Chapitre 5


Elestre regarda autour d'elle avec méfiance. Le lieu était désertique et il n'y avait pas âme qui vive. Il faisait également très sombre. Elle leva la tête vers le ciel et fronça les sourcils. Elle avança de quelques pas puis se retourna. Quelque chose n'allait pas… Elle s'accroupit et tapota le sol avec son doigt. Elle se releva en soupirant. Il n'y avait pas à aller bien loin : il avait encore changé le décor, voilà tout. Elle attendit un moment, les bras croisés puis elle commença à perdre patience… Elle se mordit la lèvre comme à chaque fois qu'elle réfléchissait puis haussa les épaules, résignée. Elle éleva son énergie et s'approcha d'un rocher. Elle s'apprêta à le frapper quand une voix se fit entendre :

- Ça ne sera pas nécessaire!

La jeune femme se retourna et vit alors une silhouette s'approcher d'elle. L'homme avançait lentement. Il était tout de noir vêtu et avait de longs cheveux noirs qui descendaient jusqu'à ses pieds.

- On ne peut pas dire que tu sois patiente…
- Désolée, je suis pressée! Et t'étais où d'abord?
- J'ai eu de la visite…
- Qui?
- Peu importe… Qu'est ce qui t'amène dans cette partie de mon royaume? Ce n'est pas l'endroit le plus agréable qui soit…

La jeune femme fronça les sourcils. Elle sortit un petit calepin de sa poche et se mit à griffonner. Elle regarda ce qu'elle avait écrit en écarquillant les yeux.

- Ben ça alors…
- Qu'y a-t-il?
- Euh… rien rien! répondit-elle très vite, rangeant son calepin avec empressement.
- Tu voulais me voir?
- Hein? demanda-t-elle, un peu perdue dans ses pensées. Ah! Nan! Pas moi! Iphitos voudrait que tu viennes au Sanctuaire.
- Ah bon? Pourquoi?
- Va savoir avec lui!

Elestre revint au Sanctuaire avec Tartare. Celui-ci ne paraissait pas très à l'aise en ce lieu. Earrach s'élança vers le jeune homme.

- Mon Seigneur, dit-il en le prenant dans ses bras.
- Je vois que tu vas bien, Earrach… J'en suis rassuré!

L'elfe le lâcha, les yeux remplis de larmes. Tartare posa une main sur son épaule avec un sourire rempli de chaleur. L'elfe sécha prestement ses larmes et lui rendit son sourire.

- Euh… Tartare, appela Iphitos qui essayait depuis dix minutes d'attirer l'attention de celui-ci.

Tartare se tourna vers les autres Elfes.

- Du nouveau? demanda-t-il.
- Il semblerait que le véritable chevalier de la Vierge ait été retrouvé, Seigneur, annonça Samhradh.
- Bien ça! C'est qui?
- Le noble personnage qui…

Tartare regarda dans la direction indiquée par l'elfe et vit Vince faisant ses fonds de poche à la recherche d'un flacon encore plein.

- Une personne digne d'intérêt!
- Oh! cria Iphitos.
- Quel est le problème? lui demanda enfin le maître des Profondeurs.
- J'essaie de te parler depuis tout à l'heure moi!
- Oui, je sais…
- C'est un emmerdeur… marmonna Erginos.
- Merci!

Iphitos croisa les bras devant lui et fronça les sourcils.

- Si j'en crois ton regard, c'est un sujet d'importance dont tu veux m'entretenir…
- Pourquoi t'aurais-je fais venir au Sanctuaire sinon?!
- Je suis tout ouïe…
- Et ben voil…
- Et sois sûr qu'en aucun cas je ne t'interromprais…
- Oui oui! Je voulais t'appr…
- Car un sujet d'importance doit être entendu prestement pour…
- Médéric… s'il te plait… murmura-t-il à son ami.

Celui-ci hocha la tête et s'avançant vers Tartare. Il l'attrapa et le bâillonna.

- Merci! s'exclama Iphitos avec soulagement. Bien… donc, comme je disais, on sait où se trouve Foghar.

Tartare tenta de répondre mais Médéric maintint sa prise.

- Il est chez Hel.

Tartare fit un mouvement de tête et Iphitos indiqua à Médéric qu'il pouvait le lâcher.

- J'aimerais que vous perdiez cette habitude…
- Ben… c'est le seul moyen d'en placer une avec toi!
- Ceci est un peu exagéré… Donc Foghar est chez elle… Qui c'est "elle"?
- Tu ne le sais pas?
- Elle a peut être un nom?

Iphitos se frappa le front, désespéré.

- Hel est son nom, crétin! s'écria Erginos.
- "Elle est son nom"? Comment quelqu'un peut être son nom? Tu es sûr que ça va?
- Je suis sûr que tu le fais exprès…
- Essayez d'être un peu plus clairs.
- La personne dont ils parlent vit à Niflheim, intervient Ganymède, amusé.
- Ah! Vous parlez de Hel!
- Cette fois-ci, je le tue, répliqua Erginos en se précipitant vers lui.

Ganymède l'intercepta et réussit à le calmer.

- Et que puis-je faire pour vous? reprit Tartare en lançant un regard malicieux à Erginos. Vous désirez que je vous dise comment l'on s'y rend?
- Ça ne sera pas la peine, répondit Iphitos. Dana connaît les Enfers comme sa poche. - Iphitos regarda la jeune femme qui marmonnait dans son coin, griffonnant sur son carnet - Ma biche, t'as un problème?
- Moi? demanda-t-elle en sursautant et en rangeant prestement son calepin. Aucun voyons! Comme si c'était mon genre d'avoir un problème!!

Les chevaliers de l'Olympe la regardèrent avec étonnement.

- La dernière fois qu'on t'a vue comme ça, tu t'étais gourr… - Elestre écrasa le pied d'Iphitos - Aïe!

Les yeux de leurs compagnons s'éclairèrent en comprenant de quoi il s'agissait.

- Tu sais, ça arrive à tout le monde, dit doucement Ganymède.
- Bobo! se lamenta Iphitos en se massant le pied.
- Mais oui, intervient Erginos. Et puis, une fois tous les 2000 ans, c'est pas la mer à boire.
- Je souffre atrocement! reprit Iphitos en clopinant exagérément.
- Tu vas pas te prendre la tête pour si peu! - Médéric regarda Iphitos - Continue ton cinéma et je m'occupe de ton autre pied…

Iphitos cessa de boiter et tira la langue à Médéric qui se contenta de croiser les bras d'un air indifférent.

- Bon… alors, comme je disais, on doit aller à Niflheim et comme c'est aux Enfers, ceux qui sont morts peuvent pas y aller.
- Niflheim est aux Enfers? demanda Mû.
- Oui mais vous n'avez pas dû y aller, répondit Ganymède. C'est un endroit assez spécial que Hadès a donné à Hel pour qu'elle reste tranquille. C'est dans un coin assez retiré.
- Bien! Je suis donc là pour ramener tout ce beau monde à la maison, intervient Tartare avec satisfaction.
- Et pourquoi on peut pas y aller à Ni-machin-chose?! s'écria Seiya.
- Pour la même raison qui ne vous permet pas de vous rendre aux Enfers, voyons!
- Et c'est quoi cette raison? demanda Seiya, contrarié.
- Je suis sûr que ça ne t'intéresse pas vraiment - Seiya fronça les sourcils - A moins que tu ne veuilles que je ne t'explique?
- Sans façon, répondit Seiya très vite, se souvenant des habituelles explications plutôt ennuyeuses de Tartare.
- Bien! Alors rentrons!

Les chevaliers ressuscités partirent avec Tartare en traînant des pieds. Malgré l'insistance du maître des Profondeurs, Earrach refusa obstinément de les accompagner. A contre cœur, Tartare le laissa au bon soin de ses frères et des chevaliers de l'Olympe. Le silence se fit alors dans la maison de la Vierge et les chevaliers d'Athéna se regardaient avec gêne. Iphitos semblait réfléchir, la tête baissée, les yeux fixés sur le sol. Lentement il releva la tête et rencontra le regard interrogateur d'Athéna.

- Est-ce que vous allez nous aider? lui demanda Iphitos.
- Bien sûr, répondit Athéna avec assurance. Je ne peux pas permettre à Arès d'acquérir le Triskel. De plus, il s'en est pris à une personne chargée de la protection de l'Olympe, je ne peux pas le laisser faire.
- Vous avez également mon soutien, intervient Poséidon.
- Merci, répondit le chevalier de l'Olympe, visiblement soulagé. Dis-moi Gany, à combien on peut y aller sans se faire repérer?
- A 5 maximum… après, Hel saura qu'on est là…
- Seulement 5!!!
- Ce n'est pas un problème, intervient Elestre. Je peux guider d'autres groupes par télépathie!
- Non, tu peux pas, intervient Médéric. Sinon Foghar aurait pu nous contacter!
- Arg! On fait comment alors?
- Si je puis me permettre, intervient Geamhradh - Tous les regards se tournèrent vers lui et il rougit légèrement - Notre frère a pu communiquer avec nous… nous pourrons nous connecter…
- C'est vrai! s'exclama Iphitos en claquant des doigts, réjouie.
- Mais on ne pourra être que 15… Les frères de Foghar et Elestre sont obligés d'y aller… Il reste 11 places…
- Je viens aussi, intervient Médéric, l'air menaçant.
- Je crois que tout le monde est d'accord pour ne pas discuter sur ce sujet… répliqua Iphitos avec un sourire crispé. Ganymède, tu y vas aussi.
- Si tu veux… Et Ergy et toi?
- On va aider pour la défense du Sanctuaire sous-marin et d'ici… au cas où…
- Il reste 9 places… indiqua Erginos.
- On en discutera plus tard. Pour l'instant, j'aimerais qu'on aborde plusieurs points. Va-y, Médéric, ajouta-t-il en se tournant vers son ami.
- Je dois dire quoi?
- Ben, tu es celui qui connaît le plus Arès. Répète la remarque que tu m'as faite tout à l'heure, par exemple!
- D'accord… - Médéric se raclât la gorge - Etant un ancien guerrier d'Arès, je le connais assez bien. Et il est évident que ce plan n'est pas de lui. Arès n'est pas aussi subtil.
- Donc quelqu'un l'aide, conclut Théo. Mais qui?
- Nous en avons une petite idée, intervient Ganymède, mais sans réelle certitude. Nous allons donc nous concentrer sur Arès et ses Berserkers… nous aurons déjà beaucoup à faire avec eux…
- Vous savez quelles sont ses forces? demanda Van.

Les regards se tournèrent de nouveau vers Médéric. Celui-ci grogna puis réfléchit quelques instants.

- Il y a les Harpyes mais elles sont toutes mortes. On a aussi les 13 Kérès…
- Euh… c'est quoi ce truc là? demanda Vince.
- Ce sont les esprits de la destruction. Elles ressemblent à de grands oiseaux et utilisent la télékinésie.
- Et ça s'abat comment?
- Aucune idée…
- Il va falloir quand même trouver, intervient Erginos.
- On verra ça plus tard. Continue Méd… déric! intervint Iphitos.
- On a 4 dieux mineurs… Eris qui est hors d'état, Phobos, Deimos et Enyo. Les plus à craindre étant Phobos et Deimos… A moins qu'Enyo ait fait des progrès depuis…
- Quels sont leurs pouvoirs? demanda Van.
- De mon temps, Eris déclenchait la discorde engendrant les guerres, Deimos inspirait la crainte dans l'armée adverse, Phobos l'épouvante à ceux qui commandaient cette armée et Enyo créait la terreur qui se nourrit de la peur et qui engendre la déroute…
- Hein? demandèrent les chevaliers.
- Mmmm… grogna Médéric… Eris égale discorde, Deimos égale peur sur grand nombre, Phobos égale très grande peur chez petit nombre et Enyo égale épouvante sur personne ayant déjà peur… compris?!
- Ah! oui! bien sûr… répondirent-ils d'un ton peu sûr.
- Et combien de Berserkers? demanda timidement Estelle.
- Le nombre est variable… mais c'est 39 le maximum.

Sentant que la patience de Médéric avait atteint sa limite, Iphitos coupa court aux autres questions.

- Bon! décidons de qui ira à Niflheim! Des volontaires?



Seiya se plaignait auprès de Shun qui l'écoutait d'une oreille compatissante. Les chevaliers devant eux s'arrêtèrent puis s'écartèrent. Seiya leva la tête et il vit la jeune femme devant lui.

- Mon Seiyachou! s'écria-t-elle en se jetant à son cou et en l'embrassant avec fougue.

Seiya emprisonna la jeune femme dans ses bras et lui rendit son baiser. Un peu gêné, Shun se raclât la gorge et le couple se sépara.

- Vous avez retrouvé Foghar? demanda la jeune femme en souriant.
- Oui mais nous ne pouvons pas y aller, répondit Shun.
- Ah bon…
- Comment s'est passée ta journée?
- Très bien! J'ai piqué ma crise, j'ai embêté Canon et j'ai retrouvé mon chéri! Tout va nickel!
- J'en suis ravi! répondit Shun en souriant.
- Alors… ils sont comment les nouveaux chevaliers d'or?
- Assez forts, répondit Milo.
- A vrai dire, je parlais pas de ça…
- Andy! s'écria Seiya en fronçant les sourcils.



Iphitos regarda avec désespoir les chevaliers devant lui puis se tourna vers ses compagnons à la recherche de soutien. Ceux-ci faisaient de leur mieux pour ne pas voir les regards désespérés de leur ami. Iphitos soupira puis essaya de réfléchir à ce qu'il pourrait faire. Il avait presque trouvé un compromis quand une personne se plaça devant lui.

- Je viens aussi.

Iphitos leva la tête vers l'homme face à lui puis leva les yeux au ciel d'un air désespéré. Puis se mit à reconsidérer ses choix.

- C'est hors de question! intervint Médéric.

Iphitos regarda son ami puis réfléchit à une autre alternative.

- Je ne vous laisse pas le choix!

Un peu perdu dans ses réflexions, Iphitos effaça tout et recommença.

- Tu n'es pas assez fort!

Iphitos mit ses mains sur les tempes puis réfléchit aux différentes alternatives.

- Je viendrais que tu le veuilles ou non!

Iphitos croisa les bras puis regarda les deux hommes avec contrariété.

- Je ne le per…

Iphitos donna un violent coup de poing dans l'estomac de Médéric qui s'écroula dans les bras de Ganymède.

- Bon! s'exclama-t-il en se massant le poing. J'ai décidé des personnes qui iront! Vous allez partir avant que Médy se réveille.
- T'es vache avec eux, répliqua Erginos.
- Comment ça? demanda Tanion.
- T'as jamais vu Médéric quand il est en colère… et il le sera quand il se réveillera!
- Justement, qu'ils partent maintenant, répliqua Iphitos en regardant l'ancien guerrier d'Arès avec appréhension.



Seiya était suspendu à un arbre, la tête à l'envers et les bras ballants. Il regarda un moment le groupe de chevaliers qui s'étaient assis dans l'herbe non loin de l'arbre sur lequel il faisait des acrobaties. Il vit les visages sombres et soupira. Il attrapa la branche qu'il serrait avec ses jambes et se remit la tête à l'endroit, les bras tendus et les jambes dans le vide. Il se balança un moment de plus en plus vite.

- Seiya! s'écria Aiolia avec exaspération. T'as bientôt fini!!
- Vous êtes démoralisants, répondit l'intéressé.

L'ancien chevalier de Pégase se balança de plus en plus vite et tourna autour de l'axe de la branche pour se retrouver à genou dessus. Il s'assit ensuite dessus, ignorant le regard noir d'Aiolia.

- Il n'y a pas de quoi se réjouir, répliqua Milo.

Un bruit de branches cassées et un long cri se firent entendre dans le sommet de l'arbre et un corps s'écrasa lourdement sur le sol.

- Heureusement que je suis déjà mort, dit Masque de Mort en se relevant et en se massant le bas du dos.

Les regards se tournèrent vers le sommet de l'arbre. Un visage à l'envers apparut soudain devant Seiya qui ne parut pas surpris outre mesure.

- J'ai gagné! dit Andy en souriant.

Elle déposa un baiser sur les lèvres de Seiya puis disparut un moment. Elle descendit sur la branche où était Seiya et s'assit à côté de lui.

- T'es un danger public, répliqua Masque de Mort, les poings sur les hanches.
- Je sais! C'est pour ça qu'on m'a jamais donné le permis de conduire!
- Moi j'y tiens plus! Je dois savoir ce qui se passe! s'écria Aiolia en se levant et en marchant vers le lac.

Les autres chevaliers se regardèrent puis haussèrent les épaules. Ils se levèrent puis suivirent Aiolia. Seiya se laissa tomber en arrière, se tenant à la branche puis fit passer ses jambes par-dessus sa tête et atterrit sur ses pieds. Il se mit devant Andy et tendit les bras. La jeune femme sauta et fut réceptionnée par le chevalier.



Le petit groupe avançait avec détermination. L'homme qui les guidait s'arrêta soudain et regarda autour de lui.

- Voyons, murmura-t-il, le Sud est devant moi…donc l'Est est à ma gauche…
- T'es perdu, c'est ça? demanda l'une des personnes qui le suivait.

C'était un homme assez petit et svelte dont les courts cheveux d'un roux très foncé faisaient ressortir ses yeux couleur d'ambre. Il lança un coup d'œil à leur guide qui lui répondit avec un sourire crispé.

- Mais non, mais non! s'exclama-t-il en rougissant légèrement.
- C'est bizarre, je suis pas convaincu…
- Moi non plus, marmonna un autre homme en croisant les bras.

Ces cheveux bleu-vert étaient en bataille et des mèches tombaient sur ses yeux bleu foncé. Il souffla vers le haut pour les repousser mais rien n'y fit. Il essaya de peigner ses cheveux avec ses doigts tout en regardant autour de lui avec suspicion. L'homme qui le suivait s'avança d'un pas tranquille, ses longs cheveux blonds ondulants sous la faible brise. Il posa ses yeux pailletés d'or un moment sur lui puis déclara d'une voix douce et mélodieuse :

- Je suis sûr que le chevalier du Temps retrouvera son chemin!
- Je suis en train de me dire qu'on aurait mieux fait de passer par le chemin que je connaissais… répliqua le dernier homme du groupe.

Ses cheveux châtains étaient bien coiffés et il portait une tunique dans laquelle il ne semblait pas particulièrement à l'aise. Il regarda ses compagnons avec un mélange de respect et dédain. Le guide du groupe, qui avait ignoré les remarques désobligeantes des autres hommes, se tourna vers lui et eut un léger sourire.

- On ne pouvait pas, dit-il. Tant que Médéric n'est pas réveillé, c'est Earrach qui guide et il ne connaît qu'un seul chemin…
- Parce que toi non?
- Euh… C'est juste qu'après plusieurs millénaires, l'endroit a beaucoup changé et je ne trouve plus mes repères…
- C'est rassurant…
- Voyons Apollon! Aie confiance!
- Thierry! Je suis Thierry! Apollon c'est celui qui est dans ma tête et qui rouspète depuis tout à l'heure!

Ganymède tourna la tête pour cacher un sourire plus accentué que le premier. Depuis qu'Apollon avait investi le corps de ce pauvre garde du Sanctuaire, on ne pouvait que constater les changements qui s'opéraient en lui et qui semblait le rendre très mal à l'aise.

- Parce que c'est pas ce que tu fais? reprit Gany. A part Samhradh, vous grognez tous!
- Je ne grognais pas! s'écria Thierry.
- Ami! appela l'homme aux cheveux blonds.
- Oui, Samhradh?
- J'ai trouvé un ancien signe du peuple elfique… si cela peut t'aider…
- Que dit-il?
- "Ici mourut le Dernier", lu Samhradh.
- Oh… on est un peu trop au Sud alors!

Il fit demi-tour et avança d'un pas résolu.

- Hé! Attends-nous! s'écria l'homme aux yeux ambrés.

Forçant le pas, ils parviennent à la hauteur de leur guide.

- Tu sais où on est, Ganymède?
- Oui, oui! On est pas loin de l'entrée…
- C'est qui "le dernier"?

Ganymède médita un moment puis tourna la tête vers son interlocuteur.

- Tu connais l'histoire des elfes? demanda-t-il.
- Pas vraiment…
- Je vais t'expliquer brièvement… c'est quoi ton nom déjà?
- Anou, Général de Scylla.
- Ah oui! Alors Anou, sache qu'il y a bien longtemps, les elfes vivaient sur terre avec nous. C'est un peuple pacifique qui ne prend les armes que très rarement et seulement certains d'entre eux, ceux qu'on nomme les elfes noirs. Les hommes avaient peur d'eux et de leurs pouvoirs et ils avaient tendance à les tuer… même si les dieux l'interdisaient… Un jour, un jeune elfe fut pris en chasse par des hommes et fut lapidé. Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase, si je puis dire. Les Elfes demandèrent aux dieux de leur permettre de se rendre à Awnn, le monde qu'avaient créé les Celtes. Avant de partir, ils mirent un signe montrant l'endroit où est mort leur dernier martyr…
- C'est une histoire bien triste… Et Sam connaît cette histoire?
- Oui, bien sûr…
- Et c'est pour ça que tu marches si vite? Pour nous éloigner de ce lieu?
- Non, c'est juste qu'on est pressés. Samhradh n'est pas du genre à se laisser abattre… et puis, ce n'est pas tout à fait un elfe.
- Comment ça?
- Anou… je veux pas te blesser mais nous sommes plus ou moins pressés…
- Ah oui… faudra me raconter ça plus tard alors!
- On verra…

Ganymède s'arrêta puis désigna les arbres sur sa droite.

- C'est par ici!
- Tu es sûr? demanda l'homme derrière lui en soufflant sur ses mèches rebelles.
- Oui, je suis sûr… euh…
- C'est pas ton fort les noms… Je suis Derek, le chevalier d'or du Verseau!
- J'allais le dire! - Ganymède fit un pas puis s'arrêta pour fouiller dans sa poche. Il tendit un morceau de tissu rouge à Derek - Mets ce bandeau… ça pourrait t'être utile…



Iphitos et Erginos étaient assis sur les marches de la maison du Bélier et discutaient de la défense des deux sanctuaires.

- On a plusieurs cas de figure, disait Ergy. Arès peut décider d'attaquer que le Sanctuaire d'Athéna sans laisser d'homme à Niflheim. Il peut aussi décider d'en laisser et d'attaquer le sanctuaire sous-marin aussi…
- Ouaip… approuva Iphitos.
- Ça va être dur à gérer!
- Ben oui… on va pas s'en sortir…
- Arès n'est pas un fin stratège mais c'est pas un abruti quand même.
- C'est vrai.
- Nous avons 4 Généraux et 7 chevaliers d'or plus les Marinas et les chevaliers d'Argent et de Bronze.
- Les Généraux de la Sirène et du Dragon des Mers sont là?
- Non, Poséidon m'a dit qu'ils étaient restés au Sanctuaire sous-marin. Mais je les compte quand même.
- Combien de Berserkers Poséidon a vu?
- Pas plus d'une dizaine. Ceux qui étaient devant le temple frontière…
- Je pense pas que ce soient les seuls…
- Moi non plus! Qu'est ce qu'on fait alors?
- Le Sanctuaire d'Athéna est quand même plus défendable que celui de Poséidon…
- Il va pas accepter de le laisser! Il vient juste de finir les travaux!!
- Qui a parlé de sacrifier le sanctuaire sous-marin?
- Ben toi!
- Pas du tout! J'ai juste dit qu'on allait défendre que le Sanctuaire d'Athéna!
- Ça revient au même! Les Berserkers vont le détruire!
- Pas s'ils n'y arrivent jamais!
- Hein?! J'ai pas tout suivi là!!
- Tu verras! dit Iphitos en se levant et en faisant un clin d'œil à son ami. Par contre, mon plan implique un déplacement au Tartare… et il va pas être content de ma demande…
- Tant mieux… répondit Erginos avec un sourire sadique.



Le petit groupe marchait doucement. L'homme qui menait la marche était frêle et semblait ne pas être à l'aise dans le rôle de meneur. Il se retourna avec désespoir vers deux hommes qui en soutenaient un troisième. Il soupira, résigné, en constatant qu'il était toujours évanoui. Il se remit en route.

La tête de l'homme inconscient se releva lentement tandis qu'un grognement sortait de sa bouche. Il tourna la tête vers celui qui le soutenait à droite puis celui de l'autre côté. Il se remit sur pied, lâchant brutalement les deux hommes et se mit à crier :

- Iphitos! T'es un homme mort!



Vince regardait le Sanctuaire de sa maison nouvellement acquise. Il trouvait déjà l'endroit lugubre quand il était apprenti mais là, l'endroit lui donnait la nausée. Il se demanda un moment s'il s'agissait vraiment de l'endroit ou si c'était plutôt dû à tout l'alcool qu'il avait ingéré. Il haussa les épaules et s'assit sur les marches devant sa maison et regarda d'un œil distrait les hommes s'affairer. De là où il était, ils ressemblaient à des fourmis. Vince soupira puis prit un flacon dans sa poche intérieur. Il secoua le récipient qui ne fit aucun bruit. Il soupira de nouveau et sortit cinq autres flacons de divers endroit mais tous étaient vides.

- Bon… Je crois que la mort me trouvera à jeun, murmura-t-il tristement. Je comprends mieux l'expression qui dit de ne pas souhaiter quelque chose de peur qu'on ne te l'offre… J'ai la poisse…

Vince mit ses coudes sur ses genoux et posa son menton entre ses mains.

- Mais qu'est ce que je fous là? ça fait cinq ans que je me suis pas entraîné!
- Je suis ravi que tu abordes le sujet! dit une voix derrière lui.

Vince continua à regarder le Sanctuaire d'un œil encore plus morne.

- Oh non… pas lui! marmonna-t-il.



La jeune femme était assise dans les airs et flottait devant les quatre hommes. Elle sifflotait un petit air avec entrain. Elle s'arrêta soudainement puis leva la tête vers le ciel. Elle resta dix minutes ainsi, un léger sourire sur les lèvres, avant qu'un des hommes qui la suivaient ne l'interpelle avec inquiétude.

- Qu'est ce qui se passe?
- Rien, répondit la jeune femme, scrutant toujours le ciel en souriant.

Un homme aux cheveux bleu nuit soupira avec exaspération. Il croisa le regard amusé d'un frêle homme aux cheveux noirs. Il s'avança vers lui.

- On est arrivé c'est ça? demanda-t-il.
- Je ne sais pas, chevalier du Phénix, répondit son interlocuteur. Mais connaissant la Messagère Céleste, je pense que c'est le cas…
- Et si je vous dis que vous vous trompez? demanda la jeune femme en apparaissant subitement devant eux, suspendue dans les airs la tête à l'envers.
- Je ne te croirai pas, répliqua Ikki sans paraître surpris.
- Ben t'as tort! s'exclama-t-elle en se remettant à l'endroit.
- Qu'est ce que tu attends alors?
- Que Médéric arrête d'invectiver Iphitos… je dois dire qu'il connaît un nombre impressionnant d'insultes! Et j'aime bien quand il les dit en germanique… ajouta-t-elle, ses pieds retrouvant la terre ferme.
- Je vois pas l'intérêt d'insulter Iphy en germanique… il y comprend rien!
- Et alors?
- Peu importe, s'emporta Ikki. Il a fini?
- Il en a pour un moment encore…
- Je voudrais lui parler…
- Ah! Tu vois que c'est pratique! Pourquoi tu veux pas apprendre cette technique?
- Ely! gronda Ikki.
- D'accord! soupira la jeune femme. Pose ta main sur mon épaule.

Ikki s'exécuta. Il se passa quelques minutes avant qu'il retire sa main, l'air satisfait.

- C'est du joli! s'exclama la jeune femme. Tu viens d'enlever tout le charme à la chose!
- Votre problème c'est que vous vous disputez tout le temps… même quand on est pressés! Je te rappelle que Foghar est en danger…
- Je crains que tu te méprennes beaucoup sur mon frère, chevalier du Phénix, intervint l'homme aux cheveux noirs. Il est l'un des premiers à apprécier ces petites disputes et à y participer. De plus, quelque soit la torture que Arès lui fera subir, elle n'aura plus aucun effet sur lui.
- Ça c'est sûr! s'exclama la jeune femme.
- Pourquoi donc?
- Bon! Allons-y! dit la jeune femme en reprenant son chemin. Au fait, c'est quoi vos petits noms? demanda-t-elle aux deux autres hommes.
- Théo! s'exclama le premier d'une voix claironnante.
- Ah oui! Toi, je t'ai déjà repéré! Vais t'appeler Aphrodite si ça te fait rien!
- Hein?! Mais…
- Et toi? demanda-t-elle en regardant l'autre homme dont les longs cheveux vert foncé et ses grands yeux de la même couleur faisaient paraître très jeune.
- Heu… Orien de l'Hippocampe, répondit timidement le général.
- Mais je m'appelle Théo! Pas Aphrodite! s'exclama le chevalier d'Athéna en agitant les bras pour attirer l'attention d'Elestre.
- Dis, Orien, tu connais Cycnos? demanda-t-elle en avançant.
- J'aime pas quand elle fait ça, marmonna Ikki en les suivant.



Les chevaliers étaient assis dans l'herbe près du lac et regardaient le maître des lieux marcher de long en large d'un pas rageur. De gros nuages noirs passèrent devant le soleil et un bruit de tonnerre résonna. Quelques chevaliers levèrent la tête avec appréhension et échangèrent des regards inquiets. Des chuchotements s'élevèrent parmi eux puis un cri coléreux :

- Ah non! C'est moi qui l'ai fait la dernière fois!
- Quelle bande de peureux! s'exclama une jeune femme en se levant et en se dirigeant vers Tartare.

Elle lui attrapa le bras pour arrêter sa marche et lui fit un bisou sonore sur la joue.

- T'inquiètes pas! Iphy a promis et il tient toujours ses promesses! Alors arrête de ruminer, tu vas nous déclencher un orage.

Andy s'éloigna d'un pas nonchalant. Tartare posa la main sur la joue qu'elle avait embrassée tout en la suivant des yeux.

- Je m'y ferais jamais, murmura-t-il.



Médéric regarda les personnes qui l'accompagnaient, les bras croisés. Sur les quatre hommes, il en connaissait un très bien mais les trois autres ne lui disaient rien outre mesure. Pour cacher son embarras de ne pas avoir retenu leurs noms, il décida de les impressionner par un regard froid de son cru, chose qui semblait marcher très bien. Earrach eut un léger sourire et décida de faire les présentations :

- Noble guerrier, laisse-moi te présenter les chevaliers qui nous accompagnent : voici le chevalier d'Or de la Balance.

Il désigna le plus petit des trois hommes dont les cheveux noirs tombaient sur les épaules, une mèche barrant son front et cachant presque son œil vert tandis que son deuxième œil d'un bleu limpide observait Médéric avec appréhension.

Le chevalier de l'Olympe grommela. Si Earrach faisait les présentations, il ne connaîtrait jamais le nom des hommes qui l'accompagnaient. Pourquoi fallait-il que les elfes n'appellent pas les choses par leur nom? C'était pourtant tellement plus simple… et plus court!

Voyant la scène, Tanion cacha son sourire puis intervient :

- Il s'appelle Van! Et le Général qui nous accompagne est celui du Chrysaor… mais j'ai pas retenu son nom… il est un peu compliqué, poursuivit-il en jetant un coup d'œil d'excuse vers le Général de Poséidon.

Celui-ci eut un sourire ironique. Il regarda un moment Médéric et avala sa salive devant le regard froid de cet homme. Il se savait être fort mais jamais il ne voulait se retrouver face à lui. Le chevalier de l'Olympe le détailla. Il n'avait rien de bien remarquable : un homme frêle avec des yeux noirs et des cheveux rouges striés de mèches noirs. Médéric eut un rictus devant cette coiffure qu'il jugeait ridicule. Il attendit un moment qu'il se décide à dire son nom puis perdant patience, il se mit en marche vers l'entrée des Enfers.

Tanion se mit à la hauteur du Général.

- Je suis désolé de ne pas m'être souvenu de ton prénom! Je ne voulais pas te vexer!
- Je ne suis pas vexé, répondit-il d'une voix calme. Il est vrai que mon nom est peu commun.
- Tu pourrais me le rappeler?
- Arjuna.



Deimos attendait que l'attention d'Arès se porte sur lui. Il regardait Enyo faire son rapport à voix basse et poussa un soupir silencieux. Agenouillé sur ce sol dur et froid, il commençait à avoir une crampe. De plus, il se demandait où était son frère et pourquoi cette pimbêche d'Enyo avait l'oreille d'Arès alors que lui attendait depuis dix minutes pour lui donner le résultat de sa ballade au Tartare. - Enyo! interrompit Arès avec exaspération. Pourrais-tu être plus clair! Je ne comprends rien à ce que tu dis!

Deimos haussa les yeux au ciel. Si ça continuait comme ça, il serait encore dans cette position inconfortable dans deux jours. N'y tenant plus, il toussota discrètement et attira enfin l'attention d'Arès.

- Ah! Te voilà revenu! - Arès se tourna vers Enyo - Tu me referas ce rapport quand tu l'auras mis par écrit de façon claire… et en une seule langue si possible!

Enyo s'inclina puis sortit de la pièce en réfléchissant à ce qu'elle avait bien pu dire qui n'était pas clair.

- Bien! s'exclama Arès, soulagé d'être débarrassé de la déesse de la Terreur. Quelles sont les nouvelles?
- Tartare ne nous facilitera pas la vie… mais je pense que si nous nous montrons assez menaçants envers la vie de notre prisonnier, il ne fera rien contre nous.
- C'est une bonne nouvelle… cependant… - Arès se leva et fit signe à son fils de le suivre - Phobos a rencontré une difficulté assez étrange…
- Comment ça?

Ils passèrent une grande porte derrière le trône du dieu de la Guerre puis longèrent un couloir sombre qui menait aux cellules. Ils y retrouvèrent un Phobos visiblement très énervé.

- Il semblerait que l'elfe ait créé une barrière… qui empêche aussi bien les attaques mentales que les coups de l'atteindre… il ne touche à aucune nourriture et ne bouge pas d'un cil…

Deimos regarda par la lucarne donnant sur la cellule de Foghar. Celui-ci était allongé, les yeux clos. Il lui fallut un moment pour voir que sa poitrine se soulevait doucement.

- Surprenant, murmura-t-il. Je me demande pourquoi il nous a laissé le torturer alors qu'il avait une telle protection.
- Oui… c'est une bonne question, répondit Phobos. Et j'ai bien peur qu'il ne nous donne pas la réponse…



- Deux jours, annonça Iphitos.
- Et pourquoi deux jours? demanda Erik.
- Parce que Foghar ne pourra pas tenir plus longtemps… de plus, il faudra qu'on fonce à l'aveuglette parce qu'il ne pourra pas communiquer avec nous tant que sa barrière est érigée.
- Quelle barrière?
- Il appelle ça comment déjà? demanda Iphitos à Ergy.
- La barrière de marbre…
- Voilà… son attaque, la barrière de marbre, est indestructible… mais pas très pratique!
- S'il t'entendait, il serait pas content!
- Oui ben… quand tu penses que cette barrière est infranchissable, c'est chouette… mais elle est tellement infranchissable que même lui ne peut rien faire quand il est sous sa protection! Alors tu m'excuseras mais je continue à penser que son truc est nul et sert à rien… à part dans ces cas-là… mais tu admettras que ça n'arrive pas souvent!
- Tu prêches un convaincu, répliqua Erginos.
- Ah oui… Bon! On a deux jours avant qu'il n'ait plus la force de maintenir sa barrière donc, faut faire vite. Surtout que ça fait presque un jour d'écoulé…
- Ça devrait aller, assura Estelle en souriant.
- Ouais, bougonna Erginos - Il se tourna vers deux hommes qui s'avançaient vers eux - Alors? C'est bon?
- Oui, oui, assura Saga en souriant. Le labyrinthe est mis en place et personne ne pourra trouver le temple sous-marin.
- Bien! s'exclama Iphitos. Retournons au Sanctuaire maintenant!
- Euh… intervient un homme qui se trouvait un peu en retrait. Vous êtes sûr qu'il ne risque rien?
- Mais oui, Davy! Ne t'inquiètes pas!
- C'est à dire que… je ne vois rien de spécial…
- Saga et Canon sont des experts en labyrinthe dimensionnel! Rien à craindre.

Davy regarda Canon surpris puis fronça les sourcils. Il se tourna à demi vers son camarade et lui murmura quelques mots avant de s'éloigner. Canon regarda la scène puis eut un sourire ironique.

- Qu'est ce qu'il lui prend? demanda Iphitos au compagnon de Davy.
- Ben…
- Il est pas très rapide des fois, intervient Erginos en parlant à Erik.
- Ah? Et pourquoi?
- Non rien…
- C'est le Général du Dragon des Mers, c'est ça? demanda Canon.

Le compagnon de Davy hocha timidement la tête puis tourna les yeux vers son camarade.

- Une belle amitié qui commence, murmura Erik.



Ganymède et le reste de son groupe attendaient depuis dix minutes le signal du départ. Agacé, Thierry faisait les cent pas devant les quatre autres hommes assis à même le sol.

- Alors? s'écria le garde en s'arrêtant devant le chevalier de l'Olympe.
- Alors quoi? demanda innocemment celui-ci.
- Il vient ce signal?
- Pas pour l'instant! Et puis arrête de faire des vas et viens, tu me donnes le tournis.

Ganymède se leva et s'éloigna un peu du groupe. Il jeta un coup d'œil discret vers les autres puis se concentra. Son regard devint alors lointain.

- Iphy? appela-t-il mentalement.
- Quoi?
- On va attendre encore longtemps?
- Le groupe de Médy n'est pas encore arrivé. Earrach s'est un chouilla perdu et il a fallu l'aide de Dana pour les remettre sur le bon chemin. Comment se présente ton groupe?
- Ça peut aller… mais je trouve qu'Apollon prend un peu trop d'emprise sur l'esprit de Thierry.
- M'étonne pas de lui…
- Comment ça se passe de ton côté?
- Pas trop mal… j'ai pris mes dispositions pour la protection du temple sous-marin et là on répartit les généraux dans les maisons sans protection. J'ai juste un tout petit problème dans la maison de la Vierge…
- Quel genre?
- Le genre qui risque de me coûter des heures de mots doux de la part de notre vieil ami…




Erginos soupira puis haussa les épaules. Il se retourna et sortit de la maison de la Vierge. Assis sur les marches, Iphitos se leva immédiatement et regarda son ami avec espoir.

- Tu rêves!
- Arf! soupira Iphitos. J'suis pas dans la merde…
- Si ça t'arrange, je veux bien aller lui annoncer, rétorqua Erginos avec un sourire satisfait.
- T'es sûr que tu as fait tout ce que tu pouvais pour le faire changer d'avis? demanda son compagnon avec suspicion.
- Bien sûr! Tu es mon ami! Je me dois de t'apporter toute mon aide…
- Je suis pas convaincu…

Iphitos soupira de nouveau puis s'avança jusqu'à la maison. Il lança un coup d'œil à Erginos et celui-ci le suivit avec résignation. Ils attendirent un moment mais aucun des deux hommes à l'intérieur ne firent attention à eux. Iphy toussota doucement et l'homme aux longs cheveux blonds tourna enfin son visage vers eux, les yeux clos.

- Je ne retournerai pas au Tartare tant qu'il ne sera pas prêt, dit-il d'une voix calme.
- Ecoute, Shaka… commença Iphitos.
- Je suis occupé… revenez plus tard, l'interrompit l'ancien chevalier de la Vierge en se tournant vers le nouveau qui rencontrait quelques difficultés dans sa position de méditation.

Iphitos ne réussit pas à placer un mot de plus. Il ressortit de la maison, frustré, suivi par un Erginos souriant.

- Non mais quelle tête de mule!
- Bon! Je vais aller prévenir le vieux, dit Erginos en se frottant les mains d'un air satisfait.



Elestre sautillait d'un pied sur l'autre en chantonnant en rythme… ce qui avait pour effet d'augmenter la tension qui régnait déjà dans son groupe. Ikki ne cessait de lui lancer des regards noirs mais elle l'ignorait superbement, plongée dans ses pensées. Elle s'arrêta enfin et se tourna vers ses acolytes.

- Je reviens dans 5 minutes…
- Tu vas parler à Iphy? demanda Ikki.
- Euh… non, pas vraiment… j'ai une envie pressante…

Tandis qu'elle s'éloignait et que Ikki marmonnait quelques menaces de mort, Geamhradh se mit à luire. Il resta quelques secondes immobiles puis sa respiration devient saccadée et des perles de sueurs dégoulinèrent de son front. Elestre reparut à ce moment là et se précipita vers l'elfe. Elle attrapa son visage et l'obligea à la regarder dans les yeux. La respiration de Geamhradh redevient normale et il s'affala sur le sol.

- Ça va? demanda Elestre en s'agenouillant près de lui.
- Oui, je te remercie Messagère Céleste.
- C'est vraiment pas un endroit pour entrer en contact! Si près des Enfers, ça a dû être très pénible… Qui était-ce?
- Une personne chère, répondit l'elfe avec un faible sourire.
- Pourquoi te contacter toi?
- Il ne répondait pas… et j'ai tendance à moins mentir que mon jumeau. J'espère que nous ne seront pas absents trop longtemps… l'Ambre semblait fâché…
- Ça doit être intéressant à voir…

Geamhradh eut un soupir las et s'aida du bras de la jeune femme pour se relever.

- Bon, je vais me renseigner… dit Elestre en croisant les bras et en braquant son regard droit devant elle.



Ganymède était prostré, les yeux dans le vague. Derek et Anou le regardèrent avec appréhension. Le chevalier du Verseau voulut lui prendre le bras mais Thierry l'en empêcha.

- Il est en conférence.
- Tu sembles bien au courant!
- Oui… ce parasite est un peu trop présent à mon goût…

Derek sourit malgré lui puis regarda de nouveau Ganymède mais à présent avec impatience.

- C'est bien beau tout ça mais on va attendre combien de temps encore? demandait Médéric avec colère.
- Ça commence à faire long, Iphy! ajouta Elestre.
- Eh! oh! c'est bientôt fini cette conspiration?! s'exclama Iphitos. Je finis mon exposé… ET ON SE TAIT QUAND JE PARLE!
- Oui chef! répondirent les quatre autres chevaliers de l'Olympe.
- C'est beau l'autorité, murmura Iphitos avec satisfaction. Bon, alors… J'en étais où?
- La protection du Sanctuaire d'Athéna, répondit Erginos.
- Merci. Alors, tout est prêt sur terre comme sous la mer. Si les chevaliers et les généraux assurent, y'aura pas de soucis. Ergy et moi allons garder un œil sur l'Olympe… c'est notre job après tout… Vous trois, menez vos groupes au plus près du palais de Hel sans vous faire repérer. Utilisez les écrans de Gany. Votre but est de libérer Foghar et pas de trucider tout le monde. Si combat il doit y avoir, laisser faire ceux qui vous accompagnent… mais si vraiment vous pouvez pas faire autrement, je vous rappelle qu'il est interdit de tuer les Berserkers. C'est bien compris?
- Oui,
répondirent Elestre et Ganymède.
- … Médéric? C'est bien compris? … Médéric? MEDERIC!
- Oui, oui… c'est compris,
dit alors le chevalier de l'Olympe d'un ton morne.
- Bien… euh… j'ai dis que vous ne deviez pas les tuer… mais vous pouvez les amocher!
- Ah! enfin une bonne nouvelle,
s'exclama Médéric.
- Oui ben modère tes ardeurs! Je sais très bien que tu as du mal à te contrôler dans le feu de l'action! Pas de bêtises! Promets!
- Hein?
- Médéric, promets-moi que tu ne tueras pas de chevaliers d'Arès… ni Arès lui-même.
- Et pourquoi y'a que moi qui doit promettre?
- Parce que j'ai pas confiance!
- Bon, d'accord… je promets…
- Parfait. Une dernière chose… Protégez Earrach… je me fais pas de soucis pour les deux autres mais Earrach n'a aucun entraînement et ne s'est jamais battu…
- Comment veux-tu que je le protège et que je foute une raclée à Arès?
- Justement, c'est pas un mal qu'il soit dans ton groupe!
- Toi… tu perds rien pour attendre…
- Reviens avec Foghar et je serais ton homme.
- Je m'en souviendrais!
- Je n'en doute pas!




Athéna observait les deux chevaliers divins avec intérêt. Ils n'étaient, finalement, pas si impressionnants que ça. Il était vrai qu'elle ne les avait pas vus à l'œuvre mais elle était presque déçue de les trouver si humains… voir même si gamins, surtout celui qui se nommait Iphitos. Bizarrement, elle était persuadée qu'elle aurait été encore plus surprise s'il avait été sérieux, comme si cet homme qui avait été chevalier de la Balance ne pouvait pas être autrement que immature et drôle.

Erginos était reparti un moment elle ne savait où pour raccompagner les deux jumeaux et prévenir une personne du refus de Shaka pour y retourner. Sa mission semblait d'ailleurs le remplir d'une satisfaction perverse.

Les deux chevaliers de l'Olympe s'étaient alors isolés pendant une dizaine de minutes puis l'avait rejointe dans la salle de Grand Pope où elle s'était installée en attendant la suite des évènements.

- Ils sont prêt à entrer dans le Niflheim. On a prévu un intervalle de 3 minutes entre chaque groupe pour être sûr que Hel ne les sentira pas arriver. Une fois là-bas, nous n'aurons plus aucun contact avec eux. Donc, si on peut, quelques chevaliers iront aux nouvelles… Hmmm… - Iphitos sembla réfléchir un moment.
- Quoi? demandèrent plusieurs chevaliers.
- Cette idée ne me plait pas finalement. J'aimerais savoir ce qu'il s'y passe avant d'envoyer des chevaliers… mais la personne qui s'occupe de ce genre de repérage, c'est Dana… - Iphitos croisa les bras un moment, les yeux fixés sur le sol puis il redressa la tête soudainement - J'aurais bien une solution mais...
- Ne te fatigue pas, dit une voix venue de nulle part, j'accepte avec joie et enthousiasme.

Un homme apparut devant eux. Ils le connaissaient pour l'avoir vu devant le temple des chevaliers de l'Olympe. Il s'était présenté sous le nom d'Hermès. Il se tourna vers les deux autres dieux et inclina légèrement la tête.

- C'est à toi que je pensais justement, répliqua Iphy en souriant.
- Sans blague, s'exclama Hermès avec une surprise feinte.
- Sans blague, répondit Iphitos sans se laisser démonter. Bon, j'aurais préféré Dana mais puisqu'on doit se contenter de toi…
- Hein?! s'écria le dieu des voleurs.
- Ça sera du second choix mais bon… allez! c'est parti!
- Attends une seconde toi! Je suis du second choix?! Je te rappelle que j'ai tout appris à Elestre.
- Ouais, ouais, dit le chevalier de l'Olympe avec dérision.
- Je suis le meilleur espion qui existe sur cette planète et j'exerçais ce métier alors que tu n'étais même pas un spermatozoïde!
- Magnifique, riposta Iphy d'un ton peu convaincu.

Hermès ouvrit la bouche puis se ravisa. Le chevalier de l'Olympe se moquait de lui et il le savait. Il eut un bref sourire puis examina distraitement ses ongles.

- Au fait… Iphy… il en est où ton pari avec Morphée?

Le chevalier de l'Olympe faillit s'étranger. Il lança un coup d'œil à Erginos dont le regard s'était fait interrogateur.

- Bon! s'exclama vivement Iphitos, le visage rouge. Je leur donne le signal de départ! On a pas de temps à perdre!



Le groupe d'Elestre entra le premier dans le royaume de Hel. Immédiatement après, la jeune femme décrivit un arc de cercle avec son bras. L'air frémit autour d'eux mais rien d'autre ne changea.

- Qu'est ce que c'était? demanda Théo en parcourant le paysage désolé du Niflheim.
- Un truc comme un écran d'invisibilité, Aphro, répondit Elestre en se tournant dans tous les sens.

Théo fit une moue boudeuse et croisa les bras, contrarié.

- On est pas invisibles! remarqua Orien en regardant son bras.
- On est dans une bulle qui dévie la lumière et nous rend invisibles, expliqua la jeune fille en fronçant les sourcils.
- Il y a un problème? demanda Ikki.
- Non… Juste que l'endroit a changé et que c'est pas normal…
- Si Hel est aussi volage que Tartare, je ne vois pas en quoi…
- Justement… elle n'est pas du tout d'humeur changeante… elle n'a pas modifié son royaume depuis qu'il existe… donc, c'est bizarre…



Il marchait de long en large, en proie à une fureur qu'il essayait de maîtriser. Arès était vraiment un imbécile! A cause de ce crétin, une partie de son plan tombait à l'eau. A présent, les chevaliers de l'Olympe devait savoir où ils se trouvaient et donc, par la même occasion, ils avaient dû comprendre qu'il était l'instigateur de tout ça. Et pour couronner le tout, Tartare devait être hors de lui à cause de l'intrusion de Deimos. Et cet imbécile d'elfe qui ne voulait toujours pas les emmener à Awnn! Il ne voyait pas comment se rendre là-bas à présent. Ils étaient complètement coincés et c'était entièrement la faute d'Arès! Pourquoi fallait-il qu'il tombe sur le plus crétin des Olympiens?

Il grogna puis se retourna pour effectuer un nouveau tour. C'est alors qu'il entendit du bruit. Il s'arrêta et se dissimula derrière une butte. Un groupe de cinq personnes venait de pénétrer au Niflheim. Un homme au visage froid fit un arc de cercle avec son bras et le petit groupe disparut.

Il resta un moment caché puis se redressa pour réfléchir un moment. Il avait reconnu un visage parmi ces cinq hommes. Et cela lui avait donné une idée… Lentement, un sombre sourire retroussa ses lèvres. Oui, c'était exactement ce qu'il lui fallait. Tandis que les Berserkers s'occuperaient des chevaliers d'Athéna et de Poséidon qui venaient de pénétrer dans les Enfers nordiques, lui mettrait son plan à exécution. Il aurait besoin de l'assistance de personnes mais il savait déjà qui allait l'aider.

Finalement, les choses s'arrangeaient plutôt bien… Et cette expédition de secours n'allait pas se dérouler comme l'avait prévu les chevaliers de l'Olympe.

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