Chapitre 5 : Le Prix De La Mort


Les chevaliers étaient à présent en possession de quatre des neuf clés nécessaires à l'ouverture de la porte menant à l'autel d'Hermès. Usul, qui se trouvait face au messager Draven du corbeau en compagnie de Gengar et Dougros, avait celle d'Aichairi, le messager de l'Aigle. Tori s'était emparé de celle d'Harpaye de la buse, et Kahn venait d'obtenir les deux clés que possédait Welbeck du vautour, qui était entré en possession de celle de Strigi de la chouette en tuant Articuno qui venait de s'en emparer.

*

Tori parcourait le labyrinthe depuis plusieurs minutes, mais les couloirs se ressemblaient tous, il n'avait pas l'impression de progresser. Ne sachant plus dans quelle direction aller, il errait au hasard, espérant que chaque porte franchie le rapprocherait d'un messager d'Hermès.

Il se demandait ou en étaient les autres. Il avait quitté par erreur Kahn et Gengar lorsqu'Usul avait vaincu le messager Aichairi de l'aigle. Il espérait qu'ils avaient réussi à se retrouver afin de pouvoir combattre ensemble. Les messagers étaient plus forts qu'il ne l'avait pensé au premier abord, trop forts pour de simples chevaliers de bronze. Lui-même avait eu des difficultés à vaincre le messager de la buse, pourtant il était loin d'être un simple chevalier de bronze… il fallait espérer qu'Harpaye était parmi les messagers les plus puissants, car sinon ils ne pourraient s'en sortir sans subir de lourdes pertes.

A moins qu'il ne se charge lui-même de tous les messagers… mais c'était impossible. S'il agissait ainsi, les autres ne tarderaient pas à se poser des questions. Même Usul, son compagnon d'entraînement durant de longues années, ne connaissait pas sa véritable nature. Seul son maître Bao, le chevalier d'or de la vierge, était au courant. C'était d'ailleurs lui qui avait révélé à Tori ce qu'était réellement l'armure du tigre. Tori le soupçonnait de posséder une deuxième armure en plus de celle de la vierge, du même type que l'armure du tigre, mais il n'avait jamais pu en être certain.

D'une manière générale, Bao était un homme secret. Il connaissait ce qui était caché tout en empêchant que ce soit découvert. Que ce soit à propos de l'armure du tigre où du visage d'Oon, le frère d'Usul, qu'il avait ordonné de masquer, nul autre que l'intéressé ne savait ce que connaissait Bao. Il avait tu pendant des années son rang de chevalier d'or à ses propres disciples, et qui sait ce qu'il dissimulait encore aux regards extérieurs ?

Tori était plongé dans ses réflexions lorsqu'en ouvrant une porte, il découvrit Kahn, debout devant le cadavre d'un messager, tenant deux clés dans sa main. Un sourire illumina le visage du chevalier du tigre : si le chevalier de l'ours avait pu vaincre deux messager, cela signifiait qu'ils avaient une chance de s'en sortir sans aucun perte ! Mais la joie fut de courte durée, retombant lorsque le regard de Tori se posa sur le corps sans vie d'Articuno. Kahn lui expliqua la situation. Articuno avait éliminé Strigi avant de se faire tuer par Welbeck. Le chevalier de l'ours avait découvert son corps, puis il avait tué le messager du vautour.

Ce que redoutait Tori était arrivé. Un chevalier était déjà mort, et d'autres le rejoindraient s'il ne les retrouvait pas.

*

Usul faisait face à Draven du corbeau, qui s'était arrêté en l'entendant crier. Après la surprise qui l'avait forcé à crier le nom de sa sœur, il avait repris le contrôle de ses émotions.

" Ne bouge plus, messager. Tu ne tueras pas ce chevalier avant de m'avoir vaincu. Gengar, enchaîna-t-il en se tournant vers le chevalier du lynx, laisse moi ce combat. Le chevalier qui est étendu là-bas est Oon, mon frère que je croyais disparu. Je désire donc le venger personnellement. Quand à toi Dougros, dit-il en regardant le guérisseur sacré, je te demande de bien vouloir t'occuper de ma... de mon frère. "

Le contrôle que le chevalier du dragon exerçait sur lui-même n'était finalement pas aussi efficace qu'il ne le pensait. Il avait failli dire " ma sœur ", ce qui n'aurait pas manqué de susciter la curiosité des personne présentes. Le choc émotionnel, lorsqu'il avait reconnu sa sœur, avait été d'une extrême violence. Il aurait voulu se laisser submerger par cette vague d'émotion, aller voir sa sœur, lui parler, mais avant cela il devait faire quelque chose. Ce messager devrait payer pour ce qu'il avait fait. Et le prix serait la mort.

*

Les deux chevaliers étaient partis à la recherche des autres. Ils avaient laissé le corps d'Articuno sur place, se promettant de revenir le chercher afin de lui offrir une sépulture décente aussitôt qu'ils en auraient terminé.

Ils avançaient de couloirs en couloirs, ouvrant toutes les portes qu'ils trouvaient, ne perdant pas de temps à réfléchir à la meilleure direction à prendre. Leur but était d'avancer, de retrouver les autres avant que le drame qui avait coûté la vie du chevalier de l'oiseau de paradis ne se reproduise.

Mais les raisons qui les poussaient à vouloir retrouver leurs compagnons étaient, bien que semblables, réellement différentes en profondeur.

Kahn, le chevalier de l'ours, ne doutait pas de la victoire finale. Bien que les messagers aient déjà tué un chevalier, il pensait que les envoyés d'Athéna triompheraient facilement de cette bataille. Quelques dizaines de minutes plus tôt, il aurait considéré que c'était une mission et non une bataille, mais depuis la mort de son compagnon, la nature du conflit avait changé. Il ne s'agissait plus seulement de contrecarrer les plans meurtriers d'Hermès, mais également de venger leur ami mort au combat. Et ce qu'il voulait, c'était participer à l'obtention de la victoire finale. Pour Articuno.

Pour Tori, la situation était différente. Depuis son combat contre le messager Harpaye de la buse, il savait qu'il ne fallait pas sous-estimer les guerriers d'Hermès. Un simple chevalier de bronze n'aurait pas survécu à cet affrontement. Et il restait probablement des messagers encore plus forts à combattre. Ces messagers, il ne pouvait se permettre de les laisser à ses compagnons. Ils ne devaient pas mourir. Pas tout de suite en tous cas. Et la seule solution pour éviter un carnage, c'était qu'il fasse lui-même ces combats, les autres n'avaient aucune chance. La seule chose qui le rassurait, c'était que Dougros était avec eux. Il pourrait guérir les blessures les plus grave et permettre aux chevaliers de tenir plus longtemps. Mais pas éternellement.

Soudain, le chevalier de l'ours s'arrêta, tombant à genoux sur le sol. Cela ne dura qu'une seconde puis il se releva, les yeux hagards. Il avait senti une grande partie de son énergie se vider d'un seul coup, puis il était revenu à la normale.

*

" Son énergie vitale est extrêmement basse. Cela me prendra plusieurs minutes pour... le soigner. "

Dougros avait pris la tête de Oon entre ses mains, injectant directement le flux énergétique dans le cerveau, le système nerveux se chargeant de le transmettre dans tout le corps.

Il tourna la tête vers ses compagnons, et eut la surprise de les voir tomber à terre tels des marionnettes à qui on aurait coupé les fils. Ils se relevèrent presque immédiatement, étonnés de ce qui venait de leur arriver. Dougros pensa immédiatement à ce qui s'était produit dans un couloir alors qu'il était en compagnie de Gengar. Il s'adressa aux deux chevaliers :

" Il m'est arrivé quelque chose de semblable tout à l'heure. J'ai l'impression qu'il n'y a pas eu de conséquences.
- Oui, je me souvient, répondit le chevalier du lynx. Tu es tombé d'un seul coup. "

Usul s'adressa au messager du corbeau :

" Est-ce là une de tes attaques, messagers ? à moins que ce ne soit celle de l'un de tes semblables ?
-Je ne sais absolument pas ce qui vous est arrivé. Mais je sais ce qui va vous arriver. La mort. "

Ramenant son coude en arrière, Draven concentra son énergie dans son poing avant de lancer son coup vers son adversaire. Gengar vit l'énergie phénoménale dégagée par l'attaque envelopper le chevalier du dragon, le masquant à sa vue durant plusieurs secondes. Il réapparu lorsque l'attaque se dissipa. Il avait un genou à terre, le bouclier du dragon protégeant sa tête, le poing droit serré et prêt à frapper. Un sourire en coin se dessina sur son visage :

" Tu m'as l'air d'être beaucoup plus puissant que le messager de l'aigle. Mais cela ne suffira pas. Je te tuerais pour ce que tu as fait à mon frère. "

Dépliant ses jambes d'un seul coup, il se jeta sur son adversaire, concentrant toute sa rage dans son poing, dans le coup qu'il allait porter à celui qui avait frappé Alia, criant de toute sa hargne la colère qui l'énervait :

" Que la colère du dragon te terrasse ! "

Le coup vint frapper le messager du corbeau au niveau du foie, le faisant reculer d'une vingtaine de centimètres avant de le faire s'effondrer au sol.

Le coup avait été violent et avait surpris le messager, mais pas suffisamment pour lui causer de réels dommages. Il se releva rapidement et, dirigeant son regard vers Usul, qui avait repris une posture de combat, le poing droit prêt partir et le bras gauche en garde.

" Félicitations, chevalier. Tu n'es que le deuxième à avoir réussi à me renverser ainsi. Le premier est mort... enfin pas encore, mais il le sera juste après toi.
Que le vol noir du corbeau t'anéantisse ! "

Des vagues d'énergie déferlèrent sur Usul, qui parvenait tant bien que mal à se protéger avec son bouclier. Il reculait cependant de quelques centimètres à chaque seconde, et se demandait s'il pourrait résister longtemps à une telle pression, lorsque Draven détourna son bras, ainsi que les vagues d'énergie, vers l'un des cotés de la pièce.

Le chevalier du dragon fut soulagé une fraction de seconde de n'avoir plus à subir cette attaque, lorsqu'il vit vers où elle était maintenant dirigée. Dougros était à terre, apparemment blessé, et Alia n'était plus visible, les vagues d'énergie qui se concentraient sur elle la masquant aux yeux des chevaliers.

" Vois chevalier, je ne m'embarrasse jamais à essayer d'atteindre un ennemi que je ne peux toucher. Certaines fois, il est plus facile de détruire quelqu'un par des moyens indirects. C'est bien ton frère n'est-ce pas ? Et bien il va mourir et tu le rejoindras juste après.
- Nooon ! Fils de pute ! je vais te tuer connard ! Aaaarrgghh ! "

La colère envahissait Usul, lui faisant peu à peu perdre l'usage de ses sens et de sa pensée, l'unique chose le préoccupant à présent était l'annihilation totale de son ennemi. Son énergie atteignit un niveau jamais vu par les personnes se trouvant dans la pièce, dépassant de loin les limites de simples chevaliers de bronze.

Mais cela n'intéressait pas Usul qui, ayant perdu conscience de tout ce qui l'entourait excepté son ennemi, laissait sa rage l'envahir et lui donner une énergie qu'il ne soupçonnait pas en lui-même.

Il ne vit pas Tori et Kahn entrer dans la pièce, n'entendit pas son ami d'enfance murmurer :

" Mon dieu... lui aussi... "

Il se contenta de laisser exploser sa rage, la concentrant uniquement vers son ennemi. Puis perdit conscience.

*

Tori se précipita vers le chevalier du dragon tandis que Dougros faisait de même vers Alia, qui gisait allongée à terre. Le guérisseur de l'ajonc, voyant que la sœur d'Usul n'était plus masquée par sa cape, la ramena sur elle afin d'éviter que les autres ne la voient. Il avait senti qu'il s'agissait d'une femme dès qu'il avait commencé à utiliser ses pouvoirs pour la soigner, mais avait décidé de n'en rien dire. Si Usul ne voulait pas le révéler, il devait avoir de bonnes raisons. Ne serait-ce que le fait qu'Athéna n'acceptait aucune femme dans son armée. Après tout, même si elle était une femme, elle devait être un excellent combattant, pour avoir survécu aux attaques du messager du corbeau et, d'après ce que Draven lui-même avait dit, réussi à le mettre à terre. Le messager avait pourtant donné la preuve de sa puissance, juste avant qu'il ne soit terrassé, par on ne sait quel miracle, par Usul.

Tori ne savait que penser de ce dont il venait d'être témoin. Si Usul avait pu entrer dans cet état, c'est qu'il avait quelque chose de commun avec lui. L'armure du dragon était-elle du même type que celle du tigre ? impossible, il existait bien une constellation du dragon... ou alors cela venait uniquement d'Usul lui-même ? cela paraissait difficile à croire. Quoique, il avait reçu de Bao le même entraînement que lui. Décidément, Bao gardait bien des secrets.

Kahn et Gengar, quand à eux, avaient eu tous deux le regard attiré par la même chose : au centre de la pièce, se tenait, dans la même position qu'avant l'attaque d'Usul, l'armure noire du chevalier du corbeau. A l'intérieur se trouvait le squelette de son propriétaire, dont la chair avait été totalement anéantie par la formidable décharge d'énergie du chevalier du dragon. Gengar alla décrocher la clef se trouvant à sa ceinture, et alla la placer dans la main du chevalier du dragon qui gisait à terre inanimé.

" Il l'a mérité, dit-il en referment les doigts du chevalier inconscient."

*

Alia reprit conscience après près d'une demi heure de soins de Dougros, dont les blessures réduisaient l'efficacité. Lorsqu'elle se leva, sa grande cape recouvrait intégralement son corps, masquant ses formes féminines aux regards des chevaliers. Les retrouvailles avec Tori ne furent pas extrêmement réjouissantes, Usul étant toujours étendu à terre inconscient.

Les quatre chevaliers ainsi que le guérisseur étaient rassemblés autour du chevalier du dragon, attendant son réveil. Dougros avait avoué qu'il ne pouvait rien pour lui, ne pouvant guérir que les blessures physique, et la cause de l'inconscience d'Usul étant uniquement l'énorme perte d'énergie qu'il avait subi.

Alia / Oon avait raconté vaguement ce qui lui était arrivé depuis sa disparition de Chine deux ans plus tôt. La veille du jour de l'épreuve d'obtention des armures, ne pouvant s'endormir, elle était sortie regarder les étoiles. Quelques heures plus tard, elle se trouvait au nord du continent africain, près de la mer méditerranée. Elle ne savait pas exactement ce qui s'était passé entre temps, ce voyage s'étant déroulé comme dans un rêve flou et brumeux. Elle s'était vue transportée sur le dos d'une licorne, mais pensait que cette scène n'était que le fruit de son imagination.

En se réveillant le lendemain, elle était à proximité d'une arène où se déroulait le tournoi d'obtention de l'armure de la licorne. Elle demanda à y participer, ce qui fut accepté après qu'elle eut brisé un rocher à main nues. Elle remporta l'épreuve, puis partit vers l'ouest, traversa vers le nord l'endroit où se mélangent la mer et l'océan, puis contourna la méditerranée pour arriver en Grèce, au sanctuaire, ainsi que celui qui lui avait donné son armure le lui avait dit.

Au service du sanctuaire, elle accomplit pendant un peu plus d'une année diverses mission mineures avant d'être envoyée, avec trois autres chevaliers de bronze, chez Hermès, à la suite de l'attaque du temple d'Asclépios. Ils n'avaient trouvé personne dans le hall d'entrée, et étaient entrés dans le labyrinthe. L'un des chevaliers avait trouvé la mort avant la rencontre avec Draven, les deux autres avaient continué. N'ayant pas eu droit aux explications d'Aichairi, ils avaient pensé que le labyrinthe les mènerait directement à Hermès, et s'étaient donc plus préoccupés d'avancer que de combattre.

Lorsqu'ils avaient rencontré Draven, Alia avait décidé de le combattre seule afin de permettre aux autres d'avancer. L'un des coups du messager du corbeau l'avait assommée, et elle avait du rester inconsciente durant plusieurs jours avant qu'Usul, Gengar et Dougros n'arrivent.

Usul ouvrit les yeux tout à coup, reprenant peu à peu conscience tandis que son énergie revenait. Alia aurait voulu que leurs retrouvailles soient un peu plus chaleureuses, mais le temps n'était pas encore venu de laisser éclater leur joie. Ils auraient tout le temps après avoir terminé cette mission.

Tori le prit à part afin de lui demander comment il avait fait pour se débarrasser du messager du corbeau. Il fallait qu'il sache si l'armure du dragon était réellement similaire à celle du tigre, où si Usul n'était entré dans cet état que sous le coup de la colère qui l'avait envahi. Auquel cas cela signifierait que... qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ? que le seul fait d'avoir subi l'entraînement de Bao avait suffi à faire de lui son équivalent ? pourtant l'entraînement n'avait porté que sur les techniques de combat classiques de la chevalerie... où bien Usul avait-il espionné l'entraînement spécifique du chevalier du tigre afin de reproduire ses techniques ? cela n'était pas impossible, mais ce n'était pas le genre du chevalier du dragon.

La réponse d'Usul ne lui fut pas très utile. A partir du moment où le messager avait commencé à frapper Oon, il ne se souvenait de rien jusqu'à son réveil. Cela pouvait être un mensonge, mais Tori ne pouvait pas le vérifier.

Ayant déjà perdu énormément de temps dans la chambre de messager du corbeau, ils décidèrent de se séparer en deux groupes afin de réunir plus rapidement les quatre clés restantes. Tori proposa de rester avec Kahn et Gengar, l'autre groupe étant composé d'Usul, Oon et Dougros. Les autres ne trouvèrent rien à redire, pensant que cette répartition en valait bien une autre. Mais il n'avait pas choisi au hasard, se mettant avec deux des chevaliers apparemment les moins puissants. Il pourrait ainsi les protéger en cas de rencontre avec un messager trop puissant.

De l'autre coté, Usul avait prouvé qu'il était capable de dégager une puissance exceptionnelle. Et même s'il n'arrivait pas à contrôler son utilisation, Dougros pourrait les guérir en cas de blessures. Ce plan n'était pas parfait, car le chevalier du tigre aurait préféré qu'ils restent tous ensemble pour plus de sécurité, mais le problème était que le temps jouait certainement contre eux. Ils jouaient l'issue de la bataille à quitte ou double.

*

Après un peu plus d'une vingtaine de minutes d'errance au milieu du labyrinthe, Tori, Kahn et Gengar débouchèrent enfin sur une pièce occupée par un messager. Debout au milieu de la pièce, il portait une armure noire et blanche, dotée de grandes ailes noires déployées de chaque coté. Il regarda les trois hommes qui venait d'entrer puis prit la parole.

" Il paraît que les chevaliers d'Athéna combattent toujours dans les règles de l'honneur, et veillent par exemple à ne jamais se batte à plusieurs contre un. Je suppose donc que je vais commencer par combattre l'un d'entre vous. Qui veut être le premier candidat ? Lequel d'entre vous sera ma première victime ?
- Je serais ce premier adversaire, répondit Gengar. Mais je crains fort d'être également le dernier. Laissez moi me présenter, je suis Gengar, chevalier du lynx au service d'Athéna, et voici Kahn et Tori, respectivement chevaliers de l'ours et du tigre.
- Est-tu certain de vouloir combattre le premier, lui demanda Tori ?
- Je n'ai pas encore combattu. Je suis certainement le moins fatigué d'entre nous. Et je veux faire ma part du travail. "

Tori se garda bien de le contredire. Il le laissa faire selon son désir, se disant que si le combat tournait mal, il serait toujours temps de lui prêter main forte. Le messager reprit la parole :

" Très bien, Gengar, tu sera le premier à avoir l'honneur de me combattre. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas eu droit à un vrai combat. La dernière fois, c'était contre un des foudroyeurs de Zeus, qui s'était révolté et avait quitté le palais de l'olympe et à qui je devais porter un message disant de revenir sous peine de représailles. Il a refusé et m'a attaqué. Il ne m'a pas fallu longtemps pour l'éliminer de la surface de la terre et ramener son armure en olympe. Au fait je ne me suis même pas présenté. Mon nom est Gal, je suis le messager de la pie, assigné aux communications de Zeus. Vous savez certainement que chaque messager se charge des communications avec l'un des douze dieux principaux ? le chevalier de la pie est affecté au dieu suprême depuis fort longtemps. Au départ c'était le messager de l'aigle qui s'en chargeait, mais lors d'une guerre s'étant déroulée il y a plusieurs siècles, les places ont été échangées, c'est d'ailleurs une anecdote très intéressante, qui s'est déroulée lors de pourparlers entre les représentants de Déméter et de....
- On s'en fout. On est juste venu chercher la clef que tu portes à ta ceinture, on n'est pas ici pour t'entendre raconter ta vie. Alors on peut le commencer ce combat, on a autre chose à faire ?
- Oh mais tu a l'air pressé. Pourquoi tant de hâte ? tu veux donc tellement mourir ? le foudroyeur dont je vous ai parlé tout à l'heure était comme ça aussi. Il m'a d'abord demandé de me taire avant de m'attaquer. En fait il m'a attaqué juste quand je lui expliquait mon rôle exact au sein de la hiérarchie des messagers d'Hermès, et pourquoi c'était moi qui était chargé de lui transmettre son message. Mais il était quand même moins impatient que vous, puisqu'il a écouté jusqu'au moment où l'envoyé de Déméter disait à son interlocuteur que...
- Ta gueule ! que la griffe du lynx te déchire ! "

*

A peine Usul, Alia et Dougros s'étaient-ils séparés de Tori, Kahn et Gengar, que Dougros leur demanda de s'arrêter pour parler :

" Je dois vous dire quelque chose. Lorsque j'ai utilisé mes pouvoirs pour te soigner, Oon, j'ai bien senti que tu n'étais pas un homme. Je n'ai rien dit car je ne pensais pas qu'il serait utile que tout le monde le sache, mais je suppose que nous savons tous les trois ce qu'il en est. Je voudrais donc vous demander, pourquoi une femme combat-elle pour Athéna masquant son identité ? Athéna ne refuse-t-elle pas la présence de femmes parmi ses chevaliers ?
- Je... Il faudra d'abord que tu me promettes une chose. Tu ne dois en aucun cas reveler mon identité aux autre. Même Tori, aux cotés de qui j'ai subi mon entraînement, n'est pas au courant.
- Si j'avais l'intention de parler, j'aurais demandé des explications tout à l'heure, lorsque tout le monde était présent.
- D'accord. Voici mon histoire. Je m'appelle en vérité Alia. Je suis la sœur d'Usul. Seul Usul et notre maître Bao sont au courant de mon identité. Nous sommes arrivés à Rozan après avoir traversé à pieds une bonne partie de la chine, suite au massacre de notre village par une bande de pillards. Pas des pillards ordinaires, ils portaient des armures noires. C'est pour les retrouver et venger notre famille que j'ai décidé de devenir chevalier. C'est notre maître qui m'a ordonné de porter ce masque. Il m'a prise comme disciple après que j'ai passé les épreuves qu'il imposait avec succès. Je pense qu'il était curieux de savoir jusqu'où je pourrais aller. J'ai subi l'entraînement dans son intégralité, et la suite je l'ai racontée tout à l'heure.
- Je comprends. Mais ça m'étonne quand même que votre maître ait accepté de te prendre comme disciple. Il ne doit pas être un chevalier ordinaire.
- tu as raison, il n'est pas vraiment ordinaire, intervint Usul. "

*

Tori surveillait le combat de Gengar, prêt à intervenir si le messager prenait dangereusement le dessus. Pour l'instant cela n'était pas le cas, les puissances respectives des deux adversaires avaient l'air plus ou moins égales. De temps en temps l'un des combattants envoyait l'autre au tapis violemment, mais rien qui ne fut vraiment grave où mortel.

A ses côtés, Kahn observait également le combat, attentif au moindre signe de faiblesse de la part de l'un où l'autre des combattants, essayant de percer les secrets des techniques utilisées de part et d'autre du combat.

Tout en combattant, le messager parlait à son adversaire, le comparant sans cesse à ceux qu'il a précédemment combattu.

" Tu n'es pas mauvais, chevalier. Rares sont ceux qui ont tenu aussi longtemps contre moi. Je me souviens notamment d'un apprenti général de Poseidon, à qui je devais porter un message de la part d'un foudroyeur qui voulait en faire son disciple. Suite à son refus et à un geste malheureux qu'il a eu contre moi, j'ai été forcé de l'éliminer. Il était fort, notre combat a duré près de quatre heures, je comprend celui qui voulait en faire son disciple. Il n'avait largement pas le niveau pour devenir un jour général, mais il aurait été puissant parmi les amiraux où les lieutenants.
- Je me fout de tes histoire, messager de malheur ! tu m'énerves, que la griffe du lynx te déchire ! "

Tori fut étonné par la rapidité du geste de Gengar. Il avait déjà utilisé cette attaque plusieurs fois, mais jamais avec une telle violence. Apparemment le messager fut aussi étonné, voyant la main du chevalier s'approcher de son cou et lui sectionner la trachée et l'œsophage. Il tomba à genoux, le sang coulant sur son armure, et jeta un coup d'œil vers celui qui venait de le tuer.

Gengar, croisant son regard, lui chuchota une phrase que ni Tori ni Kahn ne purent entendre :

" Cette fois, tu vas te taire. "

Ce furent les derniers mots qu'entendit Gal de la pie.

*

Il s'était bien écoulé une heure depuis qu'Usul, Alia et Dougros avaient quitté Tori, Kahn et Gengar, lorsqu'ils entrèrent enfin dans la chambre d'un messager.

La surprise fut de taille lorsqu'ils virent la personne qui se tenait au centre de la pièce. Vêtue d'une armure blanche étincelante, dotée de deux immenses ailes couleur de neige déployées de part et d'autre, une femme les regardait, assise sur le sol dans la position du lotus.

" Soyez les bienvenus, chevaliers. Mon nom est Euphore, je suis la messagère de la colombe au service d'Hermès. Je suppose que vous venez chercher ceci, dit-elle en ouvrant la main, dans laquelle se trouvait une clef d'une blancheur immaculée. Je suis désolée de ne pouvoir vous la laisser. Si vous la voulez, il va falloir me combattre. Mais je crois savoir que les chevaliers d'Athéna ont la réputation de refuser de se battre contre une femme... si c'est le cas, vous allez vous priver de la victoire finale... alors, y en a-t-il un parmi vous dont le sens de l'honneur est si limité qu'il peut se permettre de me combattre ? "

Alia s'avança vers Euphore, tournant le dos à Usul et Dougros. Elle ôta son masque, un sourire se dessinant sur ses lèvres, tandis que l'étonnement apparaissait sur le visage de la messagère.

" Tu... tu es une femme, murmura Euphore...
- Et maintenant je dois te tuer. "

Alia replaça son masque sur son visage et se mit en position de combat. Usul et Dougros restaient en retrait. Usul aurait voulu combattre à la place de sa sœur, mais Euphore avait raison : il n'avait pas le droit de combattre une femme. Le souvenir de l'un de ses premiers combats lui revint en mémoire.

Il venait d'être sacré chevalier, et avait entreprit avec Tori de traverser l'Asie et l'Europe pour se rendre au sanctuaire. Ils s'étaient arrêtés dans les ruines du village où il avait passé son enfance. Là, ils avaient combattu deux amazones d'Artémis : Danaé et Admété. A la suite d'une ruse d'Usul, Danaé avait tué Admété. Usul se sentait responsable de cette mort, et ne se sentait plus capable de combattre une femme. Même s'il n'avait pas l'intention de la tuer.

Alia avait pris l'initiative du combat. Elle avait couru vers son adversaire, puis avait lancé son attaque en sautant, le pied en avant :

" Par le galop de la licorne ! "

Elle distribuait des coups sur tout le corps d'Euphore, son pied bougeant à une vitesse telle qu'il était impossible de distinguer chaque coup. Elle en donna une centaine avant de retomber sur le sol, un genoux à terre, environs un mètre derrière la messagère.

" Pas mal. Mais il faudra plus que ça si tu veux me toucher. J'ai pu parer chacun de tes coups sans problème. A ton tour de voir ce que je peux faire. Tu dois être au courant du fait que la colombe est un symbole de paix... je déteste faire souffrir. C'est pourquoi mes techniques de combat sont purement spirituelles.... goûte un peu ça : par la morsure de Morphée ! "

La messagère tendit ses mains ouvertes vers Alia, dégageant une onde énergétique se dirigeant à une vitesse phénoménale vers Alia. Celle-ci réussit à se dégager en roulant sur le coté, puis attaqua encore une fois Euphore. Sautant sur son adversaire juste avant que celle-ci ne stoppe son attaque, elle parvint à lui donner un coup de pied au niveau du cœur, qui glissa cependant sur l'armure blanche tandis que la messagère se tournait pour éviter le coup.

" Bien joué, tu as réussi à me toucher. Mais c'est largement insuffisant pour me vaincre. Reçoit donc ceci : par la morsure de Morphée ! "

Comme précédemment, Euphore dirigea ses mains vers Alia, qui sauta pour éviter le coup. Mais la messagère avait prévu la parade, et ses mains suivirent le mouvement d'Alia, qui dut s'appuyer sur un mur pour sauter dans une autre direction pour éviter le coup. Ce pendant, au moment où elle se pensait hors d'atteinte de l'attaque, Euphore sépara ses deux mains, créant ainsi deux ondes énergétiques différentes, qui encerclèrent Alia avant de la frapper de plein fouet.

Le chevalier de la licorne s'effondra à terre, inconscient. Euphore continuait à diriger son attaque vers Alia, lorsque la vague d'énergie fut tout à coup bloquée à mi-chemin entre les deux femmes, venant s'écraser contre le bouclier du dragon :

" Je... Je ne te laisserai pas faire du mal à ma sœur... Dougros... essaie de la sauver... encore une fois... je t'en prie...
- J'ai l'impression que cette attaque n'est pas assez puissante pour traverser ton bouclier. Tant pis pour toi. Tu sais, j'ai menti tout à l'heure quand j'ai dit que mes attaques ne faisaient pas souffrir. Ma technique la plus puissante est faite de souffrance et de mort. Et tu vas la subir. A moins que tu ne cesses de t'interposer, et que tu me laisse terminer ce combat.
- Jamais. Je ne te laisserai pas la tuer.
- Dommage pour toi. "

Euphore stoppa son attaque puis modifia légèrement sa pose, avant d'envoyer une deuxième vague énergétique bien plus puissante :

" Mortels tourments ! "

L'attaque traversa instantanément le bouclier, venant frapper le corps du chevalier du dragon directement au travers de son armure.

Usul sentait son sang bouillir à l'intérieur de ses veines. Il sentait ses organes internes se liquéfier. Il aurait voulu crier, se laisser tomber au sol, s'abandonner à la douleur, mais il sentait sa sœur derrière lui, et devait tenir pour ne pas que l'attaque la touche. Il sentait également Dougros, qui était venu se placer à coté d'elle, et qui lui transmettait son énergie afin qu'elle revienne à la conscience.

Il sentait l'attaque entrer en lui de plus en plus profondément, et doutait de pouvoir tenir beaucoup plus longtemps. Pourtant il le fallait.

Alia revint à elle tout à coup. La première chose qu'elle vit était son frère, hurlant sa douleur, juste devant elle. Au moment précis où l'attaque de la messagère de la colombe traversa le corps d'Usul, emportant avec elle les intestins et le foie d'Usul, Alia prit appuis sur Dougros pour sauter vers Euphore, éloignant du même coup le guérisseur de l'ajonc de l'endroit où frappa l'attaque de la messagère. Le pied du chevalier de la licorne traversa la tête de la messagère, pénétrant de haut en bas entre les deux yeux et ressortant en bas de la nuque, entre les omoplates. Alia lui avait fait payer le prix de la mort de son frère. Mais cela ne suffisait pas. Des larmes coulèrent sous son masque tandis qu'elle dirigea son regard vers le cadavre d'Usul, gisant à terre éventré, lui qui venait de se sacrifier pour lui sauver la vie.

Chapitre précédent - Retour au sommaire - Chapitre suivant

www.saintseiya.com
Cette fiction est copyright Ronan Leroy.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.