Chapitre 16 : La résurrection des Phébus


Un silence pesant venait d'envahir le Temple d'Artémis. Le combat entre Doko et Moebius semblait déjà toucher à son terme. Les deux adversaires s'étaient envoyé leurs plus puissantes attaques simultanément, et tous deux gisaient à terre, sans réaction apparente. Doko s'était volontairement débarrassé de son armure pour combattre à armes égales Moebius dont il avait auparavant détruit la protection.
Moebius se releva néanmoins le premier, et, en titubant, marcha jusqu'à Doko, toujours à terre. En marchant, des gouttes de sang perlaient sur son torse et tombaient à terre en de petits flocs à peine perceptibles.

- Doko…félicitations…tu viens de me montrer par ta témérité et ton courage que la foi en la justice d'une cause permet de triompher de tous les obstacles…tu es parvenu à intensifier ta cosmo-énergie jusqu'à son extrême limite et à produire un véritable miracle…ce n'est pas une armure de bronze que tu devrais porter sur les épaules mais bel et bien une armure d'or…
- Pourquoi me dis-tu cela, Moebius ?

Doko, qui n'était pas vraiment évanoui, avait écouté Moebius les yeux fermés, et venait de les ouvrir brusquement en prenant la parole. Toujours allongé à terre, il regardait fixement son adversaire.

- Doko…je suis si ridicule…depuis le début, depuis quatre ans, je vous ai tous menti, vous avez tous cru voir Baruch en moi, sans vous douter de ce que je tramais dans le plus grand secret…il est maintenant trop tard, mais sache que j'aimerais, si je le pouvais encore, t'aider à combattre Apollon.
- Comment ? ?
- Je sais que dire une telle chose maintenant n'a pas de sens…mais la vengeance est un sentiment épouvantable, elle fait faire des choses que l'on n'imagine même pas, elle aveugle et aliène l'esprit…tu ne me croiras sans doute jamais, mais, depuis quatre ans, c'est ce seul sentiment qui a guidé le moindre de mes actes…peu m'importait combien de personnes allaient mourir, pour qui je me battais, tout ce que je voulais était accomplir ma vengeance, quelles qu'en soient les conséquences…et je n'ai fait d'Apollon que mon instrument…Apollon a promis à tous les Phébus de régner à ses côtés dans le nouveau monde qu'il va construire, mais je sais que cela est faux, qu'il se débarrassera des derniers d'entre nous une fois ses desseins accomplis, et qu'il règnera seul, sans partage…aussi, je te demande une chose, Doko…
- Que veux-tu, Moebius ?
- Va, laisse-moi à mes derniers instants, et rend-toi immédiatement devant Apollon pour le combattre…le chevalier des Gémeaux te rejoindra et t'aidera à l'enfermer à nouveau, grâce à sa technique secrète…et Athéna…vous pouvez encore la sauver…
- Mais comment ? Comment peut-on encore la sauver ?
- Athéna a été plongée dans le sommeil de la Flèche Divine d'Artémis…et Artémis peut la réveiller si elle le désire…vous devez trouver un moyen de la forcer à le faire…n'oublie pas…aaahhh ! !

Moebius poussa un cri et s'écroula à terre subitement. Doko se releva et s'approcha de lui ; il put constater qu'il était mort.

- Tout ça pour ça… Quel gâchis ! Moebius, une autre existence t'aurait attendu, il y a quatre ans, si tu avais accepté de te battre à nos côtés, et de suivre le destin qui était le tien…au lieu de ça, tu n'as voulu en faire qu'à ta tête, et, par ta faute, de nombreux chevaliers ont péri…je peux difficilement te pardonner tout le mal que tu nous a fait, mais je souhaite malgré tout le repos de ton âme, dans l'Autre Monde. Je vais aller aider Janus des Gémeaux et combattre Apollon, mais avant, je vais t'offrir une sépulture digne de ce nom…

Doko s'apprêta à soulever la dépouille de Moebius, lorsqu'un nuage de fumée enveloppa celui-ci mystérieusement. Le nuage grossit et le recouvra totalement. Lorsqu'il se dissipa, Moebius avait totalement disparu !

- Mais…où est-il passé ? S'écria Doko. Pourquoi le corps de Moebius a t-il disparu ?

Consterné par ce qui venait de se passer, Doko regarda néanmoins le jour qui achevait de se lever à l'horizon avec une lumière solaire anormalement puissante, et se rendit compte qu'il n'avait pas de temps à perdre et qu'il ne lui en restait que très peu pour vaincre Apollon avant la destruction de toute forme de vie sur Terre. Il revêtit à nouveau son armure du Dragon et se mit à courir vers la sortie du Temple d'Artémis. Il apercevait au loin sa nouvelle et dernière destination : le Temple d'Apollon.

Le Sanctuaire, Chambre du Pope

Siddartha avait résisté à l'envie de dormir et, sans bouger du Trône du Grand Pope, il suivait le combat à distance, par télépathie, en se laissant guider par les différentes cosmo-énergies qui s'élevaient et retombaient. C'est ainsi qu'il sentit la disparition du cosmos de Moebius et se félicita qu'un sixième Phébus ait été vaincu. Il n'en restait maintenant plus qu'un à abattre avant de pouvoir affronter Apollon en combat singulier. Il était toutefois loin de se douter de l'identité réelle des Phébus de Mars et de Mercure. Mais il savait une chose, la bataille durait depuis longtemps, trop longtemps, et il fallait que le dénouement arrive au plus vite. De l'intérieur de la Maison du Pope, il sentait la chaleur matinale de l'extérieur, malgré les épais murs en pierre hermétiques qui l'en protégeaient. La grande porte à double battants de l'entrée s'ouvrit, dans un grand fracas, et il vit entrer l'un des petits soldats qui gardaient habituellement la Chambre Sacrée.

- Oui, garde ? Qu'y a t-il ? Fit Siddartha, surpris de voir ainsi débarquer l'un des soldats de base du Sanctuaire, qui d'ordinaire n'avait pas le droit d'entrer dans la Chambre Sacrée.
- Pardonnez-moi de vous déranger de la sorte, Grand Pope Siddartha, mais je suis venu vous demander la permission, au nom de tous les soldats personnels du Grand Pope qui gardent l'entrée de cette demeure, de rester à l'intérieur du Temple pour le moment et non à l'extérieur comme il est d'usage habituel.
- Je suppose que cette demande est conséquente à la chaleur qu'il fait à l'extérieur ?
- Oui, Grand Pope, la matinée ne fait que commencer, et nous sommes pourtant en hiver, mais le soleil brille anormalement dans le ciel et il a comme doublé de volume depuis hier soir. Le thermomètre d'Archimède vient d'indiquer une température ambiante de plus de cinquante degrés et il est maintenant impossible à quiconque de rester à l'extérieur. Même les chevaliers d'or n'en peuvent plus et suffoquent peu à peu dans leurs maisons respectives. L'eau des fontaines s'évapore et devient de plus en plus rare. A ce rythme, nous serons tous morts d'asphyxie et de sécheresse d'ici quelques heures.
- Très bien, va dire aux autres soldats de rentrer s'abriter à l'intérieur du Temple, sans attendre.

Le soldat s'en retourna à son poste et Siddartha, à nouveau seul, médita quelques pensées sur le Trône Sacré.

- Cette situation est terrible…et la chaleur continuera à augmenter encore, d'heure en heure…Janus des Gémeaux ! Voilà plusieurs heures déjà que tu es parti…je t'en prie, dépêche-toi, nous comptons tous sur toi !

Delphes, le Temple d'Apollon

" Nous comptons tous sur toi… "
" Nous comptons tous sur toi… "


Janus était à terre, violemment frappé par la nouvelle attaque de Yoko qu'il avait pris de plein fouet sans opposer de résistance, et, alors qu'il sentait ses forces et son courage l'abandonner, il entendit le message que Siddartha lui envoyait par télépathie, depuis la Chambre Sacrée.

- Je ne peux pas…je ne peux pas abandonner…tout l'espoir de l'humanité repose peut-être sur mes épaules, à présent…
- Alors, Janus ? Tu es enfin décidé à mourir ? Faut-il que je te frappe encore une fois, de toute la puissance dont je suis capable ?
- Je n'abandonnerai pas…et je parviendrai à te faire entendre raison. Je ne sais comment, mais tu vas retrouver tes esprits, Yoko !
- Que penses-tu encore faire ? Pourquoi te relèves-tu encore ?
- Yoko ! Cesse cette comédie ! Je t'en prie !
- Si tu voulais que je cesse ce que tu appelles une comédie, encore faudrait-il que tu parviennes à m'affronter et à m'attaquer avec toute ta puissance…depuis le début de ce combat, tu n'es pas parvenu à me porter un seul coup…

Janus regarda Yoko d'un air désespéré. Elle avait raison. Il ne parviendrait jamais à la faire redevenir elle-même tant qu'il ne serait pas parvenu à la toucher au moins une fois. Mais ses sentiments le trahissaient. Il ne pouvait se résoudre à frapper celle dont il avait vu le visage dans la Maison des Gémeaux. Il était lié à cette femme désormais, jusque dans la mort, et il devait trouver un moyen de passer son chemin sans la combattre. Quelques décamètres à peine le séparaient encore de la Salle du Trône où se trouvait Apollon. Derrière Yoko, au fond du couloir, il apercevait la lourde et double porte qui marquait l'entrée de cette ultime salle. Et le temps pressait. La température à la surface de la Terre devait certainement être devenue insupportable, et l'humanité menacée de périr dans les heures à venir.

- Je sais…fit Janus. Regarde bien, Yoko !

Janus, pour la première fois depuis le début du combat, se décida à agir. Mais il préféra utiliser la ruse, plutôt qu'une quelconque attaque. Aussi, il disparut sous les yeux de Yoko, puis réapparut dédoublé face à elle. Il utilisait ainsi son illusion favorite, et espérait berner Yoko.

- Eh bien ? Firent en même temps les deux apparences de Janus. Quel est le bon chevalier des Gémeaux, d'après toi ?
- Une illusion, hein ? Il me semble que tu as déjà utilisé cette attaque contre moi, l'autre jour, durant l'Epreuve…tu sais, Janus, j'ai peut-être changé de camp, mais je n'ai pas pour autant perdu la mémoire…
- Ah oui ? Essaie de me retrouver, puisque tu es si sûre de toi !
- Par les Griffes de la Panthère ! Mais…ohh !

Janus avait réussi, une nouvelle fois, à tromper Yoko, qui envoya son attaque sur la mauvaise apparence. Pendant cette fraction de seconde où elle était ainsi distraite, Janus en profita pour fuir à toute jambes dans le couloir, sans se retourner. Il approcha très vite de la porte d'entrée de la Salle du Trône, mais, alors qu'il allait la franchir, Yoko se matérialisa face à lui et l'empêcha à nouveau de passer, bras écartés.

- Quelle vitesse ! Comment as-tu fait pour me rattraper si vite, Yoko ? Moi qui peux me déplacer à la vitesse de la lumière !
- Aurais-tu oublié que je ne suis plus un chevalier de bronze, mais un Phébus d'Apollon, Janus ? Mes pouvoirs ont été accrus grâce à l'armure que je porte, et la Panthère a remplacé le Tigre…je suis désormais ton égal, voire même ton supérieur…
- Tu mens ! Les chevaliers d'or sont et restent les êtres les plus puissants au monde !
- Si tu en si sûr, prend ça, être puissant ! Que les Crocs de la Panthère te dévorent !
- Aaarrghh !

Janus s'écroula à terre, avec deux plaies dans les jambes, une à chaque mollet. Il avait la réelle impression que les crocs d'une panthère lui dévoraient le bas des jambes et les pieds, et le saignaient à blanc. La douleur était très vive et il était démangé par l'envie de retirer son armure des Gémeaux pour avoir moins mal. Mais il ne pouvait faire une telle chose et se retrouver sans protection face à Yoko.

- Alors, Janus ? C'est douloureux, n'est-ce pas ? Mais, ne t'en fais pas, tu ne souffriras pas longtemps. Car je vais t'achever. Par les Griffes de la Panthère !

Un filet de sang jaillit de nouvelles blessures et se répandit en flaque sur le sol. Janus n'avait pas eu le temps de réagir et de se défendre ; une nouvelle fois, il subit l'attaque passivement, et se retrouva à terre ,blessé. Il sentait ses forces le quitter et la mort se rapprocher. Il ne pouvait rien faire. Il ne pouvait pas faire face à Yoko, c'était au-dessus de ses moyens. Allait-il mourir ?

- Tu n'as plus l'air de réagir…tu acceptes enfin de mourir, Janus ?
- Cette fois, elle a raison…je n'en peux plus, je vais…
- Par les Griffes de la Panthère !
- Par la Colère du Dragon !

L'attaque surgit de derrière et Yoko ne la vit pas arriver. Elle eut juste le temps de faire un bond prodigieux pour l'éviter, et se rétablit en équilibre devant son nouvel adversaire, tandis que Janus sombrait dans l'inconscience.

- Doko ! Fit Yoko. Ainsi, toi aussi, tu n'as pas encore été tué par les autres Phébus, et tu es toujours dans la course…intéressant ! Je vais en finir avec toi comme j'en ai fini avec les autres !
- Je ne te laisserai pas prendre la vie de Janus, Yoko…s'il le faut, je t'affronterai !

*****

A quelques kilomètres de là, dans un recoin isolé du Sanctuaire de Delphes, alors que le soleil brillait de tous ses feux dans le ciel de ce début de matinée, un corps mort gisait à l'abandon, à même le sol, sur lequel s'activaient quelques corbeaux qui prenaient plaisir à lui décortiquer la peau des bras. Soudain, dans le vide des lieux, une lumière apparut au-dessus du corps, qui fit peur aux corbeaux et les fit s'éloigner à toute vitesse. Dans la lumière, une voix se fit entendre.

- Erymanthe du Sanglier, Phébus d'Uranus…je te donne une seconde chance…relève-toi, et retourne combattre notre ennemi ; accomplis ta vengeance, et envoie-le dans la tombe…

La lumière enveloppa tout le corps d'Erymanthe et, comme par enchantement, toutes ses plaies se refermèrent et les morceaux de son armure brisée se reconstituèrent tous seuls jusqu'à le recouvrir intégralement, à nouveau. Erymanthe se releva et se mit à courir dans la direction du Temple d'Apollon, silencieusement, comme si de rien n'était.

*****

A des milliers de kilomètres de là, dans les vignobles de Champagne du royaume de France, une nouvelle lumière apparut dans les airs et descendit dans un recoin où les vignobles étaient tâchés de sang. Un râle se fit entendre, alors que de nouveau la voix mystérieuse et pénétrante se mêlait à la lumière.

- Géryon du Bœuf, Phébus de Jupiter…reviens à la vie, je te l'ordonne…relève-toi, et retourne à Delphes, dans le Sanctuaire d'Apollon, y combattre notre ennemi jusqu'à ce qu'il trépasse…

L'armure de Phébus brisée de Géryon se reconstitua à nouveau sur ses épaules puis sur tout son corps, et le Phébus de Jupiter se mit à courir à grande vitesse vers la Grèce et le Sanctuaire de Delphes, remis d'aplomb d'un seul coup, et prêt à reprendre le combat là où il l'avait laissé.

*****

Doko faisait maintenant face à Yoko, dans le couloir du Temple d'Apollon, dernier bastion avant la Salle du Trône. Derrière eux, un peu plus loin, Janus des Gémeaux était allongé à terre, blessé et inconscient, de même que, un peu plus loin encore, Adam de l'Horloge, évanoui depuis un moment.

- Nous nous retrouvons enfin, Doko…fit Yoko, avec un air d'indifférence, voire de mépris. Je suis surpris de voir que tu es toujours en vie. Mais, comme tu peux le voir, j'ai vaincu Adam et Janus, et il ne reste maintenant plus que toi. Tous les autres chevaliers venus dans le Sanctuaire d'Apollon sont morts, et tu vas aller les rejoindre. A moins que tu ne préfères abandonner tout de suite…
- Je sais ce qui t'es arrivée, Yoko, répondit Doko calmement, d'une voix posée. Moebius de l'Arc, le Phébus de Mercure, m'a tout raconté. C'est à cause de lui que tu as été enlevée l'autre jour. Et que tu es passée aux mains d'Apollon ! Je te ferai retrouver tes esprits, Yoko, je le jure !
- Tiens donc…et où est ce cher Moebius, à présent, dis-moi ?
- Il est mort…je l'ai affronté et vaincu, en combat singulier. Il m'a révélé toute la vérité…cette vérité que tu ne sais même pas ! Tout est de sa faute, Yoko ! Cette bataille, tous les chevaliers morts depuis le début ! Nous avons tous été manipulés, et toi la première ! Je te demande maintenant d'ouvrir les yeux ! Nous devons vaincre Apollon au plus vite, avant que l'humanité ne périsse du soleil !
- Ainsi donc cette bataille aurait été provoquée par ce Moebius…à vrai dire, je m'en doutais un peu…mais peu m'importe, de toute manière. Tu es mon ennemi, à présent, et je vais te tuer, Doko ! Par les Griffes de la Panthère !

Doko fut surpris par cette attaque ; il ne croyait pas Yoko capable de l'attaquer, lui qui avait été son ami et compagnon pendant de nombreuses et longues années d'entraînement. Même si son esprit avait été manipulé, elle ne pouvait pas avoir totalement oublié et renié cette partie de sa vie ! Néanmoins, il ne put rien face à l'attaque qu'elle venait de lui envoyer, et fut terrassé sur le coup. Il commençait à accuser la fatigue et les blessures de ses deux premiers combats, celui contre Géryon du Bœuf dans le royaume de France, puis contre Moebius il y avait quelques instants à peine. Il avait du mal à faire face. Résolu, il se releva très vite face à Yoko.

- Tu te relèves ? Et tu veux te battre ?
- Absolument ; Janus a été vaincu parce qu'il n'a pas pu surmonter les sentiments qu'il avait pour toi, mais, face à moi, il en sera autrement.
- J'en doute !
- Aurais-tu déjà oublié notre passé, à Rozan, Yoko ? Nous nous sommes affrontés maintes fois au cours de notre entraînement de chevaliers, et je connais la moindre de tes techniques, à la perfection ! Je te frapperai, s'il le faut, et te ferai entendre raison !

Doko se concentra alors, en fermant les yeux, et appela toute la puissance de son cosmos. Il faisait le vide dans son esprit, et abstraction de tout sentiment face à son adversaire. Comme il avait déjà pu apprendre à le faire à plusieurs reprises, par le passé. Face à Yoko, face à Albérich XIIIème du nom, comme durant l'Epreuve, face aux chevaliers d'or.

- Désolé, Yoko, mais je n'ai pas le choix…allez, redeviens la Yoko que j'ai connu ! Par la Colère du Drag…
- Non, Doko ! Ne la frappe pas !

Au moment où il allait libérer son cosmos et lancer son attaque sur Yoko, Doko sentit une main qui s'agrippait à ses chevilles. Janus des Gémeaux, à terre, venait de reprendre ses esprits et exhortait Doko à ne pas frapper Yoko.

- Mais, que fais-tu, Janus ? Lâche-moi !
- Doko, je t'en supplie, ne frappe pas Yoko !
- Mais enfin, pourquoi ?

Doko ne comprenait pas la réaction de Janus, qu'il qualifiait de faiblesse et l'étonnait venant d'un chevalier tel que lui, l'un des plus puissants chevaliers d'Athéna. Pourquoi Janus voulait-il tant préserver la vie de Yoko, et ne lui faire aucun mal ? Des larmes venaient aux yeux du chevalier des Gémeaux, et Doko se décida à le lui reprocher.

- Que t'arrive t-il, Gémini ? Pourquoi cette réaction de faiblesse ?
- Tu…tu ne pourras pas comprendre, Doko, cela est trop compliqué. Ecoute-moi. Le temps presse, nous devons absolument vaincre Apollon. Je vais rester ici avec Yoko, rend-toi immédiatement devant le Dieu ! Il est derrière cette porte, qui se dresse au bout du couloir !
- Yoko a été manipulée par Apollon, Janus…en lui portant au moins un coup, je pense que nous parviendrons à lui faire retrouver ses esprits !
- Non, tu n'y parviendras pas ; je l'ai compris depuis le début de notre affrontement. Si c'est réellement Apollon qui a manipulé son esprit, alors lui et lui seul est également capable d'annuler le sortilège…
- Mais oui…je comprends, maintenant…c'est la même chose pour Athéna…très bien, Janus, je pars combattre Apollon.

Mais, au moment où il se retournait pour passer son chemin et se diriger vers le fond du couloir, un cosmos prodigieux brûla et les repoussa, lui et Janus, plusieurs mètres en arrière.

- Que complotez-vous depuis quelques instants ? Fit Yoko, qui venait de leur lancer une rafale d'énergie. Je ne suis pas disposée à vous laisser franchir ce couloir. J'ai pour mission de vous tuer, et je remplirai cette mission ! Comme cela ! Que les Crocs de la Panthère vous dévorent !

Yoko attaqua Doko et Janus simultanément, mais Doko se plaça devant Janus, son bouclier du Dragon en avant, et ledit bouclier absorba la majeure partie de l'attaque.

- C'est vrai, j'oubliais…fit Yoko. Le bouclier du Dragon est l'une des protections les plus résistantes au monde…mais voyons s'il résistera à ta propre attaque, Doko. Par la Colère du Dragon ! ! !

Doko avait complètement oublié cette particularité. Placée sous le signe du Tigre, Yoko possédait les mêmes attaques que Doko, pour s'être entraînée avec lui durant quatre ans. Elle maîtrisait donc, elle aussi, la Colère du Dragon ! Le bouclier de Doko ne lui fut cette fois d'aucune utilité, et il fut terrassé par cette attaque qui était en principe la sienne. Le chevalier des Gémeaux fut balayé avec lui, et tous deux vinrent s'encastrer dans la pierre épaisse de l'un des murs, avant de retomber sur le sol, en un grand fracas. De plus, Doko retomba sur le corps de Janus, en écrasant celui-ci de tout son poids, et le blessant davantage sans le vouloir.

- Votre dernière heure est arrivée, à tous les deux…je vais vous tuer ensemble, tant que vous êtes unis sur le sol…Adieu, Janus et Doko ! Par les Griffes de la Panthère !
- Par l'Evasion de l'Horloge !

Yoko fut frappée violemment dans le dos, par surprise, et chuta de tout son long, son casque se brisant sous le choc. Adam, le chevalier de l'Horloge, venait de reprendre ses esprits après plusieurs heures d'inconscience, blessé par Yoko auparavant. Remis sur pied, il avait concentré son cosmos suffisamment pour porter un coup à Yoko.

- Doko ! Janus ! Je vous souhaite bonne chance ! Je vais combattre Apollon ; rejoignez-moi vite !
- Tu n'iras nulle part, Adam ! Reprit Yoko. Meurs !
- Par la Colère du Dragon !
- Tu es encore là ?

Doko s'était relevé et il décida d'occuper Yoko pour permettre à Adam de quitter les lieux. C'est ainsi que, venant du fond du couloir, on put entendre le grincement d'une lourde et immense porte double qu'on ouvrait puis qu'on refermait aussitôt. Adam venait de pénétrer dans la Salle du Trône.

- Quel inconscient ! Fit Yoko. Il est finalement entré…il ne sait pas ce qui l'attend…il n'a plus que quelques instants à vivre…
- Que dis-tu ? Fit Doko.
- Apollon est un Dieu…son pouvoir est illimité, il n'a rien de commun avec les sept Phébus, même réunis…un humain ne peut rien face à un Dieu. La seule personne capable d'affronter Apollon, c'est Athéna elle-même…et si Adam provoque Apollon, alors sa colère sera terrible…il ne restera bientôt plus rien du chevalier de l'Horloge…Ha ha ha ha ha !
- Grr…peu importe, j'irai bientôt le rejoindre pour l'aider. Quand je serai venu à bout de toi ! Par la Colère du Dragon !

Cette fois, sous l'effet d'une réelle colère mêlée à l'empressement d'aller rejoindre Adam face à Apollon, Doko lança son attaque à une puissance telle que Yoko ne put rien faire et prit le coup en pleine figure. Elle retomba sur le sol en saignant au front abondamment.

- Yoko ! ! !

Janus s'était relevé et accourait vers Yoko, en une attitude protectrice malgré l'adversité. Il ne pouvait se résoudre à ce que Doko la frappe, et lui fit encore le reproche, tandis qu'il prenait Yoko, qui ne bougeait plus, dans ses bras.

- Doko ! Pourquoi l'as-tu frappée ?
- Yoko est notre ennemie, Janus ! N'est-ce pas toi, qui, à l'instant, m'as dit qu'il n'y avait qu'Apollon lui-même capable de la faire redevenir elle-même ? Dans ce cas, emmenons Yoko devant Apollon.
- Oui…tu as raison.
- Mais, juste avant, dis-moi la vérité, Janus.
- La vérité ?
- Que s'est-il passé avec Yoko, durant l'Epreuve, lorsque elle s'est mesurée à toi ?
- Que veux-tu dire ?
- J'ai constaté, peu après l'Epreuve, un changement de comportement de la part de Yoko. Je la connais très bien et rien ne peut m'échapper. De plus, elle avait changé de masque à la suite de votre combat. J'en déduis donc que tu as vu son visage et que ta réaction à l'instant a un rapport avec cette vision. Alors, dis-moi ce que cela signifie.

Janus comprit qu'il ne pourrait pas cacher la vérité plus longtemps à Doko, tout comme il n'avait pas pu face à Gassama du Taureau, au Sanctuaire, lorsque ce dernier lui avait demandé des explications.

- Très bien, alors voici ce qui s'est passé…j'ai…
- Comme c'est touchant…le chevalier des Gémeaux cède, une fois de plus, à ses sentiments…
- Qui est là ? Qui a parlé ?

Une voix venait de s'élever dans le couloir, et se rapprochait. Elle semblait très familière à Doko. Deux hommes apparurent alors à leurs yeux, vêtus d'une armure extrêmement brillante.

- Nous avons pour mission de prendre la vie du dénommé Janus des Gémeaux, fit l'un d'eux, et nous la remplirons sans faillir…
- C'est impossible ! ! S'écria Doko, en les regardant. Vous avez été tués il y a quelques heures ! !
- Qui sont-ils, Doko ? Demanda Janus, un peu incrédule.
- Je vais te le dire, fit l'un d'eux. Je suis Géryon du Bœuf, Phébus de Jupiter !
- Et moi Erymanthe du Sanglier, Phébus d'Uranus ! Nous avons reçu une seconde vie, et sommes bien décidé à accomplir notre vengeance !

Devant Doko, Janus, et Yoko toujours inconsciente, se tenaient deux Phébus ressuscités !

*****

Adam de l'Horloge avait pénétré dans la Salle du Trône en poussant de toutes ses forces la lourde porte double qui en marquait l'entrée. Aussitôt entré, la porte se referma toute seule derrière lui, comme par enchantement, dans un fracas qui résonna dans un grand silence lugubre. A présent, un escalier se tenait face à lui, et laissait dérouler un tapis pourpre sur les marches et les dalles de marbre bleu. Pas un bruit, pas un son dans cet immense espace sombre, éclairé par quelques torches, et qui semblait hors du temps. Adam se décida à gravir les marches, une à une, lentement. Lorsqu'il arriva en haut de l'escalier, il vit, à une vingtaine de mètres devant lui, un homme élégant, vêtu d'une longue robe noire, une cithare à la main, le regard impassible, et duquel ne s'échappait aucune agressivité.

Apollon.

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Cette fiction est copyright Christophe Becquet et Fabrice Willot.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.