Chapitre 3 : Le retour des Chevaliers Noir


" Bear Sanctuary… "

" Où suis-je ? "

" Bear Sanctuary… "

" Que m'a donc fait ce satané chevalier noir ? Suis-je mort ? "

" Bear Sanctuary… "

" Serait-il encore là ? Pourquoi répète s'il sans cesse la même phrase ? "

" Bear Sanctuary… "

" Oh… Ma tête… "


Les paroles du chevalier noir résonnaient en écho dans l'esprit de Ban, provoquant une douleur suraiguë.
Le chevalier du Petit Lion du se rendre à l'évidence : il souffrait, donc, il n'était pas mort.
Ce raisonnement logique en entraîna un autre. S'il était vivant, c'est que ses fonctions vitales fonctionnaient encore.
Et si elles fonctionnaient, certaines parties de son corps devaient encore fonctionner elles aussi.
Avec une infinie lenteur, Ban ouvrit les yeux. Encore plus difficilement, il les garda ouverts.
Bon, sa vue fonctionnait encore.
Progressivement, ses autres sens se rappelèrent à lui. Le toucher, puis l'ouïe, l'odorat, et enfin le goût. Le goût de la terre dans sa bouche.
De la terre ?
Ban se rendit alors compte qu'il était étendu sur le sol. Par un immense effort de volonté, il parvient à se libérer de la bienveillante torpeur qui l'enveloppait jusque-là et à se relever, toussant et crachant. Petit à petit, la brume qui envahissait son cerveau disparut à son tour, jusqu'à ce qu'il soit à nouveau en pleine possession de ses moyens.
Une douleur lancinante vrillait son crâne. Esquissant une grimace de douleur, Ban rassembla ses souvenirs pour essayer de comprendre ce qui s'était passé.

- Ichi ! Attention ! Il va attaquer !

Ban se précipita vers son compagnon pour l'aider. Peine perdue. Déjà de la bouche du chevalier noir, deux mots étaient tombés.

- Bear Sanctuary.

Les évènements s'enchaînèrent si vites que Ban eut à peine le temps d'adresser un dernier regard désespéré à Ichi. Il lui semblait que l'espace était en train de se modifier pour former un kaléidoscope de paysages distordus autour de lui. Puis il y eut la sensation de douleur, derrière sa tête.
Et le néant.


Ban regarda autour de lui. Nulle trace de ses compagnons, ni de celui qui s'était présenté comme étant l'Ours Noir. L'endroit non plus n'était plus le même, si bien que Ban en vient à la seule conclusion logique qui s'imposait.
Le chevalier noir l'avait téléporté.
Et à en juger par le sol argileux qui contrastait singulièrement avec la terre calcinée qu'il avait foulé jusque-là, il se trouvait à l'autre bout de l'île. Jetant un regard sur le sol accidenté, Ban aperçut plusieurs gros rochers pointus. Voilà ce qui avait du l'assommer.
D'après la position du soleil, il ne devait pas être resté inconscient très longtemps. Ce qui signifiait que Geki devait être en ce moment aux prises avec son homologue.
L'incroyable ressemblance entre les deux chevaliers lui fit courir un frisson dans le dos. Etait-ce simplement une coïncidence ? Sans savoir pourquoi, Ban en doutait.
Qu'allait-il faire maintenant ? Devait-il tenter de rejoindre Geki ? Ban se faisait fort de retrouver l'endroit qu'il avait si mystérieusement quitté en se dirigeant grâce au soleil. Si Geki devait combattre, même l'aide de Ban pourrait lui être précieuse. Mais il ignorait combien de temps il lui faudrait pour rejoindre son compagnon.
Non, Ban devait avoir confiance en les capacités de son frère. Sa mission était de découvrir ce qui se tramait sur l'île. En tout cas, une chose était sûre : les chevaliers noirs étaient bien plus redoutables que ce qu'ils imaginaient jusque-là.
Ignorant les supplications de ses muscles engourdis, Ban entreprit de pénétrer plus profondément dans l'île.

Ichi regardait autour de lui. La conclusion à laquelle il était arrivé le troublait profondément, mais il ne voyait pas d'autres explications : l'Ours Noir les avait téléportés.
Un instant, il esquissa un sourire de prédateur : les choses commençaient à devenir intéressantes. Mais son sourire s'effaça bien vite à la pensée du terrible adversaire qu'allait devoir affronter Geki. Si réellement il possédait des pouvoirs de téléportation, le chevalier de l'Ours n'avait aucune chance.
Ichi observa le décor dans lequel il se trouvait. Le sol était beaucoup moins accidenté et sec, le chevalier de l'Hydre croyait même voir quelques touffes d'herbes ça et là. Il était sans doute très loin de Geki.
Donc, même en courant plus vite que jamais, il arriverait sans doute trop tard pour aider son compagnon. Mais Ichi ne pouvait pas se résoudre à l'abandonner. Calculant la direction à prendre, il se mit à courir en priant pour arriver à temps.

- Que leur as-tu fait ?

Geki dissimulait mal son inquiétude. Face à lui, l'Ours Noir gardait les bras croisés. Il n'avait pas bougé de sa position et le contemplait d'un œil amusé, presque amical. Geki doutait toutefois que ses intentions étaient amicales.

- Ne t'inquiète donc pas pour eux. Je les ai expédiés loin d'ici, de façon à ce qu'il ne vienne pas troubler notre combat.

Notre combat ? Il allait donc bien devoir se battre. Et son adversaire devait posséder des pouvoirs incommensurables pour maîtriser un art aussi difficile que la téléportation. Car Geki ne s'expliquait pas autrement la disparition de ses camarades.
Et son visage… Quel sortilège avait fait de l'Ours Noir son sosie parfait ? Geki se sentait de plus en plus mal à l'aise et, ce qui était pire, n'arrivait pas à le dissimuler.

- On dirait que tu as peur Geki…

Le chevalier de l'ours voulut répliquer quelque chose, mais les mots restèrent dans sa gorge.

- Remarque, je comprends ta réaction. Comme tu peux le constater, ma défense est parfaite. Je n'ai eu aucun mal à me débarrasser de tes compagnons, et ce n'est pas ta Prise de l'Ours qui pourra me faire mordre la poussière.

Geki chancela sous l'effet de surprise. Comment connaissait-il son attaque ?

- Comme tu peux le constater, je sais beaucoup plus de choses à ton sujet que tu n'en connais sur mon propre compte. Et ce que je sais me suffit pour savoir que je n'ai rien à craindre de toi.
- Tu me parais bien sûr de toi parvint à articuler Geki. Ton excès de confiance te sera fatal.
- C'est toi qui me dis ça ? C'est pourtant ta trop grande confiance en toi qui t'a coûté la victoire face au chevalier Pégase il y a longtemps déjà.

Geki sursauta. Ce chevalier en savait trop ! Le chevalier de l'ours commençait à paniquer. L'attitude tellement insouciante de son adversaire, son assurance quant à l'issue du combat, tout ce qu'il savait sur lui, et ce visage qui l'hypnotisait presque…

" Geki… "
" Maître ?! "

" Regarde autour de toi Geki. "
" Maître ? Est-ce vous !? "

" Dis mois ce que tu vois. "

" Rien… Il n'y a rien. "

" Rien en effet… Si ce n'est nous deux. "

Montagnes Rocheuses, Canada…

Geki observait son maître avec inquiétude. Le chevalier d'argent de la Petite Ourse, se tenait sur un monticule, face à Geki. Malgré l'impressionnante carrure de l'apprenti chevalier, le chevalier d'argent semblait l'écraser de par sa prestance. Geki pouvait voir le soleil juste au-dessus de sa tête, ce qui semblait lui conférer une irradiation presque divine. On aurait dit Apollon descendu du ciel pour faire contempler aux humains la magnificence de son aura.
La dernière phrase de son maître était tombée comme un couperet. L'apprenti chevalier n'avait pas réussi à en saisir le sens caché.

" Désire-t-il que je l'affronte ? " Geki frissonna à cette idée.
- Geki… Dis-moi ce que tu ressens en ce moment.

Tétanisé par l'aura de puissance qui se dégageait du chevalier d'argent, Geki mit un instant avant de répondre.

- Le respect et la crainte maître.

Le chevalier de la Petite Ourse le regarda d'un air froid qui ne lui ressemblait pas. Geki se sentit encore plus intimidé. Puis l'expression de son maître se fit plus douce, comme à l'accoutumée.

- C'est la réponse que je craignais hélas.
- La réponse que vous craigniez maître ?
- Geki, tu as appris à maîtriser la Prise de l'Ours, mais la force physique seule ne suffit pas pour gagner un combat. La psychologie compte aussi pour une grande part dans la victoire finale.
- La psychologie ?
- L'état d'esprit si tu préfères. J'ai volontairement pris une posture et une expression impressionnante pour voir quelle serait ta réaction. Tu as été intimidé, et c'est un réflexe naturel. Mais ton erreur a été de te soumettre à cette réaction de peur primitive, sans chercher à la dominer. Les vrais chevaliers mettent une fraction de seconde à contrôler et à dompter leurs nerfs, car autrement, le combat est fini pour eux.

Geki se sentit honteux, puis se souvenant de la leçon, repris sa contenance et se plaça dans une position d'égal à égal vis à vis de son maître, qui lui sourit :

- Je vois que tu as compris.
- Mais vous m'avez pourtant dit qu'il fallait toujours respecter son adversaire, quel qu'il soit.
- En effet et si tu oublies cette leçon, elle te coûtera la victoire un jour ou l'autre. Mais tu ne dois pas le respecter plus qu'il ne le faut. Le sous-estimer serait une erreur, car l'irrespect est le premier pas vers la négligence. Mais le surestimer peut-être une erreur encore plus grave !
" Si tu te laisses impressionner par ton adversaire, tu fais ton premier pas vers la défaite. Sois sûr que certains de tes adversaires feront tout pour te mettre dans une position de faiblesse. Surtout ne te laisse pas intimider ! Et même si tu ne peux t'empêcher de ressentir une certaine crainte, ne la montre à aucun prix à ton adversaire ! S'il tente de te déstabiliser, ne réponds pas et analyse son comportement. Les gens qui agissent ainsi ont en général quelque chose à cacher, à toi de découvrir de quoi il peut bien s'agir, et si tu y arrives, alors les rôles seront inversés !
" Tu dois faire germer le doute dans l'esprit de ton adversaire, car le doute engendre la peur, et la peur engendre la colère, qui est un poison pour l'esprit. Si tu arrives à ce résultat, alors tu auras pris l'avantage sur ton adversaire…

Ile de la Reine Morte.


Geki cligna des yeux. Pourquoi ce souvenir particulier de son apprentissage lui était-il soudainement apparu ? Devant lui, l'Ours Noir n'avait toujours pas modifié sa position.
Sa position !
Le chevalier de l'Ours comprit soudain ce qui avait fait resurgir cette vision de son passé. Le chevalier noir se tenait devant lui, debout sur un monticule, les bras croisés. On pouvait apercevoir au-dessus de sa tête le soleil rougeoyant descendant vers l'horizon. Il irradiait de lui un sentiment de puissance contrôlé…
La même position qu'avait pris son maître près d'un an plus tôt pour lui donner l'une de ses dernières leçons !
Le chevalier de l'Ours sentit soudain la force d'une nouvelle certitude jaillir en lui, balayant les doutes qu'avait fait naître son adversaire. Ce dernier continuait à le regarder d'un air calme et assuré.
Geki sourit.

" Sans le savoir, il m'a indiqué lui-même comment sortir de la position de faiblesse dans laquelle il essayait de me placer. Maître, je vous remercie et vous jure que je tâcherais d'appliquer vos leçons. "

Son adversaire sembla remarquer son soudain changement d'attitude, car il haussa un sourcil d'un air intéressé :

- Souris-tu pour tenter d'échapper à la crainte de mourir ?

Geki failli sursauter, mais parvint à se contrôler.

" Mourir ! Ce combat n'est pas un jeu pour lui, comme son attitude le laissait croire jusque là ! "
" Ne réponds pas et analyse son comportement ! "

Le chevalier de l'Ours se força à se détendre, et observa son adversaire d'un œil calculateur.

" Que sais-je sur lui ? Premièrement, il paraît parfaitement sûr de lui et très calme. On va bien voir si ce n'est qu'une façade. "
" Deuxièmement il a visiblement entendu parler de mon attaque et de mon combat contre le chevalier Pégase. Mais je suis certain qu'il n'a pas pu quitter l'Ile de la Reine Morte, c'est donc que quelqu'un d'extérieur à l'île lui a rapporté ces informations. Dans quel but ? Quel intérêt aurait quelqu'un à révéler ma technique à un chevalier noir ? "
" Parce que cette personne a dû entraîner les chevaliers noirs pour les enrôler, comme l'avait fait Ikki auparavant. Et cette même personne prévoyait notre affrontement. Y aurait-il un traître au sanctuaire ? "
" Non, pas obligatoirement. Il semblait logique qu'en cas de conflit avec l'île, la déesse Athéna nous enverrait nous, chevaliers de bronze, pour combattre de simples chevaliers noirs. Et notre étrange ressemblance intervenait sans doute en faveur d'un combat entre nous deux, voilà pourquoi on lui a enseigné ma technique. Sans doute cette personne pensait-t-elle nous surprendre en nous opposant des adversaires beaucoup plus puissants que nous ne l'imaginions. "
" J'en arrive au troisième point, sa puissance. Elle provient sans doute de son entraînement, quoique je me demande comment on peut enseigner la téléportation à quelqu'un sans que celui-ci ne soit prédisposé à ce talent. "
" Non, quelque chose cloche. Seul les plus grands chevaliers peuvent disposer d'un tel pouvoir. Comment un chevalier noir, aussi fort soit-il, pourrait-il posséder pareil talent ? "
" Bear Sanctuary. Le Sanctuaire de l'Ours. "
" L'ours protégeant sa caverne et rejetant l'intrus qui oserait y pénétrer. "
" Rejetant ! "

Geki sourit de plus belle, cette fois il avait compris ! Et cette connaissance nouvelle lui ouvrait bien des possibilités…

" Inutile d'abattre mes cartes maintenant. Essayons d'abord de le cuisiner un peu… "
- Dis-moi chevalier, tu sembles disposé à me tuer. Pourtant tu ne m'as pas l'air prédisposé à la violence ou au meurtre. Pourquoi tiens-tu tant à ce combat à mort ?

Geki vit que la remarque avait atteint son but. Son adversaire se mit à réfléchir à son tour :

" Intéressant. Il a manifestement compris que nous avions subi un entraînement poussé pour arriver à ce niveau. Que vais-je lui répondre ? Bah, autant jouer franc-jeu. "
- Je suppose que tu as compris que nous autres, chevaliers noirs, n'étions pas arriver à ce niveau tout seul. Je ne te révèlerais pas le nom de celui qui nous a entraînés, car je l'ignore moi-même. Mais sache qu'être de son côté fait de nous des ennemis d'Athéna. C'est aussi simple que ça.
- Mais pourquoi ce combat ? Ne me dis pas que tu te sens redevable envers cet homme si c'est un ennemi de la justice. Alors pourquoi ne pas l'abandonner ?
- Pour être tué de sa main ? Demanda l'Ours Noir en souriant.
- Tu pourrais combattre à nos côtés !
- Ne le prends pas mal surtout, dit-il ironiquement, mais je doute que vous fassiez le poids face à un tel adversaire.
- Et alors ? Si tu combats contre nous parce que tu as peur de cet homme, alors tu n'es qu'un lâche !
- De bien belles paroles… Murmura le chevalier noir.

Son regard se fit triste. Pensif, il regarda au loin, derrière Geki.

- Vois-tu chevalier, même si elle prétend combattre pour la justice, la déesse Athéna garde une vision du bien et du mal assez naïve… Que crois-tu qu'elle fera lorsqu'elle apprendra que des chevaliers noirs ont atteint un tel niveau de puissance, grâce à un homme qui se dit son ennemi qui plus est ? Je vais te le dire : elle enverra ses plus puissants chevaliers nous exterminer. Voilà pourquoi je dois te tuer. Pour garder notre secret le plus longtemps possible.
- Tu ne peux pas juger ainsi la déesse Athéna ! Si elle sait que les chevaliers noirs ne sont pas ses ennemis, elle ne les châtiera pas !
- Elle nous a toujours considérés comme de la vermine jusqu'à présent… Pourquoi changerait-elle d'avis ?
- Tu es cynique.
- Je connais la vie, voilà tout.

Geki regardait à présent son adversaire d'un œil nouveau. L'amertume se lisait sur le visage de l'Ours Noir, et Geki en vint à regretter ce combat.
Mais le chevalier noir reprit vite son expression calme et posée. Il posa à nouveau son regard vers le chevalier de bronze. Au loin le soleil continuait sa lente descente vers l'océan. Il avait presque atteint la ligne d'horizon, et ses rayons rouges projetaient une lueur de crépuscule sur le lieu du combat, faisant jouer les ombres et les lumières dans un spectacle féerique.

" Je sais désormais beaucoup plus de choses sur lui qu'il n'en connaît sur moi, l'heure est venue de le déstabiliser à mon tour pensa Geki. "
- Dis-moi chevalier, si ton but est de me tuer, comment comptes-tu y parvenir sans disposer de véritables attaques ?
- Qui te dit que je n'en dispose pas ?
- Parce que tu m'as dis tout à l'heure que ta défense était parfaite, mais tu n'as pas mentionné ton attaque. De plus, je suppose qu'il t'a fallu longtemps pour mettre au point une aussi spectaculaire technique de défense, et que ce temps t'a manqué pour perfectionner ton attaque de la même manière.

Le chevalier noir ne broncha pas.

- Et après ? Même si ma force d'attaque n'est pas suffisante pour te terrasser, avec ma défense infranchissable, je finirais par t'avoir à l'usure.

Geki sourit à nouveau.

- Navré de te décevoir, mais ta défense n'est ni parfaite ni infranchissable.
- QUOI ?
- J'ai d'abord cru que pour te débarrasser de mes deux compagnons, tu les avais téléportés dans un autre endroit de l'île, mais je ne pouvais pas croire qu'un simple chevalier noir puisse disposer d'un tel pouvoir. Et j'ai alors compris. Tu as baptisé ton attaque " Bear Sanctuary ", le Sanctuaire de l'Ours. L'ours, qui défend sa caverne comme tu défends ton territoire ! L'ours, qui rejette violemment les intrus hors de sa caverne. Tu n'as pas téléporté les chevaliers de l'Hydre et du Petit Lion. Tu t'es contenté de les repousser, mais tu l'as fait si rapidement que je n'y ai rien vu. Ils n'ont pas disparus comme par magie, ils ont bel et bien parcourus la distance entre ce lieu et leurs destinations ! Et cette explication relativise grandement ta puissance !

Son effet accompli, Geki observa son adversaire.

" Tu dois faire germer le doute dans l'esprit de ton adversaire, car le doute engendre la peur, et la peur engendre la colère, qui est un poison pour l'esprit. Si tu arrives à ce résultat, alors tu auras pris l'avantage sur ton adversaire… "

L'Ours Noir était bel et bien en proie au doute en cet instant.
Mais apparemment, lui aussi connaissait la leçon, car devant un Geki impassible, il éclata de rire.

- Mes félicitations chevalier, tu es décidément très intelligent et plein de ressources ! Je ne croyais pas ça de toi au début de notre rencontre, et je te prie de m'en excuser. Mais dis-moi, à quoi va donc te servir de connaître ma défense ? Savoir comment je me protège ne veux pas dire que tu seras capable de m'atteindre !

Pour toute réponse, Geki se précipita vers son adversaire et lui saisit les poignets, le faisant basculer. Le combat en lui-même venait de commencer.

- Si notre affrontement a lieu au corps à corps, ta technique sera inefficace haleta Geki.

En guise de réponse, le chevalier noir, du sol, expédia un splendide coup de tête dans la mâchoire de Geki qui dut lâcher prise et se retrouva quelques mètres plus loin, les quatre fers en l'air.

" Non, je dois rester à son contact et ne pas m'éloigner ! Songea le chevalier de l'Ours. "

Mais apparemment, son adversaire était du même avis, car il se précipita sur lui et expédia son poing vers Geki qui eu juste le temps de rouler sur sa droite pour éviter le coup. Le poing creusa un profond cratère dans le sol. Geki se releva et profitant de sa position, ne laissa pas le temps à l'Ours Noir de se retourner et tenta de l'immobiliser avec une clef au bras.
Mais le chevalier noir était lui aussi rompu à l'art de la lutte et parvint à se défaire sans mal de la prise de Geki. L'Ours Noir se retourna et tenta de frapper le chevalier de l'Ours aux épaules à l'aide de ses bras. Geki bloqua ses avant-bras avec ses mains.
Les deux chevaliers se regardèrent. L'excitation du combat grandissait rapidement en eux. Le crépuscule rougeoyant projetait sa lumière sur leurs visages, les faisant ressembler à deux démons acharnés. Le combat se poursuivit, chacun tentant d'étourdir son adversaire par des coups puissants, tels deux ours se querellant. A aucun moment l'Ours Noir ne tenta de s'éloigner de Geki.

" Pourquoi reste-t-il à mon contact ? Songea le chevalier de l'Ours. Il devrait pourtant essayer de s'éloigner, s'il veut me tenir en respect. "

La réponse ne tarda guère. Profitant d'un moment d'inattention, le chevalier noir se retrouva soudain pour la première fois du combat derrière Geki. Ses deux bras puissants enserrèrent alors son cou comme un étau :

- PAR LA PRISE DE L'OURS NOIR !!!

Douleur… Souffrance… L'esprit et le corps de Geki vibraient à l'unisson de ces deux mots. La pression intolérable autour de son cou faisait monter les larmes aux yeux du chevalier de l'Ours. Il étouffait.

" Il va me tuer si je ne réagis pas ! "

Mais ces mots semblaient creux dans son esprit, pour l'instant tourné vers une seule considération : les deux bras puissants qui étranglaient son cou.

" Voilà ce que Seiya a dû ressentir quand je l'ai combattu… "

Douleur, souffrance…

" Je n'arrive plus à respirer ! "

Douleur…

" Mon destin est-il de mourir ici ? "

Souffrance…

" Non, je dois réagir ! Il le faut ! Je… "

Souffrance…

" Je dois… "

Souffrance…

" Je… "



Dans un état proche du coma, Geki, les yeux fermés, revit alors le fil de sa vie.
Des images de son enfance, qu'il avait oubliées.
L'orphelinat de la fondation.
Son entraînement.
Son départ pour le Canada.
Sa première rencontre avec son maître.
La peur qu'il avait éprouvée en affrontant un ours pour la première fois dans la forêt.
La fierté.
Le découragement.
L'espoir.
Son maître.

" Jamais tu ne devras te décourager Geki… "
" Jusqu'au dernier moment tu devras te battre, malgré la souffrance, malgré les blessures… "
" Deviens un ours Geki ! Un ours invincible quand il est en colère ! "
" L'ours meurt debout Geki ! Jamais tu ne devras abandonner… "


Sa dernière leçon…
Son premier combat, contre Seiya.
La victoire, qu'il avait cru si proche.
L'incompréhension, quand le chevalier Pégase avait desserré l'étau avec ses bras.
La défaite.

" Réveille-toi Geki. "

Son maître.

" Souviens-toi. Ce qui fait la force d'un chevalier, c'est sa cosmo-énergie. "
" Réveille l'énergie qui sommeille en toi. "


Son retour au sanctuaire.
L'attente de ses frères, partis combattre l'armée d'Hadès pour sauver Athéna.
L'attaque mentale de Thanatos, qui avait failli les surprendre.
La fusion de sa cosmo-énergie avec celle de ses frères, pour protéger Seika.
Le retour des chevaliers.
L'enterrement de Seiya.
Son départ pour l'Ile de la Reine Morte.
L'arrivée sur l'île.
Sa séparation avec ses frères.
Sa rencontre avec l'Ours Noir.
Le duel psychologique qui s'en était suivi.
Le début de son combat.
Et la fin.
A travers ses yeux mi-clos, Geki observait l'endroit où il allait mourir.

" Jamais tu ne devras te décourager Geki… "

Il entendait la respiration de son adversaire, haletante.

" Souviens-toi. Ce qui fait la force d'un chevalier, c'est sa cosmo-énergie. "

Le cosmos. Son premier combat. Seiya…

" Réveille l'énergie qui sommeille en toi… "

L'Ours Noir continuait à exercer une pression phénoménale sur le cou de son adversaire. Il lui semblait que ce dernier s'était évanoui.

" Il est vraiment d'une résistance hors du commun songea le chevalier noir… "

A sa grande stupéfaction, Geki, qui semblait pourtant toujours inconscient, lui saisit alors les bras.

" Quel guerrier ! Pensa-t-il, admiratif : "
- Arrête de résister Geki, tu ne fais que prolonger tes souffrances ! Accepte ta mort et elle te sera plus douce.

La pression que le chevalier de l'Ours exerçait sur ses bras était vraiment trop faible pour inquiéter le chevalier noir, et pourtant…

- QUOI ?

Sous ses yeux incrédules, un miracle se produisait : le chevalier de l'Ours était entrain de desserrer l'étau de ses bras !

- IMPOSSIBLE ! Comment dans un tel état peut-il dégager une telle force !

Une aura bleutée luisait autour de Geki en cet instant, brûlant le chevalier noir, l'obligeant à lâcher sa prise. Ebahi, l'Ours Noir, vit Geki se retourner. Le regard du chevalier de l'Ours brûlait en cet instant d'une rage incontrôlable. La rage de l'ours.
Subjugué, l'Ours Noir, eut pour la première fois du combat un instant d'hésitation. Qui lui fut fatal.

- PAR LA PRISE DE L'OURS !!!

A l'instant où Geki lui saisit le cou, le chevalier noir comprit que son heure était arrivée. Il en éprouva presque du soulagement.

Tout était fini. Geki observait le cadavre de son adversaire étendu sur le sol. Il s'écroula alors à son tour, complètement épuisé. La douleur conjuguée à l 'effort qu'il avait dû fournir pour se libérer puis pour briser le cou de son adversaire l'avait anéanti.
Il observa avec regret le corps du chevalier noir. Son adversaire n'était pas mauvais. Il avait seulement perdu tout espoir dans la vie. Peut-être était-ce mieux ainsi. Geki n'éprouvait en ce moment aucune fierté à avoir gagné ce combat.
Se relevant malgré la fatigue, il décida de se remettre en route.

" Dire que nous devions être de retour dans la soirée ! "

Il lui semblait qu'au lointain, vers l'horizon, le visage de son maître lui souriait.

" Souviens-toi. Ce qui fait la force d'un chevalier, c'est sa cosmo-énergie. "

Ichi courait toujours, mais ses espoirs d'arriver à temps s'envolaient au fil des minutes. Le soleil couchant éclairait à peine cette partie de l'île, l'obligeant à ralentir.
Quelque chose l'arrêta soudain.
Une présence.
Avec méfiance, Ichi observa les alentours, scrutant le moindre recoin pour tenter de découvrir celui qui avait interrompu sa course.
L'homme apparu soudain au-dessus de lui, debout sur une paroi rocheuse. Un chevalier noir.
Se souvenant de l'incroyable ressemblance entre l'Ours Noir et Geki, Ichi se prépara lui aussi à rencontrer son jumeau.
Mais il n'en était rien. L'homme ne ressemblait en rien au chevalier de bronze. Il possédait une chevelure noir cuivré et des yeux de la même couleur, semblait légèrement plus grand et son visage était différent. Il observait Ichi, paraissant vouloir l'écraser de toute sa hauteur.
Mais le chevalier de l'Hydre ne se laissa pas impressionner, et décida de rompre le premier le silence :

- Qui es-tu ?
- On m'appelle l'Hydre Noire.

L'Hydre Noire… Ainsi lui aussi portait l'armure de l'Hydre. Ichi avait vu tellement d'étrangetés depuis son arrivée sur cette île qu'il trouva presque bizarre que son adversaire ne lui ressemble pas, contrairement à Geki et son homologue chevalier noir.
Geki ! Il ne devait pas l'oublier. Ichi préféra se désintéresser du chevalier noir et voulu s'en aller, mais d'un superbe saut périlleux, ce dernier atterrit devant lui, lui bloquant la route.

- Laisse-moi passer !
- Pourquoi ? Aurais-tu peur de m'affronter ?

Ichi recula d'un pas et jugea son adversaire. Il semblait arrogant et sûr de lui. Au moins, c'était bien un chevalier noir !
Le chevalier de l'Hydre remarqua alors un détail qui lui avait échappé jusque-là. Préoccupé par le visage de son adversaire, il n'avait pas fait attention à son armure : elle était différente de la sienne.

- Mon armure t'intéresse, chevalier ?
- Elle à l'air différente de la mienne, et je suis pourtant le chevalier de l'Hydre !
- C'est normal. Tu portes l'armure d'Hydra, l'hydre femelle. Apprends que moi, l'Hydre Noire, je porte l'armure d'Hydrus, l'hydre mâle.
" L'Hydre mâle… "

Lac Holts, Finlande…

- Deux armures de l'Hydre maître ?

Ichi écoutait avec toute l'attention d'un enfant de neuf ans émerveillé par les contes et les histoires fantastiques. Son maître, le chevalier d'argent du Lynx, était en train de lui raconter l'histoire des armures.

- Oui mon enfant, il existe bien deux armures de l'Hydre dans la chevalerie d'Athéna. Celle pour laquelle tu t'entraînes représente l'hydre femelle, la fabuleuse Hydre de Lerne. Elle avait neuf têtes, et l'une d'entre-elles était immortelle. On raconte que si on lui coupait une tête, deux autres repoussaient à sa place. Elle fut malgré tout tué par Héraclès, aidé de son neveu Iolas, qui cautérisait les têtes tranchées avec un tison enflammé. Héraclès trancha la dernière tête, celle qui était immortelle, et l'enfouit sous un rocher.

Le chevalier du Lynx fit une pause. Il contempla d'un air amusé ce tout jeune garçon qui s'entraînait durement pour avoir le droit de porter le titre de chevalier sacré, et qui en ce moment buvait ses paroles comme n'importe quel enfant. Le chevalier d'argent aimait ce garçon comme un fils, et l'apprenti chevalier lui vouait une admiration sans bornes. Il reprit :

- L'hydre mâle, quant à elle, n'est pas très bien définie. On pense qu'elle représente le serpent de mer qu'envoya Poséidon pour dévorer Andromède, attachée à un rocher, punissant ainsi sa mère, Cassiopée, qui s'était vanté d'être plus belle que les Néréides. Mais alors que tout espoir était perdu pour la malheureuse, Persée arriva, chevauchant Pégase. Il tua le serpent, délivra Andromède et l'épousa.
" Je ne sais pas où se trouve actuellement l'autre armure de l'Hydre, mais sache qu'elle est différente de celle pour laquelle tu t'entraînes si durement. En effet cette dernière est dotée de griffes acérées et empoisonnées, qui telles les neuf têtes de l'hydre, repoussent à chaque fois qu'on les utilise…
- Des griffes empoisonnées? Demanda Ichi, captivé par l'histoire.
- Oui mon garçon, ces griffes sont redoutables ! Et si lors d'un combat tu arrive à les planter par trois fois dans le corps de ton adversaire, le poison le tuera sans nul doute…


Ile de la Reine Morte.

" La voilà donc, cette fameuse deuxième armure de l'Hydre songea Ichi. "
- Dis-moi chevalier, dans ce cas ton armure doit être dépourvue de griffes ?
- C'est exact, et je n'en ai nullement besoin crois-moi.

Sur ces mots, le chevalier noir expédia un coup de pied d'une rapidité incroyable vers le visage d'Ichi qui, prit par surprise, ne put l'éviter et fut expédié quelques mètres plus loin. Mais il en fallait plus pour l'assommer et il se remit bien vite sur pieds. La vitesse du coup l'avait cependant impressionné.

" Méfiance, il doit être un adversaire redoutable…
" Mais ?! Que fait-il ?

Devant lui, son adversaire exécutait un kata. Ses mains traçaient lentement dans l'air la forme de l'hydre. Il préparait une attaque ! Ichi se mit en position de défense : jambes écartées, bras repliés vers le corps.

- QUE LES CROCS DE L'HYDRE NOIRE TE DECHIRENT !!!

Ichi eu l'impression que des centaines d'aiguilles lui traversaient le corps. Hurlant de douleur, il tenta en vain de déceler son ennemi derrière la pluie de coups qui s'abattait sur lui. Balayé par la puissance de l'attaque, Ichi alla terminer sa course sur une paroi.
Son adversaire l'observait, railleur.

- Si c'est tout ce dont tu es capable, le combat sera vite terminé.

Ignorant la douleur, Ichi se releva avec difficulté. Il avait du mal à tenir sur ses jambes tellement l'attaque ne l'avait pas laissé indemne.

- C'est ce que tu crois dit Ichi en haletant, mais tu n'échapperas pas à mes griffes empoisonnées !

Ichi se jeta alors toutes griffes dehors sur son adversaire, qui n'eu cependant aucun mal à les éviter. Mais le chevalier de l'Hydre persévéra, alternant les coups de poing pour tenter de parvenir à planter ses griffes. Cependant l'Hydre Noire se jouait de lui avec une facilité déconcertante. Le jeu continua ainsi pendant un moment, jusqu'à ce qu'Ichi, épuisé, interrompe son assaut. Le chevalier noir l'observait d'un air condescendant.

- Je n'arrive pas à croire que tu sois aussi faible, chevalier. Tu te caches sans cesse derrière tes griffes, mais ta lenteur est affligeante. Jamais je n'ai eu à affronter un adversaire aussi lent que toi.

Ichi était découragé. Il avait été incapable de toucher ne serait-ce qu'une fois son adversaire, alors qu'il avait subi son attaque de plein fouet sans avoir pu la comprendre, tellement sa vitesse était grande. Et la pénombre qui régnait n'arrangeait rien. Il vit alors que son adversaire se préparer à lui porter un deuxième coup.

- QUE LES CROCS DE L'HYDRE NOIRE TE DECHIRENT !!!

Pour la seconde fois, Ichi ne put rien faire et encaissa à nouveau l'attaque sans pouvoir apercevoir d'où venaient les coups. Pour la seconde fois il s'écroula. Mais cette fois, il ne put se relever et resta à genoux.
Le chevalier de l'Hydre était dans un bien triste état. Du sang s'échappait de ses nombreuses blessures et il avait le souffle coupé. Mais plus que le physique, son moral était atteint. Comment pouvait-il espérait vaincre un adversaire aussi rapide ?
En face de lui, son adversaire l'écrasait de toute sa hauteur. Il observait deux doigts de sa main gauche, couverts de sang.

- C'est curieux. Ainsi ton sang est rouge. J'aurais cru à ton aspect que tout en toi était gris et laid.

Malgré son souffle saccadé, Ichi répondit :

- Les albinos souffrent d'une carence en mélanine, ce qui entraîne chez eux une absence de pigmentation, et donc de coloration, de la peau et des cheveux, mais le sang n'est pas affecté…
- Je sais tout ça, pour qui me prends-tu ? Coupa le chevalier noir d'un ton méprisant. Ah je comprends, tu essayes de gagner du temps. Et bien subit donc ça : QUE LES CROCS DE L'HYDRE NOIRE TE DECHIRENT !!!

Ichi se releva à temps, mais pour la troisième fois, il ne put parer les coups multipliés de son adversaire et pour la troisième fois, il s'écroula.
Le chevalier noir observa Ichi. Malgré l'obscurité, le chevalier de bronze offrait un spectacle accablant. A genoux, couvert de sang, épuisé et souffrant mille morts, il n'avait plus aucune chance.

- Le prochain coup te sera fatal chevalier.

L'Hydre noire regrettait presque la facilité de ce combat. Son adversaire était fini. Sans doutes l'avait-il compris lui aussi.
Mais alors…
…Pourquoi souriait-il ?
Perplexe le chevalier noir observa Ichi. C'était sans doute son imagination… Non ! Malgré la pénombre, il voyait clairement un sourire se dessiner sur le visage du chevalier de l'Hydre. Ichi releva la tête.
Et pour la première fois, l'Hydre Noire comprit ce qui avait fait naître ce sourire.
Incrédule, il observait sa main gauche. Sur son dos, trois griffes mortelles étaient plantées !
Ichi se releva et pris alors la parole :

- Tu as commis une erreur chevalier.
- QUOI ?
- J'ai d'abord cru que ton attaque était une attaque de projection, un peu comme les Météores de Pégase, que tu projetais tes coups à distance. Ta vitesse m'a induit en erreur.
" Mais quand tu as fait la remarque sur mon sang, j'ai alors vu ta main, et j'ai compris que je m'étais trompé. Tu es bel et bien obligé de porter tes coups en restant au corps à corps, le sang que tu avais sur les doigts le prouvait. Alors, bien que j'étais toujours incapable de voir tes coups arriver, il mes suffisait de sortir mes griffes et de placer mes mains devant moi, sur la trajectoire de ton attaque, pour que mes griffes se plantent dans ton corps.
" Le poison a déjà pénétré ton organisme et tes coups vont être ralentis. Je n'aurais aucun mal a planté à nouveau mes griffes par deux fois et alors, tu mourras !

Ichi se sentait beaucoup mieux et malgré ses nombreuses blessures, son moral était remonté en flèche. Le désespoir momentané qu'il avait ressenti était passé, ils étaient désormais d'égal à égal.
Le chevalier de l'Hydre se remémora son combat au Tournoi Galactique contre Hyoga. Par trois fois, il était parvenu à enfoncer ses griffes dans la protection de son adversaire. Mais l'armure du Cygne, née dans les glaces éternelles de Sibérie, avait une surface quasi-impénétrable, et ses griffes n'avaient eu aucun effet sur le chevalier Hyoga. Ichi avait perdu ce combat.
Mais l'armure noire de son adversaire était loin d'être aussi impénétrable. Ichi se demanda soudain si son adversaire savait que ses griffes se régénéraient. Si ce n'était pas le cas, il allait peut-être tenter la même attaque. Son adversaire parut deviner ses pensées car il répondit :

- Je n'ignore pas que tes griffes repoussent très vite chevalier, mais rassures-toi, ajouta-t-il avec un sourire mauvais, je ne dispose pas que d'une seule attaque !

D'un bond prodigieux, l'Hydre Noire atterrit derrière Ichi.

- PAR L'ETREINTE DE L'HYDRE NOIRE !!!

En temps normal, n'importe qui aurait été désespéré.
Les bras immobilisés dans son dos par le bras gauche de son adversaire, le cou enserré par le bras droit, couvert de sang et de blessures, alors que son adversaire n'avait qu'une égratignure, n'importe quel être doté d'un brin de bon sens aurait jugé le combat perdu.
Mais il existait une différence entre n'importe qui et Ichi, et cette différence allait décider du sort de ce sanglant affrontement.
Il faisait nuit désormais, aussi l'Hydre Noire cru-t-elle encore à une hallucination lorsque, penchant la tête sur le côté pour lancer quelques paroles en guise d'oraison funèbre à Ichi, il vit sur le visage du chevalier de l'Hydre quelque chose qui le terrorisa.
Un nouveau sourire.

- Tu viens de commettre une erreur encore plus grave que la précédente annonça Ichi.
- Que…
- Tu savais pourtant que ma faiblesse, c'était ma lenteur, mais qu'au corps à corps, mes griffes me donnaient un avantage.
- Tu dis des inepties ! Je suis à l'abri des griffes que tu portes aux poignets !
- Mais pas de celles que je porte aux coudes.

Aussi tranchantes que ces paroles, six griffes jaillirent soudainement des coudes du chevalier de l'Hydre, et se fichèrent dans le ventre du chevalier noir.
Médusé, les yeux révulsés, l'Hydre Noire lâcha sa prise et s'écroula.
Se retournant vers son adversaire agonisant, Ichi ajouta :

- L'Hydre de Lerne avait neuf têtes. De même, mon armure dissimule ses griffes en neuf emplacements : la tête, les poignets, les genoux, les chevilles… Et les coudes.

Le regard de son adversaire était empli d'incompréhension. Ichi poursuivit :

- Ton erreur as été de te croire invincible et de me mépriser. Tu m'as sous-estimé Hydre Noire, et tu as payé cette leçon de ta vie. Ton arrogance a causé ta perte. J'espère que tu te rappelleras cette leçon d'humilité quand tu renaîtras à ce monde.

Son adversaire avait rendu son dernier souffle, les traits de son visage à jamais figés dans une expression de totale incrédulité. Ichi se détourna.
Grimpant sur le plus haut rocher alentour, il tenta de déterminer où il se trouvait, mais fut surpris par la clarté de la pleine lune qui inondait son visage.
Enfin accoutumé à sa lumière, il rouvrit les yeux. Devant lui, la lune semblait teintée de sang…

- Signe de sa mort prochaine à ce qu'on dit murmura Ichi…

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Cette fiction est copyright Jean-Baptiste Landy.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.