Chapitre 17 "C" : Le Chevalier Divin ou la Dernière Bataille…


Saint Seiya, volume 21:

L'Athéna Exclamation est un coup qui émane de l'union de trois chevaliers d'Or. C'est un coup où les forces offensives des chevaliers d'Or poussées à l'extrême se concentrent en un seul point. Et cette force destructrice, à plus petite échelle, équivaut au Big Bang qui donna naissance à l'Univers dans lequel nous sommes.

A cause de cette force destructrice, Athéna en interdit l'usage depuis les temps les plus anciens car elle affirmait que cette attaque n'était pas digne, qu'elle ne faisait pas honneur aux codes des combats pour la Justice. Et c'est pourquoi on l'appelle l'Attaque de l'Ombre…

M. Kurumada

***

- Terrible Providence !
- Eternal Drowsiness !

Thanatos et Hypnos avaient réagi à la vitesse de la lumière; heureusement qu'ils la maîtrisaient, d'ailleurs, sinon ils auraient reçu de plein fouet l'Athéna Exclamation sans avoir aucune chance de l'esquiver.

Une aveuglante et puissante lumière apparut dans la Salle d'Audience de Giudecca. Un bruit sourd, celui d'une explosion, se fit entendre en même temps. Hadès fut obligé de fermer les yeux, lui qui détestait la lumière. Lorsqu'il put enfin les rouvrir, il ne put retenir un léger cri de surprise: Giudecca n'existait plus ! Le Palais du Dieu des Morts avait été complètement rasé par la puissance des deux Athéna Exclamation. Hadès chercha du regard ses deux plus fidèles lieutenants; il ne chercha pas longtemps. Thanatos gisait près du trône où lui-même siégeait. Le maître de la Mort avait le visage totalement tuméfié. Son surplis divin avait été presque entièrement détruit. Son frère, en revanche, avait un air serein; il n'en était pas moins mort également, sa protection elle aussi réduite en cendres. Hadès ne put s'empêcher d'admirer la puissance de l'attaque des chevaliers d'Athéna. Tiens, d'ailleurs, où étaient-ils ?

Le chevalier du Verseau était mort et cette fois, il n'y avait aucune chance de le ramener. Trop jeune pour supporter une décharge d'énergie aussi puissante, il avait succombé. A ses côtés, le chevalier du Cancer n'était pas en meilleur état. Son armure d'Or, pourtant réputée comme l'une des plus puissantes protections de l'univers, était détruite. Un peu plus loin… Voyons comment s'appelait celui-là déjà ? Ah oui, le chevalier du Poisson. Mort, lui aussi, bien entendu. Sa harpe ne résonnerait plus. Puis… Mais bon sang, ils étaient six ! Où sont passés les trois autres ?

- Nous sommes là, Hadès.
- Comment avez-vous survécu ?
- La volonté, Empereur des Ténèbres, la volonté. Nous sommes totalement épuisés et nos corps risquent de nous trahir à tout moment, mais notre cosmos est intact !
- Et après ? Que pouvez-vous espérer faire ? Vous êtes plus morts que vifs !

De fait, ils n'avaient pas fière allure. Mû, qui venait de parler, n'avait plus qu'une moitié d'armure. Tout le côté droit avait volé en éclats sous la pression de l'Athéna Exclamation. Siegfried, qui se tenait à sa gauche, avait une protection en meilleur état. Néanmoins son casque avait sauté et une longue ligne de sang s'écoulait sur son visage. Il semblait avoir du mal à tenir sur ses jambes qui menaçaient à tout moment de se dérober. Quant à Orphée, il n'avait plus d'armure; celle-ci avait entièrement disparu. Il ne tenait plus que sa lyre dans sa main. C'était là les derniers chevaliers d'Athéna encore en vie. Les seuls à pouvoir empêcher l'Ultime Eclipse. Mû le savait et se tourna vers ses compagnons.

- Nous sommes arrivés au bout de notre mission. C'est la fin du voyage pour nous. Il nous reste une dernière chose à faire.
- Vaincre Hadès, compléta Orphée.
- En effet. Il serait vain de prétendre pouvoir le vaincre avec nos attaques, de même que cela l'était face à Hypnos et Thanatos. Vous savez ce que cela signifie…
- Une nouvelle Athéna Exclamation, fit Siegfried d'une voix neutre.
- Oui. Seulement, nous sommes très faibles; nous n'avons absolument aucune chance d'en réchapper.
- Et alors, rétorqua le chevalier du Lion ? Nous le savions depuis le départ que nous aurions probablement à sacrifier nos vies et nous y étions préparées. J'étais un Guerrier Divin, prêt à risquer ma vie pour Odin et Asgard. Je suis à présent un chevalier d'Athéna et je remplirai ma tâche jusqu'à la fin. Il est déjà miraculeux que nous soyons parvenus à Giudecca. Nous avons prêté serment aux chevaliers de Bronze de tout tenter pour prévenir la grande catastrophe qui menace la Terre et nous tiendrons parole. Mû, Orphée, cela a été un honneur et un privilège de combattre à vos côtés et j'espère que nous aurons une autre vie pour se retrouver..

Il tendit sa main, une main sur laquelle vinrent se poser celles de Mû et d'Orphée, dont les larmes commençaient à apparaître. Ils se regardèrent une dernière fois, conscients d'avoir partagé des choses qui ne pouvaient se décrire en mots. Puis, ils se tournèrent vers Hadès. Le dieu n'avait pas bougé de son trône. Il paraissait totalement indifférent aux chevaliers d'Athéna et gardait les yeux perdus dans le vague. Il ne parut pas plus concerné lorsqu'il les vit reprendre la position de la Trinité et enflammer leur cosmos.

- Hadès, hurla Orphée, il est temps de mettre un terme à tes ambitions destructrices ! Reçois à ton tour l'Athéna Exclamation !

Il y eut à nouveau le vacarme assourdissant et l'aveuglante lumière. Toutefois, la dernière chose que vit Mû avant de fermer ses yeux à tout jamais fut le trône intact d'Hadès, lui-même indemne.

Hadès se leva alors. Il vérifia mentalement que les trois derniers chevaliers d'Or à l'avoir défié étaient morts et sourit. Plus rien ne l'empêchait de mettre en route son plan pour s'emparer. Certes, il avait perdu plusieurs de ses Spectres et les trois Titans. Et même ses deux plus fidèles lieutenants avaient fini par mordre la poussière. Mais cela était sans conséquence. Il disposait encore de plus quatre vingt-dix guerriers prêts à mourir pour lui. Et surtout il allait enfin pouvoir lancer dans la bataille sa botte secrète, les guerriers qui seraient les plus à même de traverser les douze maisons du Zodiaque pour lui ramener la tête d'Athéna: les chevaliers d'Or défunts ! Athéna et ses chevaliers seront incapables de tous les contenir. La victoire lui appartenait déjà. D'ailleurs, en y réfléchissant, il n'était pas mécontent de s'être débarrassé d'Hypnos et de Thanatos; ils commençaient à devenir trop insolents.

- Merci, chevaliers d'Athéna, fit-il tout haut en s'adressant à Mû et à ses compagnons, vous m'avez rendu un fier service. Grâce à vous la victoire n'en sera que plus douce !
- Oh, mais la bataille n'est pas finie, Hadès !
- Quoi ? Qui est là ?

A quelques pas du Dieu des Morts, une aura apparut. Dorée d'abord, elle prit très vite une blancheur étonnante qui était l'apanage des Dieux. Une silhouette prit peu à peu forme. Un homme d'environ un mètre quatre vingt dix, les cheveux assez longs. Hadès ne parvenait pas encore à distinguer la couleur, mais on aurait dit qu'ils étaient… Bleus ! Mais il n'arrivait toujours pas à voir son visage.

- Qui es-tu, demanda-t-il à nouveau ?
- Mon nom est Kanon, chevalier divin de Perséphone !
- Quoi ???

***

L'histoire de Perséphone…

Perséphone était la fille de Zeus et de Déméter; elle fut plus tard connue sous le simple nom de Koré, " la Jeune Fille ". Epouse d'Hadès, le frère de Zeus, elle est donc reine des Enfers; cependant, elle était à l'origine une déesse du Blé, comme sa mère. Perséphone était d'une rare beauté, et sa mère Déméter l'élevait au secret en Sicile, son île favorite, où la jeune fille était en sécurité. Là, dans les bois d'Enna, Perséphone se divertissait en compagnie des Océanides.
Mais un jour, alors qu'elles étaient occupées à cueillir des fleurs, Perséphone s'écarta du groupe, apercevant un beau narcisse bleu ; la fleur avait été produite par Zeus, car ayant favorablement répondu à la demande de son frère Hadès qui voulait épouser la jeune fille malgré le refus de Déméter, il espérait obtenir l'accord de la déesse en la mettant devant le fait accompli.
Maintenant que Perséphone était seule, Hadès jaillit du sol sur son char, se saisit d'elle malgré ses cris et l'emmena. La nymphe Cyané, qui était témoin de l'enlèvement, protesta en vain, et, de désespoir, s'évanouit dans les eaux. Déméter était folle de chagrin et de rage. Elle déchaîna une incroyable famine qui ravagea le monde. Zeus fut obligé de convoquer Hadès, Déméter et Perséphone afin de leur proposer un compromis. Celui-ci établit que la jeune femme passerait quatre mois près d'Hadès comme reine des Enfers, et le reste de l'année sur la terre.
Perséphone semble avoir accepté son rôle de reine des Morts car, dans les légendes, elle agit toujours en accord avec son époux…

***

A l'heure où Hadès voyait l'armure divine de son épouse sur le dos d'un inconnu, tous ces souvenirs lui revenaient en mémoire. Jamais Perséphone n'avait marqué la moindre intention de le trahir. Certes, elle désapprouvait le fait qu'il veuille sempiternellement s'emparer de la Terre, mais de là à confier son armure à un chevalier d'Athéna, il y a avait une marge. Pourquoi ?

- Parce que je ne veux pas disparaître, parce que je ne veux pas que tu meures. Parce que tu sais très bien que si les hommes venaient à mourir, les Dieux n'auraient plus de raison d'être…
- Perséphone ?

Une seconde aura apparut alors. La silhouette encapuchonnée enleva sa longue robe qui la cachait aux yeux des autres et son visage parut en pleine lumière: Perséphone, reine des Enfers, venait de faire son entrée à Giudecca !

- De quoi parles-tu, Perséphone ?
- Je parle de ce que j'ai vu ! Jusqu'à aujourd'hui, je ne m'étais jamais opposée à tes stupides envies de conquête, mais je n'ai plus le choix. En lançant dans la bataille les chevaliers d'Or défunts comme tu souhaites le faire, tu vas déclencher une réaction en chaîne qui conduira à ta destruction ainsi qu'à celle de la Terre.
- Comment peux-tu savoir cela ?
- J'ai fait un voyage dans le futur…
- Mais tu n'as pas le droit ! Zeus a interdit les voyages inter-temporels !
- Et alors, rétorqua Perséphone, n'a-t-il pas interdit la conquête de la Terre alors qu'il l'avait donnée à sa fille Athéna ?

Hadès resta silencieux quelques instants, paraissant réfléchir intensément…

- Non, je ne te crois pas, dit-il enfin. Je ne sais à quels motifs tu obéis, ni ce qui t'a poussé à te dresse contre moi, mais tu en subiras les conséquences. Tu vas mourir, Perséphone !

Le dieu des Enfers leva son bras droit et une gerbe d'éclairs en jaillit pour aller frapper son épouse. Mais au moment de l'impact, une ombre passa à la vitesse de la lumière, souleva la déesse et la reposa plus loin.

- Comment oses-tu interférer ?!!! Oublierais-tu qui je suis ?
- Je sais parfaitement qui tu es et je me moque de savoir ce que tu représentes ! Perséphone m'a fait cadeau de son armure afin que je puisse te combattre, et c'est exactement ce que je vais faire. En garde, Hadès ! Subis l'Explosion Galactique !

Les boules d'énergies fusèrent vers Hadès à une vitesse vertigineuse. Kanon n'e revenait pas; il avait beau savoir qu'il portait une armure divine, il était ébahi par la puissance de son attaque ! Toutefois celle-ci, malgré sa puissance, alla s'écraser contre Hadès sans paraître lui causer le moindre dommage… Mais c'était impossible ! Comment avait-il pu encaisser une telle décharge d'énergie sans broncher ? Il était invincible ! Peu à peu, Kanon se calma. Il n'avait pas affaire à un adversaire habituel; il était face à un Dieu…
Il lui fallait donc oublier tout ce qu'il avait appris face à d'autres adversaires et s'en remettre exclusivement à son instinct, s'il voulait avoir une chance de vaincre. En effet, seul son instinct pourrait lui permettre de réellement s'harmoniser avec son armure divine de façon à faire de lui, ne serait-ce qu'un bref instant, l'égal d'un Dieu… D'autant qu'il y a avait autre chose que Kanon ne parvenait pas à s'expliquer: Il avait en face de lui Hadès, Dieu des Morts. Alors pourquoi diable avait-il le visage de Shun, les cheveux noirs exceptés ?

Soudain, Hadès se leva. Autant Shun n'était qu'un adolescent, autant le Dieu qui venait de se lever ressemblait à un homme dans la force de l'âge. Une puissante aura l'entoura alors qu'il s'avançait avec Kanon. Ce dernier, s'attendant à une attaque, se mit en garde. De fait, Hadès leva son bras et une nouvelle gerbe d'éclairs en sortit pour frapper Kanon. Le chevalier divin para tant bien que mal le coup. Il ne faisait aucun doute que l'intensité de l'attaque était plus importante que la première fois. Kanon réfléchit rapidement; il était inutile de chercher à frapper Hadès sur le plan mental. Aussi fort soit-il dans ce domaine, il courait à un échec certain. Il était également illusoire de penser pouvoir l'envoyer dans une dimension parallèle, ce qui résoudrait bien des problèmes… Ne restait finalement que l'Explosion Galactique. Mais la force brute avait-elle une chance de triompher d'un Dieu ? De toute façon, il n'avait guère le choix. Il fallait frapper.

- Que l'Explosion Galactique t'anéantisse !

Non, fit Hadès de la tête, en se contentant de lever la main pour parer le coup. Le Dieu avait presque l'air désolé de l'insuccès de son adversaire. Une nouvelle fois, il lança son attaque. Comme précédemment, elle était plus puissante et plus dévastatrice. Cette fois, Kanon ne put la parer. Il fut frappé de plein fouet et envoyé balader à plusieurs mètres. De son côté, Perséphone regardait le combat avec une angoisse qui allait croissante.
Elle était dans l'incapacité totale de venir en aide à Kanon. Elle avait presque utilisé toute son énergie à le ramener à la vie et elle lui avait en plus confiée son armure. Il allait devoir se débrouiller seul.



Kanon se releva. Lentement, avec beaucoup de difficultés, mais il se releva. Il ne pouvait pas échouer; il repensa à Mû, Orphée et les autres qui avaient sacrifié leurs vies pour leur cause, qui était maintenant la sienne. Certes, il avait pêché, certes il avait trahi, menti et tué. Mais cela était du passé ! A présent, il était un chevalier de l'Espoir à son tour… Même s'il portait l'armure de la déesse des Enfers, il n'en demeurait pas moins un chevalier d'Athéna ! Et il vaincrait, pour elle et pour le monde !

- Brûle, mon cosmos ! Que l'Explosion Galactique te terrasse !

Kanon avait mis tout son cœur, toute sa rage, toute sa puissance, dans cette dernière attaque. Peut-être dépassa-t-elle de ce fait la vitesse de la lumière ? Ce fut en tout cas une hypothèse pour expliquer qu'Hadès n'ait pu cette fois la parer aussi facilement et soit contraint à défendre. Toutefois, le coup de Kanon n'eut que peu d'effet; certes, une légère estafilade à la tempe attestait du résultat, mais en dehors de cela, il fallait bien reconnaître qu'Hadès n'était pas près d'être vaincu.

- Je ne comprends pas, fit Kanon d'une voix qui était à peine audible. Toute ma puissance et je n'arrive même pas à le faire chanceler… L'armure de Perséphone ne m'est-elle donc d'aucune utilité ?
- Pauvre chevalier, répondit Hadès d'un ton plein de commisération. Tu es pathétique. Tu crois vraiment que parce que tu portes une Kamui, tu seras l'égal des Dieux ? Laisse-moi te rappeler une chose. Seul un être qui s'est éveillé à la Big Will, c'est à dire à la part divine qui sommeille en lui peut rivaliser avec un autre dieu. L'armure ne sert pas à grand-chose sans cela. Je ne sais pas à quoi Perséphone pensait en te faisant don de sa protection mais le fait est qu'elle ne te sera d'aucune utilité. Il est temps d'en finir, ne crois-tu pas ? Toutes mes précédentes attaques n'étaient que des pâles esquisses de mon pouvoir; tu vas mourir, chevalier. Dark Thunder !

Kanon comprit alors ce qu'était la puissance d'un Dieu. L'attaque qui venait vers lui était composée de millions, non plus probablement de milliards, d'éclairs. Il en évita quelques-uns uns, grâce à sa vitesse naturelle et à la protection de son armure, mais il savait qu'il ne faisait que reculer l'échéance. Il fut touché une première fois, puis une seconde, puis une troisième. La douleur était à présent si forte qu'il arrêta de compter. Il se sentait comme un homme attaché à un peloton d'exécution avec une armée entière qui lui tirait dessus en même temps.

Lorsque Hadès cessa enfin son attaque, Kanon était dans un état pitoyable. Il gisait dans une mare de sang, qui s'écoulait de tous les pores de sa peau. L'armure de Perséphone était percée de parts en parts. Le casque avait été réduit à néant et les longs cheveux bleus de Kanon viraient au rouge sang.

N'y avait-il rien à faire ? Affronter Hadès n'était-il pas un combat perdu d'avance ? Comment lui, un simple chevalier, pouvait-il prétendre rivaliser avec un Dieu ?
Certes, il avait une armure divine sur le dos, mais l'armure ne faisait pas le chevalier, Seiya et ses compagnons l'avaient suffisamment démontré au cours de leurs multiples combats livrés contre des adversaires à priori tellement plus forts… C'est alors que Kanon comprit. Ce qu'il lui manquait, c'était la foi en un idéal, en un monde meilleur. Effectivement, il avait ouvert les yeux lors de la bataille qui avait opposé les chevaliers de Bronze aux Généraux de Poséidon; il était repassé du côté du "Bien", mais partageait-il réellement les idéaux des chevaliers d'Athéna ? Il se souvint alors des mots de Milo, après que ce dernier lui eut asséné quatorze des quinze coups de l'Aiguille Ecarlate: "Il n'y a plus d'ennemi en ce lieu. Celui qui est là est un des nôtres… Et son nom n'est autre que Kanon, le chevalier d'Or des Gémeaux." Il avait prouvé qu'il était bien un chevalier d'Or, sans pour autant porter le même amour que ses compagnons pour l'humanité.

Saga… Oui, peut-être sa relation avec son frère expliquait-elle les difficultés qu'éprouvait Kanon pour aimer les autres.

Saga… Chevalier dont on disait qu'il était l'égal de Dieu de par sa bonté et sa grandeur d'âme, il était pourtant devenu un monstre, tout comme Kanon. Mais si Saga était capable d'aimer tellement, Kanon en tant que son jumeau n'avait-il pas également cette capacité ? Ne pouvait-il pas aimer l'humanité ? Qu'est-ce qui l'en empêchait ? Kanon chercha au plus profond de son âme, chercha cet amour qu'il devait avoir en lui…

Il y découvrit les chevaliers de Bronze, et plus particulièrement Ikki, l'homme qui lui avait ouvert les yeux. Certes le chevalier Phénix était sans conteste le plus solitaire et le plus bourru des cinq chevaliers d'Athéna, tout comme Kanon, mais son amour et sa foi n'en existaient pas moins. Il avait accepté les sentiments qui vivaient en son âme. Kanon devait faire pareil !

Pour son frère qu'il aimait, pour Athéna qu'il vénérait, pour les chevaliers de Bronze qu'il respectait, pour l'humanité qui valait la peine d'être sauvée, il vaincrait !

Il se releva à nouveau, une puissante aura l'entourant à présent. Il gardait les yeux clos, comme pour préserver sa concentration le plus longtemps possible. Hadès le regardait, presque amusé.

- Je n'aurais jamais pensé que tu pourrais te relever après mon attaque, chevalier. C'est probablement l'armure de mon épouse qui t'a une nouvelle fois sauvée la vie. Mais ce n'est pas très grave, de toute façon. Elle commence déjà à partir en morceaux. Tu ne résisteras pas bien longtemps.

Kanon ne répondit pas. Il se contentait de continuer à accroître son cosmos. C'est alors qu'Hadès poussa un cri de stupéfaction. L'armure de Perséphone était en train de se réparer elle-même. Les nombreuses fissures se résorbaient, tout comme les plaies sur le corps de Kanon.
Et… Son casque !!! Son casque qui avait été détruit était reconstitué ! Mais c'était impossible ! Pour parvenir à restaurer une armure sans l'aide des Forgerons de Mu, il faut avoir atteint le neuvième sens, c'est à dire être…

- Un Dieu, hurla l'Empereur des Ténèbres !

Kanon ne bougeait toujours pas et son cosmos continuait à augmenter. Son aura était à présent aussi puissante que celle d'Hadès, si ce n'est supérieure. Dans un coin, Perséphone contemplait la scène avait une certaine satisfaction. "Je ne m'étais donc pas trompée, fit-elle entre ses dents, Kanon est bien celui que nous attendions. Il est l'Elu…"

- Hadès, dit finalement Kanon d'une voix que le chevalier ne reconnut pas lui-même tant elle était grave, tu as méprisé l'humanité depuis la nuit des Temps. Tu as tenté de t'emparer de cette planète uniquement pour satisfaire tes ambitions démesurées, sans te préoccuper le moins du monde des hommes. Tu as échoué à chaque fois face aux chevaliers d'Athéna; sais-tu au moins pourquoi ?
- Peu m'importe !
- Tu as échoué parce que leur amour pour les hommes est gigantesque, parce qu'ils se battent pour un idéal, alors que toi tu poursuis uniquement tes ambitions personnelles. Je le sais, j'étais pareil que toi.
- Alors rejoins-moi ! Alliés, nous règnerons sur la planète !
- Tu n'as rien compris ! Tu n'es pas digne du titre de Dieu ! Il est temps pour toi de payer pour tout le mal que tu as fait ! Subis l'Explosion Galactique !
- C'est inutile, fit Hadès en évitant les premières boules d'énergies, ton attaque est trop faible pour me toucher.

Pourtant Kanon ne faiblissait pas; au contraire, la puissance de son attaque augmentait de seconde en seconde. Hadès dut tout d'abord parer au lieu d'éviter, puis il fut touché. Une fois. Puis une autre. Puis encore une autre. Jusqu'à ce qu'il ne voie plus les jets de lumière projetés par son adversaire. Il finit par être frappé en plein abdomen et fut envoyé à plusieurs dizaines de mètres. Kanon arrêta enfin son coup.

- Je n'ai pas encore perdu, fit un Hadès haletant en tentant de se relever. A moi mon Surplis divin !

Une puissante lumière apparut alors. Mais une lumière qui brillait d'un éclat sombre. Devant Hadès apparut sa protection divine; il la revêtit rapidement et se revint à quelques pas de son adversaire. Kanon ne bougea pas. Il reconnaissait que la cosmo-énergie d'Hadès était incroyablement plus puissante qu'auparavant, mais il n'avait pas peur. Il savait dans son for intérieur qu'il n'avait pas encore atteint ses limites. Hadès tira alors son épée du fourreau.

- Chevalier Kanon, je reconnais en toi un adversaire de valeur. C'est pourquoi je vais utiliser contre toi ma plus terrible attaque. Tu vois cette épée ?
- Oui, fut la seule réponse de Kanon.
- Elle existe depuis la nuit des temps. Aucune arme n'est plus tranchante ni plus mortelle. Rien ni personne ne peut la faire dévier de son but.
- C'est ce qu'on va voir.
- C'est malheureusement pour toi tout vu, chevalier. Il est temps d'en finir ! Subis les Foudres de l'Epée de l'Ombre !
- J'appelle l'Apocalypse Galactique !

***

L'Olympe

- Je crois que cette fois, c'est fini, fit pensivement Hermès devant le combat.
- Je le crois aussi, lui répondit Zeus.
- Et alors Perséphone a raison ? Kanon est-il bien l'Elu ?
- S'il parvient à trancher l'Epée de l'Ombre, oui. Il faut que j'y aille.

***

Hadès n'en revenait pas. Son épée, la plus puissante épée jamais forgée, avait été brisée en deux par ce chevalier de pacotille ! Hadès s'obligea à se corriger. S'il était parvenu à ce miracle, c'était qu'il était devenu un dieu à part entière. Kanon n'avait pas été touché. Son armure était intacte, tout comme son aura. Il ne semblait pas décidé à sortir l'urne d'Athéna pour y enfermer l'âme d'Hadès. Pourtant le moment était idéal. Le Dieu des Morts était affaibli et ne pourrait pas s'opposer au pouvoir de l'urne.

C'est alors qu'elle apparut. Une aura si puissante et si généreuse en même temps. Au bout de quelques secondes, Zeus fit son entrée aux Enfers. Les cheveux argentés, le port altier et l'aigle sur le poing, il avait réellement fière allure. Kanon s'inclina profondément devant le roi des Dieux. Sans savoir pourquoi, il ne parvenait pas à être étonné de sa présence.

- Je te félicite Kanon, tu as accompli un véritable exploit. Tu es parvenu, par la seule force de ta volonté, à terrasser un Dieu.
- Perséphone…
- Oui, je sais, Perséphone t'a prêté son armure. Mais si tu n'avais pas découvert l'amour que tu avais au fond de toi, l'armure ne t'aurait servi à rien. Hadès, ajouta-t-il en se tournant vers son frère qui était toujours agenouillé, tu as perdu une nouvelle fois. C'est une fois de trop. En accord avec le Conseil des Dieux, j'ai décidé de te retirer ton statut d'immortel et de maître du Monde des Morts.
- Que veux-tu dire ?
- Hadès, je te condamne à l'exil. Tu erreras pour l'éternité dans une autre dimension sans jamais pouvoir revenir. J'ai dit !
Zeus leva son bras droit et une lumière s'en échappa pour aller frapper Hadès. Celui-ci disparut en quelques secondes. Zeus revint alors vers Kanon.

- Kanon, il faut que tu saches que ta victoire était annoncée depuis des millénaires par les Parques.
- Comment cela ?
- En effet, il était dit qu'un preux chevalier, revêtu de l'habit des Dieux et plein d'amour pour la race humaine, vaincrait Hadès et prendrait sa place.
- Vous voulez dire que…
- Oui, tu es à présent l'un des Olympiens, le maître des Morts. D'ailleurs cette armure n'est pas la tienne; il te faut en changer.

Comme par magie, l'armure de Perséphone le quitta pour revenir sur le dos de sa propriétaire. A la place, le surplis d'Hadès vint le recouvrir.

- Je ne comprends pas, puissant Zeus, pardonne-moi.
- Je te pardonne bien volontiers, Kanon. Rassure-toi, tu auras l'éternité pour comprendre. Je pense que tu seras un meilleur juge des âmes que ton prédécesseur.
- J'en fais le serment, roi des Dieux.
- Alors viens avec moi, il est temps pour toi de rencontrer les autres Olympiens qui sont très curieux de voir le vainqueur d'Hadès !
- Une dernière question, avant de partir. Que va-t-il advenir de la Terre ?
- Ma foi, je ne sais pas. Il ne tiendra qu'à toi de vivre en bonne entente avec Athéna et Poséidon.
- Mais, je vis encore sur Terre !
- Bien entendu, c'est ta réincarnation…

Kanon comprit alors et sourit. Zeus sourit en retour puis enflamma son cosmos, suivi rapidement par Kanon et par Perséphone. Ils disparurent après quelques secondes…

Le Soleil, caché depuis plusieurs minutes par une éclipse de Lune, retrouva alors sa place dans le ciel…

The End

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Cette fiction est copyright Emmanuel Axelrad.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.