Chapitre 9 : La Clé


Alors que le soleil se couchait sur la Grèce, il brillait encore de toute son intensité sur le désert du Texas, écrasant sous sa chaleur les quelques maigres cactus qui poussaient ça et là dans la poussière. Rien ne bougeait, les derniers habitants, humains ou animaux, avaient quitté la région bien des siècles auparavant, quand ce qui restait des habitants de la Terre s'était regroupés dans les cinq mégalopoles de plus de vingt millions d'âmes qu'étaient devenues Los Angeles, New York, Paris, Tokyo et Kinshasa. Dans les gigantesques étendues ainsi désertées, la nature avait repris ses droits, et elle n'était plus sillonnée que par quelques riches aventuriers en quête d'émotions fortes et de solitude.

Mais dans le désert du Texas, sous une fournaise de 55°C, un homme avançait sur une piste vieille comme le déluge. Il était vêtu d'une grande aube noire, et portait aux pieds de solides bottes de militaire, faites pour durer. Malgré cet accoutrement saugrenu pour un tel lieu, il ne semblait pas le moins du monde souffrir ni de la chaleur, ni du poids du sac qu'il portait sur le dos. Son visage était tanné par le soleil, et il aurait pu passer pour agréable s'il n'y avait eu ses yeux. Des yeux noirs de prédateur, pleins de cruauté et d'assurance.

On l'appelait Keane, mais il avait il y a très longtemps porté un autre nom. Un nom qui faisait frémir toute une galaxie. Skull. Le Baron Noir, le Porteur de Mort. Le plus cruel lieutenant d'un tyran qui avait été jusqu'à menacer les maîtres de l'Univers. Et dans trois jours, le lieutenant et le maître allaient enfin être réunis pour reprendre leur œuvre de destruction là où ils l'avaient laissée.

La route avait été longue jusqu'à maintenant, il lui avait fallu échapper aux Warlords de l'Empereur de la Galaxie d'Andromède. A ce qu'il savait, il était d'ailleurs le seul à avoir réussi. Il avait abouti dans cette galaxie, où, il le savait, personne ne soupçonnait sa présence. Il avait parcouru l'Univers dans tous les sens, s'était mis au service de nombreux roitelets, pourtant moins forts que lui, mais qui pouvaient lui assurer une période de répit dans sa fuite…

Et maintenant, sa longue course touchait à sa fin. Il avait enfin trouvé, au centre même de l'Univers, la source de pouvoir qui pourrait ramener son Maître. C'était cela qu'il portait dans son sac, et même si le poids en était considérable, la joie malsaine que sa découverte avait suscitée le lui faisait paraître négligeable.

Plus que trois jours…

Il aurait pu voler, ou se télétransporter, mais il avait le temps. Plus de temps qu'il ne lui en fallait pour se rendre en cet endroit à l'aplomb duquel une brêche dans la réalité allait s'ouvrir, et pour la première fois depuis huit milliard d'années, elle se produirait à la surface d'une planète…

Les conditions idéales en somme.

A cette pensée, un fou rire le gagna, qu'il laissa éclater de toute sa puissance.

A une centaine de kilomètres plus au nord, un coyote délaissa un instant le lièvre des sables qu'il avait entrepris de dévorer et, levant son museau vers le ciel aveuglant, hurla à la mort, avant de reprendre son repas.

Dans un petit village deux cent kilomètres au nord-est, l'unique chien se jeta à la gorge de son maître avant de lui dévorer le cœur. Les voisins, alertés par les cris de la malheureuse victime, ne purent qu'abattre l'animal et envoyer chercher le prêtre pour apporter les derniers sacrements à l'infortuné propriétaire. On trouva le saint homme pendu à la croix de son église.

Des conditions idéales, décidément…

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Cette fiction est copyright Thomas Goffin.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.