Premier Age Chapitre 5 : Renaissance


Les chevaliers étaient tous représentés par une constellation, nous pouvons en déduire qu’il existait 88 chevaliers.
Chacun d’entre eux possédait une protection nommée ‘armure’ ou ‘cloth’, ce qui peut se traduire par ‘vêtement’, voire ‘soutane’ (n’oublions pas qu’un chevalier était parfois appelé ‘saint’).
Il existait vraisemblablement trois types d’armures.
Les armures de bronze étaient déjà d’une grande solidité. Elles étaient constituées d’un alliage non identifié. Leur seule faiblesse était de ne protéger que les points vitaux du corps, tels que la tête et la poitrine, mais aussi les genoux, les poignets ou encore les épaules.
Les armures d’argent étaient de loin plus résistantes, mais à cette échelle cela ne faisait plus de différence, sauf bien sûr pour un autre chevalier. Ces armures étaient plus larges que les armures de bronze, recouvrant entièrement le buste et les jambes.
Les armures d’or, en plus d’être d’une résistance encore bien supérieure, étaient de véritables 'armures complètes', protégeant entièrement le corps des chevaliers qui les portaient.
Le spécimen appartiendrait vraisemblablement à cette dernière catégorie.
Peut-être existait-il d’autres sortes d’armures. Aucune information ne permet de prouver ou d’infirmer une telle idée.

Extrait d’un rapport sur la chevalerie sacrée et sur le Sanctuaire, financé par la fondation Graad et mené par le père Jacob


~ 0 ~


" Io de Scylla, sous votre commandement."

"Je me demande quand même. Amour, compassion, pardon, tout ça. Est-ce cela que seigneur Poséidon veut détruire ?"

"Très drôle!Comment oses-tu prétendre pouvoir tous nous vaincre?"

"Je ne laisserais personne mourir de mes mains sans qu’il connaisse mon nom.
Je suis Io, général de Scylla, guerrier de Poséidon."

"Si tu n’avais pas été à la hauteur, jamais je n’aurais été capable de frapper Aldébaran."

"Je vais attaquer et vaincre cet ennemi. "

"La cause qu’a embrassée notre seigneur, celle pour qui je me battrais jusqu’à la mort, c’est la sauvegarde de la Terre."

"BIAN!!
Oh non, Bian!!!"

"Je fais la demande d’affronter seul le chevalier du Lion."

"Je suis Io, général de Scylla au service de Poséidon, et je veillerais à ce que ton sang souille ce sol que tu chéris tant. "

"Connaître ma technique? Ha! Dire cela et être en vie et un paradoxe."
"Apprends que Scylla, que représente mon écaille, fut transformée par Circée en monstre marin."

"Non!
Non! Je refuse de le croire! Ce n’est pas possible, non!"

‘Vaincu … Complètement …
… je ne peux pas … l’accepter …
… je ne veux pas … terminer comme … cela …
… à quoi me sert ma … volonté …?’

"Je … suis … Io …"


~ 1 ~


Une minute de tension.
Longue …
Longue et patiente.
Semblable au calme malsain, celui qui précède l’imminente et mortelle tempête, celle qui emporte de pauvres âmes vers la certitude des kères noires.
Et ils attendent, les hommes, tout impuissants qu’ils sont. Leurs destins les suivent, et quand l’heure viendra pour eux de se faire rattraper, alors, il y aura bien des peines.
Ainsi se déroule cette minute funeste, cette ultime tension qui éprend six guerriers de légendes, dans la sage maison de la Vierge, où tout n’est qu’esprit.


~ 2 ~


Un instant auparavant

"La maison de la Vierge, la sixième gardienne du Sanctuaire sacré d’Athéna …
- … la voici enfin."
De brefs mots, vides de sens car évidents, que s’échangent deux guerriers à l’approche d’un nouveau champ de bataille. Mais telle est pourtant l’irrémédiable vérité. Les deux hommes ne sont plus qu’à un pas de la sage Maison de la Vierge, et donc de son gardien.
"Le chevalier de la Vierge, le sixième gardien de la chambre du grand pope, nous allons devoir l’affronter.
Général Dragon des Mers, que sais-tu de ce chevalier?"
Ainsi s’enquiert Krishna, l’homme à la longue chevelure blanche, auprès de son commandant Kanon du Dragon des Mers. Ce dernier jette un regard hargneux sur le général de Chrysaor. Et ses mots n’expriment aucune sympathie.
"C’est un homme.
- Dragon des Mers, ne crois-tu pas qu’il serait temps de penser à nos objectifs? Ta maîtrise de la situation durant le combat contre le chevalier du Taureau m’a persuadé que de fait tu en savais plus que tu ne voulais en dire. Cela n’a heureusement pas eu de conséquence, toutefois tu n’as pas à cacher des informations. Si tu sais quelque chose, il serait plus sage de m’en faire part."
Krishna parle avec calme, mais même les choses les plus solides se fissurent à force d’assauts, et ainsi est la patience du général de Chrysaor.
Mais pour une fois, Kanon ne laisse pas l’ambiance redevenir malsaine et si dangereuse.
"On dit que c’est …
… Bouddha.
- Que dis-tu?"
L’homme à la lance cesse de courir. Et son camarade l’imite.
Quelle étrange situation!
"Répètes ce nom !"
C’est bien lentement que l’homme de pouvoir répond, alors, sur l’escalier chaud, à deux pas d’un lieu sacré.
"Selon la rumeur, il s’agirait de … Bouddha.
- Bouddha, tu dis? Mensonges!
- Il s’agit de rumeurs, bien sûr. Le chevalier de la Vierge serait l’être le plus proche de Dieu, à la sagesse parfaite, l’indéniable réincarnation de Bouddha."
Quelle expression surprenante, sur le visage sérieux du général de Chrysaor!
Incrédulité, doute, stupeur, autant d’émotion qu’à présent l’homme d’arme ne cherche pas à cacher. Il sait pourtant être habitué aux mensonges et demi vérités de son compagnon, celles qui souvent menacent de faire éclater une mortelle et sanglante dispute. L’information, oui, Kanon la manipule avec soin, mais cela n’a jamais inquiété Krishna, car son intelligence lui permet de lire en son commandant. Mais cette fois, Krishna comprend que ces paroles sont vérités.
Il le sonde une dernière fois, par un regard en biais, peu agressif mais plein de sens, l’air de dire ‘je te crois, Dragon des Mers, mais je me méfie néanmoins de toi’.
Et enfin, remuant des pensées pleines d’amertume, le général hindou, suivi de prés par Kanon à la force prodigieuse, reprend la route de la destruction.


~~~~~


Le chevalier de la Vierge, le guerrier d’or, défenseur sacré d’Athéna et gardien de la sixième maison du Sanctuaire, se tient là. Sa présence inspire une sérénité craintive, car rien dans sa posture ne laisse sous-entendre qu’il s’apprête à livrer un combat de mort. Il semble attendre patiemment, tranquille, les yeux fermés, dans la position du …
"La position du lotus.
C’est donc vrai."
Krishna, pris d’une surprise sereine, fait bien allusion aux paroles pleines de sens de celui qui se fait appeler Kanon du Dragon des Mers, le général commandant au service de l’Ebranleur du Sol, le divin Poséidon.
L’instant ne dure pas, car déjà le chevalier se relève. Nul ne saura jamais pourquoi cet homme, dont on dit qu’il est l’égal de Dieu, reconnaît en ces assaillants suffisamment de valeur pour l’inciter à briser sa méditation. Peut-être que d’autres guerriers moins vaillants ne l’auraient pas ainsi contraint à faire face, en ce moment de malheur.
Alors que les généraux restent sur la défensive, tels deux fauves prêts à bondir, fixant d’un regard attentif celui qui va devenir leur adversaire, le chevalier de la Vierge termine de se redresser. Sa voix, enfin, emplie l’architecture d’une sonorité qui inspire sagesse et spiritualité.
Et ses mots doux s’adressent au plus autoritaire de ses ennemis.
"Toi que l’on appelle le général du Dragon des Mers, et qui par tes paroles funestes a provoqué cet affrontement mortel, enlèves donc ton casque, que je puisse te voir. Tout en toi me rappelle une personne que j’aurais connue, mais que, hélas je ne parviens pas à identifier."
Kanon sent sa gorge se nouer, avalant sa salive avec douleur.
‘C’est lui’, se dit-il dans un vent de panique. ‘C’est lui qui va reconnaître le sosie de celui qui fut le chevalier des Gémeaux, mon frère Saga’.
Il regarde du coin de l’œil son compagnon Krishna, qui lui fait presque face, et lui lance un regard accusateur.
Pour Krishna, il a toujours été logique que Kanon soit celui qui ait le plus de pouvoir, parmi les sept généraux de Poséidon. Quand lui-même était parvenu pour la première fois au Sanctuaire sous-marin, Kanon déjà était présent, et il commandait tout le monde, y compris les quelques autres généraux qui avaient déjà embrassé le dessein de leur seigneur Poséidon. Quand le dieu réincarné était arrivé, c’était déjà quelques années plus tard, il avait reconnu Kanon, et aucun autre marinas, fut-il général. Dés lors, Poséidon possédait le pouvoir absolu sur le Sanctuaire sous-marin. Malgré cela, Kanon continuait de donner des ordres, se contentant d’en soumettre quelques-uns à leur seigneur. Et ce dernier, invariablement, acquiesçait.
Tout cela n’avait pas vraiment choqué Krishna, et c’était par pure curiosité qu’il s’était entretenu avec les autres généraux. C’était un an avant l’arrivée de Poséidon, et les réponses étaient toutes les mêmes.
"Il avait déjà autorité à mon arrivé", avait avancé le général de la Sirène Maléfique, dont Krishna reconnaissait l’intelligence. "Contester son pouvoir, alors qu’il porte une écaille et que sa présence ici est plus ancienne que la mienne, je ne vois pas l’intérêt de le faire. De plus, il prétend avoir parlé au seigneur Poséidon, et je n’ai pas de raison de mettre sa bonne foi en doute. D’après lui, Poséidon s’est déjà réincarné, et nous rejoindra dans quelques années. Nous verrons alors si nous devons continuer à lui obéir, ou bien le condamner comme un traître."
Les autres généraux se contentaient d’accepter les ordres de Kanon, sans rien y redire. Krishna se disait toujours qu’une telle absence d’esprit d’initiative serait une source de problème, si d’aventure l’ambition de Kanon devenait prioritaire sur les rêves de Poséidon.
Mais, comme le général du Dragon des Mers l’avait prédit, Poséidon était arrivé. Il l’avait reconnu, lui seul, Kanon, et lui avait fait confiance pour l’organisation militaire du Sanctuaire sous-marin.
En fait, rien n’avait changé.
Tout cela n’apportait hélas aucune information quant aux origines de Kanon. Se pouvait-il qu’il ait un lien avec le Sanctuaire? Etait-il concevable qu’il ait été lui-même chevalier? Il était vrai qu’à aucun moment Kanon n’avait retiré le casque de son écaille, durant cette offensive mortelle. S’il ne l’avait fait, était-ce dans le but logique de ne pas affaiblir sa protection ou bien ...
... ou bien d’éviter qu’un chevalier d’or ne le reconnaisse?
Telles sont les pensées de Krisna, ainsi parle son regard accusateur, et ainsi le comprend le général du Dragon des Mers. C’est pourquoi ce dernier change brutalement de sujet.
Et alors il adresse au chevalier de la Vierge des mots agressifs.
"Qui es-tu, chevalier, pour me donner des ordres? J’ajouterais que le fait que j’ôte une partie de ma protection ne te serait d’aucune utilité, compte tenu que toujours tu gardes tes yeux clos".
Un sourire navré éclaire le visage de l’homme à la grande sagesse.
"Je suis Shaka, chevalier d’or de la Vierge, défenseur d’Athéna.
- Tu dis t’appeler Shaka?"
C’est le général de Chrysaor qui vient de parler, alors qu’enfin le gardien de la maison sage se présente.
"Tu prétends donc être la réincarnation de Bouddha?
Hélas pour toi, je ne suis pas disposé à te croire sur parole, et tu n’es pas seul à posséder un nom à la signification profonde. Je me nomme Krishna, et je suis général de Chrysaor, au service de Poséidon.
- Krishna? Krishna est le nom de la huitième incarnation de Vishnu, le successeur de Bouddha. Comme c’est étrange. J’ai l’impression que nous étions destinés à nous rencontrer, général de Chrysaor."
Ainsi parlent les deux guerriers les plus spirituels des armées divines d’Athéna et de Poséidon.
"Quant à moi, je suis Kanon, général du Dragon des Mers, et commandant des forces armées de Poséidon. Chevalier de la Vierge, j’ai entendu parler de toi, et je reconnais en toi un adversaire de grande valeur.
- Kanon, tu …", commence à dire Krishna, sur un ton presque hésitant.
Mais le général commandant ne lui laisse pas le temps de terminer sa phrase.
"Shaka de la vierge, tu devras te battre contre nous deux, et j’affirme que tu seras vaincu.
- J’en doute.
- Quoi ?"
Les mots de Shaka sont simples et pleins de sens.
"Vous ne parvenez pas à régler de simples différents internes. Vous agissez comme un rassemblement de guerriers individualistes, telle est la raison qui me pousse à ne pas m’inquiéter de votre avance à travers les Maisons sacrés. Vous n’êtes pas une équipe, et aucun de vous deux n’est en mesure de me vaincre en combat singulier."
Kanon veut répondre, mais ses mots meurent au bord de ses lèvres. Ils meurent, alors que le doute à grand fracas le frappe.
Le chevalier de la Vierge n’a-t-il pas raison? Comment vouloir vaincre des ennemis aussi accordés entre eux que les chevaliers d’or, alors qu’eux-mêmes, généraux, sont au bord du conflit ? Tout cela semble si évident, à présent! Kanon peste contre lui-même. Seule l’intervention de Krishna lui fait se rappeler sa fierté de général.
"Commandant Dragon des Mers, les paroles du chevalier de la Vierge sont pleines de sens, mais c’est à nous de lui donner tort.
- Mmh ?"
Le regard de Kanon est interrogateur.
"Tu as quelque chose à proposer.
- Je souhaite affronter Shaka en combat loyal.
- Ta requête est en contradiction avec ton analyse, en as-tu conscience?
- J’ai bien compris, mais je ne tiendrais compte de l’observation de Shaka qu’au delà de sa maison. Il est mon adversaire, c’est évident.
- Seule notre collaboration nous permettra de venir à bout de notre mission.
- ‘Notre’ mission?"
Krishna a insisté sur le premier mot et Kanon grince des dents.
Est-il déjà trop tard? La mort de Bian fait prendre à cet assaut un caractère absolu. Avec une perte telle qu’un général, il devient impossible de faire demi-tour et de remettre l’offensive.
Quel discrédit se serait au regard de Poséidon et du Sanctuaire sous-marin? Kanon comprend à présent qu’il s’est fixé trop d’objectifs dans cet assaut. Désormais, Krishna doute de lui, et il ne sera pas facile de regagner sa confiance.
Kanon cherche désespérément une échappatoire.
‘Je dois bien être capable de faire quelque chose’, se dit-il. ‘Je suis quand même …’
La solution!
"Krishna, je te rappelle que je suis le commandant de cette offensive. J’ai reçu l’aval de Poséidon, tu ne peux le nier. Me désobéir revient à trahir Poséidon."
Krishna fronce les sourcils. Qu’y a-t-il à répondre à cela?
"C’est pourquoi tu combattras de la façon que je t’indiquerais. Et voici mon ordre.
Nous allons attaquer le chevalier d’or de la Vierge en même temps."
Kanon est tout de même inquiet, car de la réponse de Krishna dépend à présent la réussite de la mission.
Shaka observe la scène d’une attention amusée. Lui n’est guère pris de panique, car il a compris la situation depuis le début.
Krishna, quant à lui, garde un air partagé, où le doute et l’insatisfaction se mêlent. Il est partagé entre son désir et son devoir, de même que les doutes qu’il a à l’égard de son supérieur le fait hésiter sur l’attitude à adopter. Mais c’est la raison qui l’emporte, finalement, et d’un seul mot, c’est l’assurance du chevalier de la Vierge qu’il brise.
"Soit."
Quel sourire plein de satisfaction s’affiche alors, glorieux, sur le visage de Kanon. Pour la première fois depuis leur arrivée dans la sage Maison de la Vierge, Kanon se permet de faire face à son adversaire sans se laisser distraire.
"Très bien, le combat aura donc lieu."
C’est maintenant une certitude, un combat sanglant va opposer le chevalier d’or de la Vierge à ces deux guerriers fabuleux que sont les généraux de Chrysaor et du Dragon des Mers. Un combat mortel, où deux hommes vont se battre contre un seul, convaincus que tel est le seul choix qu’il leur reste.
Déjà, les cosmoénergies commencent à s’intensifier.


~~~~~


"Un instant!"
Deux mots simples, qu’on aurait prononcés sans prévenir, et qui prendraient tout le monde de court. Deux mots qui viendraient de derrière la sage Maison de la Vierge, là où nul n’est censé être. Deux mots, sobres, qui feraient avorter un combat imminent, qu’un instant supplémentaire aurait fait éclater.
Tout le monde est déconcentré, à présent. Quel est donc cet être qui vient d’une seule parole de semer le doute chez trois guerriers de légende? Quelle personne pourrait se tenir à l’instant même entre le chevalier de la Vierge, Shaka proche de Dieu, et la sortie de cette maison où tout n’est qu’esprit?
Le soleil éclatant jette ses rayons de lumières, éblouissant trois hommes, ne leur laissant qu’une silhouette indistincte se superposer à la sortie si lointaine du lieu. C’est un homme. C’est un guerrier, la forme inhabituelle de son vêtement le laisser deviner, en particulier ces deux grandes cornes qui ornent son casque.
Son casque? C’est donc un chevalier, probablement un chevalier d’or. Voilà qu’il s’approche. Ses pas sont lents. Bientôt il sera possible de l’identifier!
Enfin, il est possible de le voir, de l’observer. Une armure d’or étincelante, une courte chevelure noire, un regard vif. Qui est-il? S’il s’agit vraiment d’un chevalier d’or, et c’en est vraisemblablement un, que fait-il ici, hors de la Maison qu’il est censé protéger? Est-il venu de sa propre initiative? Ou bien est-ce une autorité supérieure qui lui a dicté de se comporter de la sorte?
Les réponses ne sauront tarder à arriver, car le chevalier de la Vierge, Shaka semblable à Bouddha, le reconnaît. Et il s’adresse à lui, dans un soupire, avec des mots empennés.
"Que fais-tu ici, Shura, ta place est dans la maison du Capricorne.
- Le chevalier du Capricorne?"
C’est Kanon qui ainsi interroge. Mais bien vite il se tait, préférant jouir du spectacle agréable d’adversaires en désaccords, dont seul Shaka a jusqu’ici profité.
"C’est bien moi, Shura, chevalier d’or du Capricorne, défenseur d’Athéna …", continue le nouvel arrivé.
- … et défenseur de la Maison du Capricorne.", répond avec soin celui qui conserve son calme avec une aisance délicieuse.
"Shura, je réitère ma question. Ta place est dans la maison du Capricorne, la dixième Maison. C’est un lieu important à protéger. Au delà, il ne reste plus que deux Maisons à franchir avant la chambre du grand Pope, et ce n’est pas sans raison que les chevaliers d’or sont ainsi organisés à travers les douze maisons. Que deviendrait Athéna si d’aventure un ennemi parvenait à se retrouver en une position plus avancée ? Quel chevalier d’or le retiendrait si tous ont préféré venir au combat plutôt que de protéger leurs Maisons?
Ta présence ici met la vie de notre déesse en danger. C’est pourquoi je te pose la question.
Quel est le sens de ta présence ici?
- C’est pourtant évident, Shaka. Comptes nos adversaires, cela devrait t’aider à comprendre.
- Essaierais-tu de me dire que tu es venu dans l’objectif de m’aider à combattre?"
Shura esquisse un sourire machiavélique. A la façon qu’il a de regarder son frère d’arme chevalier, Shaka d’apparence divine, il est clair que la réponse à cette question ne sait pas être catégorique.
Kanon, de son côté, se régale du retournement extraordinaire de la situation, de cette formidable ironie qui viendra entretenir ses railleries envers le camp d’Athéna, et envers le chevalier de la Vierge.
"T’aider à combattre?", c’est le chevalier du Capricorne qui continue.
"Si l’on veut, oui, c’est un peu ça.
Quoi qu’il en soit, tu ne peux rien faire contre ma présence ici. Elle est la conséquence d’un ordre du grand Pope.
- Que dis-tu?"
Shaka à la sagesse légendaire garde son air calme, serein, tranquille, mais dans le fond, il semble enfin, et pour la première fois, concerné par l’offensive de Poséidon. Et ce changement d’attitude ne vient pas d’un général, mais bien d’un chevalier d’or.
Toujours les yeux fermés, privé de sa vue, Shaka jauge son camarade, sa sincérité, et même une partie de ses motivations. Du coin de l’œil, au sens métaphorique du terme, il reste tout de même attentif aux deux généraux qui, immobiles, regardent la scène, presque avec amusement.
‘Nous ne sommes plus en supériorité numérique’, se dit Krishna. ‘Voilà ma chance d’affronter seul cet adversaire qui m’est si proche.’
Quant à Kanon, c’est avec cette arrogance et cette assurance qui lui est si propre qu’il observe les événements. C’est vrai, un instant auparavant, un doute l’a saisi. Il a, l’espace d’une seconde, vu les choses sous un aspect vraiment négatif. Mais c’est terminé, à présent.
Et ils parlent, les chevaliers! Shaka n’exprime aucune émotion, aucun agacement, aucune impatience, mais il y a ce léger doute, cette subtile ambiguïté dans les événements. Pense-t-il vraiment pouvoir vaincre, seul et d’un seul coup, deux des plus puissants généraux, l’élite divine de Poséidon Ebranleur du Sol?
Apparemment, ce qui semble piquer le chevalier de la Vierge n’est pas lié à une histoire de rapport de force. Il semble avoir vraiment confiance en sa victoire. Que ne s’étonner que le grand Pope, la plus haute autorité au Sanctuaire, seul apte à visiter Athéna, puisse vouloir envoyer un soldat en renfort!
"Shura, que t’a ordonné le grand pope, précisément?
- Et bien, je dois … veiller à ce que ce général signe par son trépas la défaite de cette vaine offensive."
Shura désigne l’homme à l’écaille du Dragon des Mers. Ce dernier écope d’un autre de ces regards soupçonneux de la part de son camarade Krishna, mais toutefois il reste de marbre, un peu moins satisfait, peut-être.
"Sont-ce bien là ses mots, Shura? Pourquoi n’a-t-il pas donné cet ordre au chevalier du Scorpion?
- Qu’y puis-je si le grand Pope a plus confiance en moi qu’en lui? De plus, il semble que je sois l’adversaire tout trouvé pour …
… notre ami à la lance mortelle!"
Cette fois, tous les regards se tournent vers le général de Chrysaor. Les deux généraux échangent un coup d’œil d’incompréhension. Mais les chevaliers semblent enfin parvenus à se mettre d’accord. Ils font tous deux face aux généraux, à présent.
Comprenant que le temps n’est plus au bavardage, les hommes en écailles se préparent à mener cet assaut mortel.
"Kanon?", Krishna interroge son commandant d’un seul mot.
"Comme tu veux", telle est sa réponse.
"Je prends le spirituel".
Deux généraux savent finalement être brefs et efficaces dans leurs propos, quand la situation l’exige.
Déjà, les cosmoénergies commencent à s’intensifier.


~~~~~


Quelle ironie!
Quel hasard prodigieux permet aux événements de tant se ressembler!
Deux inconnus se croisent sur une route marchande, se reconnaissent, sont amis. Quelle surprise pour eux! Mais voilà que l’un d’eux a une course importante à faire. Doit-il dépêcher cette rencontre opportune, pensant d’abord à son travail, et au besoin de celui qui, quelques jours auparavant, lui aurai commandé une marchandise? Doit-il laisser de côté son sens du devoir, échangeant de fraternelles salutations à ce frère qu’il croise?
En général, la curiosité l’emporte, et le coursier stoppe sa route, le temps, au moins, de respecter un certain protocole, de prononcer une parole serviable.
C’est ainsi que, pourtant fort occupés à invoquer les noms de leurs symboles vivants, quatre guerriers choisissent d’interrompre leurs préparations au combat, préférant être attentifs aux événements.
Car cette fois encore, une ombre s’est glissée à l’intérieur de la sage Maison de la Vierge, et a par deux mots simples avorté les mouvements vifs qui donnent la mort, la guerre sanglante qui rassasie Arès.
"Un instant!"
La silhouette impose sa présence avec une assurance méritée. Encore une fois, un chevalier d’or vient de remettre l’assaut à un instant supérieur. Deux des guerriers sont des généraux, l’élite des armées de Poséidon. Kanon et Krishna sont leurs noms, et grandes sont leurs puissances. Les deux hommes jaugent d’un œil inquiet l’intrus. Cette personne qu’ils reconnaissent …
"Le chevalier du Lion …", souffle Krishna, l’homme à la lance merveilleuse.
"Que fait-il ici?"
Kanon du Dragon des Mers ne prend pas la peine de répondre. Il ne le peut pas. Un pressentiment terrible vient de s’emparer de sa conscience.
Kanon, l’homme aux mille pouvoirs, le guerrier le plus haut gradé de l’empire du Dieu vivant Poséidon, le cerveau de l’offensive sur le Sanctuaire, ne parvient pas à faire cesser ces voix dans sa tête.
‘Io est mort’.
Il refuse de le croire, car si cette intuition doit se révéler être fondée, les conséquences seront abominables. Toute sa stratégie aura été un échec.
‘Io est mort’.
Et à présent, sa vie même sera en danger. Cela n’est en aucun cas une chose concevable.
"Le général de Scylla est …
- SILENCE!"
Kanon vient de pousser un cri. Est-ce cela être à bout de nerfs? Perdre le contrôle de soi? Hurler ainsi?
Le général du Dragon des Mers ne peut s’y résoudre.
‘Tout projet a ses moments de crises’, lui avait dit quelqu’un, en un jour qui lui semblait bien lointain.
‘Tout projet a ses moments de crises. Il ne reste alors que deux possibilités. Se soumettre, ou être plus grand encore.’.
Telles étaient les paroles fameuses, celles qui aujourd’hui redonnent courage et force à celui qui sent la situation échapper à son contrôle. Bien vite il se ressaisit. Le destin de son frère d’arme, maintenant, il est prés à l’accepter.
"Le général de Scylla est …
… mort."
Quel fait absurde. Quelle vérité inconcevable. Io serait mort? Impossible!
Qui l’aurait tué? Cette question à la réponse simple ne sait pas être une explication satisfaisante pour le général Kanon. Le chevalier du Lion se tient droit, fier, sûr de lui, indemne et avec une vitalité parfaite. Qui pourrait affronter un général de Poséidon, fut-il de la valeur de Io, et narguer avec une telle aisance d’autres adversaires, un seul instant plus tard?
Tout le monde se tait, au moment où Aiolia fait un pas de plus en direction de nouveaux adversaires. Les questions ne manquent pas, mais qu’est-il besoin de parler?
Si ce chevalier se tient ici, la seule vérité possible est que sa victoire sur le général de Scylla a été …
"Ecrasante, c’est bien cela."
Aiolia met un terme au silence.
"Io est mort terrassé par la force parfaite du Lion. Et me voilà, prêt à être votre exécuteur."
Un instant de plus, et le chevalier du Lion se tient en garde, montrant ouvertement son désir de passer à l’action sans plus de délais.
Shaka, l’ultime défenseur de la Maison de la Vierge, aurait pu trouver à redire à la présence du Lion, mais il ne dit mot. Lui aussi se tient droit, prêt à l’attaque.
Shura ne cache pas son sourire satisfait, et jette un coup d’œil de défie à l’attention de celui qu’on nomme Krishna de Chrysaor.
Le guerrier hindou échange à voix basse quelques mots ultimes avec son frère d’arme.
"Dragon des Mers, nous avons un …
- Un problème? Seuls ceux qui pensent en avoir en ont.
- Nous sommes inférieurs en nombre, et l’un d’entre eux a battu Io en une minute.
- Il ne t'a guère fallu plus de temps pour défaire un chevalier d'or, tu te rappelles?
- Le Cancer …
- Ecoutes-moi Krishna, le temps n’est plus à parler, voilà la stratégie. Tu attaques le Capricorne avec ton attaque la plus puissante. Tu dois t’en débarrasser d’un seul coup. Je ferais de même avec le chevalier du Lion. Ensuite, on bloque l’attaque de la Vierge du mieux qu’on le peut. Il sera seul contre nous deux.
- Ca ne risque pas d’être si simple.
- Qu’importe, il faut essayer. En avant."
Ils sont cinq à présent, à vouloir se déchirer, tous autant sûrs d’eux, confiants en la victoire.
L’instant est terrible, car cinq êtres sont sur le point de s’entre-tuer!
Déjà les cosmoénergies commencent à s’intensifier.


~~~~~


L’explosion d’un cosmos! Une énergie démesurée qui d’un seul coup s’élance à travers la sage Maison de la Vierge! Une attaque imprévisible! Inattendue!
Et illogique …
Le coup vient de derrière Aiolia, le prenant à dépourvu. Tout occupé qu’il est alors à préparer son propre assaut mortel en direction des deux généraux ennemis, le chevalier du Lion ressent cette formidable pression un seul instant avant qu’il ne soit trop tard. Ce n’est pas dans ses habitudes de se faire attaquer de dos. Aiolia pense même que tel est le comble de la lâcheté : qui pourrait prétendre à une victoire glorieuse sans avoir laissé le temps à son adversaire de se retourner?
Mais Aiolia est tout de même un chevalier d’or. L’unique fraction de seconde qu’il lui reste lui est bien suffisante pour qu’il parvienne, par un déplacement souple, à s’éloigner de la trajectoire de cette forme de combat si opportune.
Mais quelle puissance dans ce coup!
Que de blessures aurait souffert le chevalier du Lion si de plein fouet l’impact violent l’avait frappé! Mais le danger est écarté, à présent. Il ne faut guère de temps à l’assemblée de la Maison de la Vierge pour identifier clairement le responsable de cette nouvelle perturbation.
Pour la troisième fois l’imminence du combat s’est vue avortée, et pour la troisième, un intrus supplémentaire en est la cause.
"Je vois", souffle Aiolia, plus blasé que surpris.
"J’avais donc raison. Ton grade de général, tu en es digne, général de Scylla. Serais-tu parvenu à te relever dans le but de perdre à nouveau ton combat?"
Il faut imaginer le moment incroyable qui mêle six personnages de légende dans cette alternative originale.
Le marionnettiste, le tireur de ficelles, omnipotent dans son univers, veille à ce que jamais son héros reste seul, sans adversaire à affronter, le temps d’une joute verbale, ou celui d’un combat sanglant. Mais lequel de ces héros saurait être plus solitaire que celui qui, accompagné par un trop grand nombre de compagnons, ne sait plus trouver un de ces farouches ennemis, qu’il puisse affronter en un duel formidable?
C’est pourquoi à nouveau les forces s’équilibrent, dans l’architecture ancienne de la Maison de la Vierge.
Ils sont six, à présent! Et ce ne sont pas les moins vaillants, certes non! Chacun d’entre eux donnerait suffisamment de travail pour une génération de conteur, ceux-là même qui à présent ne pourrait transcrire avec fidélité cet instant hors du temps où le légendaire chevalier du Lion, Aiolia à la force digne d’Héraclès, adresse à sa victime ces mots vides de compassion.
"Ton grade de général, tu en es digne, général de Scylla."
Ainsi parle-t-il.
"Serais-tu revenu des morts pour perdre un nouveau combat?"
Et tels sont ses mots. Mais le guerrier qu’il affronte ainsi, avec sa posture digne et son armure légendaire indestructible, lui aussi sait parler.
"Tu fais erreur, Aiolia.
- Pourquoi dis-tu cela? prétendrais-tu pouvoir vaincre un quelconque adversaire, à présent? Je t’ai complètement écrasé lors de notre affrontement. Je vois que tu possédais une autre technique de combat, et il est vrai que j’aurais souffert de la subir. Mais hélas pour toi celle-là aussi je l’ai évitée. Alors que veux-tu faire?
- Tu ne m’as pas compris.
- Que dis-tu?
- Tu n’as pas compris à quoi je fais allusion, quand je dis que tu fais erreur.
- Mmh …"
Aiolia, Io, ils ne sont pas seuls, non. Il y a encore deux autres généraux, et en face de chacun d’eux se tient tout droit un chevalier sacré. Ils pourraient, c’est vrai, ignorer la discussion nouvelle qui vient encore retarder le moment funeste de la déclaration du combat, mais tous ils écoutent, car le général, dont on voit qu’il a été vaincu, s’apprête à dire une vérité. Dans quel état misérable se trouve-t-il! Son écaille, la protection valeureuse et réputé indestructible dont jadis Poséidon lui a fait don, n’est plus qu’une épave malheureuse. Et ces plaies qui tragiquement meurtrissent la chair de l’homme! Comment peut-il tenir sur ses jambes? Quel être sur Terre aurait la force de caractère pour se relever après avoir subit de telles blessures? Quelle volonté serait suffisamment grande pour permettre un exploit pareil?
La réponse, lui seul la connaît, et tant qu’il n’aura pas offert ces mots de vérité, nul ne voudra prendre le risque de ne pas les entendre. Voilà pourquoi tous n’ont d’attention que pour celui qui se faisait appeler le général de Scylla.
"Aiolia, ton combat s’est soldé par une victoire écrasante, et c’est avec la sincérité que m’impose le respect que je dois à un guerrier de ta valeur que je te fais part de l’inébranlable vérité.
Celui qui se faisait appeler Io de Scylla est …
… mort.
- Mort, tu dis?"
Le moment est tragiquement long. Quelle valeur accorder aux paroles troublantes?
Io de Scylla serait mort? Que ferait-il alors, meurtris certes mais néanmoins réel, debout sur ses jambes bien droites, la tête haute et l’œil vif, à l’entrée de la Maison de la Vierge où tout n’est qu’esprit?
"Général, tes paroles n’ont aucun sens.
- Il est possible de me reprocher mon approche métaphorique de ce qui m’est arrivé, alors qu’à grand fracas je mordais la poussière, et que désespérément je cherchais une sortie à l’agonie de mon honneur.
Mourir sans même porter un coup à mon adversaire? Je n’ai pas pu m’y résoudre. Aussi longtemps que mes genoux me porteront, je ne tolérerais pas une chose pareille." Il parle, le général, celui qui prétend être mort. Ses mots semblent comme emplis de sagesse, détenteurs de vérités. Krishna, l’homme à l’intelligence suprême, Kanon, le général aux mille pouvoirs, ne reconnaissent pas celui qui les a accompagné dans cette offensive au sens si ambigu. S’agit-il vraiment de Io? Ce même Io qui s’était laissé guider jusque dans ses actes? Et ce regard! Vif, assuré, celui d’un homme grand. Kanon, de mémoire, n’a jamais vu ça, durant ces années passées à dresser la route de l’accomplissement de la volonté de leur majesté, le seigneur Poséidon roi des sept mers.
Et cela devient certitude. Ce n’est pas Io qui se tient là, tout droit. Ce n’est plus Io qui parle.
"Scylla, qu’incarnait mon écaille, était une nymphe d’une très grande beauté. Mais Circée, dans sa jalousie, la changea en monstre marin. Scylla est décrite comme se tenant sur un rocher au bord d’un détroit terrible, et lorsqu’un navire malheureux s’en approchait, c’était six marins qui disparaissaient.
Toutefois …
Toutefois, Scylla n’était pas la plus crainte, non.
En face du rocher de Scylla se tenait le gouffre terrible qui jamais ne laissait de survivant.
Io de Scylla est mort, c’est une vérité. Celui que vous affronterez, vous chevaliers d’or, celui que vous, généraux, vous côtoierez, vous pouvez le nommer autrement.
Le souvenir que aurez de moi, ce sera celui d’un homme ressuscité, et qui se nomme …"


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"Io de Scylla est mort, c’est une vérité. Celui que vous affronterez, vous chevaliers d’or, celui que vous, généraux, vous côtoierez, vous pouvez le nommer autrement.
Le souvenir que aurez de moi, ce sera celui d’un homme ressuscité, et qui se nomme …
… Io de Charybde."


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Ils sont six, dans la Maison spirituelle de la Vierge.
Trois chevaliers d’or se tiennent là, dans uns situation partagée entre l’offensive et la défensive. Certes leur volonté est d’empêcher un ennemi redoutable d’atteindre celle qui donne un sens à leurs vies, la divine Athéna. Mais que penser de cette attitude agressive, de ce comportement brutal qui les a conduis à tendre cette embuscade afin de conclure en une seule fois, dans le sang, les combats qui désormais font rage?
Cette menace, elle prend la forme de trois puissants guerriers, les trois envoyés de Poséidon Ebranleur du Sol. Un de ces généraux est mort, cela est vrai, dans la mystérieuse Maison des Gémeaux. Quand au deuxième, celui qui se faisait appeler Io de Scylla, il est tout aussi mort, vaincu à jamais dans la Maison féroce du Lion, terrassé par Aiolia épandeur de traits, le gardien du lieu.
Io est mort, tué d’un seul coup par cet homme à la force grande.
Pourtant un homme se tient là, débout à l’entrée de la sage Maison de la Vierge, meurtri mais bien vivant. Cet homme, ceux qui ne le connaissent pas l’identifie comme étant Io de Scylla. Les autres comprennent que quelque chose de définitif est arrivé à ce guerrier vaincu.
"Je suis Io", tels sont ses mots.
"Je suis Io de Charybde.
- Io de Charybde?"
Voilà qu’Aiolia, le glorieux chevalier du Lion a la valeur honorable, brise d’une parole le silence que nul n’osait plus trahir.
"Io de Charybde?
Mfeuh, admettons. Et alors, qu’est-ce que ça change? Tu restes Io, tu restes un adversaire, et tu n’es pas plus fort pour autant.
- Tu crois cela, Aiolia?
- Shaka?"
Le chevalier de la Vierge, l’être dont on dit qu’il est le plus proche de Dieu, est le premier à comprendre la signification profonde des paroles du général.
"Généraux, chevaliers, nous avons au moins quelque chose en commun. Notre signe, celui qui nous nomme, et qui nous guide jusque dans nos actes, voilà ce à quoi je fais allusion. Nous autres chevaliers sommes apparentés à une constellation. Vierge, Lion, Capricorne, tout cela a un sens profond."
Shaka désigne d’un geste ses frères d’armes, alors qu’avec ses mots il mentionne la couleur de leurs armures.
"L’influence de nos constellations est …
… majeure.
Les généraux, tous sont affiliés avec une créature marine, mais la finalité est la même.
Nous sommes tous identiques, notre signe conditionne nos techniques de combat, nos pensées, nos comportements, nos vies.
Ainsi Io choisirait consciemment de rejeter Scylla?
En choisissant Charybde, c’est son âme elle-même qui est dénaturée.
Aiolia, ne sous-estimes pas ce guerrier que tu vois, car en fait tu ne sais rien de lui."
Le chevalier du Lion, qui un instant a prêté attention à un ami, porte à présent son attention sur celui qui désormais attire tous les regards.
"Je vois. Comme tu ne pouvais pas me vaincre, tu as choisi de ‘devenir’ quelqu’un de différent. Tu remets ainsi les chances à égalité. Je n’avais jamais vu un guerrier agir de la sorte, c’est tout à ton honneur, Io.
A présent, il ne me reste plus qu’à terrasser ta nouvelle personnalité, et tu seras définitivement vaincu.
Io de Charybde, je vais me battre contre toi, en garde!"
Mais Aiolia semblable à un dieu, en reste aux paroles offensantes.
Tant de guerriers sont présents, dans la Maison sage de la Vierge, qu’enfin nul ne parvient à engager le combat. Et pourtant, une étincelle suffirait! Quel carnage se sera quand enfin les hommes valeureux en viendront au combat que chérit Arès!
Mais c’est une toute autre ambiance qui vicieusement prend le moment sous son emprise.
La tension.
Une minute de tension.
Longue et patiente.

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Cette fiction est copyright Frédéric Ramirez et Gille Monchoux.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.