Chapitre 11 : Au Centre de toutes choses…


… Et ils réapparurent en plein ciel, ou plutôt en plein vide. Damon s'en moquait, il pouvait très bien se passer de respirer, mais la vue qu'il avait était absolument prodigieuse.

- J'ai pensé que tu aimerais avoir une vision plus globale de l'endroit où nous nous rendons, lui dit Laad.

Pourtant, dans le vide, le son ne se propage pas, se dit Damon avec surprise..

- C'est de la télépathie, entendit-il distinctement dans sa tête. Alors, qu'en dis-tu?

C'était un spectacle d'une beauté indescriptible. Le ciel était constellé d'étoiles de toutes les grandeurs, et elle semblaient si proches l'une de l'autre qu'on aurait dit les grains de sable d'une plage divine. Au milieu de tout ça, trônaient deux étoiles jumelles, comme si la gravité les avait fait se rencontrer et ne leur avait plus permis de se séparer. L'une était jaune, gigantesque, brillant d'un éclat insoutenable, et l'autre, de taille plus réduite, était bleue, comme si l'hydrogène qui la composait n'avait pas encore atteint la température suffisante pour brûler de manière optimale.

En-dessous de lui, il voyait une planète verte,

- C'est merveilleux, pensa Damon. Où sommes-nous?

- Au centre de l'Univers, là où le Big Bang s'est produit il y a des milliards d'années, là où les étoiles sont si proches qu'elles forment un tapis, là où réside mon maître…

La surprise terrassa Damon. Il avaient fait un si long voyage? Il avait eu l'impression que le temps qui s'était écoulé depuis leur départ de la terre ne devait pas dépasser la minute. Comment diable ce Laad avait-il pu faire un si grand bond dans l'espace?

- Ce n'est qu'une petite partie de mes modestes pouvoirs, entendit-il.

- Modestes?!? Mais dis-moi qui est vraiment puissant alors?

Damon n'eut droit en guise de réponse qu'à un grand éclat de rire.

- Allons, rejoignons mon maître.

Survint un autre saut…

… plus court que le précédent. Ce voyage avait amené les deux hommes sur la terrasse d'un majestueux palais dont les murs, qui étaient fait d'une pierre de couleur claire, brillaient faiblement sous la lumière du soleil double. L'endroit où ils étaient apparus devait certainement se situer à l'arrière de l'édifice, mais la façade qu'il présentait était si majestueuse que Damon se promit de jeter un coup d'œil, s'il le pouvait, à la face avant.

Laad l'invita d'un signe de la main à le suivre et pénétra dans un vaste portique encadré par deux imposantes statues de loups montant la garde. Damon se rappela un passage d'un livre d'anthropologie qu'il avait lu des années auparavant: "Sur tous les mondes où la vie a fait son apparition, il n'y a que deux constantes dans le règne animal: la présence de l'homme et celle du loup. Les théories sont légion pour expliquer ce phénomène, et certaines n'hésitent pas à puiser leurs arguments dans les diverses croyances qui meublent la mémoire collective de l'homme, mais la vérité est que jusqu'ici, personne n'a pu trouver une explication satisfaisante…" L'auteur avait raison. Durant sa longue existence, Damon avait pu observer la naissance de la vie sur de nombreuses planètes, où elle avait pris un nombre incroyable de formes différentes, mais partout à un certain stade de l'évolution, l'homme et le loup avaient fait leur apparition - et d'ailleurs l'avènement de ces deux espèces de prédateurs avait partout été simultané. C'était un sujet qui passionnaient les biologistes depuis des siècles, et qui ferait certainement encore couler beaucoup d'encre.

Damon réfléchissait à tout cela en suivant son guide dans les somptueuses galleries du palais, en route vers quelque chose qui pourrait très bien être son dernier souffle. Mais rien ici ne semblait constituer une menace, et c'est avec calme qu'il se préparait à rencontrer ce fameux "maître".

- Laad? demanda-t-il.

- Mmm? Qu'y a-t-il?

- Ce palais, de quand date-t-il? Et de quelle pierre sont fait les murs?

- Ce palais a été construit par mon maître il y a dix milliards d'années. Et les murs sont faits de poussière de Naine Blanche agglomérée.

Il avait dit cela comme s'il n'y attachait aucune importance. Mais il en allait tout autrement pour Damon.

- Quoi! Mais c'est impossible! Aucune force ne pourrait réussir ce prodige!

Laad, de nouveau, éclata de rire. L'émerveillement de son invité semblait l'amuser au plus haut point.

- Patience, tu auras bientôt la réponse à toutes tes questions.

Les deux hommes continuèrent leur chemin en silence. Damon ne parvenait pas à se remettre de sa surprise. Le poids d'une simple cuillère à café de poussière de Naine Blanche était d'environ 13 kilogrammes. Ce bâtiment devait peser des millions de tonnes! Et par quel prodige cette poussière s'était-elle solidifiée de la sorte? Il lui tardait de rencontrer celui qui avait été capable de ce tour de force.

Soudain, Laad s'arrêta devant une ouverture masquée par une tenture. Puis, faisant à Damon le geste de le suivre, il écarta les pans de l'étoffe et entra dans la pièce.

- Mais bon sang, qui est ce type! explosa Bud. Cela faisait à peine plus de vingt minutes qu'il consultait les archives de la Garde sur l'ordinateur du Sanctuaire, et déjà son impatience prenait le dessus.

- Laisse-moi faire, lui conseilla Shiryu. Il aimait vraiment tout ce qui touchait de près ou de loin à l'informatique, et ses recherches dans le domaine avaient donné quelques beaux résultats, dont les brevets, ajoutés à la solde qu'il percevait de la Garde, lui assuraient des rentrées substancielles.

Il se connecta directement au serveur de la société Slade Inc et tappa son mot de passe. Un visage féminin apparût à l'écran, en même temps qu'une voix douce le saluait.

- Bonjour Shiryu. Je suis contente de te revoir. Que puis-je faire pour toi?

- Bonjour Clio, je voudrais que tu me donnes accès aux archives spéciales de la Garde. Section Dangers.

- Que cherches-tu exactement?

- Un homme à la peau bleue, deux mètres, cheveux noirs, répondant au nom de Laad. Ca te dit quelque chose?

- Attends un moment, s'il te plaît.

Pour beaucoup de gens, dialoguer ainsi avec un ordinateur avait quelque chose de désagréable. La machine était capable de penser plus vite qu'un humain, et les récents progrès en matière de cybernétique lui avaient conféré des semblants de sentiments qui l'humanisaient encore un peu plus. Mais Shiryu était depuis longtemps habitué à ce mode de communication et c'était devenu pour lui aussi naturel que de passer un coup de visiophone. Clio, qui tenait son nom de la Muse de l'Histoire, était pour lui presque une amie.

- Non, désolée, Shiryu, mais je n'ai aucune trace de quelqu'un répondant à ton signalement. Puis-je me permettre de te rappeler qu'il n'existe aucune race humaine à peau bleue dans la Galaxie?

- Oui, je le savais, mais j'espérais…

- Excuse-moi, Shiryu, l'interrompit Siegfried, sous le coup d'une intuition. Clio, y avait-il un de tes sattellites d'observation à la verticale du Sanctuaire d'Athéna, il y a environ…

Il regarda sa montre.

- …environ trente minutes, reprit-il.

- Oui, en effet, colonel, répondit la voix.

- As-tu fait un relevé de la signature énergétique qui s'y est déployée à ce moment-là?

- Oui, voulez-vous que je vous la montre, colonel?

- Oui, ainsi que les conclusions que tu en as tirées, conclut Siegfried, visiblement enchanté de son idée.

Un hologramme apparut sur une petite console à leur droite, tandis qu'un écran virtuel était projeté dans l'air. L'hologramme ressemblait à une sphère de lumière dont la forme et l'apparence variaient sans arrêt. L'écran, lui, affichait une liste impressionnante de données et de chiffres auquels aucun des quatre hommes ne comprenaient rien. Mais Siegfried n'en avait pas fini avec son idée.

- Pourrais-tu comparer la signature de cet inconnu avec celle de Damon?

- Oui, bien sûr. Mais je tiens à vous prévenir contre toute conclusion hâtive. Je n'ai pas de signatures de Damon récentes. La dernière en date remonte déjà à plus d'un siècle.

Il y avait comme une nuance de regret dans la voix de l'ordinateur, ce qui fit sourire Siegfried. Il se demandait toujours par quel miracle des informaticiens avaient bien pu réussir à faire qu'une machine se sente coupable.

- Ce n'est pas grave, montre toujours.

- Bien colonel.

Une nouvelle sphère apparut à côté de la première, mais sa taille et son éclat étaient largement inférieurs.

- Combien, demanda Shiryu, atterré.

- Eh bien, commença Clio, on peut noter un rapport en puissance pure de l'ordre de dix pour un…

- Quoi, explosa Ikki, qui s'était tû jusque là. Tu veux dire que ce type était dix fois plus fort que Damon?

Il ne pouvait pas y croire, c'était trop énorme. Il avait vu Damon en action plusieurs fois, et il était intimement convaincu qu'il n'existait nulle part quelqu'un de plus puissant. Ikki n'avait jamais eu beaucoup de convictions dans la vie, mais son amour pour Tara et sa confiance dans son ami étaient celles auquelles il s'accrochait avec le plus de véhémence.

- Foutaises!

- Mais, Ikki… protesta Shiryu.

Ikki ne l'écoutait déjà plus, il était sorti de la pièce.

C'était une antichambre dépourvue de tout ameublement, à l'exception de trois fauteuils à l'aspect antique. Une fresque somptueuse couvrait les murs, chatoyant à la lumière d'un immense lustre d'or et de diamants. Une femme attendait, assise dans un des fauteuils. Ses cheveux de feu étaient coupés courts, et le blanc immaculé de son justaucorps tranchait sur sa peau bronzée. Ses grands yeux d'émeraude, fendus d'une pupille verticale, ne quittaient pas Damon, et on pouvait y lire ce qui ressemblait à de l'amertume.

Laad s'arrêta devant elle, et après l'avoir saluée d'une inclinaison du buste, puis il lui dit quelque chose dans une langue étrangère.

Pour Damon, ce fut un choc d'entendre à nouveau cette langue après si longtemps. C'était celle que parlait son père, quand il s'adressait à ses fils en privé, cette langue qu'il avait tant tenu à leur apprendre, alors que personne dans leur entourage ne l'utilisait.

- Némésis, voici Hermès, comme nous l'a demandé le maître.

- Je te remercie, Laad. Tu as rempli ta mission, tu peux te retirer.

Le guerrier à la peau bleue se dirigeait vers la sortie quand Damon, s'extirpant avec peine de la stupeur, intervint, adoptant lui-aussi la langue de son père.

- Un moment, Laad, comment vais-je repartir?

Laad se retourna, un sourire énigmatique aux lèvres.

- Tu n'auras pas besoin de moi pour repartir, Gallaan.

Et, sans attendre de réponse, il écarta les tentures et disparut dans le couloir.

- Comment m'a-t-il appelé? demanda tout haut Damon.

Némésis se leva de son fauteuil et s'approcha de lui.

- Gallaan. C'est bien le nom que t'a donné ton père?

- Vous connaissiez mon père?

Elle s'approchait encore, et son sourire avait quelque chose de désagréable, seule sa bouche souriait, ses yeux avaient un éclat glacial et vaguement menaçant.

- Oui, j'ai bien connu ton père, répondit-elle froidement.

Et, d'un coup, sans prévenir, elle frappa. Sans la sensation de menace qu'il avait pressentie, Damon aurait pris le coup directement en pleine face, mais grâce à un réflexe, il parvint à se dérober et se mit immédiatement en garde.

- Qui es-tu, Némésis, et pourquoi m'attaques-tu?

- Je suis la … des Guerriers de Lumière, et je veux me venger de l'affront que m'a fait subir ton père, il y a bien longtemps de ça!

Damon aurait voulu poser d'autres questions, mais elle ne lui en laissa pas le temps. Se précipitant sur lui à une vitesse prodigieuse, Némésis lui lança un coup à la gorge. Damon réussit à le bloquer, mais elle avait enchaîné avec un formidable coup de poing qui l'atteignit au plexus solaire. Son corps fut secoué par une violente décharge, puis projeté à toute vitesse vers le mur. Quand vint le choc, Damon crut que son corps allait exploser. La douleur fusa, formidable d'intensité, et il s'écrasa lourdement sur le sol.

Incroyable, pensait-il. En un coup, elle m'a envoyé valser comme si je n'étais rien de plus qu'un vulgaire insecte…Je dois me relever.

Au prix d'un effort surhumain, il parvint à se mettre à quatre pattes. Il leva la tête et regarda en direction de Némésis. C'est là qu'il la sentit. Son cosmos était d'une beauté à couper le souffle, d'un rouge profond, irradiant de puissance et d'assurance. Et il comprit pourquoi elle était le … Même Laad, qui lui avait paru si fort, ne dégageait pas un cosmos d'une telle intensité. On aurait dit une supernova.

- Je peux te poser une autre question, Némésis?

- Vas-y toujours, lui répondit-elle froidement.

- De quoi veux-tu donc te venger?

Elle éclata d'un rire clair et franc.

- Tu le sauras quand je me serai lassée de jouer avec toi. Quand viendra le moment de te tuer. Debout, minable! J'espère que ton père t'a appris autre chose que tomber.

Damon se mit lentement à genoux, puis se releva. Il essuya le filet de sang qui coulait de sa bouche. Ce n'était pas grave, il suffirait de quelques minutes pour que son facteur autoguérisseur répare les dommages internes que le coup de Némésis lui avait occasionnés. Mais il lui faudrait veiller à ce que cette situation ne se reproduise plus.

- Mon père m'a appris qu'attaquer sans prévenir quelqu'un qu'on a invité chez soi est un signe de bassesse et un manque total d'honneur. Tu as réussi à me toucher, mais ne compte pas que ça se reproduise.

Tout en parlant, il se préparait à attaquer. Il n'aimait pas combattre contre une femme, le sens de l'honneur que son père lui avait inculqué interdisait ce genre de chose. Mais il ne prévoyait rien quand la femme en question se révélait bien plus forte que tous les hommes qu'il avait affrontés jusque là.

Sans armure, je ne suis pas sûr de pouvoir encaisser ses coups, se dit-il. Mais son adversaire ne portait pas d'armure, elle, et il se refusait à fausser ainsi le combat.

De nouveau, Némésis se jeta sur lui, avec toujours la même vitesse effarante. Mais cette fois, le coup visait directement la poitrine. Ainsi, elle espérait déjà en finir avec lui! Il resta debout, prêt à affronter l'attaque, mais au dernier moment, il se laissa tomber au sol et d'un balayage, l'envoya valser à quelques mètres. La gerrière se rétablit immédiatement sur ses pieds, et sourit.

- Pas mal, dit-elle. Mais tu ne pourras pas te contenter de parer mes attaques si tu veux me vaincre.

- On verra bien, répondit-il. Mais elle avait raison. Elle était beaucoup plus rapide que lui, et il allait devoir trouver un moyen de la ralentir.

Le cosmos de la jeune femme envahit de nouveau la pièce. Damon, quant à lui, préférait ne pas lui donner un aperçu de l'avantage qu'elle avait. Il restait là, immobile, prêt à faire face à une nouvelle attaque.

Et l'attaque vint, rapide comme l'éclair. Il savait que ça ne servirait à rien de tenter la même esquive, elle était trop rapide et elle réagirait bien plus vite que lui.Quand elle fut à sa portée, il ramena ses deux bras en arrière et lança ses mains devant lui. Un mur d'air comprimé se dressa entre les deux combattants, ce qui eut pour effet de considérablement ralentir la vitesse de l'attaque de Némésis. Damon, profitant de l'avantage qu'il avait ainsi gagné, frappa de la jambe droite et la toucha en plein visage.

Mais le coup ne parvint même pas à la déséquilibrer. Elle était toujours là devant lui! Elle ouvrit le poing avec lequel elle s'apprêtait à le frapper, et une vague d'énergie le renversa, l'écrasant de nouveau sur le mur.

- Bien essayé, c'est une technique intéressante, mais pas contre quelqu'un qui peut te frapper à distance.

- Peut-être mais maintenant je suis prévenu.

Il se relevait en souriant. Son corps était couvert de coupures, et le sang s'échappait en laissant de sombres sillages sur ses vêtements.

- Là je suis furieux, lui dit-il. Les taches de sang, ça ne part jamais sur ce tissu.

Malgré sa fanfaronnade, il n'en menait pas large. Il n'avait aucun moyen de bloquer ses attaques de front. Il allait devoir passer lui-même à l'offensive. Il commença lui aussi à intensifier son cosmos, le poussant au maximum. Il n'avait jamais dû utiliser tant de forces jusque là, et il savait que si il ne le faisait pas maintenant, il n'aurait surement plus jamais l'occasion de se prouver sa véritable valeur.

Damon s'élança sur Némésis avec toute la vitesse dont il était capable. Cinq fois la vitesse de la lumière, c'était le maximum qu'il pouvait donner. Ses poings distribuaient des millions de coups à la seconde, mais la guerrière de Lumière réussissait à les bloquer tous. Puis, soudain, plus vite que l'éclair, Damon aperçut une faille dans la garde de son adversaire et lança son poing gauche de toutes ses forces. Il toucha Némésis au niveau du foie, et profitant de l'effet de surprise, il concentra toute sa force dans son poing droit, qui se mit à briller, et visa la tête. Pour ne toucher que le mur.

L'action n'avait duré que trois secondes. Damon restait là, le poing contre le mur, tandis que Némésis qui avait réussi à esquiver récupérait dans un coin de la pièce. Soudain, une fissure courut dans la surface de pierre réputée indestructible. Mais le mur, prouvant sa solidité, tint bon.

- Par les astres, murmura Némésis. Comment est-ce possible?

Damon se retourna vers elle.

- Tiens-tu vraiment à continuer ce combat? lui demanda-t-il.

- Ce n'est pas nécessaire, fit une voix derrière lui.

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Cette fiction est copyright Thomas Goffin.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.