Chapitre 15 : Premier Contact


Shiryu arpentait sans grand enthousiasme les couloirs du Palais du Grand Pope. La situation s’annonçait critique pour les Elémentaux, sans Gallaan à leur tête. Bien sûr, il restait toujours Telliaan, mais qui pouvait prévoir comment il réagirait quand viendrait le moment de la bataille ? Serait-il à la hauteur des attentes de son frère ?

Il haussa les épaules. Les Warlords étaient là, et avec eux, même si l’ennemi se révélait surpuissant, ils lutteraient jusqu’au bout, comme ils l’avaient toujours fait. Et si on demandait l’aide de Zeus, se demanda-t-il…

Il fut interrompu dans ses pensées par Siegfried qui s’approchait. Les deux Dragons avaient au cours des siècles appris à se connaître, et étaient devenus partenaires d’entraînement.

- Shiryu, nous venons de recevoir un message de Paris, le croiseur est en approche. Athéna nous attend dans une navette.

Shiryu acquiesça.

- Tu as raison, il est temps d’aller les chercher.

En l’absence de Gallaan, toute l’aide serait la bienvenue. Et les anciens Chevaliers d’Or d’Athéna n’étaient pas, et de loin, des incapables. Leur puissance de combat dépassait même celle des Warlords.

Les deux amis se hâtèrent de gagner l’aéroport privé du Sanctuaire, où, en plus d’Athéna, les attendait Seiya.

Ils prirent place dans les confortables fauteuils qui avaient remplacé les rudimentaires banquettes sur lesquelles, dans les modèles destinés au transport de troupes, prenaient d’habitude place les Gardiens envoyés au combat. Les versions destinées aux officiers avaient été entièrement réaménagées, et elles ne manquaient d’aucun confort.

Dans le rugissement de ses réacteurs, la navette frappée du sceau de la Garde décolla en direction de Paris.

Le voyage se déroula sans encombre, et, moins d’une demi-heure après avoir décollé, la navette touchait le tarmac du spatioport de Paris, dans la section réservée aux appareils militaires. La silhouette fuselée du croiseur n’était pas encore visible, mais cela ne surprit pas Shiryu outre mesure. Son arrivée leur avait été signalée lorsque le bâtiment avait décéléré aux abords de Pluton, et les procédures d’approche nécessitaient toujours du temps, afin d’éviter aux vaisseaux dans la phase terminale de leur voyage vers la Terre de s’écraser sur les planètes, leurs satellites ou sur un des astéroïdes du Système Solaire.

La vue que les quatre amis avaient sur le spatioport avait quelque chose d’irréel, de fantomatique. Là où d’ordinaire se pressaient les vaisseaux qui arrivaient ou partaient pour des destinations aux noms pleins de mystère, là où se bousculait continuellement une foule bigarrée d’hommes d’affaires, de touristes, de diplomates, régnait maintenant le vide… Seules les lignes internes desservant les aéroports terrestres étaient toujours assurées, mais peu de gens semblaient avoir le goût de les utiliser.

Le Gouvernement a dû faire un communiqué officiel, se dit Shiryu. Cela doit expliquer ceci… J’aurais bien voulu y assister, se dit-il. Parce qu’il sentait que si le communiqué n’avait pas comporté de détails sur la raison de l’Etat d’Urgence, les gens n’auraient jamais accepté sans d’énergiques protestations la mise en quarantaine de la Terre…

La porte de la navette s’ouvrit dans un sifflement d’air. Deux militaires, portant l’un l’uniforme de la Garde et l’autre celui des Sections K, les attendaient devant une voiture officielle.

Le Gardien, un capitaine, s’avança et salua le général Athéna de manière parfaitement réglementaire.

- Capitaine Tetsuo Akuma, Madame. Vous avez fait un bon voyage ?

Athéna se contenta de hocher la tête en guise de réponse.

- Des nouvelles du Kaus ? demanda aussitôt Siegfried.

Le capitaine acquiesça avec un sourire.

- Oui, il a entamé son approche et sera normalement à quai dans un peu moins d’une demi-heure. En attendant, vous pourrez disposer des salons de l’aile nord.

Athéna le remercia. Puis le groupe se mit en marche vers l’entrée du spatioport.

Soudain, une voix caverneuse se fit entendre.

- Un moment !



L’homme qui s’approchait était d’une pâleur maladive. Mais c’était autre chose qui provoquait le trouble de Shiryu : il n’avait pas d’ombre ! Comment cela pouvait-il être possible ?

- Très bien, vous êtes tous réunis, tout sera beaucoup plus facile, dit-il d’une voix gutturale. Puis, se tournant vers la seule femme du groupe :

- Tu dois être celle qu’on appelle Athéna, la protectrice de cette planète.

- C’est moi, en effet, répondit-elle. Qui es-tu et que me veux-tu ?

L’homme sourit, ce qui, loin de donner un semblant de vie à son visage blanchâtre, le fit paraître encore plus sinistre.

- Je m’appelle Col, et je suis l’Avatar des Ténèbres, répondit-il d’une traite. Et je suis venu prendre ta vie…

- Comment ! s’exclama Shiryu. Qu’est-ce que c’est que cette histoire d’Avatar ?

- Vous n’avez pas besoin d’en savoir plus pour le moment, répliqua Col, la voix chargée d’agressivité. De toute façon, vous allez tous mourir.

- Mais que veux-tu ? demanda Seiya. Nous ne te connaissons même pas…

- Viens-tu au nom de Khan ? poursuivit Shiryu.

Le fantôme éclata de rire, un rire franc et clair, surprenant quand on considérait le personnage. Puis il posa sur l’Elémental de l’Air un regard où l’honnêteté brillait.

- Khan ? Qui est-ce ? Je ne suis là que pour une chose, éliminer les lieutenants de Gallaan.

Shiryu et Siegfried se mirent immédiatement en garde. Leurs Armures Elémentales étaient prêtes à recouvrir leurs corps, mais ils ne voulaient pas gâcher l’avantage de la surprise.

- C’est donc à notre maître que tu en veux.

La voix de Siegfried n’était plus qu’un murmure porté par le vent. Shiryu regarda son ami avec anxiété. L’Elémental de la Terre n’avait cette voix que quand il était prêt à attaquer. Pour quelqu’un qui ne le connaissait pas, Siegfried aurait même paru sur le point de détaler. Mais Shiryu n’était pas dupe, c’était la voix qu’il avait quand il était en rage, sur le point de déchaîner sa colère contre sa cible.

- Ca ne change rien, lui répondit Col. Je vais tous vous éliminer…

- C’est ce que tu crois, rétorqua Siegfried. Mais ça risque de ne pas être aussi facile que tu le penses…

Les Elémentaux, inconsciemment, s’étaient déplacés devant Athéna, lui faisant un rempart de leurs corps. Mais, à la grande surprise de Shiryu, Seiya et le capitaine Akuma étaient venus se placer encore devant eux.

- Tu devras me passer sur le corps avant de pouvoir toucher Athéna, lança Seiya à l’adresse de leur agresseur.

Celui-ci éclata à nouveau de rire, comme si la situation l’amusait au plus haut point.

- C’est bien ce que je compte faire. Mais pas avant que vous m’ayez dit où Gallaan se trouve.

- Pas de chance pour toi, lui rétorqua Shiryu, amusé a son tour. On n’en a pas la moindre idée non plus.

Le sourire de Col disparut immédiatement.

- On verra.

Shiryu écarta les deux hommes qui s’étaient interposés devant lui.

- Vous n’êtes pas de taille, il vous réduirait en bouillie sans la moindre difficulté.

Mais Seiya n’était pas de cet avis, et il tint à le faire savoir.

- Tu ne crois quand même pas que je vais te laisser faire tout le travail ? Allez, laisse-le moi, j’en fais mon affaire.

A une dizaine de mètres, l’Homme sans ombre les regardait avec un sourire amusé. Ce n’étaient que des insectes, après tout, et il aurait vite fait de les écraser.

- Vous n’allez tout de même pas vous disputer pour m’affronter… De toute façon je vais vous tuer tous en même temps.

Col se débarrassa du long manteau noir qu’il portait jusque là, révélant une Armure d’une noirceur totale. La lumière du soleil ne laissait aucun reflet sur sa surface.

- Mais qu’est-ce que c’est que cette armure, se demanda Shiryu à voix basse.

La vue de cet homme ainsi vêtu avait suffi à faire courir en lui des frissons. Il commençait à transpirer, une sueur glacée lui couvrait le front. Par le diable, qu’est-ce que c’était que cet homme ? Il avait surgi de nulle part, comme un esprit, et maintenant il causait en lui une peur insoutenable. Un coup d’œil vers Siegfried lui apprit que son ami n’en menait pas large non plus.

- Que se passe-t-il ici ? Demanda Siegfried en lui rendant son regard. J’ai l’impression d’entendre des voix crier.

- J’ai déjà eu cette sensation, lui dit Shiryu. C’est la même chose que j’ai ressenti dans la maison du cancer, il y a très longtemps. Mais cette fois, c’est infiniment plus fort…

Soudain, l’Avatar des Ténèbres rapprocha ses mains devant lui. Et ce fut comme si la fin du monde était arrivée. Malgré le soleil, toute la lumière fut absorbée en une sphère brillante entre ses mains, puis la sphère s’obscurcit, jusqu’à atteindre la couleur de l’armure.

Et d’un geste de ses deux bras, Col projeta la sphère sur eux.

- Darkness’ yell ! cria-t-il en les attaquant.

- Siegfried, les armures ! Hurla Shiryu.

Juste avant d’être frappés par la vague d’énergie noire qui fonçait sur eux, les armures des Elémentaux vinrent recouvrir leurs corps. Ils furent tout de même balayés par l’attaque de Col, ainsi que les quatre autres personnes qui les accompagnaient, mais le réflexe de Shiryu leur permit à tous de s’en tirer sans trop de dommages. Les armures élémentales avaient absorbé une grande partie de l’onde de choc. Shiryu et Siegfried se relevèrent les premiers.

- Seiya, Athéna, ça va ? Demanda tout de suite Shiryu.

Ce fut le Saint de Pégase qui lui répondit.

- Oui, pas trop de casse, mais regarde autour de toi…

Shiryu s’exécuta immédiatement. Et ce qu’il vit le paralysa de terreur. Là où ils se tenaient peu de temps auparavant, là où se dressait une fière navette de la Garde, il n’y avait plus qu’un tranchée large de plusieurs dizaines de mètres.

La navette nous a sauvé la vie, réalisa Shiryu. Si elle n’avait pas absorbé une partie de l’onde de choc, il ne resterait plus rien de nous. Mais qui l’avait déplacée ? Il inspecta les alentours, à la recherche des officiers qui les avaient accueillis. Ils étaient étendus un peu plus loin, et les angles bizarres que faisaient leurs membres avec leurs corps ne laissaient aucun doute : ils avaient pris l’attaque de plein fouet.

Shiryu courut s’agenouiller près du capitaine Akuma. Il était mourant, ce n’était plus qu’un question de secondes.

- Je n’aurais jamais cru… que c’était… si dur de faire… bouger… une navette… de plusieurs milliers de tonnes, réussit-il à dire entre deux quintes de toux sanglante.

- Taisez-vous, lui intima Shiryu. Reposez-vous maintenant.

- Vous fichez pas de moi, colonel, fit le Gardien avec une grimace qui devait être un sourire.

Et Shiryu ne trouva rien à lui répondre…

Entre-temps, Col s’était rapproché d’eux en marchant lentement, comme s’il avait tout son temps.

- Joli coup, fit-il. Je dois dire que je ne m’y attendais pas du tout. A qui dois-je cet exploit ?

Shiryu se releva, en proie à la colère.

- Il est mort, cracha-t-il entre ses dents.

- Tu pourrais parler plus fort, répliqua Col avec un sourire ironique. Je n’ai pas entendu.

- Tu l’as tué ! Cria Shiryu en enflammant son Cosmos. Et tu vas le payer de ta vie.

- Ah oui ? Et comment comptes-tu faire ? Sans son intervention, tu serais mort aussi à l’heure qu’il est.

- C’est ce que tu crois… Rozan Hyaku Ryu Ha !

Dans une gigantesque explosion d’énergie, Shiryu fonça sur son adversaire…



Ca y est, se dit Skull, en posant le sac si lourd qu’il transportait depuis si longtemps. Il se redressa, et massa doucement ses épaules endolories. Le froid qui les paralysait presque depuis une semaine les quitta doucement. C’était quand même un comble de mourir de froid en plein désert , pensa-t-il…

Tu croyais que tu pourrais me transporter sans payer de ta personne, entendit-il distinctement. Il se retourna vivement, scrutant les alentours de ses yeux perçants. Mais rien ne bougeait, dans ce paysage désolé. Même les oiseaux l’avaient déserté.

Ce doit être la chaleur qui me fait délirer, se dit-il. Sauf qu’il n’avait pas chaud. Son corps, soumis à la glaciale aura de l’objet qu’il portait encore peu avant, n’avait pas encore pu se réchauffer.

Il écarta aussitôt l’événement, comme il l’aurait fait d’un mouche inopportune. Mais au fond de lui, il savait qui avait parlé : l’Armure. Ou plutôt la Force qu’elle contenait. Mais il refusait d’y prêter attention, parce que les conséquences que cela impliquait l’effrayaient au plus haut point.

Il jeta de nouveau un regard à la ronde, mais plus attentivement cette fois.

Le désert n’offrait en ce lieu aucun relief, à l’exception de cinq promontoires rocheux disposés à intervalles réguliers sur l’horizon, tout autour de lui. Il était debout au milieu d’un gigantesque pentagone naturel… Ou d’un pentacle…

Il ne lui restait qu’une chose à faire, matérialiser la porte que son maître allait emprunter. Mais c’était le plus facile dans l’histoire.

Il se débarrassa de son manteau, révélant sur son torse nu un réseau de fines cicatrices enchevêtrées. Malgré le temps qui s’était écoulé depuis qu’on avait tracé le signe dans sa chair, il ne put s’empêcher de les regarder à nouveau, et comme chaque fois qu’il posait les yeux sur les traces, une bouffée de haine pure parcourut son corps, enflammant son cosmos. L’aura d’un violet très sombre l’entoura rapidement.

Il avait été banni, comme l’attesterait à tout jamais le signe sur sa poitrine. Ce signe qui le désignait comme cible à tous les chasseurs de l’Univers. Banni parce qu’il avait osé se lever contre son Empereur, celui qu’il avait contribué à installer sur le trône. Un jour viendrait où il prendrait sa revanche, où ce signe tant détesté deviendrait celui du pouvoir.

Il ferma les yeux, transformant sa colère en puissance, se concentrant sur la brûlure qu’il ressentait toujours sur son torse, chaque fois qu’il laissait exploser son cosmos. La douleur n’était pas intolérable, juste assez intense pour se rappeler à son souvenir, comme ces vieilles blessures qui se réveillent les jours de mauvais temps. Ce en quoi elle était insupportable, c’était qu’elle ravivait en lui le souvenir de tout ce qu’il avait perdu.

Il ouvrit brutalement les yeux, et leva lentement la main droite. Au même instant, aux pieds des cinq escarpements, des gerbes de terre se mirent à jaillir. Puis Skull fit un grand geste circulaire de la main, et les geysers de terre commencèrent à se déplacer, comme si de gigantesques taupes invisibles avaient creusé à toute vitesse des galeries dans le sous-sol du désert. Quand tout fut fini, cinq nouvelles crevasses, profondes de quelques dizaines de mètres, ornaient le sol du désert. Vues d’au-dessus, elles formaient un pentacle parfait, ce signe qu’on associait si souvent au Diable. En fait, le signe qui permettait de l’appeler, et de s’en protéger.

Une fois son travail terminé, Skull s’enroula dans son manteau, et s’endormit aussitôt.



Avant même d’avoir ouvert les yeux, Laad savait que la journée qui s’annonçait allait être cruciale. Au saut du lit, il était passé jeter un œil sur Gallaan, dans la chambre où Shandri l’avait couché. Nemesis n’était plus là, elle devait avoir repris son service de garde du corps.

Le guerrier à la peau bleue s’était souvent interrogé sur l’étrange loyauté que Nemesis vouait à leur maître. Chez aucun des autres, elle n’avait atteint ce paroxysme. Comme si la femme ne pouvait se résoudre à le laisser un instant seul.

Gallaan, lui, n’avait pas bougé, évidemment. L’Avatar de la Vie avait une façon bien cruelle de choisir son hôte, pensa Laad. Même en comparaison avec ce qu’il avait dû subir…

Il referma doucement la porte derrière lui et s’approcha du lit. Puis il posa une main sur le front du malade. Il poussa un soupir de soulagement. La température avait considérablement chuté, et son pouls s’était ralenti de la même manière. C’était bon signe.

- C’est bon signe, tu crois ? Fit une voix sur sa droite.

Laad sursauta légèrement. Nemesis était assise dans un recoin de la chambre, et l’ombre l’avait dissimulée. Il se tourna vers elle.

- Oui, je pense qu’il va s’en sortir.

Puis, avec un sourire ironique aux lèvres…

- Tu n’es pas près de Shandri ?

Elle secoua la tête négativement.

- Il m’a donné la permission de rester ici… Je sais que tu ne l’aimes pas trop, Laad. Mais je n’ai jamais compris pourquoi…

Le sourire disparut du visage de l’homme bleu, et un éclat glacial parcourut ses yeux dorés.

- Je ne peux pas te le dire, Nemesis. Mais accepte ce conseil, le seul que je te donnerai jamais… Ne mets pas trop de confiance en lui, d’accord ?

Ce fut au tour de Nemesis de sourire.

- Si tu ne me dis pas pourquoi, je ne vois pas ce qui m’en empêcherait. Il a toujours été bon avec nous.

Laad hocha la tête.

- A ta guise… Je vais m’entraîner un peu, tu veux venir ?

- Je reste, au cas où…

Laad se retourna vivement, et, sans un mot, sortit de la pièce.

Nemesis restait assise dans l’obscurité. Elle se demandait pourquoi Laad, le plus ancien des Guerriers de Lumière, la mettait ainsi en garde. Jamais elle n’avait eu de raison de douter de Shandri, et elle n’imaginait pas qu’il eut pu y en avoir une. Mais c’était également vrai que Laad savait bien plus de choses qu’elle n’en saurait jamais. Et en plus, il avait été le meilleur ami d’Edlack, aussi ne pouvait-elle s’empêcher de songer à son avertissement.

Bah, se dit-elle, il doit être très inquiet pour Gallaan, comme moi, et il doit en vouloir un peu à Shandri. Elle décida donc de mettre de côté les paroles de Laad.



Dans la cour du palais, cinq hommes étaient assis en tailleur, disposés à intervalles réguliers le long d’un vaste cercle. Khan avait dessiné une étoile à cinq branches entre eux, à l’aide de son propre sang. Le temps approchait où le passage allait s’ouvrir, et il lui fallait s’assurer qu’il resterait ouvert assez longtemps pour permettre le passage de ses troupes. Il ressentait la présence, de l’autre côté du passage, de la Force qui le tirerait de sa prison, mais cette force avait besoin d’un pendant de ce côté-ci pour réussir à créer la brèche.

Les cinq démons étaient assis à la même place depuis des milliards d’années, sans qu’ils aient pu bénéficier d’un instant de repos. Leur tâche était primordiale, et le moindre relâchement dans leur concentration aurait réduit à néant tous les efforts qu’ils avaient fait jusque là. En outre, et ils en étaient pleinement conscients, cela aurait signifié leur arrêt de mort. Car quand on essayait de contenir une puissance qui avait contribué à la création de l’Univers, on avait bien besoin de toute son attention.

Il leur faudrait encore tenir un peu, afin de permettre aux guerriers de profiter du formidable élan de la Force pour parcourir en sens inverse le chemin qui séparait les dimensions. Mais aucun ne faiblirait, ils en étaient sûrs. Et Khan également. Même s’ils devaient mourir dans l’aventure, ce serait leur vengeance sur ceux qui les avaient enfermés ici. Même chez les parias, chez les pires êtres de l’univers, se dit l’Immortel, on pouvait trouver le sens du devoir et du sacrifice. il suffisait de savoir où chercher.

- Nous sommes prêts, cette fois, lança-t-il à l’adresse de Joba, qui attendait respectueusement à quelques mètres de distance.

- Oui, Seigneur, lui répondit-il. Ce n’est plus qu’une question d’heures maintenant.

Khan sourit d’un air satisfait. Tout se déroulait selon ses plans, cela avait donc finalement valu la peine d’attendre.



Laad était en train de descendre les escaliers qui lui permettraient de gagner la cour d’entraînement quand la vague d’énergie le frappa. Il interrompit ses mouvements, comme tétanisé. Déjà, se dit-il. C’est beaucoup trop tôt. Il serra les poings. Puis il disparut.


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Cette fiction est copyright Thomas Goffin.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.