Chapitre 2 : Des profondeurs de mon enfance


''Ça y est, je me souviens, oui je me rappelle enfin de mon passé. Je suis né dans le Gévaudan, dans une petite battisse en pierre prés de St Chély d'Apcher. Je suis fils unique, ma maman est décédée en me mettant au monde, c'est mon père qui m'a élevé seul. Mon père était quelqu'un d'extraordinaire, je me sentais bien avec lui, en sécurité. Il était strict, mais juste. J'ai toujours craint qu'il me veuille pour maman, mais il n'en était rien. Au contraire, il me protégeait, m'aimait plus que tout. Papa était paysan, il aimait beaucoup travailler la terre, s'occuper de ses bêtes, oui, ses quelques vaches, et ses quelques moutons. C'était un homme grand, fort, pour moi nul n'était plus fort que lui. Il y avait René aussi, un ami de papa, qui venait tous les deux jours aider papa à travailler. René était d'une trentaine d'année, je ne me rappelle plus bien ce qu'il faisait exactement à la ville, mais je me souviens qu'il était très drôle et quand il venait manger à midi, on s'amusait beaucoup nous trois à table.
..Je passais mes journées à observer mon père comment il passait la charrue dans le champ, comment il guidait les moutons, et moi je m'amusais à l'imiter, mais j'avais des résultats nettement moins bons que lui pour diriger les moutons. Il était très tendre et je me rappelle parfois il me courait après dans le champ, c'était le loup et moi je courais, non je ne veux pas me faire attraper, non. Il me répétait souvent : " Jean ne gâche jamais ton talent, tout le monde en a, toi aussi tu en a et beaucoup même, ce seras à toi de le découvrir et de ne jamais, mais jamais le gâcher. " Aussi parfois quand nous descendions à st Chély il me portait sur ses épaules, là je me sentais grand, très grand, je voyais au-dessus tout le monde et je riais, riais à grands éclats, je n'avais pas encore six ans. Les gens du village me reprochaient souvent d'être trop rêveur, ils disaient qu'un jour je n'arriverais plus à me réveiller. Mais bon, aujourd'hui j'ai réussi à me réveiller, à sortir de cet horrible cauchemar, grâce à toi Diane.

**

Février 1728.

.. Puis vint ce jour, ce maudit, ce jour où le soleil n'aurait jamais dut se lever. Sur le coup je n'aie put expliquer mon attitude, ce qui se passait à l'intérieur de mon corps, cet état second qui aujourd'hui encore j'ai du mal à apprivoiser.
Renée ne venait pas aujourd'hui, papa refaisait un mur en pierre derrière la maison, moi du haut de mes six ans nouveau j'aidais papa en regardant si le mur était bien droit. Les moutons s'affolèrent d'un coup, puis nous vîmes des hommes sur des chevaux au galop qui piétinaient nos récoltes en venant vers nous.

Papa - Jean vas me chercher une pierre bleue derrière la maison et attend qu'ils partent. "

Je savais bien qu'il n'y avait pas de pierres bleues derrière la maison, mais je l'écouta. Puis il ouvrit le cagibi, les hommes se rapprochaient, puis il en ressortit immédiatement. Que voulait ces hommes ? Ils avaient d'autant plus l'air inquiétant que personnes n'étaient venues nous voir ainsi. Leur galop se faisait de plus en plus lourd. Je me cachais derrière le mur pour satisfaire ma curiosité. Ils arrivèrent devant chez nous, en cercle autours de papa, ils étaient huit, tous descendirent de leur cheval sauf un. Celui-ci s'adressa à mon père qui lui faisait face.

-"Etes-vous Samson, le père du petit Jean ?
Papa -Pourquoi ?
Cavalier - Je vous aie simplement demandé si vous étiez le père de Jean, à vous de me donner la réponse, nous verrons le pourquoi après.
Papa - Mon fils est allé vivre chez sa tante Nicole, moi vous savez vu mon travail, je n'ai pas le temps de m'occuper de mon fils en plus. Désolé.
Cavalier - Chez tatie Nicole hein ! Me prends pas pour un con, ok ! " Dit-il en donnant du haut de son cheval un coup de pied dans la mâchoire de papa, lui faisant ainsi mettre un genou à terre. Il se releva s'essuya du bras le sang de la bouche.
Papa - Que lui voulez-vous, hein et qui êtes -vous ?
Cavalier - A quoi te servirai mon nom vu que tu vas mourir. Allé éventrez moi cet abruti et trouvez le gosse ! "

Il donna un nouveau coup de pied à papa, la hargne me gagna et fit disparaître ma peur.

- Papaaa ! ! ! " je cria de tout mon cœur, de tout mon souffle.
Papa - Fuis Jean, vas-t-en vite ! ! ! "

Je ne savais que faire, tout ce que je voulais c'était lutter à ses cotés, tuer ces salopards malgré mes six ans. Des hommes vinrent vers moi.

- Ha te voilà sale gosse.
Papa - Ne vous approchez pas de lui, ou…
- Ou quoi ? " Fit un autre.

Il donna un coup de pied à papa qui l'évita, papa lui lança un grand coup de poing qui mit l'autre à terre, il se releva sortit un couteau, papa de son dos sortit une grande épée, frappa l'autre au ventre, qui s'écroula définitivement à terre. La fureur l'avait gagné, dans un grand cri il frappa à la gorge un autre qui sortait son fusil, puis un troisième derrière lui, puis le cavalier lui rentra son épée dans le dos avant qu'il ne tue un autre. Papa s'écroula à genou, le sang coulant de sa bouche, dans un dernier souffle me cria en me regardant :

- Jeaaan, court, courrrt mon fils ! ! ! !
Jean - Nooon papa, non ! ! ! "

.. Puis un des hommes vint prendre le bras de Jean qu'il esquiva et passa sous ses jambes en lui donnant un coup de tête entre les jambes. Avec une extrême agilité il coura sur le mur, puis un homme sous le mur lui lança un coup d'épée au niveau de la jambe qu'il évita en sautant.

Le cavalier - Mais attrapez- le merde, mais attrapez -le ! "

Les cinq hommes le poursuivaient, il sauta sur un cheval, fit fuir par son passage les autres chevaux, celui du cavalier se dressa brusquement ce qui le fit tomber, Jean s'enfui en criant toutes ses larmes au cheval. Les hommes le poursuivirent. Le cavalier qui retrouva sa monture était à ses trousses, des hommes tiraient sur Jean, mais les balles refusèrent de l'atteindre. Puis arrivé à l'orée du bois une balle vint toucher le cheval qui chuta, Jean roula sur le sol, regarda tristement le cheval, puis vit ses agresseurs se rapprocher très rapidement. Alors il courut, il couru d'une vitesse folle pour un enfant de son age, multiplia les acrobaties sur les rochers, s'accrocha à des branches d'arbres pour éviter la main d'un poursuivant, il était devenu une vraie bête sauvage, son regard était transformé, l'instinct de survie, sa seule arme face à ces monstres. Il arriva bloqué devant un grand gouffre. Les cinq hommes qui restaient s'approchèrent de lui.

- Allé vient gamin, allé !

Ils rigolaient, ravis à l'idée qu'ils allaient assouvir leur soif de viande.

- Humm, tu vas voir comme ma lame rentre bien dans la chair d'un gosse, comme dans du beurre.
- Ho oui c'est vrai se serait dommage d'en finir avec une balle, on ne s'amuserait pas assez. "

La respiration rapide, l'enfant les regardait s'approcher lentement vers lui. Plus d'issus, à moins que, ho non pas celle là, ho non, la chute serait fatale, il se romprait les os à travers les arbres qui cachent cette fine cascade d'une vingtaine de mètres. Puis si par miracle il parvenait à atterrir dans l'eau et non sur les rochers, c'est la noyade assurée qui l'attend. Le petit Jean lança un dernier regard à ses agresseurs, puis leurs fit dos, fit face à l'autre issue, non l'autre mort plutôt, Les hommes le regardèrent avec grand effroi. L'un d'eux s'adressa à lui sous le lourd fracas de l'eau.

- Ho non mais, arrêtes petit, tu es fou !
- Laisses-le Jail ! Il a tout simplement choisit sa mort."

Puis Jean se laissa tomber dans le vide, sans un mot, sans un cri, on n'entendait seulement son fracas à travers les épaisses branches d'arbres qui protégeait la cascade de tout, même des rayons du soleil, seul l'eau était autorisée à passer et non sans difficulté quand même. Les hommes restèrent sans bouger, la scène était figée, puis quand ils n'entendirent plus le fracas de l'enfant sur les branches, ils partirent.

Le cavalier - Un brave, comme son père. C'est bon notre tâche est achevée, mais nullement dans l'honneur. "

Puis il s'arrêta d'un coup.

Cavalier - Quoi, vous avez senti, là comme moi, il m'a semblé sentir une puissance ou un cosmos comme diraient des Guerriers."

Un souffle divin fit basculer Jean juste dans l'eau, miracle se fit, les remous de l'eau arrêtèrent leur vacarme, permettant ainsi à l'enfant à peine conscient alors de remonter à la surface, une intense lumière se dégageait depuis quelques instants de son corps, de là il nagea dans l'eau glacée comme il put jusqu'à la berge, le courant s'inversa et le mena à la berge. Le bras gauche cassé, il marcha péniblement à travers le bois, le soleil fatigué de cette terrible journée se faisait de plus en plus bas. Des hurlements sauvages se faisaient entendre, des loups probablement, mais ils n'inquiétaient en rien le pauvre enfant qui marchait, laissant ses jambes choisir la direction à sa place. Cela faisait quelques heures qu'il errait, se traîner, serrant les dents face à la souffrances émergeant de ses multiples blessures, puis s'écroula à bout de force au bord de la rivière.
Un homme vint, s'approcha de l'enfant qui reprenait conscience, celui-ci se releva très difficilement, tomba, puis se remit sur pied, mit son bras droit en guise de garde.

Jean essoufflé - Weu weu, non, non, je me laisserais pas faire, weu non.
L'homme - Du calme petit homme, ici personne ne te veut du mal, allé du calme. "
C'était un homme d'une trentaine d'année, de taille moyenne, avec une longue veste blanche qui lui arrivait jusqu'aux chevilles, l'air asiatique, il dégageait une aura immense et bienveillante. Un visage qui ne laisse paraître aucune émotion, sauf de la douceur à cet instant.
L'homme - Le destin a fait croiser nos chemins. Je m'appelle Seijuro, et je manie un peu l'art du combat. Si tu es dans un tel état c'est que tu as dut fuir quelque chose, que tu n'as sut te protéger. Je t'apprendrai comment te protéger toi et surtout comment protéger les autres.

(Seijuro)

.. L'enfant me regardait avec curiosité, mais il était un peu plus rassuré à présent, il avait baissé sa garde et s'était remis à terre. Cela devait être la première fois qu'il voyait un japonais, ce qui expliquait sa curiosité. Il était ouvert à de multiples endroits, souffrait de contusions sur la majeure partie de son corps, le bras gauche replié, probablement brisé. Il était à bout de souffle à bout de force, et ne tenait à la vie que par quelques bouts. Comment pouvait-il être encore en vie avec toutes les blessures qui habitaient sont corps ?

- Comment t'appelles-tu petit homme ? "

L'enfant me regarda, hésita, puis avec sa petite voie me dit :

- Jean, je m'appelle Jean.
- Hé bien Jean, tu dois avoir faim et soif non ? Viens, je vais m'occuper de toi. "
..Je le prit dans mes bras et l'emmena jusque chez moi, dans le temple du Guerrier Ri'shar, la panthère ailée. C'est curieux, mais j'ai tout de suite compris pourquoi le ciel avait fait croiser nos routes. J'ai vu dans les yeux de cet enfant un regard que l'on ne trouve que rarement, même chez les plus grands Guerriers. Une telle soif de vie, une volonté plus solide qu'une montagne de roc, et ce qui m'a le plus touché chez lui, c'est sa chaleur, oui sa chaleur humaine, rien que dans la façon dont il m'a regardé pour me remercier de lui avoir donné de quoi reprendre des forces. Jean, je ne sais pas si je vais te conduire sur la voie de Guerrier, même si je n'ai aucun doute que tu en serais un d'exception, mais je ne veux pas te forcer à endurer toutes ces souffrances, tu en as suffisamment enduré pour aujourd'hui. Je lui offrit mon lit et je demeura toute la nuit pensif à l'entrée de la chambre.

.. Le lendemain, alors qu'il n'était encore que tout fragile, il me fit connaître son désir d'aller chez lui quelques instants. Je l'accompagna.
D'après ses indications nous y arrivèrent sans difficultés. Je le laissa quelques instant se recueillir, puis je vit qu'il avait tiré son père jusqu'à un trou, puis qu'il peinait à faire rouler un des assassins dans un autre trou.

- Mais que fait-tu Jean, tu enterre ton père malgré ton bras. Et en plus ce que je ne comprends pas, tu enterre aussi le corps de ces assassins.
Jean - Oui, mon père parce que c'est mon père, et aussi parce qu'il le mérite plus que tout autre. Il a donné sa vie pour moi, il s'est sacrifié, comme l'a fait ma mère pour moi. Eux, je les enterre aussi même s'ils voulaient me tuer, je le fais parce que maintenant ce n'est plus que des cadavres, tout le monde mérite d'être enterrer, qu'importe ce qu'ils ont fait auparavant, maintenant ils sont morts.
Seijuro - Attends, je vais le faire. "

Ensuite Jean posa une fleur sur chacune des tombes, puis se mit à genoux sur celle de son père.

Jean - Merci papa, merci pour ma vie, je te promets que je protégerai le bien comme tu l'as fait, je te le promets. "

Puis nous rentrèrent en silence.

**

Fleur Samoa arrachée.

..Sur une petite embarcation, dans les bras de l'Océan Pacifique, Mendoza s'approche d'une île, l'un des pêcheurs sur le bateau annonce :

- Nous arrivons aux îles Samoa, nous vous y déposons et ensuite nous viendrons vous récupérer. Vous savez les pêcheurs étrangers sont très mal vus ici.
Mendoza - Ce ne sera pas nécessaire, je n'en ai pas pour longtemps, juste le temps de débarquer et voilà. "

.. L'océan est calme, l'embarcation semble voler sur la transparence de l'eau, de magnifiques terres leurs font face, déjà les habitants les attendent en chantant sur la plage. Le bateau arrive, Mendoza saute dans l'eau qui lui arrive jusqu'aux genoux et marche jusqu'à la plage, évite une femme qui lui présente un collier de fleurs, se dirige tout droit vers celui qui semble être le chef du village, ignorant totalement les autres qui l'entourent. Le chef du village est assez âgé, de nombreux tatouages arborent son corps, il est assez petit, chétif. Celui-ci :

- Nous vous attendions, l'enfant est là, il est prêt. Vous verrez, malgré son jeune age et son sale caractère, il présente des qualités indéniables pour être un grand combattant. " Il appelle. " Havai'i Nui ! Tu viens mon enfant. "

.. Un petit garçon arrive de derrière la foule qui se presse autour du visiteur. Il n'a que six ans, le teint bénie par le soleil, les cheveux plongeant jusqu'au bas du dos, un tatouage en cercle sur le biceps droit et une fleur tatouée au niveau du cœur, l'air confiant, il gonfle son torse pour paraître plus fort, tentant ainsi de se montre le plus courageux, sachant vaguement ce qui l'attend.

- Bonjour, je m'appelle Mendoza, et je serai ton maître, je ferai de toi un guerrier du Dieu Hermès. "

Havai'i Nui lui dit bonjour en acquiesçant de la tête, puis après avoir embrassé ses proches, il part avec l'étranger donner sa vie à un dieu dont il n'a jamais entendu le nom. Le bateau s'éloigne de l'île, l'enfant la regarde s'éloigner, et essaie difficilement de dissimuler sa peine derrière ses yeux. Il quitte sa terre paradisiaque pour une autre qui n'y ressemble en rien.

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Cette fiction est copyright Sébastien Mourgues.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.