Premier Age Chapitre 10 : Illusions


C’est à n’y rien comprendre. Deux jours après l’arrivée de Mr Kajiya, voilà que sans raison précise j’arrive enfin à prélever un échantillon du spécimen. Est-ce une coïncidence ? J’ai du mal à croire que non.

Note personnelle du chef du laboratoire de la Fondation Graad

Je comprends enfin les paroles de Mitsumasa. L’approche scientifique de Mr Ninko concernant le Spécimen est toute à son honneur, mais était devenue un frein. Ces choses dont on m’a instruit, le Sanctuaire, l’ordre de la chevalerie sacré, la déesse Athéna, n’ont rien de scientifique. Ainsi des hommes pourraient se déplacer plus vite que le son, et détruire des rochers à mains nues ? C’est plus qu’il ne fallait m’en dire pour que je comprenne qu’étudier le Spécimen par la science était une chose incomplète. Le simple fait que j’ai compris cela a apparemment suffit pour permettre à Mr Ninko d’obtenir un résultat supplémentaire.
Tout ceci est réellement fascinant, et j’ai bien l’impression que je ne suis pas au bout de mes surprises. Je vais aider Mitsumasa de toutes mes forces à accomplir son programme Kido, même si je pense qu’une approche plus rationnelle sera plus immédiate dans un premier temps. J’imagine que les premiers prototypes seront plus les enfants de la science et de la technologie que d’autre chose.


Note personnelle de Mr Kajiya


~ 0 ~


C’est un autre homme.
C’est un autre guerrier.
Aphrodite, c’est le nom qu’on lui a donné jadis, rendant sa masculinité plus inaccessible encore. Mais ce n’est pas non plus comme s’il en a jamais souffert ...
‘Ainsi voilà le pilier de l’océan Arctique, le seul dont on ignore la nature du gardien.’, se dit-il.
‘Comment se fait-il que le général du Kraken ne soit pas là à m’attendre ?’

Autour du chevalier, il n’est pas une âme qu’il faille combattre …


~ 1 ~


Un univers vide de sens. Celui d’Aphrodite des Poissons.
Un glorieux chevalier qui vient de se déplacer seul, vulnérable, jusqu’au pied de l’immortel pilier de l’Océan Arctique.
‘Cela est regrettable. Si il n’y a pas de général gardant ce pilier, il est aussi rapide de dire que je suis venu jusqu’ici pour rien.’
La seule fin à cela aurait été le combat ultime qui devrait avoir lieu. Mais si nul n’est à combattre, il n y a plus rien à faire.
‘Que faire, dois-je attendre Camus ?’
Le soupir frustré de celui qui croit avoir perdu son temps. Aucun général, et un pilier indestructible.
Et une prière ...
" ?? "
La voix douce d’une prière qu’on réciterait à voix basse. Un récital. Quelque chose de triste.
La voix spirituelle se laisse entendre, à présent que nul ne fait plus de bruit. Quelque chose de profondément nostalgique.
Sans dire mot, le chevalier cherche du regard la source du bruit.
Un homme se tient agenouillé.
A genoux, et il tourne le dos au fier Aphrodite, comme désintéressé par sa présence. Mais il ne s’agit guère d’indifférence, et cela, le chevalier le comprend.
La présence aurait aussi bien pu n’être pas là. Il aurait suffit que la voix soit plus discrète encore, ou que sa position soit un peu moins visible. Mais elle est là. Le plus simplement du monde.
Le chevalier reste un instant immobile. L’homme semble tellement calme. Sa voix, tellement pleine de tristesse ...
Quelques pas dans sa direction ...
Son récit est une prière pour les morts. Quelque chose de sombre. Aphrodite, enfin, reconnaît l’objet auprès duquel l’être est agenouillé.
La stèle est d’une douce simplicité. Seuls quelques mots en trahissent l’homogénéité.
Comme attiré par la prière douce, le chevalier réalise qu’il se tient à présent juste derrière l’homme. Sa présence n’est plus un secret. Quelque chose qui ne serait pas un danger.
" Jeune frère. "
Telle est la lecture que propose la stèle, et ainsi Aphrodite rompt le silence implicite.
" Oui. Jeune frère. Mon petit frère. "
C’est sans bouger plus qu’il ne le faisait alors que l’homme exprime les mots tristes. Toujours il tourne le dos. Toujours ses genoux foulent la terre face à la stèle.
" Mais cette tombe est vide. Son corps n’a pas été retrouvé.
- Pas retrouvé ?
- Peut-être est-ce mieux ainsi. J’ai continué de l’attendre jusqu’à aujourd’hui. Longtemps après l’annonce de sa mort.
- As-tu envisagé qu’il ne soit pas réellement mort ? "
Aphrodite n’a pas l’habitude de la compassion.
" Qu’il ne soit pas mort ?
Il est mort. J’en pris conscience le jour où ... "
Il se relève ...
L’homme ne porte aucune protection. Ce ne doit pas être un général.
Il se retourne. Son visage encore jeune exprime pourtant une profonde fatigue. Comme si sa foi envers la vie avait faiblie.
" J’en ai pris conscience le jour où son écaille est réapparue sans lui.
- Son écaille ? "
L’homme regarde le ciel aquatique, frontière du royaume de Poséidon.
L’ambiance entre les hommes n’exprime aucune violence.
" Son écaille du Kraken. "
Aphrodite regarde l’être alors que, triste, il compte l’histoire d’une autre vie.
" Mon jeune frère était général du Kraken. Je m’en souviens, il était fou de joie le jour où il a revêtu sa glorieuse écaille pour la première fois. Ce même jour, j’ai cru que mes inquiétudes à son sujet n’avait plus lieu d’être. Tout juste quelques semaines plus tard, il est partit en mission. Je ne l’ai jamais revu.
Je n’avais jamais osé le lui dire mais ...
... je pense que ce n’était pas lui.
- Pas lui ?
- Le kraken. Il en avait l’esprit, c’est vrai, mais pas la force.
Son écaille a été retrouvée quelques temps plus tard. Et il n’y a plus personne pour la porter.
- Hum ... "
Aphrodite jette un coup d’oeil à la colonne de pierre. C’est après un haussement d’épaule que le chevalier exprime les faits simples.
" Finalement, ce pilier est bien sans gardien. J’étais venu défier le chevalier du Kraken. Il faut croire que j’ai perdu mon temps. Il n’est pas dans mes habitudes de laisser mes adversaires en vie, mais au fond peut-être n’en es-tu pas un.
Il ne me reste plus qu’à aller rejoindre mes compagnons ...
- Un instant, chevalier.
- Mmh ? "
Déjà Aphrodite le beau faisait un pas, rebroussant chemin, partant à la rencontre du chevalier du Verseau, qui avait pris un peu de retard. Mais alors cet homme triste vient, d’une parole, de stopper ton élan.
" Qu’y a-t-il ?
- Tu ne pourras partir d’ici qu’après m’avoir tué, moi, Ivar, frère de Garn du Kraken. "
Aphrodite a peur de comprendre ces paroles de défi. Il cligne des yeux, laissant une seconde s’écouler de toute sa longueur. Une autre. Puis une autre encore.
" Après t’avoir tué ? "
A nouveau, l’homme regarde le ciel. Ses paroles sont pleines de nostalgie.
" Mon frère t’aurait combattu jusqu’à la mort s’il avait été là. Mais le destin en a voulu autrement. Je n’ai pas supporté sa mort. La seule chose que je puisse faire aujourd’hui c’est ... "
A nouveau il croise le regard du chevalier.
" ... me battre à mort contre l’agresseur.
- Mais ... "
Aphrodite n’est pas d’ordinaire du genre à se laisser ainsi provoquer. Mais toujours une hésitation le prend : il ne ressent aucune violence dans cet homme. Et cela est très perturbant.
" Mais tu n’es pas un guerrier ...
- J’ai appris quelques notions de combat. Cela me suffit. "
Aphrodite exprime un petit sourire.
‘On dirait un caprice d’enfant.’
Mais il sait aussi que ce combat est inutile. Cet homme n’est pas un général, et il n’est pas dans les habitudes du chevalier des poissons de se salir les mains sans raison.
Déjà il lui tourne le dos. Son premier pas se fige à l’audition d’un grognement.
Jetant un coup d’oeil en arrière, Aphrodite a le temps de voir un être humain lui sauter dessus. Mais un chevalier d’or sait se déplacer à la vitesse de la lumière, et il n’est pas question pour lui de se laisser surprendre ainsi. Toutefois Aphrodite choisit de ne pas bouger. Qu’y a-t-il à craindre d’un simple coup de poing ?
L’impact unique se fait au visage. Il est vrai que l’armure d’or des Poissons laisse peu d’alternatives quand il s’agit de combat à mains nues. Le chevalier s’est laissé frapper. Il vient de décider d’accéder à la dernière requête de cet être pathétique.
L’homme recule d’un pas, et affiche un sourire joyeux. Celui de l’homme qui voit son souhait réalisé.
Aphrodite grince des dents.
" Sois sûr qu’il n’est pas dans mes habitudes de me laisser frapper au visage. Cette idée m’est détestable, mais j’accepte le sacrifice, pour la beauté de l’instant. "
Disant cela, le chevalier brandit une magnifique rose rouge. Il jette un dernier regard au condamné. Il ferme les yeux. C’est à voix basse, qu’il prononce les mots.
" Royal Demon Rose. "
Et ensuite seulement l’arme végétale quitte ses mains. Délicatement elle vient frôler un visage sur lequel déjà les larmes perlent.
" Les roses démoniaques provoquent une mort douce dans l’ivresse d’un parfum enivrant. Tu n’auras pas à souffrir, qui que tu sois. "
L’homme commence à faiblir. Déjà ses jambes se dérobent. Un corps s’effondre sur le sol poussiéreux. Une voix meurt.
" Petit frère ... "
Un être s’éteint.
Seul reste le silence. Le silence, une vie perdue, et un chevalier d’or.
" Tu voulais mourir comme ton frère. Pauvre de toi, tu as perdu la vie pour rien. Sache que la mort est la dernière des fins. Elle ne paye aucun prix. "
Mais Aphrodite est rarement très émotif. Enfin il quitte le lieu tragique. Jamais il ne se retourne, mais son visage affiche un fier sourire.
‘Comme il a su mourir ...
C’est magnifique.’


~ 2 ~


Quelques années plus tôt

Ainsi les voilà tous réunis.
Sept guerriers de légendes, tous capables de tant d’exploits que nul ne saurait les conter avec justesse, qu’il soit le narrateur, incarnant l’histoire, voire l’une des muses fameuses.
Les généraux, glorieux hommes d’armes de l’Ebranleur du Sol, le divin Poséidon, se retrouvent en un même lieu, à la demande de celui qu’on dit posséder plus de pouvoir que n’importe quel autre marinas, celui qui le premier a su comprendre le dessein ultime du Seigneur des océans, Kanon l’implacable du Dragon des Mers.
C’est sans perdre de temps que ce puissant serviteur de Poséidon prend la parole, et lance ses mots tels autant d’ordres.
" Généraux, voilà bien des années que je suis là, et que je veille à la grandeur de notre Seigneur et Maître. J’ai aujourd’hui quelque chose que je souhaiterais voir accomplir.
Voilà près d’une semaine que la dernière des sept écailles a trouvé son possesseur. Avec l’ascension du Kraken, les guerriers d’élite que sont les généraux ont enfin retrouvé leur intégrité. "
Tous écoutent, avec toutefois une attention variable.
" Cela fait 12 ans que je suis au Sanctuaire sous-marin. 12 ans, donc, que j’oeuvre à la restauration de la grandeur du Seigneur des Océans. Ma préoccupation majeure aura évidemment été l’organisation militaire des forces de Poséidon. "
Ainsi, Bian de l’Hippocampe sent son orgueil de guerrier invincible flatté. Il est captivé par les paroles de son supérieur, qu’il trouve néanmoins un peu trop prudente. Jamais il ne doute de la supériorité de sa puissance ou de celle des autres généraux. Pourquoi s’inquiéter ?
" Sorrento de la Sirène Maléfique a rapidement rejoins mes côtés, ainsi que Krishna, le général de Chrysaor, peu de temps après. J’ai entièrement confiance en eux. J’ai eu plusieurs fois l’occasion de les voir en action, et je les estime dignes de leurs écailles. "
Les deux être nommés ne trouvent pas de raison de contester son rang au général du Dragon des Mers. Aussi écoutent-ils sans mot dire.
" Je ne peux hélas pas en dire autant de vous autres. Bian de l’Hippocampe, Io de Scylla, Kasa du Lymnade et Garn du Kraken, ce n’est pas que je ne vous fasse pas confiance. Disons que j’aimerais vous voir à l’oeuvre en situation réelle. Je pense que tout le monde a à y gagner. "
Le jeune général du Kraken est tout excité d’être ainsi présent parmi tous ces être surhumains. Kasa se croit le meilleur. Io n’a pas d’opinion précise sur la situation.
" Vous quatre, donc, me donnerez satisfaction en vous adonnant volontiers au petit jeu que voici : une bataille. Le dernier debout est le vainqueur. Le terrain de chasse est le royaume sous-marin de Poséidon. Il n’y a pas de règles précises, mais je vous rappelle que ceci peut être considéré comme un entraînement, évitez donc de vous entretuer.
Il n’y a rien à gagner.
Des questions ? "
Le silence approbateur qui suit est tout ce dont pouvait rêver le général du Dragon des Mers, aussi c’est avec une satisfaction contenue qu’il donne le signal.
" Très bien. S’il n’y a pas de vainqueur dans deux heures, vous serez tous considérés comme ayant perdu.
Exécution ! "
A peine a-t-il terminé sa phrase que les quatre intéressés ont déjà disparu, tous partis dans autant de directions différentes. Les combats ne manqueront pas de s’enchaîner rapidement.
Hélas pour Kanon, les deux autres généraux viennent d’échanger un regard et, constatant leur accord sur la situation, dérange le général du Dragon des Mers.
" Franchement, Kanon, tu n’es pas sérieux ? "
Ainsi s’exclame le général de Chrysaor.
" Krishna, exprime donc le fond de ta pensée. "
Mais c’est la voix de Sorrento qui lui répond.
" Allons, Kanon. Tu as déjà donné ton accord pour que ces quatre là obtiennent leurs écailles. Aurais-tu un doute sur leurs capacités ?
- Sûrement pas. ", s’exclame Kanon, qui vient de réaliser que pour une fois les questions du général de la Sirène Maléfique ne lui est pas désagréable.
" Bian est fort. Il manque de subtilité, mais il convient parfaitement pour garder un des sept piliers. Io possède une technique intéressante, même si je ne suis pas sûr qu’elle suffise en toute occasion. Quant à Garn, il est peut-être un peu jeune, mais on devrait pouvoir en tirer quelque chose.
- Je vois, ainsi tu t’inquiètes pour Kasa.
- Je constate qu’on ne peut rien te cacher, Krishna. Le général du Lymnade est assez mystérieux. L’écaille l’a accepté avec une telle facilité que je n’ai rien trouvé à y redire. Mais je ne ressens aucun potentiel en lui. Je ne l’ai jamais vu s’entraîner sur un arcane quelconque, et il n’a pas le profil d’un guerrier.
Aujourd’hui, j’ai voulu le placer en situation réelle. Les autres ne m’intéressent pas, je connais déjà leurs capacités, et ils seront d’appréciables soutiens en cas d’agression ... ou d’offensive. Mais tant que je n’ai pas vu Kasa à l’oeuvre, je ne pourrais rien en faire. "
Et pour une fois, ni le général de la Sirène Maléfique, ni Krishna à la lance divine ne viennent contester la décision de leur supérieur. Peut-être même trouvent-ils l’idée bonne, même si jamais ils ne l’avoueraient.


~~~~~


Du temps s’était écoulé, déjà, depuis le départ des quatre généraux.
‘Sans doute moins d’une heure’, se dit Kanon.
‘Cela a quelque chose d’inquiétant. Qui aurait cru que les combats dureraient si peu ?
Et surtout, qui aurait imaginé pareille conclusion ?’
Et telles sont les questions qu’il se pose. L’homme de pouvoir, Kanon du Dragon des Mers, accompagné de ses frères d’armes Krishna et Sorrento, qui n’avaient pas participé à l’épreuve, suit une silhouette humanoïde.
Le Lymnade ...
" C’est ici. Hé hé ..."
L’affirmation de Kasa surgit alors que tous arrivent au pied d’une des immortelles colonnes. Fière, invincible, ainsi se tient le divin pilier de l’Océan Antarctique.
" Où ça ? "
La question simple du général Kanon est pleine d’appréhension.
" Au pied du pilier. Hé hé. "
Quelques pas de plus. Les seuls nécessaires à Kanon pour découvrir les corps inconscients de trois guerriers. Le spectacle a quelque chose d’irréel. D’aucune manière les généraux vaincus ne semblent meurtris, et pourtant, ils gisent à même le sol poussiéreux et sale.
C’est Krishna le premier qui émet un doute.
" Scylla, le Kraken et l’Hippocampe. Tous terrassés à même ton pilier, le seul endroit où il aurait été impossible à Kasa de les prendre totalement au dépourvu. Lui-même ne souffre d’aucune égratignure. Suis-je le seul ici à penser avoir raté quelque chose ?
- Certainement pas. "
Ainsi poursuit le sage Sorrento.
Peut-être est-ce à cause de son impétuosité, toujours est-il qu’alors le général en chef des armées de l’Ebranleur du Sol, le puissant Dragon des Mers, interpelle celui qu’il considère comme un subalterne, le général du Lymnade.
" Kasa.
J’avoue ignorer beaucoup de choses à ton sujet, mais tu ne me feras jamais croire que tu es puissant au point de pouvoir vaincre trois des généraux avec une telle facilité ! - Hé hé, son altesse Kanon désirerait-elle ...
... une preuve ? "
Sourire en coin de Kanon.
" Et pourquoi pas ?
- Que proposes-tu ?
- Une attaque. Porte-moi un seul coup, et alors seulement je reconnaîtrais le général en toi.
- Hé hé, comme il te plaira. "
Ainsi débute le plus curieux combat qu’ai jamais eu l’occasion de voir Sorrento, le général de la Sirène Maléfique. Ce dernier n’est pas le plus doué dans les sciences du combat parmi les généraux, mais déjà il a comprit que Kanon portera toute son attention sur la défense.
‘Selon les règles de ce combat, Kasa aura une seule occasion d’attaquer. Si il ne parvient pas à atteindre son adversaire, il sera considéré comme perdant. La situation est donc favorable à Kanon, qui n’a qu’à réussir une esquive. De plus, Kanon est sans doute un des plus fort d’entre nous. Donc ...’
C’est d’ordinaire le moment où s’accroissent les légendaires cosmoénergies, pourtant les deux hommes désormais adversaires restent simplement à se fixer. Kanon, fronce les sourcils, apparemment très insatisfait de quelque chose.
" Arrête ça. ", lache-t-il sèchement à l’attention du Lymnade.
" Hé hé, je peux. J’ai ce que je voulais. D’ordinaire mon illusion n’affecte que mon adversaire, mais en me concentrant un peu plus, je dois pouvoir affecter aussi nos spectateurs. Hé hé hé. "
‘Une illusion ?’, Sorrento ne tarde pas à comprendre le sens de ces paroles.
Tel un caméléon changeant de couleur, celui qu’on appelle Kasa, et dont on dit qu’il est le général du Lymnade, semble se métamorphoser. Son visage, sa morphologie changent. Son écaille disparaît, laissant place à de simples vêtements. Bien vite, le général devient totalement méconnaissable. Son apparence ressemble en tout point à ...
" !!! "
... à celle de son adversaire, Kanon du Dragon des Mers.
‘Quelle surprenante ressemblance !’, se dit le général de Chrysaor.
‘Peut-être qu’il a l’habitude de déstabiliser ses adversaires ainsi, mais Kanon n’est pas du genre à se laisser impressionner. De plus, cet imbécile de Kasa a dévoilé la nature de sa technique. Une illusion ...’
Telles sont ses pensées sincères. C’est aussi pour cela que Krishna est à ce point surpris par la réaction inattendue de son supérieur.
Le général Kanon est littéralement figé ...
" Kanon. "
Tel est le mot unique qu’alors laisse entendre l’illusion de Kasa, d’une voix inconnue comme pleine de nostalgie. L’intéressé lâche un grognement rauque, et, comme pris de doute, relâche sa garde.
Bondissant sur l’occasion tel un fauve sur sa proie, le général du Lymnade, alors, fait exploser une cosmoénergie, se jetant en avant et hurlant le nom d’une attaque que personne ici présent n’avait jamais vu auparavant.
" SALAMANDER SHOCK !! "
La vague d’énergie surgie de l’explosion du cosmos est digne d’un général, et ...

Le bruit d’un objet qui heurte le sol.
Un bruit qui serait celui du casque de l’écaille du Dragon des Mers.

Un instant plus tard, tous sont toujours immobiles. Kanon ouvre la bouche silencieusement. Kasa tourne le dos à tout le monde, son attaque l’ayant entraîné quelques mètres plus loin. Les généraux que sont Krishna et Sorrento sont médusés, pas tout à fait sûrs d’avoir comprit la nature exacte des événements.
" Hé hé. Alors ?
J’ai gagné ?
- Je ... "
Kanon tarde à reprendre ses esprits. Il cligne des paupières, avale sa salive.
... et enfin, redevient lui-même.
" Kasa.
J’avais un doute sur toi, tu viens de le faire disparaître.
Tu es digne de ton écaille, et Poséidon sera fier de t’avoir comme général. "
C’est plus qu’une surprise pour les deux témoins. Il n’est certes pas dans les habitudes de Kanon de faire ainsi des compliments. De plus, sa réaction face à l’illusion de Kasa avait quelque chose d’irréel ...
Alors que Kasa exulte intérieurement, Kanon remue de sombres pensées.
‘L’imbécile. Jusqu’où a-t-il lu en moi ?’


~ 3 ~


Quelques années plus tard

‘Hé hé.
Je me rappelle encore comment moi, Kasa du Lymnade, ai battu implacablement ces nigauds de généraux, et comment, ensuite, j’ai ridiculisé Kanon.
La situation sera la même aujourd’hui.
Des chevaliers d’or ?
Pff ...
Mon labyrinthe me les amène un par un, et je les trompe. Celui-ci devait être le chevalier du Verseau. Je vais m’occuper de celui qui vient de régler son compte à cet imbécile d’Ivar. Viens par ici, mon petit.
Voyons voir, qu’y a-t-il dans ton âme ?
L’orgueil ? La passion de la beauté superficielle ? Le culte de l’apparence ?
N’y a-t-il donc personne qui compte pour toi autant que toi-même ?
Qu’importe, je vais emprunter ton apparence, comme les autres ont cru que je le faisais avec Kanon.
Hi hi hi. Je vois ça d’ici. Tu ne vas pas savoir comment réagir. Le temps que tu te ressaisisses, j’aurais arraché la flamme de ta conscience.
Ensuite, je m’occuperais des autres.
Ha ha ha ha. "


~ 4 ~


Il faut imaginer le moment immortel où cet invincible guerrier qu’est Shura du Capricorne, rejeton d’Arès, parvient au pied de l’immortelle colonne de pierre. Sa force est sans limite, mais sa fierté ne sait plus être intacte. Le pauvre a perdu son bras voilà moins d’une heure, et depuis la douleur implacable le fait souffrir. Mais Shura est tout de même un chevalier d’or, et il saura bien endurer encore quelque temps.
Il est sincère, en pensant cela, mais après tout peut-être se trompe-t-il ...
Toujours est-il que, ignorant ces élancements horribles qu’affreusement la plaie béante qu’était son bras droit rappelle à son souvenir, l’homme d’arme fait face à la volumineuse architecture verticale.
" Qu’est-ce que ...? "
Quelque chose lui semble anormal ...
" Le pilier de l’Océan Antarctique. J’ai dû m’égarer. J’aurais dû rattraper Shaka et l’aider à faire parler le général Dragon des Mers. Qu’importe, tant qu’à être ici, je vais en profiter pour défaire le général du Lymnade.
Où est-il, d’ailleurs ? "
Jetant son regard à droite et à gauche, le chevalier porte son attention sur les alentours, à la recherche d’une silhouette humanoïde porteuse d’écailles, celle-là même qui toujours peine à être détruites. Mais c’est avec une émotion partagée entre la surprise et la stupéfaction que le général voit une ombre bien familière s’approcher de lui.
" Toi ! Mais ... Tu es ...?!
- Cela fait bien longtemps, n’est-ce pas Shura ? "


~~~~~


L’homme ne porte aucune protection. Ses simples vêtements en cuirs souples en tissus fins ne sont là que pour des considérations banales. Sa coiffure brune et frisée, son regard serein et son allure fraternelle ne laisse planer aucun doute.
" Tu es ...
- Cela fait bien longtemps, n’est-ce pas Shura ?
- Mais ... Tu es mort ? "
L’homme reste immobile, arborant un sourire comme amical.
" Mort ?
Allons, Shura, je suis tout de même un chevalier d’or. Qui donc m’aurait tué ?
- Mais ... Aioros ... "
Les paroles calmes de l’homme simple n’ont rien de belliqueux. Elles expriment une profonde compassion, peut-être un peu de nostalgie triste.
" Et oui. Aioros, chevalier d’or du Sagittaire.
- C’est impossible !
- Impossible ?
- Impossible. Peut-être es-tu un fantôme. Peut-être es-tu un général déguisé. Le Lymnade ? J’ignore tout de lui.
- Et que comptes-tu faire, à présent ?
- Mm ... "
Le froncement de sourcil du chevalier du Capricorne est comme plein de colère. Shura peine à savoir comment réagir. Bien vite, pourtant, il se ressaisit, enfin apte à faire la part des choses.
" Ce que je compte faire ?
Chevalier, général, que sais-je d’autre. Quoi que tu sois, si tu me fais face tu n’es ...
- Je suis ?
- Tu n’es toujours qu’un adversaire à abattre.
- Tiens donc ?
- Si vraiment tu es ce traître d’Aioros, alors je n’ai qu’à te tuer à nouveau. Qu’importe ce que tu es devenu ou pourquoi tu es là. "
C’est alors que cela commence ...
A présent, les yeux d’Aioros tremblent comme pleins de tristesse. Le ton de sa voix n’est guère plus gai, alors que gravement il accuse le chevalier du Capricorne.
" Tu me déçois, Shura.
- Te décevoir ? Tiens donc.
- Oui. Je ne t’en veux pas pour ce que tu as fais il y a 15 ans ...
Tu venais juste d’obtenir ton armure, tu étais encore inexpérimenté et surtout tu étais jeune. Un simple enfant ...
- C’est vrai. Quelle différence cela fait-il ?
- ... sur ce, tu reçois un ordre du Grand Pope. "Il y a un traître, Shura. Il te faut le rattraper et le punir". C’est ce qu’il t’as dis n’est-ce pas ?
Pourquoi aurais-tu contesté cet ordre ? J’imagine que j’aurais fais la même chose à ta place. "
Shura écoute d’une oreille attentive. Mais ce n’est pas non plus comme s’il se sent vraiment concerné, et c’est avec un peu de sa fierté si caractéristique qu’il avance ses mots. " Tu as raison, Aioros. Cela s’est passé comme tu l’as dis. Qu’y a-t-il à ajouter ? Tu avais beau être mon aîné, j’ai tout de même réussi à te vaincre, n’est-ce pas ?
- J’étais blessé, tu le sais bien, et puis là n’est pas la question.
- Et donc ? Pourquoi est-ce que je te déçois ?
- Shura, tu n’es pas responsable de tes actes d’il y a 15 ans. Mais 15 ans, c’est bien plus qu’il ne t’en a fallu pour comprendre que ... "
Silence. Juste un instant. Shura reprend.
" Pour comprendre quoi ?
- Enfin, Shura, penses-tu vraiment que je suis un traître ? "
Il faut lire la surprise dans le regard de Shura. C’est après être resté un instant interdit que ce dernier repart avec des mots pleins d’assurances.
" Un traître ? Bien sûr que tu en es un !
- Je suis un traître ?
- Bien sûr ! Qui d’autre ?
- Je ne sais pas. Je pensais que tu aurais une idée à ce sujet.
- M’accuserais-tu de trahison ? "
Le chevalier du Sagittaire secoue la tête.
" Bien sûr que non, Shura. Je parle du Grand Pope.
- Le Grand ... "
L’instant mort qui pèse tel un silence lourd entre les deux hommes n’a rien de superflue. C’est aussi pour cela que la rupture est à ce point grave, ce moment où celui qu’on nomme Shura, et dont on dit qu’il est semblable à Arès, éclate de rire. Un rire fou. Presque machiavélique, cruel ...
" Ha ha ha ! Aioros, tu es vraiment incroyable. Mais hélas tu ne me dis rien que je ne sache déjà.
- Evidemment ...
- Le Grand Pope serait un traître ? Bon sang, que n’y ais-je pas pensé plus tôt !
- Arrête ça, s’il te plait.
- Bien sûr que je sais pour le Grand Pope. Pour qui me prends-tu, un imbécile ? "
Aioros reste à cligner des yeux, patient. Le temps pour Shura de reprendre ses esprits.
" Le Grand Pope est le seul intermédiaire entre Athéna et le Sanctuaire. Rien de plus facile pour lui que de garder l’autorité pour lui.
- Mais alors, tu sais qu’il a trahit Athéna ?
- Trahir Athéna ...
Et alors ! Elle et lui poursuivent le même objectif : protéger la Terre. J’imagine mal qui mieux que le Grand Pope serait apte à commander la chevalerie dans cet objectif. Pourquoi ce rôle reviendrait à une faible femme, fut-elle réincarnation d’une déesse. La force est une bien meilleure arme que la compassion, et ça tu n’y peux rien !
- C’est faux ! "
Le Sagittaire est comme pris de colère.
" Les innocents, les orphelins, il y a aussi de la place pour eux dans le coeur d’Athéna.
- Je m’en fiche. La Terre possède des ennemis, et Poséidon n’est que le le premier d’entre eux. Et il faut les détruire à n’importe quel prix, car si nous échouons, il n’y aura même plus d’orphelins pour pleurer, car ils seront tous morts !
- Ils souffrent, aujourd’hui même !
- Aioros, tu as le malheur de vivre dans un monde où les hommes sont jugés sur les conséquences de leurs actes, et non sur les actes eux-mêmes. Un Grand Pope violent et vainqueur sera toujours meilleur qu’une déesse pleine d’amour mais vaincue. Ca non plus, tu n’y peux rien !
- Très bien, tu l’auras voulu.
- Quoi ! "
Le regard d’Aioros est chargé de détermination. Comme s’il changeait de stratégie.
" Shura, supposons que tu ais raison, es-tu sûr que le Grand Pope soit mieux qualifié qu’Athéna pour défendre la Terre ?
- Bien sûr, cela se passe en ce moment même. Jamais Athéna n’aurait permis l’attaque du Sanctuaire de Poséidon s’il n’y avait eu urgence. Le Grand Pope l’a fait, et grâce à cela nous écrasons les généraux.
Athéna n’est probablement qu’une frêle jeune fille inapte à commander. Si elle se trouvait face à moi, je pourrais sans doute la pourfendre de mon épée, et avec un seul bras.
- Bien. Très bien, Shura. Dans ce cas, pourquoi ...
... ne l’as-tu pas fait ? "
Regard surpris du chevalier du Capricorne. Le temps s’écoule, calme, alors que Shura peine à comprendre le sens des paroles.
" Je te demande pardon ?
- On appelle cela le refoulement.
- Mais ...
Mais de quoi parles-tu ?
- Le refoulement, c’est quand ton esprit efface ou masque certains souvenirs car ils sont désagréables.
- Je ...
De quoi parles-tu ...?
- Il y a 15 ans, je m’enfuyais avec un nourrisson dans les bras.
- Je m’en rappelle ! "
Shura est comme surpris par sa propre réaction.
" Une enfant, un simple bébé. Tu l’avais mise de côté pour te battre contre moi.
- Tu n’as pas répondu à ma question, Shura.
- Ta question ?
- Pourquoi ne l’as-tu pas tué ?
- L’enfant ? De la pitié, je suppose.
- Mensonge !
- Quoi ! "
Shura fronce les sourcils.
" Je mentirais ?! Explique-toi, Aioros !!
- Un bébé au sein du Sanctuaire, cela ne t’a pas paru étrange ?
- Qu’en sais-je ? Elle était avec toi.
- Tu aurais dû la tuer pour achever ta mission. La vérité c’est que tu n’as pas pu. Comprends-tu le sens de mes paroles ?
- Je ..."
Aioros est comme haletant. Le ton vif de ses paroles l’a épuisé, mais il faut au moins ça pour pouvoir espérer ébranler les certitudes d’un homme tel que le chevalier du Capricorne. Ce dernier n’est d’ailleurs pas du genre à se laisser impressionner ainsi.
" Aioros, je ne suis pas sûr de comprendre ce que tu cherche à me dire.
- Tu le sais, mais tu refuses de l’admettre. Un jour, tu comprendras. Si tu vis assez longtemps, évidemment.
- Une enfant ? Athéna ? Ce n’est rien que je ne sache tuer.
- Tu en es sûr ?
- Je ...
Oui !
- Que dirais-tu d’essayer maintenant ?
- Pardon ? "
Shura encore une fois peine à comprendre.
" Shura, tu représentes les idéaux du Grand Pope. J’incarne les valeurs d’Athéna, pense à moi comme tu penserais à elle. Si ma théorie est vraie, tu ne devrais pas pouvoir me tuer. Alors montre-moi ta foi. Frappe-moi, je n’esquiverais pas. Tues-moi, et prouve que tu as raison, ou bien reconnaît tes torts, et prends tes responsabilités. "
C’est avec une profonde sérénité qu’alors le chevalier du Capricorne lâche les mots simples.
" J’en suis convaincu, maintenant, tu es bien le chevalier du Sagittaire. J’ignore comment tu as survécu il y a 15 ans, mais une chose est sûre ... "
Plongeant son regard dans celui de cet adversaire, le farouche chevalier lâche des mots agressifs.
" ... seule un miracle pourrait te permettre de survivre à mon attaque.
- Un miracle ?
- Un miracle. Un miracle des dieux, tels Athéna. Tu ne portes pas ton armure, et tu ne veux pas esquiver. Au cas où tu l’ignorerais, la perte de mon bras droit ne va pas m’empêcher d’agir. Tu n’ignores pas qu’Excalibur réside également dans mon bras gauche, et qu’avec une telle arme la défaite de mes ennemis ne fait aucun doute.
Que s’abatte sur toi Excalibur, et qu’alors la supériorité de la force sur la compassion soit prouvée.
- Je t’attends. "
Un instant d’hésitation, puis ...


~~~~~


Un instant d’hésitation, puis ...
" EXCALIB... "
Un mot qui se termine trop tôt. Le nom d’une attaque qui viendrait de mourir avant même son commencement.
Un chevalier d’or qui serait pris de vertiges. Ses perceptions s’éteignent. Ses yeux ne peuvent que voir cette silhouette trouble immobile face à lui.
L’éveil grandiose de sa cosmoénergie et sa farouche détermination n’avaient rien pu faire contre le poids des doutes et celui de la douleur toujours plus grande, qu’il ne cessait d’ignorer jusqu’alors. Le fier Shura du Capricorne, semblable à Arès, chevalier sacré au service du Grand pope, vient à l’instant de perdre connaissance.

A grand fracas, il s’effondre à même le sol poussiéreux faisant face à l’immortel Pilier magnifique.


~ 5 ~


Seul reste un homme, celui qui se faisait passer pour un chevalier défunt, le légendaire Aioros du Sagittaire. Tel qu’il l’avait fait face à Camus, le fraternel, et face à Aphrodite, l’orgueilleux, il voit sa morphologie changer, son apparence se défaire.
La glorieuse écaille du Lymnade le protège, Kasa le sournois, général au service de Poséidon, dévoile sa véritable identité.
" Hé hé hé, encore un pour moi.
C’était un intéressant duel psychologique, j’ai appris pas mal de choses. Maître Kanon va être content de ces informations. "
Son regard se pose sur le corps inanimé. Un sourire marque le visage du général, pareil à une grimace.
" Pitoyable chevalier du Capricorne. Te forcer ainsi à endurer la douleur d’une blessure grave t’aura été fatal. Mieux aurait valu pour toi de retourner en Grèce après ton combat contre Chrysaor. Voit comme cela fut fâcheux. Ce n’est pas que ton corps n’aurait pas supporté un effort supplémentaire, mais il aurait fallu pour cela une concentration bien plus grande. Je n’ai eu qu’à semer en toi la graine d’un doute, et tu as attaqué comme un débutant. Tu n’en avais pas conscience, pauvre de toi. Même moi l’ai compris ... "
Un bref moment s’écoule ...
" Il ne reste plus qu’un seul chevalier, celui de la Vierge.
Hé hé, mon labyrinthe va me l’amener, et alors ...
Mais ... "
Une goutte de sueur chaude se forme sur le front du général. Quelque chose ne colle pas à ses plans.
" La Vierge ...
Je l’ai perdu ... "
Usant d’une mystérieuse perception extrasensorielle, le général sournois scrute les divers chemins possibles où pourrait se trouver le chevalier. Mais la chose est indéniable, le prédateur a perdu sa proie. Ce qui n’était jamais arrivé ...
" Alors, général, on en a finit avec les tours de passe-passe ? "
A l’audition de la voix sereine, le général sursaute dans une émotion désagréable. Faisant volte face, il reste figé.
Face à lui, l’énigmatique chevalier d’or, Shaka de la Vierge.
" Impossible !!
- Tu parles de ton labyrinthe ?
Ce n’est qu’une illusion. Je suis un maître en illusions, et ce ne sont pas tes minables déguisements qui risquent de m’impressionner.
- Tu oses ! "
Kasa n’est pas stupide au point de comprendre que sa stratégie n’est plus un secret. Mais après tout il a déjà vécu pareille situation ...
" Qu’importe chevalier. Kanon aussi savait que c’était une illusion. Mais l’esprit d’un humain est trop faible pour faire abstraction des apparences, et pour cette raison, je n’ai rien à craindre de toi. "
Son écaille qui disparaît, laissant place à une toge simple et usée ...
" Toi aussi, qui que tu sois, tu possèdes des faiblesses, des doutes, et rien de plus facile pour moi que de les exploiter. "
Son visage, sa corpulence. Tout son être ...
" Ainsi tu prétends être la réincarnation de Bouddha. Montre moi comment tu comptes réagir à ...
... ceci. "
Le dernier mot est prononcé avec une voix spirituelle. La voix d’un sage.
Ce charisme hors du commun, cette simplicité dans l’être, face à Shaka d’apparence divine, se tient une divinité vivante.
" Siddhârta ?
Tu voudrais être Bouddha ?
- Allons Shaka. Tu sais parfaitement que les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être.
Si réellement tu es ma réincarnation, tu devrais cesser de te leurrer et croire en ma présence.
- Ta présence ? Celle de Siddhârta, l’éveillé ?
Pour qui me prends-tu ?
- Pour ce que tu es, Shaka. Un homme qui doute.
Qu’y a-t-il de plus important pour toi, aujourd’hui. Le fait que tu penses que je suis un général ennemi, ou bien le fait que je possède des réponses à tes questions.
- Mes questions ? "
Un sourire confiant égaille le visage du chevalier.
" Mes questions ?
Quelles sont-elles, tu peux me le dire ?
- Et bien tu te demandes ... euh ...
Tu te demandes pourquoi ... euh ... "


~~~~~


Son nom est Kasa. Jusqu’à aujourd’hui, jamais son pouvoir n’avait failli.
Quel est donc cet homme ? Le chevalier de la vierge ?
‘Zut, je n’y comprends plus rien. Je n’arrive plus à lire en lui.’
Lire comme il vient de le faire, comprenant la part primordiale de la spiritualité et du bouddhisme dans sa personnalité. Prendre l’apparence de Bouddha n’était pas une mauvaise idée. Shaka savait dés le départ qu’il ne s’agirait que d’une illusion, mais ce savoir intellectuel n’est jamais qu’un frein à une approche psychologique bien menée. C’est du moins ce qui s’était passé quelques années plus tôt alors qu’il faisait face à Kanon. Ce dernier avait eu vite fait de comprendre que ses pensées étaient lues, mais n’avait rien pu y faire.
Ce Shaka ...
‘Zut ...’
" ET ZUT !!
- Que t’arrive-t-il, général, tu es las de te faire passer pour ce que tu n’es pas ?
- Chevalier ... "
Progressivement, l’icône de Bouddha reprenait son apparence véritable.
" Chevalier, tu es le premier à qui je ne parviens à lire les pensées. Sois sûr que tes doutes auraient été une arme contre toi, et qu’alors je t’aurais vaincu.
- Comme tu l’as fait avec mes compagnons, c’est cela ?
- Que ... "
Le sourire hébété du général tente sans grand succès de camoufler un mal à l’aise presque tragique.
" De quoi parles-tu, chevalier ?
- Les corps, vaguement dissimulés derrière-toi.
- Je ... "
Les trois vérités sont autant de chevaliers tombés par les paroles ignobles du général du Lymnade. Camus du Verseau, triste et seul. Aphrodite des Poissons, à la beauté superficielle. Shura, le tourmenté.
" Tu arrives à les voir ?
Mon illusion est-elle à ce point inefficace sur toi ? Mais pourtant tes yeux sont fermés. Avec quoi arrives-tu à les voir ?
- Pauvre imbécile. Alors que je me rendais au pilier de l’Océan Atlantique Nord, j’ai senti la cosmoénergie du chevalier du Verseau disparaître. A suivi celle d’Aphrodite des Poissons. C’est alors que j’ai volontairement changé ma destination vers ton pilier, général. Ton labyrinthe, j’en ai à peine sentit la présence. Rien de plus facile pour moi que de l’ignorer. Je suis un maître en illusions, et je t’écrase par la force.
- Que dis-tu ?
- Général, tu n’es pas plus un danger pour moi qu’une souris face à un lion.
- Comment oses-tu ?! "
La fierté de Kasa pousse ce dernier à nier les paroles insultantes, mais intérieurement le général sait qu’il n’a rien à répondre. C’est d’ailleurs Shaka qui encore une fois reprend la parole.
" Je suis tout de même surpris que tu n’ais pas achevé tes proies.
- Euh ... je ...
- Tu ignores toi-même pourquoi, j’imagine. Tu voulais tous les tuer en même temps, peut-être. Ou les donner au général du Dragon des Mers.
Qu’importe. C’est maintenant une certitude, tu es un faible Kasa.
- Un faible !?
- Tu n’es même pas un ennemi pour moi. "
Kasa estomaqué, Shaka bouge enfin. Ses pas l’emmène vers un objet précis.
Le général n’en crois pas ses yeux ...
" Où vas-tu, chevalier ?
- Tu n’es pas mon ennemi, aussi vais-je t’ignorer et détruire cet arrogant Pilier.
- Pilier ...? "
La stupéfaction de Kasa au moment où son adversaire pose la main sur la roche verticale n’a d’égale que son manque d’idée sur les motivations du chevalier en question. Il cligne des yeux, ne sachant trop quoi dire. C’est avec bien des hésitations qu’il s’avance.
" Chevalier, ne me dis pas que tu as l’intention de détruire le Pilier ?
- Il est vrai que mes frères d’armes et moi avons échoué les fois précédentes. Mais cela ne m’oblige pas à m’asseoir sur mes acquis, et depuis j’ai eu le temps de réfléchir.
Même si l’esprit de Poséidon lui-même consolide ces Piliers, ces derniers restent fait de matière tangible, et doivent logiquement réagir aux même lois physiques. "
Le chevalier exprime une profonde confiance. Toujours sa paume et collée à la structure réputée indestructible.
" L’humidité, le vent, la lumière, nos voix, tout cela vient heurter la surface rocheuse du Pilier, générant de l’entropie, ainsi que des ondes. Comme toute matière tangible, le Pilier est ainsi amené à vibrer. Dès lors, à la condition d’avoir une perception de ces vibrations – ce qui est mon cas -, de posséder un timing parfait, une puissance divine et surtout une vitesse égale à celle de la lumière, il est possible d’espérer profiter d’une faiblesse ponctuelle de la matière pour pouvoir toucher un point critique avec suffisamment de force ...
... et donc de franchir le seuil de destruction. "
Kasa est médusé par à l’explication du chevalier. Certes il n’a jamais été doué pour les sciences, mais même avec ce manque de culture il reste persuadé qu’un plan pareil est voué à l’échec.
" Hé hé, chevalier, je crois que tu te surest ...
- PAR LE CHATIMENT DU CIEL !!!! "
Faisant exploser sa redoutable cosmoénergie, la force grandiose de l’attaque du chevalier de la Vierge vient heurter la surface rocheuse du Pilier. L’impact est si violent que l’air en tremble jusqu’aux lointains alentours. Le choc est à ce point parfait que ...
" IMPOSSIBLE !!! "
L’exclamation du général n’y changera rien. L’immuable colonne de pierre est bel et bien en train de se fissurer ...
C’est d’abord quelque chose de faiblement perceptible. Sur une surface étroite, une simple rayure a d’abord marqué le point d’impact dans une souillure étroite. La marque s’est ensuite étendue sur quelque distance, avec une accélération implacable. Tels les rivières rejoignant les fleuves, les fissures ont rapidement laissé la place à plusieurs débris, de petites tailles d’abord, pour arriver à des blocs plus massifs. Ensuite, c’est la colonne elle-même, dans sa structure primaire, dans sa forme, qui s’est effondré, entièrement, heurtant à grand fracas le sol du Sanctuaire sous-marin, avec une telle violence qu’un homme aveugle aurait cru à un petit tremblement de terre. Enfin, c’est la poussière. Celle soulevée par l’imposant choc de la pierre sur la terre.
Il faut bien une minute encore à la tension pour retomber. Une minute au delà de laquelle enfin un chevalier d’or, nommé Shaka, cesse de regarder en direction de la chute de l’objet, et enfin se retourne pour faire à nouveau face à cet homme qu’on appelle Kasa.
Ce dernier est complètement ahurit. Le désespoir sûrement le gagnerait, si il parvenait à réaliser. Pour un général, perdre son Pilier est de loin le plus douloureux des échecs.
" Alors général. Que dis-tu de cela ?
- Je ... "
Le regard du Lymnade passe lentement de la défunte colonne au porteur de l’armure d’or de la Vierge.
" C’est impossible ... Je ne peux pas y croire ... "
Son regard ne serait guère différent si Zeus lui-même était venu en personne lui faire don de tous ses pouvoirs. Il est des choses qui ne sont pas concevables même pour un guerrier de légende.
" Impossible ? Pourquoi donc ?
- Seules les ...
- Seules les ? "
Une dernière hésitation, mais la situation est au delà de ce qui peut être cru pour Kasa.
" Seules les armes de la Balance en sont capables ... "


~~~~~


" Les chevaliers se battent à mains nues. "
Ainsi parle Athéna, au moment où l’ignorant lui demande, plein de curiosité, où sont les armes de ses guerriers.
" Les chevaliers sont protégés par leurs armures. Mais ils se battent pour la justice, et ne devraient pas avoir recours à la violence. Voilà pourquoi leurs poings sont leurs seules armes. "
Ainsi sont contées les paroles de la déesse sage.
Souvent l’homme ignorant alors pose la question des ennemis.
" Ils sont puissants. ", avance-t-il, tout crédule qu’il est.
" Peut-être les poings des chevaliers ne suffiront pas. "
Détentrice de vérité, la divine Athéna, pleine de sagesse, alors, réponds.
" Dans ce cas, le chevalier d’or de la Balance est libre de juger s’il est juste d’utiliser des armes ou non. Et s’il y consent, il peut donner une arme à chaque chevalier d’or. Il n’est personne pour faire faiblir un guerrier ainsi armé. "


~~~~~


" Le nunchaku, la lance, le bouclier, le nunchaku à trois branches, les tonfas et l’épée. Ils sont les armes de la Balance. Est-ce de cela dont tu parles, général ?
- Je suppose ... Oui.
Les armes de la Balance, capable de détruire les étoiles. Elles seules ont le pouvoir de détruire les Piliers. C’est du moins ce que nous, les généraux, croyions.
- Pourquoi cela ? "
C’est comme un conteur qui regarde le ciel pour mieux raconter son histoire. Ainsi kasa parle avec des mots à nouveau sereins.
" Il y a des siècles, Poséidon avait perdu une guerre sainte contre Athéna. Sa forteresse, Atlantis, était réputée imprenable, et pourtant une poignée de chevaliers auraient réussi l’exploit de la faire tomber. Cette perte effroyable pour Poséidon était compensée par le caractère indestructible du Sanctuaire sous-marin. Toutefois, la redoutable démonstration des armes de la Balance lors de la guerre entre Athéna et Arès a fait réfléchir Poséidon. Depuis ce temps-là, chaque général est chargé de protéger un Pilier. Les armes de la Balance sont invincibles, mais pas leurs utilisateurs. "
Jetant un coup d’oeil au chevalier, Kasa attend une réaction. Il n’obtient qu’une question, hélas.
" Pourquoi me racontes-tu tout cela, Kasa ?
- Cela n’a plus d’importance. Si il est possible de détruire les Piliers à mains nues, ce secret n’a plus raison d’être.
- Pff ... Kasa, tu es encore plus pitoyable que je l’aurais cru.
- Que ... "
Les yeux s’écarquillent. Au moment où l’image du Pilier intact lui parvient, Kasa est partagé entre la stupéfaction et une forme de folie qu’il craint de voir le gagner.
" Le Pilier !
- Est intact, bien sûr. Tu m’as dit toi-même qu’il était inébranlable sans l’aide d’une arme. Le détruire à mains nues ? Certes, cela doit être possible. Comme je le disais, il faudrait posséder une vitesse et une puissance divines. Pour ce qui est de la vitesse, je doute qu’il soit possible de surpasser celle d’un chevalier d’or. Mais pour la puissance, égaler un dieu, c’est une autre histoire ...
- Mais ... "
Le Pilier de L’Océan Antarctique ...
Fier, invincible, pareil à une création divine. Par quel miracle se tient-il là tout droit, alors même qu’il s’était effondré un instant auparavant ?
Kasa tarde à comprendre.
" Général, ce que tu as vu était ...
- ... une illusion. "
Le visage toujours fixé sur la colonne, le général parvient à jeter un regard en coin à son adversaire. La vaste étendue de son erreur lui apparaît enfin.
" J’en ai trop dit.
- C’est vrai.
- Mais si je te tue, j’aurais accompli ma mission sans faute.
- C’est vrai aussi, mais tu n’en es pas capable.
- Cela reste à prouver. Prend ça !
SALAMANDER SHOCK !! "

L’attaque foudroyante du général vient mourir dans la main du chevalier. Il n’aura fallu qu’un geste à Shaka semblable à Bouddha pour bloquer le coup.
Le Lymnade lâche un grognement rauque.
" Général, tu m’es de loin inférieur sur le plan mental ET physique. Tu ne représentes aucun danger pour moi, c’est donc comme si tu n’étais pas mon ennemi, mais ...
- ...?
... mais quoi ? "
Le ton de la voix de Shaka s’élève, laissant deviner une colère inhabituelle pour cet homme d’habitude si calme et réservé.
" Mais je ne supporte pas ta façon de combattre !
- Comment ?!
- Tu fais souffrir tes victimes en jouant avec ce qui est cher à leurs coeurs. C’est pour cette raison que ta fin sera la pire de tous. Je pourrais te tuer, mais au lieu de cela je vais projeter ton âme en enfer.
QUE S’OUVRE POUR TOI LES MONDES DE LA METEMPSYCOSE !!
- HE ? "
Puis, au moment où la cosmoénergie spirituel de l’être le plus proche de dieu le frappe de plein fouet, vient le hurlement fou de celui qui se prétend un être humain.
Le malheureux ressent l’atroce sensation d’une main invisible qui viendrait s’agripper à ses pensées. Par une traction insatiable, c’est chaque souvenir, chaque idée du général qui une à une est extraite de son corps. Viens le moment où il ne reste plus rien de son âme. La coquille vide que forme son corps inerte s’échoue lamentablement à même le sol.


~~~~~


Un général nommé Kasa se trouve au centre d’une pièce ronde monotone. Réparties régulièrement le long du mur circulaire, se trouvent six portes.
Et puis, il y a une certitude.
" Choisir. Je dois ...
... choisir ... une porte ? "
Six portes. Un choix à faire.
Viens alors l’évidence.
" Celle-ci ? "
L’une des portes sort du lot. Il n’est en fait pas vraiment question de choix, comme si c’était la porte qui l’avait choisi. L’esprit de Kasa s’en approche. S’éloigne des autres ...
Une pensée le traverse.
‘Est-ce vraiment la meilleure pour moi ?’
Mais il est trop tard.
La porte s’ouvre. Kasa entre.

Ensuite il y a ...

" Agent K-42 749, veuillez signer, s’il vous plait. "
Le général réalise qu’il vient de retrouver son corps. Il porte même son écaille. Un sourire égaille son visage. Une seule seconde ...
Kasa comprend que ce corps n’est qu’une expression spirituelle de son âme.
Alors, il relève la tête. Il se tient face à un bureau. Derrière le bureau se trouve un homme vêtu de façon remarquablement distinguée. Mais l’homme n’a pas l’air satisfait.
Regardant autour de lui, Kasa comprend qu’il se trouve dans un bâtiment. Il comprend que l’homme en face lui demande de signer une sorte de contrat.
" Ne soyez pas si pessimiste ", avance l’homme. " Nous offrons parfois un peu de repos à nos employés. "
Sans vraiment chercher à comprendre pourquoi, celui qu’on appelait Kasa, et dont on disait qu’il était le général de Lymnade, vient d’attraper un stylo, et c’est sans hésitation qu’il marque son nom en bas d’une page blanche.


~ 6 ~


‘Il me ressemble tellement ...
Est-ce moi ?
Est-il mon ennemi ?
Si je le frappe, ne vais-je pas me blesser moi-même ?
Il s’approche. Puis-je me défendre ?
Il est tellement beau. Autant que moi. Je ne vais pas pouvoir le blesser.
Son poing ...’
" AAHH !!
- Calme-toi, Aphrodite.
- Qu ...
Shaka ? "
Le chevalier des Poissons se met sur son séant, réalisant du même coup qu’il était allongé.
Regardant autour de lui, il peut voir celui qui vient de l’aider à se réveiller, Shaka de la Vierge. Un peu plus loin, Camus est en train de secouer le chevalier du Capricorne. Ce dernier est apparemment toujours inconscient.
Aphrodite se relève, essuie un peu de poussière sur son armure, et attend les explications de Shaka. Ce dernier ne tarde pas à parler.
" Le général du Lymnade. Il se fait passer pour ce que son adversaire considère le plus, et il assomme sa proie par surprise. Sans moi, vous y passiez tous.
- Lymnade ...
Où est-il ? "
En guise de réponse, Shaka pose son regard sur un corps sans vie.
Aphrodite émet un doute.
" Il n’a même pas l’air blessé.
- Crois-moi, il est mort.
- Et Shura ? "
Entendant le nom de son frère d’arme, Camus le blanc tourne la tête. C’est avec une inquiétude non dissimulée qu’il exprime ses nouvelles funestes.
" Il vit. Mais il a perdu beaucoup de sang à cause de son bras. Je pense qu’il va reprendre conscience dans quelques minutes, mais il ne pourra plus se battre. Il faudra compter sans lui. "
Le visage de Shaka fixe à présent celui d’Aphrodite, qui semble réfléchir profondément.
" Nous ne pourrons pas détruire les Piliers. "
Une simple information pour le chevalier des Poissons, responsable de l’offensive. Un détail de plus, qui le pousse à prendre une décision.
" Ecoutez-moi, chevaliers. Nous vainquons les généraux, mais quelque chose me dit que ca ne durera plus. Les combats contre les généraux de Charybde, de Chrysaor et du Lymnade nous ont meurtris, et nous savons maintenant que la destruction des Piliers est hors de notre portée.
Avec Shura hors de combat, il ne nous plus possible de supporter une perte de plus, aussi je suggère ...
... l’assaut du temple de Poséidon. Ignorons les généraux de la Sirène Maléfique et du Dragon des Mers et occupons-nous directement de Poséidon. "
Camus ne dit rien, contrairement à Shaka.
" Tu t’imagines que les deux derniers généraux vont nous laisser faire ?
- Nous n’avons plus le choix.
- Et Poséidon ? Nous avons déjà du mal avec ses généraux.
- Mm ... "
Aphrodite semble réfléchir profondément. Ses paroles semblent bien difficiles à prononcer.
" Il nous reste une carte à jouer. Que notre destinée s’accomplisse. "


~ 7 ~


Quelques 10 000 ans plus tard ...

‘travail ...
travail ...
- est-ce pénible ?
- pas tant que ça.
- est-ce agréable ?
- pas tant que ça.
- tu aurais voulu un autre enfer ? celui des carnages, peut-être ?
- là douleur y est omniprésente, mais ...
- ... cette neutralité, elle t’est insupportable. le bien et le mal sont des concepts indissociables à toute raison d’être. je te laisse, voilà tes collègues.’

" Cassidi ? "
Un regard se lève. Le même depuis ...
... tant de temps. Plus qu’il n’est possible de compter.
" C’est la pause, tu viens ? "
L’homme qu’on appelle Cassidi se lève lentement, lâchant un soupir las. Il ne s’en souvient plus, mais ses vêtements de modestes employés avaient à l’origine un aspect bien plus singulier, semblable à une armure ... Comme en porterait un guerrier.
" Cassidi ?
- Mm ...
- Pourquoi t’es un agent K ? Ton nom commence par un C, pourtant ...
- J’imagine que mon nom devait commencer par un K, quand je suis arrivé.
- C’était quand ? "
Cassidi s’arrête. Il cligne des paupières, comme aveuglé par l’effort mental qu’il doit produire pour tenter de se rappeler.
Sa réponse exprime quelque chose d’abominable.
" Aussi loin que me portent mes souvenirs, j’ai toujours été un agent K, et j’ai toujours été ici ... "

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Cette fiction est copyright Frédéric Ramirez et Gille Monchoux.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.