Chapitre 25 : Prométhée ! Guerrier sombre au passé tragique (partie 1)


Quelque part, sur une Terre


Silhouette



Juchée sur une colline, la silhouette se détache nettement du ciel rougeoyant dont tout nuage est absent. Sa longue chevelure noire s'agite sous l'effet du vent, mais la silhouette, elle, reste impassible. Les derniers rayons de soleil, en se réfléchissant sur elle, font apparaître sa protection métallique et écarlate lui recouvrant tout le corps, ainsi que son casque qu'elle tient sous le bras droit.

La silhouette reste immobile, imperturbable.
Jusqu'à ce que deux personnes apparaissent au pied de la colline.

Un homme et une femme. L'un porte une armure dorée, l'autre une armure émeraude.

Le guerrier à l'armure écarlate les appelle d'une voix forte:


Mortels !


- "Mortels ! " lance le guerrier avec un air de défi.

- "Prométhée ! " s'exclame Canon.

Le Fils de Japet saute d'un bond majestueux de la colline et atterrit au niveau de Canon et Médée.

Ses yeux rubis ne laissent filtrer aucune émotion. Et il lorsqu'il reprend la parole, c'est d'une voix pleine de froideur:

- "Votre heure a sonnée, mortels." déclare-t-il calmement, sur un ton présentant le fait comme inévitable.

Et à ces mots, il déplace sa main gauche vers ses adversaires. Une boule de cosmos rouge apparaît dans sa paume et se met à croître à une vitesse de plus en plus grande.

Une immense déflagration s'en suit.


Sillon


Un immense sillon de plusieurs mètres de profondeur et de largeur s'est creusé devant Prométhée.

Son attaque était lente, songe Canon, mais quelle puissance ! Si je n'avais pas esquivé, je...

Le Chevalier des Gémeaux ne tarde pas à stopper ses pensées: il vient d'apercevoir une silhouette se ruer sur Prométhée.
Tentant l'effet de surprise, Médée est passée à l'attaque:

- "Par les Mandibules d'Acier ! " s'écrie la Céleste, les deux bras croisés et repliés sur son buste.

Au dernier moment, elle déplie ses bras d'un geste vif ...et disparaît !

Illusion d'attaque ! est la pensée qui traverse alors furtivement l'esprit de Canon.

La vraie Médée apparaît presque instantanément à la même distance de Prométhée que la fausse, mais l'attaque d'un angle complètement différent:

- "Les Mandibules d'Acier ! " Les bras de Médée se sont dépliés d'un coup pour frapper Prométhée à l'horizontale avec les tranchants de main. Une giclée de sang s'échappe du cou de Prométhée, et la tête de guerrier, coupée net, se sépare de son buste et chute au sol.


Réalité


Ou du moins, c'est ce qu'a cru voir Canon - tout comme Médée - durant cette fraction de seconde. Il ne tarde pas à s'apercevoir avec stupéfaction que la réalité est toute autre:

Médée se tient toujours devant Prométhée, les pieds décollés du sol. Mais ses deux mains sont arrêtées à quelques millimètres de la gorge du guerrier.

Canon se rend alors compte de la présence d'un aura invisible entourant Prométhée et paralysant Médée, la maintenant en lévitation.

La Céleste tente de se débattre, en vain. L'épaulette gauche de ses plumes finit par exploser sous la pression du cosmos de son adversaire.

La Céleste pousse un cri de rage, et ses yeux se mettent à briller d'une lueur surnaturelle en fixant son adversaire.

Le Regard mortel de la Mante religieuse ! se rappelle Canon. *
* (cf. chapitre 13).

Soudain, Médée pousse un nouveau cri. Mais un cri qui n'a rien à voir le précédent.
Plus qu'un cri, c'est un hurlement.


Hurlement


Un hurlement de douleur. Un hurlement terrible comme Canon n'en avait jamais entendu auparavant. Un hurlement dont la souffrance qui en est à l'origine doit être encore plus atroce. Un hurlement qui lui glace le sang. Qui lui fait peur.

C'est pas vrai ! Il lui a retourné sa propre attaque mentale ! comprend Canon, horrifié.

La souffrance que ressent Médée semble tellement effroyable qu' une pensée aussi soudaine que surprenante s'impose rapidement dans l'esprit du Chevalier des Gémeaux:
Aider Médée. Vite.

Il surmonte inconsciemment sa peur et déclenche par réflexe:

- "L'EXPLOSION GALACTIQUE ! "

Mais en un éclair, Prométhée retourne son attaque sur Canon.

Celui-ci, qui avait prévu une telle éventualité, a reculé d'un bond. Mais il s'y est pris un peu trop tard et est projeté au sol par la souffle de son attaque.

Il parvient néanmoins à se mettre à genoux, la main droite posée sur son bras gauche ensanglanté.

Au loin, il aperçoit au sol le corps immobile et probablement sans vie de Médée. Et face à lui, Prométhée. Debout et indemne.

- "Pitoyable." commente froidement le Guerrier de Japet.

- "Qu'y a-t-il donc de pitoyable, Prométhée ? " demande Canon en se relevant tant bien que mal.

- "Que vous soyez mes adversaires. Elle, une tueuse sans remords. Et toi, l'homme qui alla jusqu'à manipuler les dieux. Héra et Athéna peuvent être fières d'elles ! Elles ont bien réussi ce qu'elles ont voulu faire à ma place ! "

- "De... de quoi parles-tu donc ? " demande Canon.

- "Ne connais-tu donc pas "ma" légende, mortel ? "

- "Hein ? Mais bien sûr, je me souviens : Prométhée qui vola le feu aux dieux de l'Olympe pour en faire don aux hommes. Prométhée qui fut en retour puni par les Dieux et que Zeus condamna à être enchaîné sur une montagne, se faisant dévorer chaque jour par un aigle son foie qui repoussait chaque nuit."

- "Le feu. Belle métaphore, Chevalier, n'est-ce pas ? "

- "Mé...Métaphore ? " s'interrogea Canon à haute voix.

- "Exactement. C'est du feu des dieux qu'il s'agit en réalité, Chevalier Canon."

- "Le feu des dieux ?? ... Non !.... attends... tu voudrais dire...LE COSMOS ?? "

- "C'est cela même."

- "Mais..."

- "Ça suffit ! Je ne vois pas pourquoi je discuterais plus de cela avec toi ! Meurs ! PAR LA FLAMME SACREE ! "

- "L'EXPLOSION GALAC... "

Canon n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Un gigantesque tourbillon de flammes né des mains de Prométhée submergea sa propre attaque et l'emporta sur des dizaines de mètres sans qu'il puisse s'en libérer.

Une chose que Canon aurait cru impossible il y a peu ne tarda pas à se passer: sous l'effet de la chaleur intense régnant à l'intérieur du tourbillon de feu, son armure d'or explosa soudainement.

Puis Canon retomba violemment au sol, le corps couvert de brûlures.

Tout cela n'avait duré qu'une infime fraction de seconde.

- "Tu te relèves encore... " constate Prométhée.

- "Mpff ! Mpff ! Désolé, ...mais j'ai fait une promesse à Gyès." déclare Canon.

- "De toute façon, promesse ou pas, je m'en doutais un peu. Tu as survecu à bien trop de choses pour mourir si brusquement. Enfin.... mourir il y a quelques secondes ou mourir dans quelques secondes..."

Canon se rend compte avec effroi que son adversaire a indéniablement raison. Il est à bout de force, seul et n'a plus d'armure. Attaques mentales et illusions semblent n'être d'aucune utilité face à un tel adversaire. Et ouvrir un passage vers une autre dimension entraînera de retomber aussitôt à la merci de Cronos. Du pur suicide. Mais même s'il sait pertinemment que cela ne changera rien, Canon va malgré tout tenter un ultime assaut. Pour tenir la promesse qu'il a faite à Gyès.

Canon sait parfaitement que Prométhée n'ignore rien de ses intentions. Mais aussi étrange que cela puisse paraître, il le laisse faire.

Sentant la fin de son existence se rapprocher de plus en plus rapidement, Canon décide alors de demander une ultime requête à son adversaire:

- "Puisque l'issue ne fait plus de doute, accepteras-tu de répondre à une question, Prométhée ? "

- "Laquelle, Chevalier ? "

- "Quel est ton passé ? "

- "Mon passé ?! Tu me demandes bien de te dévoiler mon passé ?! " s'exclame Prométhée sur un ton indigné.

- "Oui, ton passé." insiste Canon, sachant qu'il n'a plus rien à perdre.
- "Tu as voulu améliorer le sort de l'humanité, autrefois... et aujourd'hui, tu veux la détruire ?! "

- "Pff... essaierais-tu de me convaincre de rallier ton camp, Chevalier ?..." déclare dédaigneusement Prométhée.

- "Non. Je veux juste comprendre." répond sincèrement Canon.

- "Comprendre ?! Mais, Canon des Gémeaux... tu es une réponse à toi tout seul ! " s'écrie Prométhée avec une fureur à peine contenue.

- "M...Moi ?! "

- "Oui. Toi. Puisqu'il en est ainsi, mortel, écoute donc mon histoire..."


Prométhée


Cela remonte aux lointains temps de la mythologie. A une époque, où les cours du Destin des différentes Terres parallèles du Multivers étaient encore proches.

La bataille contre les Titans s'était achevée il y a longtemps, déjà. Cependant, contrairement aux Titans, ou à Atlas et Ménoetios, Epiméthée et moi-même n'avions été ni enfermés ni punis par les Olympiens, car Zeus pensait que nous avions agi sous l'influence de Japet. Il savait également que j'étais extrêmement ingénieux. Sa curiosité avait donc dû également jouer dans sa décision.

Bien sûr, la plupart des autres Olympiens ne nous considéraient pas très bien ou nous ignoraient. Mais cela nous était égal.


N'étant pas exactement d'origine humaine (contrairement aux Olympiens), j'étais fasciné par cette espèce. Mon désir de les aider à mieux surmonter les épreuves terribles que la vie leur réservait quotidiennement était devenu tel qu'un jour, je demandais la permission à Zeus d'apprendre aux humains à faire apparaître leur cosmos, à retrouver le septième sens qu'ils possédaient autrefois et avaient perdu. Ainsi, leur existence en deviendrait plus supportable, plus intense, plus sensée, même.

Zeus refusa catégoriquement. Bien sûr, la plupart des Olympiens - dont Zeus lui-même - avaient déjà commencé à appliquer mon idée, comme Poséidon avec son fils Triton, ou encore Hadès avec les jumeaux Thanatos et Hypnos, mais Zeus ne voulait pas entendre parler d'un tel phénomène à une échelle plus large, comme je lui avais suggéré.

Il me prévint que si je persévérais, il me punirait sévèrement. Mais mon désir était si intense que je n'en tint pas compte.

Ce qui devait arriver arriva. Zeus tint parole et je devins dès lors un supplicié quotidien.

Malgré tout, je n'étais sur le moment pas révolté par mon sort; j'avais toujours su à quoi je m'exposais. Et puis, je l'avais fait pour le bien de l'humanité...


Mais j'ai déchanté bien vite.


Mais j'ai déchanté bien vite.


Ainsi se coupe - brutalement - le récit de Prométhée.

Celui-ci ne tarde pas à reprendre la parole, la voix courroucée:

- "Je me suis rendu compte bien vite que tous oubliaient mon existence, ou plutôt, préféraient l'ignorer: mes disciples, l'humanité en général, et même Athéna, oui, "ton" Athéna, Canon, la "protectrice de la Terre"..."
- "...Mais ce qui m'a le plus blessé, ce fut de voir comment les hommes étaient devenus mauvais, égoïstes, lâches et corrompus. Même parmi ceux qui auraient dû donner l'exemple, parmi ceux qui maîtrisaient le cosmos, trop nombreux étaient ceux qui se comportaient bien peu honorablement..."
- "Oui, Canon... ce sont les gens comme toi qui m'ont trahi ! Vous êtes les seuls responsables de votre fin !! "
- "A présent, meurs: FLAMME SACREE !! "

Canon, boulversé par les révélations de Prométhée, ne réagit même pas.
Ou trop tard.

Lorsque soudain, alors que les flammes vont l'emporter définitivement, une ombre apparaît devant lui, et reçoit l'attaque à sa place.

- "Médée !! " s'exclame Canon.

Fin du Chapitre 25

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Cette fiction est copyright Hugo Duvergey.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.