle couleur irréelle... Ainsi c'est ce sang qui contenait le cosmos de ce démon..."

Sans se préoccuper davantage des sentinelles du Dieu de la guerre, Kiyoshi avance de quelques pas en direction du continent. Sa perception transcendant les montagnes, les forêts, il sent directement le cosmos démoniaque d'Arès, les cosmos des Berserkers rassemblés en un point. Il sait qu'il est proche de son but, qu'il est proche de son destin.

Dans les ténèbres, une ombre semble satisfaite de cette décision. Ce sont deux destins qui vont s'accomplir.



(Résidence Kido...)

"Non! Il n'est pas question que tu ailles en Azura! C'est du suicide pur et simple!"

Réunis autour d'Athéna, dans la grande salle, les huit Chevaliers d'Or sont en pleine argumentation, séparés de leurs armures sacrées. C'est ainsi que vient de parler Dohko de la Balance. Ces mots, cet ordre, s'adressent au Chevalier de la Vierge Shaka.

(Shaka) -"Les agissements d'Arès sont devenus intolérables... Il s'est ouvertement attaqué à Athéna et à son Sanctuaire, en le réduisant en cendres... Moi, le Chevalier de la Vierge, je ne peux laisser ces crimes impunis."

Ces mots sont prononcés avec assurance, et avec calme, mais pourtant, les Chevaliers d'Or peuvent sentir une émotion se dégager de ces paroles... Une émotion que jamais ils n'auraient cru voir chez le serein Shaka de la Vierge...

De la colère.

(Camus) -"Shaka, comment peux-tu dire cela ? Toi, le Chevalier dont la sagesse nous dépasse tous ?"

Camus, le regard sévère, lance cette interrogation à Shaka.

(Shaka) -"Je suis sûr de ma force. Je sais que je peux arriver jusqu'à Arès... Et au moins le blesser..."
(Mu) -"Oui... Tu es actuellement le plus fort de nous tous... Cela est indéniable... Mais... Tu ne ferais que jeter ta vie inutilement."

Shaka semble ne pas pouvoir répondre à cette question, perdu dans ses pensées. Mu vient de raviver quelques souvenirs enfouis en lui, et d'éveiller la réflexion.

(Shaka) -"Ma vie... Oui... Pourquoi suis-je encore vivant aujourd'hui ? Moi, Shaka, Chevalier Divin de la Vierge... Mon corps a été tué sous les coups de l'Athéna Exclamation... Mon âme encore une fois devant le Mur des Lamentations... Dieu m'a appris que toute chose qui est morte, qui a fait son temps, ne peut être ramenée à la vie... C'est une loi fondamentale... Alors... Serait-ce Dieu lui-même qui... nous a rendu la vie ? Parce que notre temps n'était pas fini ?"
(Shaka) -"Mu... As-tu oublié ? Cette vie... On nous a rendu la vie après la guerre contre Hadès... Quelque chose nous a sauvés... Mais cela n'est qu'un sursis..."
(Shaka) -"Et les Dieux... Qu'éprouvent-ils face à cela ? Ils sont hors du temps, et peuvent se réincarner et renaître... Mais pourtant... Ils disparaîtront eux aussi un jour... Tot ou tard..."
(Mu) -"Cela veut-il dire que tu dois écourter ce sursis de cette façon ? La vie, quelle qu'elle soit, a une valeur... Même si tu ne t'estimes pas digne d'une seconde vie..."

Le calme Mu vient d'énoncer ces paroles avec la sagesse qui le caractérise, espérant faire comprendre à son ami la folie de son entrerprise. Shaka semble un instant hésiter, trait difficile à percevoir sur son visage serein, les yeux fermés.

(Shaka) -"Tu as raison, Mu... Ma vie a une valeur... Elle peut servir à vaincre le plus possible de guerriers d'Arès... Elle ne doit servir qu'au combat pour le bien... Pas à mes propres désirs... Cela serait injuste, envers tous ceux qui sont morts, et qui n'ont pas eu droit à la même clémence que nous..."

C'est maintenant Saga qui s'avance vers le Chevalier de la Vierge.

(Saga) -"Tu as raison. Nous ne méritons sans doute pas cette deuxième vie... Nous devrions sans doute croupir en Enfer... Moi le premier... Et pourtant... Si nous sommes là... C'est que quelqu'un l'a décidé... Quelqu'un dont la volonté dépasse de loin notre entendement... Quelqu'un qui avait prédit qu'Athéna aurait besoin de nous tous pour combattre Arès!"

(Shaka) -"Quelqu'un qui...! Mais comment ?! Et pourtant... Oui... Maintenant que Saga le dit... C'est fort possible... J'ai du mal à le croire... Mais cela semble être la seule explication..."

Shaka une fois de plus semble en proie à l'hésitation. Saga croit un instant avoir atteint le coeur du Chevalier de la Vierge et l'avoir convaincu. Mais il déchante lorsque sa réponse vient.

(Shaka) -"Si cela est vrai... Alors je dois voir Arès moi même pour découvrir pour quelle raison nous avons été ramenés... Si une puissance supérieure a usé de ses pouvoirs pour nous ramener, c'est que non seulement le réveil d'Arès était prévu, mais que des évènements infiniment plus graves se cachent derrière cela..."

Une fois encore on lit une trace de colère, grandissante, dans sa voix, lançant le trouble, éveillant dans tous les esprits ces mêmes interrogations.

(Dohko) -"Shaka... Tu es un combattant hors pair... Mais ton fanatisme est ce qui te mènera à ta perte... Ne peux-tu donc pas voir autre chose que le combat contre le mal dans ta vie ?"

Le sage Dohko se contente de suivre l'échange du regard, souhaitant de toute son âme que Shaka entende enfin raison. Son regard se tourne vers Athéna, toujours sous le choc de la perte de ses cinq plus fidèles Chevaliers, sous le choc de la mort de ses amis Jabu et Nachi...

(Dohko) -"Athéna... Puissiez-vous retrouver vos esprits... Vous seule pouvez encore convaincre Shaka..."

C'est au tour du Chevalier du Verseau de tenter de convaincre son ami, et de se lever pour s'opposer à lui.

(Camus) -"Shaka. Cesse de croire que tu n'as de valeur qu'en tant que combattant... En tant qu'être humain, en tant que compagnon d'armes, tu es également quelqu'un d'important pour nous tous ici! Même si tes raisons sont nobles, un suicide reste un suicide... Ton sacrifice ne ferait pas avancer les choses... Une fois devant Arès, tu ne feras pas long feu seul... Même si tu es le plus puissant de nous tous, regarde le sacrifice de Seiya face à Hadès! Il a failli le payer de sa vie, et si ses amis n'avaient pas pas été derrière lui pour continuer le combat il se serait sacrifié pour rien!"

Camus semble pour la première fois perdre son sang froid légendaire à mesure qu'il parle. L'exemple qu'il a pris se voulait volontairement fort...

(Aiolia) -"Quoi que tu décides, nous ne te laisserons pas te sacrifier inutilement! Même si pour cela je dois me battre contre toi!"

La fougue du Lion venait de prendre le pas sur la raison, alors qu'il s'interposait devant le Chevalier de la Vierge, qui faisait déja les premiers pas vers la porte de la demeure.

(Shaka) -"Tu n'es pas mon adversaire, Aiolia... Mais quoi qu'il m'en coûte, je verrai Arès... Il y a trop de mystère qui l'entoure..."

La divine cosmo énergie de Shaka s'élève. Elle innonde la pièce de sa lueur dorée, comme l'astre du jour. Aiolia lui même semble frémir devant une énergie aussi intense.

En réaction à cela, Aiolia intensifie également son cosmos, plein de chaleur humaine, de fougue et de cette même lueur. Alors qu'ils disparaissent tous les deux dans un éclat de lumière aveuglant, les six Chevaliers d'Or réalisent qu'ils se sont téléportés dans la forêt avoisinant la résidence.

L'héritière Kido semble à peine avoir réagi à ce déploiement d'énergie. Comme coupée du monde réel, pour éviter la souffrance. Néanmoins son esprit la force à ressentir les deux énergies déployées de ses fidèles Chevaliers.

(Saori) -"Encore un combat... Mais je suis si lasse... Les combats doivent-ils continuer encore ? Même entre mes amis ?"

Une voix en elle même répond à cette question, comme guidée par le destin. Familière, mais Saori est incapable de la reconnaître, tant elle est submergée par sa souffrance. Sans qu'elle puisse en avoir conscience, Saori est en train d'avancer vers le lieu où les destins se séparent... Où les futurs peuvent changer selon une décision prise.

"Il n'appartient qu'à toi d'arrêter ce combat..."
(Saori) -"Mais comment ? Je ne peux rien faire... Je n'ai rien pu faire contre Arès... Il a..."
"Je sais aussi bien que toi qu'Arès est redoutable... Il a été l'un de tes plus terribles adversaires, cela est incontestable! Mais cela ne te donne pas le droit d'abandonner! Tu as un rôle sur cette Terre, une raison de te battre!"
(Saori) -"...Suis-je encore capable de remplir ce rôle ?"
"Tu as perdu cinq de tes meilleurs combattants, c'est un fait... Mais il te reste ta propre force... Contre un adversaire comme Arès, tu dois te battre... de toutes tes forces..."
(Saori) -"Combattre... Non... Je ne veux pas perpétrer les mêmes atrocités qu'Arès..."

La voix semble devenir plus forte et plus violente, comme une tempête.

"Quand comprendras-tu ?! Arès est en train de détruire tout ce qui t'es cher! Si tu ne te bats pas pour le défendre, tu vas le laisser mourir! Si tu te bats, tu as une chance de le sauver! Même si tu répugnes à combattre de toutes tes forces, tu n'as pas le choix !"

Saori hésite un instant.

(Saori) -"... Mais je risque... Mon vrai pouvoir risque de détruire la Terre... C'est pour cela que je n'ai jamais combattu directement... J'aime trop la Terre pour... risquer de la perdre..." "Dans ce cas, bats-toi. Tu as peur de perdre la Terre, et paradoxalement tu ne fais rien pour la sauver... Les Dieux tiennent plus des humains que je ne l'aurais cru... Craignant de blesser les autres, ils les fuient, alors qu'ils ne cherchent que l'affection... Mais toi... Tu es Athéna, Déesse de la Sagesse! Tu as peur de ton pouvoir, car tu le connais trop... A présent, tu dois dominer cette peur pour le maîtriser réellement! Va, Athéna, sauve la Terre que je t'ai laissée..."

Croyant reconnaître la voix, Saori sursaute, reprenant brusquement ses esprits.

(Saori) -"Grand père...?"

--

"Aiolia... Abandonne le combat, je ne tiens pas à te blesser."

C'est le calme Shaka, méditant en position du Lotus qui vient de prononcer ces mots alors que le Chevalier du Lion voit son poing s'échouer sur la barrière d'énergie du Chevalier de la Vierge. Shaka, d'une décharge de son énergie, repousse le Chevalier du Lion. Aucun des deux Chevaliers ne porte son armure, et donc n'ose user de toute sa puissance.

(Aiolia) -"Pas tant que tu auras renoncé à te sacrifier inutilement!"
(Shaka) -"... C'est pourtant un sacrifice que quelqu'un doit faire... Quelqu'un doit voir Arès et le confronter, pour comprendre quel mystère se cache derrière sa resurrection... Derrière son pouvoir..."
(Aiolia) -"Et à quoi cela te servira-t-il de le savoir si tu dois en mourir ?! Crois-tu vraiment que cette connaissance mérite de tels sacrifices ?!"

Ces mots lachés avec force et fougue sont pourtant pleins de sens. Shaka semble en réaliser la portée alors que le trouble apparait sur son visage jusque là serein.

(Shaka) -"... Tous ceux qui ont cherché à acquérir trop de connaissances ont fini par se détruire eux mêmes... La connaissance ultime est celle qui consumera quiconque en prend conscience... C'est ce que Dieu avait appris aux mortels... Acquérir la sagesse ne leur apportera que de la souffrance... Mais pourtant... Quelqu'un doit..."
(Aiolia) -"Shaka... Tu sembles croire qu'être le plus proche des Dieux fait de toi un être différent de nous... Un être qui doit supporter seul le poids de la souffrance et combattre seul le Démon... Mais c'est faux! Nous avons tous été choisis en cette ère pour être des Chevaliers d'Or, protégeant Athéna! Nous avons tous été ramenés à la vie pour combattre Arès ensemble!"

Le trouble se lit sur le visage de Shaka. Une goutte de sueur coule de son visage, alors que le doute envahit son esprit.

(Shaka) -"Je me suis éveillé au 9ème sens... Et j'ai atteint le principe de complétion de l'esprit... Mais... Me suis-je cru trop parfait ? Ai-je véritablement commis le crime d'hubris ?... Il n'y a maintenant qu'un seul moyen de le savoir... Si Aiolia a véritablement raison..."

Le cosmos de Shaka grandit alors, atteignant à nouveau cette puissance capable d'annihiler l'âme. Aiolia comprend le désir de son ami. Il a enfin été touché par le doute, et souhaite savoir où se trouve la vérité. Et pour cela le seul moyen est...

Le combat.

Aiolia intensifie également son énergie, pleine de sa chaleur humaine, de son amitié envers ses frères d'armes, prêt à prouver au Chevalier de la Vierge malgré sa puissance qu'il est dans l'erreur.

(Aiolia) -"LIGHTNING PLASMA!!!!"
(Shaka) -"PAR LE CHATIMENT DU CIEL!!!!"

Simultanément, les deux coups partent. Shaka libère de ses mains l'énergie immaculée qu'il a concentrée, aussi ardente qu'un micro-univers, vers le Chevalier du Lion.

Le formidable mur de lumière vient de partir des poings d'Aiolia à une vitesse défiant l'imagination. Shaka est persuadé que le coup va s'échouer sur sa barrière d'énergie, mais il sent autre chose dans le coup d'Aiolia.

"Le cosmos d'Athéna... ?"

Les deux coups entrent en opposition dans l'air. Le déploiement d'énergie est titanesque. Aucun des deux combattants ne semble douter. Puis soudain...

L'énergie explose. Aiolia est repoussé au sol par la violence du coup. Alors que la fumée se dissipe, Shaka également se trouve au sol. Vaincu. Mais paradoxalement, un sourire se trouve sur le visage de l'homme le plus proche de Dieu.

"Malgré tout mon savoir... Je n'ai pas su voir que mon destin était d'affronter Arès... Accompagné d'Athéna et des Chevaliers d'Or... Je n'avais pas su accepter l'amitié... C'est pour cela... que je suis resté imparfait... Merci à toi... Aiolia..."

Alors qu'Aiolia se relève, bien que toujours secoué, une voix l'appelle.

"Aiolia!"

Se retournant, il aperçoit ses amis, accompagnés de Saori. Il est soulagé de voir que sa déesse a retrouvé ses esprits et s'est décidée à agir. S'agenouillant vers le Chevalier d'Or de la Vierge, elle brandit son sceptre au dessus de son corps, tandis que la lumière commence à en émaner.

(Saori) -"Pardonne-moi Shaka... Mais le pouvoir qui t'a été donné est trop dangereux pour être révélé maintenant..."
"Tu as déja violé une des lois divines en utilisant ce pouvoir... En annihilant l'âme de tes adversaires... "
"Par conséquent je me dois d'appliquer un chatiment..."
"Je vais sceller tes pouvoirs et les limiter... Tu ne devras le réveiller que si..."


L'hésitation apparaît sur son visage un bref instant, se changeant en certitude, alors qu'elle pense aux implications.

(Saori) -"Non... Le secret que dissimule derrière lui Arès ne doit pas être réveillé, car il signifierait la destruction de l'humanité..."

Athéna a conscience du rôle que le Chevalier le plus proche de Dieu devra jouer dans le futur si ce secret se réveille. Il ne doit survenir que si Arès accomplit la Prophétie des Ténèbres, et non pas l'inverse.

Le cosmos émanant du sceptre irradie le corps de Shaka, refermant ses blessures instantanément, tandis qu'un bref instant les lettres grecques correspondant à "Athéna" scintillent sur le corps du Chevalier de la Vierge.

(Saori) -"Maintenant... Nous pouvons partir au combat... Tous ensemble, nous vaincrons Arès!"

Athéna se relève, son sceptre scintillant plus que jamais. Elle est déterminée à combattre jusqu'au bout. Sans qu'elle le sache, un premier pas vers un nouveau destin vient d'être effectué. Le premier pas vers la lumière...

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Cette fiction est copyright Stéphane Lapie.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.