Chapitre 9 : Lézard, vainc ton ennemi !


Dans les montagnes d'Anatolie, près d'une grotte où était toujours réfugiée l'entière population d'un village et sous une chaleur écrasante, Tom du Lézard faisait face à Python du Serpent, Phébus de Saturne, dans un combat sans merci. Après s'être débarrassé des restes de son armure brisée, Tom, dans un sursaut prodigieux, avait réussi à briser dans un premier temps le bras gauche de son adversaire, le privant de son pouvoir curatif, et il venait maintenant, par une attaque surpuissante, de faire éclater l'armure de Phébus qu'il portait. Les deux hommes étaient torse nu, face à face, sans aucune protection. Mais Tom était grièvement blessé et semblait inconscient, dans un état second, le regard absent. Son cosmos brûlait toujours aussi intensément.

- C'est incroyable, pensa Python en le regardant, il est parvenu à briser mon armure de Phébus, réputée pourtant indestructible ! Son cosmos n'a cessé d'augmenter depuis le début du combat ; il est plus mort que vif et il se tient toujours prêt à m'attaquer. Sans s'en rendre compte, Tom a atteint la connaissance du septième sens…
- Python du Serpent, fit Tom, maintenant que tu ne portes plus ton armure de Phébus, tu n'es plus protégé de la chaleur qui règne en ces lieux, et tu es à égalité avec moi.

Il disait vrai. Python sentait la chaleur infernale qui étouffait l'atmosphère, et sa sueur ruisselait tout le long de son corps.

- Tu as peut-être détruit ma protection, chevalier, mais je reste néanmoins le plus fort. Tu as été blessé par mes attaques successives et tu te vides de ton sang depuis un moment. Tu ne vas pas tarder à succomber à tes blessures, alors que moi, je suis encore debout et capable de t'envoyer mes plus puissantes attaques.
- Je vais sans doute bientôt mourir, en effet, mais, je te l'ai dit tout à l'heure, je ne mourrai pas seul. Je t'emporterai avec moi dans la tombe, Phébus !
- A la prochaine attaque que je vais t'envoyer, tu ne pourras plus te relever et tu n'auras plus aucun moyen d'en réchapper. Le venin du Serpent va une nouvelle fois pénétrer dans ton corps et empoisonner tout ton sang, mais, cette fois, le cosmos d'Athéna ne pourra rien pour toi.
- Tu oublies que tu n'as plus que ton bras droit pour m'attaquer. J'ai brisé ton bras gauche et tu ne pourras plus guérir des plaies que je vais t'infliger. Grâce à ma Morsure du Lézard !
- Assez parlé, chevalier d'Athéna. Voici l'ultime coup qui va t'envoyer dans l'autre monde ! Que le venin du serpent te transperce !

Tom regarda son adversaire se précipiter sur lui, la main droite en avant, et savait qu'il était perdu. Néanmoins, pendant une fraction de secondes, il eut une pensée pour son maître, avant de contre-attaquer.

- Maître Ménélas, se dit-il mentalement, pardonnez-moi, je ne vais pas survivre à ce combat. Mais je vous jure d'emporter mon ennemi avec moi, grâce à votre enseignement.

Puis il attaqua à son tour, avant de recevoir le coup du Phébus de Saturne.

- Lézard, vainc ton ennemi ! Par la Morsure du Lézard !

Les deux adversaires reçurent leurs coups respectifs, et s'écroulèrent tous deux au sol, en même temps.

***

Polydecte (Céphée ) : Tom ! ! !

Le chevalier d'argent de Céphée courait depuis plusieurs heures à la recherche des Phébus dans le Sanctuaire d'Apollon, et il venait de ressentir l'explosion de deux cosmos très loin de là, dont l'un qu'il put identifier comme étant celui du chevalier du Lézard.

Polydecte : ainsi l'un des chevaliers d'Athéna est mort en combattant son ennemi, et s'est sacrifié pour pouvoir le vaincre…

Des larmes lui montèrent aux yeux, mais il serra les poings et les dents et se ressaisit très vite.

- Je jure que ta mort n'aura pas été vaine, chevalier. Moi aussi, je vaincrai l'un des Phébus, et je débarrasserai la Terre du Mal qui la menace…Nous vaincrons Apollon, dussions-nous tous y laisser la vie ! Adieu, Tom, chevalier du Lézard.

Il reprit sa route mais fut bloqué en chemin par une silhouette qui prit forme devant lui. Un mystérieux chevalier à l'armure scintillante était recouvert d'une cape qui lui dissimulait le visage.

Le chevalier : Tu n'iras pas plus loin, chevalier d'Athéna, et tu vas rejoindre sur-le-champ tes compagnons morts…
Polydecte : Qui es-tu ?
Le chevalier : Je suis la personne qui va t'envoyer dans l'autre monde…apprend que j'ai déjà vaincu le chevalier de la Licorne et que tu vas aller le rejoindre en Enfer.
Polydecte : Tu as vaincu Khalid ?
Le chevalier : Assez parlé, tu vas mourir !
Polydecte : Mais qui es-tu, à la fin ? Montre-toi !

D'un geste, le chevalier déploya sa cape et dévoila son visage. Polydecte eut un cri d'effroi.

Polydecte : Ce visage ! ! C'est impossible ! ! Tu es… ! ! !

Le chevalier : Meurs, chevalier !

Le chevalier inconnu lança une violente rafale d'énergie que Polydecte, dans son émotion, ne put éviter. Il s'écroula aussitôt, son casque brisé.

Le chevalier : Et de deux…ces chevaliers d'Athéna ne sont vraiment pas de taille. Avec le chevalier du Lézard qui vient de mourir et le chevalier du Corbeau qui est grièvement blessé, il ne sont plus que trois à se battre encore dans ce Sanctuaire…je vais les retrouver sur-le-champ !

Et le chevalier inconnu partit aussitôt, à toute vitesse, vers sa prochaine victime.

***

Dans les montagnes d'Anatolie, Tom du Lézard et Python du Serpent s'étaient encore relevés et se tenaient pour la dernière fois face à face. Python regardait les plaies de la Morsure du Lézard lui parcourir toute la peau du corps et s'étendre, sans la moindre douleur.

- Bravo, chevalier du Lézard, tu m'as vaincu. Tu as réussi à me porter un ultime coup qui m'a été fatal, grâce à ta volonté sans faille, qui a su surmonter les souffrances que mes attaques t'avaient infligées. Je m'étais trompé sur ton compte, tu mérites vraiment le titre de chevalier d'Athéna, et tu mériterais de continuer ta route pour la cause que tu défends. Malheureusement, tu ne pourras pas, et tu vas succomber au venin du serpent. Mais je succomberai avant toi…

Le Phébus de Saturne retomba sur le sol, et la mort s'empara de lui très vite.

- Python du Serpent, dit Tom en regardant sa dépouille, tu as été un adversaire redoutable, et je suis fier d'être venu à bout d'un combattant tel que toi. Mes amis, Athéna, maître Ménélas, pardonnez-moi, je ne pourrai pas poursuivre le combat à vos côtés. Mais je sais que vous parviendrez à vaincre Apollon et à le faire renoncer à ses cruels desseins. J'ai vaincu l'un de ses Phébus, j'ai accompli ma mission, je peux reposer en paix. Adieu…

Tom s'écroula à son tour, et son cœur, empli par le venin du serpent, cessa de battre. Il était mort.

***

Neil, chevalier de bronze du Lynx, se releva péniblement, avec l'impression d'avoir des os fracturés. Le Phébus de Jupiter, Géryon du Bœuf, croyant sans doute l'avoir tué avec sa Charge du Bœuf, s'en était allé vers sa mission. Mais Neil sentait toujours son cosmos non loin de là et sut qu'il n'avait pas encore quitté le Sanctuaire de Delphes. Il se remit sur ses pieds et se mit à courir dans la direction qu'il croyait être la bonne. Sa jambe droite lui faisait horriblement mal et il avait effectivement une fracture à la cheville. Cela ne l'empêcha pas de parvenir à une fontaine où se trouvait son adversaire, qui se désaltérait paisiblement, alors que des oiseaux, sans l'ombre d'une crainte, s'étaient posés près de lui sur le bord de la fontaine et chantaient gaiement.

- Je te retrouve, Géryon du Bœuf, dit-il en le voyant.
- Ainsi tu as survécu à mon attaque, chevalier du Lynx, je te félicite. Mais je ne suis pas sûr que tu sois encore en état de te battre.
- Peu m'importe d'être blessé ; tant qu'une étincelle de vie brûlera en moi, je te combattrai sans relâche. Et je te vaincrai !
- Très bien, puisque tu y tiens…

Il se leva et vint se poster devant Neil, à quelques mètres de la fontaine. Les oiseaux s'envolèrent aussitôt et l'atmosphère des lieux fut comme troublée.

- Vois comme tu viens de troubler la quiétude et la sérénité de ces lieux, Neil du Lynx ! Les oiseaux chantaient paisiblement jusqu'à ce que tu arrives ici…
- Cesse tes jérémiades, Phébus de Jupiter. Pourquoi n'as-tu pas quitté le Sanctuaire de Delphes pendant que j'étais inconscient ?
- Je n'ai pas besoin de me presser pour aller remplir ma mission. J'ai pour ordre d'éliminer les humains récalcitrants qui tenteraient de résister, par n'importe quels moyens, à la chaleur qui envahit la Terre en ce moment, mais ils ne doivent pas être bien nombreux. Beaucoup ont déjà dû succomber à l'assèchement et aux brûlures du soleil…l'eau est en train de s'évaporer des océans et, bientôt, toute la Terre ne sera plus qu'un immense désert sans vie, où une nouvelle civilisation pourra renaître. La civilisation de l'Age d'Or ! Ce Sanctuaire d'Apollon, qui est protégé du reste du monde par un bouclier thermique, est un petit aperçu de ce que sera ce nouveau monde. Regarde ces oiseaux, cette fontaine, cette nature abondante et enchanteresse autour de nous ! N'est-ce pas merveilleux ?
- Tais-toi ! Comment un chevalier peut-il proférer de telles horreurs, alors que, en ce moment même, l'humanité est en proie à la détresse et à la désolation ? Je te ferai ravaler tes paroles, en te faisant mordre la poussière, et je te tuerai, au nom d'Athéna !
- Inutile…répondit Géryon, en fermant les yeux.
- Par la Détente du Lynx !
- Encore cette attaque lamentable…mais quand comprendra t-il enfin ?

Géryon croisa ses bras en les ramenant vers lui, et se prépara à esquiver une fois de plus l'attaque, mais, cette fois, la Détente du Lynx envoyée par Neil était plus puissante qu'auparavant.

- Son attaque dégage une force et une énergie incroyable ! Ce n'est plus la même attaque ! Je ne vais pas pouvoir l'éviter ! Aaaaghhh !

Le Phébus de Jupiter, surpris, fut balayé à plusieurs mètres et perdit son casque en retombant à terre. Il parvint à retrouver l'équilibre et se remit sur ses jambes, face à Neil, mais considérablement énervé par le coup reçu.

- Tu es le premier à avoir réussi à m'atteindre, chevalier du Lynx, félicitations…mais tu n'y parviendras plus jamais. Je vais te tuer sur-le-champ !

Il se concentra et fit brûler son cosmos. Une aura hostile, violente et remplie de haine, se dégagea autour de lui. Neil fut impressionné par ce dégagement de puissance. Ce n'était pas un, mais plusieurs, un troupeau entier de bœufs qu'il avait excités par le coup porté à Géryon, et il allait subir leur colère.

- Reçois ma plus puissante attaque, chevalier du Lynx ! Par les Cornes Divines !

Neil fut balayé comme un fétu de paille et son armure de bronze se brisa en nombreux morceaux. Il retomba sur le crâne et son casque explosa sous l'impact.

***

Doko : Je sens une présence non loin d'ici…non, deux présences !

Le chevalier de bronze du Dragon courait dans les montagnes du Sanctuaire de Delphes depuis un temps qui lui paraissait une éternité, et parvenait enfin à localiser l'un des Phébus d'Apollon.

Doko : C'est bien l'un des Phébus que je sens combattre. Mais le deuxième cosmos qui se trouve à ses côtés vient de faiblir brusquement, et de presque disparaître. L'un de mes compagnons est en difficulté ! Je dois aller l'aider !

Et il courut de plus belle, vers le lieu de l'affrontement.

***

Adam de l'Horloge, quant à lui, avait aussi le sentiment de courir dans le vide depuis des heures dans ce Sanctuaire somptueux, certes, mais désert, et il commençait à se demander s'il ne tournait pas en rond.

Adam : Que se passe t-il ? J'ai l'impression d'être déjà passé ici tout à l'heure. Suis-je en train de tourner en boucle sur la même route ? Et l'air semble s'obscurcir, d'un seul coup…

Méfiant, ne sentant aucun cosmos, il réfléchit à deux fois avant d'agir. Quelqu'un l'observait depuis un moment et se jouait de lui, il en était certain.

Adam : Très bien, dans ce cas…Par l'Evasion de l'Horloge !

Fidèle à sa technique, Adam fit ralentir le temps et se mit à se déplacer à une vitesse fulgurante, qui lui permit d'apparaître en plusieurs endroits en même temps et de porter plusieurs boules d'énergie quasi simultanées, dans plusieurs directions différentes. Il espérait ainsi faire sortir son ennemi de sa cachette, et c'est ce qui se produisit. Une ombre bondit d'un arbre et vint se poser devant le chevalier de l'Horloge. Il était vêtu d'une cape qui le couvrait intégralement.

Adam : C'est donc toi qui me donnes depuis tout à l'heure l'impression de tourner en rond ? Montre ton visage, chevalier.
Le chevalier : Pfff…cela m'est inutile de te montrer qui je suis. J'ai déjà vaincu les chevaliers de la Licorne et de Céphée sans difficulté, et tu vas être le prochain sur la liste.
Adam : Que dis-tu ? Essaie un peu pour voir, chevalier !

Sans déclencher d'attaque, le mystérieux chevalier envoya malgré tout une violente rafale d'énergie sur Adam, qui ne la vit pas arriver et l'encaissa de plein fouet, avant de s'écrouler à terre. Toutefois, avant de perdre connaissance, il parvint à empoigner la cape de son adversaire et tira dessus énergiquement, pour la faire tomber. Le visage du chevalier lui apparut alors, dans la lumière du soleil.

Adam : Non ! ! ! Ce n'est pas possible ! ! Ce n'est pas toi ! ! !

Mais il n'eut pas le temps de parler davantage, et sombra dans l'inconscience.

Le chevalier : Et de trois…Le chevalier du Lynx, semble t-il, vient d'être grièvement blessé dans son combat. Il ne reste plus qu'un seul chevalier d'Athéna à se déplacer dans ce Sanctuaire ! Je vais m'en occuper de ce pas…Apollon n'a plus de souci à se faire !

Et, pour la troisième fois, le chevalier délaissa sa victime et s'en alla vers d'autres adversaires.

***

Neil reprit connaissance après quelques secondes d'étourdissement. L'attaque des Cornes Divines lui avait littéralement broyé son armure, et il se trouvait maintenant sans aucune protection. Des blessures aux bras et à l'estomac lui rappelèrent douloureusement la réalité du combat qu'il était en train de mener. Le Phébus de Jupiter avait pris soin de remettre et de réajuster son casque, défait par Neil peu avant.

- Je vois, fit Neil en se relevant avec peine. Comme dans la légende…on raconte que l'un des douze travaux du dieu Héraklès consista à s'emparer des bœufs d'un berger géant nommé Géryon, et à les ramener en Grèce depuis une contrée reculée. Héraklès tua Géryon et celui-ci lui transmit sa force en mourant. Ta force, Phébus de Jupiter, tient donc directement du dieu Héraklès…
- En effet, chevalier du Lynx, tel est mon pouvoir. Les cornes que tu as reçues déchiquètent n'importe quel adversaire en un instant, et auraient dû te donner la mort. Seule ton armure a pu te permettre de survivre à mon attaque. Malheureusement pour toi, je viens de la briser, et tu ne peux plus rien contre moi à présent. Tu n'as plus aucune protection ! Tu es à ma merci !
- Peut-être, mais je peux encore me tenir face à toi…et t'attaquer…
- Pourquoi t'obstines-tu, chevalier ? Tu m'as déjà envoyé ton attaque un nombre incroyable de fois, et je l'ai toujours évitée. Tu te condamnes toi-même à une mort atroce, dans une longue agonie, alors qu'il ne tient qu'à un de mes coups d'abréger tes souffrances. Accepte la défaite !
- Je me moque de tes conseils ! Par les Yeux de l'Oubli !

En lançant cette attaque, Neil disparut totalement, et se rendit invisible.

- Astucieux, chevalier…tu possèdes le pouvoir d'invisibilité, grâce aux caractéristiques de l'animal que représente ta constellation. Mais je doute fort que cela suffise.
- Par la Détente du Lynx !

De nulle part rejaillit, une nouvelle fois, l'attaque de Neil, que le Phébus de Jupiter reçut par surprise. Il n'était pas blessé, mais sa colère était grande. Neil réapparut alors.

- Alors, qu'en dis-tu, Phébus ? J'ai réussi à te surprendre et à te porter un coup, une fois de plus.
- Cette fois, c'était bel et bien le dernier ! Meurs, chevalier du Lynx ! Par les Cornes Divines ! !

Neil vit fondre sur lui son adversaire et crut sa dernière heure arrivée. Il n'avait plus d'armure, ses blessures étaient profondes et nombreuses, et il ne pouvait plus éviter l'attaque des Cornes Divines. Mais, au moment où il allait être frappé par l'attaque, une explosion retentit et fit jaillir une intense lumière qui l'éblouit. Lorsqu'il put rouvrir les yeux, il vit un bouclier d'un vert émeraude devant lui, qui l'avait protégé de l'attaque.

- Qui a osé ? ? Rumina Géryon.
- Doko, chevalier de bronze du Dragon !

***

Le Sanctuaire d'Athéna, Temple du Taureau

La panique commençait à s'emparer du Sanctuaire d'Athéna. La chaleur à l'extérieur était telle que personne ne pouvait s'aventurer à l'extérieur des Douze Maisons sans affronter les terribles brûlures du soleil. Malgré leurs armures surpuissantes, les chevaliers d'or n'avaient pas une protection assez efficace pour être totalement protégés contre une telle fournaise.

Gassama, le chevalier d'or du Taureau, était en train de méditer dans son temple, et suivait, les yeux fermés, le combat qui se menait à Delphes, en captant les cosmo-énergies qui s'élevaient ou diminuaient dans un mouvement de va et vient. Il fut interrompu par l'arrivée d'un chevalier à la sortie de sa Maison.

- Bien le bonjour, Gassama, fit-il.
- Sois le bienvenu, chevalier des Gémeaux, fit-il à son hôte de circonstance. Qu'est-ce qui te motive à sortir de ton temple par une chaleur pareille ?
- Comme moi, tu as dû sentir des cosmo-énergies disparaître au Sanctuaire d'Apollon, à Delphes. Celles des chevaliers du Corbeau, puis du Lézard, puis de la Licorne, de Céphée, de l'Horloge, et maintenant du Lynx. Autrement dit, il ne reste plus que le chevalier du Dragon, Doko, en état de se battre. Cela m'inquiète. Et cette chaleur qui continue d'augmenter, d'heure en heure…Nous sommes bientôt le soir et elle ne diminue pas. De plus, Athéna est partie seule à la rencontre d'Apollon, et j'ai le sentiment qu'elle court un grand danger.
- Je comprend ce que tu ressens, répondit Gassama, mais nous devons avoir confiance en les chevaliers de bronze et d'argent qui sont partis se battre avec Athéna. Deux des Phébus ont déjà été vaincus et les cinq autres le seront. A moins que tu n'aies raison…
- Le Grand Pope nous a contraint à rester dans nos Temples en nous défendant de les quitter, et je n'arrive pas à le comprendre. Je sais que nous devons protéger le Sanctuaire au cas où un autre Dieu tenterait de s'en emparer en l'absence d'Athéna, mais la situation devient critique. Gassama, il faut agir !
- Ta réaction me surprend, Janus. C'est la première fois que je te vois perdre ton flegme et ton sens de l'humour légendaires. Tu as beaucoup changé depuis l'Epreuve d'Athéna. Quelle en est la raison ?
- Je ne te suis plus, Gassama. Tu sembles te moquer de ce qu'il peut arriver à Athéna et aux autres chevaliers ?
- Nous n'avons pas le droit de désobéir au Grand Pope, Janus, il en est ainsi. Mais répond à ma question !

Seuls trois chevaliers sont parvenus jusqu'à ta demeure durant l'Epreuve : Doko du Dragon, Yoko du Tigre et Adam de l'Horloge. J'ai le sentiment que tu me caches quelque chose.

- Yoko du Tigre a été enlevée par l'un des Phébus, et nous n'avions plus aucune nouvelle d'elle depuis plusieurs jours. Mais, depuis le début de la bataille, je ressens à nouveau son cosmos. Mais il semble différent. Je n'arrive pas à comprendre.

Janus dit cela avec un regard empli de tristesse, que Gassama remarqua.

- Cela aurait-il un rapport avec l'Epreuve, Janus ?
- Je ne peux te le dire…
- Tôt ou tard, la vérité éclatera, Janus, et tu dois t'y préparer. Dis-moi la vérité. Que s'est-il passé avec Yoko du Tigre, lorsque tu l'as affrontée durant l'Epreuve ?
- Très bien, je vais te répondre…

***

Au Sanctuaire de Delphes, Doko était parvenu sur le lieu du combat entre Géryon du Bœuf et Neil du Lynx, in extremis pour pouvoir sauver le chevalier du Lynx de l'attaque des Cornes Divines.

- Doko du Dragon…fit Géryon, amusé de le voir face à lui. C'est donc toi, le dernier chevalier d'Athéna encore en état de se battre dans ce Sanctuaire…
- Comment ? ?
- Tu n'as donc pas senti les cosmos de tes amis s'éteindre un à un ? Ils ont tous été vaincus et mis hors d'état de combattre par les autres Phébus. Le chevalier du Lynx est le dernier sur la liste, comme tu peux le voir. Bientôt, ce sera ton tour…
- Monstre ! ! Fit Doko. Je ne laisserai pas faire. S'il le faut, j'abattrai tous les Phébus à moi seul ! Et toi le premier ! Par la Colère du…
- Attend, Doko !

Neil avait retenu le poing de Doko pour l'empêcher d'attaquer.

- C'est à moi de combattre le Phébus de Jupiter et de le vaincre, Doko. Laisse-le moi, je t'en prie.
- Mais tu es blessé, et ton armure est brisée ! Tu n'es pas sérieux !
- Fais ce que je te dis, Doko ! J'arriverai à le vaincre !
- B…bon, très bien, comme tu voudras.

Doko se mit sur le côté et regarda les deux autres chevaliers s'affronter.

- Comme c'est touchant…fit Géryon. Les deux derniers chevaliers d'Athéna encore en vie, qui décident de qui va mourir le premier.
- Tu m'as assez nargué jusqu'ici, Phébus, lui dit Neil. Je vais te faire ravaler ton arrogance et ta prétention !

Neil se concentra et appela toutes les forces qui lui restaient. Il savait que, sans armure, il ne pourrait plus se battre longtemps et que, s'il voulait vaincre son ennemi, il lui fallait le frapper d'un grand coup, un seul. C'était sa seule chance, sa dernière chance. Ses blessures le faisaient souffrir et sa cheville droite, fracturée, lui demandait un effort inouï pour tenir encore debout sur ses jambes.

- Athéna ! Prêtez-moi votre force ! ! Que mon cosmos brûle comme jamais, qu'il terrasse mon ennemi ! Par la Détente du Lynx !

C'est un jet lumineux qui se précipita sur Géryon, quasiment à la vitesse de la lumière. Il avait sous-estimé son adversaire et ne pensait pas qu'il parviendrait à atteindre cette vitesse d'exécution. Il contre-attaqua aussitôt.

- Par les Cornes Divines !

Les deux adversaires, touchés tous les deux, s'écroulèrent au sol. L'attaque de Neil, la plus puissante qu'il était parvenu à porter, avait brisé le casque du Phébus de Jupiter et l'avait fait retomber lourdement sur le sol, inanimé. Neil, quant à lui, gisait à terre dans une mare de sang. Doko avait assisté à la scène et vint vers les deux chevaliers. Tous deux étaient à terre, les yeux fermés, un air serein leur parcourant le visage, comme si la mort leur paraissait douce.

- Ils sont morts tous les deux sur le coup, se dit Doko, foudroyés par leurs attaques…Neil, ton sacrifice n'aura pas été vain. Tu as vaincu, à ton tour, l'un des Phébus d'Apollon. A présent, ils ne sont plus que quatre à pouvoir encore nous défier. Je dois me dépêcher d'aller les trouver.

Il partit en courant, mais, au moment où il tourna le dos aux deux corps gisant à terre, il entendit un râle. Il se retourna et vit le Phébus de Jupiter qui se relevait et se remettait debout !

- Mais…l'attaque de Neil ne t'a donc rien fait ? ? ?
- Ce misérable avait beaucoup de ressources, et il m'aura donné bien du fil à retordre, je l'avoue…mais, comme tu peux le voir, il en faut plus pour abattre l'un des Phébus d'Apollon ! Ha ha ha ha ha ! !
- Grrr…Je vengerai la mort du chevalier du Lynx, et te la ferai payer au centuple. Tu ne tueras plus personne, car je vais te tuer, moi, Doko du Dragon ! Par la Colère du Dragon !
- Impressionnant mais inutile…

Géryon se contenta de ramener vers lui ses bras en croix, et, sans bouger, il contint toute la puissance de l'attaque de Doko.

- Regarde plutôt ce dont je suis capable, moi, Géryon du Bœuf, Phébus de Jupiter ! Par la Charge du Bœuf !

Comme peu avant lors du combat contre Neil, l'air se mit à tournoyer et à s'abattre sur Doko, en violentes bourrasques qui le soulevèrent et le firent voler dans les airs jusqu'à l'emmener s'écraser quelque part. Cette fois, c'est dans la fontaine qui se trouvait dans les parages que Doko alla s'encastrer. La pierre explosa sous l'impact et un trou formé fit échapper toute l'eau de la fontaine, qui se répandit dans la montagne et ruissela comme un petit torrent, inondant du même coup Doko sur qui toute l'eau se renversa sans aucune réaction de sa part. Géryon regarda alors son adversaire d'un air amusé.

- La bataille est terminée… Tous les chevaliers d'Athéna qui avaient osé se dresser contre nous sont morts !

***

Après une longue marche dans une forêt luxuriante, et alors que la nuit commençait à tomber dans le ciel, Athéna et Artémis arrivaient en vue de leur destination.

- Nous y sommes, Athéna ! Fit Artémis en lui désignant du doigt un temple immense qui s'élevait, au loin dans une clairière. Voici le temple de mon frère, le dieu Apollon !

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Cette fiction est copyright Christophe Becquet et Fabrice Willot.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.