Chapitre 1 : Mycènes


Mycènes, environ 2000 ans av JC…

La ville qui avait donné le jour au grand roi Agamemnon était en deuil. Partout les armes étaient déposées devant les demeures en signe de profonde affliction. Osorkon, le vieux lion, avait rendu son dernier soupir à l'âge avancé de 47 ans, quelques jours auparavant. Ses plus fidèles guerriers, qui l'avaient accompagné lors de la plupart de ses conquêtes, se trouvaient devant le Palais, prêts à rendre un dernier hommage à l'homme qu'ils avaient véritablement vénéré. Soudain, la porte de la demeure royale s'ouvrit. Apparut celui qui était jusqu'à il y a peu le Prince Héritier, le nouveau roi Antar.

Agé d'une trentaine d'années, il était la force personnifiée. Grand, environ un mètre quatre-vingt, ses longs cheveux noirs lui retombaient délicatement sur ses épaules. Une imposante barbe noire lui recouvrait la plus grande partie de son visage. Pourtant, malgré cette masse noire, on ne pouvait manquer d'être subjugué par la profondeur de son regard bleu acier. Au-dessus de sa tête, posée sur ses cheveux, se trouvait une couronne. Cette couronne, il se l'avouait sans détours, il avait du mal à la porter. Il ne s'en jugeait pas digne. Etait-il vraiment fait pour cette tâche ? Bien sûr il n'avait jamais connu la défaite en combat singulier et avait lui-même conduit les troupes de son père à la victoire, mais savait-il pour autant gouverner ?

Un des guerriers s'approcha de son nouveau roi et lui tendit un long bâton de bois. Antar le fit allumer et le brandit bien haut. Il allait à présent traverser l'immense enceinte du Palais, la torche à la main, afin d'aller lui-même mettre le feu au bûcher qui emporterait l'âme de son père dans un monde meilleur.

A ses côtés, se trouvaient ses trois enfants. Tolivar, l'aîné, était âgé de 17 ans. Antar admettait volontiers, en son for intérieur, que son fils eut fait un bien meilleur roi que lui. Très tôt, Tolivar avait manifesté une soif de connaissance incroyable. Bien sûr, il savait se battre ; tout Prince Héritier devait le savoir afin de pouvoir prouver à son peuple qu'il était digne de les guider. Mais il préférait la quiétude de la Bibliothèque du Palais au fracas des champs de bataille. Tolivar ressemblait physiquement à son père. Fin, longiligne, il avait hérité de son père ses longs cheveux noirs qui lui arrivaient presque aux reins. Un air serein était presque en permanence posé sur son visage.

Janeel, la seconde, était elle aussi assez secrète, quoique d'une manière bien différente. A 15 ans, elle parlait très peu et repoussait la plupart de ceux qui essayaient de lui adresser la parole. Une sorte de froid se dégageait d'elle qui glaçait le sang de ses propres parents, incapables de comprendre leur fille. En effet, celle-ci semblait craindre les grosses chaleurs qui étaient souvent fréquentes l'été dans leur royaume. Durant ces périodes, elle avait coutume de se réfugier dans le seul endroit qui gardait un minimum de froid, le cellier. Janeel ressemblait beaucoup à sa mère, dont on avait coutume de dire qu'elle était la vivante reproduction. Blonde, le teint pâle et de grands yeux bleus faisaient d'elle probablement la plus belle fille du royaume.
Très différend était son dernier fils, Laramil, âgé de 13 ans. Ce dernier était, selon les propres mots de son père, une véritable tête brûlée. Il était impossible de le faire obéir. Sa mère était morte en lui donnant naissance et il semblait souffrir de l'absence d'une figure maternelle dans sa vie.
Il lui arrivait souvent de disparaître pendant plusieurs heures, voire une journée, puis de réapparaître les cheveux en bataille et un sourire malicieux sur les lèvres.
Il était difficile de savoir de qui tenait Laramil. Osorkon avait coutume de dire que le jeune homme lui rappelait son propre père, surtout de par l'extraordinaire volonté qui semblait animer l'adolescent. Antar l'avait vu à maintes reprises triompher d'adversaires bien plus forts que lui. A chaque fois qu'on le pensait vaincu, il se relevait une nouvelle fois pour reprendre le combat et finissait par avoir le dessus.
Oui, Laramil était décidément une source d'interrogations permanente pour Antar.

Ils n'étaient que quatre à partir de la demeure royale. Ils furent plus d'un millier à côté du bûcher, se tenant toutefois à une distance respectueuse. Antar s'avança, brandit à nouveau très haut la torche et prononça les paroles rituelles.

- Déesse Athéna, daignes écouter ton humble serviteur. Puisses-tu, toi et ton noble père Zeus Tonnant, accueillir l'âme du défunt roi de Mycènes et lui faire connaître les joies du repos éternel.

Il se dirigea ensuite vers le bûcher où reposait le corps de son père et posa délicatement le bâton dessus. Les flammes se mirent rapidement à monter vers le ciel et, en quelques minutes, Osorkon n'était plus qu'un nuage de poussière. Antar jeta un œil vers ses enfants et vit que le seul qui pleurait à chaudes larmes était Laramil. Tolivar gardait les poings serrés, considérant que le fait d'être le plus âgé l'interdisait de pleurer et Janeel avait son habituel air froid, même si Antar croyait déceler une certaine émotion chez elle.

***


Loin de là, dans un temple.

La salle était superbe. Sur chacun des murs se trouvaient des gravures somptueuses représentant la guerre qui avait opposé Zeus et ses frères à leur père, le Titan Cronos. Pourtant, sur ces gravures, il était très difficile de reconnaître le dieu de la foudre, chef incontesté de cette bataille. En effet, chacune des gravures représentait, en action et en position pour le moins avantageuse, l'un des deux frères du maître des dieux, Poséidon lui-même. D'ailleurs à bien y regarder, on pouvait voir des tridents un petit peu partout, la marque du dieu des Océans. Au centre de cette pièce se trouvait un trône d'or. Assis sur ce trône, Poséidon paraissait songeur. Les yeux perdus dans le vague, il lui fallut quelques instants avant de s'apercevoir qu'un de ses serviteurs avait pénétré dans la pièce.

- Que veux-tu, Denby de Sorrent ?
- Vos six invités sont arrivés, Seigneur Poséidon.
- Parfait, fais les entrer.

Six hommes pénétrèrent alors dans la pièce. Un par un, ils vinrent s'agenouiller devant Poséidon. Celui-ci les regarda d'un air visiblement satisfait. Il n'existait probablement pas, à l'heure actuelle, de meilleurs combattants au monde. Ils avaient été choisis pour leur bravoure, leur puissance, mais aussi leur fidélité au Dieu des Océans. Ils étaient tous des marins qui avaient depuis longtemps remis leurs vies dans les mains de Poséidon. C'était Denby qui les avait trouvés et entraînés, pendant environ deux ans. Denby était le fils de Poséidon et d'une mortelle. De son père il avait hérité la puissance et la soif de conquêtes et de sa mère il avait hérité la beauté. Assez grand, il avait de longs cheveux bleus, un autre héritage de son père, qu'il portait assez court. A vingt ans, Denby était un combattant magnifique. Il ignorait la défaite et ne vivait que pour la gloire de son père. Il était tout à fait digne de mener les légions du Dieu des Océans dans leur conquête de la Terre.

Derrière le trône se trouvaient sept boîtes cubiques, de couleur à la fois dorée et bleu, du bleu des océans. Chacune d'elles avait d'étranges motifs gravés dessus. Une puissante énergie se dégageaient de ces boîtes. Poséidon leva son bras droit et les boîtes s'ouvrirent d'elles-mêmes, comme par magie. Apparurent des espèces de statues dorées, représentant… Il était impossible de dire ce qu'elles représentaient.

- Bien, vous savez tous qui je suis et pourquoi vous êtes là ?
- Oui, Maître, répondirent-ils en cœur !
- Je vous ai confectionné des Ecailles de Mer. Ces Ecailles, tant que vous les porterez, vous rendront invincibles. Aucune arme forgée par l'homme ne pourra vous atteindre. De plus, elles ont le pouvoir de rendre vos coups plus puissants. Vous avez développé, avec mon fils Denby, votre cosmo-énergie. Et bien, ces Ecailles sont le complément idéal de votre pouvoir. Qui es-tu, ajouta-t-il brutalement en s'adressant à celui qui était le plus à sa gauche ?
- Je suis Harchissa, Général de Chrysaor, à votre service.
- Et toi ?
- Je suis Heldo des Lyumnades, à votre service.
- Et toi ?
- J'ai pour nom Lyath de Scylla, à votre service.
- Et toi ?
- Je suis Owanon du Kraken, à votre service.
- Et toi ?
- J'ai pour nom Velinar de l'Hippocampe, à votre service.
- Et toi ?
- Je suis Tyry, le Dragon des Mers, à votre service.
- Et moi, qui suis-je ?
- Vous êtes l'Empereur Poséidon, répondirent-ils une nouvelle fois à l'unisson !
- En avant mes Marinas ! Il est temps d'arracher la terre à ma nièce Athéna !

Ses guerriers partis sous le commandement de son fils, Poséidon sourit une nouvelle fois. Personne sur terre n'était capable de vaincre ses guerriers. Athéna ne pourrait l'empêcher de triompher.

***


Le traditionnel banquet qui suivait l'intronisation du nouveau roi approchait à son terme. Les invités avaient tous bu plus que de coutume et on pouvait entendre ça et là plusieurs ronflements sonores. Seuls Antar et ses enfants étaient demeurés sobres.
Le Roi fit alors un signe à ses esclaves qui emportèrent les corps endormis dans diverses chambres du palais royal et les autres invités prirent rapidement congé. Antar regarda ses trois enfants, un par un. Nikalon conservait son habituel air serein tandis que de Janeel se dégageait une certaine froideur. Laramil ne semblait guère se soucier de ses frères et sœurs ou de son père. Il finissait tranquillement son repas et avait un air particulièrement concentré en attaquant sa dernière cuisse de poulet. Antar ne put réprimer un sourire devant le spectacle.

Soudain, un orage éclata. Surpris, ils levèrent tous la tête vers le ciel. En effet, à peine quelques minutes le soleil brillait de tous ses feux, comme il le fait habituellement au cours de l'été. Bien sûr, des orages torrentiels s'abattaient parfois sur la ville, mais c'était plutôt vers le mois d'août, pas au début du mois de juin.

***


La pluie tombait à verse depuis à présent plusieurs jours quant le chambellan annonça au roi Antar qu'une visiteuse lui demandait audience. Le Roi répondit par la positive et quelques secondes plus tard, une jeune femme d'une grande beauté faisait son apparition dans la Grande Salle d'Audience. Elle paraissait n'avoir qu'une vingtaine d'années mais quelque chose dans son regard démentait cette impression ; comme si elle avait vécu beaucoup d'évènements depuis le jour de sa naissance. A sa main droite se trouvait une sorte de sceptre doré, dont se dégageait une éclatante lumière. De longs cheveux blonds encadraient un bien joli visage où l'on pouvait voir les plus jolis yeux verts du monde, du moins selon Antar !

- Roi Antar, je te salue.
- Je te salue également, étrangère. Tu m'as demandé audience. As-tu une quelconque requête à m'adresser ?
- En effet. Toutefois, je te demande un peu de patience car ce que j'ai à t'expliquer est long et quelque peu difficile à comprendre.
- Je t'écoute.
- Je suis venue réclamer ton assistance, roi Antar, car je sais que tes hommes et toi êtes les meilleurs guerriers au monde.
- Il va sans dire que nous ferons tout notre possible pour aider une aussi jolie femme que vous. Et puisque nous sommes les meilleurs guerriers au monde, cela ne devrait pas nous poser trop de problèmes.
- Ce n'est pas sûr.
- Comment cela ?
- Vous n'avez jamais affronté de tels adversaires.
- Qui sont-ils ? Et d'abord qui êtes-vous ?
- Tu as raison, Antar. Il me faut d'abord me présenter. Je suis la déesse Athéna…

Une chape de plomb sembla alors s'abattre sur la salle. Athéna ?!!! La déesse protectrice de la ville serait-elle là ?
- C'est une chose extraordinaire que tu nous annonces, fit Antar de son habituelle voix posée. Tu prétends donc être Athéna, une déesse ?
- Te faut-il une preuve, roi Antar ?
- Oui, répondit-il après une assez longue hésitation. Si tu es véritablement Athéna, tu me pardonneras. Nous n'avons vraiment pas l'habitude de recevoir des dieux.
- Je te pardonne, Antar et je vais te prouver que je suis bel et bien celle que je prétends être.

La jeune femme frappa violemment son sceptre sur le sol et un olivier jaillit à côté d'elle. Il se mit à pousser dans le palais même jusqu'à atteindre une hauteur de deux mètres. A la vue de ce prodige, plusieurs personnes poussèrent des cris. Antar sourit.

- On raconte que c'est de la même manière que tu as convaincu les Dieux de t'accorder la garde de la Terre. Je suppose que c'est vrai ! Très bien, je suis convaincu et je suis flatté de recevoir la déesse Athéna en mon palais. Quels sont les guerriers que nous devrons combattre ?
- Vous devez tout d'abord savoir que mon oncle Poséidon n'a jamais accepté la décision du Conseil des Dieux de me confier la Terre. Après avoir ruminé pendant des siècles, il vient de décider de passer à l'offensive. C'est lui qui a déclenché ces orages et il va lancer ses légions à l'attaque de la Terre très bientôt. Vous pourrez vaincre assez facilement le gros de ses troupes mais vous vous heurterez très vite à sa garde personnelle et là j'ai peur que vous n'échouiez.
- Pourquoi ? Sont-ils si nombreux ?
- Non, ils ne sont que sept.
- Sept ? Mais vous devez plaisanter ! Nous n'en ferons qu'une bouchée !

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Cette fiction est copyright Emmanuel Axelrad et Romain Baudry.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.