Chapitre 1 : L'après Sanctuaire, ou le contre coup d'une Guerre Sainte


"D'abord Poseïdon, ensuite Hadès... A présent, je crois qu'il est grand temps que je me manifeste, Athéna !"

(Sanctuaire d'Athéna, près de la ville d'Athènes. Six mois après la fin de la Guerre Sainte qui opposa Athéna et ses chevaliers à Hadès et ses spectres).

Le soleil faisait son apparition sur les majestueuses colonnes de pierres des temples du Sanctuaire. Un soleil qui s'annonçait, aujourd'hui encore, particulièrement radieux. C'était comme ça depuis le jour où le monde avait échappé à "L'ultime Eclipse" que tenta de provoquer Hadès. A croire que c'était le soleil lui-même qui, comme pour se faire pardonner d'avoir abandonné la terre, semblait vouloir dominer chaque jour depuis ces six derniers mois, ne laissant à aucun moment la place à la pluie ou aux éclairs ; à moins que Zeus, le roi des Dieux fut, ces temps-ci, trop occupé pour déchaîner la fureur des éléments...

Dans le temple d'Athéna, les premiers rayons lumineux passaient au travers de fissures dans les murs, provoquées par l'usure du temps, pour illuminer le visage d'une Déesse : mademoiselle Saori Kido. Notre divinité était allongée sur le dos, endormie sur son lit de marbre. Six longs mois s'étaient écoulés, mais des traces de fatigue subsistaient encore dans son esprit. D'ailleurs elle ne s'éveilla pas paisiblement, d'elle-même, elle semblait se débattre dans un sommeil agité. Elle rêvait. Dans son rêve elle entendait une voix grave et puissante lui hurler : "Et un jour, c'est toi, Athéna, qui recevras le châtiment des Dieux de l'Olympe !! Souviens-t'en bien, Athéna !".
Et elle voyait, elle revoyait l'esprit de Poseïdon quitter le corps du jeune Julian Solo, pour s'enfermer dans le vase sacré d'Athéna où il reposera pour quelques siècles encore. Puis, elle émergea de son sommeil, éblouie par les premiers rayons de l'astre lumineux. Elle s'assit sur son lit et se passa la main dans ses longs cheveux. Cet avertissement du Dieu des Océans, elle ne l'avait pas oublié. Poseïdon l'avait bien mise en garde contre une éventuelle offensive de la part de l'Olympe, le domaine des Dieux. Elle tenta de se rassurer. Aucun Dieu digne de ce nom ne peut en invectiver un autre sans le consentement de leur chef suprême à tous : Zeus. Athéna elle-même s'était pourtant battue et avait vaincu et humilié les deux frères Divins de Zeus, Poseïdon et Hadès, mais il avait bien été décrété au cours du partage des royaumes, qu'Athéna avait hérité de la terre et que son devoir premier était de la protéger.

D'abord, Poseïdon avait voulu étendre son royaume sous-marin jusqu'à la totalité de la surface terrestre. Athéna fut bien forcée de se défendre.
Ensuite, Hadès, en voulant aligner les planètes du système solaire, avait lui aussi dépassé les limites de sa juridiction, non sans avoir, au préalable, causé de graves troubles au Sanctuaire en prenant possession de l'âme du Chevalier Saga.
Saori se leva, vêtue d'une robe légère, et traversa la salle du Grand Pope, toujours plongée dans ses pensées. Athéna devait-elle être punie pour s'être défendue et avoir protégé son royaume ? Elle préféra en rester là et se dit qu'un Dieu tel que Zeus posséderait assez de bon sens pour comprendre qui était en tort dans toutes ces batailles divines. Des marches de son temple, Athéna pouvait contempler son Sanctuaire tout entier. Le soleil amenait la vie au domaine qui s'activait peu à peu. En bas, sur les plaines, on pouvait voir les soldats commencer leurs dures journées de patrouilles (RRR...ZZZ). A plusieurs endroits, de jeunes enfants débutaient leur apprentissage de Chevaliers sous la responsabilité de leurs maîtres. Saori jeta également un coup d'oeil sur la grande horloge Zodiacale en espérant qu'elle ne serve plus jamais. Enfin, elle ne put s'empêcher, une fois de plus, de méditer en contemplant mélancoliquement les douze maisons vides, désespérément vides. Il ne se dégageait plus rien de ce qui constituait le coeur, l'emblème, la fierté de la Chevalerie. En effet, non seulement ces maisons étaient vides, de par l'absence des Chevaliers d'Or disparus dans les Enfers, mais il ne restait même plus leurs armures pour qu'au moins on eût pu ressentir leurs âmes.

Les armures... Saori se sentait bien inutile lorsqu'elle pensait que même elle, la réincarnation d'Athéna, n'avait pu les ramener ici. "Mais tout de même...". Elle se mit à réfléchir profondément. D'accord, même elle ne possédait pas les pouvoirs psychokinétiques de Mû ou de Shaka, mais le fait que les armures d'or ne réagissent pas à l'appel de son cosmos cachait autre chose, pour Saori. Elle se mit alors à imaginer, sans vraiment y croire, un scénario.
"Si les armures ne sont pas revenues au sanctuaire, cela voudrait signifier que les Chevaliers d'Or seraient bel et bien en vie, quelque part dans les Enfers ou dans une dimension parallèle".

Un scénario certes simpliste, mais qui avait le mérite d'être cohérent et d'avoir été vécu : qui aurait pu se douter que, lors de la bataille du Sanctuaire, lorsque Ikki se fit exploser avec Shaka, que ces chevaliers étaient bien toujours entiers, mais quelque part dans une autre dimension ? Et, aux Enfers, ce fut bien ce même phénomène qui se produisit : les douze chevaliers étaient partis en fumée après avoir intensifié leurs cosmo-énergies à leur paroxysme. Saori soupira. Voir revenir tous les chevaliers d'or était un de ses rêves les plus chers. Mais si Saori avait eu le pouvoir d'exaucer un souhait, elle savait très bien qui elle ferait revenir en premier... Alors, pour ne pas se mettre à penser à Seiya, elle entreprit ce matin-là de ne pas prendre le raccourci, mais de traverser les douze maisons du Zodiaque, de celle des Poissons à celle du Bélier. Et ensuite elle irait à la réunion du conseil de la chevalerie qui avait lieu tous les mois et qui servait à faire le point sur l'état du Sanctuaire après une Guerre Sainte.
Saori commença sa descente d'un pas tranquille et elle entra dans la maison des Poissons. En son centre traînaient encore quelques poignées de pétales de roses. Elle en prit dans la paume de sa délicate main et les respira, mais ils ne dégageaient plus aucune odeur. Ces pétales étaient morts en même temps qu'Aphrodite, le chevalier d'or au coeur aussi noir que ses roses Piranhas. Saori traversa ensuite la triste demeure de Camus, le chevalier du Verseau, et dû contourner la large crevasse créée par le dixième chevalier du Zodiaque, Shura.

Saori eut une profonde peine en imaginant le déchirement que le chevalier du Capricorne avait pu ressentir en apprenant la vérité par Shiryu, alors que celui-ci l'entraînait vers une mort atroce, lui qui pensait être le plus fidèle chevalier d'Athéna. Dans la demeure de Shura, Saori se trouvait devant l'oeuvre d'art la représentant, et en regardant celui à qui elle avait confié Excalibur, elle eut cette pensée : "Chevalier Shura, je t'ai pardonné". Saori entra ensuite dans la maison de celui à qui elle devait la vie. Et soudain, elle se mit à imaginer : Que se serait-il passé si Aioros ne s'était pas trouvé au bon endroit et au bon moment pour empêcher Saga de l'assassiner ? Saori morte née, Mitsumasa Kido n'aurait jamais envoyé ses enfants dans des centres d'entraînement de Chevaliers, le Sanctuaire serait toujours rongé par le mal de Saga, et peut-être même qu'en ce moment les généraux de Poseïdon attaqueraient le Sanctuaire. Qui sait ?

Après avoir parcouru les huitième et septième maisons du Scorpion et de la Balance, elle arriva devant un grand tas de colonnes brisées et de pierres en ruines. Plus rien ne cachait la vue du champ de fleurs où se dressent, immortels et fiers, les Arbres de Twin Sal. En six mois, le champ avait retrouvé un peu de sa beauté d'antan, mais il faudrait encore beaucoup de temps à la nature pour refaire surface après le choc de l'Athéna Exclamation. Saori se disait qu'elle devrait faire rebâtir la maison de la Vierge pour honorer la mémoire de ce demi-Dieu qu'était le brillant Shaka de la Vierge. La maison du Lion gardait quelques marques d'un duel entre deux protagonistes très puissants. Le fier Aiolia n'emplissait plus cette demeure de sa bestiale Cosmo-Energie. Saori continuait son chemin, toujours aussi sereine, malgré la multitude de souvenirs qui l'assaillaient à chaque maison. La quatrième, celle du Cancer avait heureusement été purifiée de toutes les atrocités commises par le répugnant Masque de Mort. Elle était maintenant une maison vide et sans vie comme les onze autres. Saori avait versé des larmes sur le visage de Saga, après son suicide. Voilà l'homme qui avait le plus souffert lors de la bataille du Sanctuaire. En se faisant passer par la suite pour un spectre venu pour la tuer, Saga, accompagné de Shura et de Camus, avait pu se racheter autrement que par son suicide. Le pauvre Chevalier des Gémeaux avait quitté ce monde avec le coeur plus léger. Et enfin Saori termina en traversant les maisons du puissant Aldébarran du Taureau et du mystérieux Mu du Bélier. A l'évocation de ce dernier, Saori pensa de nouveau à son scénario.
"Mu, si vous êtes réellement encore en vie, la seule personne qui peut guider les Chevaliers d'Or sur le chemin du retour, c'est bien toi".

Le brave Kiki était assis sur les marches de pierres, devant la maison de son maître. Il venait d'avoir ses dix ans et, à cette occasion, il s'était souvenu de ce que Mu lui avait confié. Il lui avait dit que, lorsqu'il atteindrait sa dixième année, il se produirait en lui quelque chose de très spécial. Le chevalier du Bélier n'avait pas voulu être plus précis, il lui avait seulement précisé que cette même chose s'était produite chez lui quand il avait eu 10 ans. Kiki en avait déduit que ce serait une chose propre aux gens de son peuple. Aujourd'hui, seul Kiki pouvait savoir en quoi consistait cette "chose".

Il sentit la présence d'une Déesse et se retourna pour lui faire face, d'un air sérieux. Depuis peu, personne au Sanctuaire n'avait manqué de remarquer le changement brusque de comportement chez le jeune garçon. Le petit être survolté, criard et enjoué semblait avoir étrangement mûri d'un seul coup. "La perte de son maître auquel il doit tout" avait pensé Saori, et elle avait sûrement raison, en partie. Rien de dramatique cependant, car Kiki d'Appendix conservait malgré tout un ton enjoué dans la voix. Après s'être incliné consciencieusement, il prit la parole.

Kiki : "Bonjour, Athéna ! Avez-vous bien dormi cette nuit ?".
Saori : "Oui, merci Kiki, malgré un rêve quelque peu perturbant... mais j'aime autant que tu m'appelles par mon prénom, quand nous ne sommes pas en guerre, tu sais".
Kiki gardait son sourire.
Kiki : "Bien compris, mademoiselle Saori. Ah oui ! J'étais venu vous prévenir que le Conseil est déjà en place, et si vous êtes prête...".
"On peut y aller !", lança Saori à sa place.

Fin du chapitre 1

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Cette fiction est copyright Steeve Mambrucchi.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.