Chapitre 6


Erik était impatient. Depuis qu'il était devenu le chevalier d'or du Cancer, il n'avait pas encore réellement combattu. Sa lamentable défaite face à Masque de Mort lui était restée en travers de la gorge. Il devait à tout prix prouver qu'il était digne de son armure et la venue des Berserkers le lui permettrait. Il se posta un moment sur le perron de sa maison et observa le Sanctuaire. Aucun des ennemis ne passerait ce seuil. Un sourire satisfait étira ses lèvres.

C'est alors qu'il vit approcher une personne de très grande taille. La silhouette était en contre-jour et il mit un moment à reconnaître Aldébaran. Indifférent à l'arrivée d'un de ses camarades, il allait retourner dans sa maison mais arrêta soudain son mouvement et regarda mieux.

Sur le dos du chevalier du Taureau était perché Alexis tandis que Hiass marchait à côté d'eux un sourire fier sur les lèvres. Erik fronça les sourcils, se demandant ce que cet abruti de gamin avait pu inventer. Il se campa sur ses jambes, barrant le passage aux trois chevaliers.

- 'lut 'rik, dit Alexis en avalant ce qu'il avait dans la bouche.
- Je peux savoir ce que vous fabriquez ? demanda avec agressivité le chevalier du Cancer.
- On fait une reconstitution, annonça Hiass, tout sourire.
- Une reconstitution de quoi ?
- Ben… c'est à dire que…

Alexis et Hiass échangèrent un regard gêné puis, silencieusement, le plus jeune demanda au chevalier du Capricorne de répondre à Erik. Celui-ci refusa d'un mouvement imperceptible de la tête et retourna la demande muette à son cadet. Erik sentit sa patience fondre. Il posa son regard sur Aldébaran. Celui-ci avait les yeux braqués droit devant lui et un visage impassible.

- Aldébaran, que se passe-t-il ? lui demanda Erik.
- Un cheval ne parle pas, répliqua le chevalier du Taureau. Et ça attend patiemment que son cavalier et son écuyer se décident parce que le canasson commence à avoir mal au dos.
- Je suis désolé, Aldé, répliqua Alexis l'air gêné. Je vais descendre.
- Non, tu peux pas aller sauver Guenièvre à pied. Et parle pas à ton cheval, ça fait mauvais genre.

Erik mit quelques minutes à se remettre de sa surprise. Il lança un regard meurtrier à Hiass qui, il en était sûr, était responsable de cette mascarade.

- Quel genre de reconstitution vous faites ?
- Le roi Arthur qui va sauver Guenièvre enlevée par je sais plus qui, répondit une voix derrière lui. Et là, Guenièvre, elle commence à en avoir marre d'attendre !
- Désolé Estelle, répondit Alexis en rougissant.
- Nous sommes en guerre et vous faites une stupide reconstitution ?! Je peux savoir qui d'autre vous avez embarqué dans cette stupidité ?
- Je crois bien que t'es le seul à ne pas jouer, répondit Hiass avec un grand sourire.
- Tu oublies Vince, ajouta Estelle. Shaka n'a pas voulu qu'il sorte de sa maison.

Hors de lui, Erik avança, menaçant, vers Hiass. Celui-ci s'empressa de se réfugier derrière Aldébaran.

- Eh ! J'ai rien fait moi !
- Tu te crois drôle, gamin stupide ?! Ton comportement est indigne d'un chevalier d'or !
- Tiens, ça faisait longtemps ça, marmonna Hiass.
- Quoi ? s'exclama Erik en contournant le chevalier du Taureau.

Immédiatement, Hiass fit un bond de façon à toujours avoir Aldébaran entre Erik et lui.

- Après le cheval, je fais le mur maintenant, soupira le chevalier du Taureau.
- C'est pas ma faute si t'es un crétin rabat-joie ! s'écria Hiass en faisant un nouveau bond autour d'Aldébaran.
- Qu'est-ce que t'as dit ? s'écria Erik en s'élançant sur le chevalier du Sagittaire qui courut alors vers la maison.
- Ma langue a fourché !
- Elle va plus faire grand chose quand je me serais occupé de toi !

Les trois autres chevaliers se regardèrent un moment puis haussèrent les épaules… et Alexis se retrouva par terre.

- Aldé ! s'exclama-t-il en se relevant. Tu serais gentil de pas hausser les épaules quand je suis sur ton dos.
- J'ai bien le droit de me cabrer !

Alexis le regarda un moment avec surprise.

- Dis-moi, Aldé… tu sais que tu n'es pas réellement un cheval, hein ?!
- Quand on tient un rôle, il faut entrer dans la peau du personnage !
- T'es pas acteur non plus !
- Je suis un incompris dans mon art, répliqua Aldébaran. J'aurais voulu être un artiste… chantonna-t-il en entrant dans la maison.

Alexis jeta un coup d'œil à Estelle pour voir ce qu'elle en disait. Celle-ci était restée bouche bée. Elle tourna lentement la tête vers lui.

- J'avais jamais remarqué qu'il était comme ça.
- Moi non plus… Il n'y a pas à dire, on ne se fréquente pas assez…

Quand ils entrèrent dans la maison, ils durent s'arrêter brusquement pour éviter Hiass poursuivi par Erik. Le jeune chevalier du Sagittaire se précipita vers les escaliers qui montaient vers la maison suivante.

- J'espère que tu n'as rien de précieux dans ta maison, lui dit Alexis. Ils sont bien partis pour tout détruire !
- Ils ont pas intérêt ! répliqua la jeune femme en s'élançant vers les escaliers.
- Finalement, Hiass est amusant, dit Aldébaran en emboîtant le pas du chevalier du Lion.
- Tu en doutais ? demanda Alexis en se mettant à sa hauteur.
- Disons que je pensais que c'était un gamin arrogant qui cherchait à se faire remarquer constamment.
- Pas du tout. Il est juste hyperactif.

Ils arrivèrent dans la maison du Lion à temps pour voir les deux chevaliers courir vers la maison de la Vierge. Estelle regardait, dépitée, une colonne brisée.

- Je suis arrivée trop tard, dit-elle tristement.

Elle redressa la tête, les yeux furieux et avança vers les escaliers.

- Je vais lui dire ce que j'en pense à ce cinglé de chevalier du Cancer !

Les trois chevaliers durent s'arrêter dans la maison de la Vierge. Shaka était au centre de la grande salle entre un Hiass qui faisait des grimaces et un Erik furieux. Derrière eux, sur la stèle, Vince faisait une pause bien méritée, soulagé que son nouveau maître soit occupé avec quelqu'un d'autre mais regrettant de ne pas avoir un peu de whisky pour l'occasion.

- Laisse-moi passer, cria Erik à l'intention de Shaka.
- Vous êtes des chevaliers d'Athéna, vous ne devez pas vous battre entre vous.

Des bruits de pas se firent entendre en provenance de l'escalier de la maison.

- J'espère que c'est important, Shaka ! dit Iphitos en entrant suivi par Erginos. On en était à un moment crucial de la reconstitution !

Le chevalier de l'Olympe regarda un moment la scène. Il la trouva à son goût et se mit à rire.

- J'aurais dû me douter que cette stupide idée venait de toi, répliqua Shaka.
- En fait, elle est de moi, avoua Erginos. Arrête de rire, Iphy !
- Quel est le but de cette reconstitution ?
- Je n'étais pas pour faire une reconstitution mais ils ont insisté. Ça suffit, Iphy !
- Cela n'a fait qu'entraîner une bagarre au sein de la chevalerie d'Athéna. Et les bagarres internes empêchent l'union des chevaliers.
- Je ne suis pas d'accord, intervint Iphitos après avoir maîtriser son hilarité. Ça permet de créer des liens et de garder la forme pour…

Erginos frappa Iphy au visage.

- Eh ! Mais ça va pas ?! Qu'est ce que j'ai fait ?! s'exclama son ami en se tenant la joue.
- Une envie subite… l'histoire de Morphée sûrement. Va parler à Erik. Et vous, retournez dans vos maisons, demanda-t-il aux chevaliers d'or. On poursuivra la reconstitution plus tard quand il n'y aura plus de danger.

Les chevaliers d'Athéna sortirent pour regagner leurs maisons. Iphy lança un coup d'œil meurtrier à son ami puis courut pour rattraper Erik. Shaka tourna le visage vers Erginos.

- Pourquoi l'as-tu frappé, demanda-t-il.
- Il était parti pour au moins trois heures d'explications… et on les a pas...
- Ils arrivent ?

Erginos hocha la tête puis soupira, tournant la tête vers la sortie de la maison.

- J'suis prêt ! s'exclama Vince en buvant une lampée d'un flacon.

Shaka ouvrit les yeux et s'avança pour le lui arracher des mains.

- J'aimerais savoir où tu as trouvé ça !
- Euh… Ben ça… enfin… c'était juste pour me donner du…

Vince se mit à bafouiller de plus en plus sous le regard dur de son aîné. Shaka serra le poing, écrasant le flacon dont le contenu dégoulina par terre. Un bruit se fit entendre derrière eux et ils se retournèrent pour voir Hiass marcher sur la pointe des pieds, essayant de rejoindre sa maison sans se faire remarquer.

- Reviens ici chevalier, dit alors Shaka d'une voix calme.
- C'est pas moi, j'ai rien fait ! s'exclama Hiass en prenant ses jambes à son cou.

Le chevalier du Sagittaire disparut rapidement dans les escaliers. Shaka regarda de nouveau Vince. Celui-ci rentra la tête dans ses épaules.

- Et dire que je me plaignais du vieux con… murmura-t-il.



Elestre sifflait avec entrain une marche militaire en menant son groupe vers le cœur du Royaume de Hel. Ikki se porta à sa hauteur.

- C'est un joli air, dit-il d'un ton qu'il essayait de garder calme.
- Merci ! s'écria la jeune fille.
- J'aurais une question…
- Je t'en prie !
- La barrière invisible n'est pas, à ma connaissance, insonorisée…
- C'est exact.
- Alors cesse de faire autant de bruit ! cria-t-il.
- Quel est celui qui fait le plus de bruit à ton avis, demanda Théo à Orien.

Ikki leur lança un regard noir et les deux compères firent les innocents, l'un regardant en l'air et l'autre fixant son attention sur le bout de ses chaussures.

- Rah ! Quel rabat joie ! T'es plus marrant quand on est entre nous !
- En règle générale, on a pas une guerre sur les bras !
- Une guerre ?! Tout de suite les grands mots ! On vient juste récupérer Foghar et expliquer à Arès qu'il a pas intérêt à recommencer et qu'il peut se mettre où je pense son idée de récupérer le Triskel !
- A ce propos… j'ai l'impression que vous nous cachez quelque chose…
- Nous ? Comme si c'était notre genre !
- Justement !
- Tu me fends le cœur ! s'exclama Elestre en portant la main au côté droit de sa poitrine.
- Le cœur est de l'autre côté.
- Mince ! J'le tenais presque !

Ikki ne put retenir le sourire qui étira ses lèvres. Geamhradh se mit rapidement à leur hauteur.

- Je regrette infiniment d'interrompre votre discussion…
- Ben, maintenant que tu l'as interrompue, explique, répliqua Elestre.
- Des hommes avec des intentions hostiles à notre encontre se tiennent devant nous.
- Je t'avais dit que tu faisais trop de bruit, marmonna Ikki.
- J'ai bien peur que ce ne soit la cause, annonça l'elfe. Il semble qu'ils aient été prévenus de notre arrivée.
- Ou que l'un des trois groupes ait été repéré… ça peut être que Médy. Il ne sait pas être discret.
- Et pourquoi on en a devant nous dans ce cas là ? demanda Orien.
- Ils ont supposé, avec raison, qu'il y avait plusieurs groupes et comme il y a pas trente six chemins jusqu'au palais de Hel…
- Qu'est ce qu'on fait ?
- Je sais pas encore… Laissez-moi y réfléchir…



Seiya était seul, perché sur la branche d'un arbre. Les mains derrière la tête, il regardait le ciel. Il savait qu'une nouvelle guerre se préparait pour le Sanctuaire mais, bizarrement, il était très calme. Sa vie lui avait apporté la patience… et pas seulement la vie, son épouse aussi. Il se mit à repenser à ce jour où une petite voleuse était arrivée on ne savait comment au Sanctuaire. Elle les avait tous pris pour des cinglés et avait cherché à s'enfuir. Mais Athéna ne voulait pas laisser une personne qui connaissait l'existence du Sanctuaire partir comme ça. Plongeant dans un semi-sommeil, il se remémora leur première rencontre…

La jeune femme s'extirpa tant bien que mal de l'encadrement de la fenêtre. Elle attrapa ensuite le rebord et se pencha à l'intérieur de la pièce qu'elle venait de quitter. Elle redescendit, un sac à la main. Elle le mit sur son dos et marcha silencieusement vers la sortie de cet asile de fous. Les oreilles aux aguets, elle marchait lentement. La dernière fois, elle avait été imprudente, ne pensant pas une seconde qu'ils l'empêcheraient de partir. Mais l'autre bonne femme avait donné l'ordre qu'elle reste dans ce lieu pour cinglés. Pour qui elle se prenait celle-là ? La déesse Athéna ?! N'importe quoi ! Et les autres qui y croyaient n'étaient pas mieux. Et puis, ils étaient ridicules avec tout ce métal sur eux. A tous les coups, elle avait atterri dans une secte !

Elle secoua la tête, se concentrant sur ce qu'elle faisait. Il fallait qu'elle sorte d'ici ! Un bruit de pas résonna alors près d'elle. Elle fit un bon en arrière pour se cacher dans l'ombre. Avant qu'elle se rende compte de son erreur, elle tomba et dégringola la falaise. Elle chercha désespérément une prise mais elle ne parvint pas à en trouver une. Elle vit alors le gouffre devant elle. Avec horreur, elle pensa que sa courte vie allait finir ici, dans un asile de fous entouré de falaises vachement dangereuses ! Alors qu'elle basculait dans le vide, elle ferma les yeux et un long cri s'échappa de sa gorge.

Elle rouvrit les yeux prestement, sentant que quelque chose avait attrapé son poignet. Sans le moindre effort, le garçon l'attira à lui et la posa délicatement sur le sol. Les pieds de la jeune femme se dérobèrent sous elle, et elle tomba sur les fesses dans un soupir de soulagement.

- Ça va ? demanda le jeune homme.
- Ben… je me dis que ça aurait pu être pire, répondit-elle en lançant un coup d'œil vers le gouffre.
- Tu as eu de la chance que je passe à ce moment là ! Je m'appelle Seiya et toi ?
- On est quel jour ?

Un moment déconcerté par la question, Seiya réfléchit puis répondit.

- Le 30 janvier.
- Je m'appelle Martine.
- Enchanté ! C'est qui ton maître ?
- Mon quoi ?
- Celui qui t'entraîne… - la jeune femme lui lança un regard interrogateur - … pour devenir chevalier…
- Ah ! euh… - elle réfléchit à toute allure - je viens à peine d'arriver !

Seiya la regarda avec attention. Elle avait les cheveux noirs légèrement bouclés et d'adorables pommettes… mais il ne sentit aucun cosmos sommeiller en elle.

- Je vois…
- Quoi ?
- Tu es la jeune femme qui est arrivée ici par accident et qu'Athéna ne veut pas laisser partir…
- Arf… Je vais avoir des problèmes ?
- Pas par moi en tout cas… je ne vois pas pourquoi tu devrais rester ici… enfin, pour l'instant, allons soigner tes égratignures.

Seiya soutint la jeune fille et l'accompagna jusqu'à l'infirmerie en lui racontant son entraînement au Sanctuaire.

- Tu parles d'une déesse de miséricorde, marmonna la jeune femme en s'asseyant sur un lit.
- Je ne regrette rien, répondit Seiya en prenant des produits dans une armoire. Enfin si… j'aurais aimé avoir une enfance… mais bon, chacun son destin.

Il mit de l'alcool sur un bout de coton et nettoya doucement les coupures sur le visage de Martine en soufflant dessus après l'application pour que cela pique moins.

- Tu y crois vraiment, demanda la jeune femme.
- A quoi ?
- Au destin.
- Pas toi ?
- J'aime penser qu'on est maître de son destin.
- Oui… mais certaines choses sont inéluctables. Comment expliques-tu avoir atterri dans ce lieu protégé de l'intrusion des personnes sans cosmos ?
- J'en sais rien… Je sais même pas ce que c'est que le cosmos !

Seiya sourit et Martine lui rendit son sourire. Ils restèrent un moment à se regarder ainsi puis Seiya rompit le silence.

- Raconte-moi ton histoire.
- Il n'y a pas grand chose à dire. Je suis née dans la rue et j'y ai toujours vécu…
- Pas de parents ?
- Et non ! Je ne les ai jamais connus… et je n'ai jamais su le nom qu'ils m'avaient donné. Là où j'étais, on m'appelait toujours "gamine" ou "sale gosse".
- Tu ne t'appelles pas Martine ?
- Je change de prénom tous les jours… selon la saint que c'est…

Seiya la regarda, étonné. Elle soupira et secoua la tête.

- Je me demande pourquoi je t'ai raconté ça… Je n'en avais jamais parlé à personne…
- Tu ne peux pas rester sans prénom ! s'écria Seiya.
- Parce que tu vas m'en trouver un ?
- Bien sûr ! Je reviens, bouge pas.

Seiya sortit à grands pas de l'infirmerie. La jeune femme n'aurait pas su dire pourquoi elle resta assise sur ce lit à l'attendre, mais elle le fit. Il revint quelques minutes plus tard accompagné de deux hommes.

- Je te présente Ganymède et Iphitos. Gany va nous trouver un prénom pour toi, tu vas voir.
- Merci…

La jeune fille était touchée. Elle ne s'était jamais rendue compte que ne pas avoir de nom la rendait si malheureuse. Elle s'était toujours dit que personne ne l'aimerait suffisamment pour lui donner un prénom. Et voilà que quelqu'un s'en inquiétait. Elle écrasa discrètement une larme qui menaçait de couler. Elle remarqua alors que l'homme qui s'appelait Iphitos la dévisageait. Il lui adressa un grand sourire puis posa la main sur l'épaule de Seiya.

- Ne cherchez plus ! J'ai trouvé le prénom idéal !
- Ah oui ? Lequel ?
- Andy !
- Ça sonne bien… Mais c'est un prénom masculin, répondit Seiya, l'air déçu.
- Non… c'est un diminutif…
- De quoi ?
- Tu trouveras rapidement…

Seiya se tourna vers la jeune femme.

- Ça te plait Andy ?
- Oui, répondit-elle avec un grand sourire.

Le cœur de Seiya se mit à battre très fort… Andy… qu'elle était belle… comme cette femme dans son autre vie… celle qu'il avait sauvée… il se nommait alors Persée… et elle, Andromède…


- Seiya !

Le chevalier Pégase se réveilla. Il regarda la jeune femme qui l'avait appelé et lui sourit.

- Oui, mon amour ?
- Tartare propose de nous permettre de voir ce qui se passe au Sanctuaire.
- J'arrive !

Il sauta de sa branche et s'approcha de la jeune femme. Il la prit dans ses bras et l'embrassa longuement.

- Wouah ! s'écria Andy quand il se fut écarté. T'as l'air en forme malgré le danger qui menace le Sanctuaire.
- J'ai fait un beau rêve !b - J'étais dedans ?
- Bien sûr ! Sinon ça ne serait pas un beau rêve !



Hermès dérivait dans les airs, assis en tailleur. Il chantonnait en faisant quelques virages, l'esprit ailleurs. Poséidon et Athéna le regardaient avec agacement. Cela faisait au moins dix minutes que ce manège durait et les chansons du dieu des voleurs leur portaient sur les nerfs.

Richard entra par la porte derrière le trône d'Athéna et la referma derrière lui. Il fit quelques pas avant de s'arrêter, surpris. Les yeux exorbités, il regarda le dieu voyager dans les airs.

Hermès décroisa les jambes et se plaça en position allongée, les mains sous la tête en entamant une nouvelle chanson.

- C'est quoi ça ? demanda Richard à Athéna en désignant le dieu volant d'un mouvement de la tête.
- C'est Hermès, répondit la jeune femme en soupirant.
- Et c'est normal qu'il… ?
- Hélas oui, répliqua Poséidon d'un ton morne. Il est toujours comme ça !
- Ah ! s'écria soudainement Hermès en mettant ses pieds à terre.

Le messager des dieux sortit de la pièce sans plus d'explication. Les trois autres se regardèrent puis se précipitèrent à sa suite. Hermès était appuyé à une colonne et regardait l'horizon.

- Que se passe-t-il Hermès ? demanda Athéna.
- Ils sont là, répondit Richard en tentant de les voir de cette distance.
- En effet, répliqua Hermès en souriant de toutes ses dents.



Le petit groupe s'arrêta en voyant devant eux une dizaine d'hommes en armure.

- On fait quoi ? chuchota Van.
- On fonce dans le tas, répondit Médéric en faisant craquer les os de ses doigts.
- Ceci n'est point prudent… commença Earrach.
- Rien à foutre, j'ai besoin de me défouler.
- Ils sont plus nombreux que nous, fit remarquer Arjuna.
- Et alors ?
- Ce n'était qu'une constatation.
- Combien de temps on va rester invisibles ? demanda Tanion.
- Tant que je serais concentré.
- Ah… alors j'ai l'impression que tu n'es plus concentré…
- Mais si !
- Alors comment nous ont-ils vu ?
- J'suis concentré pour leur casser la figure… et avec le sourire en plus.

Médéric s'élança sur le plus proche Berserker. Arjuna le rejoignit, se demandant pourquoi son dieu était intervenu dans cette histoire. Van arrêta un instant Tanion qui s'apprêtait à les rejoindre.

- Je croyais que son chef lui avait dit d'éviter l'affrontement.
- Oui… mais d'après ce que j'en sais, il n'écoute pas les ordres de ses supérieurs.

Les deux chevaliers d'Athéna rejoignirent leurs deux compagnons, laissant derrière eux un Earrach complètement désemparé.

- Je suis navré de vous apprendre que je ne sais pas me battre, dit-il, sa douce voix se perdant dans le fracas des combats qui commençaient.



Maïol s'était placé sur le seuil de sa maison suffisamment dans l'ombre pour ne pas être vu de l'extérieur. Ils étaient une vingtaine à avancer avec précaution, les yeux aux aguets, surveillant le moindre coin du Sanctuaire. Ils arrivèrent en bas des marches et s'arrêtèrent un instant.

- Ne t'en fais pas… disait une voix dans sa tête. Il n'y a que trois Berserkers parmi eux.

Maïol inclina la tête et remercia Erginos pour cette information. Il s'avança alors pour être dans la lumière et donner une dernière chance à ces hommes de rebrousser chemin. Dès qu'ils mettraient un pied sur l'escalier, l'un des chevaliers de Bronze devait allumer l'horloge.



Ikki passa silencieusement à côté du Berserker. Celui-ci scrutait avec frénésie devant lui, cherchant quelque chose qu'il ne trouvait pas. Le chevalier du Phénix rejoignit ses compagnons et ils partirent sans faire de bruit derrière les hommes qui devaient les arrêter. Une fois assez loin pour ne plus être entendu, Théo se remit à respirer.

- Est-ce bien prudent de laisser des ennemis derrière nous, demanda Orien à voix basse.
- Nous ne sommes pas là pour nous battre, répliqua Elestre. De plus, Médéric a attiré leur attention. Gany n'avait personne devant lui donc il est passé aussi. Mais on va quand même faire en sorte qu'il leur soit impossible de nous poursuivre…
- Tu vas faire comment ?
- J'ai vécu plus de 30 ans avec Canon, j'ai quelques restes !
- Des restes ? nota Ikki en grimaçant.



Médéric se retourna brusquement en entendant un cri. Il frappa violemment son adversaire et s'élança sur l'agresseur d'Earrach. Un peu décoiffé et désorienté, l'elfe ne comprenait pas pourquoi ces hommes l'attaquaient, lui qui ne savait pas se battre. Le concept de combat n'arrivait pas à s'imprimer dans son esprit et les larmes coulaient sur ces joues devant toute cette haine et cette violence. Foghar avait toujours été le plus humain des quatre frères tandis qu'Earrach était le plus elfique.

Médéric se plaça devant Earrach et s'assura d'un rapide coup d'œil qu'il n'avait rien. Il avait beaucoup de difficultés à contenir ses coups pour ne pas tuer ses adversaires… et cela l'énervait à tel point qu'il sentait qu'il n'arriverait bientôt plus à se contrôler. Il espérait avoir suffisamment attiré l'attention sur lui pour que Ganymède et Elestre soient passés sans difficulté.

Earrach regarda le chevalier divin avec horreur tandis que celui-ci envoyait valdinguer son adversaire.

- Il n'est pas mort, dit Médéric à l'elfe sans se retourner.
- J'en suis soulagé…
- Mouais… enfin, j'espère que je l'ai pas tué, ajouta-t-il, méditatif, en s'éloignant.

Earrach regarda le corps du soldat d'Arès avec horreur. Il s'avançant en chancelant vers lui et se laissa tomber près de lui. Il avança une main devenue lumineuse vers le front du jeune homme.

- C'est pas vrai mais quel con cet elfe ! s'écria Médéric en le voyant faire.
- De quoi ? demanda Van.
- Il est en train de le soigner !

Sans rien dire, Arjuna s'élança vers Earrach et le frappa violemment. Le frêle corps de l'elfe s'éleva dans les airs puis s'écrasa contre un arbre. Le Général de Poséidon se plaça ensuite devant le soldat qui venait d'être soigné.

- T'es pas bien, s'écria Tanion en regardant Earrach inconscient.
- Je m'excuserai quand il reviendra à lui.
- Il commence à me plaire celui-là, murmura Médéric, un sourire satisfait aux lèvres.



Maïol était hors de lui. Il serrait spasmodiquement les poings, cherchant à calmer ses tremblements de fureur. On lui avait dit de rester dans sa maison alors que des chevaliers d'Arès étaient parvenus à passer. Il en avait tué plus de la moitié mais en avoir laisser passer le rendait furieux. Il s'était fait avoir… Comment aurait-il pu savoir que les Berserkers laisseraient les leurs se faire massacrer afin de pouvoir passer sans problème ? Il regarda l'horloge et des larmes de frustration envahirent ses yeux devant la flamme de sa maison qui continuait de brûler.

Il retourna dans sa maison et enjamba les corps des chevaliers d'Arès qu'il avait tué. Il alla vers l'escalier qui menait vers la maison du Taureau et leva les yeux vers la demeure d'Aldébaran. Pourquoi devrait-il rester ici ? Il pourrait aider ses amis…

- Arg !

Maïol se retourna prestement pour voir qui avait fait ce bruit. Iphitos regardait sa chaussure tachée de sang. Il l'essuya sur la cape de l'un des chevaliers d'Arès puis la regarda de nouveau pour constater qu'elle était toujours souillée.

- Des chaussures qui m'ont coûté la peau des fesses ! J'hallucine !
- Tu n'étais pas dans la maison du Cancer ? demanda Maïol intrigué.
- Si pourquoi ?
- Mais… la téléportation est impossible au Sanctuaire !
- Oh… zut ! Je savais bien que j'avais oublié quelque chose ! Pourvu qu'Ergy n'ait rien remarqué…
- T'es un homme mort, dit une voix essoufflée derrière lui.
- Ah… il a remarqué… murmura Iphytos. Ecoute Ergy, je vais t'expliquer…
- 7500 ans et tu oses me faire ça ?!
- Je t'assure qu'elle m'a rien dit !
- Ça fait combien de temps que tu sais le faire ?
- Euh… j'vais pas te le dire : tu vas encore crier…

Erginos s'élança sur Iphitos et ils commencèrent à se bagarrer. Maïol resta un moment déboussolé devant cette scène. Deux des chevaliers les plus puissants de la terre étaient en train de se chamailler comme des gamins parmi des cadavres d'hommes alors qu'une guerre venait d'éclater.

Ergy butta sur le pied d'un chevalier d'Arès. Il réussit à retrouver son équilibre puis lança un regard meurtrier au mort avant de se tourner vers Maïol.

- Ta maison est vraiment mal tenue ! On peut même pas se disputer sans tomber sur un macchabée !
- Et on est pas dans un amphithéâtre, dit Iphitos avant d'exploser de rire.

Maïol chercha à comprendre la signification de cette phrase quand il vit Ergy secouer la tête.

- Ta blague est non seulement nulle mais en plus incompréhensible pour ceux qui connaissent pas la chanson !
- Ben, ce sont des incultes s'ils la connaissent pas, répliqua Iphitos.
- Je te signale que tu connais que les trois premiers couplets…
- T'es pas obligé de le dire !

Une brusque montée de cosmos les fit se retourner. Ils allèrent tous les trois vers l'escalier et regardèrent vers la maison du Taureau. Ils y sentaient quatre cosmos s'affronter.

- Ça fait un peu lâche à trois contre un, fit remarquer calmement Iphitos.
- Les chevaliers d'Athéna sont pas en reste dans ce genre de situation, répliqua Erginos.
- C'est vrai mais la cause est toujours juste…
- Qui peut dire si une cause est plus juste qu'une autre, dit une voix derrière eux.

Ils se retournèrent tous les trois d'un même mouvement, prêts à se défendre. Ils se retrouvèrent devant un jeune homme aux cheveux noirs coupés courts. Voyant ses compagnons se détendre, Maïol en fit autant. Cet homme lui disait quelque chose mais il ne savait plus où il l'avait rencontré…

- Tiens ! T'as changé de coupe ? remarqua Iphitos en souriant.
- Ça fait plus de 7 000 ans que j'avais les cheveux longs… il faut bien changer de temps en temps, répondit Tartare en haussant les épaules.
- Je peux savoir ce que tu fais là ? demanda hargneusement Erginos.

Maïol écoutait cet échange sans intervenir. Maintenant qu'il se souvenait de l'identité du visiteur, son esprit était plus tourné vers ce qui se passait dans la deuxième maison du zodiaque.



Aldébaran avait un genou à terre et saignait abondamment de sa plaie à la tête. Des lâches ! Ce n'étaient que des lâches ! Il tenta de se relever mais chancela et se retrouva de nouveau à genoux. A bout de force, il s'assit sur ses talons et se prit la tête dans les mains. Il fallait qu'il se relève et qu'il leur montre ce qu'il en coûtait de mettre un chevalier d'or en colère… Il essuya le sang qui coulait sur ses yeux puis regarda autour de lui. Il en avait tué quelques uns mais les trois Berserkers avaient réussi à passer. C'était un général de Poséidon qui protégeait la maison de Tanion. Aldébaran secoua la tête. C'était aux chevaliers d'Athéna de protéger le Sanctuaire. Il réussit à se relever puis marcha précautionneusement vers l'escalier menant à la maison des Gémeaux.

- A ce rythme là, j'suis pas arrivé… Mais pourquoi j'ai pas fait comptable comme mon père moi ? Faut être dingue pour faire ce job !



Médéric se tenait devant le palais de Hel. Il regarda le paysage sombre et froid autour de lui sans rien dire. Debout près de lui, Van, Tanion et Arjuna lui lançaient des coups d'œil inquiets, pâles comme des linges. Le chevalier divin se retourna brusquement et ses trois compagnons s'écartèrent pour le laisser passer. Il se baissa et attrapa un homme à terre par la gorge. Le chevalier d'Arès était couvert de sang et avait du mal à respirer. Quand Médéric le souleva et le plaqua brutalement contre un rocher, le peu d'air qu'il avait dans ses poumons s'échappa subitement. Haletant pour retrouver son souffle, il regarda avec effroi l'homme qui l'étranglait.

- Je suis de très mauvaise humeur, dit froidement Médéric.
- Tu ne dois pas le tuer, essaya Van d'une voix tremblante.

Médéric tourna légèrement la tête et lança un coup d'œil en biais au chevalier d'Athéna.

- Qui a parlé de le tuer ? répliqua-t-il d'une voix grave.

Il reporta son attention sur son captif et resserra un peu sa prise. Le chevalier d'Arès laissa échapper un cri de douleur étranglé.

- Bien… Maintenant que j'ai ton attention, dis moi où est Foghar.
- Dans… dans le donjon du château, répondit-il d'une voix faible.
- Ne me prend pas pour un imbécile, répliqua calmement Médéric en resserrant encore ses doigts. Je veux savoir où il est exactement.
- La… la Troisième cellule… au deuxième sous-sol !
- Voilà qui est mieux. Pourquoi tes hommes ont emmené Earrach ?
- Arès nous en a donné l'ordre ! Je vous jure que je ne sais pas pourquoi !

Médéric tourna la tête vers la forêt où avait eu lieu les combats.

- Troisième cellule, deuxième sous-sol, dit-il au vide. Je préférais que tu n'y ailles pas seule…

L'air se mit à frémir et un groupe de cinq personnes apparut. Elestre s'avança vers Médéric.

- Ne soit pas idiot ! J'irais plus vite seule.
- Je viens avec toi, intervint Ikki.
- Veuillez m'excuser, dit alors Geamhradh d'une voix faible mais pourrais-tu relâcher ce pauvre homme, Grand Guerrier ?

Médéric regarda le visage pâle de son prisonnier et le lâcha brusquement. L'homme s'affala sur le sol, inconscient.

- Où est-elle ?! s'écria Ikki en regardant autour de lui.
- A ton avis, répondit le chevalier divin d'une voix calme en s'essuyant les mains sur la cape de l'homme à terre.



Viktoriano se dégagea des décombres du plafond. Il se releva d'un bond mais fut tiré en arrière et retomba sur les fesses. Il regarda ce qui l'avait retenu : sa cape était encore coincée sous les décombres. Il tira dessus pour la dégager mais ne parvint qu'à la déchirer. Le chevalier soupira avec résignation puis retira complètement sa cape. Il descendit du tas de pierres sous lequel il avait été puis, il se rendit compte qu'il avait perdu son casque.

De très mauvaise humeur, Vik remonta le tas et fouilla un peu les décombres pour trouver son casque. Il le trouva assez rapidement et l'essuya avec les restes de sa cape avant de le mettre. Il redescendit puis mit les mains sur les hanches, regardant les dégâts.

- J'espère que le chevalier d'or des Gémeaux ne sera pas trop fâché pour ce trou… de toute façon, c'est pas moi qui l'ait fait…

Vik réfléchit un moment puis hocha la tête.

- Je crois que je suis énervé… Je me demande si je peux poursuivre ces trois types… Qu'est-ce que ferait un chevalier d'Athéna ?

Il regarda vers les escaliers menant à la maison suivante.

- Oh et puis merde ! J'suis pas un chevalier d'Athéna, répliqua-t-il en s'élançant vers l'ouverture.



Elestre parcourait les couloirs du palais de Hel d'un pas nonchalant. Elle mit un peu de temps à trouver l'escalier qui menait au donjon. Médéric et les autres chevaliers devaient s'occuper de la diversion qui lui permettrait de récupérer Foghar sans souci. Elle descendit le second escalier puis s'arrêta sur le palier.

Elle regarda avec agacement la scène figée devant elle. Deux chevaliers d'Arès transportaient Foghar tandis que cinq autres regardaient autour d'eux. Avisant le visage impassible de l'elfe, elle fut un peu soulagée. Elle dépassa les hommes immobiles et regarda dans les autres cellules sans trouver la moindre trace d'Earrach.

- Bon, soupira-t-elle en se tournant vers le groupe d'hommes, va falloir que je casse quelques figures pour libérer Foghar… Allons-y !

Elle se plaça devant la seule sortie tout en s'étirant puis se concentra un moment. L'air vibra autour d'elle lorsqu'elle retourna dans la dimension initiale. Les hommes la virent apparaître subitement et, de surprise, faillirent lâcher leur otage.

- Bien ! Messieurs, vous allez gentiment libérer mon ami et me dire où se trouve mon autre ami !

Les hommes se regardèrent puis se renvoyèrent un sourire cruel.

- Je sens que vous allez faire une bêtise…
- La ferme, stupide femme ! cria l'un d'eux en s'élançant sur elle.
- De ce genre la, ajouta-t-elle avec un sourire.



Shaka était en méditation. L'esprit complètement ouvert, il était totalement calme. Aiolia lui lança un coup d'œil écœuré.

- Comment peut-il être si calme, s'écria-t-il à l'attention de ses compagnons.

Les chevaliers se regardèrent puis haussèrent les épaules d'un même mouvement signifiant leur ignorance.

- Ils arrivent à la maison du cancer, annonça Camus.

Les regards se braquèrent sur le miroir qui leur permettait de suivre les combats se déroulant au Sanctuaire.

- J'espère qu'il va mieux assurer que ce général minable, répliqua Milo.
- Je me demande comment t'aurais fait pour les arrêter avec un plafond qui te tombe dessus, demanda Andy en se nichant dans les bras de Seiya.

L'ancien chevalier du Scorpion grommela qu'il ne se serait pas fait prendre puis fixa son regard sur le miroir. Kiki et Ethan arrivèrent en courant et se plantèrent devant Andy et Seiya.

- Alors on prend Sagittaire gagnant ! s'écrièrent-ils, surexcités.
- C'est idiot, intervint Hyôga, ils ne sont que trois ! Ils ne passeront que trois chevaliers d'or! Je mise sur Scorpion moi !
- Ils ne sont pas quatre chevaliers d'or de la maison du cancer à celle du Scorpion ? demanda Andy.
- Soyons sérieux, ce chevalier de la Vierge ne les arrêtera pas !
- Je mise sur lui moi, répliqua Shaka en ouvrant les yeux, les sourcils froncés.
- Tu n'es pas très objectif, fit remarquer Ermaion en souriant.
- Je suis d'accord, répliqua Milo. Et c'est pas avec ton petit entraînement de cinq heures que tu as pu rattraper toutes ces années de beuveries ! Je mise sur Scorpion aussi…
- Hé, appela Masque de Mort. Ça commence…



Erik dévisageait les trois hommes face à lui avec mépris. Sans aucune hésitation, les Berserkers avaient sacrifié leurs compagnons pour pouvoir arriver jusqu'ici. Ils avaient fait en sorte de mettre hors course le Général qui protégeait la troisième maison. Le Chevalier du Cancer était sur ses gardes. Il allait devoir, contre toutes ses convictions, faire confiance à ses compagnons d'armes dans les maisons suivantes. Car il lui était évident qu'il ne pourrait pas se battre contre les trois en même temps. Erik serra les dents. Même si au bout du compte ils passaient, il les retiendrait au moins jusqu'à ce que la flamme de sa maison s'éteigne.

Le Chevalier du Cancer se mit en position d'attaque, tous les sens en alerte. Il devait en tuer au moins un et retenir le plus possible les deux autres. Il ne savait quelle était leur force mais il ne pouvait permettre le danger d'aller trop près d'Athéna. C'était son honneur de chevalier qui le lui commandait.

L'un des Berserkers s'avança vers lui. Il avait le visage angélique encadré par de longs cheveux noirs et, sur les lèvres, un sourire sadique. Ses yeux d'ébène détaillaient Erik avec convoitise. Il leva le casque qu'il avait à la main et l'enfila sans quitter le chevalier du regard. Son armure d'un bleu profond sembla luire un moment. Ses compagnons le regardèrent un moment avec agacement.

- Nous devons éviter les affrontements directs… Ce sont nos ordres ! s'écria le plus imposant des trois de sa voix rocailleuse.
- Je n'ai pas d'ordre à recevoir de toi, Oxylos, répondit-il d'une voix douce sans détacher ses yeux d'Erik.

Le troisième Berserker décroisa les bras et s'élança sur le chevalier du Cancer qui n'en fut pas plus surpris que ça. Surpris, il le fut par la suite… Il se préparait à lancer une attaque contre l'homme à l'armure verte qui s'élançait vers lui quand ce dernier s'arrêta brutalement.

- Il est à moi, Ixion… répliqua d'un ton ferme le Berserker à l'armure bleue.

Erik fronça les sourcils. Lentement, celui qui s'appelait Ixion tomba à genoux. Il tourna la tête vers son compagnon, le regard noir. Il se releva, les jambes tremblantes puis se dirigea vers la sortie de la maison, suivi d'Oxylos à l'armure rouge. Rapide, Erik se plaça devant eux. Mais les deux hommes ne s'en inquiétèrent pas et continuèrent à avancer.

- Je ne vous laisserai pas passer, s'écria Erik en concentrant sa cosmo-énergie.

Soudain, une douleur lui vrilla la tête. Il venait de perdre ses cinq sens… mais une impression bizarre s'insinua en lui. Il se sentit examiné jusqu'aux tréfonds de lui-même. Toutes ses pensées, tous ses souvenirs étaient mis à nu et examinés avec intérêt. Ne supportant pas plus longtemps ce viol mental, Erik hurla intérieurement et expulsa cet intrus. Le chevalier du Cancer retrouva l'usage de ses sens. Il lança un regard haineux au Berserker face à lui.

- Que j'aime ce regard, murmura celui-ci.
- Tu vas me le payer, s'écria rageusement Erik.

Le Berserker éclata de rire. D'un geste souple, il dégrafa sa cape qui tomba lourdement sur le sol.

- Tu as déjà perdu, répondit-il en souriant.



Erginos et Iphitos échangèrent un regard incrédule. D'un même mouvement, ils se retournèrent vers les escaliers qui menaient aux maisons supérieures.

- Ça s'annonce plutôt mal, murmura Erginos.
- Il a l'air pire que celui qu'on a connu… ajouta Iphitos en se grattant nerveusement la tête.
- Erik ne pourra pas gagner…
- Ne sois pas si pessimiste ! C'est un chevalier d'Athéna !
- Mouais…
- Au fait, reprit lentement Iphitos, la tactique des guerriers d'Arès ne te rappelle rien ?

Erginos hocha la tête puis reporta son attention sur la maison du Cancer. Maïol s'avança près d'eux et regarda dans la même direction avec appréhension.



Erik s'élança sur le Berserker avec rage. Il tenta de le frapper mais ses coups ne rencontraient que le vide. Son adversaire semblait s'amuser de ces tentatives. A bout de patience, Erik se concentra pour déclencher son attaque.

- Tu perds ton temps… lâcha le Berserker avec un sourire ravi.

Enervé au delà de ce qu'il avait déjà connu, il lança son attaque.

- Par les vagues d'Hadès ! rugit-il.

Une lumière aveuglante lui fit détourner la tête. Jamais encore son attaque n'avait eu cet effet. Quand il rouvrit les yeux, il regarda incrédule autour de lui. Il se trouvait au monde des morts à deux pas du puit. Son attaque s'était retournée contre lui ?

Erik ne s'en inquiéta pas outre mesure. Il lui était facile de regagner son corps. C'est alors qu'il se rendit compte que ses jambes étaient entravées par des lianes qui sortaient du sol. Il tenta de s'en dégager sans succès. Déboussolé, le chevalier du Cancer cherchait une solution quand une vive lumière apparut devant lui.

- Bonjour, dit l'homme qui venait d'arriver.
- Vous êtes… Hermès, c'est ça ?
- Oui… Iphitos m'a prévenu que tu risquais d'arriver ici. Je ne peux t'aider à te libérer car cela dépend entièrement de toi…
- Alors pourquoi être là si vous n'allez pas m'aider ? demanda hargneusement Erik. Vous me faites perdre du temps.

Hermès soupira et secoua la tête.

- Je vais t'expliquer le pouvoir de ton adversaire… C'est la seule chose que je peux faire pour t'aider… Si tu arrives à te libérer de son emprise, tu as une chance de gagner… Mais il te faudra faire vite car la personne qui est venue à ton aide dans ta maison ne tiendra pas longtemps… Il perdra de la même manière que toi si tu n'interviens pas…



Le Berserker se releva avec souplesse et essuya le sang à la commissure de ses lèvres. L'attaque l'avait sonné et avait éveillé sa colère. Il inspira profondément et retrouva son calme. Il regarda l'homme qui venait de protéger le corps du chevalier du Cancer et se promis de le lui faire regretter…

- Je suis surpris de ton intervention. Les chevaliers d'Athéna et ceux de Poséidon ne sont pas amis me semble-il…
- Il se trouve que nous sommes dans le même camp à présent, répondit Viktoriano en souriant. Je ne les connais pas vraiment mais j'agis comme je le ferais s'il était un général de Poséidon.

Le Berserker regarda le corps d'Erik puis son regard revint sur le général du Kraken. Vik se sentit transpercé. Ses muscles se crispèrent lorsqu'il sentit une présence en lui. Il perdit l'usage de ses cinq sens et vit avec horreur ses pensées les plus intimes étudiées par cette présence étrangère. Une voix résonna dans sa tête.

Le Berserker épluchait tout ce qui faisait ce misérable homme en riant. C'était si facile… Il la sentait déjà monter en son adversaire… Il sentait son emprise augmenter. Il en jouit si intensément qu'il ne vit pas le poing qui le percuta à la mâchoire.

Vik était à genoux. Il retrouva progressivement l'usage de ses sens. La première chose qu'il vit fut le chevalier du Cancer debout devant lui. Puis, il aperçut le Berserker se relever en se massant la mâchoire. Dans un souffle, Vik ne parvint à articuler un seul mot :

- Merci…

Erik lui lança un coup d'œil et hocha la tête en signe de remerciement puis son attention revint sur le Berserker qu'il regardait avec calme.

- Je suis surpris que tu sois revenu, dit-il les yeux étincelants.
- Tes tours ne marcheront plus contre moi !
- C'est ce que nous allons voir, répliqua son vis à vis en souriant.

Le Berserker regarda Erik avec satisfaction mais le sourire qui flottait sur ses lèvres se mua en grimace.

- Comment… ?
- Je sais comment te contrer, Antéros, Berserker de la Haine…

Un moment déboussolé, le chevalier d'Arès retrouva lentement le sourire.

- Savoir qui je suis et en quoi consiste mon pouvoir ne te permettra pas de me battre… A un moment ou à un autre, tu seras obligé de me haïr… et alors j'aurais gagné !
- C'est ce que nous verrons…



- Ah ah ah ah ah ! riait Iphitos en sautant sur place. J'ai gagné !

Erginos grogna et se mit à fouiller dans ses poches.

- Il n'a pas pu s'en sortir seul… Je suis sûr que tu as triché, bougonna-t-il.
- Et comment j'aurais pu tricher ?
- J'ai parlé au chevalier du Cancer comme tu me l'avais demandé Iphy, dit une voix derrière eux.

Iphitos cessa de sauter partout et avala sa salive. Erginos regarda Hermès puis lentement, il regarda son ami, les yeux meurtriers.

- Euh… j'ai un truc super important à faire ! dit rapidement Iphy en se dirigeant vers la sortie à reculons, les yeux plantés sur Ergy.
- Qu'est ce qui est si important ? demanda Tartare en souriant.
- Rester en vie ! répondit Iphitos en se retournant pour courir vers la sortie.
- J'vais te tuer ! s'écria Erginos en s'élançant à sa poursuite.

Les trois hommes présents les entendirent dégringoler les escaliers. Tartare se tourna alors vers Hermès en souriant.

- Je dirais que tu as un esprit machiavélique si je ne te connaissais pas depuis si longtemps !
- Je n'aime pas qu'on se moque de moi, répondit Hermès en mettant les mains derrière la tête.
- Je ne suis pas sûr que ce soit le moment, intervint Maïol en tournant la tête vers la maison du Cancer avec inquiétude.

Hermès haussa les épaules puis se tourna vers Tartare.

- Qu'est ce que tu fais là ?
- Je prie pour n'avoir pas à intervenir… répondit le maître des Profondeurs en joignant les mains devant lui.



Erik et Antéros se défièrent du regard, sûr de leur force. Vik s'était mis dans un coin pour ne pas gêner le chevalier du Cancer et réfléchissait sur ce qui s'était passé et sur les paroles d'Erik. Le Berserker fut le premier à attaquer, lançant son poing vers la tête du chevalier. Les coups et les parades se succédèrent à la vitesse de la lumière sans qu'aucun ne prenne l'avantage.

Au bout de quelques minutes, Antéros s'écarta, à bout de souffle. Il devait à tout prix déclencher ne serait-ce qu'une étincelle de haine en son adversaire. Mais celui-ci restait impénétrable. Cherchant désespérément une idée, il ne vit pas le pied d'Erik qui le percuta de plein fouet, faisant voler son corps dans la vaste salle. Il s'écrasa sur une colonne. Avec difficulté, il se releva, essuyant le sang à la commissure de ses lèvres. C'est alors qu'il vit la solution. Un sourire sadique illumina brièvement son bon visage.

Il s'élança sur Erik qui l'attendit, prêt à se défendre. L'attaque était puissante et rapide mais pas assez pour le chevalier du Cancer qui l'évita sans souci. Il regarda brièvement derrière lui et vit l'attaque changer brusquement de direction. Ni lui, ni Vik n'eurent le temps de réagir. Le coup atteignit le général de plein fouet.

- Après tout, je ne souhaite pas avoir deux personnes contre moi… et puis, il faut l'avouer, il est assez lamentable et je n'aime pas la faiblesse.
- Pourquoi… ? demanda Erik.
- Oh, j'avais juste envie de me défouler… dit Antéros en enlevant une poussière imaginaire de son armure. Et puis, qu'était-il pour toi ? Un minable général à peine capable de garder une maison convenablement… Et tu n'avais pas besoin de sa protection tandis que tu essayais de vaincre mon maléfice… Ce n'était qu'un minable qui n'avait pas le droit de vivre…

La colère d'Erik enflamma ses yeux. Intérieurement, le Berserker sourit. Il avait gagné ! Encore un ou deux mots et la haine éclaterait en lui !

Vik ne voyait qu'une tâche rouge devant ses yeux. Il ne sentait rien mais était incapable de bouger. Il entendit les mots d'Antéros et comprit ce qu'il cherchait à faire. Lentement, tout devenait noir…

- Courage Vik ! disaient les voix de ses camarades dans sa tête ou bien étaient-ce des souvenirs ?
- Bravo ! Tu as mérité cette écaille, disait avec chaleur Poséidon.


Oui… Un souvenir… Ce jour là, il n'avait pas abandonné… Il avait affronté le monstre sans faillir. Sa vue s'éclaira. Il réussit à se redresser, s'appuyant avec force sur la colonne derrière lui. Il prit plusieurs goulées d'air.

- Ne te laisse pas aller, chevalier ! cria-t-il à l'adresse d'Erik. Il en faut plus que ça pour vaincre un Général de Poséidon !

Erik regarda Vik un moment. Du sang s'écoulait en abondance de sa blessure mais ses yeux exprimaient sa farouche détermination. Le chevalier du Cancer fit face au Berserker pétrifié. Il lui sourit, un sourire d'une cruelle satisfaction.

- Par les vagues d'Hadès ! cria-t-il en lançant son attaque.

Antéros s'écroula. Erik s'avança vers le corps et se concentra. Mieux valait ne prendre aucun risque… Il détruisit le cerveau d'une décharge électrique. Une fois fait, il se retourna vers le Général. Celui-ci lui sourit puis un flot de sang s'échappa de sa bouche et il s'écroula sur le sol, face contre terre. Erik s'élança vers lui. Avec précaution, il le retourna. Il respirait encore.

- Finalement… j'ai été un peu utile, murmura Vik.
- Plus que ça, répondit le chevalier du Cancer. Tu m'as sauvé deux fois la vie… Dis moi… quel est ton nom ?
- Je suis… je suis Viktoriano, général du Kraken… mais appelle moi Vik, ajouta-t-il en souriant.

Un flot de sang s'échappa une nouvelle fois de sa bouche.

- Laisse-moi m'occuper de lui…

Erik leva la tête. Un homme aux cheveux noirs et aux yeux tristes s'agenouilla près de Vik.

- Bonjour, Vik… Je me nomme Tartare…

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