Prologue 2 : Séparations


Août 1987 Dans une clinique de la fondation Graad

Deux infirmières discutaient dans la salle de repos.

Infirmière 1 : Au fait Kaori, je viens d'apprendre que tu t'occuperas de la patiente de la 303 à ma place.
Kaori : C'est la première fois que tu laisses tomber un malade Itomi ! Quelque chose de grave est arrivé ?
Itomi : Je dois aller à Kyoto pour enterrer mon père.
Kaori : Toutes mes condoléances.
Itomi : Merci. Bon, il faut que je te mette au courant au sujet de ta future patiente. C'est un cas assez particulier.
Kaori : Qu'est ce qu'elle a ?
Itomi : Sa grossesse est atypique. Elle n'en n'est qu'à cinq mois, mais le foetus s'est développé plus rapidement que la normale. On dirait qu'elle est enceinte de huit mois.
Kaori : C'est vrai que c'est bizarre.
Itomi : Je te préviens aussi que c'est une femme assez autonome. Elle ne supporte pas être servie. Pour qu'elle accepte mes soins, j'ai du lui faire comprendre qu'il fallait qu'elle se ménage pour le bien de son enfant.
Kaori : Ça m'a l'air d'un drôle de numéro.
Itomi : Ce n'est pas tout. Elle a de nombreuses cicatrice sur le corps. Et deux particulièrement imposantes dans le dos. Je les ai vues quand je lui ai fait sa toilette.
Kaori : Que lui est il arrivé ?
Itomi : Je n'en sais rien. Quand je lui ai demandé, elle n'a pas voulu me répondre. Encore une chose, elle ne veut voir aucun homme excepté son mari.
Kaori : Et comment je saurais qui c'est ?
Itomi : Tu le reconnaîtra tout de suite. C'est un charmant jeune homme aux cheveux et aux yeux verts. Il est d'aspect androgyne et la bonté se lit sur son visage. Je suis presque jalouse de cette femme d'avoir épousé un homme comme lui.
Kaori : Je peux savoir leurs noms ?
Itomi : Mais bien sur, où avais je la tête ? La femme s'appelle Shina et le mari Shun.
Kaori : Ce doit être des personnes importantes pour avoir une infirmière particulière.
Itomi : Tout ce que je sais, c'est que ce sont des amis de la princesse Saori.
Kaori : La grande patronne ? J'ai intérêt a ne pas faire de gaffe.



Le lendemain dans les couloirs de la clinique.

Un homme au teint pâle et aux cheveux blancs coiffés à l'iroquoise marchait en regardant le numéro des chambres. Il portait une grande enveloppe sous le bras. Il s'arrêta devant celle marquée 303 et il frappa.

Homme : Shina ? C'est Ichi, est ce que je peux entrer ?
Shina : Bien sur.

Ichi entra dans la chambre les yeux fermés.

Shina : Tu sais, la loi sur le port du masque ne concerne pas la famille. Comme tu es mon beau frère, tu peux voir mon visage. Et puis, il faut que je m'habitue à être regardée par les hommes maintenant que je ne suis plus chevalier.

Ichi hésita. Seiya lui avait dit que Shina était d'une troublante beauté. Il ne voulait pas tomber sous son charme alors qu'il était avec Miho. Mais c'était peut être un bon moyen pour éprouver la véracité de ses sentiments envers sa compagne. Il regarda donc le visage de Shina.

Ichi : C'est vrai qu'elle est très belle plus que Miho même. Cependant, je trouve que Miho a quelque chose en plus. Je crois que c'est de l'innocence. C'est ça. C'est l'innocence de Miho qui m'attire. Au moins maintenant je suis rassuré.
Shina : Je peux savoir ce qui t'emmène ?
Ichi : Je venais déposer des papiers pour Shun. C'est pour sa nouvelle identité.
Shina : Sa nouvelle identité ? Pourquoi faire ?
Ichi : Le tournoi intergalactique a été très médiatisé, nous avons acquis une certaine notoriété et votre intimité risque d'être dérangée par des admirateurs.
Shina : Mais enfin Ichi, cela fait presque huit mois que cette stupide compétition est terminée. Je suis certaine que presque tout le monde vous a oubliés.

La porte de la chambre s'ouvrit et Kaori entra.

Kaori : Bonjour Shina san, je m'appelle Kaori et je remplace Itomi pendant quelques jours.

L'infirmière vit alors Ichi.

Kaori : Je suis désolée monsieur, mais seul l'époux de ma patiente est autorisé à lui rendre visite.
Shina : Ce n'est rien mademoiselle, c'est un ami.
Kaori : Toutes mes excuses, je ne savais pas.
Ichi : Mais vous êtes toute excusée.
Kaori : On ne ce serait pas déjà vu quelque part ? Votre visage m'est familier.
Ichi : Je ne crois pas.
Kaori : Ça me revient ! Vous êtes Ichi de l'Hydre, j'ai assisté à votre défaite face au chevalier du Cygne.

Kaori se retourna rapidement vers Shina.

Kaori : Mais j'y pense, votre mari s'appelle Shun. Vous êtes mariée au chevalier Shun d'Andromède ! Vous en avez de la chance, il est tellement mignon. J'était une de ses plus grandes fans. Je donnerais mon âme au diable pour une mèche de ses cheveux.

Le visage de Shina était rouge de colère. Ses yeux étaient injectés de sang et elle écumait littéralement de rage. Elle n'avait qu'une envie, écorcher vive cette "rivale".
Ichi vit les ongles de Shina s'allonger. Il empoigna Kaori et la fit sortir.

Kaori : Mais qu'est ce qui vous prend ?
Ichi : Je vous sauve la vie. Shina n'est pas une tendre et vous venez de lui dire que vous aimez son mari.
Kaori : Mince, j'ai gaffé.
Ichi : Restez ici, je vais essayer de la calmer.

Ichi rentra à nouveau dans la chambre.

Ichi : J'ai bien cru que tu allais lui sauter à la gorge. Je ne pensais pas que tu avais autant de retenue.
Shina : Soulève la couverture et tu comprendras pourquoi je n'ai pas repeint la chambre avec son sang.

Un peut dubitatif, Ichi s'exécuta. Il fut assez surpris en voyant que les jambes de Shina étaient sanglées à son lit avec les chaînes d'Andromède.

Shina : C'est pour ne pas que je quitte le lit. Quand pourrons nous avoir nos nouvelles identités ?
Ichi : Shun sera le seul à changer de nom. Personne ne te connaît au Japon.
Shina : Il n'y a aucune raison que je doive faire l'effort d'appeler Shun par un autre nom s' il ne le fait pas aussi.
Ichi : Vu comme ça, c'est indiscutable. Tu as une idée pour ton nouveau nom ?
Shina : Mona, c'est le nom de ma mère.
Ichi : Tu as de la chance de te rappeller de son nom.
Shina : J'ai surtout de la chance qu'elle soit encore en vie.
Ichi : Elle, elle est toujours vivante !
Shina : Depuis que j'ai mon armure, je lui ai écrit aussi souvent que possible.
Ichi : Je ne savais pas que le Sanctuaire recevait du courrier.
Shina : Il n'en reçoit pas. Les lettre que j'envoyais était avec un accusé de réception. C'est comme ça que je sais que ma mère vit toujours. La dernière remonte à la semaine suivant notre retour de Paris. S'il te plaît Ichi, ne le dit pas à Shun. Je ne veux pas paraître plus chanceuse que lui.
Ichi : Je serais muet comme une tombe. Je revendrais demain avec les papiers pour ton nouveau nom.
Shina : Quand tu reviendras, j'aurais une lettre à te faire poster. Ce sera ma dernière. Je n'aurais pas la force d'écrire dans le dos de Shun.
Ichi : Shun a de la chance d'avoir une femme aussi attentionnée que toi.

Un cri raisonna derrière la porte.

Kaori : C'est luiiiii. Shun san, un autographe s'il vous plaît.

Shina était sur le point de se lever, quand les chaînes resserrèrent leur étau. Elle soupira de résignation. Ichi sortit pour éloigner Kaori de Shun et surtout de Shina.
Shun parvint à échapper à son admiratrice et pénétra dans la chambre de sa femme. Il affichait une mine sinistre.

Shina : Et bien tu en fais une drôle tête.
Shun : Je commence à me demander si j'ai pris la bonne décision en décidant de nous installer au Japon.
Shina : Ne t'inquiète pas, je saurais me faire à ta notoriété.
Shun : Ma célébrité n'a rien à voir là-dedans. Je me rends compte que je n'avais pas le droit de te déraciner. Je voulais que nous quittions la Sanctuaire, mais nous aurions très bien pu habiter dans le village de Rodorio, dans la campagne grecque ou bien même en Italie. Je n'avais pas t'imposer la destination.
Shina : Écoute moi bien Shun, si nous sommes au Japon c'est que nous étions d'accord pour y vivre ensemble. Et je dit bien nous. Si je ne n’avais pas voulu te suivre, je te l'aurais dit. Même si je suis encore réticente à te parler de mon passé, je serais toujours franche avec toi pour tout ce qui concernera notre avenir.

Les paroles de Shina effacèrent la tristesse de Shun qui lui posa un tendre baiser sur le front.



09/09/1987 Dans la maternité de la clinique.

Il était un peu plus de midi. Douze personnes étaient dans la salle d'attente. Il s'agissait de Ichi, Nachi, Geki, Ban, Jabu, Shiryu, Hyoga, Seiya, Seika, Kiki, Marine et Athéna.
Cela faisait près de deux heures qu'ils attendaient. Ikki n'était toujours pas là, mais tout le monde s'attendait à le voir arriver au dernier moment comme à son habitude. Ichi, Shiryu et Seiya étaient les plus nerveux. Étant déjà en ménage, ils ne pouvaient s'empêcher de se demander si l'accouchement de leur compagne respective serait pareil. Ils auraient aimé qu'elles viennent avec eux, mais Miho s'occupait de l'orphelinat, June était d'astreinte pour l'entraînement des novices, et Shunreï cherchait à localiser les futurs chevaliers d'or grâce à ses pouvoirs qu'elle avait finit par révéler.
Seika était étonnée par le silence qui venait de la salle d'accouchement. Elle avait un vague souvenir du jour où Seiya était né, mais elle était sûre d'avoir entendu sa mère crier pendant le travail.
Athéna était d'un calme olympien. Ce n'était pas la première fois qu'un de ses chevaliers accouchait même si c'était assez rare. Elle se souvint même qu'une de ses réincarnations avait joué le rôle de sage femme. Elle savait donc que le silence de Shina était normal. La douleur de l'accouchement n'était rien face à celle engendrée par l'entraînement, sans compter l'orgueil de la jeune femme. Cependant, c'était la première fois qu'elle voyait le mari rester auprès de sa femme. Elle se rappela qu'il y a mille ans, le chevalier d'or du Lion de l'époque s'était évanoui dés les premières contractions. Deux cent ans plus tard, c'était le chevalier de la Balance qui avait tellement perdu son sang froid, que celui du Verseau fût obligé de l'emprisonner dans un cercueil de glace. En cherchant bien, Athéna se rendit compte que Shun était le premier de ses chevaliers à être aussi calme lors d'un accouchement. Jusque là, tous ces hommes capables de braver la mort et les dieux tombaient des nues quand ils étaient sur le point de devenir père. Elle remarqua que son calme intriguait certain des chevaliers. Elle ne leur avait pas encore annoncé la mort de Saori.
Marine se demandait ce qu'elle faisait là. Seiya avait insisté pour qu'elle vienne en tant que "presque soeur". Elle n'aurait jamais accepté si Seika ne lui avait pas aussi demandé.
Soudain, une monté de cosmos accompagné d'un cri. Puis des pleurs. Shun arriva alors en courant dans la salle d'attente l'air fatigué et les larmes aux yeux .

Shun : C'est une fille!

Tout le monde cria de joie et félicita Shun. Ils étaient tous tellement heureux qu'ils en oublièrent que quelqu'un était absent

Kiki : Mais où est Ikki ?



Le soir au manoir Kido.

Jabu avait proposé de faire une fête en l'honneur de la naissance de Sakura. Shun n'était pas très décidé mais Shina accepta à la seule condition qu'il n'y ait pas une seule goutte d'alcool.
La fête battait son plein. Pour ne pas être dérangée par le bruit, Sakura dormait dans une chambre éloignée sous le regard bienveillant de sa mère. Cependant, l'accouchement l'ayant affaiblie, Shina s'endormit près de sa fille. Peu de temps après, une ombre se glissa dans la chambre et s'approcha de Sakura. C'était Ikki. Il n'était pas venu à l'accouchement car il y avait trop de monde à son goût, mais il voulait absolument voir le bébé. Il se pencha sur le berceau afin de contempler le visage de sa nièce.

Ikki : J'ai l'impression de revoir Shun bébé. Quand je pense que j'ai voulu la tuer il y a quatre mois à peine. Ton père et moi sommes quelques peu brouillés, mais j'espère que nous allons pouvoir recoller les morceaux grâce à toi. Ce cosmos !

Au même moment, dans la salle de réception.

Geki : Est ce que quelqu'un a vu Shun ?
Seika : Il est allé voir sa fille. Je crois qu'on ne le reverra plus de la soirée.

La porte principale explosa sous le choc d'un corps qui fût projeté contre elle. Par réflexe, tout les chevaliers se mirent en garde prêt à embraser leur cosmos. Ils virent ensuite Shun approcher de la personne allongée sur le sol. Il la souleva par ses habits en lambeau et la bourra de coups avec une brutalité inouïe. Toute l'assemblée était effarée de voir Shun réagir ainsi. Lui qui détestait la violence semblait avoir oublié toutes ses convictions. Pour qu'il se comporte ainsi, il fallait que son adversaire ait fait une chose atroce. Toutes les pensées allèrent vers Sakura craignant qu'il ne lui soit arrivé malheur. Kiki reconnu le visage de la victime de Shun.

Kiki : Arrête Shun, c'est ton frère !

Shun saisit à nouveau son opposant par les habits et le défenestra.

Shun : Je n'ai plus de frère.

Ikki était étalé sur l'herbe à deux doigts de perdre connaissance. Il essayait de se rappeler les dernières minutes. Il se souvint avoir été surpris par Shun près du berceau de Sakura. Ce dernier le frappa avant qu'il ai eut le temps de s'expliquer.

Ikki : La réaction de Shun était tout à fait justifiée. Je m'en suis déjà pris à son enfant et il a eu peur que je ne recommence. Si seulement je lui avais demandé de la voir au lieu d'entrer furtivement dans la chambre. J'aurais du surmonter mon dégout de la foule. Maintenant je l'ai perdu pour de bon et je ne peux m'en prendre qu'à moi.

Ikki cracha un peu de sang et s'évanouit

Plus tard dans la soirée.

La fête touchait à sa fin, Jabu monta sur un chaise et fît une annonce.

Jabu : Mes chers compagnons d'arme et déesse, malgré un petit incident, cette soirée a été un succès. Mais nous ne sommes pas uniquement là pour fêter la venue au monde de Sakura. Si nous somme réunis ce soir c'est pour dire un dernier au revoir à Shun et Shina Kido ainsi qu'une longue et heureuse vie à Jubeï et Mona Doki.
Tous : A Jubeï et Mona Doki !

Chapitre précédent - Retour au sommaire - Chapitre suivant

www.saintseiya.com
Cette fiction est copyright Benjamin Gelbard.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.