Chapitre 3 : Les anges déchus


L'aube pointait à l'horizon alors que le cercle des cinq hommes vêtus de noir terminait le rituel. " La nuit s'éteint ! La lumière renaît ! Et avec elle son fils lumineux ! Oh Azrael notre maître, illumine notre chemin !" clamèrent-ils à l'unisson en levant les bras vers le ciel. Alors, à l'instant précis où le premier rayon solaire frappait la petite boîte objet de leur dévotion, celle-ci s'ouvrit dans une explosion de lumière et, porté par la clarté, apparut un homme aux traits fins, à la peau claire et aux cheveux dorés. Puis, alors que l'homme commençait à lentement s'élever au dessus du sol, de son dos trois paires d'ailes se déployèrent majestueusement. L'homme ouvrit les yeux, leva à son tour les bras vers les cieux et lâcha dans un grand rire sonore et hystérique : " Enfin ! Enfin ! Je suis libre ! Moi Azrael ! Moi l'ange de la mort ! ".

Simon marchait seul sur la petite route : Gabriel l'avait quitté à l'aube pour " régler un détail urgent " en lui demandant de se rendre dans une petite ville au sud de Jérusalem. En chemin, Simon croisa d'abord un groupe de marchands en route pour la capitale. L'un d'eux, un riche vendeur de tissus, proposa même de lui acheter son urne sacrée et Simon eut toutes les peines du monde à s'en défaire. Simon ressassait les événements de la nuit lorsqu'il fut interrompu par des sanglots. S'approchant d'un olivier, il découvrit, aux pieds de l'arbre, une jeune paysanne en larmes. " Euh… Tout va bien mad'moiselle ? ".La jeune fille interrompit ses sanglots et se tourna vers le jeune chevalier. Elle semblait avoir à peu près le même âge que ce dernier, avait la peau bronzé et de magnifiques cheveux noirs noués derrière la tête. De ses yeux bleus et humides elle fixa Simon un instant avant de répondre :

" _Mon…mon père m'avait envoyé à Jérusalem acheter de la laine… mais…(sanglot)…j'ai perdu la bourse que l'on m'avait confié…et je ne peux retourner chez moi les mains vides…
_On peut dire que tu as de la chance, lui dit Simon en souriant, je suis justement berger. Tiens prends cette laine, elle est à toi.
_C'est vrai ? Oh ! Merci ! Merci beaucoup ! répondit-elle en séchant ses larmes.
_Je m'appelle Simon.
_Et moi Sarah. Je viens de Bethléem.
_Bethléem ? C'est justement là-bas que je vais ! Faisons route ensemble !
_Avec joie !"

Et les deux adolescents se mirent en route pour la cité de David.


Céphise et Iah fixèrent le nouveau venu sans pour autant baisser leur garde. Leur mystérieux sauveur s'avança finalement vers les deux femmes chevaliers :

" _Je crois que j'arrive au moment opportun !
_A qui avons nous l'honneur ? demanda Iah, encore méfiante.
_Mon nom est Michel, je suis… comment dire… un vieil ennemi de vos ennemis.
_Autrement dit un ange, renchérit Céphise.
_Votre grand Pope vous a bien informé, Céphise de la Licorne et Iah de la Colombe.
_Vous aussi semblez particulièrement bien informé, répliqua Iah, alors peut-être pourriez-vous nous expliquer d'où venaient ces monstres et comment il faut procéder pour s'en débarrasser si d'aventure nous croisions à nouveau leur chemin.
_Mais bien sûr ! Ces individus étaient contrôlés par des démons inférieurs envoyés par un ange rebelle dont je n'ai hélas pu établir l'identité. Ces démons ne faisaient que contrôler ces corps et donc étaient insensibles aux coups que vous pouviez leur infliger. Le seul moyen de les faire fuir était de réciter le cantique que vous m 'avez entendu prononcer. C'est assez simple mais cela ne fonctionne qu'avec les démons possesseurs et malheureusement pas avec les anges déchus. Mais trêve de paroles inutiles : si vous voulez accomplir la mission que vous a confiée votre grand Pope, nous devons partir pour Béthléem dès maintenant."

Le soleil avait atteint à son zénith, aussi Sarah et Simon se décidèrent-ils à faire une halte à l'ombre d'une plantation d'orangers.

" _ Quelle étrange boîte ! Que contient-elle ? demanda Sarah, curieuse, en désignant l'urne posée près de Simon.
_ C'est une urne sacrée, elle date de temps très anciens et elle est...
_ …la preuve que tu es un chevalier au service d'Athéna, tonna une voix grave ! "

D'un bond, Simon se remit sur ses appuis en position défensive. Une silhouette se matérialisa alors devant lui : un jeune homme robuste vêtu d'une tunique aussi longue et sombre que ses cheveux eux-mêmes ceints d'un fin ruban aussi rouge que le sang. " Je me nomme Arioch. C'est Gabriel qui m'envoie te chercher : les combats ont commencé et nous avons besoin de toi de toute urgence. " L'homme s'éleva dans les airs et, sous les regards effarés des deux adolescents, déploya une magnifique paire d'ailes. " Prends ma main Simon : je vais te transporter sur place ". Passé l'étonnement, Simon s'avança finalement vers la main tendue. Un rictus malfaisant se dessina sur le visage d'Arioch… trop tard, il tenait fermement la main droite de Simon et une sphère flamboyante se formait autour d'eux. Sarah attrapa de justesse l'autre main de Simon puis tous trois s'évanouirent dans un éclair rougeoyant.



" _Excusez-moi, ma femme et moi recherchons un lieu où passer la nuit.
_ Désolé mais nous sommes complets, avec tous ces gens qui viennent se faire recenser…
_Je comprend bien mais nous venons de loin, ma femme est enceinte et je…
_Croyez bien que je suis navré mais ce lieu est bondé alors si de plus il fallait gérer un accouchement… " Sur ces mots l'homme referma la porte. Joseph, fatigué, avait frappé aux portes de toutes les salles communes et sa fortune de charpentier ne lui permettait pas d'offrir un gîte privé à son épouse. Désespéré, il partit rejoindre celle-ci, sous le porche où il l'avait laissée reprendre son souffle.



Lorsque Sarah rouvrit les yeux elle découvrit un paysage étonnant : le ciel était rouge et empli de nuages noirs. Autour d'eux, se dressaient les murs sombres comme la nuit d'une immense citée. Tout ici était noir et sans vie.

" _Où sommes-nous, demanda Sarah inquiète ?
_Vous êtes aux portes de Pandemonium, capitale de l'empire infernal, énonça tranquillement Arioch. En ce lieu, la force des anges rebelles n'est plus étouffée par les lois divines, ce qui signifie que nous autres, serviteurs du grand Lucifer, possédons en ce lieu un pouvoir au moins 100 fois supérieur à nos pouvoirs terrestres. "

Arioch se tenait debout face aux deux jeunes gens. Une fine armure d'un noir profond comme l'abime, recouvrait intégralement son corps athlétique ne laissant à découvert que sa tête et ses deux magnifiques ailes blanches.

" Encore une fois c'est par traîtrise que vous essayez d'abattre les justes, lança Simon. Mais assez parlé : GALACTIC CLASH !" Tels des jets de lumière, les poings du chevalier de Cassiopée s'abattirent sur l'être des ténèbres : celui-ci ne broncha pas.
" C'est donc cela toute la puissance d'un chevalier d'Athéna ? Quelle plaisanterie, j'ai du mal à croire que tu aies pu vaincre Moa.. Même si Moa est un faible méprisable et s'est laissé abattre par un humain, moi, Arioch, l'esprit de vengeance, je dois te faire payer la mort de mon compagnon d'armes. Reçois le châtiment dû à ceux qui s'opposent aux êtres de lumière : BLASPHEM EXPIATION ! " A ces mots il leva le bras et celui-ci déchira l'air tel une épée de feu. Simon n'eut que le temps de se déporter sur sa droite… insuffisamment : la protection de sa jambe gauche vola en éclats. Un filet de sang commençait à couler le long de son tibia. " Je te félicite, tu as eu là un étonnant réflexe, mais avec ta jambe blessée tu ne pourra renouveler ton exploît." Simon savait que son adversaire disait vrai, pourtant il n'avait pas le droit de perdre : Gabriel et Sarah comptaient sur lui. Il ne lui restait plus qu'une seule solution : attaquer en premier. Une aura bleue entoura le chevalier : " Tu ne gagneras pas ce combat sans y perdre des plumes. Reçois le jugement de cette humanité que tu méprise : GALACTIC CLASH ! " La puissance foudroyante qui avait vaincu Moa se déversa sur Arioch. Surpris par un tel dégagement de puissance, Arioch réussit malgré tout à éviter tous les coups du chevalier.
" Bravo chevalier ! Cette attaque était de loin supérieure à la première et j'ai bien crus un instant que tu allais me…. " soudain, Arioch porta la main à son épaule : sur son armure une fissure se forma, puis une autre et encore une et finalement l'épaulette explosa. " Comment as-tu pu… je dois tout de suite en finir avec toi !"
Simon avait mis toutes ses forces dans sa dernière attaque, et cette fois-ci, avec sa jambe blessée, il se trouvait dans une position défensive des plus précaires. Courageusement il se dressa prêt à mourir en honorant l'enseignement de son frère et maître.
" Adieu chevalier. BLASPHEM EXPIATION ! "
Mais alors que Simon s'apprétait à recevoir de plein fouet la terrifiante expression de la cosmoénergie de l'ange noir, celle-ci s'évanouit comme par enchantement. Une silhouette se matérialisa alors au centre du champs de bataille.
Le nouveau venu arborait une somptueuse tunique noire, ornée d'étrange motifs dorés mais ne semblait porter ni armure ni quelque autre arme de nature défensive ou offensive. Ses cheveux roux coupés en brosse laissaient voir sur son front un étrange pentagramme rouge sang. Arioch semblait craindre ce nouveau venu qui dégageait une extraordinaire cosmo-énergie : une cosmoénergie telle que Simon n'en avait encore jamais ressenti. Finalement Arioch baissa la tête et s'agenouilla devant l'homme mystérieux :

" _Seigneur Alastor…
_Arioch, dois-je te rappeler les règles qui depuis l'éternité régissent le pandémonium ?
_…Mon…Monseigneur…, balbutia Arioch.
_SILENCE ! Aucun humain ne doit fouler le sol de notre cité sacré. Seul notre maître est en droit de changer cette loi. Tu as pêché Arioch, tu connais la sentence…
_Mais… Seigneur…Je…"

Alastor leva la main droite, de son index jaillirent des rayons de lumière et Arioch disparut avant même de pouvoir comprendre ce qui lui arrivait.



Mérios, suivant les ordres de son maître, arpentait les ruelles de Béthléem à la recherche d'un signe de l'ennemi. Le soleil avait entamé sa descente vers l'occident depuis une poignée d'heure et Mérios commençait à relâcher sa vigilance, son esprit et son corps engourdis par l'inaction. Lorsque subitement il ressenti la proximité de deux puissantes cosmoénergies. Le jeune chevalier ne tarda pas à localiser et à rejoindre la source : dans la cour situé à l'arrière du vieux temple, au bord de la falaise, un jeune prêtre faisait face à une femme, jeune, la peau bronzée, parée de tissus aux couleurs vives mais sales, de bijoux éclatants mais grossiers et de cheveux longs et noirs mais désordonnés : probablement une de ces filles qui vivaient du commerce de leurs charmes. La femme, enflammant son cosmos, s'apprêtait à achever le jeune prêtre blessé. Mérios choisit cet instant pour intervenir et se jeta sur la femme. Mais celle-ci, malgré la surprise, évita le chevalier par un déplacement si rapide que pour Mérios il sembla instantané. Le prêtre profita de ce cours instant de distraction de la femme pour lui asséner une attaque qui l'envoya s'écraser contre un mur. Mérios se tourna vers le prêtre : " Je suis Mérios, chevalier d'Athéna et disciple de Michel. Je suis là pour vous aider. Cette femme est puissante : est-ce un ange noir ?" Le prêtre afficha d'abord un profonde surprise, puis prenant confiance il répondit : " Merci à toi....chevalier. Cette femme est effectivement un ange au service du prince infernal. Mais ne perdons pas plus de temps en paroles inutiles : revêt ton armure et, ensemble, détruisons cette noire créature. " La jeune femme se relevant interrompit leur discussion: " Jeune Mérios ! Tu sembles bien naïf … j'aurais pourtant cru un disciple de Michel à l'abri des jugements hâtifs et des préjugés : faut-il que les justes s'habillent toujours de blanc et les méchants de noir ? "




Quelque part dans le désert du Sinaï…

" _Seigneur Satan ! J'apporte un message du Chambellan des Abimes : Alastor vous demande d'en finir au plus vite avec les guerriers d'Athéna. Il vous informe que la perte de deux anges, même mineurs, a fortement déplus à notre empereur et que celui-ci pourrait bien décider de vous retirer le commandement de nos légions terrestres.
_Dites à mon homologue pandémoniaque que je le remercie pour sa sollicitude mais que je lui conseille cependant de ne pas s'amuser trop longtemps à froisser ses pairs Séraphins, car ce genre d'amusement pourrait bien finir par lui brûler les aile. Belzebuth !
_ Je suis là maître.
_Nous partons immédiatement pour Béthléem : il est temps qu'Alastor comprenne pourquoi c'est moi, et personne d'autre, que Lucifer à choisit comme son ambassadeur sur la terre des hommes."

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Cette fiction est copyright Eric Lhommeau.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.