Chapitre 16 : Poussières d'étoile


Le mont Huashan, pic de l'Ouest dans la mythologie chinoise. Une montagne aux reliefs courbes, en forme de pain de sucre, parsemée d'une abondante végétation. L'un des cinq repères sacrés de l'Empire du Milieu. Et théâtre, depuis plusieurs heures déjà, d'une lutte sans merci dont l'enjeu n'était autre que l'avenir de la Terre.
Sur l'un des versants près du sommet de la montagne, Iolaos du Scorpion faisait toujours tête à Tchang du Coq, l'un des douze puissants spectres du zodiaque. Après avoir abattu son compagnon, Kao Lang du Serpent, qui avait succombé au venin de l'Aiguille Ecarlate, il avait tenté, de toutes ses forces, d'abattre le sceau des Ténèbres qui surplombait une imposante fontaine, édifice insolite en un tel lieu. Mais ses tentatives étaient restées vaines, d'autant plus que son adversaire ne comptait pas le laisser faire dans son entreprise.

Tchang : Par le Chant du Coq !!

Une bourrasque de vent, d'une puissance inouïe, balaya, à nouveau, les lieux où se déroulait le combat, en arrachant de nombreuses fleurs et autres plantes poussant par là. Iolaos fut une nouvelle fois balayé comme un fétu de paille, en perdant le casque qu'il venait juste de remettre, et qui tomba en faisant sonner le métal doré contre la pierre du ravin. Mais le chevalier d'or se remettait vite debout, juste un peu décoiffé.

Tchang : Mmm…tu es plus résistant que je ne le pensais…Mon attaque, malgré sa puissance, n'a pu te terrasser…
Iolaos : Il me semble que je t'ai déjà dit quelque chose tout à l'heure, à toi et ton compagnon…Une même attaque, quelque soit sa puissance, ne marche pas deux fois contre un chevalier d'Athéna…et, à plus forte raison, contre un chevalier d'or ! Tu m'as laissé plusieurs fois l'occasion de l'analyser et j'en ai percé les différentes arcanes…même si tes bourrasques de vent sont puissantes et m'emportent dans les airs sans que je puisse garder les pieds sur terre et y résister, j'ai désormais assez d'analyse pour pouvoir me rétablir…et, après avoir vaincu ton compagnon du Serpent, je ne crains pas de m'opposer à toi…tout à l'heure, vous étiez deux contre moi, maintenant, tu ne peux plus compter que sur toi-même !
Tchang : Il me semble que tu es dans la même situation…ton compagnon, le chevalier d'or du Cancer, n'aura pas fait long feu…notre maître Hadès a su quoi faire de lui…

Et le spectre ne put s'empêcher d'esquisser un sourire satisfait et narquois. Il savait ce qui s'était passé il y a peu et les conséquences que l'évènement allait avoir pour le camp d'Athéna et de ses chevaliers. Mais Iolaos refusait de se laisser abattre ; sa motivation ne faisait qu'augmenter.

Iolaos (fait brûler sa cosmo-énergie) : C'en est assez…ce combat a assez duré…il est grand temps d'en finir…je dois remplir ma mission…rien, ni personne, ne me barrera la route…et, pour Athéna…pour la victoire de la déesse et de la paix sur terre…
PAR L'AIGUILLE ECARLATE !!

Un éclair jaillit et aveugla un instant le spectre du Coq, qui eut le réflexe de se protéger des deux bras contre le venin…il l'avait déjà évité plusieurs fois et n'aurait aucun mal à l'éviter à nouveau…

Tchang (rouvre les yeux) : C'est ça, ton venin surpuissant ? Regarde comme mon surplis n'est pas…eh !!

Le chevalier du Scorpion avait disparu derrière lui, et avait profité de l'attaque, de faible intensité, pour contourner son adversaire en créant une diversion. Il était désormais devant l'imposante fontaine, et le sceau, que le spectre protégeait depuis tout à l'heure.

Tchang : Non ! Arrête !! (Se précipite) Je te l'interdis !
Iolaos : Disparais, maudit sceau !! Par les Pinces Fatales !

De nombreux éclairs jaillirent des doigts disjoints du chevalier d'or, qui tous éclatèrent en de petites explosions sur le sceau, comme autant de flèches enflammées. Jamais la détermination et la fulmination du chevalier n'avait été aussi grande…toute sa rage était portée sur la destruction du sceau des Ténèbres. Un nuage de fumée s'éleva à l'endroit de l'impact des explosions, et il fallut attendre un instant pour que la visibilité se fasse à nouveau. Une goutte de sueur avait déjà perlé sur le front du spectre du Coq, qui avait cru un instant que le pire était arrivé…mais, avec un nouveau sentiment de surprise désagréable, Iolaos constata que le sceau n'avait toujours rien ; il paraissait comme inébranlable.

Iolaos (dépité ) : Ce n'est pas vrai !!

Le chevalier du Scorpion commençait à ne plus pouvoir contenir sa rage ; il serrait les poings de toutes ses forces, ainsi que les mâchoires, en commençant à grogner tant sa déception était grande.

Tchang : Alors, on a tenté une diversion…?
Iolaos : Je ne peux pas le croire…ce vulgaire bout de parchemin, qui surplombe le haut de cette fontaine !! Il n'est tout de même pas indestructible !! J'y ai pourtant mis toute ma puissance…
(Regardant le spectre fixement) : Il existe un moyen de détruire ce sceau…et tu le connais !! Tu vas me le révéler !!
Tchang : Je ne te révèlerai rien du tout ! Et puisque tu as joué de mon manque d'attention une fois, cela ne se reproduira plus…je vais te tuer, chevalier ! Par le Chant du Coq !!
Iolaos : Ahhhghhh !!

L'attaque était certes plus puissante que la fois précédente, mais le découragement du chevalier du Scorpion lui avait fait sensiblement baisser sa garde, si bien qu'il ne put rien faire contre les bourrasques du Chant du Coq, et alla s'écraser violemment contre une paroi abrupte en contrebas de la montagne. Il retomba dans le ruissellement de l'eau qui jaillissait de la fontaine, en formant un petit torrent qui grandissait au fur et à mesure qu'il dévalait la montagne. Il manqua de perdre connaissance, et les blessures occasionnées par le choc contre la pierre le firent saigner de façon conséquente au niveau des avant-bras et du visage. Son sang se mêlait à l'eau qui coulait et prenait une teinte rougeâtre. Tandis qu'il reprenait ses esprits, sans bouger, il sentait le contact de l'eau fraîche contre son visage. Une eau pure et cristalline, qu'il pouvait presque boire…

Iolaos (pensant) : Je ne peux pas le croire…les spectres seraient trop forts…et les sceaux des Ténèbres indestructibles…non…cela n'est pas possible…pour Athéna…il faut que je lutte…mais comment…
…et si…
…mais oui, ça y est…

Le spectre du Coq, satisfait du coup qu'il avait porté, commençait déjà à crier victoire, et entreprit de se pencher près du ravin où le chevalier d'or avait été plongé.

Tchang : Quand je pense que ces chevaliers d'or sont les plus puissants des chevaliers de l'armée d'Athéna…en voici deux en moins en quelques heures…je dois maintenant l'achever…

Mais un déferlement inouï de cosmo-énergie l'irradia au visage lorsqu'il se pencha. Le chevalier du Scorpion s'éleva dans les airs, comme si son propre cosmos le portait et le faisait léviter. Son visage rougi de sang ne l'empêchait pas de fixer à nouveau son adversaire avec détermination.

Tchang : Chevalier d'or ! Que vas-tu…
Iolaos : PAR LES PINCES FATALES !!
Tchang : Agh !!

Un nouveau coup partit comme une flèche enflammée, mais en frôlant à peine le spectre du Coq. Lorsqu'il réalisa que ce n'était pas contre lui que le coup avait été porté, il se retourna, hébété.
Iolaos du Scorpion avait concentré toute sa force contre la fontaine de pierre blanche, toute lisse, qui ornait la montagne, non plus contre le sceau lui-même mais contre la base de l'édifice, d'où l'eau jaillissait en quantité. Les deux combattants retinrent leur souffle…
La pierre blanche commença à se craqueler…des fissures, de plus en plus nombreuses, apparurent, menaçantes…avant que la pierre ne vole littéralement en éclats, en explosant en centaines de fragments.
Quelques instants plus tard, le sceau des Ténèbres avait complètement disparu, comme s'il n'avait jamais existé. Et l'eau s'était instantanément évaporée, sans laisser la moindre trace d'humidité au sol, comme si l'écoulement n'avait été qu'illusion depuis le début.

Tchang (incrédule, les yeux grands ouverts) : Non !! Co…comment ??
Iolaos (triomphal) : tu devrais le savoir, non ? Quand j'étais au sol, terrassé par ton attaque, j'ai senti l'humidité de l'eau me chatouiller le visage, et j'ai alors compris…cette orgueilleuse fontaine, édifiée au beau milieu de cette montagne, n'avait d'autre fonction que de maintenir la résistance du sceau…cette eau qui en coulait n'était que sortilège…pour détruire le sceau, il suffisait de détruire ce qui le maintenait : la fontaine !
Tchang : Grr…bravo, tu es perspicace, mais tu paieras cher, très cher, ce que tu viens de faire !!

D'un seul coup, alors qu'ils parlaient, on entendit un grondement long et profond, comme une sorte de bourdonnement, qui venait des entrailles de la terre. Et ils vacillèrent sur eux-mêmes, en manquant de perdre l'équilibre.

Iolaos : La terre…la terre vient de trembler !! Mais…qu'y a-t-il ? Pourquoi souris-tu à nouveau ?
Tchang : Tu ne sais pas ce que tu viens de faire…en détruisant ce sceau, tu crois n'avoir qu'ouvert une brèche entre le monde des Ténèbres et ce monde…mais tu viens en même temps, d'ouvrir la boîte de Pandore…
Iolaos (effrayé) : Quoi ? La boîte de… ?
Tchang : Mais je ne t'en dirai pas davantage, car tu seras mort avant de découvrir ce dont il s'agit !! (fait brûler son cosmos) Je n'ai pas le droit de partir de cet endroit avant de t'avoir terrassé pour de bon, ce que je vais faire dans l'instant…
Iolaos : Ce cosmos…effroyable…il est réellement menaçant…
Tchang : Allez !! Ce combat touche à sa fin !!
PAR LA SEMENCE DES TENEBRES !!!
Iolaos : AAArrrrrrrrgghhhhhh !!!

Le chevalier de Scorpion fut terrassé d'un coup, aussi brutal que rapide. Bien qu'ayant déjà vu l'attaque précédemment, il commençait à accuser la fatigue et la trop grande confiance que lui donnait le fait d'avoir détruit le sceau du mont Huashan. Il alla s'écraser presque au même endroit que la première fois, mais cette fois une étonnante fissure se fit dans le plastron de son armure d'or, pourtant réputée des plus résistantes parmi toutes. Qin, satisfait de son coup, s'approcha près du ravin et vit le chevalier du Scorpion qui gisait, sans connaissance et, espérait-il, sans vie, du sang se répandant autour de son visage dans une tache grandissante.

Tchang : J'ai réussi…l'un des sceaux des Ténèbres a été brisé, mais j'ai vaincu le chevalier d'or du Scorpion…avec le chevalier du Cancer, en voila déjà deux en moins…je dois poursuivre ma mission…

Et le spectre, sans s'attarder, fit demi-tour et s'en alla à toute allure vers le sentier qui descendait de la montagne, quittant un poste où il n'avait plus de mission à mener.


Le mont Kunlun

Non loin du puits aux morts, mais suffisamment loin pour que les deux groupes ne puissent se rencontrer, deux grappes de chevaliers s'étaient formées l'une face à l'autre. La première, composée de tous les chevaliers de bronze encore en vie, était emmenée par Aritaki, chevalier de bronze de Pégase. La seconde regroupait une vingtaine de spectres, tous vêtus de surplis sombres qui déteignaient dans la lumière d'ocre du jour finissant.
Tous avaient senti, à l'instant, le long grondement de la terre où ils se trouvaient.

Un spectre, incrédule (regardant les autres) : La terre…la terre vient de trembler !
Aritaki (comprend ce qui vient de se passer) : Ha ha ha…attendez-vous à entendre ce bruit encore quatre fois, dans les heures ou les jours qui viennent…
Un autre spectre : Quoi ?!? Tu as l'air bien renseigné sur ce qui vient de se passer…d'où tires-tu tes informations…!?
Aritaki : Peu importe, tu seras vaincu avant de le savoir…les autres, tenez-vous prêts !
Tous les chevaliers d'Athéna : Oui !!
Un autre spectre : Attaquons en même temps, à plusieurs, ainsi nous en abattrons plus d'un seul coup ! Allez ! Par les Infâmes Démangeaisons !
Spectre 2 : Par les Crocs du Chacal !
Spectre 3 : Par les Pinces de la Mante Religieuse !
Spectre 4 : Par le Dard de l'Abeille !

Un torrent d'énergies mêlées déferla vers les chevaliers de bronze, intense de lumière mais peu puissant en réalité. Les quatre spectres venaient d'attaquer conjointement, sans vraiment réfléchir à ce qu'il fallait faire, tandis que la quinzaine d'autres qui étaient présents à leurs côtés, n'avaient rien tenté et retenaient leur souffle, une goutte de sueur sur le front et une pointe d'appréhension non dissimulée. Pour beaucoup, c'était leur premier combat et le manque d'expérience les retenait sans doute de passer à l'action de façon plus franche.
Les vingt-quatre chevaliers d'Athéna présents, tous de bronze, emmenés par Aritaki, se joignirent les uns aux autres sous forme d'une phalange serrée, presque alignés en quatre rangées de six hommes, et joignirent les deux mains devant eux de façon identique. C'est ainsi que la déferlante d'énergie arriva à eux, et qu'ils la continrent tous, sans reculer ni sourciller. Une formidable boule de lumière se forma, si vive qu'elle cachait le visage de ceux qui s'étaient mis le plus aux avant-postes. Mais rien ne se passait ; la lumière se maintenait dans les airs, sans progresser davantage, et ne menaçait nullement le groupe compact de chevaliers.
D'un seul coup, sans que nul ne s'y attende parmi les spectres, l'énergie fit demi-tour, et faucha les quatre spectres qui avaient attaqués, directement, en pleine poitrine. Des lambris de surplis éclatèrent. Tous les quatre venaient d'être terrassés par leurs propres attaques. La critique fut vive parmi leurs compagnons.

Spectre 5 : Espèces d'idiots ! Regardez-vous !! Attaquer sans réfléchir ! Ils sont vingt-quatre, et nous sommes dix-neuf ! Vous vous doutiez bien qu'à quatre, vous n'alliez pas faire le poids, même ensemble ! (regarde l'un des spectres, qui n'arrive pas à se lever) : Débrouille-toi, Brinx !

Brinx, spectre du Pou : Ouais, bon, on dira que c'était un coup d'essai ! Spectres du Cafard et du Clairon, arrêtez de rire !

Mais déjà, devant une telle débandade et désorganisation chez l'ennemi, des sourires amusés et presque apitoyés se dessinaient sur le visage des chevaliers d'Athéna, ravis de voir ainsi dévoilée la relative faiblesse de leurs ennemis.

Moufta du Cafard : Séparons-nous en groupes ! Nous les affronterons un par un ! Ca vaudra mieux ! De toutes façons, même seuls à seuls, nous sommes largement plus forts qu'eux !

Tous les spectres se regardèrent avec approbation, mais les chevaliers de bronze ne l'entendaient pas nécessairement de cette oreille.

Jonis-Paulos de l'Oiseau de Paradis (ironique) : Ce n'est pas que nous ne voulons pas nous battre, mais notre mission est d'atteindre le mont Kunlun au plus vite…si vous nous laissez passer, on gagnera un temps précieux…Et ça vaut mieux pour vous…
Baltimore, spectre de l'Abeille : Et puis quoi encore ? Voyez ça ! De l'intimidation ? Vous ne passerez pas, et vous ne verrez jamais le sommet du mont Kunlun ! En garde ! (fait brûler son cosmos)

Tandis que les hostilités reprenaient entre les deux combattants, les autres chevaliers de bronze essayèrent pour la plupart de profiter de la confusion générale pour se faufiler dans la mêlée et de s'enfuir purement et simplement. Mais les spectres veillaient au grain et, peu à peu, trois grappes de combattants se formèrent entre ceux qui voulaient passer par la gauche, ceux qui tentaient leur chance sur la droite, et ceux qui fonçaient tout droit, dans le tas de spectres encore homogène. Trois groupes distincts et distants d'une centaine de mètres les uns des autres, qui allaient s'affronter sans merci. Le seul but de tous les chevaliers de bronze étant de rallier sains et saufs le sommet du mont Kunlun, et de rejoindre les chevaliers d'or.
Mais le duo formé par le spectre de l'Abeille et le chevalier de l'oiseau de Paradis, s'affrontait déjà tout seul, à l'écart des autres.

Jonis-Paulos de l'Oiseau de Paradis : Que les plumes célestes s'abattent sur toi !

Une pluie de couleurs belles et raffinées tomba sur le spectre, nullement menaçantes en apparence, mais Baltimore de l'Abeille se doutait qu'il n'en était rien, et riposta aussitôt.

Baltimore : Par le Dard de l'Abeille !

Quelques plumes volèrent en éclats, et des débris de l'armure de bronze avec ; l'avantage était pour le spectre.

Jonis-Paulos : Argh !
Baltimore : Et ce n'est qu'un début ! Prépare-toi ! (fait encore brûler son cosmos)
Jonis-Paulos : Avec un cosmos si sombre et si négatif, tu n'arriveras à rien…
Baltimore : Ah oui ? Goûte maintenant à ça ! Par la Piqûre Démoniaque !

L'insecte avait changé d'apparence et devenait d'un coup plus menaçant, mais le chevalier de bronze ne se laissait pas intimider. Jonis-Paulos : Par la Prise Céleste !

Un oiseau face à un insecte…les deux cosmos en présence dessinaient les deux bêtes. L'oiseau avait changé de posture et fonçait, tête en avant, sur le vil insecte qu'était le spectre de l'Abeille. Il le goba quasiment du bec…au même instant, le surplis du spectre explosa en centaines de morceaux, et Baltimore retomba dans une mare de sang. C'en était fini de lui.

Jonis-Paulos (retombe sur ses pieds, triomphal) : Et voilà ! Un en moins…

Le chevalier de bronze commença alors à courir vers les autres chevaliers, pour les rejoindre, sans même se retourner vers sa première victime. Mais un hoquet sourd, comme un dernier rire nerveux, s'échappa de la bouche du spectre alors qu'il agonisait. Le chevalier de l'Oiseau de Paradis n'avait pas fait une dizaine de mètres qu'il ralentit sa marche, contrarié par une douleur nouvelle dans l'épaule.

Jonis-Paulos (transpire par tous les pores de la peau) : Ahghh…cette douleur…ça me fait mal…c'est de pire en pire…j'ai chaud, si chaud…que m'arrive t-il ? (se tient l'épaule) Aurait-il réussi à me toucher…malgré t…agHH !!

La douleur était trop vive et le chevalier s'effondra, dans une grimace qui lui déformait le visage. Il perdit bientôt connaissance puis, une petite minute plus tard, la vie. Le dard de l'abeille avait fait son œuvre. Un peu plus loin, un premier groupe s'affrontait sans relâche. Cinq spectres face à sept chevaliers de bronze. Parmi eux, on retrouvait Hugo, chevalier de bronze du Lièvre, l'un des acteurs du déclenchement de la Guerre Sainte, lors de la venue de Rune de Balrog. Six de bronze sur les sept, décidèrent d'attaquer conjointement.

Hugo : En garde, spectres démoniaques ! Chevaliers d'Athéna, joignez-vous à moi ! Par la Détente du Lièvre !
Phibucée de la Carène : Par la Noyade Infernale !
Alphéa de la Colombe : Par le Chant de la Paix !
Alban d'Andromède : Vague de Tonnerre !
Alexandros de la Croix du Sud : Que tes sens se brouillent !
Vic de la Table : Par l'Avalanche des Métaux !

Les cosmos conjugués, très différents les uns des autres en raison des attributions hétéroclites des six chevaliers, causèrent différents effets sur les cinq spectres. Tantôt la chaîne d'Andromède transperçait l'un des surplis, tantôt le chant de la Paix engourdissait deux spectres qui manquaient de sombrer dans un sommeil sans fin, ou encore des tonnes de bois et de minéraux menaçaient de s'effondrer sur l'ensemble des spectres. Mais, dans l'ensemble, les cinq spectres restèrent debout, et s'en sortirent sans trop de dommages. A la grande surprise des attaquants, animés de la meilleure volonté, qui ne comprenaient pas que leurs attaques restent vaines.

Vic : Ils n'ont rien !!
Ilona de la Mante Religieuse (sourire satisfait) : Ce n'est pas à n'importe quels spectres que vous avez affaire…nous sommes des spectres de deuxième catégorie, plus puissants que ceux contre lesquels les autres chevaliers de bronze se sont heurtés tout à l'heure…et contre lesquels ils n'avaient déjà rien pu faire…
Hugo : Nous verrons ça…vous ne me faites pas peur…(fait brûler son cosmos) Nous sommes des chevaliers d'Athéna…nous nous battons pour la paix et la justice sur terre…nous ne craignons pas de mourir…et nous sommes prêts à tout…pour vous vaincre…et vaincre Hadès…
Fungus du Chacal : Vous allez un peu vite en besogne…avant d'envisager un seul instant de pouvoir vaincre Hadès, il faut déjà que vous nous passiez sur le corps…voyons un peu ça !! Par les Crocs du Chacal !!

Le coup partit à toute vitesse. Il était plus puissant que ceux que les chevaliers de bronze avaient envoyé peu avant, et alla fouetter violemment deux des chevaliers de bronze. Phibucée de la Carène s'en sortit sans trop de dommages, mais on ne pouvait en dire autant de Sauros du Serpent, le seul des sept qui n'avait pas attaqué au début.

Hugo : Sauros !!
Sauros : Aghh…agrhhh…

Le chevalier de bronze gisait au sol, son armure déjà en miettes au bout de la première attaque. Une plaie importante s'était faite dans son abdomen qui n'était pas protégé. Le coup avait été d'une violence particulière.

Alban : Grrr…tu vas payer !! Attaque, chaîne nébulaire !!
Fungus du Chacal : Par les Crocs du Chacal !!

Les crocs du Chacal transpercèrent la faible défense de la chaîne, qui se brisa en morceaux, rendant le chevalier d'Andromède vulnérable. Deux autres spectres, sans prévenir, attaquèrent à leur tour, alors que les autres s'étaient à peine remis de la première salve du spectre du Chacal.

Brinx du Pou : Par l'Infâme Démangeaison !!
Pino du Clairon : Par la Mélodie des Ténèbres !

Mais les deux coups avaient été portés contre un seul adversaire précis. On entendit des craquements d'os lugubres. Le corps déjà meurtri de Sauros, chevalier de bronze du serpent, venait de se briser à toutes les articulations. Cette violence était purement gratuite, car le chevalier était déjà blessé et sans moyen de se défendre, et encore moins d'attaquer. Les deux spectres s'acharnaient sur le malheureux avec un sourire et une jouissance à peine dissimulés.

Vic de la Table : Sauros !! Nooon ! (regarde les spectres) : Monstres !! Vous allez payer !!

Les deux spectres, encore plus satisfaits, éclatèrent de rire, tandis que le malheureux chevalier de bronze était en train d'agoniser. D'instinct, trois autres des chevaliers de bronze se mirent devant leur compagnon grièvement blessé pour le protéger de leur corps contre ses deux bourreaux.

Alban : Une telle violence, purement gratuite…ainsi donc, faire souffrir vous donne du plaisir…voyons ce que souffrir vous-mêmes vous procure !! Vague de Tonnerre !!

Le chevalier d'Andromède attaqua encore, mais sa chaîne d'attaque, déjà bien ébréchée, se brisa littéralement en morceaux sitôt qu'il la mit en mouvement. Il ne lui restait plus que sa deuxième chaîne, celle de défense. L'ensemble des cinq spectres, en choeur, éclata à nouveau de rire. Au même moment, Sauros du Serpent rendit son dernier soupir, sans avoir eu la moindre occasion d'attaquer depuis le début des hostilités.
Les chevaliers de bronze, si sûrs d'eux au début, commençaient peu à peu à paniquer, et cacher leur crainte devenait chose difficile.

Moufta du Cafard : Et voilà, un de moins ! Avec toi (désigne Alban) qui n'a plus de chaîne pour attaquer, vous n'êtes plus que cinq pour tenter quoi que ce soit…et ce n'est pas fini…
Alexandros de la Croix du Sud : Grrr…espèces d'ordures…vous dévoilez ainsi votre vrai visage…vous allez payer !! (brûle son cosmos)
Vic de la Table : Oui !! Moi aussi, je vais…

Et les deux chevaliers de bronze, excités par la rage de vaincre, firent brûler leur cosmos. Mais les deux auras, bien qu'émanant de chevaliers de bronze, étaient désormais sublimées et augmentées par la force de leur colère. Ils voulaient venger leur compagnon mort pour rien.

Alexandros : Que vos sens se brouillent !!
Vic : Par l'Avalanche des Métaux !!

Une véritable boule de feu fonça sur l'ensemble des spectres, qui regardèrent le coup arriver presque sans réagir, un sourire narquois toujours affiché sur leurs lèvres.

Fungus du Chacal : Peuh ! Nous les bloquerons à mains nues…
Ilona de la Mante Religieuse : Attention !! Ils sont plus forts !!

Mais Fungus et Brinx du Pou, trop sûrs de leur victoire, ne purent rien faire contre le coup des chevaliers de bronze qui, surpuissant, les terrassa net. Les deux spectres s'envolèrent dans les airs et allèrent s'écraser violemment contre des rochers en contrebas de la montagne, à presque une trentaine de mètres de là. Leurs surplis volèrent en éclat ; déjà, une tâche de sang se formait autour de leurs corps inanimés.

Moufta : Les imbéciles…ces petits chevaliers ont de la ressource…
Vic (toujours en colère) : Oui, et pour Athéna, même simples chevaliers de bronze, nous nous battrons contre vous au péril de notre vie !!
Alphéa : Vous n'êtes plus que trois, et nous six…l'issue du combat ne fait aucun doute…
Moufta : Ah oui ? Nous allons arranger ça…

Le spectre concentra une nouvelle boule d'énergie entre ses mains. Le spectre du Cafard n'avait pas encore attaqué, et les chevaliers de bronze se mirent en quinconce, en formant une sorte de grappe protectrice, et en se demandant bien ce que le spectre allait sortir de ses réserves.

Moufta : Découvrez…la force des spectres d'Hadès !! Par la Terreur Démente !!

Un nuage noir grotesque se forma et un cafard hideux et monstrueusement grand apparut, qui n'eut pour autre effet que de semer l'effroi chez les six chevaliers de bronze…mais, d'un coup, alors qu'ils n'avaient reçu aucun coup, Alexandros et Vic entendirent un bruit suspect. Leurs armures commençaient à se fissurer…quelques secondes plus tard, elles éclatèrent comme le verre le plus fragile. Les chevaliers de bronze de la Table et de la Croix du Sud n'avaient plus aucune protection.

Pino du Clairon : C'est le moment !! Par la Mélodie des Ténèbres !!

Mais le chevalier Alban d'Andromède avait déjà réagi et protégea ses compagnons en activant la seule de ses deux chaînes qui lui restait, celle de défense. Mal lui en prit car la Mélodie des Ténèbres, en lui perçant littéralement les tympans de douleur, brisa la chaîne de défense et rendit le chevalier d'Andromède aussi vulnérable qu'un nouveau-né. Une pluie de débris d'armures rose, bleu et blanc vola dans les airs et trois corps retombèrent lourdement sur le sol, d'un bruit sec qui n'annonçait rien de bon. Les chevaliers de bronze d'Andromède, de la Croix du Sud et de la Table avaient rendu l'âme à leur tour.
Dans une expression d'effroi, devant tant de morts si rapides, les survivants firent rapidement les comptes : trois chevaliers de bronze face à trois spectres.

Hugo (sueur sur le front) : Celui-ci était plus fort que les autres…ils n'ont pas abattu toutes leurs cartes avec le Cafard…il va falloir jouer serré…
Alphéa : Oui, attaquons tous les trois d'un même concert…nous n'avons plus rien à perdre !!

Et les trois chevaliers de bronze restant du petit groupe de sept joignirent rapidement le geste à la parole.

Hugo : Par la Détente du Lièvre !!
Alphéa : Par le Chant de la Paix !!
Phibucée : Par la Noyade Infernale !!

Mais les trois spectres ne comptaient pas se laisser faire aussi facilement.

Pino : A nous de jouer !! Par la Mélodie des Ténèbres !!
Ilona : Que la Mante Religieuse vous dévore !!
Moufta : Par la Terreur Démente !!

Une gigantesque explosion retentit et dégagea un nuage de poussière épais. Quand il se dissipa, on ne put que constater des cadavres éparpillés un peu partout, devenus presque difficiles à identifier pour certains d'entre eux. Les trois spectres, de même que les trois chevaliers de bronze, avaient tous perdu la vie en un instant.

Un peu plus loin, un deuxième groupe opposait neuf chevaliers de bronze face à sept spectres. Il y avait là les chevaliers de bronze du Caméléon, du Dauphin, du Sextant, de l'Octant, de d'Espadon, de la Dorade, du Poisson Austral, de la Grue et de la Règle. Face à eux se tenaient les spectres du Vautour, du Couteau, du Volcan, du Houx, du Bûcher, de la Faux et de l'Etoile Noire.
Mais les présentations n'avaient pas été faites que, déjà, des attaques fusaient de toutes parts, dans un de affrontement sans merci.

Gil : Par la Défense du Caméléon !!
Ptolos : La Parade de la Mer !!
Lumnos : La Capture de la Grue !!

Les spectres, tous ensemble, joignirent les mains et bloquèrent les faibles attaques, lancées précipitamment et sans réelle conviction.

Gil : Ils n'ont rien !!
Pnyx du Volcan : A qui croyez-vous avoir affaire ? Je vois à vos armures que vous êtes parmi les troufions que compte l'armée d'Athéna, et, à voir la piètre démonstration que vous venez de faire, nous n'aurons pas besoin de nous fatiguer beaucoup pour vous vaincre…

Un petit rire narquois résonna sur les lèvres des sept spectres, mais les chevaliers de bronze n'en démordaient pas.

Iclandre du Sextant : Soit ! Peut-être votre pouvoir est-il grand, mais vous oubliez la cause pour laquelle nous nous battons…Athéna a toujours vaincu et, à ses côtés, nous ne craignons pas de nous battre au péril de notre vie…(fait brûler son cosmos). Pactrus ! Allons-y !!

Le chevalier du Sextant héla d'un regard son compagnon le chevalier de bronze de l'Octant. Les armures des deux chevaliers se ressemblaient beaucoup ; bien que peu couvrantes, des pointes et courbes bleuâtres sur leurs épaules laissaient deviner des instruments de mesure marine perfectionnés. Les deux chevaliers étaient de corpulence identique, l'un blond et l'autre brun, et leurs regards exprimaient la même détermination. Tous deux firent brûler leur cosmos avec vigueur. Deux auras bleutées entourèrent bientôt les lieux. Un troisième, faible en intensité, semblait se joindre à la leur…

Mélusin de l'Etoile Noire (jaugeant les adversaires du regard) : Mmm…
Iclandre du Sextant : Par la Puissance du Ciel Marin !!
Pactrus de l'Octant : Par la Froideur de la Nuit Etoilée !!

Un ciel d'encre se fit soudain, constellé d'étoiles qui ne brillaient pas…un paysage de mer agitée…tout cela factice, bien entendu…mais, telles des vagues assassines, trois des spectres ne purent tenir sur leurs jambes et furent balayés d'une rafale, emportés par des flots presque réels. Les spectres du Volcan, du Houx et du Bûcher se relevèrent avec difficulté, leurs surplis déjà entamés.

Décarion du Poisson Austral : Vous qui ironisiez sur nos protections de bronze, celles que vous a données Hadès n'ont pas l'air beaucoup plus résistantes…
Pnyx du Volcan : Grr…tais-toi !! Je vais te faire ravaler ta salive !! Par la Fureur des Entrailles de la Terre !!

Le coup avait été lancé contre les deux chevaliers marins en particulier, mais les deux compagnons d'armes prirent une posture surprenante ; ils joignirent une de leur main l'une à l'autre, et les flammes féroces surgies du volcan du Spectre échouèrent contre un bouclier protecteur formé par leurs auras. A nouveau, c'est comme ci une nouvelle énergie, bien plus puissante que le bronze, se joignait à la leur. Bientôt, une forme fut visible. Celle d'un sceptre.

Pnyx : Mais !! Ce sceptre !! C'est celui de…
Décarion : Athéna !! Oui !!
Iclandre et Pactrus : Par les Courants Ancestraux !!
Pnyx : AAAhhhrrghh !!

Le corps du malheureux spectre vola littéralement en éclats et un bras lui fut à moitié arraché. La plaie béante ainsi dévoilée le fit atrocement grimacer, puis son expression se figea : il était mort.

Piros du Vautour (surpris) : Pnyx !!
Iclandre et Pactrus : Et ce n'est pas fini !!
Piros : Attendez voir !! Par le…
Mélusin de l'Etoile Noire (lui prend la main) : Non, attend, Piros !! Pas comme ça !!
Piros : Quoi ? Mais que veux-tu faire ?
Mélusin : Je vois que nous vous sous-estimons…grâce à Athéna, que vous invoquez, vos cosmos sont sublimés…vous ne vous battez pas vraiment avec la puissance qui devrait être la vôtre…nous allons arranger cela…

Et le spectre se concentra, baissant la tête et posant ses mains sur ses genoux, dans une posture figée, comme en méditation. Mais, d'un coup, le ciel s'obscurcit, le soleil de la fin d'après-midi se voila et des nuages noirs arrivant rapidement, achevèrent de plonger les lieux dans des ténèbres surprenants. Le ciel, d'encre, ne contenait plus d'étoile.

Vélos de l'Espadon : Mais !! Qu'avez-vous fait ??
Mélusin : C'est l'espoir qui vous permet de vous battre…cette force que vous a donné Athéna, et que je hais…que nous haïssons tous, spectres de la nuit…Athéna vous a fait oublier d'où vient l'homme, et sa sinistre condition…
Nous ne sommes que des poussières d'étoiles…notre vie ne dépend que de celle des astres qui nous entourent…l'univers tout entier, le soleil qui nous fait vivre, les planètes qui lui gravitent autour…tout cela est né de nuages stellaires, auxquels nous devons tout…
Autrement dit, nous ne sommes que poussière…et notre destin, par notre mort inéluctable, est de le redevenir… Nous faisons partie de ce monde…et, lorsque nous mourrons, ce monde reprend ce qui lui appartient…
(concentre son cosmos)
Varèdre du Couteau (surpris) : Mais !! Mélusin…que fais-tu ??
Baryton du Dauphin : Intéressant ce petit cours de philosophie, mais tu ne nous impressionne pas !! En garde !! Mais…oh !!

Le chevalier de bronze du Dauphin ne pouvait plus bouger. Gil du Caméléon non plus. Pas plus que les autres chevaliers de bronze, et les spectres présents. Tout le monde était paralysé, dans ce paysage de nuit noire, sous l'emprise de la force mystérieuse dégagée par le spectre de l'Etoile Noire. Tout le monde était sous l'effet de sa cosmo-énergie. Que voulait-il tenter ? Il gardait sa posture, figé, comme plongé dans une méditation transcendantale dont il ne pouvait plus sortir. D'un seul coup…

Mélusin (ouvre les yeux) : Que l'Univers reprenne ce qui lui appartient !!

Une explosion formidable, comme celle qui accompagnait la mort d'un astre dans l'Univers, retentit partout en même temps, et fit trembler la terre où tous se trouvaient. Il fallut un moment pour que la lumière revînt. Lorsque tout fut redevenu calme, on pouvait voir les corps sans vie de l'ensemble des sept spectres du petit groupe, celui de Mélusin en premier. Il en était de même pour les chevaliers de bronze du Caméléon, de la grue, du Poisson Austral, de la Daurade, de la Règle et de l'Espadon. Seuls les chevaliers du Dauphin, du Sextant et de l'Octant se relevèrent, leurs armures bien abîmées. Ils se regardèrent, incrédules, et commencèrent à comprendre.

Iclandre : Incroyable…ce spectre s'est tout simplement ôté la vie !!
Pactrus : Je vois…c'est la seule attaque qu'il possédait…mais la plus meurtrière de toutes…en programmant ainsi sa propre mort, il pouvait ainsi emporter un grand nombre d'adversaires avec lui…
Baryton du Dauphin : Oui, et nous ne pouvons que nous réjouir qu'il n'ait visé que nous, les chevaliers de bronze…s'il s'était s'agi des chevaliers d'or, je me demande s'ils auraient tous résisté eux aussi…
Pactrus : Quoi qu'il en soit, allons aider nos compagnons qui se battent encore…

Sans même un regard, ils s'éloignèrent tous les trois de la zone de combat pour rejoindre ceux qui se battaient encore, non loi de là. Délaissant ceux qui, quelques instants auparavant, étaient encore leurs compagnons d'armes.
Un dernier groupe de combattants mettait face à face sept chevaliers de bronze encore debout, emmenés par Aritaki, chevalier de Pégase. Face à eux, sept spectres prêts à tout, seuls rescapés désormais des hostilités commencées un peu plus tôt.
Un peu plus loin, dans le premier groupe de combattants, tandis que le vent balayait le visage désormais mortuaire de tous les guerriers emportés dans le combat, les mains du chevalier de bronze Hugo du Lièvre se remettaient en mouvement…


Sommet du Mont Kunlun

Devant le Puits aux Morts, dans lequel s'était engouffrée seule Athéna à la surprise générale, un combat du plus haut niveau opposait toujours Siddartha, le chevalier d'or de la Vierge, et Adam, chevalier d'argent de l'Horloge, face à deux des douze spectres du Zodiaque, Yun du Bœuf et Qin du Lapin. Bien qu'Adam, blessé, peut-être même déjà mort, gisait au sol depuis un moment, hors de combat, le chevalier de la Vierge avait réussi à prendre un sérieux avantage en privant le spectre du Lapin de l'ensemble de ses cinq sens. Ce dernier gisait maintenant sur le sol, lui aussi, sans réaction. Mais l'acte inattendu d'Athéna, venait de semer sérieusement le trouble dans son esprit. De plus, il avait senti la terre trembler à l'instant et tous les cosmos des chevaliers de bronze, s'éteindre les uns après les autres, à une vitesse pour le moins inquiétante. Le spectre du Bœuf avait senti la même chose et s'en réjouissait, car il savait que les choses tournaient à son avantage, tandis que le camp d'Athéna s'affaiblissait.

Yun : Alors, on commence à s'angoisser, chevalier d'or ?
Siddartha : Qui, de nous deux, est le plus angoissé, peux-tu me le dire ? Ton compagnon, le spectre du Lapin, est au sol, à l'état de végétal, et je t'ai, toi aussi, privé de l'odorat et de la vue…tu ne peux plus sentir ma présence, ni me voir…il ne te reste que ton cosmos…qui va bientôt cesser de briller, j'en fais le serment…
Au nom d'Athéna !!
Yun : Au nom de qui ?? Cette fille qui s'est jetée dans le Puits aux Morts comme une idiote ?? Crois-tu qu'elle a une seule chance d'en réchapper ??
Siddartha : Ne sois pas stupide ! Réalise un instant de qui tu parles !
Yun : De la déesse de la Guerre, non ? De votre stupide déesse !
Siddartha : Quoi ?
Yun : Même les dieux doivent avoir l'assentiment d'Hadès pour pénétrer dans le royaume du seigneur des Ténèbres…toute déesse qu'elle soit, si Athéna tente de se jeter dans ce trou, elle a peu de chance d'en voir le fond…

Mais, Siddartha le savait, il mentait, il essayait simplement de lui faire peur inutilement, et de jouer avec ses nerfs. Mais Siddartha se rappela très vite les valeurs bouddhistes de calme intérieur et de compassion qui étaient les siennes, et il se résolut à poursuivre ce qu'il avait déjà commencé.

Siddartha : Quand bien même tu aurais raison, je te vaincrai comme ton compagnon d'armes…à moins que tu ne renonces à la cause que tu défends…
Yun : Et puis quoi encore ? Assez parlé, maintenant ! Tu vas rejoindre tous tes amis chevaliers de bronze qui viennent de perdre la vie !! Comme ça !! Par la Corne du Bœuf !!

Le coup arriva vers le chevalier de la Vierge avec une violence inouïe. Mais Siddartha ne sourcilla pas un instant, et garda une posture sereine et imperturbable en voyant l'aura du bovin foncer sur lui. Il se contenta de lever la main gauche, dans laquelle se forma une vive lumière…et, d'un seul coup, le Bœuf fut en difficulté ; Yun le spectre ne parvenait plus à avancer, et faisait du surplace, piétinant le sol avec les talons de son puissant surplis, poussant contre une barrière d'énergie invisible, qu'il ne parvenait pas à franchir. Siddartha le regarda fixement, à quelques centimètres de son visage grimaçant d'efforts, tandis que lui-même ne montrait aucune expression.

Siddartha : Eh bien, Bœuf Ténébreux ? Ne devais-tu pas m'attaquer de toutes tes forces ?
Yun (poussant encore) : Je…ne peux pas le croire…mon attaque…bloquée d'un coup…sans efforts…
Siddartha : C'est que, tu me l'envoies pour la deuxième fois, et, comme je te l'ai dit tout à l'heure, j'ai déjà pu l'analyser, et ce d'autant plus que la force que tu utilises n'est que force brute, physique…Et maintenant…

Mais un éclair fendit le ciel d'un seul coup. Le chevalier de la Vierge fut violemment touché par quelque chose de tranchant qui venait de derrière lui, par surprise. Il lâcha sur le coup sa concentration et le Bœuf en profita.

Yun : Reçois la force du Bœuf furieux !! Yaaaaahhhh !!!
Siddartha : AAHHHHRRRGGHHHH !!!!

Le chevalier d'or ne put cette fois rien faire et retomba violemment sur le dos, son casque tombant de sa tête et allant rouler au loin. Il se releva et regarda son bras, entaillé profondément par une lame pointue. Il tourna la tête et ne vit que le corps inerte et sans réaction du spectre du Lapin.

Siddartha : Ce n'est quand même pas…
Yun : Ha ! ha ! ha ! ha ! Tu as enfin compris, chevalier ?

Le corps de Qin du Lapin, privé de ses cinq sens, ne bougeait toujours pas, à l'était de légume, et pourtant un cosmos d'une chaleur et d'une puissance inouïe s'en dégageait. C'était comme si le spectre, toujours doté de ses facultés mentales, se servait de la seule puissance qui lui restait, celle de la pensée, pour attaquer encore son adversaire.

Siddartha : Ce malheureux a réussi à m'atteindre malgré tout ! Alors que je l'ai privé de tout moyen d'attaque ! Aghh (tient son bras qui lui fait mal)
Qin : Je ne suis pas encore vaincu, chevalier de la Vierge…
Siddartha : Oh !!

Le son de la voix du spectre du Zodiaque se répandait en écho dans les airs. Ses pensées devenaient audibles.

Qin : Tu croyais en avoir fini avec moi…mais le Lapin est beaucoup plus puissant que tu le crois…même privé de mes sens, mes facultés mentales sont assez puissantes pour t'affronter…mon corps ne répond plus à mes pensées…mais, c'est quelque chose qu'on nous a appris, à nous aussi, spectres de la Nuit…
Même si les corps sont brisés…le cosmos, lui, est immortel !!
Attaquez, Coupures Démoniaques !!
Siddartha : Agh !!

Une pluie de lames acérées, semblables à des dents de lapin pointues et menaçantes, plut en direction de Siddartha, qui dut sauter dans tous les sens pour les éviter. Leur vitesse, inférieure à la sienne, elle-même voisine de celle de la lumière, lui permettait de toutes les éviter…mais la pluie redoublait ; le corps du spectre, pourtant allongé au sol, déployait un cosmos toujours plus puissant qui augmentait en intensité. Bientôt, la vitesse fut la même que celle du chevalier d'or, qui commença à fatiguer de se déplacer ainsi pour éviter les milliers de lames qui le menaçaient. Puis, un torrent, de véritables trombes de lames plus pointues les unes que les autres, s'abattirent sur le malheureux chevalier d'or, quelques unes parvenant alors à le toucher. Il grimaçait de plus en plus, et la cadence de plus en plus effrénée des lames ne lui permettait pas de poser son assise pour se concentrer et tenter quelque chose. Et, d'un coup…

Yun : C'est le moment !! Par la Charge Impériale !!
Siddartha : AAARRGHH !!!

Le chevalier d'or s'envola à nouveau dans les airs, et de nouvelles lames lui entaillèrent la peau des jambes cette fois. Son salut vint de la puissante armure d'or qui le protégeait, et qui le fit s'écraser sans risquer d'y perdre la vie. Mais, s'il n'avait pas encore perdu connaissance, il gisait au sol mal en point, et avait perdu toute concentration au point d'ouvrir les yeux qu'il maintenait pourtant fermés depuis le début du combat. Lorsqu'il leva la tête, il vit le spectre du Bœuf, triomphal, qui lui écrasa les phalanges de la main avec un pied.

Siddartha : Aaaaghh !!
Yun (se délecte de la scène) : Eh bien, on dirait que les chevaliers d'or d'Athéna ont perdu de leur superbe !!
Siddartha : Je n'ai pas dit…mon dernier mot…
Yun : Ton compagnon d'argent, tout à l'heure, a été vaincu et est probablement mort, à l'heure qu'il est…c'est ton tour de le rejoindre…(concentre son cosmos)
Siddartha (pensant) : C'est la fin…je n'ai rien pu faire…même moi, Siddartha, l'un des hommes les plus proches de Dieu, je vais perdre la vie face aux spectres du Zodiaque…Athéna…pardonnez-moi…
Yun : Meurs, Siddartha !! Par la Charge Impériale !!
- Par le Tourbillon de Poussière d'Etoile !!!
Yun : AAAAGHHH !!!

Un puissant coup arriva par l'arrière et frappa le spectre du Bœuf en pleine poitrine, fissurant son surplis et le faisant mordre la poussière. Il ne tarda pas à se relever…et à voir apparaître le visage de son agresseur dans le nuage de poussière.

Yun : Qui a osé ??
- Celui qui arrive à point pour renverser la situation !!

Jason de Heinstein, ancien chevalier d'or du signe du Bélier et maître de Sion, venait de faire son apparition. Siddartha, qui le croyait mort depuis des mois et ne s'attendait évidemment pas à de telles retrouvailles, ne put cacher sa surprise et son incrédulité.

Siddartha (se relève et s'essuie le visage) : Jason !!?? Mais ?? Comment ??! Et…cette armure ??!
Jason : Je devine ce que tu ressens, Siddartha, mais c'est une longue histoire…nous en reparlerons…pour l'instant, relève-toi…et bas-toi !! Tu es prêt ?
Siddartha : Oui !!

Deux chevaliers d'or se tenaient à présent face à Yun et le corps de Qin du Lapin, tandis que Adam de l'Horloge ne bougeait toujours pas.

Yun : C'est étrange, j'ai l'impression de te connaître…
Jason : Figure-toi que moi aussi…ton cosmos ne m'est pas inconnu…(pensant) C'est étrange…et s'il s'agissait de…oh !!
Siddartha : Je ne comprends pas tout, mais je suis en mesure de t'affronter….et de te vaincre, maintenant !! Par les Six Mondes de la Métempsychose !!

Retrouvant toute sa concentration et fermant à nouveau les yeux, un paysage enchanteur apparut à nouveau et enveloppa toutes les personnes présentes sur les lieux.

Yun : Qu'est-ce que…où sommes-nous ??
Siddartha : Là où vont tous ceux qui ont commis quelque chose de mauvais durant leur vie…toi qui connais, je pense, les Enfers d'Hadès et ses différentes prisons, en voici désormais six que tu ne connais pas…celles réservées à mes ennemis…ce sont des mondes cauchemardesques, peuplées de tout ce que tu as toujours eu en horreur pendant ton existence…dans laquelle veux-tu aller ?
Yun : Aghh !! Je ne peux plus bouger !! Mais… !!! AaaHHH !! C'est brûlant !!

Une marée de sang rouge vif et brûlant se formait aux pieds du spectre du Bœuf, comme suintant du sol, surgissant des entrailles mêmes de la Terre…le sang montait, montait…tandis que le spectre ne pouvait plus bouger et sentait le liquide rouge lui chatouiller les chevilles puis les tibias, Siddartha et Jason flottaient dans les airs, comme par enchantement, et le regardaient souffrir.

Siddartha : Alors ? Quel effet cela fait-il de goûter soi-même au monde duquel on vient ?
Yun : Quel…quel est ce prodige ?
Siddartha : Ce sang est celui versé par toutes les victimes innocentes des guerres et des meurtres commis sur toute la surface de la Terre…comme tu le vois, il y en a assez pour noyer la totalité des spectres d'Hadès…C'est l'enfer dans lequel je te propose d'aller…tu goûteras aux brûlures ardentes du sang des innocents…pour l'éternité !!
Yun : Suffit !! Ce n'est pas ce spectacle qui…suffira…à m'impressionner…aaarggh !!

Le spectre se débattait, décidé à ne pas se laisser faire, tandis que le sang continuait de monter de plus en plus haut et lui arrivait maintenant au bas des cuisses. Les brûlures se faisaient de plus en plus vives…mais un puissant cosmos pourpre commençait à se dégager du liquide…et à séparer celui-ci en deux, tel Moïse face à la Mer Rouge…

Yun : Regarde ce que j'en fais…de tes Six Mondes de la Métempsychose !! Yaaaaahhh !!!
Siddartha : Agh !!

Une explosion retentit, le paysage disparut, et tout le monde revint au sommet du mont Kunlun. Tout le monde, sauf…

Yun : Qin !! Où est passé le corps de Qin …??
Siddartha : Tu veux le savoir ? Regarde donc…ou plutôt, ressens-le, puisque tu n'y vois plus rien…

Le chevalier de la Vierge, redevenu serein, fit apparaître un vortex de lumière devant ses yeux, où des scènes apparaissaient distinctement…on voyait alors le spectre du Lapin, pleinement conscient, ses cinq sens retrouvés, qui marchait dans des contrées arides en se blessant les pieds sur des milliers de pointes jonchant le sol, avec un surplis qui se brisait de plus en plus.

Yun : Quoi ? Mais… !!
Siddartha : Pendant que tu te débattais dans le sang, tout à l'heure, j'ai fait avec ton compagnon ce que je ne ne pouvais pas faire avec toi…
Yun : Quoi ?? Alors tu… ?? Tu n'as fait ça que pour faire diversion ??
Siddartha : Oui !! Et désormais ton ami le spectre du Lapin n'existe tout simplement plus !! Il est condamné à souffrir de marcher sur ces pointes pour l'éternité !! Comme il est désormais mort, les coupures que lui causeront les pointes se refermeront aussitôt, puis se rouvriront sans cesse !!

Désormais, le spectre du Bœuf était seul face à deux chevaliers d'or. Sa colère devint immense et il fulmina de rage, en se retenant d'exploser, les yeux rougis par le sang, bien qu'incapables de voir depuis que Siddartha l'avait privé de la vue peu avant.

Yun : Grrr…vous allez…
Jason : Payer, oui, c'est le mot…mais c'est toi qui va payer…pour le chevalier de l'Horloge ! (le montre du doigt). Et pour nous laisser passer ! (désigne le puits)
Yun : PAR LA CHARGE IMPERIALE !!!
Siddartha et Yun : AAAgghhhhh !!!

Bien qu'ayant déjà vu l'attaque plusieurs fois, Siddartha ne put rien face à la force colossale du spectre du Bœuf, qui avait augmenté sous le coup de la colère. Pas plus que lui, Jason du Bélier ne put éviter le coup et s'envola dans les airs. Ils retombèrent tous les deux violemment sur le sol, avec un bruit de grand fracas, le visage en sang. Ils mirent quelques instants avant de reprendre leurs esprits. Yun du Bœuf se tenait devant eux, les bras croisés, sans bouger. Le cosmos du bœuf, flamboyant, surpuissant, se dessinait derrière lui.

Siddartha : Je vois…c'est comme pour le Phébus du Bœuf, contre Apollon…sa puissance augmente après chaque coup…sauf que lui, est capable de la maîtriser…
Jason : Mais que même nous deux, chevaliers d'or, ne puissions rien faire…il n'est tout de même pas invincible…

Le spectre les écoutait ruminer ainsi, toujours sans parler.

Siddartha : Eh bien ! Pourquoi ne dis-tu rien ? Je t'ai privé de l'odorat et de la vue tout à l'heure, mais pas de la parole il me semble…du moins, pas encore…
Yun : Chevalier de la Vierge, tu n'as plus de chance d'y parvenir…tu as réveillé les forces qui sommeillaient en moi…
Siddartha : Quoi ??

Le cosmos du Bœuf était de plus en plus puissant et menaçant. Presque plus puissant que celui même des chevaliers d'or…était-il un Dieu ? Siddartha et Jason commençaient à se poser la question…pourtant, tandis qu'il se relevait comme son compagnon de la Vierge, Jason du Bélier commença à ressentir une impression étrange…ce cosmos, si puissant, celui du Bœuf…il ne lui était pas inconnu…il l'avait déjà rencontré…

Jason : Spectre du Bœuf !! Qui es-tu ??
Yun : Cette question te turlupine donc tant que ça ? Patience, tu le sauras bientôt…

Mais, à leur grande surprise, au lieu de reprendre les hostilités, Yun tourna les talons à ses deux adversaires, et se dirigea, calmement, vers le Puits aux Morts, non loin de là…

Siddartha : Mais…où vas-tu ??
Yun : Je dois reconnaître que vous êtes plus puissants que ce que nous imaginions…que deux spectres du Zodiaque, déjà, aient pu perdre la vie…mais moi, vous ne me vaincrez jamais…car je dispose d'un pouvoir que vous n'avez pas…
Jason : Eh !! Où vas-tu ?? Reviens ??

Avant qu'il n'ait fini de prononcer sa phrase, le spectre du Bœuf fit un bond véloce et puissant…et plongea dans le Puits aux Morts !

Siddartha : Non !! Attends !! (fait mine d'aller vers le puits lui aussi)
Jason : Non, Siddartha !! N'y va pas !! Tu ne peux pas !!
Siddartha : Quoi ?? Mais…enfin !! Vas-tu tout m'expliquer ? Ce que tu fais ici ? Ce que tout cela signifie ??
Jason : Patience…je vais te le dire…mais, pour l'instant, nous devons nous occuper du chevalier de l'Horloge…
Siddartha (désolé) : Oh…

Siddartha avait presque oublié la présence, depuis le début, d'Adam, chevalier de l'Horloge, grièvement blessé dès le début du combat, qui gisait au sol, sans réaction. Tous deux vinrent auprès de lui et le retournèrent d'abord sur le dos, en craignant le pire. Jason, mieux que quiconque, connaissait les gestes de secours et de survie en de pareils moments.

Siddartha : Il n'est pas…
Jason : Non, il vit…son cœur bat, mais faiblement…il semble qu'il ait perdu une grande quantité de sang…il lui faut un puissant cosmos pour le réchauffer…mais, ici, il n'y a qu'une solution…sinon, effectivement, il risque de mourir…

Jason retira alors minutieusement les parties du haut de l'armure d'argent de l'Horloge, qui recouvraient le corps d'Adam, et entreprit de brûler son puissant cosmos sur place, pour le réchauffer. Mais, très vite, Siddartha tint à le faire lui-même.

Jason : Ecoute…je sais que tu vas trouver ma question étrange, mais…où est Doko de la Balance ?
Siddartha : Doko ? Pourquoi tiens-tu à le savoir ? Il est, si je me souviens bien, parti vers le pic du Sud, accompagné de Gassama du Taureau…mais pourquoi…
Jason : Le pic du Sud ?? Mais c'est celui où…oh, mon Dieu !!
Siddartha : Mais vas-tu te décider à… ?

Jason raconta alors, enfin, toute l'histoire qu'il avait déjà racontée au groupe de chevaliers de bronze qui l'avait accompagné jusqu'en Chine, depuis sa survie à Baruch, la traque de Moebius, la résurrection d'Apollon, la découverte des plans d'Hadès, et ses investigations en Chine. Mais, à la nouvelle requête de Siddartha pour savoir ce que Jason voulait à Doko, le chevalier du Bélier resta à nouveau silencieux et évasif.

Jason : Ce n'est pas encore le moment de tout te révéler…je suis désolé pour l'instant…mais tu comprendras bientôt…
Ce qui est certain, malheureusement, c'est que Doko aura fort à faire…les choses ne sont peut-être pas encore écrites…il peut encore renverser le destin…
Siddartha : Quoi ?? Mais…

Tant de questions fusaient dans la tête de Siddartha qu'il ne savait plus que penser. Il reprit les soins qu'il prodiguait à Adam, et celui-ci, au bout d'un petit quart d'heure, commença à retrouver des couleurs. Siddartha, lui, était épuisé. Mais ses efforts n'avaient pas été vains. Adam sortait de sa léthargie.

Jason : Alors, on va mieux ?
Adam : Je suis…désolé…je me sens…si…
Jason : Ne dis rien…tu as besoin de sommeil…

Alors qu'ils commençaient à engager une conversation, dans laquelle Adam allait sûrement, lui aussi, demander à Jason ce qu'il faisait là, on entendit des murmures venant de loin, dans la lumière du soleil qui commençait à se coucher. Les murmures devinrent des pas, et bientôt un petit groupe de chevaliers surgit, déplaçant sur son passage un petit nuage de poussière.
C'étaient les chevaliers de bronze survivants du combat sanglant contre les spectres. Il y avait là Xantippe du Sculpteur, Iclandre du Sextant, Pactrus de l'Octant, Baryton du Dauphin, Bradley de la Couronne Australe, Todd de la Couronne Boréale, Hugo du Lièvre, Rin de Cassiopée, et, en tête du petit cortège, Aritaki, chevalier Pégase. Tous étaient blessés et leurs armures de bronze partiellement brisées. Mais leur courage et leur bravoure leur avaient à tous permis de triompher de la petite trentaine de spectres qui s'étaient mesurés à eux.

Jason (ravi) : C'est formidable !!

Aritaki arriva le premier, emmenant tout le reste du groupe, mais ne fut pas surpris de voir Jason, l'ancien chevalier d'or du Bélier. Le chevalier de bronze du Sculpteur, qui avait fait partie du premier convoi vers la Chine aux côtés de Jason, faisait partie du groupe.

Xantippe : Tu vois, Jason, je suis toujours là…ne te fatigue pas, j'ai déjà tout expliqué aux autres sur ton histoire…mais explique-nous plutôt…où est Athéna !!

Le chevalier d'or de la Vierge se chargea de la difficile tâche d'annoncer à tous que la déesse avait sauté, d'elle-même, dans le Puits aux Morts, laissant l'ensemble de ses chevaliers quelque peu désemparés. Quelques chevaliers de bronze, curieux, s'approchèrent de l'immense crevasse en pensant peut-être en apercevoir le fond. Mais tous durent bien se raviser.

Hugo : Alors c'est ce fameux puits qui est la source de tous nos maux…
Jason : Oui…il existe bel et bien un moyen de pénétrer dans les Enfers et d'y rester en vie, mais il faut pour cela détruire les Cinq Sceaux des Ténèbres, qui ornent les cinq pics sacrés de ce pays…L'un d'entre eux a déjà été détruit, grâce aux chevaliers du Scorpion et du Cancer…mais leurs cosmos se sont éteints, tous les deux, déjà…hélas…

A cet instant, personne, pas même le chevalier de la Vierge, ne se doutait de ce qui était arrivé au chevalier d'or du Cancer. Mais tous sentaient que le cosmos de Iolaos du Scorpion s'était bel et bien éteint, laissant présager du pire.

Aritaki : Alors le spectre du Bœuf a fait le grand saut, lui aussi…
Baryton : Serait-il prêt à mourir, lui aussi, comme le spectre de l'Etoile Noire tout à l'heure ?
Jason : Non, hélas devrais-je dire…j'ai senti moi aussi ce qui s'est passé tout à l'heure…ce pouvoir diabolique qu'a utilisé le dénommé Mélusin est une chose terrifiante…je ne pensais pas qu'un jour, un homme y aurait recours…car pour nous, chevalier, c'est pire que la mort elle-même…
Baryton : Tu veux dire que… ?
Jason : Oui…le pouvoir de se suicider et d'emporter des hommes avec soi est un pouvoir que quelques-uns possèdent…c'est, en quelque sorte, ce que la plupart des hommes appelleraient magie noire, par opposition à ce qui fait l'essence du pouvoir des chevaliers…
Moi, chevalier du Bélier, connaît bien cette puissance qui est à base de toute vie dans l'univers…
Oui, comme l'a dit le spectre de l'étoile noire, nous sommes tous des poussières d'étoiles, et des enfants de cette terre…c'est pourquoi nous devons respecter jusqu'au bout cette vie qui nous est offerte…et ne pas la gaspiller…

Un souffle de vent balaya les visages de l'ensemble des chevaliers présents, devenus graves tout à coup. Tel un maître faisant la leçon à ses élèves, Jason fit partager son expérience à l'ensemble de l'assistance, et distilla quelques précieux conseils pour la suite des évènements à venir.

Jason : …N'oubliez jamais cette chose, chevaliers d'Athéna…notre mission à tous est de vaincre Hadès, et de nous battre au nom d'Athéna, pour la victoire de la paix sur terre…mais nous sommes des hommes avant tout…et toute vie humaine est précieuse, la nôtre comme celle de notre ennemi…ne les gaspillez jamais…
Nous allons devoir faire route, tous ensemble, pour retrouver Doko de la Balance, pour une raison que vous comprendrez bientôt. Mais rien ne presse…nous avons du temps devant nous. Avant de partir, je vous propose de vous faire profiter de la puissance merveilleuse des astres qui nous entourent et nous protègent par le biais de nos constellations…ces astres qui ont le pouvoir de donner la vie…
Car vos armures sont brisées…et je vous propose de les faire renaître !!

Jason dévoila ainsi l'une de ses attributions qui était de réparer les armures, en expliquant à tous qu'une quantité de sang importante était pour cela nécessaire. Les neuf chevaliers de bronze et Adam de l'Horloge acceptèrent sans hésiter de faire le sacrifice d'une partie de leur sang pour faire renaître leurs armures de tout leur éclat et toute leur vitalité.
Siddartha de la Vierge, n'ayant pas de sang à verser, tandis que tous commençaient à agir, se mit en mouvement sans prévenir, et s'approcha du Puits aux Morts, devant lequel il se pencha.

Jason (interloqué) : Siddartha !! Que fais-tu ??
Siddartha : Chevalier du Bélier…et mes compagnons et amis, chevaliers d'Athéna…je viens de prendre une décision…
Jason : Quoi ? Mais…que veux-tu faire ??
Siddartha : Athéna nous l'a interdit…mais je n'arrive pas à m'y résoudre…si jamais elle était malgré tout en danger…j'ai une chance d'y arriver…
Jason : Que…tu ne vas pas…ne fais pas ça !!
Siddartha : J'ai déjà brûlé mon cosmos pour soigner le chevalier de l'Horloge…et le spectre du Bœuf m'a blessé…mais je connais ce pouvoir…qui est au-delà du septième sens…le pouvoir de l'arayashiki…
Jason : Non, arrête !! Le spectre du Bœuf peut naviguer sans difficulté entre ce monde et celui des Enfers car c'est un droit accordé à l'ensemble des 108 spectres !! Mais il n'en est pas de même pour nous !! Et tu le sais !!
Siddartha : Pardonne-moi, chevalier…pardonnez-moi tous…mais j'ai confiance…les cinq sceaux seront bientôt brisés…et nous nous retrouverons…je vous le promets…
Jason (court vers lui) : Noooonnnnn !!!

Le chevalier de la Vierge, à son tour, venait de sauter dans le Puits aux Morts.


Taishan, Pic de l'Est, quelques jours plus tard

Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis les sanglantes hostilités qui avaient vu périr plus des trois quarts des chevaliers de bronze de l'armée d'Athéna. Les quelques survivants qui avaient versé leur sang pour reconstituer leurs armures, avaient tous pansé leurs blessures et s'étaient remis en route, accompagnés de Adam de l'Horloge et de Jason de Heinstein, en se dirigeant, sans se presser, vers le Pic du Sud, conformément aux souhaits de Jason. Deux spectres du Zodiaque avaient rendu l'âme, un sceau avait été brisé, et l'ont était sans nouvelles des chevaliers du Cancer et du Scorpion, tandis qu'Athéna et Siddartha de la Vierge, tout le monde l'espérait, voguaient avec assurance dans le monde des Ténèbres pour y rencontrer Hadès.
Les autres chevaliers d'or, qui s'étaient tous séparés beaucoup plus tôt au mont Kunlun, faisaient tous route, par groupes de deux ou trois, vers les différents pics sacrés. Dans l'est Chinois, la région du Taishan était désormais arpentée par deux d'entre eux : Abel, chevalier du Capricorne et Hippolyte, chevalier du Verseau.
Tous les deux faisaient route paisiblement, comme deux simples touristes, leur urne dorée sur le dos, sans jamais avoir été inquiétés depuis le début. Le chevalier du Verseau, plus âgé que son compagnon, devait marcher à son rythme, sans se forcer, pour ne pas entamer sa condition physique, encore étonnamment bonne pour ses soixante-dix ans passés.

Abel : Ca y est !! Nous y sommes presque…le sommet dont on nous a parlé…
Hippolyte : Ce n'est pas trop tôt…ces escaliers escarpés dans la roche, ces milliers de marche, commencent à me fatiguer…ce n'est plus de mon âge, tout ça…

Les deux chevaliers rirent de bon cœur, sans doute pour dédramatiser ce qui les attendait bientôt. Au sommet de la montagne, les escaliers débouchaient sur un panorama magnifique de montagnes rondes, verdoyantes et embrumées à perte de vue…et une imposante fontaine, édifice de pierre toute blanche, duquel coulait, comme sur le mont de l'ouest, une eau presque surgie de nulle part.

Abel : Cette fontaine…et en haut…oui !! Il est là !! Regarde !! Ce que nous sommes venus chercher !! Ce n'est pas trop tôt !!

Tous deux virent en effet le sceau de papier jauni qui ornait le haut de l'édifice, et qui tenait en place on se demandait comment.

Abel : Brisons-le tout de suite !! Excal…
Hippolyte : non, attend !!

Le chevalier du Verseau, plus calme et réfléchi, stoppa net son jeune et fougueux compagnon dans sa tentative.

Abel : Mais pourquoi m'as-tu arrêté ??! Enfin ? Hippolyte !!
Hippolyte : Tu ne sens rien ?? Ou plutôt, tu n'entends rien ??
Abel : Quoi ? Mais…

Ils arrêtèrent de faire du bruit et Abel, dans le silence relatif des lieux, n'entendit rien de particulier.

Hippolyte : On nous observe depuis tout à l'heure…si tu avais frappé le sceau, ton attaque se serait retournée contre toi…
Abel : Quoi ?? Qu'est-ce que tu racontes ?

Hippolyte se concentra, en joignant les mains pour former une petite boule blanche qui grossissait très vite…il regarda des yeux dans toutes les directions, en fronçant les sourcils et accentuant les rides déjà bien présentes sur son visage.

Hippolyte (pensant) : Par là ?? (Regarde ailleurs)…ou par là ??? A moins que…

Le chevalier d'or du Verseau attaqua contre la base de la fontaine, là où l'eau commençait à s'épandre sur la terre.

Hippolyte : Par la Poussière de Diamant !!

L'eau qui coulait se gela instantanément…et la fontaine disparut d'un coup, laissant place à un guerrier à l'armure noire…qui se cachait derrière une puissante illusion.

- Bien joué…tu es plus réfléchi que ton stupide compagnon, on dirait…
Hippolyte : Qui es-tu ?

Le spectre face à lui, au lieu de répondre, fit un geste de la tête en direction de la véritable fontaine, située sur le côté, d'où surgit un autre spectre, au surplis imposant mais aux formes harmonieuses, et qui portait une curieuse flûte à la bouche, faite de tubes de bambou et terminée par une base en forme de poire, d'où s'échappait un son inhabituel mais très agréable. L'autre spectre, celui qui l'avait appelé de la tête, portait un surplis aux épaules imposantes et aux grands éperons aux chevilles.

Abel : Alors, ces présentations ? Je suis Abel du Capricorne et voici Hippolyte du Verseau ; et vous ?
Le spectre à la flûte : Je suis Mao, spectre du Cochon, de l'étoile terrestre de la Distinction…
Le spectre aux éperons : Pa Shi, spectre du Cheval, de l'étoile terrestre impériale…

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Cette fiction est copyright Christophe Becquet et Fabrice Willot.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.