Chapitre 10 : Le piège de la Flèche


Royaume de France, province de Champagne

Le soleil commençait à se coucher à l'horizon, au terme d'une journée exceptionnelle de chaleur que le peuple de France cherchait à comprendre. En ce mois de février, où l'on laissait traditionnellement les vignobles reposer dans cette contrée de Champagne, il était invraisemblable de devoir subir de telles canicules. Les gens s'affolaient, y voyaient un présage divin, et beaucoup se réfugiaient dans les églises y prier leur Dieu de bien vouloir les épargner de ce mal subit et inédit. Très peu d'entre eux s'étaient tenus à l'extérieur, tant la chaleur et les rayons du soleil étaient difficilement supportables pour le commun des mortels. Les gens s'étaient hâtés de rentrer dans la panique, et, dans les pâturages, beaucoup de bêtes avaient été laissées à l'abandon, si bien que des centaines de têtes de bétail moururent d'assèchement et de soif en l'espace de quelques heures. Et, malheureusement pour ceux qui voyaient arriver la nuit comme une trêve à cette canicule, la température ne semblait guère diminuer ; même sans le soleil, elle avoisinait aisément les trente-cinq degrés.
Dans un pâturage, un homme curieusement vêtu venait d'arriver. Il portait une armure dorée et tirant vers l'orangé, scintillant violemment dans l'obscurité naissante, et regardait le bétail à l'abandon agoniser dans l'herbe, tandis que les lieux étaient désertés par l'homme depuis un moment.

- Il n'y a qu'un seul bœuf immortel sur terre…et ce bœuf, c'est moi ! Ha ha ha ha ha !

Il ne resta pas trop longtemps dans les parages, et se dirigea vers un petit village voisin.

- Je sens des présences humaines en grand nombre ici…la population de ce village s'est réfugiée dans l'église, et attend une chute de la température…je vais mettre un terme à son attente, et montrer l'exemple pour le reste du monde !

Il parvint dans le village, dont l'entrée, déserte, était habituellement gardée par des sentinelles, et atteignit l'église en quelques instants. Il ouvrit la porte sans une seconde d'hésitation et vit une foule de quelques centaines de personnes massées à l'intérieur de l'édifice, certaines arborant chapelets et crucifix en main. Un homme de cette foule, portant une sorte de longue robe noire, s'adressa à lui.

Le prêtre du village : Qui es-tu, étranger ? Que viens-tu faire ici ?
Le chevalier : La réponse devrait vous paraître évidente…mettre un terme à vos vies !
Le prêtre : Je ne connais la raison de tes motivations, étranger, mais, au nom du Seigneur, laisse ces villageois en paix !
Le chevalier : Vous vous abritez de la chaleur qui règne à l'extérieur, et vous commettez ainsi un acte de résistance à mon maître, le dieu Apollon…l'humanité est appelée à disparaître dans les quelques heures qui viennent, et mon maître ne peut tolérer que des humains récalcitrants s'opposent à ses desseins…par conséquent, j'ai ordre de vous éliminer sur-le-champ !
Le prêtre : Tu as parlé du Dieu Apollon ? Tu es fou ! Jeune impie, possédé par Satan ! Retourne d'où tu viens !
Le chevalier : Appelle-moi comme tu veux, pauvre imbécile, toujours est-il que tes fidèles paroissiens n'ont plus que quelques instants à vivre…Yahhhh ! !

D'un coup de poing, le chevalier détruisit la lourde porte de bois de l'église, la faisant exploser en libérant son cosmos, prenant plaisir à impressionner et à terroriser les habitants du village.

Le prêtre : Si tu dois prendre la vie de quelqu'un, prend la mienne, mais, de grâce, épargne ces innocents qui ne t'ont rien fait !
Le chevalier : Intéressant…tu me tentes, tu sais…Très bien, comme tu voudras. Je vais commencer par toi, homme en noir, et prendre ta tête ! Meurs !

- Par la Colère du Dragon !

Le Phébus, surpris, eut tout juste le temps d'éviter l'attaque qui détruisit un pan du mur jouxtant l'entrée de l'église.

- Toi ici ! ! !

Doko du Dragon venait d'entrer dans l'église, juste à temps, une fois de plus, pour sauver la vie d'innocents condamnés par décret à périr de la main des Phébus.

- Eh bien, Phébus de Jupiter, dit Doko à Géryon, tu as l'air surpris de me revoir…
- Comment as-tu pu ?
- Ton attaque de tout à l'heure était impressionnante, mais tu m'as sous-estimé, Phébus. Avant de laisser un adversaire à terre, il faut toujours s'assurer qu'il est mort…

Le Phébus reprit une expression de calme et d'assurance, après la surprise qu'il avait eue.

- Mmm…tu es très fort, chevalier du dragon, je l'avoue, et je te félicite d'avoir survécu à mon attaque. Mais tu m'as suivi jusqu'ici, à des milliers de kilomètres de l'endroit où nous battions tout à l'heure, de plus sous une chaleur écrasante, et tu as dû fournir un effort surhumain pour te déplacer à la même vitesse que moi. Je doute fort que tu sois encore en état de te battre longtemps sans t'écrouler…

Il disait en partie vrai. Doko s'était relevé de l'attaque de Géryon à Delphes et l'avait suivi, mais il n'en restait pas moins un chevalier de bronze à la base, et, bien que dépassant déjà largement ce niveau, il n'avait pas encore atteint un potentiel suffisant pour se déplacer à des vitesses proches de celle de la lumière. La chaleur l'accablait, et même la perspective de la tombée de la nuit ne lui permettait pas de relâcher ses efforts.

- Peu importe notre différence de puissance, Phébus ! Je me battrai contre toi, quoi qu'il arrive, au péril de ma vie ! Je propose, à cet effet, que nous allions nous battre à l'extérieur de cet endroit sacré.
- Très bien, chevalier du Dragon ; je vais d'abord en finir avec toi, avant de m'occuper de ces misérables humains…

Il contempla l'entière population du village d'un regard méprisant, avant de quitter l'église avec Doko, et s'adressa à nouveau au prêtre.

- Je vous laisse la vie sauve pour le moment, mais ce n'est qu'un sursis…je reviendrai très bientôt ; vous pouvez déjà faire vos prières…

*****

Le Temple d'Apollon

Un chevalier à l'armure scintillante s'approcha d'un homme habillé de noir et siégeant sur un trône fait de dorures et de pierres précieuses, dans une immense salle aux murs de pierre épaisse, ornée de rideaux pourpres de chaque côté.

- Me voici, seigneur Apollon.
- Te revoilà, Phébus de Mars. Qu'as-tu de bon à m'apprendre ? As-tu accompli la mission que je t'avais confiée ?
- Oui, maître, je suis en mesure de vous affirmer que j'ai mis hors d'état de nuire trois des sept chevaliers d'Athéna en très peu de temps. Il s'agit des chevaliers de la Licorne, de Céphée et de l'Horloge. D'autre part, les chevaliers du Corbeau, du Lézard et du Lynx ont été grièvement blessés et deux d'entre eux sont déjà morts. Seul un chevalier d'Athéna, le chevalier du Dragon, résiste encore contre le Phébus de Jupiter, mais plus pour longtemps…
- Très bien, tu as fait du bon travail, je t'en félicite. Et Athéna ? As-tu des nouvelles ?
- Oui, seigneur Apollon, je viens de l'apercevoir il y a quelques instants dans la forêt qui mène à votre Temple, accompagnée de votre divine sœur Artémis ; elle va certainement entrer dans cette salle d'ici quelques instants. Il semble que la nymphe Mégare ait fait ce que vous lui aviez demandé.
- En effet, mais Athéna n'arrivera pas ici, Phébus de Mars.
- Comment ? ? Que dites-vous ?
- Elle entrera bien dans le Temple d'Apollon, mais plus en vie…

*****

Doko avait entraîné Géryon du Bœuf, le Phébus de Jupiter, dans un champ de vignobles à l'extérieur du village, afin d'épargner la population retranchée dans l'église. La nuit était maintenant tombée et les étoiles éclairaient les deux chevaliers, de même que l'armure du Phébus qui brillait presque comme le soleil. Malgré la tombée du jour et le coucher du soleil, la température ambiante était toujours aussi lourde.

- Tu n'aurais pas dû me suivre, chevalier du Dragon, et accepter la mort douce que je te proposais lorsque nous étions dans le Sanctuaire d'Apollon ; à présent, non seulement tu mourras comme prévu, mais ta mort sera longue et faite d'atroces souffrances.
- Je n'ai que faire de tes mises en garde ; même blessé et taillé en pièces, je me tiendrai toujours debout face à toi. Je vais te vaincre, Phébus de Jupiter ! Par la colère du Dragon !

L'attaque de Doko fut relativement puissante ; il y mit toute sa hargne et sa rage de vaincre. Mais Géryon s'évanouit dans l'air et se déplaça sur le côté comme un rideau tiré, comme face à Neil peu avant, si bien que l'attaque lui passa au travers.

- Ta Colère du Dragon peut sans doute remonter le courant de la grande cascade de Rozan, comme on le prétend, mais elle ne peut rien contre le Bœuf Divin. Reçois une nouvelle fois mon attaque ! Par les Cornes Divines !

Doko fut projeté à des mètres en arrière et alla s'écraser dans une rangée de vignobles proches de là, où la vigne, pas encore poussée totalement, était infestée d'épines et de ronces.

*****

Entrée du Temple d'Apollon

- Nous y sommes enfin…

Athéna regardait l'immense édifice de pierre se dresser devant elle. Elle se trouvait enfin au pied de l'escalier menant à l'intérieur du Temple d'Apollon, après plusieurs heures de marche dans les forêts de la montagne de Delphes.

- Bien, fit-elle maintenant à l'autre déesse qui l'accompagnait toujours, tu peux maintenant retourner à ton temple, Artémis, je te remercie. Je vais me rendre seule auprès de ton frère.
- Tu n'iras nulle part, Athéna…
- Que dis-tu ? ?

Le regard d'Artémis avait brusquement changé. Ses yeux, jusque là indifférents, semblaient emplis de colère et d'une pulsion de nature indescriptible. Athéna, tournée vers elle, la regardait peu à peu évoluer, sans bouger. Elle avait fait confiance à la déesse de la chasse pour l'amener jusque là, sachant que son ennemi était Apollon et lui seul, et qu'elle n'avait rien à craindre d'Artémis, qui se désintéressait des intrigues de son frère.

- Artémis ! Que t'arrive t-il ? ?

Artémis pencha la tête vers le sol un instant, comme pour masquer son visage. Lorsqu'elle le releva, ses cheveux blonds se mirent à changer de couleur et à virer au blanc. Son cosmos s'éveilla et elle le fit brûler de manière insoupçonnée. Athéna se décida à réagir, et brandit son sceptre, dont elle ne se séparait jamais.

- Je ne sais ce qui t'arrive, déesse Artémis, mais tu ne m'empêcheras pas d'aller rencontrer Apollon ! Retourne dans ton temple !

En guise de réponse, Artémis porta une main à son dos en en saisit un arc en bois et une flèche dont la pointe luisait étrangement. Elle banda l'arc vers Athéna et se prépara à tirer.

- Meurs, Athéna ! Ha ha ha ha ha !
- Non ! ! !

Athéna crut pouvoir arrêter la flèche de son sceptre sans difficulté, mais le cosmos porté par la flèche fut si puissant qu'il lui arracha le sceptre de sa main et le lança par terre plusieurs mètres plus loin. Athéna fit brûler son cosmos de toute son intensité, mais sans résultat. Elle vit la flèche fondre sur elle sans pouvoir réagir.

- Hiiaaahh ! ! !

*****

Athéna (par télépathie) : Chevaliers du zodiaque, écoutez-moi. J'ai été prise au piège et vaincue. Je ne suis peut-être pas à la hauteur de ma mission, et condamnée à quitter ce monde, mais je sais que, même sans moi, vous combattrez notre ennemi jusqu'à votre dernier souffle. Tant qu'un seul chevalier se tiendra debout, la terre ne sera pas détruite. Je vous souhaite bonne chance à tous, chevaliers. Et, sans doute, adieu…

*****

Arcanan du Corbeau, quelque part dans le Sanctuaire de Delphes, titubait, grièvement blessé, en s'agrippant à la paroi d'une montagne, lorsqu'il sentit le cosmos d'Athéna disparaître brusquement.

- Athéna ! ! ! Non ! ! !

*****

Polydecte de Céphée, blessé par le mystérieux Phébus de Mars, commençait à revenir à lui, et à se relever, lorsqu'il eut la même sentation de malaise.

- Athéna est…morte ? ? ?

*****

Doko du Dragon, quant à lui, égratigné en de nombreux endroits par les ronces du vignoble où il avait été projeté, retrouvait lui aussi ses esprits.

- Athéna ! ! ! Que s'est-il passé à Delphes ? ? ?

*****

Temple d'Apollon

Apollon : Le cosmos d'Athéna vient de s'éteindre…Artémis a réussi !
Phébus de Mars : Ma présence est-elle encore nécessaire auprès de vous, seigneur Apollon ?
Apollon : Phébus de Mars, maintenant que la première partie de notre plan a réussi, amène-moi ici la nymphe Médée !
Phébus de Mars : Bien, maître, je vais la chercher de suite.

*****

Polydecte de Céphée s'était relevé et avait repris la route où il avait été interrompu peu auparavant. Il était désemparé par ce qu'il venait de ressentir et savait que quelque chose de grave venait d'arriver à Athéna. Il ne pouvait s'empêcher de repenser au moment où il était entré dans le Sanctuaire de Delphes avec elle ainsi que les autres chevaliers. Le regard désespéré qu'Athéna leur avait adressé avant de partir avec la nymphe Mégare, suppliant ses chevaliers de la laisser aller seule à la rencontre d'Apollon…pourquoi ne lui avaient-ils pas désobéi, à cet instant ? Oui, il s'en voulait de l'avoir laissé partir seule. Et si, comme ils l'avaient tous pensé, Athéna savait ce qui allait lui arriver, et qu'elle s'était rendue seule auprès d'Apollon pour se sacrifier à leur place, pour les protéger, et pour le salut de l'humanité ?
Toutes ces questions angoissantes et sans réponses lui trottaient dans la tête, et il courait sans même savoir où il allait, suivant un chemin qui ne menait peut-être nulle part. Mais il n'eut pas beaucoup de temps pour méditer dans ses pensées. Il sentit très vite une présence approcher de lui.

- Cette présence…c'est un cosmos hostile. Un Phébus se cache par ici ! Montre-toi !

En guise de réponse, Polydecte vit des éclairs s'abattre sur lui, et il eut juste assez de temps pour bondir sur le côté et pouvoir les éviter.

- Bravo, chevalier, quelle rapidité…
- Allez, sors de ta cachette, Phébus, et montre ton visage !

Un chevalier à l'armure scintillante surgit alors du ciel, comme tombant de nulle part, et atterrit devant lui. Il portait des sortes de branches ramifiées et entrelacées sur ses épaules.

- Ainsi, les chevaliers d'Athéna qui ont pénétré dans ce sanctuaire ne sont pas encore tous morts…mais je vois que tu as déjà été blessé ; je n'aurai donc plus qu'à terminer le travail qu'un autre Phébus a déjà commencé…
- Qui es-tu ?
- Je suis Actéon du Cerf, Phébus de Neptune ! Et je vais t'achever, chevalier ! Par les Rênes Foudroyants !

*****

Le Phébus de Jupiter, Géryon du Bœuf, venait de sentir, lui aussi, le cosmos d'Athéna s'éteindre, tandis que son adversaire, Doko, se relevait des ronces avec peine.

Géryon : Le cosmos d'Athéna a disparu…Apollon a donc réussi à la vaincre…cela signifie que sa victoire est certaine, et que ce combat que nous menons n'a plus de raison d'être…

Il regarda fixement le chevalier du Dragon qui, égratigné et saignant à de nombreux endroits de son corps, se remettait debout face à lui.

Géryon : Ainsi tu te relèves encore…tu me fais pitié, chevalier. Tu as dû sentir, comme moi, s'évanouir le cosmos de ta déesse. La bataille est terminée. Je suis prêt à te laisser la vie sauve, si tu renonces à ce combat et te rallies à mes côtés pour servir le nouveau Dieu qui va régner sur ce monde. Pour servir Apollon.

- Jamais, Géryon du Bœuf ! J'aime mieux mourir que de me rallier à Apollon !

Il refusait de l'admettre, mais la détresse et l'angoisse s'étaient emparés de lui. Il ne sentait plus le cosmos d'Athéna et craignait que le pire ne soit arrivé. Si Athéna avait quitté ce monde, à quoi rimait encore le combat qu'il était en train de mener ? Pourquoi se battait-il, s'il n'y avait plus d'espoir ? Il était désemparé. Et si le Phébus disait vrai ? Si la victoire d'Apollon était maintenant certaine ? Il n'avait plus envie de se battre. L'idée lui venait de renoncer à ce combat absurde, qui avait blessé ou tué tous ses autres compagnons. Des larmes lui vinrent aux yeux, et il ne put les retenir.

Géryon : Eh bien, tu pleures, chevalier du Dragon ? Comme c'est touchant ! Tu as enfin compris qu'Athéna avait perdu la bataille. Mais, ne t'inquiètes pas pour ta déesse, tu vas aller la rejoindre. Dans l'autre monde ! Par les Cornes Divines !

Doko eut l'impression d'être déchiqueté par l'attaque du Phébus de Jupiter, et alla une fois de plus s'écraser dans les vignes toutes proches. Ses blessures se rouvrirent et son sang se mêla à ses larmes. Il ne sentait plus la douleur et ne savait plus s'il était encore conscient. Il se vit plongé dans une sorte de tunnel sombre où il avait l'impression de flotter et de se diriger vers une destination inconnue.

Doko : Je suis…mort ?

Il se sentait très bien, libéré de toute souffrance physique, dans un état qu'il n'avait plus envie de quitter. Il se laissait porter dans le tunnel, lorsqu'une voix interrompit son voyage.

- Doko !…Doko !…

Il reconnut cette voix très vite, une voix qu'il ne pouvait pas oublier tant elle avait compté pour lui dans sa vie. Il leva les yeux dans l'obscurité et vit, au-dessus de lui, une silhouette lui apparaître, celle d'un vieil homme souriant.

- Maître Anatol ! !

C'était bien son vieux maître Anatol, lui qui lui avait tout appris et qui avait quitté ce monde au lendemain de sa conquête de l'armure du Dragon, qui apparaissait devant lui, comme pour lui parler.

- Maître Anatol ! Je vous retrouve enfin ! Nous serons réunis pour l'éternité !
- Non, Doko. Le moment n'est pas encore venu. Tu dois te relever, et vaincre ton ennemi !
- Je ne veux plus me battre ! Je ne peux plus…Athéna est morte, ce combat n'a plus de raison d'être !
- Doko, aurais-tu déjà oublié tout ce que je t'ai appris ? Ce qu'Athéna même vous a demandé, à toi et aux autres ?
- A…Athéna… ? ! ?
- Ta mission de chevalier est de défendre la Terre du Mal qui s'en est emparé…peu importe qui doit mourir dans cette bataille, même Athéna elle-même ; tant qu'un seul d'entre vous sera en vie, il devra mener ce combat . Penses-tu aux millions d'innocents qui vont périr si personne ne fait rien ? Et Yoko du Tigre, ta compagne d'armes, que tu voudrais tant retrouver ? Elle court en ce moment même un grand danger, et tu dois aller la sauver. Tu es un chevalier d'Athéna, et, même sans elle, rien ne doit te faire faiblir ; ta volonté doit être plus forte que les blessures que t'infligent ton ennemi. Relève-toi, Doko du Dragon ! Relève-toi maintenant ! Et sauve la Terre !
- Oui, maître…

Et Doko fit brûler son cosmos, il appela en lui toute la force que lui conférait sa constellation protectrice, et se sentit revenir à lui.

- A présent, fit le vieux Anatol, toi seul est maître de ton combat, et ta volonté seule, face à celle de ton ennemi, en déterminera le vainqueur. Fais brûler ta vie, et exploser ton cosmos ! Que le pouvoir du Dragon soit en toi, au nom d'Athéna !

L'esprit d'Anatol disparut, l'obscurité où Doko se trouvait également, et le chevalier du Dragon se retrouva à nouveau dans les ronces des vignobles, où l'avait envoyé Géryon du Bœuf. Le Phébus de Jupiter vit Doko revenir à lui ,et il ne crut pas de ses yeux ce qu'il vit alors. Le cosmos de Doko s'élevait jusqu'à atteindre des proportions impensables.

- Doko du Dragon ! Je t'avais achevé de mon attaque ! Comment peux-tu encore te relever ? ?
- Tu ne m'as pas encore tué, Phébus de Jupiter ! Et si Athéna est vraiment morte, je la vengerai, et je te tuerai afin de délivrer la Terre des maléfices d'Apollon ! J'élèverai mon cosmos plus haut que le tien, et, désormais, ma volonté dépassera toujours la tienne !
- Tu délires, chevalier du Dragon…parce que tu penses encore pouvoir me terrasser ?
- Reçois toute la puissance du Dragon, Phébus ! Par les Cent Dragons Suprêmes de Rozan ! ! !
- Par les Cornes Divines !

Géryon avait contre-attaqué avec sa technique habituelle, mais Doko lui avait cette fois envoyé sa plus puissante attaque, à un niveau de puissance insoupçonné. C'est une multitude de dragons qui déferlèrent sur le Phébus et l'envoyèrent valser à son tour dans les vignobles encore tâchés du sang versé par Doko. Son casque explosa sous l'impact et son armure de Phébus se fissura en divers endroits.

- J'ai…réussi…j'ai vaincu le Phébus de Jupiter…
- Crois-tu m'avoir tué, chevalier ? ?

Géryon s'était relevé, blessé en plusieurs points, et visiblement furieux d'avoir été frappé aussi fort.

- Tu as réalisé un véritable miracle, chevalier du Dragon, mais cela ne se reproduira plus. Je ne sais comment tu as fait, mais je ne te pardonnerai jamais d'avoir abîmé ma précieuse armure de Phébus. Tu vas mourir, Doko ! !
- Il dit vrai, pensa Doko ; j'ai eu beau élever mon cosmos à son paroxysme et déclencher ma plus puissante attaque, je n'ai pu le tuer. Je n'en peux plus, je suis blessé, et il va m'achever…et cette chaleur étouffante !
- Souviens-toi, Doko…souviens-toi d'Albérich XIIIème du nom ! !

Le vieux Anatol venait d'envoyer un dernier message télépathique à Doko, avant de disparaître pour de bon. Doko sembla alors avoir un déclic.

- Mais oui, bien sûr…

Le Phébus de Jupiter regardait avec agacement Doko se redresser, une fois de plus.

- Alors, Doko ! Tu es à bout de force, la mort te tend les bras , et tu n'en veux toujours pas ? Dois-je précipiter les choses, une bonne fois pour toutes ?

Pour toute réponse, Doko ferma les yeux, bomba les muscles et se concentra. Lorsqu'il les rouvrit, il fit exploser les morceaux de son armure et les fit tomber à terre, maintenant torse nu.

- Mais, que fais-tu ? Tu es fou ? ? ? Tu retires ton armure ? Te voilà sans protection, maintenant !
- Justement, Géryon, c'est de cette manière que je parviendrai à te vaincre !
- Que dis-tu ?
- Absolument ! C'est cette armure qui m'empêchait de donner la pleine mesure de ma force, car la température ambiante est telle que mon armure m'était plus un fardeau qu'autre chose. Maintenant que je l'ai ôtée, je peux résister à cette chaleur, qui ne me fait plus rien, et devenir ton égal !
- Je ne te crois pas ! Par la Charge du Bœuf !

Doko, cette fois, ne bougea pas d'un centimètre, mais ferma les yeux et joignit les mains. Comme autrefois, comme face à Albérich de Mégrez, il était en harmonie avec la nature. Plus rien ne pouvait désormais l'atteindre. Ni la chaleur du soleil, ni la tempête de la Charge du Bœuf, qui ne fit que lui caresser le visage.

- Comment peux-tu éviter mon attaque ! C'est impossible !
- Tu es perdu, Géryon du Bœuf ! Par les Cent Dragons de Rozan !

Le Phébus de Jupiter vit une aura gigantesque s'abattre sur lui. Géryon fut balayé comme une feuille morte et vint s'écraser lourdement dans un vignoble plus loin, qui se tâcha de rouge instantanément. Son armure de Phébus avait littéralement explosé en miettes. Il ne se relèverait plus jamais.

- J'ai réussi…j'ai vaincu et tué l'un des Phébus d'Apollon…je dois vite retourner au Sanctuaire de Delphes sans attendre. Yoko doit sans doute être prisonnière d'Apollon ; je dois aller la sauver avant qu'il ne soit trop tard…

Doko remit son armure du Dragon et reprit la route de la Grèce. Malheureusement, son combat l'avait épuisé, et il ne parvenait que difficilement à dépasser la vitesse du son. Il lui faudrait plusieurs heures pour rallier le Sanctuaire de Delphes, et il n'avait pas de temps à perdre.

*****

Le Temple d'Apollon

Le Phébus de Mars : Seigneur Apollon, voici la nymphe Médée, que vous aviez appelée.
Apollon : Approche, Médée, n'aie crainte…
Médée : Avez-vous besoin de mes services, mon Maître ?
Apollon : Médée, peux-tu me dire où est Athéna actuellement ?
Médée : Oui, mon Maître ; avec Artémis et les autres nymphes, nous avons déposé son corps dans le cachot qui se trouve au sous-sol de votre Temple ; et nous avons demandé au Phébus de Mercure de la garder pour l'instant, bien que toute forme de menace de la part de ses chevaliers soit maintenant quasiment écartée.
Apollon : Très bien, tout se déroule comme prévu…Je vais te confier une mission, Médée.
Médée : Oui, Maître, tout ce que vous souhaiterez.
Apollon : Tu vas prendre la route dans la ville d'Athènes, qui n'est pas très loin d'ici, et te rendre au Sanctuaire d'Athéna, pour y porter un message à l'attention du Grand Pope.
Médée : Le Grand Pope ? N'est-ce pas le représentant d'Athéna sur Terre ?
Apollon : Oui, c'est exact. Tu vas trouver ce Grand Pope et lui demander de venir ici s'il veut retrouver Athéna vivante.
Médée : Comment ? ? Mais Athéna n'est pas morte ?
Apollon : Pas tout à fait, nymphe…la flèche d'Artémis a le pouvoir de plonger quiconque en est touché dans un sommeil éternel, et ma soeur seule peut décider de ramener qui bon lui semble de ce sommeil. Nous allons donc proposer un marché au Grand Pope. La résurrection d'Athéna, en échange de sa contribution…
Médée : De quel type de contribution s'agit-il, Maître Apollon ?
Apollon : Cela ne regarde que lui et moi, Médée…à présent, va, et remplis ta mission.
Médée : Bien, mon Maître, je me rend à Athènes sur le champ.

Et le Dieu, de son siège où il trônait majestueusement, regarda partir la nymphe avec une mine réjouie et satisfaite.

Apollon : Ivan des Gémeaux…je n'ai pas oublié comment s'est terminé notre combat, il y a 187 ans…et je compte bien te faire payer ta dette envers moi ! !

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Cette fiction est copyright Christophe Becquet et Fabrice Willot.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.