Chapitre 12 : Freya, un avenir incertain…


-A nous trois, à présent, dit Albérich en se tournant vers ses deux prisonniers. Que pourrais-je bien faire de vous ?
-Tue-moi si tu veux mais laisse partir la princesse, elle ne te sert à rien de toute façon ! Lui lança Ichi
-Fais-moi confiance, tu vas mourir. Tu ne croyais quand même pas que j'allais t'épargner alors que par ta faute, j'ai été obligé de sacrifier un de mes propres membres. Quant à la jolie Freya, je saurai lui trouver une utilité, ne t'en fais pas. Elle ferait un atout précieux dans ma manche si par hasard je venais à tomber sur Hagen, pour ne citer qu'un exemple.

Ichi ne sut que répondre à ça. Mais Freya, elle, ne se découragea pas :

-Je t'en supplie, épargne-le, tu as déjà fait assez de victimes comme ça ! En plus, tu lui as déjà brisé un bras et une jambe, il ne représente plus le moindre danger pour toi.
-Il ne s'agit pas d'une précaution mais d'une vengeance, répondit sèchement Albérich, tandis qu'une liane venait de lui déposer son épée dans les mains. Je vous déconseille de regarder, princesse, vos rêves en seraient hantés pendant longtemps.
-Albérich, … Commença Ichi alors que la lame s'enfonçait profondément dans son thorax jusqu'à la garde.
-Magnifique, s'écria Albérich, le dernier mot que tu prononces est mon nom !
-T…tu n'es qu'un… misérable… Rajouta-t-il dans un dernier effort, avant de s'effondrer pour toujours.
-Ah, dommage… Dit Albérich, un brin déçu.

Les racines qui maintenaient Ichi se retirèrent et son corps tomba lourdement à terre.

-Bien ! Maintenant que ce vermisseau n'est plus, parlons de choses sérieuses, vous et moi.

Tout en prononçant ces paroles, il s'approcha de la princesse et lui saisit délicatement le visage au niveau du menton, lequel affichait une expression de profond dégoût.

-Vous êtes vraiment très belle, vous savez, Freya et votre peau est plus douce encore que la soie. Je suis consterné de voir à quel point j'ai l'air de vous répulser, pourtant je ne suis pas un monstre sans cœur, comme vous devez le penser. J'éprouve moi aussi des sentiments mais dans ce monde, seuls ceux qui savent se montrer durs et impitoyables survivent, en particulier dans le royaume d'Asgard, vous n'êtes pas de mon avis ?
-Tu viens de perpétrer deux meurtres sous mes yeux et tu espères que je vais partager ta vision des choses ?! S'écria-t-elle en retour.
-Ils étaient des ennemis, que diable ! Des envahisseurs envoyés par Athéna afin de nous éliminer nous, les guerriers divins et votre sœur, la grande prêtresse d'Odin. L'auriez-vous oublié ?
-Ils ne sont pas là pour ça, ils sont ici pour résoudre tous nos problèmes, pas pour faire un massacre !
-Décidément, votre naïveté me surprend chaque instant un peu plus. Vous ignorez les méthodes employées par les chevaliers d'Athéna, à l'inverse de moi. Croyez-vous qu'ils vont s'embarrasser à tenter de nous convaincre du bien fondé de leur cause alors qu'il est si facile pour eux de se débarrasser de nous ? Regardez jusqu'à présent, Thor, Fenrir, Mime… Tous sont morts. Laissez-moi deviner, les chevaliers d'or vous avaient promis de tout faire pour les épargner, dans la mesure du possible, est-ce que je me trompe ?
-Non, fut obligée d'admettre Freya. Mais sans doute ont-ils…
-Mais ouvrez donc les yeux ! La coupa Albérich. Vous ne voyez pas ce qu'il se passe ? Nous sommes en guerre, il n'y a pas de place pour les bons sentiments. Je sais ce que vous pensez, vous croyez que votre sœur est victime d'un enchantement et que c'est pour ça qu'elle agit de la sorte, mais vous vous trompez. En réalité, elle ne fait que suivre, tardivement certes, mes conseils avisés.
-C'est impossible, ma sœur te déteste ! Qui crois-tu abuser avec cet odieux mensonge ?!
-Allons, laissez-moi vous expliquer ce qu'il en est réellement. Vous vous rappelez de la fois où Hilda m'a chassé de son palais ? Ce jour là, vous avez même tenté de me consoler, souvenez-vous. Eh bien si elle a exprimé le désir de me voir disparaître de sa vue, c'est parce que je venais de lui proposer une solution qui viendrait à bout de tous les malheurs de notre peuple.
-Et cette solution, quelle était-elle ? Demanda Freya.
-Vous pouvez l'admirer en ce moment même, répondit en souriant Albérich.
-Tu veux dire que… Hésita-t-elle, n'osant comprendre.
-Mais oui. Je lui ai suggéré de réveiller les légendaires guerriers divins d'Asgard, serviteurs d'Odin, et de partir à la conquête du sud, afin de pouvoir faire un exode massif de notre peuple. Sur le moment, elle l'a très mal pris, comme vous avez pu le constater, me disant qu'il était inadmissible d'avoir de telles pensées, que jamais elle ne cautionnerait une politique menant le pays à la guerre et autres banalités consternantes. Mais j'ai constaté avec plaisir qu'elle est revenue sur sa décision depuis, en voyant que c'était la seule solution de toute façon.
-Comment… est-ce possible… Balbutia Freya, ne sachant plus quoi penser.
-Comment expliques-tu que Siegfried lui-même, le chevalier sans peur et sans reproche, si valeureux et toujours prompt à sauver la veuve et l'orphelin, la suive aveuglément ? Hagen n'a trahi que parce qu'il est fou amoureux de toi, et non pas par pure conviction.
-De toute façon, tu as toujours été jaloux de Siegfried et Hagen, répliqua Freya.
-Evidemment que j'ai toujours été jaloux d'eux ! A vous écouter vous et votre sœur, seuls comptaient la bonté d'âme et un bras fort pour défendre son pays. Moi, je n'étais ni fort ni bon et je ne l'ai jamais caché mais cela m'a toujours valu d'être traité comme une bestiole nuisible et d'être sans arrêt rabaissé en comparaison de ces deux toutous fidèles qu'étaient Hagen et Siegfried. Mais aujourd'hui, les choses ont bien évolué et moi aussi. Je me suis rendu compte que les valeurs que vous défendiez ne sont que des entraves et que ce bel esprit de justice et de sacrifice fait de nous des esclaves en réalité. Et pour la première fois de ma vie, je suis fier de ne pas ressembler à Siegfried.
-Je n'imaginais pas que tu avais pu souffrir de la sorte étant plus jeune, effectivement, admit Freya.
-Je suis un humain moi aussi, avec ses sentiments, ses craintes, ses joies, ses peines… Tout comme vous, répondit Albérich.
-Mais pourquoi n'as-tu pas essayé de changer alors si tu étais si mal à l'aise ?
-Mais je ne voulais pas changer. Je sais que je peux être cruel, manipulateur et sans scrupule pour arriver à mes fins mais je voulais me faire accepter tel quel car au fond de moi, j'étais persuadé, et je le suis toujours, que le royaume d'Asgard avait besoin d'hommes de ma trempe pour progresser et acquérir gloire et reconnaissance. Des hommes tels que Siegfried ou Hagen ne sont bons qu'à défendre mais ne sont pas des visionnaires comme moi. Quoique vous en pensiez, ce sont des hommes comme moi qui sont les bâtisseurs de l'Histoire. Se souvient-on des guerriers valeureux qui ont donné leur vie pour leur cause ? Non, on se souvient des conquérants, de ceux qui par leur intelligence et leur génie ont su diriger leurs armées jusqu'à la victoire.
-Ainsi, voilà à quoi se résume ton ambition ? Tu es prêt à tuer tous ceux qui seront sur ton chemin simplement pour laisser ton nom dans l'Histoire ? Demanda Freya
-Entre autre, oui, répondit Albérich. Mais je veux aussi profiter des fruits de ma victoire, posséder puissance, richesse et pouvoir. J'en ai plus qu'assez d'être sans arrêt au service des autres.
-Mais pourquoi me racontes-tu tout ça, alors que tu as sûrement l'intention de me tuer ? S'étonna Freya.
-Non, une fois de plus, vous vous trompez sur mon compte. Au contraire, je vous veux à mes cotés.
-Comment ?!
-Vous avez toujours été la seule qui m'ait parlé et traité en être humain, comme si vous étiez persuadée de voir du bon en moi. Et je n'oublierai jamais la façon que vous avez eue d'essayer de me rassurer lorsque votre sœur a voulu me chasser. Même si sur le moment j'ai feint l'indifférence, au plus profond de moi, j'ai été infiniment touché par votre geste.

Freya ne savait que répondre à cette déclaration qui l'avait complètement pris de court. Jamais elle n'aurait imaginé qu'Albérich, d'habitude si froid et insensible, pouvait nourrir ce genre de sentiment.

-Il est vrai que je vous trouve trop naïve, mais en fait, je vous admire pour cette foi inébranlable que vous avez dans le genre humain et que je n'aurai jamais. Sans doute est-ce le propre des femmes… Mais j'aurai justement besoin d'une personne telle que vous lorsque le moment sera venu pour moi de gouverner, afin d'avoir d'autres visions et avis sur ma façon de faire. Vous êtes de plus d'une grande beauté et par conséquent, digne de siéger à mes cotés. Alors, que dites-vous de ma proposition ?
-J'espère que c'est une plaisanterie ! Tu crois vraiment que je pourrais accepter une telle offre ? De plus, je te rappelle que c'est toujours ma sœur qui dirige ce royaume ! L'as-tu oublié ou as-tu juste prévu de te débarrasser d'elle, comme tu l'as toujours fait avec ceux qui te gênent ?
-Je n'aurai pas besoin de la tuer, les chevaliers d'or s'en chargeront pour moi, j'en suis convaincu.
-Et que fais-tu du rôle de la grande prêtresse ? Si personne n'assume cette fonction, les glaces fondront et le niveau de la mer augmentera, ça sera une hécatombe, des millions de gens mourront !
-Je n'en ai cure, moi je n'en mourrai pas de toute façon, c'est ce qui importe en premier lieu.
-Tu dis avoir un cœur, mais j'en suis de moins en moins convaincue ! Jamais je m'associerai avec toi, c'est évident !
-Allons, allons, nous allons faire un bout de chemin ensemble à partir de maintenant, peut-être apprendrez-vous à m'apprécier. Je vous laisse du temps pour votre réponse, réfléchissez bien !
Mais n'oubliez pas le fond du problème, vous venez d'ailleurs vous-même de le soulever. Qui pourrait prendre le rôle de prêtresse d'Odin, si ce n'est vous ? Si vous acceptez mon offre, je vous laisserai l'exercer en toute plénitude, je vous en donne ma parole.

Freya préféra s'abstenir de répondre pour le moment et garda le silence. Elle avait besoin de réfléchir. Puisqu'il n'avait pas l'intention de la tuer pour l'instant, mieux valait ne pas trop le contrarier et marcher dans son sens. Quelque part, si Albérich lui avait fait toutes ces confidences, c'est qu'il était sincère et elle ne l'avait jamais vu sous cet angle. Mais quoi qu'il arrive, jamais elle n'accèderait à sa demande et en ce moment, la seule personne qui lui venait à l'esprit, c'était Hagen. Depuis qu'elle était seule avec Albérich, elle n'avait pas un instant cessé de penser à lui et priait pour qu'il vienne la sortir de là. Mais d'un autre coté, elle n'avait jamais imaginé que sa sœur puisse succomber et qu'elle doive prendre sa place. Tant de choses qui se bousculaient et rendaient son esprit plus confus encore. Soudain, un détail lui revint à l'esprit :

-Je t'ai entendu parler au chevalier du Lion, tout à l'heure, dit-elle soudain.
-Et qu'avez-vous entendu, je vous prie ?
-Cette histoire de saphir d'Odin que tu as raconté, avec cette épée de Balmung que tu convoites… N'est-ce pas l'épée du seigneur Odin lui-même ?
-On ne peut rien vous cacher, dites-moi, répondit-il en souriant. Vous savez, je souhaite la victoire plus que tout, mais je sais que nous ne sommes pas de taille à vaincre Athéna et ses chevaliers.
-Tu as pourtant toi-même réussi à vaincre un chevalier d'or, non ? Demanda-t-elle, surprise.
-C'est exact, et même si j'en tire une certaine fierté, je sais que je dois en partie ma victoire à un heureux concours de circonstances. Mais le seul moyen de s'assurer une victoire totale est de parvenir à mettre la main sur la légendaire armure d'Odin et son arme, l'épée de Balmung. Et pour ceci, j'ai besoin des saphirs d'Odin qui ornent chaque armure divine. Pour l'instant, j'en ai quatre à ma disposition. En fait, à chaque nouvelle victoire, les chevaliers d'or s'en éloignent en réalité un peu plus sans qu'ils s'en rendent compte.
-Je vois que tu as déjà tout planifié, affirma Freya d'un ton sombre.
-Nulle victoire n'est remportée sans une stratégie efficace à la base. La mort des guerriers divins me permettra de remporter la victoire finale. De toute façon, Siegfried et les autres ne rêvent que de pouvoir mourir pour protéger leur pays. Ainsi, leur sacrifice ne sera pas vain, vous devriez m'en remercier au lieu de me blâmer. A présent, assez parlé, il est temps de nous mettre en route en direction du palais.

Le ton était suffisamment sec pour encourager Freya à se taire et à se mettre en marche sans discuter, ce qu'elle fit, à contrecœur.



-Quelle ambiance lugubre, remarqua Jabu. Un vrai palais fantôme… Je comprends mieux pourquoi Freya a fui un endroit aussi froid.
-J'y ai pourtant passé d'excellents moments, étant plus jeune, répondit Hagen. Et sache que ça n'est pas le décor ni le climat mais bien les habitants qui rendent un lieu réellement chaleureux.
-Est-ce que tu ressens le cosmos de ton ami ? J'en perçois un très distinctement, mais il ne m'inspire guère confiance. J'en ai presque la chair de poule… En tout cas, il est très puissant, remarqua Jabu.
-Hilda, la grande prêtresse… Affirma d'un ton sombre Hagen.

De cette aura, qui semblait soudainement avoir emprise sur le palais tout entier, émanait une sorte d'énergie malsaine et froide, capable de pénétrer au plus profond de l'être humain. En ressentant à nouveau ce pouvoir indescriptible, Hagen fut soulagé, en quelque sorte, de constater qu'il ne s'était pas trompé en quittant le royaume. Lui qui avait connu le vrai cosmos d'Hilda, doux et apaisant, il savait que cette personne qui tenait la place de souveraine d'Asgard n'était pas la vraie prêtresse. Fort heureusement, Siegfried n'était pas avec elle, il ne restait plus qu'à le trouver à présent.

-Eh bien, où allons nous ? Demanda Jabu.
-J'ai comme une idée de l'endroit où peut être Siegfried, répondit Hagen, se dirigeant vers une pièce précise.

Arrivé devant une lourde porte en chêne massif, il tendit le bras et poussa doucement la poignée. Elle coulissa doucement et s'ouvrit sur une vaste salle entièrement pavée de lourdes pierres. Les murs étaient recouverts de tapisseries et de tableaux narrant les exploits de quelques vaillants héros de l'ancien temps. Une immense table de bois finement sculptée était au centre de la pièce, entourée de chaises toutes aussi imposantes. Dans une grande cheminée ornée de symboles d'armes brûlait un feu diffusant lumière et chaleur. Et devant cette cheminée, un homme se tenait immobile, le regard perdu dans l'âtre rougeoyant, comme fasciné par la danse des flammes. Devinant se trouver devant le fameux Siegfried, Jabu en profita pour l'examiner en détail. Vêtu d'une armure noire aux reflets bleutés par endroits, il portait au bras un casque à l'effigie d'un dragon aux yeux jaunes étincelants, effigie ornant également son épaulette droite. De sa personne émanaient prestance, sérénité, justice et Jabu comprenait à présent, après un seul regard, pourquoi Hagen parlait de lui en des termes si flatteurs.

-Hagen… Souffla Siegfried.
-Siegfried... Dit Hagen.
-Qu'es-tu venu faire ici, accompagné d'un chevalier d'Athéna? Depuis le début, je m'évertue à convaincre Hilda et surtout à me convaincre moi-même qu'il est impossible que tu nous aies trahis… Et tu viens te présenter ici, accompagné par un de nos ennemis ! Es-tu devenu fou ? T'imagines-tu ce qu'il va se passer si Hilda te découvre ?
-Qu'Odin soit loué, toi au moins, tu ne sembles pas avoir perdu l'esprit comme tout le monde, s'écria Hagen, rasséréné de voir qu'apparemment, Siegfried n'avait pas l'intention de faire appel à Hilda.
-Ne te réjouis pas trop vite, je n'ai pas l'intention de te laisser partir d'ici aussi facilement, l'avertit Siegfried.
-Si je suis venu te voir, ça n'est pas pour m'enfuir à nouveau, mais pour m'expliquer. Je vois que tu feins de n'avoir rien remarqué à propos d'Hilda, mais je sais que c'est faux. Les autres guerriers divins ne la connaissent pas aussi bien que nous, je peux comprendre qu'ils n'aient pas vraiment réagi, mais toi ! Tu as bien vu ce qu'elle est devenue, mauvaise, malhonnête, froide. L'exact contraire de ce qu'elle est… ou était.
-C'est inutile, Freya m'a déjà tenu le même discours et je n'ai pas plus l'intention de te suivre qu'elle.
-Mais enfin, sers-toi de ta tête ! S'énerva Hagen. Tu te rends compte qu'elle a déclaré la guerre au monde entier et condamné sa petite sœur qu'elle aimait et chérissait tant à la prison simplement parce qu'elle était en désaccord avec elle ?! Que voulais-tu que je fasse, moi ? Je devais la sortir de là, c'était mon devoir !
-Je ne te blâme pas pour ce que tu as fait, mais je ne te suivrai pas.
-Mais pourquoi ? Je ne comprends pas ! Insista Hagen.
-Que me proposes-tu ? De fuir ? Quitter Asgard qui semble avoir été maudit par les dieux et laisser Hilda livrée à elle-même ? Pour qui me prends-tu ? Un lâche de la pire espèce qui s'empresse de quitter le navire dès qu'il sombre ? Non, il est hors de question que je m'abaisse à être ce genre d'individu et je vais te répéter la même chose qu'à Freya, si Hilda doit être précipitée en enfer pour ses actes, alors je l'accompagnerai jusqu'au bout. Tel est le devoir du premier chevalier d'Asgard.
-Mais enfin…
-Tu perds ton temps, Hagen, le coupa Jabu. Cet homme ne changera pas d'avis, c'est évident.
-Comment te nommes-tu, jeune chevalier ? Demanda Siegfried.
-Jabu, chevalier de la Licorne, au service d'Athéna. Je suis honoré de faire ta connaissance, Siegfried. Ton ami Hagen ne tarissait pas d'éloge à ton égard et je pense qu'il avait raison. Mais il ne vous a pas trahi en réalité. Lui et la princesse Freya sont venus demander l'aide d'Athéna et ses chevaliers pour régler cette situation et sauver Hilda. Freya pense qu'elle est victime d'un enchantement. Toi, qu'en penses-tu réellement ?

Etonné par une question aussi franche et directe, Siegfried hésita à répondre de suite. Ce jeune garçon effronté paraissait très sûr de lui et très au fait de la situation alors que lui-même n'avait de cesse d'essayer de la comprendre et de la démêler.

-Tu peux lui faire confiance, à lui et ses semblables, je t'assure, Siegfried, intervint à nouveau Hagen.
-Leur faire confiance, dis-tu ? A Athéna et ses chevaliers, qui sont en ce moment même en train de décimer nos rangs ?
-Ca n'est pas nous qui avons déclaré la guerre au royaume d'Asgard, dit Jabu. Il est vrai que grâce à Hagen, nous avons pu prendre les devants, mais ce qui arrive aujourd'hui serait arrivé demain de toute manière.
-De sages paroles… Ce qui ce passe à présent était effectivement inéluctable puisqu'il s'agit de la volonté d'Hilda, prêtresse et représentante d'Odin sur terre. Elle a toujours pensé avant tout au bien de son peuple, qui suis-je pour aller à son encontre et déclarer qu'elle a tort alors qu'elle essaie simplement de mener notre peuple vers des terres plus clémentes ?
-Tu manques cruellement de conviction en prononçant ces paroles. Et tu n'as pas répondu à ma question, insista Jabu. Tu refuses ? As-tu peur d'admettre la vérité ? Hagen a eu ce courage, lui, il a su tourner le dos à son pays afin de mieux le servir.
-Je te conseille de faire attention à toi, Jabu, l'avertit Siegfried en haussant le ton. Même si tes paroles ne sont pas forcément dénuées de bon sens, ton insolence ne me plait guère. Puisque tu sembles tant croire en ton Athéna, pourquoi n'est-elle pas là en ce moment même pour régler cette situation ? Non, au lieu de ça, elle envoie ses chevaliers pour nous détruire et étouffer la menace dans l'œuf, sans même chercher à comprendre quoi que ce soit. Si je n'approuve pas la manière d'Hilda, je n'apprécie pas plus celle d'Athéna.
-C'est à se demander pourquoi tu es devenu chevalier, toi qui semble si pacifique, lui fit remarquer Jabu.
-Je n'ai pas demandé à devenir guerrier divin, seul Odin lui-même a ce pouvoir de décision. Si on m'avait donné le choix, jamais je n'aurais permis la résurrection des armures divines. Mais comme je te l'ai dit, je ne suis qu'un pion dans les mains des dieux, comme nous tous d'ailleurs. A partir de là, je me dois d'utiliser mon faible pouvoir d'action afin de minimiser les pertes et les souffrances de mon peuple, voilà quel est mon véritable devoir. Je n'ai pas la prétention comme certains de changer le monde ou de le dominer, ajouta-t-il, sans toutefois citer de nom.
-Que comptes-tu faire dans l'immédiat ? Demanda Hagen.
-Tout faire pour protéger Hilda, et même me battre s'il le faut. Le problème est qu'elle a exigé que je reste au château, sous les conseils d'Albérich. Je suis pieds et poings liés et je peux difficilement aller à l'encontre de sa décision si je ne veux pas perdre le peu de crédibilité qu'il me reste auprès d'elle.
-Nous devons absolument découvrir la vérité, elle seule résoudra tout ! Pour ma part, j'en suis venu à penser comme Freya, je pense que quelqu'un manipule Hilda dans l'ombre et la fait agir comme ça dans un tout autre intérêt. D'après Athéna, il ne s'agit pas de l'œuvre d'un dieu, ce serait donc un homme. Mais reste à découvrir qui…
-De ceux que je connais, seul Albérich serait susceptible d'agir de la sorte, dévoré qu'il est par sa propre ambition. Mais si c'est vraiment lui, comment diable s'y est-il pris pour convertir Hilda à cause ? Tu sais aussi bien que moi qu'elle l'a toujours détesté, tout comme nous. Non, Albérich en aurait grandement le désir mais pas le pouvoir.
-Albérich… Frissonna Jabu en y repensant. J'espère qu'Aiolia est arrivé à le vaincre, je ne sens plus le cosmos d'aucun des deux… Pensa-t-il.
-Vous feriez mieux de partir tous les deux, dit Siegfried. Ecoute, Hagen, la piste d'Albérich ne me paraît pas vraiment sérieuse, mais c'est la seule que nous ayons. Retrouve-le et essaye d'en apprendre un peu plus, mais sois prudent, je crois que ni moi ni personne n'avons une réelle idée de ses capacités. De mon coté, je m'en vais retourner avec Hilda et tâcher de déceler si oui ou non elle est possédée, par exemple en abordant des souvenirs du passé assez précis.
-D'accord, on marche comme ça, acquiesça Hagen.

Lui et Jabu se dirigèrent vers une fenêtre afin de quitter le château, tandis que Siegfried franchissait la porte pour se rendre, le cœur lourd, vers la salle du trône.

-Siegfried, l'interpella une dernière fois Hagen. Je suis content qu'on fasse de nouveau équipe.
-Moi aussi, répondit-il, laconique.
-Sincèrement heureux de t'avoir rencontré, rajouta Jabu. J'espère que nous aurons le plaisir de nous revoir dans des circonstances plus amicales.

Siegfried laissa passer quelques secondes avant de répondre puis dit en souriant légèrement :

-Je l'espère aussi. A présent, allez, et qu'Odin vous garde.

La porte se referma sur ces paroles et ils entendirent les pas pressés de Siegfried s'éloigner au loin.

Tout en courant, les deux compagnons de fortune échangèrent ces paroles :

-Tu avais raison à son sujet, il a l'air de quelqu'un de formidable, il m'a fait une forte impression. Je dois dire que j'ai été très impressionné, dit Jabu.
-Tu n'en avais pas l'air, pourtant, lui fit remarquer Hagen.
-Tu as toi-même pu constater que je n'ai pas toujours la langue dans ma poche, ce qui m'a causé bien des problèmes plusieurs fois déjà par le passé, répondit Jabu en souriant.
-Je te crois sur parole, dit Hagen, rigolant à son tour. Bon, trêve de plaisanterie, retournons à l'endroit où tu l'as vu la dernière fois. De là, nous les chercherons.
-Leur combat est fini apparemment, et je présume qu'Aiolia a gagné. J'espère qu'il ne l'a pas tué pour que nous puissions le faire parler…

Quelques dizaines de minutes plus tard, ils parvinrent finalement au lieu du combat, du moins, c'était ce qu'il semblait car le tout semblait avoir été profondément changé, comme si un cyclone avait tout réduit à néant.

-Tu es sûr que c'est ici ? Questionna Hagen. Remarque, quand on voit l'état du terrain, il est facile de deviner qu'il s'est passé quelque chose…
-Oui, ça devait être par ici, j'en suis pratiquement sûr… Mais apparemment, il n'y a pas de trace d'eux, dit Jabu en inspectant les alentours.
-Pourtant, je sens une présence, un cosmos infime… Laisse-moi me concentrer, je vais tacher d'en trouver la source.

Hagen ferma les yeux et ne fit plus un seul mouvement durant quelques secondes. Sans ouvrir les yeux, il tourna sur lui-même puis s'arrêta dans une direction précise.

-Par ici, dit-il, à quelques dizaines de mètres devant. Regarde cet éclat au loin, ça vient de là.

Hagen et Jabu s'approchèrent pour finalement tomber sur un spectacle auquel ils ne s'attendaient pas.

-Aiolia !! S'écria Jabu. Il est prisonnier de cet espèce de bloc de cristal !
-Albérich… Comprit Hagen.
-C'est lui qui a fait ça ?! Regarde l'expression de son visage, on dirait qu'il souffre toujours ! Et regarde son corps, tout maigre et desséché ! Que lui est-il arrivé ?
-Il est normal que son visage exprime encore des émotions…
-Tu veux dire que… Balbutia Jabu.
-Oui, il est toujours vivant, mais pas pour longtemps. Ce cristal se nomme améthyste et je ne sais que ce que j'ai pu en lire, c'est à dire qu'il absorbe l'énergie de ses victimes jusqu'à n'en laisser qu'un squelette. Mais j'ignorais que ce fourbe d'Albérich savait contrôler une telle matière… Siegfried avait raison sur ses capacités, Aiolia l'a sans doute sous-estimé et voilà le résultat.
-Mais s'il est vivant, on peut sûrement le sortir de là ! Pousse toi, je vais tâcher de le détruire.

Jabu recula de plusieurs pas puis lança son poing de toute sa vitesse sur le cercueil d'améthyste, lequel ne broncha même pas.

-Argh !! C'est encore plus solide qu'une armure ou quoi ? Se demanda Jabu.
-Inutile, tu perds ton temps et ton énergie, dit Hagen. Il est gorgé du cosmos d'Aiolia et ni toi ni moi ne sommes de taille à le détruire, ni même à l'égratigner. Si nous étions arrivés plus tôt peut-être, mais là, c'est trop tard.
-On ne peut rien faire pour le sauver, tu crois ?? C'est impossible, il y a forcément une solution !
-Oui, il y en a une, il faut trouver Albérich et l'obliger à rompre son sortilège. Mais nous devons faire vire, renchérit Hagen, car il n'en a plus pour longtemps à vivre.

N'arrivant plus à supporter ça, Jabu détourna le regard mais quelque chose d'autre attira son attention. S'approchant doucement d'abord, puis de plus en plus vite, il se mit à courir, n'osant réaliser ce qu'il voyait. Mais pourtant, ses yeux ne le trompaient pas et c'était bel et bien le corps tout disloqué de ce pauvre Ichi qu'il avait remarqué. Il portait une blessure béante au niveau de l'abdomen, comme s'il avait été traversé de part en part.

-Ichi !! Cria Jabu. Hagen, viens vite !
-Qu'y a-t-il ? Répondit ce dernier en accourant rapidement.
-Cet Albérich est un monstre, dit Jabu, sentant les larmes lui monter aux yeux et tentant tant bien que mal de les repousser. On dirait qu'il a eu les membres brisés par strangulation et a été empalé ensuite… Quelle cruauté ignoble ! Comment lui a-t-il infligé de telles blessures ? La plaie semble cautérisée, comme si la chair avait été brûlée…

Jabu se tourna vers Hagen qui ne disait rien et constata que son visage était devenu blafard et ses poings crispés. Aussitôt, il en comprit la raison. Il n'y avait aucune trace de Freya, où avait-elle pu bien passer ?

-Tu crois qu'il l'a…
-Tais-toi ! Le coupa Hagen.

Jabu jugea bon de ne pas en rajouter et sentit monter la colère d'Hagen, en même temps que son cosmos, lequel semblait près à exploser. Soudain, il se mit à irradier sous l'effet de la colère, avec une intensité prodigieuse, laquelle surprit Jabu.

-Incroyable, il est pratiquement aussi puissant qu'un chevalier d'or, mieux vaut ne pas le pousser à bout…

-FREYA!!!!! Vociféra Hagen si fort que Jabu sursauta tandis que tous les animaux des alentours fuyaient instantanément. Albérich…Sale traître… Si jamais tu lui as fait le moindre mal... Je te jure que tu n'auras pas assez de ta vie pour me le payer…



Des remerciements, encore, et encore… On s'en lasserait presque ^__^ Bon alors, qui va y avoir droit cette fois ? Bin on commence par l'inévitable Aquarius Jan Markus, AJM pour les intimes, toujours fidèle au poste, à la critique juste et honnête, et ayant un vrai sens de l'orthographe (plus que moi en tout cas :). Je continue par la nouvelle venue du forum, Virginie, alias Virgile, grande fan d'Asgard en général, d'Hagen en particulier et surtout, fait plus rare, fan de ma fic à moi (o__O Comme quoi tout est possible^^ ). Elle a eu la gentillesse, entre deux copies à corriger, de m'apporter son avis sur ce dernier chapitre. Et pour ne pas changer, comment ne pas placer un tout p'tit mot pour le Peg, webmaster de saintseiya.com, fan de Shaka en général, et fan de Shaka en particulier aussi^^ (Pis un tout petit peu de Saint Seiya aussi quand même, faut pas croire… Mais bon, allez lui demander de citer tous les chevaliers d'or un par un, j'suis sûr qu'il en est pas capable !) Bon enfin, je balance, je balance, mais je le remercie quand même grandement de continuer à être le réceptacle de mes torchons et autres brouillons. ^_____^

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Cette fiction est copyright Thomas Lafargue.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.