Chapitre 6 : La justice dans le cœur


Un pas vers l'avenir.


Le Grand Pope, suivis de sa troupe de chevaliers, poursuivait en direction du temple d'Héraclès. Un long chemin serpentait le paysage d'un Mont, où les nuages masquaient la Cité d'Héraclite. Le Colisée s'éloignait derrière eux.

Ils arrivaient dans une région montagneuse. Les oliviers guidaient leurs pas en arborant la route. Les Cités et les lunes des Cieux semblaient décrire le cycle lunaire. L'heure n'était plus aux songes. Il fallait arriver au temple du Père d'Eldar, dans les plus brefs délais. Des forces agissant dans l'ombre se découvrirent depuis peu. Leur cosmos se ressentait dans toute l'Olympe. Le chef des Saint d'Athéna suivit le combat de Kanon, sans en dire un mot. Car ce qu'il devait leur dévoiler par la suite, l'angoissait, il savait que les protecteurs jurant fidélité à Athéna pouvaient tout entendre. Mais tout de même, jusqu'à quel point ? Jusqu'à quel point se devaient-ils de rester fidèles à lui et sa Déesse ?


Un effroyable cosmos se fît sentir et les entrailles du Pope s'en furent transpercées de stupeur ! Qui ? Qui pouvait dégager une aura aussi noire, aussi dévastatrice, aussi immense ? Il se passait des choses au Sanctuaire Céleste d'Athéna, précisément dans la Maison du Taureau !

Il s'arrêta net. Se tourna. Derrière le masque, les chevaliers perçaient l'effroi et l'inquiétude du plus sage d'entre eux. Il fixa les chevaliers, un par un. Les chevaliers d'or, de bronze ou d'argent sentaient l'inhabituel.
Le Pope ne se fît plus attendre, il désigna ;

_Chevalier des Glaces, Hyoga ! Chevalier d'Andromède, Shun!, le Pope les pointa du doigt chacun à leur tour, vous allez vous rendre de suite à la Cité d'Athéna ! Je vous ordonne de protéger le Sanctuaire ! Vous allez prendre la direction de la Lune d'Athéna, sur votre gauche ! Partez !

Hyoga stupéfait ne répondit pas. Shun, surpris mais obéissant, manifesta son accord d'un signe de tête. Ils restèrent tous les deux lorsque le reste de la troupe commença sa progression les laissant à leur devoir. Mais, Hyoga se précipita et se mit en travers de la route du Pope !

_Vous aviez promis à Shina et à Marine que vous alliez nous révéler ce que nous faisions ici ! Et pour quelle raison exacte, Athéna a besoin de nous ?! Qui est notre ennemi ? En tant que Pope vous devriez le savoir ! Eldar nous a fait part que c'était Melkor le responsable de cette crise, pourquoi ne la règlent-ils pas eux mêmes ? ! Dites le nous !

Le Pope se figea dans le silence. Il baissa la tête. Puis, il détourna le regard sur sa gauche.

_Allez dites nous enfin ! poursuivit Hyoga dans sa colère, dites nous qu'est ce que vous appelez le " véritable but de la chevalerie " ? Quelle est cette " vérité " dont vous avez si peur ? Et qui êtes vous ? En tant que chevalier d'or, j'exige que vous ôtiez ce masque !

Shina surgit et attrapa Hyoga par le col de son maillot bleu. Ses gestes vibraient de tension. Elle murmura de façon tendue, sans doute en essayant de se calmer elle-même ;

_Si tu hurles un traître mot de plus, je te promet que je te les ferai ravaler ! se mordit la lèvre Shina, tes paroles blasphématoires sont une offense à l'ordre ! As-tu perdu l'esprit ? Excuse toi et prosterne toi, tout de suite, devant notre chef !

Hyoga saisit les mains de Shina, elle tenta de résister mais une couche de givre commençait à recouvrir les bras du chevalier d'argent. Le chevalier du Verseau posa un regard plein d'ardeur sur la femme.

_Pourquoi tiens-tu tellement à te mêler de ce qui ne te regarde pas ? Hyoga parla avec fermeté et froideur, quelle est donc cette haine que tu éprouves envers les hommes depuis que Seiya a découvert ton " vrai " visage ?

Shina se libéra de l'emprise d'Aquarius Saint. Elle brisa la couche de givre, et guidée par une force inouïe, elle gifla le chevalier d'or. Hyoga s'immobilisa. La main gauche de la femme chevalier se bloqua dans cette position également. La tête de Hyoga, tournée vers le côté gauche, affichait une expression plus raisonnée. Sur sa joue, une plaie s'ouvrit en contact d'un ongle féminin.

Un silence s'installa. Le silence. Peut se révéler traître de son mystère. Jamais on ne découvre la vraie définition du silence, le silence fait peur et celui-ci était particulièrement pesant. Une atmosphère lourde s'empara et s'installa sur le chemin qui mène à Héraclite.
Shun finalement intervint ;

_Partons, il est temps…je suis sûr que les réponses ne tarderont pas. Allons au Sanctuaire Céleste d'Athéna, il n'est pas utile pour nous d'assister à la réunion avec Héraclès. Ceci est un privilège, tu vois.

Il prit Hyoga par le bras et ils entamèrent leur marche en direction d'Athéna. Quand une voix d'un chevalier d'argent s'adressa au chevalier des glaces ;

_Hyoga ! dit un Silver Saint, ce n'est pas l'accès au grade supérieur qui fait de toi un chevalier d'or ! Ce n'est pas l'armure, ni le hiérarchie qui définissent ta valeur ! Mais bien la preuve de tes actions, car par ces paroles tu t'éloignes de ce qui a, jadis, fait de toi, un noble guerrier !

En s'éloignant peu à peu, Hyoga entendit très bien le discours de son aîné.
Il accompagnait la marche de Shun. Et une seule pensée commune partageait l'esprit des deux Saint ;" Shiryu ".

Dans une grotte, près de la Cité de Delphes ;

Rhadamanthe se figea. Impassible. Il croisa les bras, ferma les yeux, baissa la tête. Ce genre de spectacle ne l'impressionnait guère.
Un guerrier sortit de nulle part déploya ses ailes. Tel l'archange sublimant les cieux, il sublimait l'antre de la grotte. Les pierres précieuses décorant son armure reluisaient telles les étoiles dans la nuit.

L'escalier menant à la sortie et serpentant le fond de la grotte, entama sa fermeture. Progressivement chaque marche se refermait dans la roche, tels des dominos. Parvenus jusqu'à l'homme mystérieux, il se contenta de mettre ses bras en croix, les ailes de son armure s'agitèrent, et il sauta.

Les rubis, les saphirs et les émeraudes illuminaient la chute, le saut…le saut de l'ange.
Même les paupières de Rhadamanthe se levèrent. Et le Juge vît un combattant ailé, portant les habits sacrés de l'Olympe se poser devant lui, tel un oiseau de feu et de lumière.

Le lieu était vaste. Vaste comme une arène, il abritait un guerrier. L'homme au Lapis-Lazuli retira son heaume. Et son visage dégageait une telle perfection, qu'on ne put croire qu'il s'agissait d'un humain…il s'agissait d'un ange, sans doute.

Rhadamanthe n'y prêta que très peu d'intérêt. Il décroisa ses bras. Entama sa marche. Chaque pas reflétait une précision et une détermination sans limites. Il finit par s'arrêter et fixer, dans les yeux, sa nouvelle rencontre.

_Je cherche à regagner la Cité de Delphes, parla fermement Rhadamanthe, et je te conseille de ne pas te mettre en travers de ma route. Comment réactive-t-on cet escalier ?

L'homme au Lapis-Lazuli marcha quelques pas sur sa droite, un sourire naturel, il leva ses yeux…

_La musique…dit-il, la musique est comme la vie…ou bien, la musique est la vie…elle reflète par des ondes dans les airs, ce que nous cachons au plus profond de nous.

Le Juge des Enfers fronça les sourcils. " Mais qu'est-ce qu'il raconte ? " pensa-t-il. Peu importe. Il fallait trouver une issue. Et comme peu de solutions s'offraient à lui, il décida d'utiliser la plus adéquate.

Il se concentra, fît brûler son cosmos et arma son poing en direction de la roche. Tout cela sous les yeux et le sourire moqueurs de son compagnon de grotte. Il fît un trou dans la pierre. Pas qu'un seul, il roua de coups le mur abrupte.

Essoufflé quelque peu, il vît une chose incroyable se produire. Les trous formés par les coups de poings se refermaient progressivement, exactement comme les marches qui se fermaient sur elles mêmes.

Le Spectre du Wyvern tourna le regard coléreux sur l'homme à l'armure divine.

_Tu auras beau envoyer tes insectes m'attaquer et me couper les ponts, tu ne fais que perdre ton temps, dit Rhadamanthe, pourquoi ne pas passer au but ?
_Mais détrompe-toi, je n'ai jamais ordonné à ces hommes armés l'hostilité. Tout comme, je n'ai jamais cherché à ce qu'ils se joignent à moi , ils sont venus d'eux mêmes…Tu sais, tu les qualifies d'insectes, mais ceux-là ne réagissent-ils pas aux prédateurs ? Ils sentent lorsqu'ils sont agressés…Tu ne récoltes que ta semence…
_Tu commences à m'énerver ! Je vais t'expédier dans un autre monde tout comme eux, si tu ne me dis pas comment rejoindre la Cité de Delphes ! cria le Spectre.
_Je crains que devant tant de politesse et de courtoisie, je ne peux que m'incliner…Alors je prononce à mon tour ce qui te reviens de droit ; ce lieu sera ta dernière demeure sur l'Olympe, que tu le veuille ou non !
_Si tu penses ce que tu dis, il va falloir en assumer l'entière responsabilité.
_Je t'en fais le serment, dit il avec un ironie irritante.

Dans le Colisée d'Héraclite :

Cassiopée.
Oui, cette Déesse. Celle là même qui rayonne de sa légende, les contes de tous les âges. Elle, et sa fille Andromède, tiennent une place de choix parmi les étoiles.
Et la représentante de son armure se tenait, une main sur la hanche, devant Shiryu. Le bronze, si souvent qualifié comme mineur, dans la hiérarchie d'Athéna, reprend tout son éclat et toute sa valeur sur cette Reine.
Les rayons des astres tombaient tels flux interminables de vie. Car le soleil se reflétait dans ces lunes en quête de chaleur céleste.

Les regards de Shiryu se reflétaient dans l'armure de Bronze de Cassiopée. Les matériaux de sa cuirasse respiraient d'une force vitale, encore jamais perçue par le chevalier d'or de la Balance. Le bronze de la Reine se mit à bouger soudainement, Shiryu plissa ses yeux et mit son bouclier gauche en avant. Ce n'était pas l'armure de Bronze qui émettait ces mouvements, mais un élément lié à celle-ci.

Sur les avants bras de la femme, venue des cieux et des légendes, se dessinait une chaîne. Une chaîne de bronze parcourant les bras comme un être vivant. Bien que de bronze, l'arme est dotée d'une puissance et d'une beauté qui brille d'une couleur bleue azure, telle l'eau des îles des océans, telle la voie lactée de l'océan étoilé.

_Ainsi tu portes l'armure de la constellation de Cassiopée, la Reine d'Ethiopie ! Dokho m'avait souvent compté que tu fus une combattante exemplaire par le passé, aux Cinq Pic. Si cette légende est vraie, alors tu faisais partie de ces chevaliers qui ont combattu lors de la Guerre Sainte il y a plus de deux cents ans…Mais il me semble que tu as décidé de changer de camp ! Tu as raison, c'est tellement plus facile ! dit Shiryu sur un ton d'ironie.
_A quoi bon te raisonner ? Tu as décidé de servir ceux qui ont volé ton innocence, ceux qui ont choisis pour toi, ceux qui ne craignent pas les remords…tu as choisi tes Dieux, lui répliqua Cassiopée.
_Oui, j'ai choisi la justice sur terre, j'ai choisi le respect, j'ai choisi ceux qui m'ont placé dans leur estime et donné un sens à ma vie…
_Tellement ils ont donné de sens que dès lors qu'ils décident de te laisser vivre sans combats, tu te sent rejeté, n'est-ce pas ?
_Assez ! Je ne te laisserai plus insulter l'ordre de la chevalerie ! Bien que tu sois une femme je n'hésiterai pas à défendre l'honneur, et tu n'approcheras pas le Grand Pope !

Cassiopée se contenta de sourire. Shiryu lui paraissait comme un novice dans son armure d'or. Laquelle semblait le dépasser par sa puissance et sa sagesse ancestrale. Pour porter cette Cloth, il fallait en assumer les lourdes responsabilités. Cette armure paraissait beaucoup trop lourde sur lui.

La Reine saisit sa chaîne. La chaîne stellaire. Elle sonorisait le silence du Colisée. Cassiopée d'un excès d'impatience envoya de sa main droite une vague stellaire.

_Starlight Ocean's Wave ! ! !

Shiryu la saisit d'une facilité déconcertante. L'arme de Cassiopée s'enroula autour du poignet du Libra Saint. Mais c'est exactement ce qu'elle cherchait à faire.

_Quelle folie de tendre le cou à son bourreau ! ! ! lui cria-t-elle.

Et ses paroles se révélèrent lorsqu'une terrible décharge s'abattit sur le Gold. Tel un océan frappé par la foudre de Zeus, la chaîne se multiplia en décharge et en nombre et fonça droit sur Shiryu, qui se rendit compte trop tard de son erreur et fût projeté en arrière accompagné de coups terribles portés par l'arme de bronze. Un des boucliers étant neutralisé, la défense du chevalier de la Balance s'en retrouvait amoindrie, ce manque d'expérience aurait pu lui être fatal, sans la protection de l'armure d'or. Il eut le temps de mettre le bouclier droit, mais reçu la plus grosse partie de la vague.
Il tomba à une vingtaine de mètres. " J'aurais dû y penser plus tôt, elle utilise les mêmes techniques d'attaque que le chevalier d'Andromède " se dit tout bas Shiryu, ravalant sa douleur.

_Je sais, elle sourît de nouveau, tu penses sûrement que je ne suis qu'un vulgaire chevalier de bronze, comme toi et les autres l'avaient été auparavant. Mais sache une chose, ancien Bronze Saint, ce n'est pas l'armure ni le grade qui va déterminer ta valeur. C'est ce que tu vas en faire ! Ainsi même un bronze peut terrasser un Gold, il suffit qu'il accroisse ses capacités et son cosmos à l'infini.

Shiryu se releva. Il respirait fort, mais son corps ne subit aucun dommage. La Cloth de la Balance continuait toujours à absorber la décharge d'énergie provoquée par Cassiopée.

_C'est une théorie qui m'est familière, la reprit Shiryu, n'as tu jamais entendu parler des cinq chevaliers de bronze qui, envers et contre tout, ont purifié le Sanctuaire du mal qui l'habitait, il y a quatre ans de cela ?
_Vos exploits ne tiennent que du miracle, vous avez eu une chance énorme, tu ne te rend pas compte…les chevaliers d'or vous ont pour la plupart laissé passer, ou bien carrément ils vous ont sauvé la vie !
_Qu'est ce que tu dis ?
_Là n'est pas le sujet, chevalier Shiryu ! Tu vas tomber sous ma prochaine attaque, et tu renaîtras, peut être, plus raisonnable que tu ne l'es !
_Mais comment sais-tu tout cela ? Dis le moi !
_Il n'y a pas si longtemps je servais Athéna ! Starlight Ocean's Wave ! ! !

Shiryu eut le temps de mettre sa défense et joindre ses deux boucliers pour contenir la charge de la chaîne, qui forma une masse de puissance invraisemblable. Le chevalier d'or se faisait durement malmener par une femme chevalier de Bronze, mais elle le dépassait tant par l'expérience, la sagesse, et pourtant elle était motivée à tort, il le savait.
Cette motivation décupla les forces de Cassiopée, elle accentua son cosmos qui ne connaissait plus de limites. Gold Saint reculait, toujours protégé par ses défenses, ses pieds dessinaient des traces dans le sol au fur et à mesure, mais il ne lâcha pas prise.

La femme vêtue de Bronze maintenait sa main droite en avant, projetant une vague d'étoiles et d'eau pure azurée formée par sa chaîne aux pouvoirs incroyables de puissance et de beauté.
Les armes protectrices de la Balance contenaient harmonieusement la force de l'instrument de Cassiopée. Cette dernière baissa les yeux devant tant d'inexpérience et naïveté, pour le moment elle ne projetait la Starlight Ocean's Wave qu'avec son bras droit. Tout comme Shun, sa chaîne fût dotée d'une capacité double, celle de l'attaque et de défense. Ainsi son bras gauche possédait l'autre extrémité. Et cette extrémité n'était pas utilisée que pour contenir les assauts adverses…

Elle arma l'autre partie de la chaîne et hurla ;

_Starlight Ocean's Storm ! ! !

Une seconde vague pleine d'ardeur et d'énergie nouvelle se dirigea vers Libra Saint. Les deux vagues formaient le déluge de l'Océan, portés par la foudre de la chaîne et des rayons lumineux d'un tourbillon d'étoiles qui l'accompagnaient.

Le choc fût dévastateur. Des pierres et des dalles du Coliséum se soulevèrent devant une telle démonstration défiant les lois de la gravité. Shiryu n'y échappa guère. D'abord soulevé, bien qu'il gardait la position défensive derrière les boucliers de la Balance, puis projeté contre les parois de Colisée. La tribune fût pratiquement dévastée. Les cris de douleur du chevalier d'or se fondaient avec les cris de désespoir.

Après avoir déchaîné la tempête, la chaîne se figea d'un calme d'eau douce. L'arme de Cassiopée réagissait comme un être vivant, un être des eaux azures de l'Océan Indien.

Le chevalier d'or de la Balance enseveli sous un amas de pierres et de débris ne donnait plus signe de vie. Son cosmos ressemblait à un volcan endormi. Le souffle d'un vent, tel le souffle d'une brise, vint et s'en alla, non sans avoir caressé la tendre chevelure de la Reine à la chaîne d'azur.

La femme s'avança de quelques pas rappelant son arme destructrice. Elle se mit en posture de défense et vît, sans aucune surprise, les décombres se soulever au contact d'une aura dorée, l'aura des Saint de l'un des Douze temples du Zodiaque.

Shiryu saignait abondamment du nez, des joues et du haut de crâne. Il avait d'ailleurs perdu son casque en effigie de tigre. Ses yeux restaient fermés. Il respirait, comme il le pouvait. L'armure ne subit aucun dommage, bien entendu.

_Tu ne gagneras pas, dit Shiryu, je vais déclencher contre toi, la puissance de mon cosmos !
_Je ne comptais absolument pas en finir avec une seule vague, mais tu as, depuis le début, perdu le combat.
_Personne ne peut lire l'avenir, on peut seulement entrevoir ce qui risque de se produire selon la tournure des choses ! Je n'ai pas perdu ce combat, tant que je suis debout et que la flamme du cosmos brûle dans mon âme et dans mes veines ! Reçois les Cent Dragons de Rozan ! ! !

L'aura de Shiryu se sublima en une fraction de seconde. Des Dragons majestueux, débordant de colère et de puissance sortirent par dizaines de la force déclenchée par Libra Saint.
Les Dragons se joignirent et se dirigèrent vers un seul et même point ; Cassiopée.

Cette dernière agita sa chaîne qui entama un processus de défense. Elle se mit à tourbillonner et encercler les dragons projetés par Shiryu. Elle créa une masse d'eau par un mouvement hélicoïdal et c'était comme si le vortex absorbait l'énergie du chevalier d'or. L'attaque la plus terrible dont disposait le Gold se révéla d'aucune utilité, progressivement les dragons disparurent.

La chaîne continuait ses mouvements circulaires, l'air brassé se joignait à elle. Cassiopée fit brûler une aura bleue azure qui ressortait de son armure.

_Cette fois tu as perdu ! dit elle sûre de sa stratégie.
_Montre moi donc toute l'étendue de ta puissance, puisque tu y tiens ! lui répliqua Shiryu.
_Voici le Cyclone Stellaire ! ! !

L'arme de bronze, bleue azurée, scintillant d'un éclat d'étoiles et céleste projeta sa décharge et s'enroula autour de Shiryu qui ne pût éviter le coup, tellement le cyclone était immense. Une fois pris dans le tourbillon, dans l'œil du cyclone, rien ni personne ne peut y échapper. Le disciple des Cinq Pic se retrouva englouti dans l'humidité crée par l'attaque de Cassiopée. Cette redoutable arcane donnait l'illusion qu'un océan s'abattait sur l'ennemi et l'entraînait dans les abysses. Cassiopée sentit une faible parcelle de l'énergie de Shiryu, mais ceci ne l'intrigua point.

Après une telle débauche d'énergie le calme revint de nouveau. Et l'héritier d'Excalibur gisait à terre, inconscient. C'était plus qu'une démonstration, ce fût une exécution.


Sur le chemin de la Cité d'Athènes ;

_Shiryu ! s'exclama brusquement Shun. Non, comment est-ce possible ? Toi, le chevalier d'or le plus juste ! Comment as-tu pu succomber à ton adversaire ! ?
_Le cosmos de Shiryu s'est éteint, d'un seul coup, reprit Hyoga. On nous attaque déjà ! Alors que nous venons d'arriver sur ce lieu, réputé comme utopique…
_Si nous sommes ici, cela signifie que d'autres ont besoin de nous…Je pense que je vais prêter, main forte à Shiryu !
_Il n'en est pas question ! parla fermement Hyoga, le Pope exige que nous allions vers Athéna, nous devons faire confiance à notre frère. As-tu déjà oublié ?
_C'est vrai tu as raison, j'ai confiance en Shyriu, je sais qu'il finira par nous rejoindre…Mais je me préoccupe plus du sort de Ikki, il a disparu après le discours du Grand Pope…

Hyoga s'approcha de Shun. Il mit sa main sur sont épaule. Le fixa droit dans les yeux.

_Ikki est avec nous, dit-il, depuis toujours…et comme à chaque fois, il viendra…en son absence, c'est moi qui te surveille, parla Hyoga en adressant un clin d'œil.

Shun sourit. Cette fraternité soudaine manifestée par Hyoga, avec humour, le rassura.

_Tu sais, je pense que le Pope est digne de représenter l'ordre de notre chevalerie, s'il garde son identité secrète, il doit sûrement y avoir une bonne raison, dit Shun.
_Je le pense aussi…
_C'est vrai ? alors pourquoi, tout à l'heure tu as…
_C'était nécessaire ! coupa Hyoga, il faut toujours se remettre en question, tout remettre en cause, sinon c'est le risque à la désillusion, il faut toujours envisager le pire. Et c'est Ikki qui m'a enseigné cela.
_Tu as sans doute raison, mais il faut partir à présent, j'ai l'impression qu'il se passe des choses dans le Sanctuaire d'Athéna. N'as tu pas senti un effroyable cosmos dans cette direction ?
_Précisément. De plus, je sens des ondes familières, Hypnos m'avait assuré que tous les chevaliers d'or ne sont pas morts devant le mur des lamentations…
_C'était aussi ta théorie, renforcée par ta visite en Asgard, peu de temps après la Guerre Sainte face à Hadès… dit Shun.
_Oui, l'accueil ne fût pas très chaleureux au départ mais j'y ai appris des choses…Enfin, nous verrons tout cela, il est temps, Partons ! Plus vite nous arriverons, plus vite nous serons fixés !
_Allons-y ! conclut Shun.

Le chevalier d'or et de Bronze se dirigèrent en direction de la lune d'Athéna, à très grande vitesse. Ils s'éloignèrent bondissant sur les rochers de la région montagneuse. D'autres épreuves les attendaient au loin…

Surgit de nulle part, un aigle se posa sur une branche et vit d'un œil le reflet des protecteurs de la Déesse de sagesse dans les eaux de la rivière qui coulait le long de la montagne.

Dans le Colisée d'Héraclite ;

_Tout est fini, soupira Cassiopée. Il ne reste plus rien de toi, valeureux chevalier. Puisse ton âme trouver le repos.

Elle ressembla sa chaîne, mais cette dernière ne voulait lui obéir. La chaîne stellaire dansait des vagues limpides sur le sol. Propageant un bruit métallique émanant du Bronze, elle forma un cercle de défense autour de la porteuse de l'armure de la Reine d'Ethiopie.

_C'est inimaginable ! cria la femme à l'armure de bronze, serait-il encore en vie ? !

Sur ces mots, Shiryu bougea l'index de sa main droite, puis le pouce, il s'aida ensuite de sa main pour se relever. Très difficilement, mais très fermement tel un survivant du déluge, il se dressa à nouveau à l'instar d'un Dragon majestueux.

_Croyais-tu vraiment qu'il était possible de terrasser un chevalier d'or, sans en avoir subi le prix ? ! fit Shiryu d'une voix alternant expirations et exclamations. Regarde maintenant, le résultat !

La couleur verdâtre de l'armure de Cassiopée perdit de son aura. Quelques fissures se propageaient et les pièces tombaient en morceaux. Elle commençait à sentir les effets inverses de la victoire, les effets inverses de sa thèse et le changement de rôles. Elle se sentait aussi naïve qu'un enfant.

Du sang coula des failles de sa cuirasse. Et le liquide rouge envahit sa chaîne stellaire, elle tomba à genoux.

_Je n'ai rien senti pourtant ! ! cria la jeune femme les yeux remplis de terreur, quand as-tu pu m'atteindre ? Comment as-tu pu entrevoir les points vitaux de mon armure pour les briser ?
_Les points vitaux d'une armure sont ceux de la constellation, ce n'est un secret pour personne, le chevalier de la Balance affichait un regard plus confiant, tes projections d'énergie sont dévastatrices, mais comme tout arme destructrice elle est à double tranchant.
_Tu as pu entrevoir mon point faible, ainsi que les points vitaux de mon armure au même moment ?
_Personne ne peut échapper aux griffes des Cent Dragons de Rozan ! Lorsque tu les aspirais dans le tourbillon de ta chaîne, tu les attirais d'avantage vers toi, ils purent entrevoir facilement tous tes points faibles, et te déchirer ton armure de leurs griffes. Ainsi à ta suivante attaque, j'ai pu me protéger et te porter un coup, dans ton point faible, dans l'œil du Cyclone Stellaire ! Tu étais trop préoccupée à m'achever, tu ne pensais qu'à ta victoire et tu n'avais pas vu que j'avais intensifié mon cosmos au dernier moment, dans un millième de seconde de ta vulnérabilité ! Et je pu projeter la Colère du Dragon !
_C'est vrai, acquiesça Cassiopée, je t'avais sous-estimé, j'oubliais que tu étais un disciple de Dokho et également son successeur. Tu es fin stratège, et excellent combattant…
_L'avenir n'est pas écrit, dit Shiryu, c'est nous qui le construisons à chaque pas en avant vers la vérité.

Cassiopée se releva à son tour. Bien que sa protection fût fissurée, elle lui procurait toujours une sécurité convenable, et offrait une solidité hors du commun pour une armure de Bronze. Ce détail intrigua Shiryu.

_J'aimerais que tu me dises, si tu as reçu du sang divin d'Athéna il y a 247 ans de cela , Cassiopée ? C'était bien toi, je ne me trompe pas, le chevalier qui combattît Hadès dans la précédente Guerre Sainte, aux côtés de Sion et de Dokho ? l'interrogea Shiryu.
_Oui, c'est exact, et déjà le chevalier qui parvint à blesser le Seigneur des ténèbres s'appelait…Pégase ! dit Cassiopée.
_Raconte-moi ce qu'il s'est passé durant cette guerre ! Je t'en prie, pourquoi as-tu décidé de te retourner contre Athéna ? Pourquoi une combattante, telle que toi, se décide de nuire à celle qu'elle doit protéger ?
_Si tu y tiens, je vais tout te dire, dit la Reine d'Ethiopie.

" Tout avait commencé alors que la Guerre faisait rage. J'accompagnais dans ma traversée des enfers le chevalier de Céphée, valeureux chevalier d'argent. Il était aussi mon époux. Et tout comme les constellations de nos armures légendaires, nous nous aimions d'un amour sans fin. Il était le roi des descendants du peuple Céphiens et moi je montais sur le trône de la Reine d'Ethiopie, comme Cassiopée le fît avant moi dans la mythologie.
Nos destins étaient liés à nos armures, et depuis la nuit des temps nous en étions les réincarnations, de la même manière que les Dieux se réincarnent dans les corps des humains. "

" La bataille fût terrible, les pertes se comptaient par dizaines de chaque côté. Les atrocités engendrés par les Divinités, de chaque camp, demeuraient toujours absurdes, à mon sens. Je refusais la violence, je refusais de tuer quiconque. Je refusais la vue du sang se répandre sur terre, telle un gangrène inguérissable. Et pourtant, le destin me rattrapa. "

" Lorsque les Trois Juges périrent en même temps que le reste des spectres et les dix autres chevaliers d'or, il ne restait plus que Pégase, Sion, Dokho, Céphée et moi pour vaincre Hadès à Giudecca. Contre toute attente, nous ne vîmes aucun être ou divinité, lorsque nous arrivâmes. Mais Sion sentait qu'un esprit malveillant était toujours présent en ces lieux. Alors que nous n'étions pas du tout sur nos gardes, un flash lumineux nous éblouis. Et quand je rouvrais les yeux, je vis l'armure de Céphée éparpillée dans la pièce. Mon époux présentait une aura inhabituelle, un charisme étrange émanait de lui. Un second flash se produisit et je vis l'invraisemblable… "

" Mon mari, était recouvert des Surplis d'Hadès. Il tenait une épée dans sa main droite. Son cosmos nous projeta contre les parois de Giudecca. A bout de forces, je ne pus continuer le combat. Le Maître des enfers avait pris le corps du chevalier de Cépheus comme hôte, car il était pur. Le valeureux chevalier Pégase combattait bravement, il se relevait à chaque coup d'épée que lui portait Céphée, manipulé par Hadès. Il réussit dans un ultime coup à blesser le Seigneur des Enfers, il le blessa plus que dans sa fierté, il blessa aussi son âme. La preuve était faite qu'un simple chevalier de bronze pouvait s'éveiller au septième, huitième…et autres sens. Nous avions reçus du sang divin d'Athéna, dans les mêmes circonstances que vous il y a quatre ans. "

" Pégase périt par l'épée d'Hadès. Le Dieu décida d'abandonner la bataille, puisque son armée fût décimée. Il quitta le corps de Cépheus. Mais Dokho…il dégaina les épées de la justice et se rua sur lui. Il lui planta les armes maudites et le corps de Céphée mourut, ainsi que son âme qui transit vers un autre monde qui n'est pas le mien. "

" Dokho se rendit compte de son erreur et me pria de le pardonner, mais je ne voulais rien entendre et je me jetais dans le vortex crée par le Dieu des Enfers pour s'enfuir, avant qu'il se referme. Je voulais suivre Hadès et le résoudre à ressusciter le chevalier d'argent de Céphée. Je me réveillais non loin de là, en Olympe, et ici j'ai rencontré un Dieu qui m'offrît le Mysopéthaménos ! "

Shiryu resta stupéfait par le récit qu'il venait d'entendre. Il baissa le regard. Les plaies s'ouvrirent d'avantage, tant d'un côté comme de l'autre, comme pour pleurer la mémoire des défunts, victimes des querelles entre les Dieux.

_En temps de guerre la vie n'a plus de valeur, dit Shiryu d'un ton fade, c'est pour éviter tout cela que moi et mes frères nous sommes prêts à prendre les armes et servir Athéna, car nous savons que sa cause, est la cause de l'humain.
_Tu te trompes lourdement, chevalier ! Cassiopée releva les yeux, Athéna " est " la Déesse de la Guerre, et tous les services que tu lui rendras se résulteront par la vue du sang !
_Comment peux-tu dire ça ? s'exclama de vive voix Shiryu, alors que c'est toi, guidée par ta rage, qui veut nous nuire et s'attaquer au représentant divin d'Athéna sur terre, le Pope lui-même !
_Tu connais maintenant mes raisons, si elles ne suffisent pas à te convaincre, alors ma prochaine victime sera toi ! Tu passeras avant le Pope !
_Puisque notre dialogue est un échec, je vais te confier une chose ; Dokho n'a fait que son devoir ! Si Cepheus n'a pu résister aux maléfices de Hadès, cela signifie qu'il souhaitait la mort ! Sache que le chevalier d'Andromède, Shun, fût lui aussi sous l'emprise de l'esprit du Seigneur des Ténèbres, et il a su résister et faire face !
_Je comptais t'épargner jusqu'à maintenant, mais tu es allé beaucoup trop loin ! Je ne vais plus essayer de te convaincre de quoi que ce soit ! Je ne connaîtrais la paix que lorsque ton sang aura apaisé ma haine ! enflamma Cassiopée, bien que mes sens me trahissent, que mon corps ne répond plus, je vais brûler l'intensité de mon cosmos pour châtier le coupable et son disciple !

Shiryu dégaina l'épée de la justice et la plaça dans sa main droite. Il fît un pas en avant. Un pas de plus vers l'avenir.

_La justice rendra sa sentence, je ne suis pas Dieu, je n'ai pas le droit de juger autrui, se prononça Shiryu, alors l'épée de la justice va décider pour moi !
_Tu vas mourir ! Cyclone Stellaire ! ! !

Une vague de chaînes se déchaîna une nouvelle fois, un tourbillon se forma et s'abattît sur Shiryu, mais ce dernier resta impassible et ne bougea pas d'un millimètre. Alors que l'attaque était sur le point de l'engloutir, il brandit son épée en l'air et pointa l'œil du cyclone, le point faible de Cassiopée.

Le déluge s'abattait, s'enchaînait, tourbillonnait, s'accroissait, se renfermait sur le chevalier d'or à l'épée de même couleur.

Cassiopée maintenait la projection de son attaque, la fureur aux yeux. Sa chaîne stellaire tournoyait à l'infini, jamais elle ne fût plus belle, et plus violente. Le déploiement de son cosmos lui faisait progressivement perdre l'acuité de ses sens, sous l'effet de la précédente attaque de Shiryu. Sa vue devint trouble, elle n'entendait presque plus. Elle ne sentait plus son adversaire. Elle ne percevait plus le contact de sa chaîne sur ses bras.

Sans s'en rendre compte, elle sombrait dans l'oubli. Une fois le Cyclone Stellaire projeté, elle distingua un aura dorée juste devant elle. Elle finit par voir un homme pointant son épée sur son sternum, c'était Shiryu, Il parvint à se sortir du Cyclone de Cassiopée. Car cette attaque résumait son porteur d'un tourbillon de haine, de rage et de mépris. Il réussit à percer le talon d'Achille, comme il réussit à lire dans le cœur de la Reine d'Ethiopie.

Tout en la menaçant de son épée comme d'une arme à feu, Shiryu parla ;

_Tu as perdu. Toute lutte est désormais veine, j'ai neutralisé ton coup le plus terrible. Avec l'arme de la Balance, j'ai destitué l'œil du cyclone et j'ai traversé ton mur de chaîne stellaire pour parvenir jusqu'à toi. Tu étais l'une des nôtres, ainsi je me préserverais à te ôter la vie. Je souhaite que tu viennes avec moi, vers Athéna, elle t'accordera son pardon. Mais déjà faut-il que tu te pardonnes à toi même…

La Reine souriait, son visage pâlit. Ses cheveux prirent la couleur rouge sang sorti de ses plaies qui s'ajouta à l'or et l'argent.
Elle brillait tel un être magnifique, telle sa constellation irradiée de la douceur du ciel.
Elle ne versa pas de larmes.
Elle déposa les armes.

Les débris du Colisée furent les seuls spectateurs de cette scène. Des pétales roses envahirent soudainement le lieu. Un souffle d'Eole caressa minutieusement les cils et les mèches de Cassiopée.
Elle saisit doucement, sans geste brusque, l'avant bras de Shiryu de ses deux douces paumes, et ses doigts caressèrent l'armure d'or. De son regard, elle l'hypnotisa, elle n'était plus une femme chevalier de bronze, elle devint par un regard, un geste, une autre. Elle murmura doucement, mais sûrement ;

_Chevalier…mon nom est…Stella.

Et d'un mouvement d'une brutalité sans bornes elle planta l'épée, qui perfora son armure, dans son corps, sur le côté gauche, au centre du flux sanguin.

_Mais enfin ! Pourquoi… ? Shiryu marmonna de stupéfaction.
_Je vais partir, dit Stella, ton épée a transpercé le centre par lequel passe le flux sanguin, tu ne peux plus rien faire pour moi, mon sang s'arrêtera bientôt de circuler et de couler…La vie éternelle où prolongée ne sert à rien. Ma tâche fût accomplie il y a deux cents ans déjà, depuis la mort de Cepheus, je ne vis plus.

Une mélodie d'un autre monde accompagna le jet de pétales. Le coliséum mit en scène l'amour interdit. Les pétales rosâtres s'écoulaient comme le sang de la Reine, dans l'arène. Shiryu rattrapa le corps tombant de Stella.
Belle aurait pu être l'étreinte, mais ce fût une éteinte.
La fin de Cassiopée.

La douleur du Dragon fût tellement profonde qu'il ne pût verser de larmes. Ses yeux restèrent engloutis par ceux de Stella. Aucune attaque portée par cette dernière, n'aurait pu produire cet effet. Est-ce pour voir ceci qu'il se battait ? Est-ce pour voir une femme à l'agonie qu'il sortait ses armes ? Toute la quête de cette femme devait se résulter à ça ?

Les questions restèrent sans réponses.
Et tout deux ils restèrent, là, seuls au monde.
Il continuait à la fixer dans les yeux. Stella coiffa une mèche des longs cheveux noirs du serviteur d'Athéna et passa sa main sur sa joue.
La clarté diminuait sous les cieux de l'Olympe. Les lunes et les étoiles brillaient en osmose avec le sourire la femme au parfum exotique. La senteur des printemps enivrait les êtres au couleurs du soleil. Mais la flamme de la vie brûlait son dernier feu, et ne tarderait pas à s'essouffler.

Les lunes projetaient la lueur rougeâtre. Le sang du coucher d'une humaine, proie de la folie des Dieux et des mortels.

L'épée de la justice était toujours plantée dans sa poitrine. Elle rassembla ses dernières forces, pour prononcer son ultime discours.

_Lorsque je te combattais, une voix de l'intérieur gémissait ; " Libère moi, libère moi… ". Non. tu ne m'as pas tué. Je n'ai depuis longtemps plus rien d'une reine.
_Tu es une Reine, Stella, dit Shiryu, tu es la Reine d'Ethiopie, tu es noble tant par tes valeurs que par ta cause, je verrais toujours ton image au ciel, dans la constellation de Cassiopée.
_Héritier de la Balance, je sais quelle fût ma plaie…Le trône ne me suffisait pas. Je voulais me battre pour mon idéal. Je voulais être une guerrière. Mais la guerre, c'est laid… Il n'y a rien de glorieux dedans… Les héros sont oubliés, ou achevés par le temps…Moi… Je vais rejoindre celui qui m'est promis. Depuis tout ce temps, toutes ces guerres entre les Dieux, je ne cherchais pas à tuer… Je cherchais quelqu'un " pour " me tuer, moi. Je suis si seule, si solitaire, grâce à toi je ne le serais plus… Je n'en veux pas à ta Déité, je n'en veux pas à Dokho, je m'en veux à moi-même d'avoir choisi une voie qui n'était pas mon destin.


" Ce siècle n'est pas pour moi, ce siècle n'est pas le mien. Plutôt que de périr, par une main impropre, je préfère mourir dignement…

…La justice dans le cœur. "

Puissent les larmes de mon corps
T'illuminer de leurs rayons au soleil
Et que ma mémoire te guide dans les galaxies des merveilles
Que mon âme te veille jusqu'au sommeil éternel

Que les millénaires t'enveloppent dans les draps du temps
Que tes yeux se ferment à jamais sur le firmament
Tu partiras rejoindre les tiens tel l'enfant
Pardonne la pointe de mon arme transpercer ton cœur
Et jaillir ton testament.

La justice dans le cœur je m'en irai
Et des cieux je te chanterai
Les mots de l'humanité
De l'humain
Adieu.

La mort d'une guerrière la naissance d'une Reine
Fin d'une ère début de l'Eden
Les étoiles sont ton corps
La lumière est ton sang
Adieu
Cassiopée
Reine d'Ethiopie.

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Cette fiction est copyright Eldar Fattakhov.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.