Chapitre 6 : Confrontation


Je tuerais tous les messagers…

*

Le chevalier ne pouvait rien faire face à cet adversaire. Trop rapide. Comment pouvait-il donner autant de coups à la seconde ? Ce messager à l'armure multicolore n'était pas très puissant en force brute, mais le nombre de coups enchaînés le rendait très dangereux.

Lorsque le chevalier était arrivé au temple d'Hermès avec ses compagnons, ils n'était pas préparés à ce qui les attendaient. La mission aurait du être pacifique, les ordres étaient juste de savoir pourquoi Asclépios avait été attaqué. Mais cela ne s'était pas déroulé comme prévu. A présent presque tous ses compagnons étaient morts, et il était le prochain sur la liste. Peut-être même le dernier.

Alors qu'ils n'étaient plus que deux, ils avaient été séparés. Et depuis quelques minutes, la cosmo-énergie de son compagnon avait baissé jusqu'à n'être plus décelable. Avec la distance, et en prenant en compte le fait que le labyrinthe d'Hermès agisse étrangement sur la perception des cosmo-énergies, les masquant parfois et modifiant leur direction la plupart du temps, il se pouvait qu'Oon fusse toujours en vie. Mais il n'y croyait pas.

Les deux autres étaient déjà morts, et lui-même n'allait pas tarder à les rejoindre. Les messagers étaient réellement plus forts que des chevaliers de bronze. Un seul chevalier d'argent les aurait tous tués sans aucun problème, mais les quatre chevaliers qui avaient été envoyés au temple d'Hermès faisaient partie de la plus basse classe de la chevalerie.

Si seulement Athéna avait pris la menace un peu plus au sérieux ! Mais il était maintenant trop tard. Tout ce qu'il pouvait encore faire, c'était tenter d'emporter ce messager avec lui en enfer. Pour cela, il avait décidé de lancer son attaque lorsque son adversaire lui donnerait le coup de grâce. Avec les deux jambes brisées, il ne pouvait pas s'approcher suffisamment, donc il devait attendre que l'autre vienne à lui. Ce qu'il ferait à coup sur lorsqu'il voudra l'achever.

Sentant que son adversaire ne voulait plus se débattre, le messager décida de porter le coup fatal. Il s'approcha lentement du chevalier à terre, lorsque soudain la voix de celui qu'il croyait agonisant retentit :

" Par le météore de Pégase ! "

Le messager esquiva l'attaque en se déplaçant sur le coté, puis lança à son tour son poing.

" Et merde, raté. " furent les dernières pensées du chevalier de bronze avant qu'il ne perde conscience.

*

Dar était satisfait. Il s'était débarrassé de l'un des chevaliers d'Athéna venus contrer les plans d'Hermès. Les ordres étaient de les empêcher à tout prix d'obtenir les clés nécessaires à leur rencontre avec Hermès. Et comment mieux empêcher quelqu'un de faire quelque chose qu'en le privant de sa vie ?

Cependant le chevalier de Pégase n'était pas encore mort. Juste agonisant. Il était parvenu à déconcentrer Dar avec son ultime attaque, et le coup du messager n'avait pas pu avoir toute l'efficacité escomptée. Cependant, dans cet état, il ne représentait plus une menace suffisante pour obliger Dar à l'achever. Il finirait de toute façon par mourir de ses blessures.

Ce qui inquiétait plus le messager, c'était ces autres cosmo-énergies qu'il avait détecté depuis quelques temps. Elles avaient l'air d'appartenir à des chevaliers de bronze, sauf deux qui étaient différentes : l'une appartenait à quelqu'un qui, bien que puissant, n'était pas un guerrier, et l'autre ressemblait à s'y méprendre à celle d'un chevalier, si ce n'étaient quelques remous qui faisaient penser à… quelque chose d'autre.

Une troisième était également étrange. Elle avait semblé normale depuis le départ, mais par deux fois elle avait grandi et s'était métamorphosée en quelque chose de différent. Juste avant de disparaître.

C'était cette dernière cosmo-énergie qui avait le plus inquiété Dar. Lorsqu'il l'avait sentie grandir ainsi, semblant pouvoir croître sans limites, il avait même eu peur. Peur pour sa vie et peur pour Hermès. Mais cette cosmo-énergie avait disparu, ce qui signifiait qu'un des autres messagers avait pu le vaincre. Certainement Euphore, puisqu'elle avait succombé presque aussitôt après. Certainement à cause des blessures infligées par ce chevalier.

Où peut-être ce chevalier, se sentant trop faible pour vaincre le messager de la colombe, avait-il fait volontairement exploser tout son cosmos, espérant blesser mortellement son adversaire grâce à sa propre auto-destruction ? c'était possible après tout. Et puis cela expliquait cette soudaine augmentation de cosmos : n'importe qui peut se surpasser s'il est prêt à en mourir. Cependant dans ce cas, il aurait du mourir la première fois…

Restaient à présent en vie quatre chevaliers, dont un de la première équipe, plus le non-combattant, qui était certainement un guérisseur survivant de l'attaque du temple d'Asclépios. Ils étaient parvenus à éliminer sept des neuf messagers d'Hermès, mais cela n'inquiétait nullement Dar.

Après tout, les deux messagers restant étaient de loin les plus puissants. Dar se savait inférieur à son dernier compagnon, mais il savait également qu'aucun des messagers qui avaient succombé n'auraient pu le battre en combat singulier. Mis à part, peut-être, Draven du corbeau. Si son ennemi ne s'était pas surpassé à ce moment, il l'aurait écrasé sans difficultés.

Peut-être Dar devrait-il être prudent lorsqu'un chevalier arriverait ? Même si celui qui avait tué Draven était mort, peut-être l'un de ses compagnons avait-il un pouvoir équivalent ? Ne vaudrait-il donc pas mieux essayer d'éviter le combat, ou du moins le retarder le plus possible, afin de laisser du temps à Hermès ?

Le messager n'eut pas le temps d'approfondir sa réflexion, deux personnes pénétrèrent dans la pièce où il se trouvait.

*

Ils avaient trouvé l'un des deux derniers messagers d'Hermès. Dès qu'ils le virent, les chevaliers comprirent qu'il n'était pas comme les autres. Plus grand que les précédents messagers, il portait une armure dorée, recouvrant presque entièrement son corps, les ailes déployées à près de six mètres de chaque côté de son corps.

" Soyez les bienvenus. Je tiens à vous féliciter d'être parvenus jusqu'ici. Cependant je suis désolé d'avoir à vous annoncer que vous ne sortirez pas d'ici vivants. Je suis Esteban, messager du Condor, le plus puissant parmi les messagers d'Hermès."

Les trois chevaliers se regardèrent. Le messager avait réellement l'air extrêmement puissant et sûr de lui. Peut-être vaudrait-il mieux l'attaquer tous en même temps ? Cela allait à l'encontre du code d'honneur des chevaliers, mais mieux valait perdre un peu de son honneur que perdre sa vie…

Ce fut Gengar qui décida de la conduite à tenir. Il s'avança seul vers Esteban.

" Je suis Gengar, chevalier du Lynx, et je serais ton premier adversaire. J'espère pour toi que tu es aussi fort que tu le laisses croire, car sinon je ne donne pas cher de ta peau.

- Voyons ça. Attaque-moi si tu en es capable, je te laisse commencer. Je n'éviterai même pas le coup.

- Tu devrais t'inquiéter un peu plus. Bien que tu aies l'air très puissant, tu ne me fais pas peur. J'ai déjà tué un messager, je peux m'en faire un deuxième. "

Gengar ne croyais pas lui-même ce qu'il disait, mais il voulait avoir l'air sûr de lui. La psychologie est très importante lors d'un combat, et celui qui part en ayant l'air d'avoir peur n'a aucune chance.

Il se concentra quelques secondes et, si quelqu'un avait observé ses mains à cet instant, il aurait pu voir ses ongles s'allonger en pointe.

" Que la griffe du lynx te déchire ! "

Le messager ne bougea pas. Le coup l'atteignit au visage, lui causant une éraflure d'où s'écoula un peu de sang.

" Impossible… j'y avais pourtant mis quasiment toute ma force… il est si fort que ça ?
- Et tu n'as encore rien vu. A mon tour de m'amuser un peu. Olmek Flay Inma Shin ! "

Le messager avança sa main gauche vers Gengar, puis lança son attaque. Le chevalier, sentant qu'il ne serait pas capable de bloquer une telle puissance, décida de l'éviter. Il sauta par dessus son adversaire à l'instant où le coup allait le toucher. Le sol se brisa à l'endroit où il se tenait un instant plus tôt.

Tori et Kahn virent leur compagnon atterrir, debout, en position de combat, derrière son adversaire. Manquait juste la tête, qui roulait quelques mètres plus loin.

*

Dougros s'inquiétait pour Alia. Depuis la mort de son frère, elle n'avait quasiment pas prononcé un mot. Elle semblait remplie d'un mélange de détermination et de haine, qui la pousseraient certainement à massacrer tous les adversaires qu'elle trouverait sur son passage.

Cette haine les aiderait certainement s'ils rencontraient un messager, mais elle pouvait s'avérer dangereuse si elle ne s'estompait pas rapidement. La haine est un sentiment incontrôlable, qui peut facilement faire basculer quelqu'un du mauvais côté de la justice.

Et cette haine n'avait pas l'air de s'atténuer au fur et à mesure que les minutes passaient à tourner en rond dans les couloirs. Peut-être qu'une rencontre avec un messager ne serait pas si mal, finalement. La haine pouvait diminuer si elle trouvait un exutoire. Ou alors elle pouvait en être renforcée, et dégénérer en folie meurtrière.

*

Kahn et Tori restèrent paralysés d'étonnement durant plusieurs secondes. Bien qu'ils se doutaient que ce messager n'était pas au même niveau que les autres, le choc en voyant une telle puissance suffit à les clouer sur place.

Le chevalier de l'ours avait été le plus surpris des deux, n'ayant vu que la tête de son compagnon n'était pas à sa place qu'au dernier moment. Tori, lui, l'avait parfaitement vue se détacher du corps de son propriétaire, même s'il n'avait fait qu'apercevoir le mouvement de la main droite du messager qui lui avait tranché le cou.

Et il avait compris immédiatement la difficulté de la situation : même seul, il n'était pas sur de pouvoir vaincre cet adversaire. Et il ne pouvait pas se permettre de dévoiler sa véritable force devant Kahn. Il allait donc devoir se battre avec uniquement les facultés d'un chevalier de bronze, ce qui, même en ajoutant l'aide du chevalier de l'ours, entamait sérieusement ses chances de pouvoir triompher.

*

Alia et Dougros étaient face à un nouveau messager. Pour une fois, ils n'avaient erré que quelques minutes dans les couloirs. Dougros sentait la haine d'Alia devenir presque palpable.

Un corps inconscient gisait près d'un mur, derrière le messager. Celui-ci n'était pas très grand, portant une armure multicolore dotée d'ailes d'environs soixante centimètres.

" Je suis Dar, messager du Colibri au service d'Hermès. Je vous conseille de faire demi-tour et de retourner rejoindre votre déesse si vous tenez à la vie. "

Alia ne contenait visiblement plus sa colère. Si elle n'avait pas eu son masque, Dar aurait pu voir le visage déformé par la haine de quelqu'un qui est déterminé à tuer.

*

la seule solution...

Dans une situation apparaissant comme une impasse, il y a souvent une solution permettant de contourner la difficulté. En l'occurrence, pour Tori, la difficulté était la présence de Kahn et le fait qu'il ne pouvait se permettre d'utiliser toute sa force devant un chevalier d'Athéna. Dans ce cas, il serait obligé de tuer le chevalier.

Heureusement, il ne mit pas longtemps à voir la solution.

" Je crois qu'on va devoir se battre à deux contre un. Je ne vois pas d'autre solution pour pouvoir le battre.

- Je ne suis même pas certain que cela sera suffisant, répondit le chevalier de l'ours. "

Les deux chevaliers commencèrent à concentrer leur énergie au même moment. Concentrés sur leur ennemi, ils ne se préoccupaient pas de ce que faisait l'autre, se faisant mutuellement confiance pour attaquer au maximum de leurs possibilités. Du moins c'est ce que croyais Kahn.

Le chevalier du Tigre s'arrêta tout à coup de concentrer son énergie, et se dirigea vers son compagnon. S'approchant par derrière, il lui donna un coup du tranchant de la main sur la nuque. Kahn s'effondra aussitôt.

" Bon, maintenant on peut passer aux choses sérieuses, annonça Tori. "

Esteban regardait perplexe le chevalier à terre. Son compagnon l'avait assommé sans prévenir. Peut-être avait-il compris qu'ils n'avaient aucune chance et voulait-il par ce geste signifier au messager qu'il était prêt à changer de camps ?

Il tourna la tête vers le chevalier encore debout. En croisant son regard, en voyant ses yeux devenir rouges et sa cosmo-énergie augmenter de façon spectaculaire, il comprit. Un sourire se dessina sur son visage.

" Finalement, j'ai l'impression qu'on va pouvoir s'amuser... "

*

Dougros n'en revenait toujours pas. Jamais il n'aurait imaginé voir un jour un tel déchaînement de violence et de haine. Certes, il avait assisté au massacre du temple d'Asclépios, mais il n'y avait pas vraiment eu de combat, les guérisseurs ne pouvant rien faire pour se défendre. Et les autres combats auxquels il avait assisté depuis qu'ils étaient arrivés au temple d'Hermès étaient loin d'avoir autant d'intensité. Même lors de la mort d'Usul, et lorsqu'Alia avait tué Euphore, il n'y avait pas eu un tel dégagement de violence et de haine. Il fallait à tout prix qu'elle se calme, sinon elle risquait de perdre la raison à jamais.

Le messager avait commencé à attaquer Alia, frappant des centaines de coups de poing à la seconde, tout en tournant autour d'elle, n'hésitant pas à s'envoler de temps en temps pour la frapper depuis un angle inhabituel. Le chevalier de la licorne n'avait pas riposté durant plusieurs secondes puis, tout à coup, elle avait attrapé de la main gauche le poing qui venait la frapper, et avait tiré le messager vers elle, l'attrapant à la gorge de sa main droite. Elle avait alors calmement broyé le cou du messager, puis lui avait arraché la tête.

Dougros avait alors pensé qu'elle avait eu sa vengeance et qu'elle était maintenant calmée, quand soudain, telle une furie, elle avait commencé à frapper le cadavre du messager. Durant plusieurs minutes, elle l'avait mis en pièces, lui arrachant les membres un par un, broyant les os et déchirant la chair.

Dougros s'était occupé du blessé, sans même envisager de stopper Alia. Dans l'état où elle était, elle aurait massacré n'importe qui. Le chevalier avait été gravement blessé en plusieurs endroits, mais il n'était pas encore mort, et pouvait donc facilement être sauvé par les pouvoirs du guérisseur.

La première chose qu'il vit en reprenant conscience était Alia en train de mettre en pièces un cadavre de messager. Sans prêter attention au guérisseur qui le soignait, il se leva et s'avança vers le chevalier de la licorne :

" Ce n'est plus la peine, Oon. Il est mort. "

Alia leva la tête en direction de celui qui venait de prononcer ces mots et s'immobilisa.

" F… Fenring… tu… tu es vivant… mais où est…
- Il est mort. Il s'est fait tuer par un messager.
- Alors ils l'ont eu aussi… je le vengerai. Je les vengerai tous les trois. Je tuerais Hermès de mes propres mais. "

La colère semblait avoir quitté Alia, mais la tension et la haine étaient toujours là. Dougros était donc un peu rassuré, mais s'inquiétait quand à la suite des événements.

*

" Que lui est-il arrivé ? Et Gengar, où est-il ?
- Un messager. Il a tué Gengar et assommé Kahn. J'ai difficilement réussi à l'éliminer. Dougros, tu peux t'en occuper ? "

Tori essayait de ne pas montrer sa colère. Etonnamment, il avait dit la vérité sur un point : pour la première fois de sa vie, il avait eu des difficultés à vaincre un adversaire alors qu'il était dans cet état. Toute sa vie, il avait considérer que cette capacité le rendait quasiment invincible, largement supérieur à un chevalier d'argent. Mais à présent, il avait rencontré quelqu'un d'aussi puissant que lui, peut-être même plus.

Sa victoire n'avait tenu qu'à un fil, il avait eu de la chance et en était parfaitement conscient. Et c'est cela qui le mettait en colère. Bien sur, il savait qu'il existait des hommes d'une puissance avec laquelle il ne pourrait jamais rivaliser : les chevaliers d'or.

Mais cet homme-là, cet Esteban du vautour, n'était qu'un serviteur d'Hermès, l'un des dieux habituellement les moins enclins à la violence, alors que lui servait -actuellement- Athéna, déesse de la guerre, et que son armure provenait d'un dieu encore plus puissant !

Il avait ensuite pris la clef du messager, et avait porté le corps inconscient de Kahn. Il avait trouvé au détour d'un couloir une porte différente des autres et l'avait franchie, arrivant dans le hall où Usul avait affronté Aichairi. Le corps du messager de l'aigle était d'ailleurs toujours étendu à terre, un trou béant sous l'épaule et un autre au niveau du cœur, gisant à quelques mètres de son aile arrachée.

Quelques minutes après son arrivée, il avait été rejoint par Dougros, Oon et un chevalier qu'il ne connaissait pas, qui lui fut présenté comme étant Fenring, chevalier de bronze de Pégase, faisant partie comme Oon de la première équipe de chevaliers envoyés au temple d'Hermès.

La nouvelle de la mort d'Usul fut un choc. Tori avait pourtant vu de ses propres yeux le chevaliers du dragon augmenter sa puissance de la même façon que lui… il lui était impensable qu'il ait pu mourir si facilement. Ils avaient vécu tout leur initiation ensemble, sous l'autorité de Bao, et il n'avait jamais pensé qu'ils puissent être séparés si tôt.

A présent, Usul avait emporté dans sa tombe le secret de la force qu'il avait déployée contre Draven du Corbeau.

*

Neuf clefs. Neuf serrures. Quatre chevaliers. Un guérisseur. Une porte. Et de l'autre côté, un dieu.

*

La porte s'ouvrit lentement. Tori, Kahn, Alia, Dougros et Fenring virent apparaître entre les deux battants, un escalier, d'une dizaine de marches, donnant sur un autel de marbre, d'environs cinq mètres sur deux. Le tout était à ciel ouvert.

Derrière l'autel se trouvait un homme, où plutôt un dieu. Revêtu d'une armure de couleur argentée, dotée d'immenses ailes, Hermès, les yeux fermés, tendait les mains vers une épée qui se trouvait en suspension à l'horizontale à une trentaine de centimètres au dessus de l'autel.

Il ne prêta aucun attention aux cinq personnes qui venaient d'entrer.

" Que… qu'est-ce qu'on fait maintenant ? on l'attaque tous ensemble, proposa Kahn ?
- C'est vrai que c'est la seule solution rationnelle, répondit Fenring. A un contre un, aucun de nous n'a une chance.
- Mais nous ne sommes pas censés agir ainsi. Ce n'est pas… loyal, ajouta Tori.
- Je veux le tuer moi-même, intervint Alia. "

Elle s'avança vers l'autel, et à peine avait-elle commencé à gravir l'escalier que ses compagnons s'élancèrent à sa suite, à l'exception de Dougros. Le guérisseur n 'avait en effet aucun rien à faire dans un combat. Sa mission était uniquement de rester en vie pour pouvoir sauver les blessés à la fin du combat.

Tori, Kahn et Fenring, quand à eux, avaient tous pensé au même moment qu'il ne pouvaient laisser un de leurs compagnons aller au combat seul contre un dieu.

Les quatre combattants étaient à présent face à Hermès, séparés du dieu des voyageurs par l'autel au dessus duquel l'épée se trouvait en lévitation. Il n'avait pas bougé depuis qu'ils avaient passé la porte.

" Hermès, au nom d'Athéna, je t'ordonne de cesser immédiatement tes activités meurtrières et de nous remettre cette épée ! "

La phrase de Fenring fit ouvrir les yeux du dieu. Il observa durant plusieurs secondes les cinq personnes se trouvant en face de lui, puis prit la parole :

" Quatre guerriers de basse classe et un guérisseur. Et c'est avec ça qu'Athéna veut m'arrêter ? Seul un dieu peut vaincre un autre dieu. Elle aurait mieux fait de venir en personne. C'est la première fois qu'un guérisseur se trouve parmi mes ennemis. Elle a pris cette précaution pour le cas où vous seriez blessés… précaution bien inutile puisque vous allez mourir… "

Il pointa un doigt vers le ciel, et un éclair en surgit, allant directement frapper Dougros, qui disparut instantanément, ne laissant plus que son armure qui se disloqua à terre.

" …d'autant plus inutile qu'il est lui même mort. Voyez-vous, lorsque des humains combattent un dieu, il n'y a pas de blessés. Il n'y a même pas de cadavres. Je vais maintenant vous tuer un par un, vous m'avez assez retardé. "

Il avança sa main vers le chevalier se trouvant en face de lui. Sa chair se désagrégea, tombant en poussière, laissant s'échapper un flot de sang. L'armure tomba à terre, quelques morceaux roulèrent dans les escaliers pour s'arrêter près de celle du guérisseur.

Les trois autres guerriers n'avaient rien eu le temps de faire. Déjà stupéfaits par la facilité avec laquelle il avait tué Dougros, ils n'avaient pas encore bougé lorsque Hermès avait frappé pour la deuxième fois.

" Je n'aime pas qu'on me donne des ordres. C'est pourquoi je l'ai tué en premier. Qui veut être le suivant ?
- Que dirais-tu de te battre contre moi, Hermès ? "

La question surpris autant le dieu que les trois chevaliers restants. La personne qui avait posé la question se trouvait derrière Hermès. Il portait une armure d'un rouge si foncé qu'elle en paraissait presque noire. Deux lames acérées se trouvaient sur ses avant-bras, et le manche d'une arme (épée ? hache ?) dépassait derrière son épaule droite.

Le dieu des marchands avait perdu toute son assurance en se retournant pour faire face au nouvel arrivant. Il avait cessé de faire léviter l'épée et la tenait à présent dans la main droite, plus comme un trésor auquel il tenait que comme une arme.

L'homme à l'armure sombre reprit la parole :

" Qu'y a-t-il ? tu as peur de moi ? je viens pourtant de t'entendre dire qu'un dieu n'a pas à avoir peur d'un homme… et je ne suis qu'un simple mortel. J'ai été envoyé ici pour te reprendre cette épée. Quelqu'un est très mécontent du fait que tu l'aies volée. Son pouvoir est immense, à ne pas mettre entre toutes les mains. Et tes mains sont sales, Hermès. La rancune que tu as développé depuis des siècles contre les autres dieux du fait que tu es l'un des plus faibles est dangereuse pour l'humanité. Donne moi cette épée, et je te laisserai la vie sauve.
- Non… j'y étais presque… je vais te tuer. J'aurais largement le temps de terminer ensuite, et même s'il vient en personne, à ce moment il ne pourra plus rien contre moi.
- Encore faut-il que tu parviennes à me tuer… "

L'inconnu attrapa alors l'arme qu'il portait dans son dos et la tendit vers Hermès. Il s'agissait d'un sabre, de taille légèrement supérieure à la normale, fait d'un métal argentait qui semblait briller tel le soleil, et lançait sous certains angles des reflets rougeâtres.

Les trois chevaliers ne croyaient pas la scène qui se déroulait sous leurs yeux. Hermès, qui venait d'éliminer deux de leurs compagnons en moins d'une seconde, avait peur de cet homme, qui pourtant avait dit qu'il n'était pas un dieu.

Ils étaient tous trois partagés entre deux sentiments, un sentiment de devoir qui leur ordonnait de prendre part au combat, et un sentiment d'impuissance qui leur disait qu'ils n'étaient que des moustiques face à ces deux êtres d'exception.

Hermès empoigna son épée à deux mains et se jeta sur son adversaire. Celui-ci évita facilement le coup en se décalant sur le côté, et profita de l'élan qu'avait pris le dieu pour passer derrière lui et l'attaquer de son sabre. L'attaque fut parée avec le plat de l'épée d'Hermès. La vitesse des coups échangés s'accroissait au fur et à mesure du combat, et les chevaliers avaient de plus en plus de mal à distinguer quelque chose.

Soudain, un coup ne fut pas paré ni évité. Hermès avait tenté de frapper son adversaire au bras droit, lorsque celui-ci lâcha son sabre, et l'attrapa de son autre main avant même que la force gravitationnelle ne commence à le mettre en mouvement. D'un mouvement du bras, il avait alors réussi à atteindre la main d'hermès, et le dieu lâcha son épée, qui partit se planter dans la porte, passant entre la tête d'Alia et celle de Tori.

Hermès bondit aussitôt dans sa direction, mais le chevalier du tigre s'interposa. Il ne bloqua pas le dieu, mais le ralentit suffisamment pour permettre à Alia d'attraper l'épée, et à l'homme au sabre de planter son arme sur le sol à travers la cheville d'Hermès pour l'empêcher de bouger. Le choc avait cependant envoyé Tori plusieurs mètres en arrière.

Hermès leva des yeux implorants vers l'homme au sabre. Celui posa sa lame sous la gorge du dieu. Hermès esquissa un sourire :

" Tu peux tuer mon corps avec cette arme, mais mon âme reviendra.
- D'ici 200 ans… peut-être "

Et il trancha.

Il replaça son sabre dans son dos, et s'avança vers Alia :

" Donne moi cette épée. Elle revient à mon maître. "

Alia hésita une seconde, puis rangea l'épée dans un replis de sa toge :

" Je refuse de vous la donner. Vous avez certes éliminé Hermès, mais nous ne savons pas qui vous êtes, et rien ne nous dit que vous ne vous servirez pas du pouvoir de cette arme pour votre propre ambition. Cette Epée reviendra à Athéna. "

L'homme au sabre eut un sourire en coin :

" Tu me plais. C'est courageux de dire ce genre de chose à quelqu'un qui vient de te démontrer qu'il a une puissance à des années lumières de la tienne. Je pourrais te prendre cette épée et repartir sans même que tu aies le temps de bouger. Mais après tout, mes ordres exacts étaient de l'enlever à Hermès et de l'éliminer. Je vais donc te la laisser, mais si on m'ordonne de ramener cette épée, je reviendrai. "

D'un bond, il se retrouva sur le toit du temple, et disparut.

Les trois chevaliers se regardèrent.

" Et maintenant… qu'est-ce qu'on fait ? "

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Cette fiction est copyright Ronan Leroy.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.