Annexe 2 : Le Procès d'Athéna


La foule se presse aux abords du temple
Car c'est bientôt l'heure du grand événement
Depuis le haut plafond les statues contemplent
Les Dieux et les Déesses, qui montent gravement
Les hautes marches du Tribunal Céleste.

Je la vois s'avancer, au milieu des regards
Vers un allié au loin, esquisser un geste
Bienveillante avec tous, même en plein traquenard.

Son destin en ce lieu, se jouera sûrement
Mais pour ce courage, qu'elle a en ce moment
Mon cœur d'elle est épris, mais je ne devrais pas
Car ici commence le Procès d'Athéna.



Seiya regardait autour de lui, amusé et surpris à la fois. Une part de son esprit, héritée de Pégase le fils de Zeus, connaissait tous ces gens, ces divinités assemblées en ce lieu, et s'amusait des regards hautains qu'on pouvait lui accorder. Ah s'ils savaient qui il était réellement, nul doute qu'ils auraient moins de mépris dans les yeux ! Une autre part de son esprit, toute humaine, s'émerveillait encore de ce monument fabuleux qu'était le Tribunal Céleste.

C'est en ce lieu que Zeus, depuis son avènement, présidait au Conseil des Douze, la plus noble assemblée de l'Olympe. C'est en ce lieu que les dieux réglaient leurs comptes, et que le Conseil rendait sa sentence, mettant un terme à tous les conflits des habitants du royaume céleste.

C'est en ce lieu qu'Athéna allait être jugée.

Trois jours auparavant, la terrible bataille qui opposait les chevaliers d'Athéna et les Anges de Zeus avait ravagé le palais du Maître des Dieux, et la déesse, épuisée, avait été autorisée à rentrer pour se reposer. Cependant, Zeus avait bien précisé que le procès promis aurait bien lieu, malgré la menace de la déesse renégate, Némésis.

Saori et ses amis étaient retournés au Sanctuaire après la bataille, et ils y avaient pansé leurs blessures. Ils avaient enterré leurs morts aussi, si nombreux, trop nombreux. Cette bataille avait été cruelle, car plusieurs chevaliers avaient atteint un niveau extraordinaire au cours du combat pour finalement y trouver la mort. Le Sanctuaire était exsangue, mis à part Seiya et ses compagnons, les chevaliers encore en vie se comptaient sur les doigts d'une seule main.

Et il y avait encore Némésis…

Seiya réprima un frisson lorsque l'horrible vision de ce démon s'imposa à son esprit. Némésis avait été assez puissante pour manipuler Zeus lui-même, elle était intelligente, ce qui la rendait très dangereuse, et elle était dénuée de scrupule. Son objectif ultime était sans doute la destruction de l'univers lui-même, même si cela devait aboutir à sa propre mort. Némésis était la menace la plus grande qu'ils auraient jamais à affronter. A coté d'elle, même Lucifer semblait débonnaire !

Mais pour l'heure, il devait changer ses préoccupations. Zeus n'avait pu éviter le procès à Athéna, et il avait envoyé deux anges pour la chercher au Sanctuaire. Un seul garde du corps était autorisé à l'accompagner, et elle l'avait choisi, lui, son plus fidèle compagnon.

Ils se dirigeaient vers le temple gigantesque, où aurait lieu le procès, et Saori ne semblait pas le moins du monde inquiète. Comment pouvait-elle garder son calme ? Elle s'avançait, lentement et calmement, vers son destin, et elle souriait.

Autour d'eux, la foule des habitants de l'Olympe, hétéroclite, composée d'hommes et de dieux mineurs, de créatures mythiques et d'esprits légendaires, se dirigeait aussi vers le temple. Ils venaient assister à ce spectacle si rare : l'un des douze grands dieux jugé par ses pairs. Seiya les maudissait pour leur sadique voyeurisme. Ils venaient voir du sang, souhaitaient au fond d'eux-mêmes que la déesse soit condamnée, châtiée, si possible sous leurs yeux.

Parmi eux, Athéna reconnaissait quand même quelques figures bienveillantes, et elle leur adressait un signe de tête, qu'ils lui retournaient volontiers. Au moins, elle ne serait pas complètement seule dans cette épreuve.



Deux belles déesses, demi-sœurs de surcroît,
Se retrouvent enfin, parlent à vive voix
Elles sont très amies, ou c'est ce que je crois.

Des siècles auparavant, à cause d'un seul choix
Elles furent opposées, cela dégénéra
Et le pauvre Pâris, amoureux d'Hélène
Fut à l'origine de la Guerre de Troie

Aujourd'hui les deux sœurs, quelle étrange scène,
Oublient tout le passé, Hélène et puis Pâris,
S'embrassent, discutent, rient enfin aux éclats.

Qu'auraient pensé alors les vieux héros meurtris
En voyant si amies Vénus et Athéna ?


Une femme s'avança vers Athéna, et Seiya réprima un hoquet de surprise tant elle était belle. Des cheveux d'un or pur coulaient sur ses épaules nues, sa robe vaporeuse trahissait une démarche sensuelle. Fendue depuis le sommet de la cuisse, la légère robe laissait entrevoir à chaque pas des jambes blanches et longues. Une autre jeune femme la suivait de près et bien que très belle, elle semblait éclipsée par sa somptueuse maîtresse. La femme ignora Seiya et vint donner l'accolade à sa sœur.

"Athéna, ma chérie..."
"Aphrodite, chère sœur." Lui répondit, d'une manière plus ironique, la déesse.
"Je ne sais pourquoi notre père désire ainsi te juger, après tout ce que tu as fait pour nous. J'ose croire que ce n'est là qu'une manœuvre pour montrer à ceux qui le disent fini que son pouvoir et sa clémence sont intacts."
"Je crains que tu ne le sous-estimes, chère sœur. Il est tout à fait capable de me déposséder de mes pouvoirs pour ce que j'ai fait de mal, sans tenir compte de ce que j'ai fait de bien."
"En tout cas, sois assurée de mon soutien. Je sais, moi, que tu as bien agi."

Athéna s'arracha aux bras blancs de la déesse Aphrodite. Celle-ci se tourna vers Seiya.

"Tu me présentes ?"
"Voici Seiya, mon plus fidèle ami." Dit simplement Saori.
"Ami seulement ?" se moqua la déesse en tendant la main vers Seiya. Celui-ci la prit délicatement, et la porta à ses lèvres.
"Enchanté, belle déesse. Et oui, ami seulement."

Aphrodite eut un éclat de rire. Puis elle fit de nouveau face à Athéna.

"J'ai entendu dire qu'un de tes chevaliers portait le même nom que moi. Est-ce vrai ?"
"En effet. Sans doute que celui qui lui a donné ce nom croyait t'honorer, car Aphrodite était beau. Mais sa beauté n'était qu'extérieure, et il n'y a qu'à sa mort qu'il sut prouver qu'il était digne de confiance."
"Savoir qu'un être aussi vil salit mon nom me répugne. Et comme j'ai l'intention de descendre sur Terre après ce ridicule procès pour te rendre visite, je n'ai pas envie qu'on me confonde avec lui. Tant pis, je vais renoncer à mon nom pour le moment, et prendre celui que les romains m'ont donné."
"Vénus ?"
"Tout à fait. J'aime bien ce nom, il porte plus de mystère que celui d'Aphrodite…" fit-elle, le visage marqué par un léger sourire de satisfaction. "Et maintenant, hâte-toi ma sœur, car cette noble assemblée n'attend que toi."

Saori hocha la tête et s'éloigna, toujours suivie par Seiya qui s'inclina une fois encore devant Vénus avant de prendre congé. Il nota au passage le regard appuyé de la jeune accompagnatrice de la Déesse aux Bras Blancs, qui n'avait pas dit un seul mot.

"Eh bien, quelle rencontre !" fit-il plus pour lui-même que pour Saori. Celle-ci pouffa, et voulut dire quelque chose.

Mais soudain, Seiya sentit un danger, et se rapprocha de son amie, tout en scrutant les alentours. Une énergie négative, un sentiment de colère, emplissait le vide, mais le chevalier ne parvenait pas à en détecter la provenance. Puis les ondes se concentrèrent, et Seiya vit deux hommes s'approcher d'eux, donc l'un d'eux émettait ces terribles pensées.

Il les laissa venir jusqu'à deux longueurs de bras de Saori, puis se plaça devant elle pour la protéger. Les deux hommes se figèrent sur place, et celui qui accompagnait l'homme aux pensées négatives invectiva le chevalier.

"Ecarte-toi ! Laisse place au Seigneur Arès, Dieu de la Guerre !"

Seiya prit un instant pour examiner les deux personnages. Arès était un homme grand, de stature imposante, au corps musculeux visible dans le vague drapé qu'il portait plus par convention que par pudeur. Tout son être trahissait l'homme de guerre, des proportions athlétiques de sa charpente jusqu'au regard d'acier du tueur, en passant par les cicatrices rares mais visibles, médailles indélébiles qu'il exhibait volontiers. Ses cheveux coupés courts, et un peu en désordre, les crispations de sa mâchoire, achevaient le portrait du dieu le plus violent de l'Olympe, l'éternel rival d'Athéna.

Son compagnon n'était pas moins inquiétant, vêtu lui aussi d'une toge, il arborait l'expression sinistre des exécutants de basses œuvres, de l'homme de main inflexible et cruel. Seiya devina qu'il s'agissait là d'un des fameux Berserkers, qui dans le passé donnèrent du fil à retordre aux chevaliers d'Athéna, jusqu'à ce que celle-ci autorise l'utilisation des armes de la Balance. L'homme retourna à Seiya un regard entendu, qui voulait dire que lui aussi savait à qui il avait affaire.

"Athéna, ma chère sœur…" mais la voix d'Arès, contrairement à celle de Vénus, était glacée.
"Arès, tu es donc revenu des Limbes ?"
"En effet. Et je ne suis pas près de pardonner à ton chevalier du Lion de m'avoir coupé en deux lors de notre affrontement. Lorsque je le retrouverai, je lui ferai passer le goût du déicide."
"Je suis navré, Seigneur Arès…" interrompit Seiya "mais Michael - enfin, je veux dire Mikerinos - est mort. C'est moi qui l'ai abattu."

Le dieu se tourna lentement vers Seiya, réprimant sa colère.

"Ainsi tu prétends avoir tué l'homme qui m'avait assassiné ? Tu prétends donc être plus fort que l'homme qui m'a fait mordre la poussière ? Sous-entendrais-tu que tu es plus fort que moi, alors ?"

Seiya vit venir le piège, tant il était grossier. Il était hors de question de compliquer la situation en plongeant encore plus Athéna dans l'embarras.

"Non, Seigneur." Fit-il le plus humblement possible. "Bien qu'il soit certain que c'est moi qui l'ai vaincu, il est plus probable que Mikerinos s'était relâché après votre rencontre, et que ses forces aient diminué. Je n'ai sans doute vaincu que l'ombre de celui qui vous a porté par chance un coup fatal jadis."

Saori se permit un petit sourire, tant son frère eut l'air contrarié de ne pas trouver écho à ses provocations. Elle reprit immédiatement un visage impassible lorsqu'il se tourna soudain vers elle.

"Eh bien chère sœur, tu verras aujourd'hui comment sont les Limbes. Tu sentiras la cruelle morsure du froid et de la solitude de cette dimension horrible où j'ai été envoyé par ta faute, une fois que Zeus aura ordonné ton exécution. Et lorsque dans quelques milliers d'années, tu pourras enfin t'en échapper, et que tu pourras à nouveau rejoindre l'espace des dieux vivants, tu ne trouveras plus qu'une Terre dévastée, car pendant ton absence, j'enverrai mes légions écraser tes misérables chevaliers, et réduire cette planète minable en cendres. Et à ton retour, je serai là pour t'attendre, et te renvoyer illico dans ce monde d'ennui, afin que tu ressentes deux fois ce que j'ai subi. Profite bien de ta dernière journée de soleil, Athéna, car tu n'es pas prête de revoir la lumière."

Et sur ce monologue, sans même laisser le temps à Saori de répondre, le dieu tourna les talons, suivi par son compagnon, et s'éloigna.

"Je croyais qu'Arès était mort." fit Seiya en le regardant partir, écartant la foule sans ménagement.
"Il l'était. Mais les dieux ne meurent jamais vraiment. Nos corps peuvent être détruits, mais pas nos âmes, tant qu'elles ont le cosmos pour vivre. Un dieu qui s'éteint est projeté dans un monde qu'on nomme Limbes, où il n'a plus aucun pouvoir, aucun lien avec ce monde-ci. C'est une dimension obscure, où il est piégé pendant des dizaines de siècles avant d'en trouver la sortie. Arès y est resté pendant près de quarante siècles."
"Pas étonnant qu'il soit un peu fâché…" fit Seiya, et à ces mots, Saori réprima un éclat de rire.

"Il faut y aller maintenant" dit-elle.

Ils gravirent les marches rapidement, et les êtres insolites de l'Olympe s'écartaient sur leur passage. En arrivant à la porte, ils furent accueillis par deux gardes qui ordonnèrent à Seiya de s'éloigner, car désormais, Athéna était considérée comme prisonnière de Zeus.

"Ne t'en fais pas Seiya, tout ira bien." Dit-elle d'une voix douce.

Il la regarda partir, encadrée par les deux gardiens, puis rejoignit la foule. Il assisterait à tout cela en tant que simple témoin, et cela l'enrageait.



Grand ! Tel est le temple, cœur de l'Olympie.
Qui saurait, qui pourrait, avec de simples mots
Décrire sa beauté, sans passer pour impie ?

Mais devant les Grands Dieux, cruels et sans pitié
Le cœur reste muet à ce qui est si beau
Et les mots prononcés sont pure humilité.


La table se tenait au centre de la grande salle, et ses dimensions, bien qu'impressionnantes, s'en trouvaient amoindries. Un observateur qui n'aurait pas été au fait de la taille de l'auditorium eut pu jurer que la table en question était un jouet posé en son centre. Quelle stupeur l'aurait marqué en apprenant que le jouet en question était en fait le lieu où se réunissent les douze grands dieux de l'Olympe !

Faite de marbre pur, d'un blanc à peine veiné de délicates lignes rosées, la lourde table était rectangulaire, et fort longue. A l'une des extrémités se dressait un trône d'or destiné au maître des lieux. Imposant par son aspect massif, ouvragé dans ses moindres recoins, le trône de Zeus était une œuvre d'art, qui eut demandé à des artisans humains des décennies de labeur, mais qui fut réalisé par Héphaïstos et ses acolytes en moins d'une nuit. Onze sièges, tous identiques et eux aussi d'un grand luxe, mais néanmoins incomparables au trône par la splendeur, se tenaient autour de la table, six d'un coté, et cinq de l'autre. Quant à l'extrémité faisant face au patriarche, elle était habituellement vide, mais aujourd'hui, s'y tenait un prétoire, destiné à l'inculpée.

Encadrée par ses deux gardiens, Athéna se dirigea d'un pas ferme jusqu'à la place qui lui était attribuée, ne jetant même pas un regard vers le siège de marbre duquel elle avait si souvent assisté aux réunions du conseil. Autour d'elle, la salle s'emplissait, les habitants de l'Olympe se dirigeant vers les gradins afin d'assister au mieux au spectacle.

Un géant ailé se mit soudain à frapper le sol de la hampe de sa lance, et tous à ce moment firent silence. Seiya regardait autour de lui, se demandant ce qui pouvait se passer. Il ne tarda pas à comprendre : les Dieux faisaient leur entrée.

L'un derrière l'autre, en file indienne, les dieux s'avancèrent vers la grande table où les attendait Athéna. Ils prirent place autour de la table, les hommes d'un coté, les femmes de l'autre, à leur siège respectif, mais tous restèrent debout. Quatre hommes se tenaient à droite d'Athéna : Apollon, Héphaistos, Arès, et Poséidon. Quatre femmes se tenaient à sa gauche : Déméter, Hestia, Vénus, et Artémis. Le siège d'Hadès restait vacant, tout comme celui d'Athéna. Puis le couple divin fit son entrée.

Zeus et Héra marchaient côte à côte, l'époux tenant la main de sa femme. Zeus avait pour l'occasion pris l'apparence d'un homme dans la force de l'âge, une barbe et les tempes grises signifiant là qu'il agissait en père et en doyen de cette famille. Sa femme, pour s'accorder, donnait aussi l'illusion d'un âge mur, bien que de façon moins marquée que son mari. Tous en Olympe savaient qu'elle affectionnait plutôt une apparence juvénile, mais les devoirs de sa charge la menaient parfois à faire le sacrifice de sa coquetterie. Zeus la mena à son siège, et la fit asseoir. Puis il s'assit à son tour, et les dieux firent de même, laissant Athéna seule debout à son prétoire.

La foule retint son souffle. Le procès commençait.


Zeus : Si les dieux sont réunis aujourd'hui, c'est pour débattre et juger des actions d'Athéna, Déesse de la Guerre et des Arts, membre du Conseil des Douze Dieux. Ceci afin que son jugement soit connu de tous, et que nul ne puisse le contredire.

Il fit une pause, semblant écouter le silence qui régnait dans l'auditoire, puis reprit.

Zeus : Athéna, tu vas être accusée de différents chefs par les douze dieux. Entends donc les griefs.

Ce fut Héra qui se leva la première, se tourna vers Athéna, les yeux chargés de fureur, et déclama sa rage d'un trait.

Héra : J'accuse Athéna d'avoir assassiné ou fait assassiner par ses hommes ma fille Eris, sœur jumelle d'Arès, Déesse de la Discorde. Je l'accuse en outre d'avoir mené cette guerre sans l'autorisation du Conseil, et d'avoir illégalement envoyé ma fille dans les Limbes.

Héra s'assit, après avoir jeté un regard noir à Saori. Puis Hestia prit la parole. La Déesse du Foyer présentait une apparence de femme mûre, aux cheveux tressés en une coupe rigide. Vêtue d'une toge blanche, elle ne laissait apparaître de sa peau que le visage et les mains, tout son être exprimait une vie stricte et contrôlée.

Hestia : J'accuse Athéna d'avoir occis Abel, un être cher à mon cœur, et de l'avoir renvoyé dans les Limbes. Cependant, Abel était déjà banni de l'Olympe, et Athéna n'a fait que respecter la volonté de Zeus en le renvoyant dans sa prison. Aussi ne retiendrais-je contre elle qu'une action de guerre sans autorisation du Conseil.

Athéna hocha la tête vers Hestia, pour la remercier de ces paroles justes, mais comme le veut l'usage, elle ne prononça pas un mot.

Ce fut au tour de Déméter de se lever. Avec Zeus, Poséidon, Hadès, Héra et Hestia, elle était la sixième des enfants de Chronos à siéger au Conseil, les six autres étant issus de la génération suivante. Déesse des Moissons, de l'Agriculture, elle était dans les temps anciens une déesse vénérée par nombre d'humains, avant que ceux-ci n'oublient les dieux antiques. Déméter ressemblait beaucoup à Hestia, tant dans la tenue stricte que de visage, mais sa toge était noire comme la terre, et ses cheveux crêpés en chignon étaient retenus par des épis de blé.

Déméter : J'accuse Athéna d'avoir envoyé Hadès, Dieu des Enfers, mon frère, et époux de Perséphone ma fille, dans les Limbes. Depuis son trépas, les Enfers sont redevenus une dimension sauvage où les âmes des morts sont livrées à elles-mêmes, et le Tartare est laissé sans surveillance. Athéna met ainsi toute l'Olympe en danger.

Artémis prit la parole, mais son intervention fut courte. La Vierge Chasseresse, Déesse de la Lune, portait comme à son habitude une tenue légère de chasse, dont la jupe s'arrêtait à mi-cuisse, dévoilant des jambes enserrées dans les lacets montant de ses sandales. Vive et douce à la fois, Artémis était connue en Olympe aussi bien pour son caractère solitaire que pour son dégoût des garçons, auxquels elle préférait les membres de son propre sexe.

Artémis : Je n'ai pas de grief personnel contre Athéna. Mais elle aurait dû avertir le Conseil avant de déclarer des guerres.

Enfin Vénus se leva, sourit à sa demi-sœur, et pour bien signifier dans quel camp elle était, se rassit sans rien dire.

Puis ce fut au tour des hommes. Arès, bien sûr, fut le premier à se lever.

Arès : J'accuse Athéna de m'avoir livré une guerre injuste, et de m'avoir assassiné, m'envoyant dans les Limbes d'où j'aurais pu ne jamais sortir. C'est une criminelle qui doit être châtiée par la mort !

Zeus se leva soudain, et sa voix tonna.

Zeus : Arès, nul ici ne peut prononcer une sentence tant que les chefs d'accusation ne sont pas tous présentés. Oublierais-tu donc les règles ?

Le terrible dieu de la guerre pâlit soudain, et bredouilla des excuses en s'asseyant. L'assemblée fut parcourue par un début d'hilarité, mais Arès lança un regard si noir, si plein de menaces, que ce mouvement d'humeur cessa aussitôt.

Apollon se leva à son tour. Jumeau d'Artémis, le Dieu du Soleil était parmi ses enfants l'un des préférés de Zeus. Beaucoup en Olympe pariaient que si un jour Zeus venaient à disparaître, Appolon serait amené à prendre sa place, tant sa grandeur, sa droiture, faisaient penser à son père. A l'inverse, les paris étaient loin de donner Arès favori, ce qui ne contribuait pas à l'amélioration de l'humeur du Dieu de la Guerre. Appolon portait lui aussi une toge, et, n'eut été la différence d'âge, on eut pu le prendre pour Zeus tant ses traits ressemblaient à ceux du Maître de l'Olympe.

Apollon : Comme ma sœur Artémis, je reproche à Athéna de n'avoir pas consulté le Conseil avant d'entreprendre une action. Cependant, je me garde le droit d'émettre une réserve sur ce chef lors de la défense de l'accusée.

Arès : Défense ? Quelle défense ? On ne va tout de même pas la laisser se défendre ? On doit la juger maintenant ! Il faut…

Mais sa voix se tût lorsqu'il croisa le regard de son Père. Héphaïstos se leva à son tour. Fils de Zeus et d'Héra, le Dieu Forgeron portait comme à son habitude sa tenue de cuir sale, trahissant par là qu'il n'avait dû quitter ses forges que quelques minutes avant le début du procès. Bossu, handicapé après un accident, Héphaistos n'était certes pas le dieu le plus populaire auprès des jeunes filles ! Mais ses talents, son génie, avaient fait de lui un être apprécié par les dieux et les héros, auxquels il fournissait armes et armures. C'était lui le découvreur de l'Orichalque, matériau utilisé dans la fabrication de toutes les armures.

Héphaïstos : Je n'ai rien contre Athéna. Par contre, cinq de ses saints ont gagné grâce à son sang divin des armures identiques aux Kamui, que je suis seul autorisé à forger. Ces cinq armures sont illégales au regard de la Loi Céleste, et la responsabilité d'Athéna peut être invoquée sur ce point.

Seiya sentit un frisson le parcourir. Serait-il obligé de rendre son armure ? Elle était une partie de lui, il se voyait mal l'abandonner. De plus, sans armure, comment continuer à servir Athéna ?

Héphaïstos continuait : Cependant, j'ai obtenu des renseignements qui tendraient à prouver que c'est un ancien chevalier, Shion du Bélier, qui aurait aspergé de sang divin ces armures, leur donnant ainsi des pouvoirs divins. Ce serait donc lui le coupable, Athéna n'ayant aucune intention de trahir la Loi. Aussi j'accorde le bénéfice du doute à ma sœur, et ne porte aucun grief contre elle.

Après que Héphaïstos se fut tût, Poséidon prit la parole. Comme le voulait l'usage, les trois fils de Chronos étaient les derniers à parler, et en l'absence de Hadès, la voix du Seigneur des Océans serait la dernière avant celle, cruciale, de Zeus.

Poséidon : Bien qu'Athéna et moi ayons souvent guerroyé, je reconnais qu'elle a toujours combattu loyalement. Au cours de ses derniers combats, j'ai même soutenu sa cause afin d'avoir l'opportunité de l'affronter à nouveau, tant nos joutes sont respectueuses de cet esprit droit et noble de la guerre entre divinités bien nées. Aussi je déclare que pour moi, Athéna est exempte de maux.

Ce fut enfin le tour de Zeus. Chacun venait de faire les comptes, cinq voix s'étaient élevées contre Athéna, et quatre pour elle. Si Zeus prenait partie contre Athéna, alors son procès serait clos sans qu'elle ait la possibilité de se défendre, car la majorité de l'Ordre ferait loi. Si le Seigneur de l'Olympe prenait fait et cause pour sa fille, il faudrait alors délibérer, et pour cela, laisser Athéna s'exprimer.

La salle entière retenait son souffle. Zeus, conscient de cette importance, prit quelques instants afin de faire monter la tension. Puis il se leva.

Zeus : J'ai de bonnes raisons d'en vouloir à Athéna. Ses chevaliers se sont révoltés alors que son procès annoncé était tout ce qu'il y a de plus loyal. Une guerre a éclaté en Olympe, presque tous les Anges sont morts, les quatre Archanges ont péri, et une grande partie de mon palais est détruit. Oui, Athéna est responsable de cela.

Arès regardait Athéna dans les yeux, et, dans son regard brillait une satisfaction sans borne.

Zeus : Mais !

Le silence se fit plus intense encore, comme si le marbre de la pièce, si bruyant dans ses échos de pieds qui bougent, de robes qui glissent, décidait lui aussi de se taire.

Zeus : Mais Athéna avait de bonnes raisons de refuser son procès, car à ce moment-là, je n'étais pas en mesure de la juger équitablement. Elle avait de bonnes raisons de faire intervenir ses chevaliers, et de s'opposer à mes troupes. Cette raison, vous la connaîtrez tout à l'heure, car c'est Athéna elle-même qui vous l'exposera. Elle le fera dans le cadre de sa défense, car je retire tout grief que j'aurais pu avoir contre elle.

Arès bondit dans son siège.

Arès : Quoi ? Mais Père, pourquoi cette bonté, si vous avez de bonnes raisons de lui en vouloir ? Ne cherchez-vous pas justice ?
Zeus : Oh si, fils impulsif et sot ! Mais toi, cherches-tu justice ou vengeance ?

Arès ne put répondre, et reprit place en maugréant.

Athéna ferma les yeux, expira doucement. Quand elle les rouvrit, son expression était encore plus confiante qu'auparavant.



Ainsi parle Athéna, sage comme toujours
Ses mots sont assurés, sans faille est son discours.
La foule en silence prête son oreille
Elle espère d'elle monts et merveilles.

La belle déesse prend son temps pour parler
Contre tous les griefs elle doit argumenter
Et dans sa conclusion, elle peut révéler
Le nom qui à lui seul, la fera disculper !


Lorsqu'Athéna commença à parler, la foule entière des spectateurs était pendue à ses lèvres. De ce qu'elle allait dire dépendait son destin, suivant qu'elle s'allierait les dieux ou se les aliénerait. La voix de Saori portait loin, dans le silence de ce temple, et Seiya n'en manquait pas une syllabe.

Athéna : Comme vous l'a dit Zeus, il y a une bonne raison à ma dernière guerre contre l'Olympe, et je vais vous la donner. Mais auparavant, je vais tenter de me disculper de certaines accusations.

- Artémis, tu me reproches d'avoir lancé des actions de guerre contre d'autres dieux, sans rien demander au Conseil. Mais dans la quasi totalité des batailles qui ont eu lieu, ce n'est pas moi qui ai déclenché ces hostilités. Eris, Abel, Lucifer, Poséidon et Hadès ont porté le premier assaut, je n'ai fait qu'y répondre, afin de me protéger ainsi que le domaine dont j'ai la charge. Et pour cela, nul besoin d'autorisation du Conseil. Seule la bataille de l'Olympe a été initiée par mes chevaliers outrés de me voir prisonnière et bientôt jugée, alors que nous nous étions toujours battus pour la justice. Cette fois-là, et cette fois seulement, mes chevaliers et moi avons transgressé les ordres du Conseil. Mais comme je vous l'expliquerai tout à l'heure, nous avons eu bien raison.

- Héra, tendre Mère des Dieux, ne plains pas trop ta fille Eris. Elle est morte d'avoir voulu s'en prendre à plus fort qu'elle, car elle fut vaincue par un de mes chevaliers, Seiya ici présent, qui ne désirait que me délivrer du piège où Eris voulait prendre ma vie. Elle a sous estimé la puissance des chevaliers, s'est crue invulnérable aux assauts humains, et s'est d'elle-même placée sur la trajectoire de la Flèche d'Or qui devait juste détruire la Pomme qui absorbait ma vie. Eris est retournée aux Limbes, elle pourra y méditer sur cette faute d'ego.

- Hestia, je comprends que tu aies de la peine pour Abel, car moi aussi je pleure ce frère aimé. Mais Abel avait perdu la raison, et en venait aux blasphèmes, en se croyant supérieur à notre Seigneur Zeus. Dans sa folie, il avait projeté de détruire la Terre, royaume que tu connais bien. Abel est resté sourd à mes demandes de cesser cette attaque, aussi ai-je dû l'affronter, mais son trépas ne me cause pas de joie. Je souhaite qu'à son retour des Limbes, il soit de nouveau sain d'esprit, mais hélas, j'ai bien peur qu'il ne me faille plutôt le combattre encore.

- Déméter, tu es une sœur attentionnée pour Hadès, et je sais que tu pourras t'occuper du royaume des morts à sa place le temps qu'il revienne d'outre monde. Là encore, cette guerre n'est pas de mon fait, et Hadès ne doit son trépas qu'à une chose : contrairement à notre précédente lutte 250 ans plus tôt, Hadès étendit le conflit jusque dans son paradis privé, l'Elision, où son corps résidait. C'est au cours de notre dernier duel qu'il périt, alors qu'il tentait de m'occire. S'il avait été moins présomptueux, il aurait attendu de m'avoir vaincue avant d'intégrer son corps. Il aurait alors survécu en esprit à ce conflit, et n'aurait pas connu les Limbes.

- Arès, je ne tente même pas de te raisonner. Ton impulsivité te mènera toujours à déclamer que tu es victime alors que tu ne réalises pas toi-même combien tu es l'assaillant. Si j'étais mauvaise, je pourrais te faire comparaître à ma place en citant le nom de toutes tes victimes innocentes, mais tu as déjà payé ces crimes par ton exil. Tu resteras sourd à mes justifications, aussi je ne perdrais pas de temps avec toi.

- Héphaïstos mon ami, toi qui m'as confié ton peuple d'alchimistes, je tiens à te rassurer : nous débattrons ensemble de l'avenir des armures divines, et nous trouverons un terrain d'entente. Mais cela ne pourra survenir qu'après cette explication sur la bataille d'Olympe, explications que je te dois aussi, mon frère Appolon.

- Car enfin, je vais vous révéler la vérité. Si Zeus se montre si bienveillant avec moi, c'est qu'il sait qu'au cours de cette bataille, je l'ai aidé à se débarrasser d'un spectre qui avait envahi son âme et qui lui dictait de mauvais conseils. Cette âme noire, vous connaissez tous son nom, il est maudit. J'en vois parmi vous qui ont compris de qui il s'agit. Oui, en effet. Némésis est de retour.



Noire la déesse, comme une aile de nuit
Son nom, connu de tous, est à jamais maudit.
En ces lieux purs et blancs, Athéna l'invoque
Et sait qu'en ce faisant, le public elle choque.

A l'attention de tous, Athéna est portée
Les Dieux, les Immortels, sont prêts à l'écouter.
Car la menace est là, on ne peut l'ignorer
Qui sait quand Némésis reviendra pour frapper ?


Némésis. A ce nom, un frisson parcourut l'assemblée. A la table des Dieux, la stupeur frappa même les plus grands. Les yeux de Héra se dilatèrent, tandis qu'elle revoyait la mort horrible de son fils Zépios, dieu mineur de la Fratrie. Son nom n'avait même pas survécu à l'Histoire, et son âme avait été consumée par la déesse noire pour augmenter ses propres pouvoirs impies. Artémis et Appolon échangèrent un regard inquiet, les deux jumeaux célestes partageant les mêmes pensées. Hestia sembla s'affaisser dans son siège, comme sous le poids d'un fardeau. Arès, quant à lui, pâlit au point qu'on eut pu le croire mort.
Arès : Non… Non, c'est un mensonge ! Elle ne peut pas revenir ! Nous… Zeus l'a enfermée au fin fond d'une dimension infernale, au plus profond du Tartare, dans un endroit plus froid que les Limbes elles-même ! Tu… Tu mens au Conseil, Athéna, pour pouvoir échapper à ton sort !

Zeus : Non, Arès, elle dit vrai. C'est bien Némésis qui avait pris contrôle de mon esprit et me dictait ses volontés. J'en atteste. Et je peux même ajouter qu'elle est plus puissante qu'avant.

Héphaïstos murmura pour lui-même, mais tous l'entendirent : C'est la fin des Dieux et des hommes.

Saori fit passer son regard sur chacun des dieux attablés, puis, elle ferma les yeux.

En un instant, tous les souvenirs furent là.

Quand elle les rouvrit, elle prit la parole.

Athéna : Oui, Némésis est bien de retour, et oui, elle est plus puissante qu'avant. Mais nous ne sommes pas perdus pour autant. Dans le temps, c'est en nous alliant que nous avons pu la vaincre. C'est en nous alliant que nous la vaincrons encore.

Appolon : Athéna a raison, on peut encore gagner. Si nous nous y mettons tous, nous pouvons la repousser. Seule contre tous, elle n'a aucune chance.

Zeus : Elle nous a déjà promis qu'elle viendrait à la tête de son armée. Je ne pense pas qu'elle ait déjà une telle force à son service, il lui faudra sans doute des années avant de corrompre et de donner des pouvoirs à suffisamment d'humains, mais il faudra compter sur cette force.

Des têtes se baissèrent encore plus, comme si l'accablement n'avait pas de fin.

Appolon : Mes Auriges sont valeureux, ils se battront !

Artémis : Et je mets mes Amazones à ton service, mon frère. Elles aussi savent se défendre.

Poséidon : Chacun d'entre nous dispose d'une garde rapprochée de puissants combattants. Mais aucun d'entre nous n'a vraiment une armée complète. Seuls Arès, Hadès et Athéna disposent des troupes suffisantes. Mais Hadès est mort, et ses Spectres aussi.

Arès : Je viens à peine de sortir des Limbes, les Berserkers sont en nombre réduit.

Athéna conclut : Et mon Sanctuaire est dévasté.

Elle fit une pause puis reprit.

Athéna : Mais qu'à cela ne tienne, j'utiliserai tout le temps dont je dispose avant l'assaut de Némésis pour le reconstruire et former de nouveaux guerriers. Je mettrai au point un plan de bataille, et je jetterai toutes mes forces dans la défense de l'Olympe et de la Terre. Car tel est mon devoir, et je ne compte pas l'abandonner maintenant. Mais avant cela, vous devez m'acquitter.

Hestia : Acquitter ? Mais il n'est plus temps de penser à un procès ! Ce serait ridicule ! Zeus, fit-elle en se tournant vers son frère, je crois qu'il est temps, pour la forme, que tu conclues ce point.

Zeus : En effet. Athéna, les dieux par ma voix te déclarent non coupable des faits reprochés. Cependant, ne te réjouis pas trop, car une tâche plus dure encore que la punition que tu risquais va reposer sur tes épaules. Je te charge de coordonner les différents groupes de guerriers, de reconstruire les sanctuaires, de former des troupes, et de mener l'assaut dans cette guerre à venir. Athéna, je te nomme Commandant de toutes les forces de l'Olympe.

A ces mots, le dieu le plus violent se leva dans un cri.

Arès : Père ! Cet honneur me revient !

Zeus : Il n'est pas question d'honneur ! Il est question de survie ! Et pour cela, Athéna est plus qualifiée que toi, Dieu de destruction !

Arès se rassit, visiblement de mauvaise humeur. Athéna nota le regard qu'il lui lançait, se promettant de surveiller cet "allié" aux humeurs si maussades.

Héra, après un long mutisme occupé à ressasser le passé, se tourna vers la déesse.

Héra : Athéna, dis-moi, as-tu déjà un plan ? Un quelconque espoir à nous soumettre ?

Saori sourit. Oui, elle avait un plan. En trois jours, elle avait déjà réfléchi à tout cela. En fait, elle n'avait pas passé un seul instant à penser à son procès, mais déjà avait jeté toute son intelligence, son savoir de la guerre, dans la préparation d'une stratégie. Aidée par ses meilleurs amis, les cinq chevaliers divins, elle savait déjà comment elle allait combattre celle qui fut autrefois sa suivante.

Athéna : Oui, Céleste Matrone, j'ai une idée. Je vais vous l'exposer tout de suite, mais avant cela, je conseille de faire évacuer la salle. Autant je peux avoir confiance en vous, Grands Dieux, autant nous ne sommes pas surs qu'un agent de Némésis ne soit pas déjà en train de nous espionner. Prenons des précautions, car ce plan va nécessiter le plus grand secret.

Zeus : Soit ! La séance est levée !


Sur la demande de Saori, Seiya rejoignit la divine assemblée en tant que conseiller militaire. Le reste de la foule fut prié de sortir, et nul mot ne filtra de cette grande salle, où un procès commencé dans la soif du sang se finissait dans la peur du lendemain, et où l'accusée ressortait grandie alors qu'on l'attendait perdue.

Lorsque les portes se refermèrent, et que la foule se dispersa, un poète s'attarda un peu à regarder le temple, puis il partit la tête basse.



Le procès terminé, je retourne enfin
Vers le sombre château, en un lieu si secret
Que nul s'il le voulait, le trahir ne pourrait.
Ma noire maîtresse me met à la question
Et je raconte tout, sans aucune omission.

Mais des débats divins, je ne sus pas la fin,
Voici donc mon erreur, je vais cher la payer,
Mon âme pour l'échec a été monnayée.
Dans mes veines déjà, je sens quitter la vie
Tandis que Némésis, derrière moi, rit.

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Cette fiction est copyright Patrick Huart.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.