Chapitre 1 : De l'Ichor dans les Veines


Mémoires de Thanatos et Hypnos, raconté par Thanatos

J'esquissais un sourire carnassier, probablement le seul que j'étais à même de faire étant donné le caractère dont la nature m'avait doté. Hypnos se tenait à côté de moi, et regardait l'horizon, comme pour se fondre avec ce dernier... J'avais parfois du mal à croire que nous étions frères et pourtant, notre apparence ne pouvait guère démentir ce que mon esprit n'était pas à même de croire.
Malgré tout, même physiquement, notre ressemblance n'était pas parfaite, nous n'étions pas de vrais jumeaux, aussi bien d'âmes que d'enveloppe charnelle. J'étais sans aucun doute le plus ténébreux des deux, le plus emporté, le plus à même à se laisser aller à des sentiments violents et uniquement capable de vivre d'émotions fortes. Que l'on m'aime où que l'on me haïsse, cela n'avait guère d'importance, le principal était que je ne laisse pas indifférent.
Il n'en allait pas de même pour Hypnos, le plus lumineux de nous deux, qui savait se montrer raisonnable et tempéré, qui préférait la réflexion à l'action et qui, finalement, n'avait que faire de l'opinion des autres pour vivre.
Je ne savais pas quelle était la meilleure méthode pour affronter l'existence, mais la mienne m'allait à ravir et je n'étais pas prêt de vouloir en changer, au plus grand désarroi de notre mère, qui restait souvent dubitative face à nos attitudes si radicalement opposées.
Je n'avais pas besoin d'être un dieu pour comprendre vers qui allait toute son affection... mon frère, évidemment. Et je devais moi-même admettre qu'il était plus facile de l'aimer lui, que moi, au caractère obscur et à la personnalité si affirmée que j'écrasais n'importe qui sous mes idéaux. Ma mère me disait autoritaire, voire même despotique quand elle me regardait jouer avec mon jumeau, et je n'étais pas loin de penser comme elle. Mais cette force dictatoriale dont j'étais pourvu, bien loin de me laisser honteux et désireux de changer, renforçait mon orgueil, déjà très présent dès mon plus jeune âge.
Notre mère à tous deux étaient la déesse de la Nuit, celle qui se fondait dans les cieux pour laisser apparaître la lune et les étoiles, celle dont les hommes s'inspiraient durant les heures poétiques et bien évidemment, celle qui nous permettait, à moi et mon frère, d'être parmi les vivants.
J'aimais cette dernière, bien évidemment, comme tout bon fils se le doit, et certainement infiniment plus que mon jumeau, dont les sentiments plus légers et plus flegmatiques n'avaient rien à voir avec la violence des miens. Pourtant, cela n'empêchait pas ma génitrice de préférer Hypnos, peut-être car il lui ressemblait plus dans sa discrète efficacité où dans ses sourires distraits... je ne le savais guère et je n'y faisais pas vraiment attention. Être le préféré n'avait jamais été dans mes ambitions -car si tel avait été le cas j'aurais tout mis en oeuvre pour le devenir, et étant donné ma force de caractère, y serait sans doute parvenu- et j'avais d'autres choses plus intéressantes à penser.
Je me revois, alors que je me trouvais sur l'Olympe, regarder les nuages qui se trouvaient en face de moi et réfléchir à ce que j'étais réellement. Un dieu. Un être immortel paré de tous les pouvoirs, de tous les droits justifiés par sa naissances hors du commun. Je savais que ce n'était pas du sang qui coulait dans mes veines mais bel et bien de l'ichor.
J'en parlais de temps à autres à Hypnos, qui m'écoutait comme toujours de son oreille qui se voulait distraite mais que je devinais malgré tout attentive. J'avais une certaine vanité à lui évoquer cette nature qui nous rendait supérieure aux mortels, et il se moquait souvent de moi, me répétant à l'envie qu'il ne fallait pas voir les choses de cette façon. Et généralement, je me sentais alors incompris.
Oui, d'aussi loin que je me souvienne, je me sentais incompris, non pas mal aimé, non, puisque je vivais dans un univers que beaucoup aurait jugé idyllique, cependant, je ne trouvais personne à même de partager mes idées, du moins durant ma plus tendre enfance.
Pourtant, où plutôt malgré tout, je ne me sentais jamais seul. Peut-être était-ce à cause de la présence d'Hypnos, où encore celle de ma mère où des autres divinités que je croisais fréquemment quelque soit l'endroit où je me trouve, même si cette explication me semblait légère. Non, quelque chose en moi, mon écrasante personnalité à n'en pas douter, me tenait compagnie. Je n'avais pas besoin que l'on m'adressât la parole pour m'exprimer, et les conversations les plus intéressantes que je tenais étaient sans conteste celles où j'étais le seul interlocuteur.
Cependant, je devais reconnaître que j'aimais être entouré, regardé, écouté. J'avais remarqué très tôt que j'exerçais un pouvoir de fascination sur ceux qui m'entouraient, que tout dans ma personne, aussi bien mon physique que mon moral, retenait l'attention. Je possédais une assurance, une certitude en mon propre charisme, que je finissais toujours par convaincre les gens que l'on ne pouvait que m'aimer.
Il n'en allait pas de même pour mon jumeau, qui aspirait à rester dans la solitude où dans de tranquilles heures de méditation.
Je le revois passer des heures entières devant un étang qui se trouvait sur terre en Béotie, à regarder le surface plane et liquide de l'eau comme pour y voir le miroir de ses pensées. Ma mère trouvait troublant qu'un enfant de son âge puisse ainsi rester immobile pendant si longtemps sans parler, même si elle admirait ce comportement si poétique.
J'avais souvent envie de faire sortir Hypnos de sa réserve, de le faire s'extérioriser et de le modeler à mon image d'enfant bruyant et captivant l'attention comme la lumière, mais ce n'était pas si simple, et je rencontrais souvent sa froide détermination à laquelle je ne supportais pas de me cogner. Je n'aimais pas que l'on me résiste, et mon frère ne faisait pas exception.
-Tu devrais venir avec moi, déclarai-je souvent alors que je lui proposais une quelconque activité qu'il s'empressait de décliner.
-Tu es bien aimable, Thanatos, mais je t'assure que je me trouve bien ici. Va donc t'amuser.
-Seul? Certainement pas, j'exige que tu viennes... insistai-je, m'emportant presque immédiatement devant ce refus que je ne pouvais tolérais.
-Je suis désolé de te faire faux bond, mais j'ai envie de réfléchir.
-Tu es d'un morose! m'exclamai-je. Il faut vivre de temps à autre et pas qu'en pensées!
Et sur cette phrase et son haussement d'épaules résigné, je claquais la porte du temple où nous nous trouvions et m'en aller fulminer ma rage de ne pas comprendre ce frère que j'aimais pourtant de tout mon âme.
Hypnos était une énigme que je ne savais pas résoudre, que je n'avais pas la patience de comprendre et d'analyser et c'est ce qui installa très tôt un fossé entre nous. Il était posé et calme, j'étais exubérant et entier... mais nous nous complétions si bien que personne ne pouvait s'empêcher de le remarquer. Notre différence faisait notre force, et il ne fut jamais question, tout au long des siècles où nous vécûmes, de nous séparer.
Je le soutenais souvent, lorsque des problèmes se mettaient en travers de notre route. J'étais de ceux qui préfèrent détruire la barrière, plutôt que de la sauter simplement, comme mon jumeau aurait sans doute préféré le faire. J'avais décidé de tirer de l'existence ce que je voulais, et je n'entendais pas être contrarié... et comme ennuyé Hypnos revenait à me troubler moi, il n'était pas question que je laisse quelqu'un de malveillant approcher de trop près mon frère.
Très tôt, j'avais fait preuve d'une force hors du commun, ce qui avait rapidement éveillé en moi un instinct de protection pour ceux que j'aimais. Quand j'avais une chose, je ne supportais qu'on l'abîme, et je comptais bien me faire respecter tout au long des siècles où j'allais évoluer.
Hypnos n'avait pourtant pas besoin de mon aide, même si sa puissance était inférieure à la mienne, il savait se débrouiller sans moi, ce qui me vexait d'ailleurs parfois plus qu'il ne l'aurait fallu.
Des dizaines d'exemples flagrants et illustrant les différentes forces que nous pratiquions me venaient à l'esprit lorsque je repensais à cela.
-Je ne crois pas... disait simplement Hypnos quant on lui demandait de faire quelque chose qu'il ne désirait nullement exécuter.
Sur cette réponse évasive, il détournait généralement les talons et laissait chacun médusé quant à ce qu'il allait réellement faire où non.
-Non! criai-je avec fermeté lorsque l'on me demandait la même chose.
Et généralement, on préférait donc passer colère et énervement sur moi, plutôt que sur mon ingénieux jumeau.
Mais j'étais trop plein de fierté et d'orgueil pour l'imiter. Acquiescer lorsque l'on se trouvait en face de la personne et n'en rien faire une fois seul était une solution que je jugeais lâche, et je préférais donc m'opposer directement plutôt que de n'en faire sournoisement qu'à ma tête. Assumer ses idées et ses choix me plaisaient même si l'attitude d'Hypnos, que mon sang chaud ne me permettait pas d'adopter, me laissait rêveur et parfois envieux... car il fallait bien reconnaître que mon tempérament de feu me posait souvent des problèmes.
Je ne suis pas nostalgique de mon enfance pourtant, probablement parce que je suis trop loin de tout cela, qu'elle s'était déroulée durant les temps mythologiques alors que certains dieux ne se trouvaient pas même sur l'Olympe. En effet, fils de la nuit, Hypnos et moi venions de la première vague de dieux, alors même que Zeus ne gouvernait pas encore le royaume sacré des Cieux. Nous avons connu l'impitoyable Cronos, dont le règne n'était, contrairement à ce que la plupart pense, pas toujours marqué de cruauté.
Je ne me suis d'ailleurs jamais considéré comme l'un de ses serviteurs, car je n'œuvrais pour personne que pour les Moires ainsi que celui qui les dirigeait, Moros, l'un des autres enfants de ma mère que je n'ai que bien peu connu.
Être le dieu de la mort me valait, alors que les siècles s'écoulaient et que les divinités principales apparaissaient sur l'Olympe, un certain nombre de commentaires et de réactions aussi désobligeantes qu'étonnées.
-Mais comment fais-tu donc pour assumer un rôle aussi triste et odieux? me demandait parfois Aphrodite, alors que j'arrivais avec mon athamé à la main et que je venais de faucher des existences sans ciller.
-Je ne pourrais jamais faire comme toi... ôter la vie est probablement ce qu'il y a de plus affreux, renchérissait Dionysos en me dévisageant comme pour déceler chez moi une quelconque marque de sensibilité.
-Tout doit mourir un jour, répliquai-je alors que je les fusillais presque du regard. Sinon, le monde ne pourrait pas continuer et l'équilibre de l'univers dépend de moi. La vie et la mort sont deux états nécessaires, et mon rôle n'est pas plus contraignant que le vôtre... et je puis vous garantir que si je devais m'encombrer de vos états d'âmes, vous découvririez les problèmes de l'existence quand la mort n'est plus là.
Ce à quoi ils ne rétorquaient rien et haussaient vaguement les épaules où me souriaient avec une indifférence blessante... que je ne manquais pas de leur renvoyer en leur jetant un regard méprisant qui les ravalait au simple rang d'enfants sans valeur ni intérêt.
Certains dieux me comprenaient pourtant... rares étaient-ils, mais leur sagesse palliaient à la naïveté des autres.
-La mort doit exister... car qui délivreraient les malades de leur souffrance? Comment les animaux mourraient-ils... et sans eux, comment les hommes pourraient-ils se nourrir? C'est un cycle que celui de Thanatos et il faut le respecter, disait pensivement Apollon lorsqu'on lui demandait ce qu'il pensait de mon poste.
-Je conduis les âmes aux enfers bien souvent et les confie à Charon, répliquait Hermès, son éternel sourire de gaieté sur les lèvres... et je dois reconnaître, moi aussi que la mort est un besoin. C'est parfois une fatalité, mais parfois une délivrance.
-Les batailles seraient probablement éternelles si les décès ne survenaient pas, ajoutait Athéna en m'observant de ses grands yeux bruns. Et la mort a toujours une justification et une nécessité. La refuser, c'est refuser la vie.
Pour ma part, ma tâche ne me pesait pas, pas plus qu'elle ne m'empêchait de dormir la nuit ou de continuer à mener mon existence comme bon me semblait. Je n'étais pas pourvu de la clémence de certains, je n'avais pas non plus le temps où la philosophie nécessaire pour me poser des interrogations quant à ma fonction : j'étais né ainsi, j'avais un devoir à assumer auprès des dieux et je le faisais chaque jour pleinement.
Et puis, je devais admettre que cela ne me coûtait pas trop étant donné le peu d'affection que j'avais pour les êtres humains.
Ils ne me dérangeaient pas particulièrement, du moins au début de ma vie, et je devais admettre qu'ils nous étaient parfois utiles, à nous, les dieux, quand l'annonce d'une guerre se faisait sentir. Ils étaient obéissants, pour la plupart, courageux, pour une minorité, mais particulièrement respectueux des traditions pour l'essentiel. Ils nous reconnaissaient comme leur étant supérieurs et se mettaient donc généralement sous notre protection. Cela était somme toute dans la logique des choses, si, bien évidemment, il n'y avait pas eu quelques débordements.
Pourquoi chacun ne savait-il pas rester à sa place?
Cette phrase revenait souvent dans mon esprit sans que j'y trouve jamais une réponse. Je m'enhardissais parfois jusqu'à la poser à ma mère, où encore à Hypnos.
-Cela te va bien, me répliquait mon frère, un sourire mi-agacé mi-amusé sur les lèvres, de dire cela, toi qui a un caractère si emporté et qui sort avec une facilité déconcertante de tes gongs.
-Tu es ridicule, rétorquai-je avec humeur, moi, je suis un dieu et de part cette naissance chacun sait que j'ai tous les droits. Ce n'est pas comme eux, qui n'ont rien de plus que du sang dans les veines.
-Ah! Ce fameux ichor... déclarait Hypnos alors que je percevais sans peine des pointes ironiques dans son ton.
-Oui, exactement, ce fameux ichor comme tu dis, criai-je, m'emballant immédiatement face à son stoïcisme acerbe, nous sommes des dieux et tu le sais aussi bien que moi. Nous avons toutes les puissances aux creux de nos mains, tout nous ait possible, et les hommes eux-mêmes le comprennent. Nous sommes des êtres d'essence supérieure, incomparables dans leur force et leur intelligence... les êtres humains ne peuvent décemment pas se frotter à nous sans faire preuve de cette arrogance dont ils semblent tous usagers depuis quelques temps.
Hypnos haussait vaguement les épaules avec cette désinvolture qui me faisait sortir hors de moi.
-Peut-être que nous sommes tout cela, et peut-être les humains sont-ils semblables à ce que tu décris, simplement, tu oublies une chose : avoir des privilèges signifient qu'il faut les assumer. Les hommes dépendent de nous et nous honorent et nous recevons sans mot dire leurs offrandes et autres présents, simplement, lorsqu'ils ont besoin de nous, c'est à notre tour de les remercier en leur venant en aide. Cela marche ainsi, car si tout le monde suivait tes théories, les humains se détourneraient rapidement de nous.
-Et quand bien même ils le feraient? répliquai-je avec dédain et mépris, nous pourrions sans le moindre mal les contraindre à nous honorer de nouveau.
-Bien-sûr, ils le feraient si nous employions la force, mais nul, pas même un dieu ne peut agir sur les pensées des hommes et au fond d'eux, ils nous détesteraient. Et ce n'est pas ce que nous voulons et tu serais d'ailleurs le premier à te plaindre si les êtres humains ne nous adulaient plus.
Je partis d'un rire mauvais et bruyant.
-Tu te moques de moi, j'espère! Chacun sait que les hommes me détestent, que veux-tu que ton hypothèse change à ce qu'ils pensent déjà de moi?
Hypnos esquissa un sourire et je vis une lumière malicieuse apparaître dans son regard.
-Le grand Thanatos serait-il blessé que les hommes ne l'aiment pas?
-Non, criai-je en serrant les poings, prêt à me jeter sur mon frère et à lui faire ravaler de force ses paroles moqueuses. Ils me craignent et c'est aussi bien comme cela!
Et ce fut sur cette dernière phrase que je tournais les talons.
C'est sans doute à partir de cette discussion que je me suis lentement détaché des hommes, non pas à cause d'Hypnos, mais peut-être car je sentais, grâce à mon jumeau, que les hommes pouvaient lentement, mais sûrement, se détacher de nous. Souvent, je me rassurais, ne voulant pas croire à cette éventualité qui me faisait frémir, à d'autres, je voyais lucidement la vérité et saisissais toutes les nuances des personnalités douteuses et rebelles des mortelles.
Je me souviens encore parfaitement du jour où je me trouvais en enfer, alors que je voyais Hermès ressortir du puit des morts après avoir conduit des centaines d'âmes devant Charon, et que je marchais lentement dans le Tartare, avant de me rendre à Élision, la terre des dieux.
J'aimais plus que tout cet endroit, et, étant le fournisseur naturel d'Hadès, on m'y avait érigé un temple dans lequel je passais un certain nombre d'heures. Ce paradis réservé à ceux qui étaient des divinités me plaisait, je m'y sentais véritablement comme chez moi alors que je pouvais ressentir la sérénité de ce lieu magique.
Ce jour-là, je m'y suis rendu, en traversant avec rapidité la dimension qui se trouvait derrière le mur des Lamentations. J'ai jeté un coup d'œil rapide à tout ce qui m'entourait et qui formait ce cadre parfait dans lequel j'appréciais tant à me retrouver.
-Bonjour Thanatos, fit une voix particulièrement calme derrière moi.
-Votre majesté! m'écriai-je, surpris de cette apparition car Hadès était un dieu particulièrement casanier et qui ne trouvait pas le moindre plaisir à sortir de ses terres.
Je n'avais pas l'habitude de le rencontrer, tout au plus une ou deux fois par an, lors d'évènements particulièrement importants pour l'Olympe. Et le voir en face de moi, alors que je me retournais dans sa direction, me procura une sensation étrange.
Il avait l'air calme et serein, particulièrement maître de lui et de ses émotions. J'avais pourtant l'impression que sa sensibilité se trouvait être à fleur de peau à en croire par ses yeux d'un doux bleu limpide, ses immenses et brillants cheveux bruns qui contrastait avec son teint diaphane. La beauté même qui se dégageait de son être me paraissait fragile et j'avais du mal à croire qu'un tel personnage dirigeait les enfers.
Je m'inclinais pourtant respectueusement devant lui, car il était après tout celui que ma fonction servait et qui en reconnaissait mieux que personne la valeur.
-Quel plaisir, votre majesté, et quelle chance de vous rencontrer en ces lieux. Je ne pensais pas avoir l'honneur de vous croiser, dis-je, devinant presque immédiatement les mots qu'Hadès désirait entendre, et que j'avais envie de prononcer.
-Je savais que tu viendrais Thanatos, me dit-il en articulant lentement, comme il en avait l'habitude car il parlait assez bas et il fallait exécuter un certain effort de concentration pour l'entendre.
-Omniscience obligeant, répondis-je.
Hadès esquissa un sourire amusé à ma plaisanterie et ferma à demi ses yeux.
-Je voudrais discuter un peu avec toi, Thanatos, car je t'écoute parler depuis quelques temps, avec les autres dieux, et ton intelligence me préoccupe.
Je me figeais intérieurement et fronçais les sourcils. Qu'essayait-il de me dire? Qu'avais-je bien pu dire ou faire qui avait éventuellement pu le blesser... enfin, je n'étais pas dieu à être d'humeur patiente et c'est pourquoi j'enchaînais rapidement la conversation :
-Voulez-vous que nous nous rendions dans mon temple, votre altesse?
-Non, non... j'ai envie de rester quelques minutes dehors pour profiter du magnifique paysage d'Élision... c'est moi-même qui ait inventé cet endroit, continua-t-il en s'asseyant parmi les fleurs qui nous entouraient. Qu'en penses-tu?
-Je juge ce lieu comme étant le plus beau existant.
-Serais-tu un flatteur, Thanatos?
-Probablement, mais uniquement avec ceux qui le méritent pour être honnête, répondis-je tandis que mon célèbre sourire carnassier se répandait sur mes traits.
-J'aime ton caractère, déclara Hadès tandis que ses yeux se perdaient dans l'horizon. Et je sais ce qui te fais apprécier cet endroit.
-Ah? fis-je avec surprise.
-Je dirai qu'il s'agit de son accès difficile, voire même... limité.
J'esquissais un sourire ironique, plus dirigé envers moi-même qu'envers mon interlocuteur.
-Je ne peux nier le fait et si l'on m'accuse, je dois avouer ma culpabilité.
-Il ne s'agit pas d'accusation, Thanatos, bien au contraire... car je partage les mêmes points de vue que toi sur le sujet. Sur les hommes, serais-je plutôt tenter de préciser. Je ne les aime pas... je les haïs.
Je le regardais d'un air étonné qui se répandait sur tout mon visage... comme il était surprenant d'entendre cet être si calme et qui semblait si pur prononcer des mots aussi durs.
-Tu vois, Thanatos, ces fleurs qui nous entourent, qu'as-tu l'idée d'en faire?
Je comprenais qu'il ne changeait pas inutilement de sujet et qu'il allait tenter de m'expliquer ses idéaux.
-Je vais les laisser là... répondis-je avec désinvolture, si elles ont poussé là c'est qu'il y a une raison, alors à quoi bon les en déloger?
Hadès hocha la tête avec satisfaction.
-Exactement. Mais tu es un dieu et voilà pourquoi tu penses ainsi. Un homme lui, m'aurait répondu qu'il les coupait pour les ramener à une personne chère a son cœur... et voici donc l'ampleur du fossé existant entre les dieux et les êtres humains : le respect. Nous en avons, eux pas, et voilà ce qui fera notre perte. Un jour, Thanatos, les hommes nous oublieront, ne seront même plus capables de se rappeler de nos noms, de nos vies, de nos actions... et ce sera là l'ultime preuve de la gratitude humaine.
Je restai quelques secondes sans réaction. C'était à cela que je songeais depuis quelques temps, et je réalisais qu'il venait de formuler à voix haute mes propres pensées. Je haïssais donc moi aussi la race abjecte des humains sans même m'en rendre compte.
C'est ainsi que mon amitié, ou plutôt, mon admiration pour le dieu des Enfers est né, lentement, doucement, à un rythme que seul Hadès était capable de tenir. J'apprenais peu à peu qu'il était difficile de rentrer dans l'intimité de ses pensées, et que j'étais probablement la seule personne à avoir cet honneur. Je partageais ses points de vue, je réagissais parfois avec violence aux faits qu'il me rapportait et qui touchaient toujours invariablement le déclin des dieux. Il ne se faisait pas d'illusion, et moi non plus, même si mon caractère emporté me poussait à aller menacer les humains un par un pour qu'il continue de vivre dans notre culte, tandis que le froid tempérament d'Hadès se contentait de lui faire observer son monde périr peu à peu.
Je n'ai jamais parlé de tout cela à Hypnos, de mes rencontres de plus en plus fréquente avec Hadès, mais je suppose qu'il les devinais, notamment car lorsque je revenais des enfers, j'étais étrangement calme, comme si celui que je servais était parvenu à me transmettre un peu de sa sérénité.
Nous nous sommes lentement éloignés l'un de l'autre, tous les deux, du moins en opinion, car nous restions toujours des jumeaux soudés lorsque des périodes difficiles s'annonçaient. Mais nos caractères opposés creusaient un fossé d'incompréhension auquel il n'existe guère de remède. Alors que les jours passaient, il devenait de plus en plus mystérieux, discret tandis que mes humeurs despotiques allaient toujours en croissant.
Croyait-il que je le méprisais? Probablement pas, car il était assez psychologue pour saisir que malgré tout ce que je pouvais dire alors que je tempêtais contre lui, il resterait à jamais mon frère et que nos liens de sang étaient assez forts pour résister à mon invivable caractère et à son insupportable indifférence.
Il restait malgré tout cet homme que j'admirais en secret et auquel je rêvais de m'identifier sans jamais le lui avouer à cause de mon incroyable fierté, de mon orgueil tyrannique. Et puis, comment avouer à quelqu'un qu'on l'aime?
Cette interrogation, je me la posais souvent alors que j'étais en train de gravir les marches qui menaient à son temple, alors que j'étais assis à côté de lui pour une fête sur l'Olympe, où que je le voyais revenir éreinté des nuits qu'il passait à endormir tout le monde... plusieurs fois, j'aurais désiré que mes lèvres prononcent ces mots, ces simples mots qui nous auraient rapprochés, qui nous auraient peut-être permis de voir un avenir commun. Mais je n'y suis jamais parvenu, et je me détestais de ne pas réussir car je trouvais cela lâche que de renoncer ainsi.
Mais Hypnos était froid, indifférent, si flegmatique qu'il coupait généralement d'un regard, et en toute innocence puisqu'il ne supposait guère les sentiments qui agitaient mon âme, mes envies de resserrer nos liens, de plus en plus distendus.
De son côté, il avait aussi peut-être dans l'idée de m'avouer cet amour qui se trouvait entre nous, mais dont nous ne reconnaissions ni l'un ni l'autre l'existence. Peut-être était-ce mes colères, mon autorité, mes éclats de voix qui le poussait à cacher ses sentiments, je ne l'ai jamais su. Et c'est d'un manque total de communication qu'est né notre incompréhension mutuelle. Comme si souvent...
Mon existence était finalement partagée entre plusieurs personnes, lorsque l'on y réfléchit bien : entre Hypnos, près duquel je tentais de retrouver ce frère qui s'éloignait de moi, entre Hadès, auprès duquel je continuais d'aiguisé mon esprit et ma force, et entre les hommes, que je tuais autrefois avec indifférence mais dorénavant avec un sourire ironique et délectable aux lèvres. Cette vie me convenait d'ailleurs, mais étrangement, j'ai toujours su que cela ne se terminerait pas de cette façon. C'était trop simple, trop facile, et cela n'allait pas avec les thèses que je développais avec Hadès.
Et l'avenir nous donna raison.
Je me rappelle encore du jour où l'Olympe est morte. Je n'aurais jamais pensé assister à cela et pourtant, nous étions tous présents, nous autres, les dieux, de premier comme de troisième ordre... et nous avons vu nos privilèges, nos vies s'écrouler à cause de cette scission.
-Non, père, non, je ne me plierai pas!
Ce fut la première phrase qui déclencha le commencement de la fin. Arès venait de se lever avec violence, renversant la table devant laquelle il se tenait et fixant de ses yeux d'un bleu transparent mais où sa colère flamboyait, Zeus, qui gardait un calme parfait.
-Si mon fils, tu feras ce que je te dis de faire, pour le bien des hommes. Il n'est pas question de déclencher une guerre pour ton bon plaisir, pas plus que je n'ai envie de voir les humains tomber sous tes coups au court d'un affrontement qu'Eris leur aura dicté de débuter avant même qu'ils n'en aient le besoin. Thanatos fait déjà bien assez de victimes sans que tu es besoin d'en ajouter sur sa liste.
Arès éclata d'un rire mauvais en prenant une coupe de nectar dans sa main, qu'il serra avec une violence mal contenue.
-Laisse Eris et Thanatos en dehors de cela, veux-tu, répliqua le dieu de la guerre. Il s'agit bien de tes hommes adorés, n'est-ce pas? Tu préfères les voir heureux, plutôt que nous autres, les dieux. On s'en demanderait presque si tu n'as pas du sang plutôt que de l'ichor dans les veines.
-Tu frôles l'insolence! rétorqua Athéna, qui venait de se lever avec vivacité de son siège, à la droite de son père.
-Ton impertinence est sans borne, continua Zeus en posant une main sur le bras de sa fille. Je te prie de me présenter immédiatement tes excuses. Tu le dois.
-Je le dois?
Arès partit de nouveau en un éclat de rire qui résonna aux oreilles de tous comme autant d'échos du drame qui allait se dérouler sous nos yeux. Je sentais les battements de mon cœur s'accélérer et mes mains se mettre à trembler devant l'ampleur de la scène à laquelle j'assistais.
-Je ne te dois rien, rien! hurla Arès, en lançant la coupe de nectar qu'il tenait jusqu'alors dans sa main, au visage de son père.
D'un geste de la main d'une rapidité sans précédent, Athéna réceptionna l'objet dans sa paume et le brisa d'un claquement de doigts.
-Honte à toi, Arès, d'avoir porté la main sur le dieu des Dieux, déclara la jeune fille alors que ses yeux prenaient une dureté que je n'avais jamais vu ailleurs que dans son profond regard. Si tu accuses notre père d'avoir du sang dans les veines, pour ta part, tu as probablement du venin.
Arès et Athéna s'affrontèrent du regard alors que leurs cosmos apparaissaient autour d'eux. Je sentais leur force incommensurable prête à être libérée, prête à rencontrer l'autre et à lutter jusqu'à la fin de temps s'il l'avait fallu.
Zeus était blême, sur son trône, et fronçait les sourcils, ce qui renforçait son air de majesté. Il n'arrivait probablement pas à croire à l'outrage qu'il venait de subir, pas plus que je n'avais jugé l'incroyable Arès capable d'aller si loin, de s'enfoncer aussi profondément au cœur de ses idées.
-Athéna, encore, encore et toujours toi. La fille chérie de Zeus, la gardienne de la terre... cette chère Athéna protectrice des hommes. Tu es comme notre père, tu as plus de sang que d'ichor dans les veines.
-Retire immédiatement ce que tu viens de dire! cria Apollon en bondissant de son siège avec fureur.
Athéna mit son bras devant le dieu des Arts qui foudroyait du regard Arès.
-Laissez le donc me faire ce compliment, répliqua la jeune fille avec un calme qu'elle avait pris à son père. Je préfère en effet avoir du sang dans mon corps, plutôt que de l'ichor, si les dieux te ressemblent.
Hadès éclata à son tour de rire et se leva, se plaçant aux côté d'un Arès au sourire triomphant. Je m'intéressais de plus en plus à la scène maintenant que celui que je servais allait prendre part à la querelle.
-Je te reconnais bien là, Athéna. Tu préfères les hommes, aux dieux, tu renies ta classe pour te réfugier parmi ces gueux qui nous trahiront tôt où tard.
-Et comment faire autrement lorsque l'on voit des personnages de votre envergure, lâcha avec rage et dégoût Apollon dont les traits angéliques étaient devenus durs et froids. Comment voulez-vous que les hommes continuent à nous aimer et à nous respecter quand on voit la façon dont vous les traitez, avec mépris, condescendance, que dis-je, haine?!
Un silence tomba sur les ruines de la fête où nous participions tous encore quelques minutes auparavant.
-Eh bien, eh bien, vous autres, hurla Arès, en montant sur la table et en élevant les bras aux cieux. Il est l'heure de choisir votre camp. Que préférez-vous, défendre vos privilèges, ou défendre ceux des hommes?! Osez parler, ne craignez, ni Zeus, ni Athéna... encore moins Apollon, et osez nous dire tout haut ce que vous pensez tout bas!
Et là, pour la première fois de toute l'histoire divine, je vis la foule se séparer, se scinder en deux pour former deux camps bien distincts. Je m'étais rangé, sans la moindre hésitation, du côté d'Hadès, et je n'avais pas eu le temps de m'étonner de voir mon frère me rejoindre, que le dieu de la guerre, toujours perché sur la table, recommençait à crier :
-Eh bien voilà ceux qui méritent d'être des dieux, ceux qui méritent de gouverner le monde, de voir de l'ichor couler dans leur veine.
Hermès monta subitement sur la table, se décidant tout à coup, suite à une inspiration invraisemblable et zélée, à défendre le camp de Zeus dans lequel il s'était rangé sans hésiter.
-Imbéciles, ignares, misérables, manants, vieux... vieux... vieux boucs! réussit à articuler Hermès, non sans son habituel humour à ses opposants.
-Flibustier! répliqua calmement Poséidon, qui se trouvait à la droite d'Hadès.
-Ah! Ah! Ah! Le seul que je n'avais pas dit, répondit Hermès. Le problème n'est pas là, notre ennuie est que par votre faute, les hommes vont nous renier, s'éloigner de nous à cause des outrages que vous leur faites subir. Si vous ne les respecter pas, comment voulez-vous qu'ils continuent à nous honorer? Ce n'est pas parce que nous sommes plus puissants qu'eux que nous devons les dominer, les écraser... nous sommes des dieux, ce qui n'est pas synonymes de despotes, mais de protecteurs, de gardiens naturels de l'humanité.
"Quant à toi, Arès, toi qui te fait le meneur de cette troupe d'imbéciles frustrés de gloire où de toute autre chose, tu n'es qu'un enfant gâté, un bambin qui a envie de s'amuser, de se mettre en colère pour le simple plaisir de prouver à tout qu'il est le plus puissant!
Sur ces paroles venimeuses, dont Hermès était coutumier lorsqu'il le voulait bien, le dieu de la guerre sauta par dessus la table où il se tenait jusqu'alors debout, et, avec l'aide de Poséidon, attrapa le dieu messager.
Un hurlement de douleur retentit alors que la foule se glaçait d'effroi, et du sang s'échappa de la bouche d'Hermès à qui l'on administrait une correction sans précédent. Le dieu des Mers maintenait Hermès par derrière tandis que le fil de Zeus s'évertuait à frapper celui qui l'avait si allégrement insulté.
-Ah... vous ne ressortirez pas grandi de cette prise mesquine! déclara Hermès en gardant sa superbe malgré sa souffrance qui le clouait presque à terre.
Athéna se précipita sur Arès, lui envoya une boule d'énergie telle que je pus entendre d'où je me trouvais tous ses os craqués. Le dieu de la guerre fut projeté en avant sur des mètres et des mètres, le visage dans la terre, alors qu'une Athéna au sourire sage et calme regardait d'un oeil amusé Hermès se relever et s'étirer.
-Comment... comment as-tu osé?!
Arès se précipita vers son ennemie millénaire alors que dans chaque camp, toutes les divinités se mettaient à scander le nom de la personne qu'il désirait voir gagner.
Le dieu de la guerre attrapa sa sœur aux épaules, alors que la jeune fille resserrait ses doigts sur son cou, prête à l'étrangler dès que l'occasion s'en ferait sentir. Ils s'affrontaient en même temps du regard, incapable de penser à autre chose qu'à la seconde suivante d'affrontement.
-Arrêtez!
La voix qui venait de s'élever, si majestueuse et pleine de sérénité, était reconnaissable entre toutes.
Et au son de ce rappel à l'ordre, les deux opposants se lâchèrent, sans pour autant cesser de se fusiller du regard. De l'endroit où je me trouvais, je pouvais presque voir les longs muscles du corps d'Arès se tendre, tandis qu'Athéna, dont la carrure était nettement moins impressionnante, se contentait de serrer les poings avec dureté.
Zeus les toisa l'un l'autre avant de se tourner vers la foule, suspendue à ses lèvres dans l'espoir d'en apprendre plus sur l'invraisemblance de la scène que nous vivions.
Le dieu des Dieux se racla la gorge, comme pour retenir notre attention qui lui appartenait pourtant déjà. Il frappa deux fois dans ses mains et éleva les bras aux cieux.
-Écoutez moi tous, vous qui venez d'assister à cette division. Je ne pensais pas devoir jamais me trouver dans une telle position, pas plus que je ne supposais que nous en arriverions un jour là. Et autant dire que l'heure est plus grave que jamais.
"Évidemment, j'avais entendu parlé des dissentions existants entre nous, les dieux, et nos amis les hommes. Mais je ne pensais pas que tout cela était pris avec tant de rage, de violence, de haine. Il me semblait que la cohabitation était possible, il me semblait que nous pourrions faire fi de nos différences, que la tolérance et une compréhension mutuelle de notre prochain nous permettrait de toujours continuer ainsi, mais je vois que je me suis trompé. Je vois que j'ai cru en une douce utopie que certains caractères ne tolèrent guère.
Un long silence salua les premières phrases qui venaient d'être déclarées, comme pour marquer d'un certain recueillement ce discours qui allait nous emmener vers une fin inexorable. Le vent lui-même n'osait plus souffler et chacun restait sagement à sa place, n'osant guère croiser le regard de celui qui se trouvait près de lui.
Zeus chercha les yeux de tous avec lenteur, nous accordant à chacun un regard pour donner du poids à ce qui allait suivre.
-Maintenant, c'est fini. Deux choses se sont terminées. Tout d'abord, notre entente, car nous avons assisté à la formation de deux clans bien distinctes, l'un mené par Athéna et qui défend avec ferveur les hommes, l'autre dirigé par Arès et qui soutient avec vigueur la cause divine. Voici donc le premier bouleversement auquel nous avons assisté et qui n'est somme toute pas des moindres. Je crois que cela débouchera sur de nombreuses guerres, et je n'ose point penser à l'avenir.
"Mais il existe encore pire chose. Ce que nous venons de faire marque la fin de la croyance des hommes, car en les méprisant comme vous vous apprêtez à le faire, vous qui vous opposez à moi-même, à Apollon, Hermès ou encore Athéna et Héphaïstos, j'espère que vous vous doutez que les hommes vous rendrons la pareille. Et quand ils auront décidé de nous oublier, de nous proscrire de leurs existences, personne et pas même avec cette violence qui t'est si chère Arès, ne pourra les contraindre à revenir vers nous.
"Nous finirons dans l'ombre, sans que personne ne se rappelle de nous que comme des personnages de mythes. Nous nous transformerons en souvenir, en rêverie pour les enfants aimant imaginer, en utopie pour ceux qui croiront que le monde était autrefois plus beau.
Un nouveau silence régna sur la foule. Je me tournais vers Hypnos dont le yeux dénués d'expression ne me laissait rien entrevoir de ses véritables sentiments. J'avais beau n'être jamais effrayé de rien, courir toujours au devant du danger et ce depuis ma naissance, je sentais l'effroi se répandre dans mon corps.
Je croisais le regard de Zeus et c'est en plongeant ses yeux dans les miens qu'il conclut :
-Ce à quoi vous venez d'assister, c'est la mort de l'Olympe.

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Cette fiction est copyright Georges Mongas.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.