Chapitre 15 : Le secret de Moebius


Le temple d'Artémis

Depuis quelques instants, moi, Doko, chevalier de bronze du Dragon, faisais face au Phébus de Mercure, ce mystérieux personnage qui se cachait sous les traits de Baruch, le bras droit du Grand Pope au Sanctuaire d'Athéna. Lorsqu'il avait ôté son masque, j'avais eu un cri d'effroi en découvrant le visage d'un homme que je connaissais, que j'avais connu, en Chine, il y a quatre ans. Moebius. L'effroi se mêlait à l'incompréhension, et m'enlevait une partie de mes moyens. J'étais vite dépassé par cet adversaire déconcertant que le destin mettait face à moi, et restait sans réaction.

- Alors, Doko ? Je croyais que tu voulais m'attaquer et me terrasser ? N'est-ce pas ce que tu as dit au chevalier des Gémeaux il y a un instant ?
- Je…je lui ai promis de le rejoindre devant Apollon, et je le ferai. Il ne reste plus que deux Phébus encore en vie, dont toi, et nous viendrons à bout de vous. Alors, nous affronterons Apollon et nous le vaincrons !
- Navré pour toi, mais, même s'il a eu la chance de pouvoir traverser ce temple, Janus des Gémeaux ne pourra jamais parvenir jusqu'à Apollon…
- Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ? Pourquoi cela ?
- Parce qu'il rencontrera en route le Phébus de Mars, et qu'il aura affaire au plus redoutable adversaire auquel il a jamais été confronté…

Moebius / Baruch - je ne savais comment l'appeler - disait cela avec un air de totale assurance, comme s'il savait que le combat entre Janus et ce dernier Phébus était joué d'avance. Je n'osais comprendre pourquoi. Janus était l'un des chevaliers d'Athéna les plus puissants au monde, et sa venue ici, en renfort, devait pourtant nous assurer une victoire sur les derniers Phébus encore en vie, et sur Apollon lui-même.

- Qu'est - ce que cela signifie ? Qui est le Phébus de Mars ? Demandai-je alors.
- C'est quelqu'un que tu connais très bien, Doko, que nous connaissons très bien tous les deux…avec qui tu as vécu une partie importante de ta vie…
- Non ! Tu veux dire que… ? ?

A cet instant précis, je devinai alors la réponse et prononçai son nom d'un cri.

- YOKO ! ! !

D'un élan spontané, je me mis à courir à toute vitesse vers la sortie du Temple, pris d'une folle envie d'aller au secours de Janus qui se battait en ce moment contre Yoko, mon amie, faisant abstraction de Moebius qui se tenait toujours face à moi. Celui-ci se posta immédiatement devant moi, bras écartés, me rappelant qu'il était toujours là et que c'était lui mon adversaire.

- Où vas -tu, Doko ? Il me semble que notre combat n'est pas terminé, et qu'il a à peine commencé !
- Gr…je ne sais comment il est possible que Yoko soit devenue l'un des Phébus d'Apollon, mais je me battrai jusqu'au bout…et je vais d'abord te tuer, Moebius, sale traître ! Par la Colère du Dragon !

Mon cosmos s'élevait sous le coup de la colère et de la haine qui m'envahissait, et Moebius fut frappé de plein fouet par mon attaque, sans pouvoir l'éviter. J'étais surpris de la facilité avec laquelle je l'avais frappé. Mais je ne me faisais aucune illusion. Moebius se releva très vite, en essuyant d'un geste de la main quelques traces de sang qu'il avait sur le menton.

- Félicitations, Doko, ta puissance a considérablement augmenté, depuis quatre ans…Mais j'ai vu que tu te retenais encore de me porter tes coups à leur puissance maximale…tu ne peux pas me tuer, car tu as trop de compassion pour quelqu'un qui a été ton compagnon d'entraînement autrefois…et, pendant que tu tentais de m'attaquer, tu n'as pas remarqué que mon attaque t'avait également touché…
- Que dis-tu ? Oh ! ! !

Il disait vrai. Sur une de mes côtes, que mon armure du Dragon ne recouvrait pas, je sentais une douleur violente et subite. J'étais entaillé et saignais profondément en cet endroit. Comme une flèche que j'aurais reçu.

- C'est la Flèche Satanique, Doko…elle est invisible et s'attaque à toi, silencieusement, sans que tu puisses la prévoir…elle va propager son effet dans ton corps, et te plonger progressivement dans un profond sommeil, duquel tu ne pourras pas réchapper…
- Une Flèche Satanique, un profond sommeil…fis-je en commençant à vaciller. Cela ressemble à s'y méprendre à la Flèche Divine avec laquelle Artémis a frappé Athéna…
- Oui, tu as vu juste…c'est de la déesse, directement, que je tiens mon pouvoir…et tu peux le constater…tu n'en as plus pour longtemps, rassure-toi ! N'essaie pas de te débattre, et ta mort sera douce…

Je vacillais de plus en plus et j'étais envahi par une sensation de lourdeur de plus en plus forte, comme si mon corps se changeait en plomb et que mes jambes me demandaient de m'allonger à terre. J'essayais de résister, en vain. Allais-je mourir ? Regardant Moebius, je ne pouvais cesser de penser à toutes ces questions que j'avais en tête. Il fallait que je connaisse enfin la vérité. Toute la vérité.

- Moebius ! Que t'est-il arrivé, il y a quatre ans ? Que s'est-il passé, après notre entrevue à la Cité Interdite ? Raconte-moi !
- Très bien, si tu y tiens…avant que tu ne meures, je vais tout te raconter…Apollon, Baruch, Jason du Bélier…comment cette bataille a pu avoir lieu…écoute bien…

Réminiscence : Beijing (Pékin), la Cité Interdite, an de grâce 1738

Un parfum de fleur délicieux envahissait les palais de la Cité Interdite. Le soleil, radieux à l'extérieur, traversait les petites fenêtres des murs et soulignait en ces lieux la magnificence du pouvoir impérial. Sur un trône, au fin fond d'une immense salle aux couleurs chatoyantes et mosaïquées, un homme siégeait, habillé de draps de couleurs vives et portant une coiffure sophistiquée. Deux hommes quasi jumeaux, de chaque côté du Trône, agitaient d'immenses feuilles d'eucalyptus vers cette personne. Aucun bruit, en dehors du bruissement des feuilles, ne venait troubler la sérénité des lieux. Un homme vint toutefois annoncer la venue d'un visiteur.

- Oui, Fu Xi ? Qu'y a t-il ?
- Divine Majesté et Empereur Qianlong…Un homme venu de loin souhaiterait vous rencontrer.
- Un homme venu de loin ? Qui est-ce ?
- Il s'est présenté sous le nom de Baruch, et vient d'une lointaine contrée ottomane de l'Occident, qui a pour nom la Grèce…il dit venir au nom de la déesse grecque Athéna…
- Il s'agit sans doute de l'envoyé du Grand Pope…très bien, fais-le venir.

Le dénommé Fu Xi, premier domestique de l'Empereur, partit chercher le visiteur et le fit pénétrer dans la salle du Trône. L'homme portait une longue robe noire capuchonnée et un masque bleu qui ne dévoilait rien de son visage. Il s'agenouilla devant l'Empereur Qianlong.

- Divin Empereur Qianlong…je suis très honoré de pouvoir vous rencontrer en personne.
- Es-tu le dénommé Baruch, qui vient au nom du Grand Pope d'Athéna ?
- Oui, c'est cela.
- Je te prie de me dire quel est l'objet de ta visite, Baruch.
- Majesté, la déesse Athéna a repris vie sur Terre depuis une dizaine d'années. Cela signifie qu'un nouveau conflit contre le Mal va bientôt avoir lieu. C'est pourquoi je suis chargé, par le Grand Pope, de parcourir le monde à la recherche des valeureux guerriers appelés à devenir chevaliers d'Athéna. Il existe 88 armures de chevaliers, réparties aux quatre coins du monde, et j'ai entendu parler de la réputation des guerriers de l'Empire du Milieu. Je vous demande donc, au nom d'Athéna, la permission d'envoyer vos meilleurs hommes au Sanctuaire de la déesse qui se trouve à Athènes, en Grèce ottomane.
- Je comprends…c'est bien ce que je pensais. Les dieux m'avaient annoncé un conflit imminent, au Qiniandian, il y a peu…
- Le Qiniandian ?
- Oui, il s'agit du Temple du Ciel, où l'Empereur de Chine se rend, depuis l'aube des temps, afin de prier les dieux de notre Empire de lui assurer de bonnes moissons…les prières de cette année ont été perturbées par une mystérieuse prophétie, que personne, jusqu'à aujourd'hui, n'était parvenu à interpréter…c'était donc ça. Cette prophétie annonçait le combat qui va avoir lieu entre Athéna et le Mal, très bientôt. Et ta venue ne fait que confirmer cette idée.
- Quelle est donc votre réponse à la requête formulée par Athéna, divin Empereur ?
- Les dieux me demandent d'intervenir dans ce conflit à venir…en envoyant, comme Athéna me le demande, mes meilleurs hommes dans ce Sanctuaire d'Occident…je ne peux pas aller contre cette volonté. J'accepte la requête, Baruch. Mes hommes de main vont dès maintenant se rendre dans la province du Jiang Xi, au sud-ouest, en un lieu appelé Rozan. C'est là que sont entraînés depuis longtemps les meilleurs guerriers de l'Empire, afin de faire partie de l'armée personnelle de l'Empereur. Ces hommes sont d'une robustesse admirable, et font la fierté de notre Empire. C'est grâce à eux que nous devons la récente conquête de la Mongolie, au nord de Beijing. Je vais t'offrir l'hospitalité plusieurs jours en ce temple, Baruch, le temps que les hommes qu'il te faut parviennent jusqu'ici.
- Bien, divin Empereur, je m'en remets à vos instructions.

C'est ainsi que Baruch s'installa pendant quelques jours à la Cité Interdite, logé en des appartements réservés aux domestiques de l'Empereur. Bien que du même statut qu'eux, Baruch ne reconnaissait en rien les lieux où il logeait habituellement, au Sanctuaire d'Athéna, tout de gris et de pierre. Il prit plaisir à ces lieux remplis de couleurs vives et de multiples fresques murales. Plusieurs jours s'écoulèrent, jusqu'à ce qu'on lui annonçe l'arrivée de ces guerriers tant attendus. Une nouvelle entrevue eut lieu, dans la Cour de l'Empereur Qianlong.

- Sa Majesté l'Empereur Qianlong, voilà les hommes que vous aviez appelés. Il sont venus à dos d'âne depuis la province du Jiang Xi, non loin du Fleuve Bleu.

Ainsi parlait Fu Xi, le premier domestique de l'Empereur. Baruch était déjà là depuis un moment, et s'impatientait de voir enfin venir ces hommes dont on lui vantait tant les mérites.

- Nous nous sommes donc rendus à Rozan, continua Fu Xi, là où sont entraînés les hommes robustes de l'Empire appelés à faire partie de l'Armée Impériale. Nous avons procédé à une sélection entre ces hommes, en leur demandant de s'affronter en des combats amicaux, et il s'avère que trois d'entre eux émergent largement du lot. Ce sont ces trois hommes que nous vous avons amenés ici…

Puis il procéda aux présentations. Les trois hommes, agenouillés devant l'Empereur, écoutaient sans parler.

-…Le premier se nomme Doko. Il est orphelin, est né et a grandi à Rozan, seul depuis son plus jeune âge. Il nous a étonnés par son calme et sa maîtrise de soi, ainsi que la facilité avec laquelle il a vaincu les autres guerriers qu'il devait affronter pacifiquement. Le deuxième se nomme Yoko. C'est un homme secret et timide, mais au potentiel très grand, qui ne demande qu'à se manifester. Il est originaire de la province du Sichuan, à l'ouest, dans les montagnes de l'Himalaya, et se destinait comme Doko à intégrer l'Armée Impériale. Le troisième, enfin, se nomme Moebius. C'est un homme du Nord, de la province du Heilongjiang, fougueux et solitaire, qui est semble t-il le plus robuste de tous. Nous l'avons choisi car nous avons trouvé en lui des qualités de chef et de meneur de troupes.
- Bien, Fu Xi, je te remercie, tu peux disposer, fit l'Empereur.

Il s'adressa maintenant à Baruch, qui regardait les trois hommes qu'on lui présentait avec beaucoup d'espoir.

- Je te laisse à tes impressions, Baruch. Ces trois hommes sont désormais à ta disposition.
- Je vous remercie, Divin Empereur ; j'aimerais apporter quelques précisions. Jeunes guerriers, fit-il en s'adressant à Doko, Yoko et Moebius, je vous félicite pour votre bravoure durant les sélections auxquelles vous avez montré vos talents et votre force. Un grand avenir vous attend, où vous allez mettre cette force au service de la déesse Athéna. Vous savez désormais qu'un terrible conflit menace la Terre et va bientôt éclater. Au nom d'Athéna, je vous propose, durant les quelques années qui nous restent avant le déclenchement de cette bataille, de vous offrir un entraînement de grande qualité qui fera de vous les êtres les plus puissants du monde. Des chevaliers d'Athéna ! L'Empereur a eu récemment une prophétie au Temple du Ciel, qui lui annonçait que l'Empire du Milieu allait participer au conflit. Ce qui veut donc dire que les dieux vous ont appelé à devenir des chevaliers. Etes-vous prêts, tous les trois, à assurer la protection de la déesse Athéna au péril de votre vie, durant les années à venir ?
- J'accepte de vouer ma vie à Athéna et je jure de la protéger jusqu'à la mort, si c'est le destin que les dieux ont choisi pour moi, fit Doko.
- Il en va de même pour moi, fit Yoko.
- Je refuse de servir Athéna, fit Moebius.
- COMMENT ? ? ?
Baruch était interloqué par cette réponse brutale. Comment ce Moebius pouvait-il refuser de servir Athéna, devant l'Empereur Qianlong lui-même ? Il le trouvait subitement arrogant. C'est l'Empereur lui-même qui le blâma.

- Comment oses-tu, effronté ? Les dieux eux-mêmes ont parlé pour toi et les autres. Tu as réussi les sélections de Rozan, qui t'ont désigné parmi les meilleurs hommes de l'Empire, appelés à devenir chevalier, toi aussi. Comment oses-tu refuser l'appel des dieux ?
- Je n'ai de dieux que ceux auxquels je veux bien croire, et je souhaite garder l'existence que j'ai toujours menée jusqu'ici, répondit Moebius. Malgré tout le respect que je vous dois, Divin Empereur, je n'ai que faire de ce que les dieux ont décidé pour moi, à ma place. Je veux être l'un des hommes de main de l'armée Impériale, et servir cette Athéna comme un domestique ne m'intéresse pas. A présent, je me retire.

Et Moebius se retira aussitôt, quittant la salle sous les yeux éberlués de tous, l'Empereur Qianlong en premier. Comment ce misérable pouvait-il se permettre de répondre ainsi au Divin Empereur sa Majesté Qianlong ? Il sentit la colère le fulminer. Fu Xi, toujours dans les parages, essaya de détendre l'atmosphère.

- C'est ce que je vous disais tout à l'heure, Divin Empereur…ce Moebius est un caractériel, attiré par le pouvoir. Seul diriger l'intéresse et il était hostile à servir Athéna car il ne supporterait pas d'être traité comme un subalterne. Mais je reconnais que son refus est inacceptable.
- Son affront est impardonnable ! cria l'Empereur. Qu'on le rattrape et qu'on le mette à mort sur le champ ! ! !

Moebius venait de quitter la Cité Interdite et s'apprêtait à reprendre le chemin de Rozan, comme si de rien n'était. Alors qu'il traversait maintenant les faubourgs de Beijing, il vit une troupe de soldats se diriger vers lui à toute allure. Des soldats de la garde personnelle rapprochée de l'Empereur.

- Qu'ils aillent tous au Diable ! Fit Moebius !

Il se retourna pour leur faire face et les affronter. Etre seul face à une armée entière ne lui faisait pas peur.

- Alors, traître, sale renégat ! Tu refuses de servir notre Divin Empereur ! Fit l'un d'entre eux. Nous avons pour ordre de t'éliminer sur le champ, sans délais ! Aussi, meurs ! !

L'homme avait envoyé une lance acérée sur Moebius, qui non seulement l'évita sans difficulté, mais la saisit au vol et la renvoya sur le soldat, qui la reçut en plein cœur et s'écroula, mort sur le coup.

- A présent, tu es définitivement un traître de l'Empire ! Tous sur lui !

Une dizaine d'hommes armés de lances se précipita sur Moebius pour tenter de le tuer. Moebius pensa s'en défaire aisément à lui seul, mais, très vite, alertés par le cri du premier soldat en mourant, d'autres soldats accouraient à toute vitesse et ce furent des dizaines, voire des centaines d'hommes, qui s'attaquèrent à lui. Moebius évita les premiers coups de lance, mais se trouva très vite en mauvaise posture et reçut un premier coup à la côte, qui le fit s'écrouler à terre. Il ne bougeait plus, et semblait déjà mort. Les soldats se reculèrent de lui et l'encerclèrent en une foule organisée. L'un des soldats en tête de la foule se décida à s'approcher de sa dépouille.

- L'Empereur sera content que nous lui ramenions sa tête. Meurs, chien !

Mais, au moment où la lance s'abattait sur lui, Moebius releva la tête, attrapa la lance d'une main, puis, dans une détente formidable, fit tomber le soldat et se redressa. Puis il se concentra et sembla entrer en transe. Une étrange
lumière brillait autour de lui.

- Mais que fait-il ? Firent les autres soldats.
- A moi le cosmos ! !

Moebius fit brûler son cosmos et balaya tous les soldats d'un coup, qui retombèrent tous sur le sol, morts sur le coup. Seuls deux personnes étaient toujours debout, mais ce n'étaient pas des soldat.

- Doko et Yoko ! Ainsi vous m'avez poursuivi jusqu'ici, vous aussi !
- Oui, Moebius, fit Doko, tu as eu tort de contester le destin auquel les dieux t'avaient destiné, et nous venons faire laver cet affront, au nom de l'Empereur Qianlong, tout comme d'Athéna. En prenant ta vie !
- Et qu'espérez-vous faire, face à moi ? Hier encore, nous nous battions ensemble, à Rozan, dans un même but, celui de devenir les meilleurs soldats de l'Armée Impériale, et de faire partie de l'élite guerrière appelée à diriger cette armée. Et vous, tels des domestiques, vous acceptez passivement le pitoyable sort que vous promet cette déesse que vous ne connaissez même pas…je suis déçu, vous manquez singulièrement de caractère.
- Mais il en va de la volonté divine, Moebius ! ! Nous ne pouvons pas aller contre cette volonté ! ! En te rebellant comme tu le fais, tu deviens l'ennemi de l'Empire. Désolé, mais nous allons devoir t'éliminer.
- Je n'ai d'ordre à recevoir de personne, pas même de l'Empereur de Chine lui-même ! Je suis l'un des hommes les plus puissants du monde, et seule ma force fait loi ! !
- Quelle calamité…Fit Doko. Tant pis pour toi ! Prend ça, Moebius !

Doko tenta de lui porter un coup à mains nues, ne possédant pas encore la connaissance de son cosmos, mais il fut très vite débordé et dépassé par la puissance de Moebius. Celui-ci l'attaqua sans hésiter.

- A moi le cosmos ! !

Doko fut touché par la rafale d'énergie, mais, alors que Moebius allait porter un nouveau coup, ce dernier s'écroula, tout de son long, la bouche et les yeux grands ouverts d'hébétude. Yoko venait de surgir par derrière avec une lance ramassée à terre à l'un des soldats morts, et de lui transpercer le dos par surprise. Du sang s'écoulait de la blessure en abondance.

- Il est mort, fit Doko…bravo Yoko, tu as réussi. Nous pouvons rentrer à la Cité Interdite et aller annoncer la nouvelle à l'Empereur, il sera content…

Et Yoko et Doko s'éloignèrent, leur mission accomplie, abandonnant à même le sol la dépouille de celui qu'ils croyaient avoir tué…

(Retour au présent, an de grâce 1743)

-… Car vous avez cru à ma mort, Doko, et vous n'auriez jamais dû, car vous avez, par cet acte, prémédité votre propre mort ! !
Je me suis relevé, une fois que vous fûtes partis, et j'ai eu tout le temps de méditer ma vengeance…une vengeance que je voulais terrible, sur le long terme, que je pourrais savourer lentement, pendant des années…mes premiers desseins de devenir généralissime de l'Armée Impériale passèrent vite au second plan. Tout ce que je voulais, c'était me venger de cet affront que vous m'aviez fait subir en me laissant pour mort, vous, misérables pantins au service de cette faible déesse !
- Alors…fit Doko, qui devinait la suite du récit de Moebius, tu t'es relevé, tu es retourné secrètement à la Cité Interdite, pour y trouver Baruch, et…
- Oui, tu as tout compris. J'avais en cet homme, Baruch, le meilleur moyen qui soit d'accomplir ma vengeance. Et de devenir, en quelque sorte, un chef, un meneur. J'ai retrouvé Baruch dans ses appartements, alors que vous dormiez profondément non loin de là, sans vous douter un seul instant de ma survie…ce misérable n'était pas un chevalier et n'avait pas un dixième de la puissance du plus faible chevalier de bronze du Sanctuaire d'Athéna…je n'ai eu aucun mal à l'abattre et à me débarrasser de son corps…ce Baruch portait un masque depuis toujours, et avait la même stature physique que moi. Une fois ce masque revêtu, personne ne pouvait se douter que, à partir de cet instant, ce n'était plus Baruch qui se cachait dessous…mais moi, Moebius, le guerrier rebelle ! !
- Mais alors…ensuite…tous les chevaliers que tu as recrutés, après moi et Yoko ! !
- Oui…lorsque Baruch était venu nous rencontrer, nous deux et Yoko, à la Cité Interdite, seule une poignée de chevaliers avaient déjà été recrutés. Et le Grand Pope laissait à Baruch une totale liberté dans le choix des guerriers et des armures qui leur étaient affectées. J'ai ainsi recruté moi-même plus d'une cinquantaine des 79 chevaliers qui avaient rallié le Sanctuaire, il y a peu…j'ai moi-même décidé qui allait devenir chevalier de quelle constellation, et j'ai ainsi placé mes pions, comme sur un échiquier…depuis l'instant où j'avais revêtu le masque de Baruch, j'étais devenu quasiment le maître du Sanctuaire ! Ha ha ha ha ha ! !
- Et ensuite ! ! Fit Doko, qui commençait à serrer les dents de plus en plus. Pour Apollon ! Comment as-tu fait ? ?
- Le Grand Pope, Ivan, avait une totale confiance en Baruch, qui était d'une discrétion absolue. Il lui racontait tout, absolument tout, et avait fait de lui son premier confident. C'est ainsi qu'il m'a raconté, à ma demande, les différentes guerres qu'il a menées par le passé, contre différents dieux…dont Apollon ! ! Il m'a révélé comment celui-ci avait été enfermé dans une autre dimension, et m'a ainsi donné les moyens de le faire revenir à nouveau … Lors de mes voyages à travers le monde, je me rendais parfois à Delphes, dans la plus grande discrétion…j'ai donc pu me rendre dans le Temple d'Apollon, et, grâce au secret que m'avait révélé le Grand Pope, sortir le Dieu de son sommeil…je lui ai été d'une aide plus que précieuse, car, sans moi, il n'aurait jamais pu ressusciter, cette guerre n'avoir jamais lieu, et le secret de la résurrection d'Apollon disparaître avec moi et le Grand Pope…j'avais, avec Apollon, un instrument qui allait me permettre de tous vous éliminer un à un…c'était là le seul but de cette bataille, et il est presque atteint, puisque, sur les sept chevaliers venus se battre dans ce Sanctuaire de Delphes, cinq ont déjà trouvé la mort…Athéna a été prise au piège par la Flèche d'Artémis, et le Grand Pope lui-même a vu le piège de cette bataille se refermer sur lui…il est mort de la manière la plus stupide qui soit, en croyant jusqu'au bout, naïvement, qu'Apollon allait lui rendre Athéna…maintenant qu'il est mort, plus personne n'est en mesure de vaincre Apollon, et sa victoire est assurée…Ha ha ha ha ha ! !
- Tu oublies Janus des Gémeaux, à qui le Grand Pope a pris soin de transmettre sa technique secrète pour enfermer Apollon ! Tant qu'il est là avec nous, Apollon ne sera jamais vainqueur ! !
- Mais j'ai pris soin d'enrôler Yoko dans notre armée, et, face à elle, Janus sera comme un loup privé de ses crocs…
- Comment ? Mais comment es-tu si sûr de ce que tu affirmes ? ?
- Que crois-tu que j'ai fait, pendant ces quatre années caché sous le masque de Baruch ?
- Tu as passé ton temps à…à nous espionner ! ! !
- Absolument…Baruch étant un homme des plus faibles et inoffensifs, personne ne pouvait se douter qu'il passait en réalité son temps à épier le moindre de vos mouvements, à glaner des informations sur chacun d'entre vous…j'ai attendu, patiemment, durant ces quatre années, avant de sortir Apollon de son sommeil. Je voulais choisir le moment le plus propice pour cela.
- Et tu as choisi…l'Epreuve d'Athéna ! !
- Oui ; lorsque Athéna a annoncé son intention d'organiser une Epreuve au Sanctuaire, j'ai décidé de passer à l'action…je me suis rendu secrètement à Delphes, et j'ai sorti Apollon de son sommeil séculaire. Pour me remercier, il a fait de moi l'un de ses sept Phébus…et il a ramené à la vie sa sœur jumelle, Artémis, qui sommeillait tout comme lui, et qui m'a transmis une parcelle de son divin cosmos, faisant de moi un demi-Dieu ! ! Mais le moment décisif a été le jour où Yoko a participé à l'Epreuve…
- Mais enfin, pourquoi ! Que s'est-il donc passé, ce jour-là ! !
- Connais-tu la règle du port du masque pour les femmes chevaliers, Yoko ? Sais-tu ce qui se passe si un homme en voit un jour le visage ?
- Tu veux dire que… ! ! !
- Oui, Janus a fait tomber le masque de Yoko, et celle-ci n'a eu que deux solutions : le tuer, ou…
- Ou l'aimer ! ! !
- Sachant parfaitement que Yoko allait opter pour la deuxième solution, j'avais là le moyen de me débarrasser du seul chevalier, en dehors du Grand Pope Ivan, à être capable de vaincre Apollon : le chevalier d'or des Gémeaux…et, en même temps, de me venger de Yoko pour l'affront qu 'elle m'a fait subir il y a quatre ans…en faisant d'elle un Phébus d'Apollon !
- C'est donc toi qui a assassiné Jason du Bélier ! ! !
- Oui…Baruch, à l'origine, n'était pas un chevalier…les chevaliers d'or me laissaient donc traverser leur maison en toute confiance, sans se douter un seul instant de quoi j'étais capable…aussi, peu après que Janus ait vu le visage de Yoko, je suis descendu dans la maison du Bélier et j'ai abattu Jason, par surprise…Athéna t'a alors envoyé à Delphes, avec Yoko, en éclaireurs…il ne me restait plus dès lors qu'à faire enlever Yoko et, en manipulant son esprit à l'aide d'Apollon, à la faire devenir Phébus elle aussi…la laissant ainsi tuer elle-même, de ses propres mains, ses anciens compagnons ! Dont Janus, son bien-aimé ! ! Ha ha ha ha ha !

Moi, Doko, comprenais maintenant tout. Le pourquoi du comment de cette bataille, qui n'avait finalement pour seul but que de tous nous éliminer, moi et mes compagnons. Et, malheureusement, l'objectif de Moebius était presque atteint : Athéna plongée dans un profond sommeil, le Grand Pope abattu, cinq des sept chevaliers d'Athéna morts contre les Phébus…et Janus, qui menait en ce moment un combat qu'il ne pouvait gagner ! Je regardais maintenant Moebius, face à moi, avec un profond mépris, qui muait très vite en une haine farouche. Cet homme, ce traître, cet être abject, innommable, qui nous avais tous bernés, depuis des années, tout ça pour accomplir sa vengeance personnelle ! Le sort de l'humanité toute entière était-il à ce prix ? C'en était trop. Trop de sang avait coulé. Il fallait en finir. Je devais vaincre Moebius et me rendre au plus vite auprès d'Apollon.

- Eh bien, Doko ? Fit Moebius ? Que t'arrive t-il ? Tu t'énerves ? Le dragon perd son sang-froid légendaire ?
- Moebius, tu es un être ignoble, et je ne laisserai plus tuer une seule personne. Car c'est moi qui vais te tuer !
- Tu ne pourras jamais me tuer, Doko ! Je suis bien plus puissant que tu ne peux l'imaginer !
- Quelle ironie…tu es pathétique…
- Comment ?
- Tu viens de me dire que tu avais refusé de servir Athéna il y a quatre ans, car tu ne voulais pas obéir aux ordres d'une autorité, fût-elle divine, et c'est pourtant ce que tu fais depuis le début, avec cet Apollon dont tu me parles…
- C'est moi qui ai redonné vie à Apollon, Doko ! Je n'ai jamais obéi à ses ordres, c'est même moi qui lui en ai donné, dès l'instant où je lui ai permis de revenir !
- Tu es pourtant un homme, Moebius…tu le seras toujours, et tu ne pourras jamais rien contre un Dieu, qu'il soit bon ou mauvais…
- Tais-toi ! Je vais te prouver dès maintenant qu'Artémis a fait de moi un demi-Dieu ! Par la Flèche Satanique !

J'avais déjà été considérablement affaibli quelques minutes plus tôt par la première flèche que Moebius m'avait décoché, et je ne pus éviter cette nouvelle offensive. Je fus touché à une deuxième côte et je sentais une sorte de poison indescriptible envahir mon corps en l'alourdissant. Je ne pouvais résister. Moebius avait-il raison ? Etait-il devenu un demi-dieu ? Etais-je condamné à mourir, moi aussi, comme les autres avant moi ? Je n'en pouvais plus ; le premier combat que j'avais mené contre le Phébus de Jupiter, et ma course jusqu'au royaume de France, avait miné mes forces. Je m'écroulai et perdis connaissance. J'entendais encore la voix de Moebius s'élever au-dessus de moi.

- Ha ha ha ha ha ! C'en est fini de toi, Doko…à présent, il ne me reste plus qu'à attendre la fin du combat entre Janus et Yoko, les laisser s'entretuer, et ma vengeance sera accomplie…tous les chevaliers d'Athéna qui avaient osé défier Apollon seront morts…je serai alors le seul Phébus ayant survécu, et, aux côtés d'Apollon et d'Artémis, je deviendrai l'un des rois du nouveau monde que le Dieu va bâtir…ha ha ha ha ha !

Je ne pouvais plus bouger, j'avais l'impression d'avoir perdu connaissance, et, pourtant, je continuais d'entendre la voix de Moebius, ses rires arrogants et ses remarques méprisantes à mon égard…au moment où je croyais vraiment ma dernière heure arrivée, je fus tiré de ma léthargie par une lumière. Une intense lumière qui m'éblouissait et me forçait à rouvrir les yeux. Au fond du couloir où nous nous trouvions, vers la sortie du Temple, en relevant la tête, je vis alors l'origine de cette lumière. Le soleil. Le soleil était en train de se lever !

- Ca y est…fit Moebius. La nuit s'est écoulée, et l'aube commence à apparaître à l'horizon…le soleil va brûler comme jamais à la surface de la Terre, et effacer toute forme de vie d'ici quelques heures. La victoire d'Apollon est toute proche !
- NON ! ! !

Moebius se retourna et me vit alors comme il ne m'avait jamais vu. Cette lumière du soleil naissant à l'horizon m'avait comme permis de retrouver mes forces, et encouragé à me relever pour poursuivre le combat. Je brûlai mon cosmos comme jamais, et sentis le septième sens s'éveiller en moi. D'un seul coup, je ne sentais plus aucune lourdeur dans mon corps ; les effets de la Flèche Satanique de Moebius s'étaient annulés. Mes cheveux se dressaient vers le haut sous l'effet de mon cosmos, et je me préparai à attaquer.

- Par la Colère des Cent Dragons Suprêmes de Rozan ! ! !

Moebius ne put éviter l'attaque et il retomba lourdement sur le sol, à quelques mètres, son armure de Phébus brisée.

*****

Non loin de là, dans le Temple d'Apollon, tout près de la grande et double porte qui menait à la Salle du Trône d'Apollon, Janus faisait face à Yoko depuis un moment, sans avoir réussi une seule fois à prendre l'avantage. Vite mené par ses sentiments, il ne pouvait se résoudre à frapper celle qui pour lui restait avant tout le chevalier de bronze du Tigre.

- Yoko, encore une fois ! Cria Janus. Ouvre les yeux, et cesse ce combat stupide ! Laisse-moi passer pour aller voir Apollon !
- Tu sembles oublier que je suis ton ennemie, Janus ! Je suis le Phébus de Mars, et je défendrai le Temple d'Apollon jusqu'à mon dernier souffle ! Personne ne m'en empêchera, pas même un chevalier d'or !
- Ne te rends-tu pas compte de ce que tu fais, Yoko ? Apollon t'a manipulée, tu n'es plus la même ! Il a pris le contrôle de ton esprit !
- Tais-toi ! Je n'ai commis qu'une seule erreur, c'est de ne pas avoir ouvert les yeux plus tôt sur la véritable force qu'incarnait Apollon, et non cette pitoyable déesse qu'est Athéna !
- Pour l'amour d'Athéna, je t'en prie, ouvre les yeux…
- Par les Griffes de la Panthère !
Yoko, une fois de plus, n'hésita pas à frapper celui qu'elle considérait encore, peu de jours auparavant, comme son bien aimé. Janus n'opposa aucune résistance et fut balayé en un éclair par le cosmos déferlant de Yoko. Ses griffes étaient plus acérées que celles qu'elle lui avait envoyées durant l'Epreuve, et l'armure du Phébus de Mars semblait lui donner une puissance nouvelle et bien plus élevée que lorsqu'elle était encore chevalier de bronze du Tigre. Janus, protégé par son armure d'or surpuissante, n'avait que quelques égratignures, mais était choqué que Yoko puisse l'attaquer ainsi, si facilement, sans la moindre hésitation. Non, ce n'était pas la Yoko qu'il connaissait qu'il avait face à lui, c'était un pantin manipulé.

- Yoko…fit Janus, toujours à terre, le bras tendu vers elle, désespéramment. Yokooooo !…
- As-tu fini de geindre ? Je n'ai que faire de tes lamentations ! Tiens, prend ça !

Et elle donna un violent coup de pied au chevalier des Gémeaux, qui, frappé à l'estomac, fut projeté à plusieurs mètres. Des larmes perlèrent sur les joues de Janus, qu'il ne pouvait contenir. Il se releva face à Yoko, et, la regardant fixement, passa une main à l'intérieur de son armure, comme s'il cherchait quelque chose enfoui dans une sorte de poche. Il en sortit deux morceaux de porcelaine brisés, qui dessinaient un visage humain, et les montra à Yoko.

- Cela…ne te rappelle t-il rien, Yoko ?
- Que fais-tu avec ces morceaux ?
- C'est le masque que tu portais l'autre jour, et que je t'ai arraché sans le vouloir…ce masque que tu devrais porter à nouveau aujourd'hui…
- Je n'ai plus besoin de ce masque ! Les femmes chevaliers d'Athéna sont réduites à l'esclavage en devant cacher leur visage. En devenant Phébus d'Apollon, je me suis affranchie de cette contrainte. Je suis désormais libre de mener l'existence qui me plaît !
- Non, tu n'es pas libre…tu n'es même pas libre de tes pensées et de tes choix, car c'est Apollon qui contrôle ton esprit…je ne veux pas me battre contre toi, Yoko ! Laisse-moi passer, c'est tout ce que je te demande ! Viens m'aider à affronter Apollon, et à le forcer à rompre l'enchantement, pour Athéna comme pour toi !
- Inutile…Cette conversation ne nous mène à rien ! Que les Crocs de la Panthère te dévorent !

Janus fut une nouvelle fois frappé par l'attaque de Yoko sans faire l'effort de résister. S'il l'avait voulu, il aurait pu aisément la contrer et même la retourner contre elle, mais il ne pouvait l'attaquer. Il ne pouvait frapper Yoko, cette femme…qu'il aimait !

*****

Moebius venait de se relever, face à Doko, et son armure de Phébus commençait à se fissurer.

- Mon armure ! Mon armure de Phébus, pourtant réputée indestructible !
- Je suis en train de te montrer que tu te trompes depuis le début, Moebius. Artémis n'a pas fait de toi un demi-dieu. Et je vais te tuer sans attendre, car tu as atteint le point de non-retour en nous trahissant tous, depuis le début, sous l'apparence de Baruch. Ma colère ne désemplit pas et elle aura raison de toi. Par la Colère du Dragon !
- Par la Flèche Satanique !

La colère du Dragon de Doko, alimentée par la haine de ce dernier pour Moebius, eut raison de la flèche de Moebius, qui s'évapora dans les airs et fut submergée par le cosmos surpuissant de Doko. Une nouvelle fois, Moebius fut touché et alla cette fois s'encastrer dans un mur. Son armure était maintenant en miettes, et seules ses jambières le couvraient encore. Torse nu, il se releva face à Doko.

- Incroyable…ton pouvoir n'a cessé de croître, depuis quatre ans…ton cosmos dépasse désormais largement la puissance d'un chevalier de bronze, et peut-être même d'argent…comment peux-tu encore me frapper de cette manière, alors que je t'ai envoyé par trois fois la Flèche Satanique, que je tiens pourtant d'Artémis ?
- Tu as attisé ma colère en me révélant l'odieuse vérité, Moebius…et cette colère se nourrit de tous les chevaliers et valeureux guerriers morts par ta faute ! Jason du Bélier…Arcanan du Corbeau…Tom du Lézard…Khalid de la Licorne…Neil du Lynx…Polydecte de Céphée…le Grand Pope Ivan lui-même…en leur nom, je te tuerai, je le leur promets à tous ! Mais je suis un chevalier loyal…aussi, puisque tu n'as plus aucune protection…

Et Doko ferma les yeux, se concentra et fit éclater son armure en plusieurs morceaux, se mettant à son tour torse nu, face à son adversaire.

- Pauvre fou ! Fit Moebius . Pourquoi te débarrasses-tu de ton armure, Doko ? Tu viens de laisser passer la seule chance que tu avais de pouvoir me vaincre…maintenant, il est trop tard…
- C'est ce que nous verrons ! Nous sommes à égalité, maintenant !
- Je me battrai jusqu'à la mort, s'il le faut, mais je ne me laisserai pas enterrer si vite ! Par la Flèche Satanique !
- Par la Colère du Dragon !

Un coup de tonnerre prodigieux retentit dans le couloir du Temple d'Artémis, alors que le jour se levait maintenant de plus en plus à l'horizon.

*****

Sur son trône, Apollon s'impatientait. L'aube d'une nouvelle journée était apparue à l'horizon, et il lui semblait que la bataille s'éternisait. Il appela à lui l'une des nymphes d'Artémis, qui, depuis plusieurs heures, montait la garde au chevet du corps d'Athéna, dans les sous-sols du Temple.

- Mégare !
- Oui, Seigneur Apollon, me voici.
- Quel est l'état de la situation actuelle, je te prie ? Combien de Phébus et de chevaliers d'Athéna ont péri dans la bataille ?
- A l'heure actuelle, il semble que cinq Phébus aient perdu la vie dans la bataille, et qu'un sixième vienne d'être grièvement blessé à l'instant. Mais le chevalier qui en est la cause est le dernier chevalier d'Athéna, sur les sept venus à Delphes, à se battre encore. Cependant, un dénommé Janus des Gémeaux a fait irruption dans le Sanctuaire il y a quelques heures.
- Comment ? ? Le chevalier des Gémeaux ?

A ces mots, Apollon ne se sentit pas bien, et eut un frisson qui lui parcourait l'échine. Il se reprit.

- Six Phébus vaincus…il ne reste donc plus que le Phébus de Mars dans la bataille…et, avec ce Janus, on ne sait jamais…la première partie de notre plan a pourtant été un succès, avec la capture d'Athéna, puis la seconde, avec le suicide du Grand Pope…Mégare, nous allons passer à la troisième et dernière partie de notre plan !
- Vous voulez dire que nous allons nous servir de… ?
- Oui…Il sommeille depuis des siècles, lui aussi, et attend que nous lui permettions de se réveiller…le moment est venu. Mégare, va dire à Artémis de redonner vie à cette personne !
- Bien, Maître.

Mégare s'éloigna alors, partant accomplir sa nouvelle mission.

- Avec lui, nous ne perdrons jamais la bataille, tant ses pouvoirs sont grands…les derniers chevaliers d'Athéna vivent leurs derniers instants !

Chapitre précédent - Retour au sommaire - Chapitre suivant

www.saintseiya.com
Cette fiction est copyright Christophe Becquet et Fabrice Willot.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.